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Femmes, pouvoir exécutif et construction européenne

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Femmes, pouvoir exécutif et construction européenne Introduction

La construction européenne est incarnée, à juste titre, par des hommes politiques qui sont considérés comme des « pères fondateurs ». Mais où sont les femmes ? Privées de l’accès au sommet des pouvoirs exécutifs nationaux – à quelques très rares exceptions – elles n’ont jamais été en mesure de jouer un rôle de premier ordre. Elles ont plutôt assumé avec efficacité, à des postes subalternes, des tâches plus ingrates mais indispensables à la construction de l’Europe communautaire. Le cas très particulier des ministres françaises des Affaires européennes permet de réfléchir sur la place des femmes dans la construction européenne, en même temps que dans la vie politique nationale.

Les femmes dans l’histoire politique de la construction européenne

Des absentes

Dans les années 1940 et 1950, les femmes n’ont pratiquement aucune place dans les vies politiques nationales des six Etats fondateurs de la CEE (Communauté Economique Européenne) et en tout cas pas aux échelons élevés du pouvoir exécutif. Or, les décideurs de la construction européenne ont été et demeurent encore les chefs d’Etat et de gouvernement des Etats-membres. Cette situation historique explique la prépondérance des « pères fondateurs » (Robert Schuman, Alcide de Gasperi, Konrad Adenauer et d’autres) par rapport à quelques « grands-mères de l’Europe ». Mais Aliénor d’Aquitaine (XIIe siècle) et la reine Victoria (1819-1901) ne doivent cette qualification qu’à leur descendance qui a essaimé partout sur le continent ; aucune d’entre elles n’a construit l’Europe.

Incontestablement, Louise Weiss (1893-1983) mérite davantage ce titre qui lui est attribué en raison d’un engagement européen qui ne s’est jamais démenti pendant soixante ans, de la fondation de son journal L’Europe Nouvelle au lendemain de la Grande Guerre, à ses Mémoires d’une Européenne.

Mais si la journaliste, la féministe, l’européiste, a fait avancer l’idée européenne, elle n’a jamais été dépositaire d’un quelconque pouvoir exécutif. Cette absence initiale des femmes a eu pour effet de laisser croire qu’elles n’ont joué aucun rôle dans la construction européenne. Mais ce qui est vrai pour les années 1950et 1960 ne l’est plus à partir des années 1980.

Des exceptions

Le tournant a lieu très précisément en 1979. Le 4 mai, six ans seulement après l’entrée de son pays dans la CEE, Margaret Thatcher (née en 1925) devient Premier ministre du Royaume-Uni.

Pour la première fois, au Conseil européen - qui réunit les chefs d’Etat et de gouvernement - siège une femme… sur neuf ; elle est la seule pendant toute la décennie 1980. Sur la scène internationale, ses interlocuteurs masculins sont sensibles à ses convictions politiques, à sa formation de scientifique et à

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son parcours remarquable, mais aussi au fait qu’elle soit une femme. Comme le disait l’un de ses anciens conseillers, le diplomate sir Percy Craddock : « l’alliance de la féminité et du pouvoir intriguait et excitait ses interlocuteurs hommes, du Président Mitterrand à Anthony Powell [secrétaire d’Etat américain] ».

Le premier objectif de la politique étrangère de Margaret Thatcher vise à redéfinir la place de la Grande-Bretagne sur l’échiquier international (Sanderson, 2006, p.30). Au niveau européen, les modalités de l’adhésion britannique à la CEE (1er janvier 1973) avaient engendré des tensions avec les partenaires, notamment sur la contribution financière britannique au budget communautaire. Margaret Thatcher a contribué à un retour de la Grande-Bretagne sur la scène européenne. Lors du Conseil européen à Strasbourg en juin 1979, tous les observateurs constatent que « Britain is back ». En 1984 au sommet de Fontainebleau, elle lance une formule qui résume bien sa politique : « I want my money back ! ». Finalement, contre un chèque, Margaret Thatcher ancre la Grande-Bretagne dans l’Europe qui marche vers l’Acte unique. Pas par conviction, par nécessité. Elisabeth Guigou, alors conseillère à l’Elysée, avait travaillé sur le scénario du pire : la CEE pourrait fonctionner sans la Grande-Bretagne, et la France l’avait fait savoir à Londres… En même temps, par ses exigences et par la priorité qu’elle donne aux relations avec les Etats-Unis, Margaret Thatcher nuit à l’image et au statut de la Grande- Bretagne au sein de la Communauté. Après son discours de Bruges (1988), son refus de renoncer à la livre sterling pour une monnaie européenne unique bloque tout débat au sein même de son gouvernement. La politique européenne de Margaret Thatcher divise alors jusqu’à son propre parti, et contribue très largement à sa chute en 1990 (Sanderson, 2006, p.37).

