P. SELLIER J. BOUIX G. RENAND,
M. MOLÉNAT
INRA Station de
Génétique quantitative
etappliquée
78352
Jouy-en-Josas
Cedex!TTVRA Station d Amélioration
Génétique
desAnimaux BP 27 31326 Castanet-Tolosan Cedex
Les objectifs et les critères de sélection
Les aptitudes bouchères :
croissance, efficacité
alimentaire et qualité de
la carcasse
Résumé.
Les programmes de sélection sur lesap titudes
bouchères ont un doubleobjectif :
l’abaissement du coût de
production
et l’amélioration de laqualité
duproduit.
Cet articlerappelle
uncertain nombre de données de base sur les
aptitudes
boucheres : courbe decroissance,
évolution de lacomposition chimique
et tissulaire chez l’animal en croissance(notion d’allométrie), énergétique
de lacroissance
(relation
entreefficacité
alimentaire et croissancemusculaire), développement des
tissusmusculaire et
adipeux qualatés
de la viande et du gras Lesobjectifs
et les critères de sélection sont décrits pour chacunedes espèces bovine,
ovine etporcine. L’importance
relative accordée auxdifférents
caractères
(vitesse
decroissance,
efficacité alimentaire,
teneur en viande de la carcasse,qualité
de laviande)
varie selonl’espèce.
Chez es bovins allaitants et lesovins,
l’évaluationgénétique
des mâlesrepose dans un
premier temp
sur le contrôle individuel et dans un secondtemps
sur le contrôle de descendance. Chez le porc, lacomposition corporelle eut
être estimée avecprécision
sur l’animalvivant
(échographie
auxultra-sons)
et le contrôleindividuel
a étélargement
utilisé dans les deux dernières décennies.Tout animal
domestique
estpotentiellement
unproducteur
deviande,
ycompris
les femelles repro- ductrices de réformequi
fournissent dans lesespèces
à faible
productivité numérique
unepart
nonnégli- geable
dutonnage
de viandeproduite
et consommée (les vaches de réformereprésentent
40% de la pro- duction de viande de gros bovins en France). Nousnous intéressons ici aux animaux élevés
spécifique-
ment pour la
production
de viande de boeuf (racesallaitantes),
de mouton et de porc (sur certainspoints,
il seraégalement question
dulapin
et du pou- let de chair). Cet articlecomprend
troisparties.
Lapremière rappelle
lesgrandes
orientations de la sélection sur lesaptitudes
bouchères. La deuxièmeprésente
des donnéesgénérales
sur lacroissance,
l’efficacité alimentaire et laqualité
de la carcasse.Dans la troisième
partie,
lesobjectifs
et critères de sélection sont décrits pour chacune desespèces
bovi-ne, ovine et
porcine.
1 / Orientation générale
de la sélection
surles aptitudes bouchères
Si l’on se
place
dupoint
de vue de l’ensemble de la filièreviande,
onpeut
dire defaçon
très raccourciequ’il s’agit
deproduire
au moindre coût une viande debonne
qualité.
Les programmes d’améliorationgéné- tique
dans lespopulations
animales utilisées pour laproduction
de viande visent donc un doubleobjectif :
- l’abaissement du coût de
production
Ce
premier objectif
concerne directement l’éleveur.La
part
du coût deproduction
liée à l’entretien des mères et influencée notamment par leurproductivité numérique
(onpeut
l’estimer parexemple
par leprix
de revient du
jeune
animal ausevrage)
est traitéedans l’article de Bolet et Bodin. Dans la
part
du coûtde
production
liée à l’animalproducteur
de viandelui-même,
leposte
aliment intervient pour au moins 2/3 etl’objectif premier
estd’augmenter
l’efficacitéalimentaire,
définie comme lerapport
dugain
depoids
vif("output")
à l’aliment consommé("input").
- l’amélioration de la
qualité
duproduit L’expression qualité
duproduit
estprise
ici ausens le
plus large
du terme,l’objectif
étant de satis-faire les différents acteurs de la filière aval
(abatteur, transformateur, distributeur,
consommateur). L’amé- lioration de laqualité
passe d’abord par une augmen- tation de la teneur en viande de la carcasse, et ceci essentiellement au détriment desdépôts
gras. Cette orientation de la sélection a été fortementencouragée
par la mise en
place
desystèmes
de cotation commer-ciale des carcasses basés sur des
appréciations plus
ou moins
objectives
de leur rendement en viande et setraduisant pour l’éleveur par des différences notables de
prix
de vente. Enplus
de cet effet sur les recettes, l’éleveur tire d’ailleurs un autre bénéfice del’aug-
mentation du
rapport muscle/gras
dugain
depoids
puisque
cette dernière concourt, comme nous le ver- ronsplus loin,
à l’amélioration de l’efficacité alimen- taire.Plus
récemment,
de nouvellespréoccupations
stric-tement
&dquo;qualitatives&dquo;
sont apparues, visant à amélio-rer les
qualités
sensorielles ettechnologiques
de laviande
produite
(et éventuellement aussi du gras pro- duit).2 / Données générales
sur
les aptitudes bouchères
La croissance
pondérale
rendcompte
de l’évolution dupoids corporel depuis
laconception
(ou la naissan- ce)jusqu’au
stade adulte. Ledéveloppement,
notionplus qualitative, correspond
à la mise enplace
pro-gressive,
dès le stadefoetal,
des tissus constitutifs del’organisme
(dans l’ordrechronologique : système
ner-veux, os,
muscle, gras)
et des organes assurant lesgrandes
fonctionsphysiologiques.
