C OMPOSITIO M ATHEMATICA
I ÉGOR R EZNIKOFF
Axiomatisation indépendante des ensembles
dénombrables de formules en logique intuitionniste
Compositio Mathematica, tome 20 (1968), p. 170-187
<http://www.numdam.org/item?id=CM_1968__20__170_0>
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170
dénombrables
de formules enlogique
intuitionnisteDédié à A. Heyting à l’occasion de son 70ième anniversaire par
Iégor
Reznikoff"Si triste de ses faux calculs Qu’il inscrit ses nombres à l’envers
Et s’endort".
P. Eluard (Capitale de la Douleur)
1. Introduction 1
Ce travail est consacré à la démonstration pour la
logique
intuitionniste du résultat connu en
logique classique
que tout ensemble dénombrable deformules,
du calculpropositionnel
oudes
prédicats,
estéquivalent
à un ensembleindépendant
de for-mules du calcul considéré 2. Pour ce
qui
est de lalogique classique
le résultat remonte à Tarski
[6],
tandis que des résultatsplus généraux
en des sens variés ont été démontrés dans[2]
et[4].
En ce
qui
concerne le calcul intuitionniste lepremier
travailconcernant le
problème
de l’axiomatisationindépendante
d’unensemble
quelconque
de formules dans ce calcul se trouve dans[4]
dont l’étudeprésente
est une version améliorée(pour
unrésumé voir
[3]).
Le raisonnement
classique,
pour. un ensemble dénombrable deformules,
consiste essentiellement à remarquerque si la
suiteAl, A2, ···,
deformules est
une chaîne stricte ascendante pourl’implication (et A1
n’est pasvalide)
alors la suite1 Je voudrais remercier ici, au nom de tous les logiciens français, M. Heyting
pour l’attention qu’il a constamment donnée au développement de la Logique en France, aussi bien en venant faire des conférences à Paris qu’en faisant publier de
ses ouvrages dans la langue de Pascal.
2 Deux ensemble de formules sont dits équivalents si toute formule de l’un est
conséquence de l’autre et inversement. Un ensemble de formules est indépendant
si aucune de ses formules n’est conséquence des autres formules de cet ensemble.
est une axiomatisation
indépendante
de la suite donnée.La preuve
qui
consiste en unesimple vérification, s’appuie
surle fait que
classiquement
on a:seulement si A est valide. Ce
qui n’est,
engénéral,
pas le cas enlogique intuitionniste,
comme on le voit enprenant
parexemple,
p
et q
étant des lettrespropositionnelles, A = p ~ (p~q)
etB = q. En effet
(1)
devient:soit
qui
est visiblement unthéorème,
alors que A ne l’estpans 3.
Le résultat intuitionniste est modifié ainsi:
Si la suite de
formules
de lalogique
intuitionnisteA1, A2,
... · estune chaîne ascendante stricte pour
l’implication,
alors il existe unesous-chaîne
Ai1, Ai2,
1 ’. - -(i1 Í2 ···)
telle que l’ensemblesoit
indépendant.
Cet ensemble deformules
donne une axiomatisationindépendante
de la chaîneA1, A2, ···
considérée.Comme tout ensemble dénombrable de formules est
équivalent
àune chaîne ascendante stricte
(dénombrable
oufinie)
on a lerésultat pour les ensembles dénombrables 4.
La démonstration
présentée
ici se divise en deuxparties,
l’une(§ 2)
de caractèreplus algébrique
consiste à montrer que dans les calculs contenant lefragment implicationnel
intuitionniste ce n’est pas l’inexistence de formules non valides vérifiant(1) (comme
c’est le cas en
logique classique) qui
est essentielle pour la con- struction d’une axiomatisationindépendante
mais l’inexistence de chaînes d’un certaintype (chaînes serpents)
de telles formules.La deuxième
partie (§3)
consiste alors àdémontrer,
àpartir
de3 On obtient aussi des formules A vérifiant (1) en utilisant la proposition suivante:
Si A est construite sur les lettres propositionnelles Pl’ ..., pn alors l- A en logique classique si et seulement si A - (ï P1 039B ··· 039B pn) A intuitionnistiquement.
4 On peut se demander dans quelle mesure l’axiomatisation indépendante peut être obtenue d’une façon effective, autrement dit si un ensemble récursif de formules est toujours équivalent à un ensemble récursif et indépendant, or dans le calcul
intuitionniste même pour les ensembles propositionnels la réponse est négative (voir [5]).
considérations
approfondies
sur la structure des formules vérifiant(1),
l’inexistence de telles chaînes. On seplace
dans la suite(ces précisions
concernentle § 3)
dans le calcul desprédicats
avecsymboles
deprédicats
et de variables(les symboles
de fonctionsou de constantes seraient éventuellement traités comme des variables
libres).