Il n’y a plus alors aucune femme parmi les 12 chefs d’Etat et de gouvernement européens.

Certes, Mary Robinson est élue présidente de l’Irlande en 1990, mais selon la constitution elle ne dispose d’aucun pouvoir exécutif puisque c’est le Premier ministre qui l’exerce. En France, Edith Cresson (née en 1934) devient Premier ministre en 1991, mais le dossier européen relève essentiellement du « domaine réservé » de l’Elysée. Pour autant, il faut rappeler les mots de François Mitterrand indiquant aux Français le changement de gouvernement : « Madame Edith Cresson […]

m’est apparue comme la plus apte à diriger ce gouvernement, [à] muscler notre économie et porter nos industries au plus haut avant l’ouverture du grand marché unique, le 1er janvier 1993 ». La presse évoque la « mission européenne » d’Edith Cresson et est unanime sur ses aptitudes à défendre les intérêts de la France en Europe. A Bruxelles, la Commission européenne accueille positivement la nomination d’une personnalité politique française connaissant les mécanismes européens, ce qui n’est pas si courant. Mais Edith Cresson reconnaît aujourd’hui que « dans l’agenda très dense d’un Premier ministre, la construction européenne n’est pas la chose essentielle » et puis le temps a manqué…

moins d’un an à Matignon (Denéchère, 2007, p.174).

En fait, depuis 2005, en tant que chancelière d’Allemagne, Angela Merkel, n’est que la deuxième femme disposant d’un pouvoir exécutif assez fort pour pouvoir jouer un rôle décisif dans la construction européenne. Sa sensibilité à l’Europe est marquée par sa génération (elle est née en 1954)

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et son enfance en RDA. Outre l’axe franco-allemand qu’elle entend maintenir, elle regarde vers les pays d’Europe centrale et orientale entrés dans l’Union européenne en 2004. En 2007, pendant la présidence allemande de l’UE, pour sortir l’Europe de l’impasse consécutive aux « non » français et néerlandais, elle promeut l’idée d’un traité simplifié.

Des premières… des Françaises

L’année 1979 a également été marquée par l’intrusion des femmes dans un Parlement européen désormais élu au suffrage universel. L’élection à la présidence de ce Parlement de Simone Veil (juillet 1979) marque les esprits, d’autant que c’est Louise Weiss, doyenne des élus qui préside la séance électorale. Même si elle ne dispose d’aucun pouvoir exécutif, Simone Veil joue un rôle essentiel dans la construction européenne en incarnant la CEE, en imposant le nouveau parlement comme un véritable rouage institutionnel (Denéchère, 2007, chapitre 4) Cette contribution essentielle à la construction européenne, notamment en tentant de rapprocher l’Europe des citoyens, est encore très sous-estimée aujourd’hui.

L’année 1989 marque une autre évolution : deux femmes – la Grecque Vasso Papandreou et la Française Christiane Scrivener – intègrent enfin la Commission européenne, qui pendant les années Delors, va exercer une certaine forme de pouvoir exécutif au niveau communautaire. En 1993 et 1994, la Française reste la seule femme au sein d’un collège qui compte 17 membres. Alors que le Parlement européen s’ouvre davantage aux femmes à chaque élection européenne, la Commission reste très hermétique. Il faut préciser que les commissaires sont nommés par les exécutifs des Etats-membres qui voient dans ce poste une courroie de transmission importante (Hallier, 2006, p.136). Les responsables nationaux préfèrent consentir aux femmes quelques sièges de parlementaires européens dont la visibilité sur la scène politique nationale est nulle. Cette analyse sur l’infériorité du politique européen par rapport au niveau national est renforcée par le nombre significatif de Françaises qui se retrouvent à assumer des responsabilités européennes. En 1989 Catherine Lalumière est élue secrétaire générale du Conseil de l’Europe. Sans pouvoir exécutif, elle saura néanmoins mener des actions décisives au moment où l’Europe de l’Est connaît tant de bouleversements. C’est également elle qui, dès juillet 1989 lors d’un Comité des ministres, lance une réflexion au niveau européen sur les femmes et le pouvoir politique en Europe (Denéchère, 2007, p.158).