Au senslarge,
lacroissance d’un
organisme
est la succession des évolu- tions de sonpoids,
de samorphologie,
de sa structurefonctionnelle et de sa
composition
tissulaire et chi-mique.
2.1 / Courbe de croissance
La courbe
d’augmentation
dupoids corporel
(W) enfonction de
l’âge
(t) a une alluresigmoïdale,
compor- tant :- une
première phase où, partant
d’une valeur ini- tialeW&dquo;,
lepoids
s’accroît defaçon exponentielle :
W = W&dquo; exp (at) pour t <
t’;
- un
point
d’inflexion situé à unâge
t’ voisin del’âge
à lapuberté
et à unpoids qui
est de l’ordre de 30 à 50% dupoids adulte ;
- une deuxième
phase
où il y a une décélération de la vitesse de croissancejusqu’à
ce que lepoids
adulte (WA
) soit atteint
asymptotiquement :
W = WA [1 - exp (- k(t-t*))] pour t > t’.
En dehors des
classiques équations
deBrody,
don-nées ci-dessus et où a, k et t* sont des
paramètres,
detrès nombreuses
équations mathématiques
ont étéproposées
pour rendrecompte
de la forme de la cour-be de croissance.
Ainsi,
dans le modèle deGompertz,
il est
supposé
que la vitesse de croissance instanta- née estproportionnelle
aupoids
(dW/dt = kW) et que le coefficient deproportionnalité
k décroît avecl’âge
selon la relation k = ki exp
(-k 2 t),
naissance et le
poids
vif de 145kg.
Dans les pre- mières semaines devie,
la teneur en eau diminue for- tement et corrélativement les teneurs enprotéines
etsurtout en
lipides
s’accroissent. Par lasuite, l’aug-
mentation de la teneur en
lipides
et la diminution de la teneur en eau sepoursuivent
mais defaçon
moinsmarquée,
alors que la teneur enprotéines
resteapproximativement
constante.La notion d’allométrie
permet
de rendrecompte
des évolutions différentielles des constituants corpo- rels. Lepoids
d’unepartie
du corps(y)
est relié aupoids corporel
(x) par la fonction :y = ax&dquo;
où a est une constante et b est le coefficient d’allo- métrie de y par
rapport
à x.Sous forme
logarithmique,
la relation s’écrit :log y = log a + b log
xet, par
différentiation,
on voit que b a lasignifica-
tion du
rapport
des vitesses de croissance relatives dex et y.
Les valeurs données dans le tableau 2 illustrent le fait que, par rapport au
poids vif,
il y a une allométrie nettement&dquo;majorante&dquo;
(b > 1) pour leslipides,
uneallométrie &dquo;minorante&dquo; (b < 1) pour l’eau et pour les minéraux et une &dquo;isométrie&dquo; (b = 1) pour les pro- téines. Par
ailleurs,
le coefficient d’allométrie dupoids
de carcasse parrapport
aupoids
vif est del’ordre de
1,05 - 1,10,
cequi
se traduit par une aug- mentation du rendement de carcasse avec lepoids
vif.L’évolution de la
composition chimique
de la massecorporelle
au cours de la croissance est en fait la résultante de deuxphénomènes :
- d’une
part,
et surtout, la modification de la com-position
tissulaire(muscle,
gras, os) de la carcasse- d’autre
part,
la modification de lacomposition chimique
dechaque
tissu.Concernant l’évolution de la
composition
tissulai-re, citons
l’exemple
du bovin en croissance chezlequel
les coefficients d’allométrie par
rapport
aupoids
vifvide sont voisins de
0,7 ,
1 et1,8 respectivement
pourl’os,
les muscles et lesdépôts adipeux
dans la carcas-se (Renand 1983). On
peut
doncadmettre,
et cela aégalement
été montré dans lesespèces
ovine etporci-
ne, que le
rapport poids
de muscle /poids
vif restepratiquement inchangé pendant
lacroissance,
ladiminution de la teneur en muscle de la carcasse
étant à peu
près compensée
parl’augmentation
durendement de carcasse. Par
ailleurs,
lesdépôts
adi-peux ont des coefficients d’allométrie différents selon leur localisation :
rapportés
aupoids
total desdépôts adipeux,
lespoids
du grasintermusculaire,
du gras interne(tapissant
la cavité abdominale) et du gras sous-cutanéprésentent
des coefficients d’allométrieégaux respectivement
à0,9, 1,0
et1,3
dansl’espèce
bovine (Renand 1983) et à
0,9, 0,8
et1,2
dansl’espèce
ovine (Prud’hon 1976).
