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À la recherche de la performance globale de l’entreprise :la perception des analystes financiers

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Academic year: 2022

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93-118

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À la recherche de la performance globale de l’entreprise : la perception des analystes financiers

Judith Saghroun

Jean-Yves Eglem

Introduction

Maître de Conférences, Université PARIS X Nanterre 200 avenue de la République

92001 NANTERRE Tél. : 01 42 45 63 22 Fax : 01 42 45 63 22

judith.saghroun.at.u-paris10.fr

Professeur, ESCP – EAP 79 avenue de la République 75543 PARIS CEDEX 11 Tél. : 01 49 23 20 58 Fax : 01 49 23 22 31 eglem.at.escp-eap.net

Contrairement à une vision court-termiste qui « considère essentiellement 1 l’entreprise comme une chose, une propriété, un paquet d’actions dont il s’agit de maximiser la valeur » (Albert, 2003), un autre modèle de capitalisme considère l’entreprise comme « une institution investie de responsabilités sociales et donc poursuivant des finalités multiples ; l’entreprise ainsi conçue relève d’un pluralisme partenarial visant à concilier les intérêts des clients, des actionnaires, des salariés et, dans une certaine mesure, de l’environnement ». Ce modèle valorise la réussite collective, le consensus, le souci du long terme.

Les entreprises adeptes du concept de développement durable prennent en compte 2 les trois dimensions de celui-ci : « la croissance économique, le progrès social et le devoir écologique ». Désormais, comme le souligne Michel Albert, les concepts de responsabilité sociale des entreprises (RSE) et d’investissement socialement responsable (ISR) constituent en quelque sorte la traduction au plan microéconomique du développement durable.

La RSE constitue l’un des thèmes phares de la recherche en sciences de gestion en ce 3 début de troisième millénaire (Persais, 2007). Notre étude vise à déterminer si cette problématique apparaît également pertinente pour les professionnels de l’analyse financière.

La performance d’une entreprise ne peut plus se juger selon la seule perspective 4 financière. Une performance plus globale inclut, en dehors de la dimension économique, des dimensions sociale et environnementale.

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1 - Pourquoi les analystes financiers devraient prendre en compte les informations environnementales et sociales

dans leur diagnostic ?

1.1 - Les conséquences d’un engagement dans le développement durable sur la performance financière des entreprises

1.1.1 - Les enjeux pour les entreprises

a - Eléments qui ont une action sur la rentabilité À travers les ventes

L’objet de cette recherche, fondée sur des entretiens approfondis menés avec des 5 analystes financiers, est de mieux cerner la perception que ceux-ci peuvent avoir de la performance globale de l’entreprise. Il s’agit de comprendre dans quelle mesure et comment les analystes financiers sont amenés à intégrer des informations extra- comptables, en particulier environnementales et sociales dans leur diagnostic.

L’objectif de la première partie de cet article est d’analyser en deux étapes, d’après la 6 littérature académique et managériale, les arguments en faveur de la prise en compte de ces informations par les analystes financiers. Les stratégies « développement durable » menées par les entreprises ont-elles une influence sur leur performance financière future et dans l’affirmative les informations extra-comptables sont-elles utiles aux analystes financiers pour leur diagnostic ?

La méthodologie de l’enquête est expliquée dans la deuxième partie et les résultats de 7 cette étude exploratoire sont présentés dans la dernière partie.

Le développement durable et les autres démarches fondées sur des thématiques 8 proches : responsabilité sociale de l’entreprise , éthique des affaires et investissement socialement responsable prennent une part croissante dans la communication et les stratégies des entreprises. Ces thèmes sont maintenant largement diffusés mais peu d’études sont disponibles sur la façon dont les analystes financiers les perçoivent.

[1] [2]

[3]

9 L’analyse de la littérature montre, à travers plusieurs facteurs, les conséquences positives d’un engagement de l’entreprise dans la voie du développement durable (1.1). À partir de ce constat, les informations environnementales et sociales pourraient être prises en compte par les analystes financiers lors de l’élaboration de leur diagnostic (1.2).

La littérature explicite le plus souvent les impacts positifs d’un engagement dans le 10 développement durable. Cependant les liens de causalité entre performance sociale et environnementale et performance financière ne sont pas encore démontrés.

11 Les argumentaires incitatifs (souvent regroupés sous le vocable de « business case ») mettent tous l’accent sur le fait que la RSE serait profitable à l’entreprise. La littérature « gagnant-gagnant » envisage la RSE comme complémentaire à la performance économique, aussi bien à court qu’à long terme (Peloza, 2006).

Nous examinerons dans cette perspective les conséquences d’un engagement dans le 12 développement durable en matière de rentabilité, de risque et d’avantage concurrentiel.

La démarche du développement durable est un facteur d’innovation, de lancement de 13 nouveaux produits ou services comportant une valeur ajoutée sociétale ou environnementale, donc de différenciation par rapport à la concurrence (labels écologiques et éthiques, par exemple), et de création de nouveaux segments de

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À travers la baisse des coûts

À travers le changement de perspective temporelle

b - Les éléments qui ont une influence sur le risque

c - Les éléments qui ont une influence sur l’avantage concurrentiel Une meilleure gestion du capital image et réputation

Un management pertinent des ressources humaines

marché (Wiedemann-Goiran et alii, 2003, p. 113 ; ORSE, 2003, p. 47). Selon Michael Porter (2003), les entreprises devraient considérer la CSR comme une composante de leur stratégie pour devenir plus compétitives.

Les recherches en matière de protection de l’environnement peuvent engendrer une 14 diminution substantielle des charges, grâce à des économies d’énergie, des gains d’efficacité et un moindre gaspillage. Ainsi dans une perspective « win-win » souvent appelée l’hypothèse de Porter, la réduction de la pollution tend à réduire les quantités de matières et d’énergies utilisées et donc à accroître la productivité (Boiral, 2005).

15 Par ailleurs, les banques prennent de plus en plus en compte le risque environnemental et social dans leurs procédures d’octroi de crédit (Barabel et alii, 2003, p. 60). Une entreprise qui s’engage réellement dans le développement durable aura un accès facilité aux sources de financement à moindre coût.

16 Le concept de développement durable reconsidère les activités économiques en rompant avec la vision de court terme dominante (Férone et alii, 2001, p. 45). Agir de façon socialement responsable revient concrètement à supporter le coût d’actions qui ne sont pas financièrement avantageuses à court terme, dans l’espoir d’un retour sur investissement à long terme.