Les formules sontdésignées
par desmajuscules A, B, ···.
La déduction est intuitionniste.2.
Indépendance
et conditions de chainesSoit
BI, B2, ···
une chaîne ascendante de formules pourl’impli-
cation
(c’est-à-dire
telle queBi+1
I-Bi),
on dira que c’est une chaîneserpent
siPROPOSITION 1. Une chaîne
serpent
stricte nepeut
êtreéquivalente
à aucun ensemble
indépendant..
PREUVE. Soit
Bl, B2, · ·
· une chaîneserpent
stricte et W unensemble de formules
équivalent.
SoitCi
e~, Cl
estconséquence
de
Bil.
SoitB, 2
une autre formule de la chaîne avec’2
>il
B,
estconséquence
d’un sous-ensemble fini{C1, C2, - - -, Cm}
de~ où m > 1 et les
Ci
sontsupposés
distincts.Comme i2
>il
on apuisque
de(2)
résulte que l’on apour
tout i
> i. Maispuisque
FBit
~Cl
eton a a
fortiori
soit
Ci
nefigurant
pasparmi C2, - - -, C.
il en résulteque W
n’est pasindépendant.
Remarquant
que laconjonction peut
être éliminée de la démon-stration,
on obtient lapartie
directe du résultat suivant.THÉORÈME 1. Dans un calcul contenant le
f ragment implicationnel
intuitionniste 5 il existe un ensemble dénombrable
qui
n’estéquivalent
à aucune ensemble
indépendant
si et seulement si il existe une chaîneserpent
stricte.La
réciproque
découle des lemmesqui
suivent.LEMME 1. Soit
A1, A2, ···
une chaîne ascendante pourl’implica-
tion. Il existe une sous-chaîne
Ai, Ai2, ···
telle quesoit un ensemble
indépendant
si et seulement si il existe unesous-chaîne
Aj1, Ak1, Aj2, A ka ,
... ·avec in kn ~jn+1
telle queAjn ~ Ak (n
= 1, 2,... )
ne soitconséquence
d’aucuneformule
Ah ~ A avec
h >kn .
PREUVE. Si A
i1 ~
Ai, A i2 ~ A ss,
... est un ensembleindépen-
dant de formules on
prend Ajn
=Ai
etAkn = Ain+1 :
si la formuleAjn ~ A kn,
i.e.Ain ~ Ain+1,
estconséquence
deAh ~ A
l avech ~
kn
alors aussiet a
fortiori
où m est un entier tel
que im
> l. D’oùcontrairement à
l’indépendance (A
est laconjonction
et d’unefaçon générale ~ni=1 Fi ~ G
est écrit pour(F1
A ... AFn)
~G).
Inversement,
l’ensembleAj2, Aj2 ~ Aj3, Aj2 ~ Aj4, ···
estindépendant
si la suite desAjn, Akn
vérifie leshypothèses
dulemme:
et
comme k1 ~ j2,
contrairement à
l’hypothèse
surAjn ~ Ak .
Il Du point de vue algébrique ce résultat est valable dans les treillis résidués
(relatively pseudo-complemented) c’est-à-dire dans lesquels l’implication
a ~ b = supy (a ~ y ~ b) est définie quels que soient a, b; autrement dit dans un cadre très large.
b) si,
pourq >
2alors
d’où et
contrairement à
l’hypothèse.
Il résulte de ce lemme que s’il existe une sous-chaîne
Aj1, A kl , Aj2, Ak2, ···
vérifiant les conditions du lemme alors la chaîneA1, A2, ···
donnée admet une axiomatisationindépen-
dante à savoir
Aj2, Aj22
-Aj3
COROLLAIRE. Si pour la chaîne ascendante
A1, A2, ···
il n’existepas de sous-chaînes
A il , Aï2, ...
telle que(3)
soit un ensembleindépendant (donc
enparticulier
si la chaîne n’estéquivalente
àaucun ensemble
indépendant)
alors il existe une sous-chaîneAk1’ Ah2, ··· (stricte
siA1, A2, ··· l’est)
telle quepour n = 1, 2, ....
PREUVE. En niant l’existence d’une sous-chaîne telle que
Aj1, Ak1, Aj2, Ak2, ··
· du lemmeprécédent
il résulteraitqu’à
partir d’un certain
pchaque Aj ~ Ak
pour k> i
> p seraitconséquence
d’unAh ~ A avec 1
> h > k, et serait donc consé- quence afortiori
deA k
~Al, qui
est à son tourpuisque
l > k > p,conséquence
d’unA
l ~Am
avec m> l,
etc. ···.Finalement,
on obtient une suite(ici i
-hl, k
=h2, l = h3, ...)