Concernant l’évolution de la
composition chimique
des tissus en cours de
croissance,
mentionnons parexemple
que les teneurs en eau et enlipides
du tissuadipeux
sous-cutané chez le porcpassent respective-
ment de 90 à 12 % et de 3 à 80 % entre la naissance et
l’âge
de 150jours,
l’essentiel de ces évolutions intervenant dans les 3premières
semaines de vie(Delpech
et Lefaucheur 1986). Lacomposition
chi-mique
du tissu musculaire évolueégalement
avecl’âge
mais dans desproportions
bien moindres(légère
réduction de la teneur en eau et
augmentation
de lateneur en
lipides).
2.3 / Energétique de la croissance,
efficacité alimentaire
Nous
prendrons
icil’exemple
du porc en croissance(Noblet,
comm.pers.). L’augmentation
de la massecorporelle
et l’évolution de sacomposition chimique
(élévation durapport lipides
/protéines)
ont pourconséquence l’augmentation
de laquantité d’énergie
contenue dans le corps de l’animal. Cet accroissement
d’énergie
(4E)peut
être calculé àpartir
desquantités
fixées de
lipides
(4L) et deprotéines
(4P) selon la for- mule :Les coefficients E,, et
Ep, correspondant
aux quan- titésd’énergie
brute contenues dans 1 g delipides
etdans 1 g de
protéines,
sontégaux respectivement
à39,5
et23,8
kJ.L’énergie
ainsi fixée est fournie parl’énergie
conte-nue dans l’aliment consommé par
l’animal,
etplus
précisément
parl’énergie
métabolisableingérée, qui
représente l’énergie
utilisable pour faire vivre etcroître
l’organisme (énergie
métabolisable =énergie
brute de l’aliment -
énergie
desfèces,
de l’urine et desgaz de fermentation). Chez l’animal en
croissance, l’énergie
métabolisableingérée
(EM,) sert à couvrird’une
part
lesdépenses
d’entretien(EM,.),
d’autrepart
lesdépenses
de croissance (EM,)correspondant
au coût de la fixation
d’énergie
sous forme delipides
et de
protéines :
--- - - - -où bLet bp sont
respectivement
le coûténergétique
de fixation de 1 g de
lipides
et de 1 g deprotéines.
Les
dépenses
totales d’entretien pour ungain
depoids
donné sont fonction du nombre dejours
néces-saires pour réaliser ce
gain
depoids
et donc de lavitesse de croissance de l’animal. La
dépense journa-
lière d’entretien est
classiquement exprimée
par unité depoids métabolique
(WI.7,, Enfait,
chez leporc en
croissance,
les études de Tess et al (1984) et Noblet et al (1991) montrentqu’il
estplus approprié d’exprimer
ladépense journalière
d’entretien en fonc- tion dupoids
vif à lapuissance 0,60 :
chez le porc en croissance (entre 15 et 110kg)
et dans les conditions dethermoneutralité,
ladépense journalière
d’entre-tien (en kJ) est de l’ordre de 980 x W° selon Noblet
et al (1991). Par
ailleurs,
il a étésuggéré
que ladépense journalière
d’entretien est influencée par letype génétique,
avec des différences entretypes géné- tiques
pouvant atteindre 15 % de la valeur moyenne donnée ci-dessus (Noblet et al 1991). D’unefaçon générale,
on considère que le porc en croissanceconsacre environ 40 % de
l’énergie
métabolisableingérée
à la couverture de ses besoins d’entretien (maintien des fonctions vitales et de l’homéostasie del’organisme,
activitéphysique,
renouvellement desprotéines
tissulaires).Concernant l’utilisation de
l’énergie
métabolisable pour ledépôt
des constituantschimiques corporels,
de nombreuses études ont
porté
sur l’estimation du coûténergétique
de fixation deslipides
(bL) et desprotéines
(bp) ou sur l’estimation du rendement de l’utilisation del’énergie
métabolisable pour la fixa- tion delipides (k j
et pour la fixation deprotéines
(kp). Les données de la littérature sont assezvariables sur ces deux
points
mais il est établi que le rendementénergétique
de la fixation delipides
estsensiblement
plus
élevé que le rendementénergé- tique
de la fixation deprotéines :
Noblet et al (1991)rapportent
les valeurs kL =0,80
et kp =0,60
et notentque ces valeurs ne different pas selon le type
géné- tique
de l’animal. Comme b,, =E,/k,,
on en déduit que b,, = 50 kJ et, demême,
que bi, = 40 kJ.Si l’on passe des
dépôts lipidiques
etprotéiques
aux
dépôts
tissulaires(gras
etmuscle),
il faut tenircompte
du faitqu’avec chaque
gramme deprotéines
sont fixés environ
3,4
grammes d’eau dans le muscle.Avec des teneurs en eau,
protéines
etlipides prises égales
à 75, 22 et 3 % dans le muscle et à 13, 7 et 80% dans le gras, les coûts
énergétiques
de fixation sont :40 x
0,22
+ 50 x0,03
=10,3
kJd’énergie
métaboli-sable pour 1 g de
muscle,
40 x
0,07
+ 50 x0,80
=42,8
kJd’énergie
métaboli-sable pour 1 g de gras.