L’entreprise est confrontée au besoin d’identifier d’abord, puis de maîtriser à moyen 17 et long termes les risques et les opportunités liés à ses activités, au regard de leurs impacts à l’égard de la chaîne de ses parties prenantes. L’approche durable conduit à une refonte de la carte des risques et une intégration de leur prévention (Notat, 2003, p. 24), qu’il s’agisse du risque environnemental (impact des accidents écologiques, des remises en cause par de nouvelles normes…), du risque social (dégradation de l’image de l’entreprise, par exemple suite à une dénonciation des conditions de travail chez un soustraitant…) ou en matière de sécurité des produits ou des processus.

La réputation en matière de responsabilité sociétale est un véritable actif qui peut 18 générer des revenus futurs (Riahi-Belkaoui, 2003, p. 123).

Pour garder – voire améliorer – la réputation et la confiance suscitées par 19 l’entreprise, il faut valoriser en même temps son image externe : auprès des clients, des partenaires, des marchés financiers, de la société civile… et son image interne vis- à-vis des salariés. La réputation a deux effets positifs : un effet de crédibilité vis-à-vis des parties prenantes et un effet de signalement vers les groupes ne participant pas encore aux relations avec l’entreprise (Ballet, 2005, p. 81).

« Sur le plan sociétal, […] la capacité de prise en compte des aspects liés à 20 l’environnement et à l’éthique fait partie du capital de notoriété de la firme et constitue, à la fois, un facteur de création de valeur et de développement durable » (Hoarau et Teller, 2005, p. 51).

21 L’engagement de l’entreprise dans le développement durable apparaît comme un moyen de motiver et fidéliser les salariés, ainsi que d’attirer de nouveaux talents. Dire que l’entreprise, au-delà de son rôle économique, est aussi porteuse d’une mission, de

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1.1.2 - Cependant, le lien entre la performance sociale et environnementale et la performance financière n’est pas clairement établi

1.2 - Les informations extra-comptables disponibles sont-elles pertinentes pour les analystes financiers ?

1.2.1 - Les limites des seuls indicateurs financiers

a - La difficile prise en compte des actifs incorporels

valeurs, est un point de départ obligé pour déclencher ces processus psycho- sociologiques d’adhésion (Villette, 2002).

Les critères sociaux et environnementaux sont dorénavant des vecteurs 22 indispensables à l’établissement d’un avantage concurrentiel durable par les entreprises. Le souci d’éthique rencontre l’impératif d’efficacité économique (Bickart et Caby, 2001).

La relation positive entre performance financière et performance sociétale est 23 fortement reconnue par les managers (Déjean et Gond, 2002, p. 396).

De nombreuses études empiriques, menées aux États-Unis ou en Europe, cherchent à 24 démontrer un lien entre la performance sociale et environnementale (PSE) et la performance financière (Haller et Ernstberger, 2007 ; Allouche et Laroche, 2005 ; Gond, 2001). Malheureusement, la principale conclusion de la recherche académique est que ce lien n’a pas encore été établi (Vogel, 2006).

En l’absence de résultats définitifs, il apparaît que les argumentaires prônant aux 25 entreprises l’adoption de stratégies RSE « contribuent à l’instauration d’une croyance qui peut finir par produire des effets sur les comportements : un mythe rationnel en quelque sorte » (Capron M, Quairel-Lanoizelée F, 2007, p. 18).

Les indicateurs financiers traditionnels s’avèrent insuffisants pour évaluer la 26 performance de l’entreprise (1.2.1). Des informations non financières , susceptibles d’éclairer l’appréciation de la performance globale de l’entreprise, sont à l’origine d’un reporting environnemental et social (1.2.2). Leur intérêt pour les analystes financiers est cependant diversement apprécié dans la littérature (1.2.3).

[4]

Le résultat comptable n’est pas représentatif de la performance économique en raison 27 de son statut normatif (il doit être conforme aux normes comptables), un aspect qui est d’un usage limité pour les investisseurs et qui laisse souvent place à une gestion stratégique de la part des dirigeants (Cormier, Magnan et Zéghal, 2001). D’autres arguments soulignent les difficultés de la comptabilité à mesurer cette performance économique.

Un premier écueil est la prise en compte des actifs immatériels dans les mesures 28 comptables de performance.

Ces ressources « intangibles », souvent synthétisées par le concept plus globalisant 29 de capital intellectuel, sont placées, dans la littérature théorique et managériale au centre de la création de valeur (Lacroix et Zambon, 2002).

Or, le capital intellectuel, décliné par exemple en trois composantes : capital humain, 30 capital structurel et capital clients par Edvinsson et Malone (1999, p. 56-59), n’apparaît pas vraiment en totalité dans les informations comptables publiées. Cette limite de la comptabilité est d’ailleurs reconnue par les professionnels du chiffre :

« Dans une économie où les actifs immatériels prennent de plus en plus d’importance, la comptabilité, aussi rigoureuse soit-elle, ne peut que donner une

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b - Les limites du court-termisme et la réémergence du long terme

c - Le dépassement du concept de valeur actionnariale

d - La prise en compte de nouveaux risques

image partielle de la valeur d’une entreprise » (Frotiée, Pricewaterhouse Coopers, 2003).

Les entreprises sont donc amenées à communiquer des informations non comptables 31 supplémentaires pour permettre aux professionnels des marchés financiers d’effectuer leurs prévisions.

On reproche couramment aux marchés d’être animés par une vision à court terme, 32 dictée par le mimétisme des opérateurs, favorisée par les processus d’évaluation des performances des gérants et renforcée par la valorisation des portefeuilles d’actifs à leur « juste valeur » (Férone et alii, 2001, p. 97-98).

33 Plusieurs raisons concourent à douter de la pertinence d’une information trimestrielle : le surcroît de volatilité qu’elle génère, la concentration de l’attention des analystes sur des rendez-vous à court terme qui obstrue ainsi leur appréciation de la stratégie à long terme de l’entreprise, et sur des cycles de communication financière trop courts pour beaucoup d’industries (Kerdrel (de), 2003).

Parmi les critiques formulées à l’égard du court-termisme , celle relative à la 34 focalisation sur les résultats financiers intermédiaires a été réactivée par la publication de la Directive Transparence, applicable aux sociétés cotées sur Eurolist Paris à partir du 20 janvier 2007. Celle-ci impose en effet l’obligation de donner une information relative aux événements et opérations de nature importante ainsi qu’une description générale de la situation financière et des résultats tous les trois mois.

