76 | La Lettre de l'Infectiologue • Tome XXXI - n° 2 - mars-avril 2016
CAS CLINIQUE
▲ Figure 1. Au centre de la photo (fl èche), on distingue un point de piqûre entouré d’une discrète réaction infl ammatoire.
▼ Figure 2. Débris trouvés sur le sol de la chambre. L’élément entouré d’un cercle sera examiné à la loupe binoculaire (fi gure 3).
Un souvenir piquant ou quand le voyageur rapporte un hôte indésirable à son domicile
A spicy souvenir or when the traveler brings back home an undesirable guest
A. Paugam*
U
n homme de 54 ans, sans antécédent particulier, consulte en parasitologie en raison de lésions cutanées prurigineuses des cuisses et des bras persistant depuis 4 mois. Il avait consulté son médecin traitant, qui avait alors prescrit cétirizine per os et bétaméthasone crème, ce qui avait permis d’atténuer les symptômes pendant 2 semaines, avant que les lésions ne réapparaissent. Il avait ensuite consulté un dermatologue qui avait conclu à des piqûres d’insectes et n’avait pas prescrit de traitement.O b s e r v a t i o n
L’interrogatoire retrouve un voyage en Egypte, 4 mois avant la consultation ; le patient déclare y avoir été victime de piqûres de moustiques. Enfi n, il dit avoir rapporté de son voyage des foulards, qu’il a stockés dans sa chambre, sous son lit.
L’inspection de l’avant-bras gauche retrouve une lésion correspon- dant à une trace de piqûre (fi gure 1) . Dans l’hypothèse de piqûres de punaises de lits ( Cimex lectularius ), il est demandé au patient d’examiner sa literie et le parquet à la recherche du parasite. Le lendemain, le patient rapporte des éléments à identifi er retrouvés sur le sol à proximité du sac contenant les foulards (fi gure 2) . Un examen à la loupe binoculaire va permettre d’identifi er formel- lement la punaise (fi gure 3) .
* Consultation de parasitologie, hôpital Cochin, AP-HP, Paris.
Mots-clés
Cimex – Punaises de lit – Ectoparasites
Keywords
Cimex – Bedbugs – Ectoparasites
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La Lettre de l'Infectiologue • Tome XXXI - n° 2 - mars-avril 2016 | 77
CAS CLINIQUE
D i s c u s s i o n
La punaise de lits ( Cimex lectularius ) connaît depuis plusieurs années une recrudescence mondiale (1) . Cet insecte est particuliè- rement prolifi que : la femelle pond une dizaine d’œufs (blanchâtres, 1 mm) par jour, qui éclosent en 1 à 2 semaines (2) . La jeune punaise est tout juste visible (3 mm), de couleur claire presque translucide (fi gure 3) . Elle atteindra le stade adulte en 1 à 2 mois, après au moins 5 repas sanguins. L’adulte (5 mm) a une couleur marron sombre, elle ressemble alors à une lentille ou un pépin de pomme (fi gure 4) . Son corps aplati lui permet de se glisser dans de fi ns interstices. La punaise de lits n’a pas d’ailes. C’est un insecte luci- fuge qui se cache dans la journée et se nourrit la nuit. Les mâles comme les femelles sont hématophages. La piqûre, qui dure une dizaine de minutes, est indolore. L’espérance de vie d’un adulte est de 1 à 2 ans. Il faut souligner qu’elle est capable de survivre à jeun jusqu’à 2 ans. Les punaises de lits sont cosmopolites, elles peuvent se déplacer sur de grandes distances en contaminant tissus, vieux meubles achetés par les voyageurs ou se glisser dans leurs bagages quand elles ont élu domicile à l’hôtel.
C o n c l u s i o n
La mise en évidence des punaises de lits n’est pas facile ; il faut examiner méthodiquement la chambre à coucher, lieu de prédilec- tion où elles trouvent gîte et couvert. L’inspection de la literie et du plancher doit être minutieuse, devant aller jusqu’au démontage si nécessaire. L’atteinte se résume le plus souvent à un simple prurit aux points de piqûres mais peut aussi se manifester par un urticaire. Aucune transmission virale, bactérienne ou para- sitaire n’est à craindre (3) . La destruction des punaises de lits repose sur la chaleur (lavage du linge à 60 °C, nettoyage vapeur à 120 °C) et l’utilisation d’insecticides pour “insectes rampants”.
Les insecticides n’étant pas actifs sur les œufs, l’application doit être renouvelée au moins une fois à 15 jours d’intervalle. En cas d’infestation massive, la lutte doit être confi ée à une société spécialisée et une déclaration auprès de l’agence régionale de
santé est recommandée. ■
▼ Figure 4. Cimex lectularius adulte (5 mm). La structure caractéristique, le col Médicis (fl èches) est bien visible.
▲ Figure 3. Jeune Cimex lectularius (3 mm). On remarque au niveau céphalique des traces de sang (fl èche) et, à la jonction tête-thorax, la structure caractéristique, le col Médicis [crochets].
1. Anastay M, Blanc V, Del Guidice P, Marty P, Delaunay P. La punaise de lit : un ectoparasite émergent. La Lettre de l’Infectiologue 2011; 26(1):18-22.
2. Delaunay P, Berenger JM, Izri A, Chosidow O. Les punaises de lits. Riviera Scientifi que 2010. Téléchargeable sur Internet à l’adresse : ants.asso-web.com/uploaded/punaises-lits.pdf 3. Delaunay P. Human travel and travelling bedbugs. J Travel Med 2012;19(6):373-9.
Références bibliographiques
L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet article.
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