Le coût
énergétique
de l’accroissement desdépôts adipeux
est à peuprès
4 foissupérieur
à celui de lamasse musculaire.
Chez le bovin (Robelin et Casteilla 1990), l’accrois-
sement du
poids
total deslipides
contenus dans lesdépôts adipeux
(x 140 entre la naissance etl’âge
adulte) est dû essentiellement à l’accumulation de tri-glycérides (lipides
de réserve) dans la vacuolelipi- dique
desadipocytes
et à l’accroissement du volume de ces derniers (x 25) et, à undegré moindre,
àl’aug-
mentation du nombre
d’adipocytes
(x 6). Lapart pré- pondérante
del’hypertrophie
cellulaire dans la crois-sance du tissu gras fait que l’état
d’engraissement
estétroitement lié à la taille des
adipocytes,
d’où l’idée d’utiliser cette liaison pour estimer in vivo l’étatd’engraissement
des bovins àpartir
de la mesure dudiamètre des
adipocytes
d’un échantillon de gras sous-cutanéprélevé
parbiopsie.
Chez le porc(Henry 1977),
la croissance du tissuadipeux est, jusqu’à l’âge
de deux
mois,
essentiellement detype hyperplasique
et, au delà del’âge
de 5mois,
essentiellement detype hypertrophique.
Uneparticularité
du porc est lagrande importance
relative desdépôts
gras sous-cuta- nés parrapport
au gras total de la carcasse(plus
de70% contre 35-40% chez les ovins et à
peine
15% chezles
bovins,
au stade 40% dupoids
adulte) : le sitepri- vilégié
dedépôt
du gras sous-cutané étant le dos del’animal,
la mesure del’épaisseur
de la couche de gras dorsal (bardière) est un bon indicateur de lamasse
adipeuse
totale (corrélation de l’ordre de0,7 - 0,8)
et estlargement
utilisée en sélectionporcine,
d’autant que cette mesure est facilement réalisable in vivo à l’aide des
techniques d’échographie
par ultra-sons.
La
composition
en acides gras destriglycérides
desdépôts adipeux
évolue au cours de lacroissance,
ledegré
d’insaturation desgraisses
tendant à diminueravec
l’âge.
Parailleurs,
chez le porc, la liaisongéné- tique négative
entre la teneur en gras de la carcasseet le
rapport
acides graspolyinsaturés/acides
gras saturés deslipides
de la bardière est clairement éta- blie (Bout et al 1990) : la sélection contrel’adiposité
conduit donc à des gras de
dépôt plus
insaturés (etaussi
plus
riches en eau et moins riches enlipides),
donc à des gras moins fermes et
plus oxydables (risque
de rancissement). La liaison entreépaisseur
du gras de couverture et fermeté du gras semble moins nette chez
l’agneau.
Chez les animaux
producteurs
deviande,
le gras est pour l’essentiel un tissu indésirable. Unecatégo-
rie de
lipides corporels,
dont ledépôt
intervient tardi- vement,présente cependant
un intérêt : ce sont leslipides intramusculaires,
contenus pour unegrande part
dans depetits
amasd’adipocytes
situés entre lesfibres musculaires et constituant le
persillé
de laviande.
L’augmentation
du taux delipides
intramus-culaires contribue à l’amélioration de certaines
quali-
tés sensorielles de la viande.
2.5 / Qualités de la viande
etdu gras
a /
Qualité
de la viandeSous le terme
général
dequalité
de laviande,
onregroupe un ensemble de
caractéristiques
trèsdiverses et dont le déterminisme est souvent com-
plexe,
voire controversé. Ondistingue classiquement quatre catégories
dequalités :
. les
qualités hygiéniques
(oubactériologiques),
. les
qualités diététiques,
. les
qualités
sensorielles (ouorganoleptiques),
. les
qualités technologiques.