[5]

Le concept de valeur actionnariale apparaît trop limité. L’intérêt de l’actionnaire 35 n’exprime pas à lui seul l’intérêt social, d’autant plus que – dans les grandes sociétés cotées – l’actionnaire est un mythe et recouvre des catégories disparates (Darrois et Viandier, 2003). N. Baverez (2003) note ainsi que « le gouvernement des entreprises ne consiste pas à gérer avec pour seul horizon le profit des actionnaires mais à optimiser en permanence les intérêts des différentes parties prenantes dans une optique de pérennité et de développement à long terme de l’entreprise ».

La prise en compte des parties prenantes et des externalités qui leur sont liées est à 36 l’origine d’un dépassement de la seule valeur actionnariale et de la conception de systèmes de gouvernance d’entreprise ouverts à d’autres parties prenantes que l’actionnaire. La problématique de la « valeur partenariale » propose de considérer les parties prenantes autres que l’actionnaire (Charreaux et Desbrières, 1998).

37 L’entreprise se fixe ainsi pour objectif l’harmonisation de la valeur financière à court terme et de la valeur partenariale à long terme.

Trois facteurs principaux influencent la création de valeur : la rentabilité, la 38 croissance et le risque. Celui-ci est donc un élément fondamental de l’appréciation de la performance attendue de l’entreprise.

Avant de pouvoir traiter et maîtriser ses risques, l’entreprise doit les identifier. De 39 nouveaux risques apparaissent : accident nucléaire, risques chimiques, industriels, écologiques, alimentaires, susceptibles d’avoir un impact sur le cours de Bourse et la volatilité de l’action.

Certains risques font déjà l’objet d’informations dans les états financiers, au travers 40 des provisions explicitées en annexe. Plusieurs textes – dont la recommandation du CNC en date du 21 octobre 2003, qui précise les modalités de comptabilisation des actifs et passifs environnementaux dans les comptes individuels et consolidés des

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1.2.2 - Les informations disponibles  : le reporting environnemental et social

a - Les informations imposées en France par la loi NRE

b - Une tentative de normalisation internationale : la GRI

entreprises – en obligeant les entreprises à informer en matière d’environnement, ont remis à l’ordre du jour la réflexion sur la comptabilité environnementale (Christophe, 2003). La comptabilisation des quotas d’émission des gaz à effet de serre a ainsi un effet direct sur le compte de résultat (Batsch, 2005 ; Lebrun et Peillon, 2005).

L’évolution des législations et les exigences accrues en matière de développement 41 durable conduisent « à élargir le périmètre des impacts pris en compte dans l’évaluation monétaire des performances globales » (Quairel, 2006, p. 11).

Évaluer la performance durable de l’entreprise implique d’appréhender tous les 42 facteurs de risques latents, qu’ils soient environnementaux, sociaux ou éthiques.

Le reporting constitue, pour une entreprise, la clé d’entrée dans le développement 43 durable car cette démarche l’oblige à réfléchir, de façon concrète, quantifiée et opérationnelle sur ce que signifie pour elle cette notion : trouver les bons indicateurs, mettre en place des procédures fiables, motiver son management sur les critères du développement durable. Pesqueux et Biefnot (2002, p. 223) évoquent à ce sujet l’émergence d’une « comptabilité sans comptables ».

Un minimum de reporting environnemental et social peut être imposé par le 44 législateur, comme en France avec la loi NRE. Parallèlement émergent des initiatives volontaristes pour promouvoir un cadre normatif cohérent et crédible, dont le prototype le plus évolué est la GRI. Cette crédibilité peut être renforcée par l’appel aux agences de notation sociale.

La notion de développement durable a fait une entrée en force dans le droit des 45 sociétés par la loi du 15 mai 2001 sur les nouvelles régulations économiques (loi NRE). Selon son article 116, le rapport annuel des sociétés cotées doit comprendre des informations sur la manière dont la société prend en compte les conséquences sociales et environnementales de son activité. La liste de ces informations est fixée par un décret du 20 février 2002, complété par un arrêté du 30 avril 2002. Toutefois, on pourrait lui reprocher de mentionner les thèmes environnementaux et sociaux qui doivent être évoqués, sans définir le périmètre pris en considération (ce qui permet aux entreprises de ne traiter que de la société-mère ou d’une partie seulement du groupe sans conséquences juridiques particulières) ni les indicateurs à utiliser .[6]

À compter du 1er janvier 2005, en application d’une Directive Européenne, les 46 rapports de gestion, tant pour les comptes sociaux que consolidés, doivent comporter des indicateurs de performance non financière, notamment des informations relatives aux questions d’environnement et de personnel .[7]

Les études les plus récentes (Alpha, 2006 ; CFIE, 2006 ; Utopies, 2005) montrent 47 une certaine amélioration de la qualité du reporting prévu par la loi NRE.

Néanmoins, les rapports pourraient mieux faire ressortir les enjeux propres à l’entreprise ou à son secteur d’activité et mieux prendre en compte la diversité des parties prenantes (CFIE, 2006).

Parallèlement à différentes recommandations provenant d’institutions 48 internationales , ONU, OCDE, Union européenne, la Global Reporting Initiative (site internet : globalreporting.org) représente actuellement la démarche la plus avancée de tentative de normalisation internationale en matière de reporting sociétal.

Elle veut élever la qualité de celui-ci au niveau de celui du reporting financier sur la

[8]

(7)

c - Le rôle des agences de notation extra-financière (ou sociétales)

1.2.3 - Le reporting environnemental et social : quelle pertinence pour les analystes financiers ?

base du volontariat. Les thèmes à traiter dans les rapports annuels de développement durable sont largement décrits mais, bien qu’il y ait un objectif de produire un document standardisé, le caractère volontaire de la démarche et la multiplicité des destinataires confèrent surtout au rapport une fonction de communication. Les outils n’ont pas la robustesse du modèle comptable et le référentiel proposé s’attache plus au management des parties prenantes qu’à la fonction de reddition (Capron et Quairel, 2003).

Toutefois, dans la troisième version des lignes directrices, publiée en octobre 2006, la 49 méthodologie de calcul de chaque indicateur est précisée, ce qui confère à cette nouvelle version un pouvoir normalisateur plus marqué.

La volonté d’aboutir à une normalisation internationale a comme contrepartie 50 réductrice de peu faire apparaître les spécificités socio-culturelles. Ainsi les indicateurs du domaine social sont très marqués par la conception anglo-saxonne (Quairel, 2004, p. 21).

Par ailleurs, l’IASB, dans le cadre de la rénovation de son cadre conceptuel, envisage 51 de faire entrer le reporting environnemental et social dans son domaine de régulation (IASB, 2006).

