A NNALES DE L ’ UNIVERSITÉ DE G RENOBLE
É MILE C OTTON
Sur quelques liaisons imposées à un corps solide
Annales de l’université de Grenoble, tome 21 (1945), p. 101-107
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Sur quelques liaisons imposées
à un corps solidepar M. Émile COTTON.
On trouve dans les
lignes
suivantesquelques
remarques ausujet
de cas
singuliers qui
seprésentent parfois
dans l’étude des contacts d’un solide S et d’un obstacle fixe M; elles concernent la traductionanalytique
des liaisons et la définitionadoptée
pour l’absence defrottement.
Une attention
particulière
estapportée
à l’un de ces cassignalé
comme connu par M. Brelot
(Annales
de l’Université de Grenoble, section sciences-médecine, nouvelle série, t.XX, 1944,
p.2).
Ils’agit
d’une barrerectiligne homogène
AB delongueur
2R dont les extrémités restent sur unesphère
fixe de rayon R. Si l’on admet que les réactions se réduisent à deux forcesportées
par les rayons aboutissant en A et B, elles nepeuvent équilibrer
lepoids lorsque
la barre n’est pas verticale. Pour
simplifier
notreexposé,
nous sub-stituerons à la barre un solide
S,
la corde delongueur
maximum desa surface frontière étant
égale
au diamètre de lasphère
à l’intérieur delaquelle
S doit rester : la même difficulté seprésente,
mais noussupposons S limité par une surface
(S) ayant
unplan tangent
enchacun de ses
points,
cequi permet
d’utiliser despropositions
toutà fait
classiques.
1. Donnons d’abord des indications sommaires sur le
degré
deliberté d’un solide S touchant un obstacle
fixe
M en un ouplusieurs points. Écrivant
que(M)
frontière de M, et une surface(S’), égale
à(S),
frontière de S ont unpoint
commun et mêmeplan tangent
ence
point,
on a 4équations
entre les 3 coordonnées x. v, z dupoint
de contact et les 6
paramètres
a1, a2 .... a0 intervenant dansl’équa-
102
tion
générale
des surfaces(SI). Eliminant d’abord,
deux des coor-données,
on a deuxéquations E, E’,
oùfigure
encore la troisième coordonnée. En éliminant encore celle-ci on a finalement uneéqua-
tion entre les
paramètres
a, cequi permet d’exprimer
l’un d’eux enfonction des 5 autres ; la liaison est holonome et le
degré
de libertéde S
égal
à 5.Le contact en deux
points exige
queE,
E’ aient deux racinescommunes, d’où deux relations entre les a; liaison
holonome, degré
de liberté de S
égal
à4 (en général):
De même cedegré
est 3 pour le contact en troispoints.
Il ne
s’agit
évidemment là que d’unpremier
aperçu, car l’élimi- nation n’est bien étudiée que dans le cas deséquations algébriques
et, même
alors,
une discussion serait nécessaire.Quand ( )
est unesphère
de rayonR,
onpeut
utiliserl’équation générale
des surfaces(S") parallèles
aux surfaces(S’)
à une dis-tance
R,
et écrire que le centre 0 deest
sur(S"),
cequi
donnela condition entre les a traduisant le contact en un
point.
S’il y a contact en deuxpoints,
0 doit être sur uneligne
double de(S"),
etpour le contact en trois
points
0 est(en général) point triple
de(S") ;
on retrouve dans chacun de ces cas ledegré
de liberté anté- rieurementindiqué.
Deplus
dans le cas du contact en 3points,
si 0est bien
point triple isolé,
les 3points
de contact,pieds
des nor-males abaissées de 0 sur
(S"),
forment untriangle
ABC de gran- deurinvariable,
fixe parrapport
à(S").
Une
représentation paramétrique
du contact en unpoint
a étédonnée en
1895
par M. Hadamard dans deux articles des Mémoires de la Société des sciences deBordeaux; ils
sontreproduits
à la finde
l’ouvrage d’Appell :
Les mouvements de roulement endynamique (Collection Scientia).