Nous traiterons seulement ici des
qualités
senso-rielles et
technologiques
et nous avons tenté de résu-mer la situation en matière de
composantes
de cesqualités
et desproblèmes posés
dans le tableau 7,qui appelle
les commentaires suivants :- les
qualités technologiques
et sensorielles sont,sur bien des
points,
liées entreelles,
dans la mesureoù elles sont influencées par des caractères communs
(pH
etpouvoir
de rétention d’eaunotamment) ;
- les
qualités
sensorielles ont uneimportance pré-
dominante dans le cas des viandes de boeuf et de mouton
qui
sont consommées en l’état. Pour la viande deboeuf,
la couleur de la viande etl’importance
dugras visible (inter- et intra-musculaire) ont une influence
significative
sur lecomportement
d’achat du consommateur, mais leprincipal
facteurd’accep-
tabilité est la
tendreté ;
- dans le cas de la viande de porc,
qui
est enFrance consommée pour les 2/3 sous forme de pro- duits
transformés,
lesqualités technologiques
sontparticulièrement importantes
à considérer.Cependant,
lesproduits
de charcuterie sont très divers(produits
cuits ouproduits
secs,produits
entiers ou
produits
divisés) et lesqualités requises
de la matièrepremière
ne sont pas forcément les mêmes pour les différents processus de fabrication.Ainsi,
les viandes àpH
ultimetrop
bas ne conviennent pas pour la fabrication dujambon
cuit (faible rendementtechnologique)
alors que les viandes àpH
ultimetrop
élevé ne conviennent pas pour la fabrication dujam-
bon sec (médiocre
aptitude
à la conservation et mau-vaise
pénétration
du sel).b /
Qualité
du grasCertains
problèmes
dequalité technologique
desgras commencent à se faire
jour,
notamment chez leporc et chez le mouton. Le
problème principal, déjà évoqué,
concerne la consistance du tissuadipeux,
avec
l’apparition
de gras mous et huileux. Les fac- teursgénétiques
peuventjouer
un rôle(réponse
cor-rélative à la réduction de
l’adiposité
des carcasses)mais ce sont surtout des facteurs alimentaires
qui
sont en cause (comme dans le cas des anomalies de couleur et de flaveur du
gras). Ajoutons
que, sur leplan diététique, l’augmentation
dudegré
d’insatura- tion des acides gras constitutifs deslipides
(notam-ment du
rapport polyinsaturés/saturés)
estgénérale-
ment considérée comme
bénéfique.
3 / Objectifs et critères de sélection
3.1 / Espèce bovine
Lorsqu’on analyse
lesobjectifs
d’amélioration desaptitudes
bouchères aussi bien pourl’engraisseur
que pourl’abatteur,
on constate que laprincipale
compo- sante àprendre
encompte
est la croissance musculai-re. Son amélioration accroît le revenu de
l’engrais-
seur
grâce
à une vitesse de croissanceplus élevée,
une meilleure efficacité alimentaire et surtout un
poids
àl’abattage plus
élevé pour le même étatd’engraissement.
Pourl’abatteur,
l’amélioration de la croissance musculairepermet
non seulement unpoids
de carcasseplus
élevé mais surtout unemoindre perte liée au gras de
découpe.
La conforma- tion musculairereprésente également
unobjectif
nonnégligeable
pour l’abatteur car ellepermet
une meilleure valorisation de la carcasse (&dquo;extension dedécoupe&dquo;).
A l’heureactuelle,
il n’existe pas de sanc-tions
économiques
sur lesqualités
de la viande bovi-ne, hormis le
problème
des viandes à coupe sombrequi
est essentiellement lié à la conduite desopéra-
tions
d’abattage.
a / Les
systèmes
deproduction
Lorsqu’on parle
desobjectifs
et critères de sélec- tion pour améliorer lesaptitudes
bouchères des bovins élevés enFrance,
il faut tout d’abordrappeler
la diversité des types de
production
et la structure ducheptel
bovin constitué par 62% de vaches laitières et 38% de vachesallaitantes,
cequi place
notre pays dans une situation trèsparticulière comparativement
aux autres pays
européens,
oùprédomine
lecheptel laitier,
et aux paysd’Amérique
duNord,
oùprédomi-
ne le
cheptel
allaitant.Tout
d’abord,
environ 15% des veaux nés enFrance sont
exportés
afin d’êtreengraissés
à l’étran-ger. Ce
phénomène, qui
touche relativement peu lesveaux laitiers (1 veau sur
12),
est nettementplus marqué
dans les races allaitantes (1 veau sur 4) où la valeur bouchère des animaux estbeaucoup plus
éle-vée.