Après ce bref panorama, on comprend pourquoi les femmes n’ont guère de place dans l’histoire politique de la construction européenne. L’exercice par les hommes du pouvoir exécutif dans les Etats-membres explique qu’ils ont joué les rôles principaux. Mais à l’échelon inférieur de l’exécutif, celui des ministres, et particulièrement dans les Affaires européennes, les femmes sont bien présentes.

La contribution des femmes ministres des Affaires européennes

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Des postes très difficiles

Sur les 27 Etats-membres de l’Union, plus de la moitié ont confié au moins une fois le ministère des Affaires étrangères à une femme ; surtout depuis les années 1990, davantage dans les années 2000. En Grande-Bretagne il faut attendre 2006, mais ni en Allemagne, ni en France une femme n’a encore été nommée à ce poste. Les portefeuilles des Affaires européennes, le plus souvent subordonnés à ceux des Affaires étrangères, ont été bien plus souvent confiés à des femmes : au moins une fois dans chaque Etat-membre de l’Union.

En France, six femmes ont eu la responsabilité des Affaires européennes, souvent comme ministre déléguée : Catherine Lalumière (1984-1986, secrétaire d’Etat), Edith Cresson (1988-1990, ministre plein), Elisabeth. Guigou (1990-1993), Noëlle Lenoir (2002-2004), Claudie Haigneré (2004- 2005), Catherine Colonna (2005-2007). Depuis 1984, ce portefeuille a été confié pendant onze années à des femmes, ce qui est rarissime pour un ministère qui ne fait pas partie des domaines de compétence traditionnellement confiés aux femmes (Consommation, Famille, Droits des femmes…).

Seul l’Ecologie/Environnement a également été souvent occupé par des femmes : 7 depuis 1981. Ce qui mène à l’hypothèse que l’on a pu nommer volontiers des femmes à la tête de ministères dont les délimitations et les attributions étaient floues, sujettes à empiètements notoires et qui n’étaient pas des domaines d’action prioritaires… Dans l’organigramme de la politique européenne de la France, la décision revient au Président de la République d’abord, puis au ministre des Affaires étrangères, plus qu’au Premier ministre. Ce n’est qu’au niveau de l’exécution qu’intervient le/la ministre délégué-e aux Affaires européennes (Lequesne, 1993). Sans réel pouvoir, donc sans autorité ministérielle, constamment sous la tutelle du Quai d’Orsay, le poste est ingrat et très difficile : déplacements incessants, connaissance indispensable de langues étrangères et des arcanes européens, gestion de dossiers très techniques, pas de visibilité médiatique… La compétence de ce ministère est supposée être transversale mais encore faut-il disposer de moyens suffisants pour agir !

La question de la « légitimité » des femmes en politique

Une nomination ministérielle est le résultat d’une telle combinaison de variables, qu’il serait illusoire de prétendre définir les raisons de l’attribution à tel ou telle des Affaires européennes.

Néanmoins, des éléments peuvent être distingués, notamment concernant la légitimité des femmes en politique et au gouvernement (Jenson et Sineau, 1995, chapitre 10). Simple secrétaire d’Etat, en 1984, Catherine Lalumière dut d’abord se faire accepter des services du Quai d’Orsay et des chancelleries européennes à une époque où les femmes étaient rares sur la scène diplomatique. Elle-même dit s’être cantonnée dans le travail de préparation : « Mitterrand définissait les orientations, Dumas [ministre des Affaires étrangères] était le premier exécutant et je préparais les dossiers ».