Ah1 ~ Ah2’ Ah2
-Ah3l
... telle que(4).
LEMME 2. S’il existe une chaîne
Ah, Ah,,
... ·véri f iant (4)
alorsil existe une chaîne
serpent B1, B2,
... et inversement( ces
chaînessont strictes
simultanément).
PREUVE.
L’implication (4)
estéquivalente
àqui
devientet l’on
prend Bn = (Ahn ~ Ahn+1)
aussi la chaîneBl B2, ’ ’ ’
est stricte si
Ah1, Ah2, ··· l’est.
Inversement derésulte évidemment
et on pose
Ahn = Bn (n
= 1,2, ···).
Le théorème 1 en
découle,
car s’il existe un ensemble dénom- brable sans axiomatisationindépendante,
n’étant évidemmentpas
équivalent
à un ensemble fini il estéquivalent
à une chaîneascendante infinie
stricte,
soitAl, A2, ···, qui
n’est doncéqui- valente,
nonplus,
à aucun ensembleindépendant;
onapplique
alors le corollaire
puis
le lemme 2. De ceux-ci découleégalement,
sous réserve
qu’il
n’existe pas de chaînesserpents
dans les calculs intuitionnistes le résultat énoncé dans l’introduction.3. Résultat
syntaxique.
Inexistence de chaînes serpents Il reste à montrer,d’après
cequi précède,
quemalgré
lesbizarreries des treillis des calculs
intuitionnistes,
il n’existe pas de telles chaînes dans ces calculs. Dans lasuite,
commeprécédem-
ment, les
majuscules A,
B, ...désignent
des formules(du
calculdes
prédicats); T, d, - - - désigneront
des suites finies de telles formules. La notion de sous-formule estprise
dans son sensordinaire
(voir
dans Kleene[1]).
DÉFINITION. Une formule D est une
sous-formule implicative (s.f.i.)
de la suiteFi, ..., F 1)
deformules,
si D est de la formeoù les
Wk
sont desconjonctions (éventuellement vides)
de sous-formules des
Fz
et lesRk
des sous-formules desFi (i
= 1, ···,p);
la suite de
quantificateurs
universels(m > 0)
sera notée A xpour
abrèger.
REMARQUE 1.
(03B1)
Si D est une sous-formuleimplicative
de lasuite L1 elle l’est aussi de la suite
L1,
zf où J’ est une suitequel-
conque.
(03B2)
Si D est une s.f.i. de la suiteL1,
_F’ et si F’ est unesous-formule de
F,
alors D est une s.f.i. de la suiteL1,
F.(y )
SiB’1
etB2
sont des s.f.i. dessuites 03941
et03942 respectivement, B’1
AB’2
est une sous-formule
implicative
de lasuite 03941, 03942,
à unepermuta-
tion des
quantificateurs
universels A xprès.
Le théorème suivant est une
généralisation
du résultatclassique:
si A - B I- C alors A ~ C F
C,
que l’on vérifie immédiatement maisqui
est faux enlogique
intuitionnistepuisque
de A ~ B F Arésulterait A ~ A F A soit F
A,
alors que dans l’introduction ona vu que ce n’est pas nécessairement le cas.
THÉORÈME 2. Si
I,
A ~ B F C alors il existe unef ormule
B’telle que
(i) 0393, A ~
B’ C(ii)
B F B’(iii)
B’ est unesous-formule implicative
de la suiter, A,
C necontenant pas de variables libres
qui
ne soient libres dans B g.Pour la démonstration on se
place
dans lesystème
derègles
deGentzen sans
règles
structurales et sans coupures suivant(voir
Kleene
[1]
p.481).
0 est une formule ou est vide
(i.e.
est la constantefausse),
pour le calcul desprédicats a
est un termequi
nefigure
libre dansla conclusion
(séquence inférieure)
de larègle correspondante;
t est un terme
(ici: variable) quelconque (libre
pour x dansF(x)) .
1)
Axiome0394, D
1- DRègles
sur leconséquent Règles
sur l’antécédent Calculpropositionnel
Calcul des
prédicats
NOTE. Dans la
séquence 03A6 D, 0
estl’ant,écédent,
D leconséquent;
dans la
règle
03A6’D’fW F D,
03A6’ D’ est laséquence supérieure,
03A6 F D
l’inférieure.