Sur les veaux mis en
engraissement,
environ lamoitié fait
l’objet
d’uneproduction
en veau de bouche-rie,
avec unpoids
moyen de carcasse de 118kg.
L’autre moitié est
engraissée
pourproduire
de laviande rouge : du
taurillon,
du boeuf ou de lagénisse
de boucherie dont les
poids
moyens de carcasse s’élè- ventrespectivement
à 374, 386 et 322kg.
Lamajorité
des veaux de boucherie
proviennent
ducheptel
laitieret leur
production
se réalise deplus
enplus
dans lecadre de
l’intégration,
de même que laproduction
detaurillons à
partir
de ce mêmecheptel.
Par contre, laproduction
de veaux de boucherie sous la mère à par- tir ducheptel
allaitant ainsi que laproduction
deboeufs et de
génisses
de boucherie restent très artisa- nales.Enfin,
s’il existe une nette tendance àl’organi-
sation des ateliers
d’engraissement
des taurillons ducheptel allaitant,
il existe encore dessystèmes
nais-seurs-engraisseurs
dans lesrégions
où il estpossible
de
produire
del’ensilage
de maïs.Enfin,
il faut noter que, du fait de la faibleproduc-
tivité
numérique
de cetteespèce,
les vaches de réfor-me avec un
poids
moyen de carcasse de 304kg
four-nissent
près
de 42% de la viande de gros bovins. Engénéral,
ces vaches de réforme sontenvoyées
en l’étatà l’abattoir ou sont
engraissées
par l’éleveur lui- même.b /
Aptitudes
bouchères des animaux de races laitièresDans les races
laitières,
où l’essentiel duprogrès génétique
est créé et diffusé par les taureaux d’insé- mination artificielle(IA),
il fautdistinguer
le cas dela race Prim’Holstein et le cas des races Normande et Montbéliarde. Dans la
première,
l’évolution du niveaugénétique
des animaux pour lesaptitudes
bouchères
dépend
des corrélationsgénétiques
entreces
aptitudes
et les caractères laitiers(pratiquement
nulles pour la croissance et
plutôt négatives
pour la muscularité)puisque
les taureaux d’IA ne sont pas évalués sur leursaptitudes
bouchères. Dans les racesNormande et
Montbéliarde,
les taureaux sont évaluésen station de contrôle individuel et font
l’objet
d’unepremière étape
de sélection sur l’efficacité alimentai-re et la conformation musculaire. En race
Normande,
une contrainte est
appliquée
sur la hauteur au garrotpour éviter de retenir des taureaux de format
trop
réduit.c /
Aptitudes
bouchères des animaux croisés Uneproportion
nonnégligeable
des vaches lai-tières (15 à 30% selon les races) sont inséminées en
croisement terminal avec des races à viande
spéciali-
sées
(Charolaise,
Limousine ou Blonded’Aquitaine).
Dans ce cas, la valeur du
produit
vadépendre
engrande partie
du choix des taureaux de croisement et donc de l’efficacité du programme de sélection de cestaureaux dont
l’objectif
est decorriger
au maximumles défauts des races
laitières,
à savoir leur manque de conformation musculaire et leurengraissement trop précoce. Toutefois,
il est nécessaired’ajouter,
comme
objectif complémentaire,
une faiblefréquence
de naissance difficile des veaux croisés. Les critères et méthodes de sélection de ces taureaux de croise- ment sont décrits dans le tableau 8.
d /
Aptitudes
bouchères des animaux de races allaitantesDans les races
allaitantes,
leproblème
estplus complexe puisque
tout taureau utilisé en race pure va donner naissance à autant de veaux mâles destinés àl’engraissement
que de veaux femellesqui
doiventassurer le renouvellement du
cheptel
de mères. Il estdonc souhaitable de sélectionner
conjointement
lesqualités
maternelles et lesaptitudes
bouchères.Or, le
seul critèrequi
soit relié auxqualités
maternelles etqui
soit mesurable en mêmetemps
que les critères bouchers est ledéveloppement squelettique.
On saiten effet que les vaches
ayant
une conformation mus-culaire
trop prononcée
ontplus
deproblèmes
que les autres, surtout du fait de difficultés devêlage plus
sévères et
plus fréquentes. Ainsi,
ce critère de déve-loppement squelettique
est souvent mêlé aux critères strictement bouchers.Dans les races
allaitantes,
l’utilisation de l’IA est réduite et seulement 10 à 12% des femelles sont sou-mises au contrôle de
performances.