La crédibilité du reporting peut être renforcée par l’intervention d’agences de 52 notation spécialisées dans l’évaluation de la performance non financière des entreprises. Les performances sociales et environnementales sont appréciées sur la base d’informations émanant de l’entreprise, ainsi que d’autres sources d’information telles que les syndicats, les médias ou les ONG.

53 Les compléments à l’information purement comptable et financière contribuent à identifier des passifs éventuels non pris en compte par la comptabilité et des avantages concurrentiels potentiels, sociaux et environnementaux, susceptibles d’avoir un impact sur la valeur de l’entreprise. Le reporting environnemental et social permet ainsi de corriger la sous-représentation comptable de la performance de l’entreprise (Giordano-Spring et Rivière-Giordano, 2007).

Grâce à ce reporting, l’analyste financier peut intégrer dans le calcul du taux 54 d’actualisation des cash-flows les facteurs qualitatifs, environnementaux, sociaux et de gouvernance qui influent sur le niveau de risque de l’entreprise (Lucas-Leclin, 2007).

55 Ce reporting s’appuie toutefois sur une notion de performance environnementale assez floue (Janicot, 2007). De plus, les informations extra-financières ne sont pas aussi fiables que les informations comptables (Evraert et Lacroix, 2005) ; elles sont peu standardisées puisque la définition de la RSE varie d’un secteur à l’autre et leur certification est encore émergente .[9]

Pour nombre d’auteurs, le reporting environnemental et social relève davantage d’un 56 exercice de communication institutionnelle que d’une véritable reddition ayant pour objet de renseigner sur la performance effective en matière de RSE (Chauvey et Giordano-Spring, 2007).

La littérature paraissant ainsi partagée, il s’agit à présent d’apporter des réponses aux 57 questions suivantes :

Les analystes financiers lisent-ils effectivement la partie développement durable du rapport annuel et quelles sont les informations extra-comptables susceptibles de retenir leur attention ?

[10]

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2 - La méthodologie de la recherche

2.1 - Une démarche qualitative à visée exploratoire

2.1.1 - L’orientation de la recherche : une approche qualitative

2.1.2 - Méthodes de collecte et d’analyse des données

2.2 - La présentation des entretiens

Dans quelle mesure et sous quelle forme les analystes sont-ils amenés à intégrer ces informations dans leur diagnostic ?

Nous pourrons ainsi déterminer si le large consensus constaté à travers la littérature académique et managériale en faveur de la prise en compte d’une performance globale et durable est en phase avec la perception des analystes financiers.

Cette étude s’inscrit dans une démarche qualitative (2.1) fondée sur des entretiens 58 avec des analystes financiers sélectionnés sur le critère de l’activité exercée (2.2).

59 Dans un premier temps, le choix de l’approche qualitative est justifié (2.1.1) avant de préciser les méthodes de recueil et d’analyse des données utilisées (2.1.2).

L’objectif de l’étude est de comprendre le sens que les acteurs donnent à la réalité, à 60 l’aide de la comparaison. Il n’existe pas une perception unique du résultat par les analystes financiers mais des perceptions multiples qui sont le produit de constructions mentales individuelles ou collectives et qui sont susceptibles d’évoluer au cours du temps (Guba et Lincoln, 1994, cité dans Méthodes de recherche en management, 1999).

La démarche qualitative a ainsi pour mission de repérer des similitudes et des 61 différences entre les contextes pour donner un sens aux situations (Wacheux, 1996).

Les analystes financiers exercent leur métier dans des contextes différents (décrits en 2.2). Or, la démarche qualitative permet la prise en compte des spécificités des personnes interrogées.

Il s’agit d’une étude exploratoire, à la recherche d’une compréhension de la logique 62 des acteurs.

Les entretiens ont pour finalité de comprendre le sens que les répondants attribuent 63 aux questions et situations qu’ils vivent dans leur contexte. Ce sont des entretiens semi-directifs, menés à l’aide d’une liste de thèmes, utilisée comme une structure souple pour interroger. La série d’entretiens a été conduite de façon similaire avec les répondants successifs à des fins de comparaison.

L’analyse des notes prises pendant les entretiens s’appuie sur des méthodes et des 64 formats de présentation des données préconisés par Miles et Huberman (1991), en trois phases formant un processus cyclique et interactif : la condensation des données, la présentation des données et l’élaboration des résultats. Un lexique des thèmes centraux a permis d’établir une liste de codes utilisés pour analyser chaque entretien. La présentation des données codées s’effectue à l’aide de matrices à groupements conceptuels. Trois matrices ont été élaborées. La première énumère les informations extra-financières à même de susciter l’intérêt des analystes. La seconde concerne les relations entre le développement durable et le métier d’analyste. La dernière matrice aborde le devenir de ce concept pour la profession.

65 Le métier d’analyste financier recouvre plusieurs identités selon le lieu de travail et l’objectif poursuivi. Les analystes interrogés ont été sélectionnés sur le critère du métier exercé afin d’obtenir un échantillon théorique au sens de Glaser et Strauss,

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2.2.1 - Une typologie du métier d’analyste financier

2.2.2 - La typologie retenue pour le choix des répondants

c’est-à-dire représentatif des différences entre les répondants. Une typologie du métier d’analyste financier a ainsi été élaborée (2.2.1), à partir de laquelle les caractéristiques des analystes rencontrées sont exposées (2.2.2).

Cette typologie s’organise selon deux axes. Le premier oppose les analystes actions 66 aux analystes crédit, alors que le second différencie les analystes « sell-side » de leurs homologues « buy-side » (Garcia, 2001, p. 253 ; Sranon-Boîteau, 1998, p. 145-148 ; Mazet, 2001, p. 37-38).

Le rôle des analystes actions est d’apprécier la stratégie d’une entreprise pour en 67 déduire une recommandation à partir de prévisions sur les futurs résultats. Les analystes crédit représentent les créanciers et doivent apprécier la qualité de crédit d’émetteurs de dettes (capacité à faire face à leurs échéances et à rembourser leur dette financière ).[11]

Les analystes « sell-side » travaillent pour des sociétés de Bourse. Leur rôle est 68 d’assister les clients de leur employeur dans la définition d’une politique d’investissement, en formulant des recommandations d’achat, de vente ou de conservation des titres . Les analystes « buy-side » travaillent pour des sociétés de gestion ou des investisseurs institutionnels. Ils conseillent directement les gérants de portefeuille dans leur décision d’investissement.

[12]

La différence essentielle entre ces deux formes de la profession tient à la force de la 69 contrainte commerciale qui pèse sur les analystes « sell-side » (Degeorge, 2005).