REMARQUE 2. Dans le
système
derègles considéré,
les antécé- dents sont conservés enpassant
d’uneséquence
inférieure à uneséquence supérieure:
si 03A6’D’ /tP t-
D alors 0 C 0’.PREUVE DU THÉORÈME. On
procède
par induction sur lalongueur
de la démonstration par les
règles
ci-dessus. Il y a 13règles (en
comptant
l’axiome mais identifiant3)
et3’ ), 7)
et7’))
mais il y a14 cas à
considérer,
larègle
~pouvant
êtreappliquée
soit àune formule de 7" soit
à A ~
B.Soient
G1, ···, G p
les formules de la suite h.Cas
1) Si 0393, A ~ B C
est une axiome alors soit(03B1)
unG,
de lasuite T est
C,
et le résultat estindépendant
deB,
onprend
parexemple
B’ = 039Bx{G1
039B ··· AGp ~ C )
où A xporte
sur lesvariables
qui
ne sont pas libres dans B(en
fait ici B’ est unetautologie);
soit(03B2)
A - B est Cauquel
cas B étant une sous-formule de C on
prend
B’ - B.a été
utilisée,
alors parhypothèse
d’induction il existe B’ s.f.i. de la suite7’, A, Cl, C2,
dont les variables libresfigurent parmi
cellesde
B,
telle que B F B’ et0393, (A ~ B’), CI Jo- C2.
Mais alorsaussi,
par la même
règle, 0393, (A ~ B’ )
I-C1 ~ C2,
et B’ vérifie(i), (ii)
et d’autre
part
est bien de la forme vouluepuisque Cl
etC2
sontdes sous-formules de
C1 ~ C2,
et B’ s.f.i. de la suite0393, A, Cl, C2
l’est de la suite
.r, A, Ci - C2 (remarque
1(03B2)).
Les cas suivants
(par exemple)
g Il résulte de (iii) que B’ existe de façon effective. Notons d’autre part que, dans le sens de son contenu, le théorème peut difficilement être amélioré: en particu-
lier B’ n’est unique à l’équivalence près en aucune façon, en général il n’existe pas de formule B’ minimum (la plus faible pour l’implication) ou maximum vérifiant
(i) - (iii), il n’est pas possible non plus, en général, d’exiger que B’ ne contienne que des variables libres de r, A ou C.
où 0393’ est la suite
G2, ···, Gp.
se traitent de la même
façon
que le Cas2).
Onprend
B = B’obtenu pour la
séquence supérieure (et qui
existe parhypothèse d’induction),
par la mêmerègle
on obtientT, (A ~ B’ )
F C et B’vérifie les conditions.
Un autre
type
de situation est le suivantAlors par
hypothèse d’induction,
il existeBi
etB2
tel que pour i = 1, 2 on ait:a) 0393, (A - B’i) Ci b)
B rB; et
c) B’i
sous-formuleimplicative
de la suiteT, A, Ci ; B’
etB2
ne contenant pas de variables libres ne
figurant
pas dans B. Dea)
résulte03937, (A - B,
AB2) Cl
AC2,
deb)
B FB’1
AB’2.
Onprend
B’ =B’ 1
AB2 qui
à unepermutation
desquantificateurs
près
est une s.f.i. de la suite0393, A, Cl, C2
et donc de la suitel’, A, C1 039B C2 (remarque
1(y)
et(p»,
d’autrepart
la conditionsur les variables libres est bien vérifiée.
Les cas suivants
(0393’
est la suiteG2, ..., G 2))
se traitent de la même
façon
que le Cas9).
On obtientBi
pour laséquence supérieure gauche
etB2
pour ladroite,
la démonstration s’achève enprenant
B’ -Bi
nB2.
Considérons encore
a été
utilisée,
alors c’est que a nefigure
pas libre dans l’ et(A - B). D’après l’hypothèse
d’induction on ar, (A - B’) 1- C’(a)
avec B’ ne contenant pas d’autres variables libres que celles de
B, a
nefigure
donc pas libre dans T et A -+ B’ et, par la mêmerègle,
on obtient:B’ vérifiant
(ii)
et s.f.i. de0393, A, C’(a),
doncde T, A,
039BxC’(x).
Dans ce cas a ne
figure
pas libre dans0393’, (A ~ B ),
C. On achèvecomme au Cas
12).
Le dernier cas est
plus délicat,
et, comme on verra, essentiel pourl’analyse
de la structure de B’.Cas
14)
Le schéma suivant a été utilisé(règle
~ F sur A ~B ) :
Alors
(hypothèse
derécurrence) r, (A - B’1)
F A avec B FB’
et
B’
s.f.i. de la suiteT,
A ne contenant pas de variables libres nefigurant
pas dans B. Mais comme de0393, B, (A - B)
F- C résulte0393,
B I-C,
si l’onprend B’
= Ax(G1
A ... AGj) -+ C), ( n x portant
sur les variables libres nefigurant
pas dansB)
on aB t-
B’
et donc B rB’
AB’2.