Le travail de sélectionqui peut
être fait dans cesélevages
soumisau contrôle de
performances
se limite à des critères trèsprécoces
de croissance et demorphologie jusqu’au
sevrage, dont les liaisons avec lesaptitudes
bouchères en
engraissement
ou àl’abattage
sontplu-
tôt faibles. Il est donc nécessaire de passer par le contrôle en station des veaux mâles candidats à la
reproduction
pourpouvoir
mesurer des caractèresplus précis.
Il existe deux
protocoles
de contrôle individuel des taureaux de races allaitantes : unprotocole allégé
pour les taureaux destinés à la monte naturelle et un
protocole plus complet
pour les taureaux d’IA (cf.tableau 8). L’utilité de ce contrôle
individuel, qui
estcependant indispensable,
est limitée par deux pro- blèmes :-
actuellement,
il n’existe pas de méthodesimple,
peu onéreuse et
précise
pour l’estimation in vivo de lacomposition corporelle
des bovins dans les stations de contrôleindividuel;
- la
précision
de l’évaluation surperformance
indi-viduelle est relativement
faible,
d’autantplus
quel’âge
tardif du début des contrôlespeut
occasionner des biais liés aux effets rémanents du milieud’origine
et aux
phénomènes
de croissancecompensatrice.
Or pour les taureaux d’IA
qui peuvent
avoir indivi- duellement unimpact
nonnégligeable
sur laproduc- tion,
il estindispensable
de connaîtreplus précisé-
ment leur valeur
génétique (près
de la moitié des1,7
million d’inséminations effectuées avec des taureaux de races à viande sont réalisées avec moins de 60 tau-
reaux
qui
font chacune entre 8 000 et 30 000 IA par an). Tout taureau d’IA est donc testé sur descendanceavec
l’engraissement
etl’abattage
d’unevingtaine
deveaux mâles (cf. tableau 8). Comme pour les taureaux destinés au croisement
terminal,
les taureaux utilisésen race pure sont
également
évalués et sélectionnés pour réduire lafréquence
des difficultés devêlage.
3.2
/ Espèce ovine
a /
Définition
desobjectifs
de sélectionLes
objectifs
de la sélection sur lesaptitudes
bou-chères dans les races
spécialisées
sont laconséquence
des évolutions des conditions de marché et de
produc-
tion
qui
ont commencé à se manifester dès les années 1960. Uneaugmentation générale
despoids
de car-casse, assortie par ailleurs d’une harmonisation
inter-régionale,
et une intensification desrégimes
ali-mentaires des agneaux se sont traduites par un
accroissement de l’état
d’engraissement
des carcassesen contradiction avec l’évolution du
goût
des consom-mateurs. Cette
incompatibilité
se manifeste dans lesystème
depaiement,
avec unepénalisation
de 7F/kg
de carcasse - pour un
prix
moyen oscillant entre 20 et25 F - entre les notes 3 et 4 d’état
d’engraissement
dans la
grille
nationale de classification. La réduction desdépôts adipeux,
notamment du gras de couvertu- re, constitue doncl’objectif de
sélectionprioritaire.
L’obtention de vitesses de croissance élevées a tou-
jours
étérecherchée,
mais l’intérêt de ce caractère dont on a vu l’effet sur la réduction des coûts de pro-duction, augmente parallèlement
à la diminution per- sistante des cours de la vianded’agneau :
àpartir
d’une base 100 en
1980,
l’indicegénéral
desprix
estde 185 en 1990 et la viande de mouton se situe à 110
environ ;
on assiste même à une diminution en francs courantsdepuis
1984. La nécessité d’une réduction des coûts deproduction, déjà prise
encompte
avec laréduction de l’état
d’engraissement, place
donc lavitesse de croissance au second rang des
objectifs
desélection.
La
conformation,
autrefoisqualité prioritaire
desraces bouchères
spécialisées
en vue de laproduction
de carcasses
compactes,
a vu diminuer sonimportan-
ce commerciale en même temps que son
acception :
leprix
de la carcasse diminue &dquo;seulement&dquo; de 2F/kg
entre les notes 3 et 4 de conformation dans la
grille
nationale de classification. Le critère essentiel
pris
encompte
dans cette note de conformation est par ailleursl’épaisseur
des masses musculaires et nonplus
lacompacité
de la carcasse. La sélection sur la conformationapparaît
donc secondaireactuellement,
bien que son
impact
sur le rendement de carcasse soittrès sensible. Cela
provient
du fait que la viande de mouton est normalementcommercialisée,
ycompris
dans le
système
de vente enbarquette après découpe,
sous forme de morceaux de carcasse associant os et muscles
après
un éventuel parage du gras.La
qualité
de la viandeproprement
dite n’est pasprise
encompte actuellement,
alors que d’autres élé- ments tels que la couleur de laviande,
la couleur et la tenue du gras, semblent êtrepris
encompte
par lesopérateurs commerciaux,
en l’absencecependant
desystème
de référence défini.b / Critères et méthodes de sélection
A
partir
d’une situation ancienne caractérisée par des racesspécialisées
de format moyen àpetit,
sélec-tionnées
intra-troupeau
sur lacompacité
et la crois-sance, une évolution s’est dessinée pour aboutir à un
développement
de races de format en moyenneplus important, susceptibles
deproduire
des agneaux lourds etmaigres
à forte croissance. Parailleurs,
laprise
encompte
des caractères decomposition
tissu-laire,
ainsi que lesexigences
croissantes des groupe- ments deproduction
et de commercialisation enmatière d’achat de béliers améliorateurs pour les
qualités bouchères,
se sont traduites à la fin des années 1970 par le besoind’organisations
collectives de sélection.Sur la base des
paramètres
de la variabilitégéné- tique
évaluésconjointement
par l’INRA et laprofes-
sion dans les nouvelles conditions de
production
del’agneau
deboucherie,
on voit sedévelopper
actuelle-ment des schémas de sélection articulés autour de la station de
testage
sur descendanceBerrytest.