Ceux-ci doivent émettre des recommandations qui suscitent des transactions et donc des courtages pour les sociétés de Bourse qui les emploient. Ce sont ces flux de courtage qui financent les bureaux de recherche (par opposition à l’activité commerciale), lesquels constituent des centres de coûts. De plus, les sociétés de Bourse, auparavant indépendantes, ont été pour la plupart rachetées par un groupe exerçant des activités de marché primaire dites « corporate », telles une augmentation de capital ou une introduction en Bourse, et représentant de fait un enjeu financier très important. Certes, une « muraille de Chine » est censée garantir une séparation étanche entre les activités « corporate » et la recherche mais la question d’une totale indépendance des analystes « sell-side » revient souvent sous les feux de l’actualité. Les analystes « buy-side » peuvent émettre un avis dénué de toute pression commerciale, puisque réservé à la société de gestion.

Ce deuxième axe de la typologie s’inscrit dans une visée exploratoire. 70

I. Analystes actions 71 a) sell-side b) buy-side II. Analystes crédit

a) obligations b) crédits bancaires c) conseil en notation III. Analystes extra-financiers

a) agences de notation sociale b) analystes ISR

Les analystes crédit étudiant les obligations sont subdivisés en deux sous-groupes : l’analyste de recherche crédit est amené à exprimer une opinion sur le couple risque / rendement d’une émission obligataire. Il travaille dans une banque d’investissement en tant que « sell-side » (émissions primaires et stratégie d’investissement) ;

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3 - La prise en compte de la performance globale par les analystes financiers

3.1 - Un impact encore faible des informations extra-financières sur l’évaluation des entreprises par les analystes

3.1.1 - Le sens du développement durable pour le métier d’analyste

la même fonction exercée pour le compte d’investisseurs institutionnels est remplie par l’analyste « buy-side ».

L’analyste « conseil en notation » aide son client, émetteur, à améliorer son dossier afin d’optimiser la note qui lui sera attribuée par une agence de notation, notamment à la suite d’un nouveau financement.

L’analyste extra-financier met en évidence le niveau d’implication de la société 72 étudiée dans les problématiques de développement durable. Son analyse porte sur des aspects complémentaires à ceux de l’analyse financière traditionnelle, principalement en matière de gouvernance d’entreprise, de responsabilité sociale et environnementale. Il travaille pour le compte d’agences de notations spécialisées ou de sociétés de gestion concernées par l’ISR.

Un tableau des caractéristiques des vingt-cinq analystes rencontrés est présenté en 73 annexe. Les entretiens, d’une durée variant entre une et deux heures, se sont déroulés en deux phases de novembre 2003 à février 2004, d’une part, et de février à juin 2006, d’autre part. Les entretiens de 2006 avaient pour but de vérifier si les tendances perçues en 2004 s’étaient confirmées. De plus, nous avons demandé à nos interlocuteurs si le passage aux normes IFRS était susceptible de faciliter la diffusion d’indicateurs extra-financiers.

Il n’a d’ailleurs pas été possible de recontacter en 2006 tous les analystes interviewés 74 en 2004, certains ayant changé de métier et /ou d’employeur.

Les entretiens révèlent que les informations environnementales et sociales semblent 75 présenter un intérêt modéré pour les analystes (3.1). Un certain degré de normalisation pourrait favoriser une meilleure prise en compte de ces informations (3.2). Toutefois, l’intégration complète des critères développement durable par les analystes financiers dans un avenir raisonnable reste encore à effectuer (3.3).

Cette recherche vise à éclairer le sens de la notion de développement durable pour les 76 analystes et à repérer les différentes informations environnementales et sociales susceptibles de retenir leur attention, avant d’expliciter comment ceux-ci utilisent ces informations dans le cadre de leur diagnostic.

Pour une courte majorité des analystes financiers rencontrés, le développement 77 durable n’est pas un concept utilisé dans leur métier : « ce n’est pas un critère dans la mesure où nos interlocuteurs ne l’utilisent pas » (AA5). Les investisseurs sont plus sensibles à la « durabilité du développement », c’est-à-dire la capacité à soutenir une croissance durable dans le temps (AA4).

Le court-termisme du marché est souvent évoqué pour expliquer le manque d’intérêt 78 suscité par le développement durable. En revanche, la plupart de ses adeptes défendent la nécessité d’une vision à long terme de l’entreprise : « il s’agit d’une problématique à très long terme qu’on ne peut pas se permettre d’ignorer aujourd’hui » (AA14). Un analyste crédit (AC4) souligne que son métier consiste à analyser les risques de l’environnement dans lequel évolue l’émetteur pour repérer une éventuelle détérioration de sa capacité à rembourser la dette et qu’il lui faut donc prendre en considération les risques à long terme de type développement durable.

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3.1.2 - Les informations extra-financières susceptibles de retenir l’attention des analystes financiers

a - Une vision surtout financière des ressources humaines

b - Une image prise en compte surtout quand elle se détériore

Les entretiens mettent ainsi en évidence une relative opposition, illustrée par Hervé 79 Serieyx (2003, p. 75) : « Entre les exigences de la gouvernance à l’anglo-saxonne qui met la satisfaction de l’actionnaire au premier rang et celles du développement durable qui privilégie les décisions respectant le long terme sociétal, la contradiction est flagrante ».

Pour les banques, adopter une démarche « développement durable » est de plus en 80 plus souvent nécessaire en raison de leur mise en cause par les ONG (AC5).

On observe un clivage certain entre les opinions des analystes sell-side et buy-side. Le 81 développement durable fait sens pour la quasi-totalité des analystes buy-side mais pas pour une large majorité d’analystes sell-side.

Les politiques de ressources humaines mises en œuvre par les entreprises intéressent 82 les analystes surtout sous l’angle financier. Ils prennent ainsi en compte les licenciements comme facteurs de réduction des coûts. D’autres aspects sont aussi considérés en fonction de leur impact sur la rentabilité : intéressement, actionnariat salarié, négociation des avantages sociaux, implantation syndicale, existence de surcapacités entraînant des baisses d’effectifs annonciatrices de grèves. Une politique sociale très généreuse entraînant une moindre croissance des résultats par rapport à celle des concurrents peut être jugée pénalisante (AA9).

83 Les sociétés donnent peu d’informations sur leur management des ressources humaines : « les politiques salariales, de formation ou de mobilité géographique sont difficiles à analyser quand tout se passe bien » (AA11).

Une étude de Trébucq (2006, p. 115) met en évidence l’absence de données chiffrées 84 et comparables qui permettraient aux analystes de mieux apprécier l’impact du capital humain sur la performance.