D’autrepart,
on a aussi afortiori 0393, (A ~ B’1 039B B’2) A
et0393, B’1 039B B’2 C
et donc0393, (A ~ B’1 039B B’2) C
(règle
-1-);
onprend
donc B’ =B’
AB’ qui puisque B’
etB’
sont des s.f.i.
de T,
A et.I’,
Crespectivement,
sans nouvellesvariables libres par
rapport
à celles deB,
est une s.f.i. der, A, C,
vérifiant aussi la condition sur les variables libres.
Précisions sur la
forme
de B’ dans le cas A ~ B 1- A.Examinons comment chacun des cas
1)
à14)
étudiés intervientdans une preuve de A - B 1- A à
partir
desrègles.
Dans unetelle preuve, comme on le voit
facilement,
lesconséquents
nepeuvent
être que des sous-formules de A ou de B. Il en résulte que,en ce
qui
concerne le cas1)
l’alternative(03B2)
nepeut
avoir lieu:si à l’extrémité d’une branche on a un axiome
0393,
A - B 1- C alors C n’est pas A - B et c’est une formule de Tqui
estC,
aussi l’axiome
0393,
A - B r C est vérifiéquel
que soit B. Autrement dit l’occurence du cas1)
dans une preuve de A - B t- An’impose
aucune condition sur B.Il en est de même de tous les cas
2 )
à13):
aucune conditionnouvelle n’est
imposée
sur B’(ou Bi
etB’2)
obtenu pour la sé- quencesupérieure
de larègle correspondante.
En conclusion si dans la preuve de A - B h A le cas14)
n’est pas utilisé cette preuve nedépend
pas de Bpuisque
les axiomes sont valablesquel
que soit B et lesrègles qui correspondent
aux cas mentionnésn’introduisent aucune condition
nouvelle,
enparticulier
onpeut prendre
pour B unetautologie,
d’où il résulte A. Par contre, l’utilisation du schéma du dernier cas14) (c’est-à-dire
de larègle
~ r sur A -
B)
introduit une condition essentielle sur B et détermine B’. En effet dans ce schéma laséquence supérieure
droite
h, B,
A --* B r Cimpose
la condition0393,
B t- C. On devra avoir0393k,
B’Ck
pourchaque
fois k où le schéma seprésente
etil
suffit,
comme on l’a vu par la démonstration duthéorème,
si0393k
est la suiteGk1, ···, Gpk
que B’ F Ax(Gk1 039B ···
AGkpk ~ Ck).
On
prend
alors B’ - A x039Bnk=1 (Gi
A ... AGkpk ~ Ck)
si le schémase
présente n fois,
A xportant
sur les variablesqui
ne sont paslibres dans B. Donc si B’ = n
x 039Bnk=1 (Xk ~ Sk)
lesX k
sont desconjonctions
de formulesapparaissant
dans les antécédents0393k,
différentes de A -
B,
et lesSk
lesconséquents correspondants
dans les
séquences
inférieures du schéma du cas14) chaque
foisk = 1, ···, n où il est utilisé dans la preuve de A - B h A que l’on
considère,
tandis que lequantificateur
universelporte
surles variables
qui
ne sont pas libres dans B. Les antécédents etconséquents dépendent
naturellement de la forme deA,
on s’attachera au cas où A est une s.f.i. d’une formule donnée.NOTATION. Si B’ est une formule vérifiant les conditions
(i)-(iii)
du théorème 2 pour A - B r A(c’est-à-dire
si 0393 estvide et C =
A )
on notera B’ =03BCB(4)
ousimplement 03BC(A).
LEMME 3. Soit A = 039B
x( W - R).
Si A -+ B t- A alorsou les
X k
sont desconjonctions
desous-formules
de W ou de R etles
Sk
dessous-formules
de A.(jj)
Deplus,
si B contient les mêmes variables libres queA,
alorsW
figure
dans chacune desconjonctions X k (k
.--- 1, ...,n).
PREUVE.
(j) D’après
cequi précède,
pour connaître¡t(A)
ilsuffit de connaître les antécédents autres que A - B et les
conséquents
dans lesséquences
de la preuve de A - B 1- Aqui
aboutissent à une utilisation de la
règle
~ sur A - B. En cequi
concerne lesSk
l’affirmation du lemme est évidente: lesconséquents
sont des sous-formules de A. En cequi
concerneles
Xk
montrons que dans les antécédents les formules autres que A -+ B sont des sous-formules de W ou de R. Etudions pour celaune preuve de la
séquence (039B x(W - R)) -
B t- nx(W - R).