Soient M et M’ lespoints marqués
sur(S)
et() qui
viennent en coïncidencelorsqu’il
y a contact,Mxyz
un trièdrede Darhoux relatif à
(S),
son arête Mz est normale à(S),
u, vles
coordonnées
curvilignes
de M sur(S). Soient u’, v M’, x’, y z’,
leséléments
analogues
relatifs à(),
les directionsMz,
M’z’ coïncidant lors du contact et soitalors o l’angle Mx Mu
; u, v,u’, v’,
sontles
paramètres
de M. Hadamard. Il les a utilisés pour chercher dansquelles
conditions certaines liaisonscomplémentaires,
telles que l’absence deglissement,
l’absence deroulement,
... données par deséquations
de Pfaff que sareprésentation permet d’écrire,
sontelles-mêmes
exprimables
en termes finis.Il
parait
difficile de donner unereprésentation paramétrique
du103
contact en deux
points,
sauf dans descas exceptionnels.
1,’Illl deuxest celui où
est
unesphère
de centre 0 et(S)
une surface de révolution d’axe A ; cet axe est à une distance constante de0
3 para- mètres déterminent lespositions
duplan
OA et de l’axe , un qua- trième estl’angle qu’un plan
méridienmarqué
dans S fait avec leplan
OA. De mêmesi,
la surface(S)
étantquelconque,
il y acontact en trois
points A,
B, C le tétraèdre OABC est degrandeur
constante et invariablement lié à
S;
on est ramené au cas d’un solideayant
unpoint
fixe 0.2. Mais les traductions
analytiques précédentes
du contact en un ouplusieurs points
sontincomplètes:
elles ne font intervenir que les éléments de contact(points
etplans tangents),
communs à(S)
et
(); il
n’est passuffisamment
tenucompte
del’impénétrabilité
descorps solides S et -S, aucun volume ne
pouvant
êtrerempli
à la foispar les matières
qui
les constituent.Cette
impénétrabilité
est, engénéral, difficile
àexprimer analyti- quement.
Onpeut bien,
comme nous l’avons montré dans un articledu Journal de
mathématiques (9e série,
t. XVII,1938,
p.169),
tra-duire par une
inégalité
lanon-pénétration
mutuelle de S et aufOMMaye
du point
de contact ; c est là ce que nousappelions
lapossi-
voisinage du point de contact; c’est
là ce que nous appelions
la possi-
bilité de la réalisation directe du contact. Mais il resterait encore à
exprimer qu’il n’y
a pas de courbes d’intersection de(S)
etne passant
pas par lepoint
de contact et,aussi,
que l’un des solides n’est pas tout entier intérieur à la matière constituant l’autre.Cependant
laquestion
estsimple quand ()
est unesphère
fron-tière d’une cavité
sphérique
de , à l’intérieur delaquelle
doitrester S et que la frontière
(S)
a une corde AB delongueur
maxi-mum
qui
estégale
au diamètre 2R deDes propositions
degéométrie
élémentaire montrent que A et B sont sur()
et diamé-tralement
opposés;
le milieu de AB est en0,
centre de(),
doncfixe. On voit facilement que
(S)
toucheaux points
A et B - entenant
compte
de ce que AB est corde delongueur
maximum. Ilfaut, de plus,
s’il y a d’autres normales abaissées de 0 sur(S),
que pour chacune d’elles ON on aitON
R. Ces conditionsd’impéné- trabilité
sont nécessaires et suffisantes. Ledegré
de liberté de S estégal
seulement à 3.D’autres formes des frontières de l’obstacle et du solide
peuvent
donner des restrictions
plus
étroites audéplacement
deS ;
suppo- ’- sons,par exemple,
queet (S)
soient desellipsoïdes
dont les104
axes aient pour
longueur
2a,2b,
2c pour()
et 2a,2b’,
2c’ pour(S),
avec a > b > c > b’ > c’. S nepeut
que tourner autour de la droitesupport
commun desgrands
axes et n’aqu’un degré
deliberté. ,
Si
(E)
avait pourlongueurs
de ses axes aa, 2a, 2c et(S)
2a,2b’,
2c’,
a > c > b’ >c’,
ledegré
de liberté de S serait 2 ; ce solide tournerait autour de songrand
axequi
lui-même tournerait autourde l’axe de révolution de .