Des entretiens informels permettent d’avoir une idée sur le climat social dans les 85 SSII, où il est important de « garder les bons éléments quand les affaires repartent » (AA1).

Dans des secteurs à haute technologie (aéronautique), une attention est accordée à la 86 pyramide des âges et au taux de rotation du personnel qui pourraient être interprétés en tant que signes de difficulté à capitaliser le savoir-faire.

87 Pour certains analystes, l’image de l’entreprise est importante mais difficile à valoriser : « elle se reflète dans le chiffre d’affaires, la capacité à attirer des collaborateurs, du moins dans des secteurs comme le luxe » (AA11). Pour d’autres, l’impact financier immédiat est privilégié et la réputation de l’entreprise sera ignorée si les profits sont en croissance. Une entreprise à l’image entachée peut même et avec un certain cynisme être conseillée à l’achat dans une perspective à court terme qui est celle de la plupart des analystes financiers.

Dans cette optique, le mécénat n’a pas de traduction financière reconnue : « toutes 88 les grandes entreprises en font » (AA9).

Une image négative serait toutefois prise en compte : impact sur le consommateur, 89 rappel de voitures dans le secteur automobile. Les rumeurs sont considérées comme étant rarement totalement infondées.

(12)

c - Une faible préoccupation environnementale

d - Peu d’intérêt en général pour les parties prenantes

e - Vers une prise en considération des risques latents

De nombreux analystes tiennent compte davantage de l’image des dirigeants, de leur 90 honnêteté, de leur sérieux. L’évaluation du management a une nette influence sur le rating des agences de notation financière (AC6). La perception du management par la communauté financière est un élément essentiel : « malgré les pollutions, Total a une superbe image auprès des analystes, grâce notamment à la qualité de son management » (AA10).

La plupart des répondants considèrent qu’ils sont peu concernés professionnellement 91 par l’environnement, soit en raison de leur secteur (télécoms), soit parce que sans influence sur leur opinion boursière. Les analystes manifestent quelque intérêt lorsqu’une influence sur les coûts est envisagée (programmes de réduction de la consommation d’énergie dans les grandes surfaces).

La problématique environnementale est forte dans le secteur automobile en raison 92 des dispositions visant à réduire les émissions polluantes et à organiser le recyclage.

Un analyste du secteur s’intéresse aux recherches sur les nouvelles sources d’énergie, tout en précisant qu’il est impossible d’estimer aujourd’hui un éventuel avantage concurrentiel futur car « les entreprises concurrentes pourront toujours prendre le train en marche » (AA6).

Selon le responsable de la recherche d’une société de gestion, l’investissement dans 93 l’environnement est perçu, par les analystes, comme une dépense préjudiciable pour le cours de bourse, mais devrait avoir un effet positif à long terme sur la prime de risque.

Les relations avec les pouvoirs publics concernent peu les analystes interrogés sauf 94 pour des entreprises appartenant à certains secteurs réglementés comme les télécoms, le tabac ou la grande distribution.

Les sociétés donnent généralement peu d’informations sur les fournisseurs et sous- 95 traitants. « S’il nous arrive de poser des questions, on ne va pas voir les ONG et les syndicats » (AA14). De plus le marché financier apprécie les gains de productivité obtenus en pressurant les sous-traitants (AA2).

Les relations avec les fournisseurs sont vues essentiellement sous l’angle financier à 96 travers leur impact sur le besoin en fonds de roulement et la possibilité de tirer au maximum sur les prix. « Les entreprises de grande distribution ont des relations tendues avec les fournisseurs mais restent des émetteurs solides et puissants » (AC2).

97 La société civile est essentiellement réduite aux associations de consommateurs. Ces dernières peuvent perturber la grande distribution et l’agroalimentaire. De même dans l’automobile, il est intéressant de voir si un constructeur réagit aux problèmes évoqués par les lecteurs des revues spécialisées. Une opinion négative peut se répandre rapidement et avoir un impact sur le titre. Par ailleurs, lorsque les activités de mécénat en faveur d’acteurs de la société civile sont excessives elles sont jugées contraires à l’intérêt des actionnaires.

98 D’une façon générale, les risques pris en compte sont ceux qui font l’objet de l’actualité. La tendance n’est pas à la proactivité, on attend que les informations soient publiques et qu’il y ait crise.

On peut citer les risques liés à une traçabilité insuffisante dans l’agroalimentaire, la 99 présence d’amiante dans des garnitures de freins, la sécurité des passagers dans l’automobile, le boycott de certains produits. Les dangers potentiels mais non encore

(13)

f - Le thème de la gouvernance, privilégié par les analystes financiers

3.1.3 - L’utilisation de ces informations par les analystes

arrivés à maturité ne sont guère pris en compte, tels les risques d’un usage excessif des téléphones mobiles. Cependant, certains risques latents sont de plus en plus pris en considération, comme par exemple la pollution, les effets secondaires de médicaments, le travail des enfants, la délocalisation d’activités. Des questions sont posées aux entreprises sur les risques en cours et les mesures prises mais les réponses des sociétés ne peuvent guère être vérifiées. La profession est demandeuse d’indicateurs de risques. À défaut, la conscience de risques est un élément parmi d’autres qui conforte une opinion déjà acquise par ailleurs.

Le gouvernement d’entreprise vise à prendre en considération les attentes de 100 l’ensemble des parties prenantes à l’activité des entreprises – en ce sens, il rejoint les perspectives du développement durable (Wiedemann-Goiran et alii, 2003, p. XVI).

C’est un sujet important et de plus en plus abordé par les analystes. Les thèmes qui 101 reviennent le plus fréquemment sont la composition de l’actionnariat, le caractère opéable ou non de la société, l’adéquation de la rémunération des dirigeants avec les résultats de l’entreprise et les traditions du pays, la compétence des administrateurs indépendants. Accessoirement sont abordées des questions sur les différents comités, sur les mesures prises qui pourraient être défavorables aux minoritaires. Pour certains le gouvernement d’entreprise couvre également la qualité de l’information.

Les entretiens nous ont permis de confirmer l’opinion déjà répandue que le 102 gouvernement d’entreprise est le premier critère extra-financier en voie d’être complètement intégré par la communauté financière.

Une nette majorité des personnes interrogées reconnaît que les informations extra- 103 financières sont susceptibles d’avoir un impact sur leur diagnostic, en particulier la confiance dans le management et la transparence de la société, les critères environnementaux et sociaux arrivant au second plan. Ces données permettent

« d’interpréter les informations publiques » (AA2).