On ne
peut
aboutir à cetteséquence
que par la brancheoù a
(écrit
pour a1, ···, am si A x est écrit pour A x1 ···, 039Bxm)
n’est pas libre dans la conclusion. Les antécédents autres que A - B
proviennent
deW (a )
ou deR (a ).
Siplus
haut Ax(W ~ R )
apparaît
à nouveau dans leconséquent,
c’est que larègle
a été
utilisée,
mais enrepassant
à l’antécédent par lesrègles
F A et F - comme dans
(1)
seules encore une fois des sous-formules de W ou R
apparaîtront
tandis que lesséquences
au-dessus de la
séquence
droiteLI,
B F D nejouent plus
aucunrôle pour l’étude de la formule B’ -
pu(A ).
Pour
(jj)
remarquons que dans toutes lesséquences
au-dessusde la branche
(1) W(a) figure
dans les antécédentsd’après
laremarque 2
(qui
suit la liste desrègles).
Donc siXk
=Gk1 039B ···
AG’
où les
Gfl (i
= 1, ···,pk)
sont les formules distinctes de A - B dans l’antécédentcorrespondant
à l’utilisation de larègle
~sur A - B
qui
donne la sous-formuleXk ~ Sk
de03BC(A),
un desGki
estW(a).
Mais a n’étant pas libre dans B estquantifié
par n x dans03BC(A)
comme il l’était dans A = nx(W ~ R) d’après
la condition sur les variables libres dans
l’hypothèse. Finalement,
aux seules variables liées
près,
W de Afigure
dans chacun desXk
defl(A).
LEMME 4. Si
Ak ~ Bk I- Ak
pour k = 1, ..., m alorsPREUVE. Il suffit de le montrer pour m = 2.
De A1 ~ B1 A,
résulte
et de même on a
Mais
A1 039B A2 ~ B1 039B B2 J- A2 ~ (A1
~B1 n B2 ) d’où,
à causede
(2)
de même
soit
A1 039B A2 ~ B1 039B B2 A1 ~ A2
· Il en résulte que dans leshypothèses A i
AA2 ~ B1 039B B2 J- A1
vA2 ~
B. OrAl
vA2 ~ B
est
équivalent
à(A1 ~ B,
AB2 )
A(A2 ~ B,
AB2) qui implique,
utilisant
(2)
et(3), A,
AA 2 . (cqfd)
7.7 La proposition ne s’étend pas pour la quantification. Par exemple, de la note 3
résulte que l’on a (p ~ p) ~ p p ~ p et donc
pour tout t ( P est un prédicat monadique) alors que
est indémontrable. Il résulte du lemme que l’ensemble des formules Ale telles que
Ax ~ B F Ai, forme un filtre (pour B fixé).
COROLLAIRE. Soit D =
rk-1 A k
et D ~ B t- D. Onpeut prendre
B’ =
lu(D)
"-’039Bmk=1 JU(-4k)- 8
PREUVE. Si D - B FD alors
Ak ~ B 1- Ak pour k = 1, ···, m.
Pour
chaque k, d’après
lethéorème,
il existeB’k
=,u(Ak)
tel queDe
(4)
pourchaque
k et du lemme résulte:c’est-à-dire
D ~ ~mk=1 03BC(Ak) D;
d’autrepart,
de(5)
résulte:B ~mk=1 03BC(Ak) et de (6)
que~mk=1 03BC(Ak) conjonction
de s.f.i.de D est une s,f,i, de
D,
B’ =~mk=1 03BC(Ak) remplit
donc bien les conditionsrequises.
PROPOSITION 1. Si D ~ B D et D est une
s.f.i.
d’uneformule
donnée
Do
alors onpeut prendre
pour03BC(D)
aussi unes.f.i.
deDo.
En
particulier
si D =~ x(W ~ R)
alorss. f .i.
deDo
telle que si D et B ont les mêmes variables libres alors Wfigure
danschaque conjonction Wk.
PREUVE. Par
hypothèse
D = A x~mj=1 (Wj ~ Ri)
où lesW,
sont des
conjonctions
de sous-formules deDo
et lesRI
des sous-formules de
Do.
On a D~ ~mj=1 Aj
avecAj
= Aae(Wi -+ Ri).
D’après
le corollairey(D)
=~mj=1 03BC(Aj).
Mais le lemme 3 donne03BC(Aj)
= A x~njk=1(Xjk
-Sjk)
où pour k = 1, ···, ni’Xk
est uneconjonction
de sous-formules deWi
ou deRI
et donc deDo,
tandis que
Sk
est une sous-formule deAi.