Cettestructure multiraciale est issue de la volonté commu-
ne des unités de sélection
représentant
lesprinci-
pales
racesspécialisées, pourtant
concurrentes sur leplan commercial,
de se doter d’un outilperformant
d’évaluation
génétique
desqualités
bouchères. On constate, mis à part le cas duBerrichon-du-Cher,
queces races ont
opté
pour desplans
de sélection&dquo;mixtes&dquo; accordant une
importance
à peuprès égale
aux caractères maternels
(prolificité
ou/et valeur lai-tière, déjà
en cours de sélection) et aux caractères bouchers.La mise en
place
de tels schémas s’est faite selonun
rythme
propre àchaque
structure et leurdegré
d’achèvement est donc variable selon les races. La
plupart
de ces schémas sont encore&dquo;jeunes&dquo;
par rap-port aux intervalles de
génération parfois
trèslongs -
de l’ordre de 5 ans -
imposés
par letestage
sur des- cendance desaptitudes
maternelles. Onpeut
décrireun
schéma-type
(tableau 9) verslequel
semblentconverger les adhérents de
Berrytest :
* reconnaissance en
élevage
avant ledépart
enboucherie des agneaux mâles
susceptibles
de devenirreproducteurs.
Ces agneaux, choisis en fonction de leur vitesse de croissance entre 30 et 70jours,
sontthéoriquement
issusd’accouplements
raisonnés entrepères
à béliers et mères à béliers de la base de sélec- tion. Les mères à béliers sontqualifiées
selon lesgrilles
de l’UPRA sur la base de leur indexprolificité-
valeur laitière en ferme.
* entrée en station de contrôle individuel des
jeunes
mâles &dquo;reconnus&dquo; pour êtrecomparés
sur leurperformance
propre de croissance en alimentation adlibitum,
leur étatd’engraissement
et ledéveloppe-
ment musculaire évalués par maniement. Sur la base d’un calcul d’index et des
pondérations
affectées par l’unité de sélection à chacun des 3 groupes de carac-tères
bouchers,
les meilleurs mâles sontqualifiés
&dquo;recommandés&dquo;. La
majorité
d’entre eux sont destinésà retourner dans les
élevages
de la base de sélection pour assurer en monte naturelle les luttes de renou-vellement. Ces
pères
à filles cumulent donc les effets d’une sélection sur ascendance pour les caractères maternels et bouchers suivie d’une sélection indivi- duelle pour les caractères bouchers.’! entrée en centre d’insémination artificielle des meilleurs mâles &dquo;recommandés&dquo; pour être mis en tes-
tage
sur descendance et devenir éventuellementpères
à béliers :- mise en testage à
Berrytest
par groupes de 10 pour l’évaluation sur lesaptitudes
bouchères.- mise en
testage
dans lesélevages
de sélectionpour l’évaluation sur les
aptitudes
maternelles.’ les meilleurs béliers à l’issue du
testage
sont déclarés &dquo;améliorateurs&dquo; pour l’un ou l’autre des deux groupes de caractères. Seuls les béliers &dquo;améliora- teurs&dquo; pour les deux groupes de caractères sontquali-
fiés &dquo;élites&dquo; selon les
objectifs
de l’UPRA. Ils sont alors utilisés en insémination artificielle commepères
à béliers pour réaliser lesaccouplements
rai-sonnés.
L’efficacité de ce
dispositif
pour l’amélioration des caractères bouchers réside dans la succession des deuxétapes
de contrôle individuel et de testage sur descendance :- la
première étape permet
de réaliser une fortepression
de sélection (10 !7o de retenus environ) et de réaliserrapidement
unprogrès génétique important
sur le groupe des béliers retenus pour le