3. On traduit
analytiquement
les liaisons par une méthodedifférente
de celle du n°1 en utilisant la distribution des vitesses des divers
points
de S dans un mouvement virtuel
compatible
avec les liaisons. Les sur- faces frontières restant en contact en unpoint,
soient à un instantdonné t = o, p, q, r,
ç,
,,
les coordonnéesplückériennes
parrapport
à des axesrectangulaires
du torseur des rotations instan- tanées de 8 parrapport
à ; x, y, z les coordonnées dupoint
decontact M considéré comme
appartenant
àS ;
sa vitesse doit êtretangente
à ;si f(x,
y,z)
--- o estl’équation
de cette surface on a :ou, en ordonnant en p, q, ...
, ,
1On peut
écrire autant de relations(i) qu’il
y a depoints
de contact;supposons
qu’elles
se réduisent à n relations linéairementindépen-
dantes :
Les valeurs
de p,
q, ..., satisfaisant à ceséquations
sont de laforme
pj, qi,
..., j désignent
m solutions dusystème (2)
distinctes lesunes des autres,
1,
...,m
sont arbitraires. On dit alors que le tor-seur des rotations instantanées
appartient
à unsystème
linéaire de torseurs à m termes.Par
exemple
s’il y a contact -en deuxpoints M, M1,
on a deuxrelations
(I)
distinctes si les normales à()
en ces deuxpoints
sont105
différentes, n = 2, m = 4 ;
et si ces normales ont mêmesupport
n == 1, m = 5. Un
exemple
de ce dernier cas est celui où S est unebille
sphérique assujettie
à rester entre deuxplans parallèles
fixesdont la distance est
égale
à son diamètre.La
proposition précédente s’applique
d’unefaçon générale
auxrotations instantanées d’un solide
assujetti
à des liaisons holonomes lui laissant undegré
de libertéégal
à m.(Voir Koenïgs, Cinématique,
notes IV et
VIII.)
Elle est encore valablequand
interviennent des liaisons non holonomesexprimables
par deséquations
de Pfaff.Elle a
permis
à son auteur,Ball,
de ramener lesproblèmes
de lastatique
du solide à 6 casgénéraux correspondant
auxdegrés
deliberté
possibles (la
théorie de Ball estexposée
dansl’Encyclopédie
des sciences
mathématiques,
éditionfrançaise,
t. IV, vol. 2, p. 80 à105).
Elle est basée sur leprincipe
des vitesses virtuelles. La conditiond’équilibre
d’unsystème assujetti
à des liaisons sans frot- tement est que la somme despuissances
des forces données soit nulle pour tout mouvement virtuel dusystème compatible
avec lesliaisons.
La démonstration habituelle de ce
principe
repose sur laproposi-
tion
préliminaire :
la somme despuissances
virtuelles desforces
deliaison est nulle pour de tels mouvements. Cette
proposition
sedémontre
quand
les liaisons d’ensemble dusystème
sedécomposent
en liaisons
simples
où l’absence de frottement est définie directe- ment : contact de deux solides en unpoint
avecglissement,
roule-ment et
pivotement possibles,
contact en unpoint
sansglissement...
Lorsque pareille décomposition
n’est paspossible,
onpeut,
avecAppell (Traité
demécanique rationnelle,
t.l, chap. VIII), prendre
la propo- sitionprécédente
commedéfinition
de l’absence defrottement ; c’est
ceque nous ferons ici.
Quand
lesystème
matériel est unsolide,
la conditiond’équilibre
donnée par Ball est que le
dyname des forces
donnéesappartienne
à,un
système
linéaire à n termes,réciproque
dusystème
linéaire des rota-tions
instantanées. Pardyname
onentend,
avecPlücker,
un ensemblede forces
appliquées
ausolide,
parsystème
linéaire dedynames
à ntermes ceux dont les coordonnées
plückériennes X,
Y, ... , 1V sontdonnées par
.
1, .., 1 fin étant arbitraires. Dire
qu’il
y aréciprocité
entre les tor-106
seurs
(3)
et lesdynarnes (4), signifie
que lapuissance
de l’unquel-
conque des
dynames
parrapport
à l’unquelconque
des torseurs estnulle :
Lp + Mq + Nr + X + Y
+ Z = o.La même
propriété appartient
audyname
des réactions.Examinons le cas où la surface
(S)
du solide touche celle de l’obs- tacle en deuxpoints A, B,
les normales en ces deuxpoints étant portées
par AB. Prenons cette droite comme axeOz,
0 milieu deAB, l’équation (i)
se réduit à :(5)
= o.Il semblerait donc que l’on ait une seule
équation
de liaison. Mais dans le cas où S est intérieur aune cavitésphérique
de l’obstacle et où AB est un diamètre denous
savonsque (5)
ne suffit pas àexprimer l’impénétrabilité
des deux corps, celle-ci entraîne la fixité du milieu 0 deAB,
la vitesse de cepoint
de S étant nulle nousavons:
(6) = o;
=0,et la relation
(5) déjà
écrite. En tout il y a 3équations
de liaisondistinctes et trois conditions
d’équilibre.