Mais alors:où
W(
etRk
sontrespectivement
desconjonctions
de sous-formules et des sous-formules de
Do.
Eneffet,
siSk
est une sous-formule de
A ; ,
parexemple Aj lui-même,
soitSk
= Ax(Wj ~ Rj)
alors dans le calcul intuitionniste:
8 On vérifie que B’ obtenu par les règles est équivalent à cette formule.
et
Wk
=Xjk
AWi
etRk
=Ri
sont bien de la forme voulue.Finalement, 03BC(Aj)
- Ax ~njk=1 (Wjk ~ Rjk) et 03BC(D) qui
est con-jonction
des03BC(Aj)
estéquivalente
à une s.f.i. deDo.
La dernièrepartie
de laproposition
résulte de ce que,d’après
le lemme 3( j j )
dans les conditions sur les variables
libres, Wi figure
danschaque Xjk,
et donc danschaque Wk
pour k = 1, ···, ni .COROLLAIRE FINAL. Dans les calculs
intuitionnistes, il
n’existepas de
chaînesserpents infinies
strictes.PREUVE.
(Début
et caspropositionnel). Supposons
que l’on ait une chaîneB1, B2, ...
vérifiantBi ~ Bi+1 Bi (i
= 1,2,...).
On va montrer que si elle est
infinie,
elle nepeut
être stricte. Si ellel’était,
onpourrait
considérerB1
non valide(sinon
onpart
de
B2).
DeB1 ~ B2
J-B1
on déduit l’existence deB2,
s.f.i. deB1 ayant
ses variables libresparmi
celles deBI,
vérifiantB1 ~ B2
J-B1
etB2
J-B2,
d’oùpuisque (B2 ~ B3)
~B2,
l’on a(B’2 ~ B3) ~ B’2.
Il existe doncBg,
s.f.i. deB’2,
tel queJ-
(B’2 ~ B’3) ~ B’2
etBa
J-B’3,
etc... MaisBg
étant une s.f.i.de
B’2
l’est deB1, d’après
laproposition
1,puisque B2
est unes.f.i. de
B1.
Dans la chaîneserpent B’1
=B1, B2, B’3, ··
· obtenueles
B’i
seraientainsi,
deproche
enproche,
des s.f.i, d’une même formuleB1.
Cequi
achève la démonstration dans le casproposi-
tionnel
puisqu’il
n’existequ’un
nombre fini de sous-formules d’une formule donnée et donc un nombre fini seulement de s.f.i.(non équivalentes)
d’uneformule;
si la chaîne étaitinfinie,
on auraitalors
B’i ~ B’j
pour ij, d’où,
commeB’i ~ B’j B’i,
résulteB’j
et parconséquent
J-B1
contrairement àl’hypothèse
surB1.
Pour le calcul des
prédicats,
un examenplus approfondi
estnécessaire 9. On utilise le résultat suivant.
PROPOSITION 2. Si
B1, B2, ...
· est une chaîneserpent
stricteconstruite sur une
infinité de
variableslibres, il
en existe une autre,stricte,
sur un nombrefini de
telles variables. Il existe donc une telle chaîne dont toutes lesformules
contiennent exactement les mêmes variables libres.PREUVE.
Supposons
encoreB1
non valide. SoitB 1)
lapremière
formule
(p ~ 1)
non valide contenant des variables libres, y1, ···, ya. SoitCi
=Bi
si i = 1, ..., p etpour i
> p,Ci
laformule obtenue de
Bi
en y substituant à toute variable libre9 Il existe bien, dans le calcul des prédicats, pour une formule donnée, une infinité de s.f.i. de cette formule qui ne sont pas équivalentes, et même j ustement des chaînes ascendantes infinies strictes de s.f.i. d’une même formule.
distincte de y1, ···, yq, la variable yl par
exemple.
Del- (Bi
-Bi+l)
-Bi
résulte t-(Ci
~Ci+1)
~Ci
pour tout i. Et la chaîne desCi
eststricte,
on aurait sinon 1-Ci
pour uncertain j,
d’où f-
Ci
soit FB1.
Il existe naturellement une sous-chaîne dont toutes les formules contiennent exactement les mêmes variableslibres,
cette sous-chaîne est bien entendu une chaîneserpent
etest stricte
aussi,
cequi
démontre entièrement laproposition.
PREUVE DU COROLLAIRE
(fin).
Soit
Bl, B2, · - -
une chaîneserpent
infinie où tous lesBi
contiennent les mêmes variables libres: y1, ···, Ya
(d’après
laproposition 2).