La prise en compte des critères de développement durable est beaucoup plus intuitive 104 que formalisée, ce qui apparaît souvent comme un savoir-faire spécifique, non transmissible (AA13).

Les analystes sensibles à la problématique du développement durable souhaiteraient 105 pouvoir quantifier les informations environnementales et sociales pour la valorisation des titres.

106 On peut noter un effort de formalisation réalisé par une société de gestion dans laquelle les analystes financiers ont élaboré leurs propres grilles sectorielles avec le concours d’analystes ISR (AA12). Dans une autre société de gestion, qui a aussi initié un travail en commun avec des analystes ISR, l’analyste crédit effectue une prise en compte quantitative des risques par retraitements de dettes et provisions au bilan.

Une minorité ne reconnaît aucune influence à ces informations car elles ne sont pas 107 quantifiées et « ne rentrent dans aucune case » (AA3). « La communauté financière ne les prend pas en compte car leur impact sur le cours boursier n’est pas mesurable » (AA4). Cependant, certains ont tendance à sanctionner une défaillance du gouvernement d’entreprise plutôt qu’à donner une prime en cas de bonne gouvernance.

Finalement, les informations qui retiennent l’attention des analystes financiers 108 montrent que la notion de performance à laquelle la plupart se réfèrent n’est pas la performance globale ou élargie abordée dans la première partie. Du moins faut-il distinguer les analystes financiers « classiques » et les analystes ISR.

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3.2 - Une demande pour une information extra-financière normalisée 3.2.1 - Des rapports annuels encore peu lus

3.2.2 - Une normalisation souhaitée

3.2.3 - Un scepticisme certain quant à l’apport des normes IFRS

3.2.4 - Des informations à certifier

109 Les informations environnementales et sociales figurant dans la partie NRE du rapport annuel sont lues plutôt rapidement par la majorité des analystes, aussi bien en 2004 qu’en 2006 (« On jette un œil dessus »). Plusieurs critiques sont formulées à l’égard de ces informations. Les deux principales limites sont la rareté des données publiées pour l’ensemble d’un groupe ainsi que celle des indicateurs mis en perspective dans le temps avec des objectifs de progrès. Deux analystes relèvent également le manque de formation des financiers : « les financiers n’y comprennent rien ! » (AA2).

Les analystes expriment, à une quasi-unanimité, une attente forte en matière de 110 détermination d’un cadre normatif cohérent. Ils souhaitent disposer d’informations objectives, organisées et standardisées, afin de pouvoir procéder à des comparaisons.

Cependant, l’initiative de normalisation internationale que constitue la GRI, peu connue en 2004 ne l’est guère davantage en 2006.

Les répondants manifestent une tendance marquée pour une normalisation 111 sectorielle tout en soulevant le problème de la définition du secteur : « une réglementation sectorielle paraît difficile car peu d’entreprises appartiennent à un seul secteur d’où la question du choix de la réglementation à appliquer » (AA13).

112 La nécessité d’une normalisation des informations non financières est constatée par la commission Développement durable et analyse financière de la SFAF (2004 p. 19) :

« Il convient de trouver un moyen terme entre la centaine de pages denses des préconisations GRI et la vingtaine de lignes vagues de la loi NRE. Des indicateurs sectoriels sont indispensables et les professions devraient s’entendre sur certains indicateurs communs, à définition homogène, permettant les comparaisons ».

En 2007, la commission poursuit son travail de définition d’indicateurs non 113 financiers (Analyse financière n° 24, p. 42).

Pigé et Paper (2006) tentent de montrer que les normes IFRS répondent aux attentes 114 des diverses parties prenantes de l’entreprise. Pour certains auteurs, le passage aux normes IFRS va même faciliter la diffusion d’indicateurs extra-financiers (Barneto, 2004, p. 215-216).

Une relation positive entre les normes IFRS et les problématiques de développement 115 durable est néanmoins fortement contestée dans la littérature. Ainsi, selon Chiapello (2005, p. 149), les normes comptables internationales correspondent à une pure vision actionnariale et « des conceptions plus partenariales ou institutionnelles de l’organisation économique de base sont écartées ». Pour Capron (2005, p. 35), « en ce qui concerne le volet économique et financier des performances d’entreprise, les développements les plus récents nous mènent aux antipodes des préoccupations du développement durable et de la satisfaction de l’ensemble des parties prenantes ».

La plupart des analystes rencontrés restent très sceptiques quant à l’apport des 116 normes IFRS, tant sur le plan quantitatif que qualitatif, à l’exception toutefois des thèmes ayant un lien avec les états financiers (retraites et passifs environnementaux).

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3.3 - Quel avenir pour l’intégration de critères environnementaux et sociaux par les analystes, compte tenu de l’évolution ressentie ? 3.3.1 - L’évolution constatée en deux ans

3.3.2 - Vers une vision élargie du diagnostic financier ?

La publication de rapports développement durable par les entreprises pose 117 inévitablement la question de leur certification, souhaitée par la plupart des analystes.

Une crédibilité plus assurée de la démarche développement durable et/ou des 118 données publiées par l’entreprise, la responsabilité accrue des sociétés sur les informations qu’elles diffusent, constituent les principaux arguments en faveur d’une certification.

Concernant l’éventuelle certification de la qualité des informations fournies, une forte 119 majorité s’exprime en faveur d’un organisme spécialisé, indépendant, qui devrait plutôt être distinct des commissaires aux comptes. Certains répondants voient d’un œil favorable l’appel aux agences de notation sociétale tout en estimant que des progrès méthodologiques sont encore à réaliser pour répondre au niveau d’exigence de l’analyse financière (AA14).

Le problème du coût de la certification est posé, l’entreprise étant souvent supposée 120 peu disposée à supporter des frais supplémentaires. Par ailleurs, deux analystes émettent un doute sur la crédibilité des informations certifiées, dans le cas où l’organisme extérieur serait rémunéré par l’entreprise : « ce serait l’illusion d’une garantie supplémentaire » (AA13).

121 À la suite de la deuxième série d’entretiens il apparaît clairement que le gouvernement d’entreprise est le critère qui a le plus progressé : « la psychologie des marchés intègre le gouvernement d’entreprise mais pas les autres volets » (AA4). Des thèmes environnementaux (nucléaire et solaire) sont également pris en compte par les analystes, même s’il s’agit parfois des conséquences des tensions actuelles sur le marché de l’énergie plus que dans une perspective de développement durable.

Un des analystes rencontrés estime que les références au développement durable, 122 utiles pour restaurer la crédibilité du marché, semblent moins à l’ordre du jour depuis deux ans, les transactions étant reparties à la hausse.