Lessystèmes
linéaires detorseurs et de
dynames
sont ici des cas trèsparticuliers
dessystèmes
à trois termes de
Ball;
nous dironsplus simplement
que les liaisonspermettent
à S une rotation instantanée autour de tout axepassant
par 0 et que ledyname
desforces
données doit pourl’équilibre
êtreéqui-
valent
(au
sens de la théorie des vecteursglissants)
à uneforce unique passant
par O; il
en est de même pour ledyname
des réactions.Pour un
ellipsoïde
intérieur à une cavitéellipsoïdale,
lesgrands
axes étant
égaux,
on retrouve la conditiond’équilibre
d’un solide mobile autour d’un axe. De même pour unellipsoïde S
degrand
axe 2a, intérieur à la cavité de l’obstacle limitée par un
ellipsoïde
de révolution
aplati
dont l’axeéquatorial
a mêmelongueur
2a, ledyname
des forces données doit pourl’équilibre
êtreéquivalent
àune force
passant
par le centre et à uncouple
dont leplan
estparal-
lèle à celui
qui
contient les axes de révolution.Considérons encore un solide S intérieur à la cavité
sphérique () qu’il
touche en troispoints
au moins ABC formant untriangle
dontle cercle circonscrit a un rayon inférieur à celui de
on
a vu que le centre 0 de lasphère
est invariablement lié àS ;
les conditionsd’équilibre
sont encore celles d’un solide mobile autour de 0. Le107
dyname
des réactionséquivaut
à une force F dont lesupport
passe par0;
ilpeut
êtredécomposé
en forcesportées
par les rayonsOA, OB, OC;
... despoints
de contact, cettedécomposition
estpossible
d’une seule
façon
si le nombre de cespoints
est3 ;
si le nombre sur-passe
3,
il y a une infinité defaçons
de la faire.Nous avons, pour
simplifier, supposé,
engénéral,
les liaisons bila-térales ;
voiciquelques
indications relatives au dernierexemple
enadmettant que S
peut
s’écarter de lasphère
à l’instant 1 --o.Le centre 0 de
étant pris
pourorigine
des axesOxyz,
M étantl’un des
points
de contact, x, y, z sesordonnées,
leproduit
scalairede la vitesse V de ce
point
et du vecteur OM a pourexpression :
V .
OM= x + ,y + z = v’. .0
V’ étant la vitesse de 0. Si le contact en M cesse, M se
déplaçant
nécessairement vers l’intérieur de
ce produit
scalaire estnégatif.
Le
plan
mené par 0perpendiculairement
à OM détermine sur()
deux
hémisphères,
M doit être celuiqui
se trouve parrapport
à ceplan
du côtéopposé
à V’.Par suite, s’il y a
plus
de troispoints
de contact et si cespoints
ne sont pas sur un même
hémisphère,
la liaison résultante : S mobileautour de
0,
nepeut
pas cesser d’être vérifiée.Si,
au contraire, tous lespoints
de contact sont sur un mêmehémisphère
de(),
on consi-dère le
plus petit angle polyèdre
de sommet 0 contenant à son inté-rieur ou sur ses arêtes tous les
points
de contact. Soit II cetangle polyèdre (analogue
aupolygone
de sustentation d’un solide touchantun
plan fixe).
On construitl’angle polyèdre M’, symétrique
par rap-port
à 0 del’angle polyèdre supplémentaire
de fI(tous
cesangles polyèdres
ont O poursommet).
Si la vitesse V’ de 0 est intérieure(au
senslarge)
àl’angle polyèdre IT,
S s’écarte de 0 versl’intérieur ;
s’il en est autrement V’ est nécessairement nul et le contactpersiste
en tous les