D’une autre génération et présentant un profil de fonctionnaires et non de politiques, Elisabeth Guigou et Catherine Colonna ont été reconnues pour leurs compétences, en même temps qu’elles étaient du sérail. Conseillère à l’Elysée, Elisabeth Guigou devient la « Madame Europe » de la

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Présidence de la République, notamment pendant la période clé de la première cohabitation (1986- 1988). Elle joue un rôle essentiel dans les années suivantes qui sont consacrées à la préparation du traité de Maastricht. A l’instar de Jacques Delors, tous les observateurs et les protagonistes français et étrangers de cette époque rendent hommage à son action décisive à un moment déterminant de la construction européenne. Il suffit de rappeler que de 1990 à 1993, elle est le seul membre du gouvernement français à participer – et à animer – les deux conférences intergouvernementales (CIG) sur l’Union économique et monétaire et sur l’Union politique.

En juin 2005, pour assister le nouveau ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste- Blazy, Catherine Colonna est nommée aux Affaires européennes. Enarque et diplomate de formation, elle a été porte-parole du Président Chirac, et membre de la cellule diplomatique de l’Elysée. La compétence européenne de Catherine Colonna est certaine et tranche avec l’inexpérience du titulaire du Quai d’Orsay. Dans le contexte délicat de l’après « non » français au projet de traité constitutionnel (2005), elle peut s’appuyer sur les deux têtes de l’exécutif pour assumer la politique européenne de la France.

Au contraire des précédentes, Noëlle Lenoir et Claudie Haigneré ont pâti d’une absence de légitimité. En 2002, la nomination de Noëlle Lenoir comme ministre déléguée aux Affaires européennes dans le gouvernement Raffarin suscita beaucoup de commentaires, mais bien davantage sur ce qui apparaissait à certains comme un revirement politique (en 1992, elle avait été nommée au Conseil constitutionnel par Henri Emmanuelli alors Président de l’Assemblée nationale) que sur les compétences de la nouvelle ministre. Quant à la nomination de Claudie Haigneré en 2004, elle fut comprise comme la volonté du Président Chirac de la garder au sein du gouvernement, mais sans la laisser à la Recherche où elle avait connu beaucoup de difficultés. Le défi majeur des deux ministres déléguées a été d’être visible alors que les ministres des Affaires étrangères s’appelaient Dominique de Villepin et Michel Barnier. Un rapport daté de juin 2003 faisant le bilan d’« un an d’action européenne » de Noëlle Lenoir illustre parfaitement la difficulté d’exister au sein du gouvernement en tant que ministre déléguée aux Affaires européennes. Le document liste des actions qui sont toujours communes avec d’autres ministères. Outre le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères, pas moins de 12 ministres sont cités, certains d’entre eux plusieurs fois. Si la marge de manœuvre d’un ministre est proportionnelle à son poids politique, on comprend la situation difficile de ces deux femmes en politique, mais pas femmes politiques, sans troupe, sans véritable soutien.

Seule, pendant deux années, Edith Cresson a pu conjuguer la légitimité de la compétence, celle de l’engagement politique et le soutien du Président de la République, dans ce qui reste comme la seule expérience pour faire exister en France un vrai ministère des Affaires européennes.

Une tentative unique : le ministère « plein » d’Edith Cresson (1988-1990)

Après la réélection de François Mitterrand, Edith Cresson devient ministre des Affaires européennes ; elle est la seule femme ministre du premier gouvernement Rocard. Le Président a placé

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deux de ses proches aux Affaires étrangères (Roland Dumas encore une fois) et aux Affaires européennes. Edith Cresson ne pouvait pas être simple ministre déléguée alors qu’elle avait été pendant cinq ans à la tête de ministères importants. Elle n’aurait pas accepté ce rabaissement d’autant qu’elle n’obtenait pas le grand ministère de l’Industrie et du Commerce extérieur qu’elle demandait et que les Affaires européennes ne l’intéressaient pas plus que cela. Elle obtint donc un ministère

« plein ».

Le décret d’attribution de ses compétences précise qu’elle est chargée de préparer l’achèvement du marché intérieur pour 1992, de « favoriser l’adaptation de l’économie à cette fin, en concertation avec les agents économiques et les partenaires sociaux » et de préparer la présidence française du Conseil européen du second semestre 1989. Mais d’autres ministres veulent marcher sur ses plates-bandes. Plusieurs fois, Edith Cresson remet en place Lionel Stoléru qui en tant que secrétaire d’Etat chargé du Plan entend lui aussi préparer la France au grand marché européen.