On note toutefois une évolution dans l’organisation des brockers qui se dote 123 progressivement d’une petite cellule intitulée ISR ou analyse extra-financière.

L’impression générale est finalement que la prise en compte des critères extra- financiers, pressentie lors des premiers entretiens en 2004, progresse plus lentement que prévu.

124 Certains des analystes financiers interrogés ne voient pas d’avenir pour l’intégration de critères de développement durable dans leurs diagnostics. Ils estiment que « ce n’est pas le discours du marché » (AA1). L’approche des analystes est nécessairement à court terme car le délai moyen de détention des titres est court. La communauté financière considère encore souvent que le développement durable est un phénomène de mode. La priorité est accordée à l’objectif de transparence financière. Le développement durable serait alors « une cerise sur le gâteau » (AA9). « L’analyse financière et la problématique ISR apparaissent comme deux espaces bien cloisonnés dans la finance » (AA4).

125 D’autres n’envisagent une progression du développement durable qu’en raison de l’accroissement des contraintes réglementaires (AC2).

(16)

Conclusion

La plupart sont pragmatiques : ils ne s’intéresseront au développement durable que si 126 cela est demandé et donc financé par leurs clients. Ils mettent en avant le rôle déterminant des investisseurs. À cet égard, l’essor des fonds ISR, le rôle joué par le Fonds de réserve pour les retraites (FRR) et le développement de l’épargne salariale apparaissent très prometteurs. Ces fonds d’épargne salariale doivent respecter « un certain nombre de valeurs collectives favorables à un développement économique, social et environnemental équilibré » (Saint-Pierre (de) et Laroza, 2003). D’après Novethic (2006), l’encours des fonds ISR a plus que doublé entre 2003 et 2005, notamment grâce à l’épargne salariale.

« L’idée progresse lentement » (AA7). Le nombre d’acteurs ayant des exigences en 127 matière d’ISR devrait croître peu à peu.

C’est grâce à l’influence des analystes ISR que l’intérêt pour ces thèmes devrait 128 grandir. Le travail en commun mené par plusieurs répondants avec des analystes ISR est à l’origine d’une réflexion sur la pertinence des critères environnementaux et sociaux. Certaines sociétés de gestion demandent à leurs analystes financiers d’intégrer des critères ISR pour enrichir et approfondir la connaissance de l’entreprise. « Cette internalisation progressive de l’expertise socialement responsable au sein des équipes de gestion contribue à la diffusion des analyses extra- financières à l’ensemble de la gestion d’actifs » (Sicard, 2005, p. 300).

Depuis les grands scandales financiers de type Enron, on a pu remarquer certaines 129 prises de conscience : les critères qualitatifs ne sont plus complètement ignorés.

L’implication du secteur bancaire dans le développement durable est décrite par l’ORSE (2005) dans son guide Finance et développement durable .[13]

130 Par ailleurs, le nouveau ratio prudentiel Mc Donough permet d’inclure dans l’analyse du risque client des éléments qualitatifs, notamment environnementaux et sociaux (Berger, 2005, p. 48).

D’autres indices encourageants sont à souligner : « L’implication de la sphère 131 publique, tant au niveau international que national, l’implication croissante des entreprises dans le processus, la sensibilisation croissante du citoyen-consommateur- salarié sont des signaux forts » (SFAF, 2004, p. 19). De plus, certains courtiers sont d’ores et déjà notés par leurs clients pour la qualité des informations de type développement durable qu’ils leur apportent (AA8). Une prise en compte élargie des risques devrait permettre une intégration de certains critères de développement durable dans l’analyse financière.

132 Toutefois demeure le problème des outils méthodologiques. Certains pensent qu’il faudra au moins dix ans (AA12) pour bénéficier d’outils plus quantitatifs. Pour d’autres, « ce n’est pas demain la veille » (AEF5). On retrouve en fait une problématique bien connue des financiers et applicable aux critères environnementaux et sociaux : comment trouver une relation entre des coûts supplémentaires immédiats et un espoir de rentabilité et de cash flows futurs (AA2).

Au terme de cette étude il faut bien constater un décalage entre la notion de 133 performance globale présentée par la littérature académique et managériale et la faible intégration des critères environnementaux et sociaux par les analystes financiers qui toutefois énoncent souvent une définition assez large de l’entreprise performante.

La prise en compte des problématiques liées au développement durable dépendra en 134 premier lieu de la demande en provenance des investisseurs. Elle passera nécessairement par une adaptation de la formation des analystes à cette nouvelle dimension et par une communication appropriée des entreprises. En effet, les

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Tableau 1 - Caractéristiques des 25 analystes interrogés lors des entretiens

analystes interrogés notent que le sujet est peu évoqué par les entreprises lors des présentations ou fait l’objet de présentations destinées spécifiquement aux analystes ISR.

L’objectif serait ainsi de faire évoluer la perception actuelle des analystes financiers, 135 axée sur les risques, vers une vision plus positive du développement durable en termes d’opportunités de développement et d’avantages concurrentiels.

Nos entretiens reposaient sur une segmentation du métier d’analyste financier en 136 distinguant d’une part les analystes actions et les analystes crédit et d’autre part les analystes sell-side et buy-side. Pour certains répondants les deux segmentations proposées ne devraient pas avoir d’impact sur la perception par les analystes financiers de la problématique développement durable, car il s’agit du même métier avec la même approche. Cependant la majorité des analystes indique un moindre intérêt des analystes crédit « car le développement durable n’a pas encore pénétré le monde de l’emprunt obligataire . Par ailleurs les analystes crédit sont sensibles aux risques importants au travers des conséquences financières chiffrées » (AA10).

[14]

137 Les analystes buy-side, quant à eux, ont davantage de recul sur les perspectives à long terme que les analystes sell-side.

Les professionnels mettent en évidence un besoin de recherche académique à la fois 138 pour établir le lien entre développement durable et performance financière et proposer un renouvellement méthodologique pour une meilleure prise en compte des aspects qualitatifs de la performance.

139 Ce travail présente les limites inhérentes à son caractère exploratoire et invite à d’autres recherches. En particulier, une nouvelle enquête pourrait être menée pour mesurer les progrès des indicateurs de développement durable dans le cadre de la loi NRE, avec l’adoption des nouvelles lignes directrices G3 de la GRI. Cette future recherche pourrait privilégier des entretiens d’analystes sélectionnés dans certains secteurs d’activité, afin de mettre en évidence les aspects de la performance globale liés aux spécificités sectorielles.

(18)

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