EtB§ = B1, B’2, ···
la chaîneserpent
corres-pondante
commeplus haut,
oùBï+l
est obtenu àpartir
deB’i ~ Bi+,
t-B’ (i
= 1,2, ... ),
soitB’i+1
=03BC(B’i).
On a vu que lesB’i
sont toutes des s.f.i. deB1.
Par la condition sur les variables libres lequantificateur
universel n x aurapartout
la mêmesignification,
ilporte
sur les variables distinctes de Yi, yq.Soit:
on
peut
écrireavec
Alors,
par le corollaire du lemme 4,Mais
03BC(Aij)
est donné par laproposition
1,où les
Rk
sont des sous-formules deB1 puisque Aij
est une s.f.i.de
B1
et donc03BC(Aij)
aussi.Remarquons
que,toujours d’après
la
proposition
1, 039B xportant partout
sur les mêmesvariables,
Wij
deAij figure
dans tous lesWk ,
d’oùOn a donc
par
suite,
si conformément à(7),
alors pour h = 1, ···, mi+,, on a
pour un certain k et un certain
i.
On dira queAi+1h provient
deAij. Chaque Ai+1h
deB’i+1 provient
donc d’unAij
deB’i.
Finale-ment, revenant aux notations
(8)
pourAi+1h,
c’est-à-dire notantWijk
=Wi+1h
etRijk
=,Ri+1h,
eton obtient par
(9)
que siAi+1h provient
deAij
alorsLe nombre de variables libres étant
borné,
il y a auplus
un nombrefini p de
R;:-l
nonéquivalents, puisque
ce sont des sous-formules d’une même formuleBl.
Soit alors la suite desp+1
formulesA1k1
=B’1, A2k2, ···, Ap+1kp+1
oùAi+1ki+1 provient
deAiki
et,d’après (7) ki
~ mi . Avec les notationsprécédentes
De la définition de p il résulte que deux au moins des
Riki
sontéquivalents
aux variables liées(par
Ax) près,
soit en reécrivantces variables:
Mais de
(11)
résulteWlkl Wiki,
soit utilisant(12)
et
d’après
lasignification
de 039B x,soit
A iki J- A lk,
et finalementMaintenant si la chaîne
B1, B2, ...
était stricte avecB,
non validealors
82, B’2, ···
serait stricte. Alors de(13)
il résulte que siB’l ~ ~mlj=1 A ij
alors mi > 1, et aussi quesoit, puisque B’i ~ B’l
FB z (car i l), l’équivalence
ce
qui
serait contradictoire si l’on avait choisi dans(7)
mi
(i
= 1, ···,p+1),
c’est-à-dire le nombre deconjoints
dansla
conjonction, minimal,
ce que l’on est libre de faire. La contra-diction vient du fait
précis
que l’on vient de montrerPROPOSITION 3.
Si, le
nombre de variables libres étantborné,
la
f ormule B1 a
psous-formules
nonéquivalentes,
alors une chaîneBl, B2, ···, Bn vérifiant Bi ~ Bi+,
FBi
pour i = 1, ···, n-l,ne peut être stricte que si n p.
Par contre, il est facile de montrer
qu’il
existe des chaînesserpents
strictes delongueur
n,quel
que soit n(il
existe des chaînesserpents
descendantesinfinies).
Remarquons
que tous les résultats sont valables pour lesfragments implicationnels
intuitionnistes(contenant ~),
pour le§
2, ceci est mentionnéexplicitement,
tandis que le corollaire final dece §
est afortiori
valable dansn’importe quel fragment.
Nous conclurons en
remarquant
que pour le calculintuitionniste,
le
problème
de l’axiomatisationindépendante
est ouvert pour les ensembles de formules de cardinal non dénombrable.BIBLIOGRAPHIE S. KLEENE
[1] Introduction to Metamathematics, Amsterdam (1952)
I. REZNIKOFF
[2] Tout ensemble de formules de la logique classique est équivalent à un ensemble indépendant, C. R. Acad. Sc. Paris 260 p. 2385 2014 88 (1965).
I. REZNIKOFF
[3] Sur les ensembles dénombrables de formules en logique intuitionniste, Ibid.
262 p. 415-18 (1966).
I. REZNIKOFF
[4] Thèse (polycopiée) Paris (1966).
I. REZNIKOFF
[5] Independent recursive axiomatization in intuitionistic logic. A paraitre dans Algebra i Logika, Novosibirsk.
A. TARSKI
[6] in C. R. Soc. Sc. et L. Varsovie III, 23 (1930).
(Oblatum 3-1-’68) Institut Henri Poincaré
11 rue Pierre Curie Paris - 5ème