Une des premières décisions de la nouvelle ministre est de couper le cordon ombilical avec les Affaires étrangères et de s’installer dans un hôtel particulier de la rue Raymond Poincaré. Mais son cabinet fonctionne pratiquement sans administration, puisque rien n’était prévu en dehors du Quai d’Orsay pour les Affaires européennes, d’où des problèmes de moyens, de définition des compétences et des relations difficiles avec les Affaires étrangères. Edith Cresson ne nomme qu’un diplomate de carrière sur les 14 membres de son cabinet, ce qui apparaît au Quai d’Orsay comme une provocation … contre-productive. En effet, de quels moyens va-t-elle pouvoir disposer sans l’appui ni le relais de la diplomatie française ?

Pour pallier à cette difficulté, avec Abel Farnoux, son chargé de mission, Edith Cresson crée en septembre 1988 six Groupes d’Etude et de Mobilisation. Constitués surtout de socioprofessionnels, d’élus de toutes tendances politiques (sauf Front National) et de représentants des administrations et des ministères concernés, les GEM expertisent des secteurs soumis aux politiques intégrées européennes et ceux qui peuvent le devenir. Autant dire qu’avec ces groupes, Edith Cresson est présente dans la plupart des dossiers de ses collègues ministres : une « stratégie du coucou » en quelque sorte. « Craignant d’être un ministre fantôme, Edith Cresson a choisi d’être omniprésente » écrit Libération en septembre 1988. Même si les prétentions budgétaires de la ministre ont été revues très à la baisse et si elle est privée d’administration autonome, elle entend bien montrer que c’est elle qui est chargée des projets européens comme l’Eurêka audiovisuel ou la construction d’un espace social européen.

Occuper le terrain, communiquer à partir du travail des GEM, c’est la méthode Cresson, novatrice, dynamique, sans tabou à propos de l’argent, des entreprises, de la défense des intérêts français… Autant de caractéristiques qui poussent à son isolement au sein du gouvernement. A partir du début de 1990, Edith Cresson se plaint de plus en plus des entraves que l’on met à son action. En octobre 1990, elle démissionne – elle y songeait depuis l’été mais la crise du golfe avait retardé l’échéance – et continuera à s’occuper d’affaires européennes dans le privé… avant d’entrer à

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Matignon où une autre « mission européenne » l’attend. Ainsi prend fin la tentative la plus poussée de réformer l’organisation de la politique européenne de la France. Malgré des idées intéressantes et quelques promesses, aucun Président, aucun Premier ministre n’a créé un grand ministère des Affaires européennes, qui pourrait être confiée à une sorte de vice-Premier ministre...

Conclusion

Depuis les années 1980, les femmes – et plus particulièrement des Françaises – sont devenues des actrices de la construction européenne, mais davantage au Parlement européen qu’à la Commission européenne, et davantage aux échelons subalternes de l’exécutif national qu’à son sommet. N’est-ce pas le signe que l’Europe n’intéressait pas beaucoup une classe politique masculine focalisée sur le niveau national ? Bien sûr, on ne peut pas conclure cet article sans évoquer la question de la parité en politique. C’est en accédant à tous les échelons de la représentation et de l’exécutif national, et ce dans tous les Etats-membres de l’Union, que les femmes pourront participer pleinement à la construction politique de l’Europe.

Yves Denéchère Professeur d’histoire contemporaine Université d’Angers – UMR CERHIO

Références bibliographiques :

- Denéchère Yves, 2007, Ces Françaises qui ont fait l’Europe, Paris, Audibert.

- Hallier Thomas, 2006, « Vénus endormie ? Les commissaires européennes », in Delaunay J.-M. et Denéchère Y. (dir.), Femmes et relations internationales au XXe siècle, Presses de la Sorbonne Nouvelle, pp.135-142.

- Hubert Agnès, 1998, L’Europe et les femmes. Identités en mouvement, Rennes, Editions Apogée.

- Jenson Jane et Sineau Mariette, 1995, Mitterrand et les Françaises. Un rendez-vous manqué, Paris, Presses de sciences po.

- Lequesne Christian, 1993, Paris-Bruxelles. Comment se fait la politique européenne de la France, Paris, Presses de la FNSP.

- Sanderson Claire, 2006, « Margaret Thatcher et la politique extérieure du Royaume-Uni : vision, conviction, intransigeance », in Femmes et relations internationales au XXe siècle, pp.27-37.

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