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www.jaccrafrica.com ISSN 1859-5138 Open access

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Acidocétose diabétique grave inaugurale au service d’accueil des urgences de l’Hôpital National de Niamey

M Maikassoua*1, BM Boukari2, A Magagi3, R Habibou1, MS Zakari Ado4, HL Hassane5

Inaugural severe diabetic ketoacidosis in the medical emergency department of national hospital of Niamey

Résumé

Introduction : L’acidocétose diabétique est une complication métabolique aiguë due à une profonde carence en insuline, qui s’observe le plus souvent chez les enfants et les adolescents chez qui elle inaugure le diabète ou chez les adultes atteints de diabète de type 1. L’objectif de notre étude est de déterminer les aspects épidémiologiques, cliniques, thérapeutiques et évolutifs de l’acidocétose diabétique sévère au service des urgences de l’hôpital national de Niamey.

Méthodologie : Il s’agit d’une étude transversale descriptive portant sur 22 patients, réalisée du 1er janvier 2020 au 30 juin 2020 au service des urgences de l’hôpital national de Niamey.

Résultats : La prévalence de l’acidocétose diabétique sévère était de 27% avec une prédominance féminine de 54,55% contre 45,45% d’hommes. Le sex-ratio en faveur des femmes est de 1,2. L’âge moyen des patients était de 38,23 ans avec des extrêmes de 18 à 57 ans. Le tableau clinique était dominé par la perte de poids, la polyurie-polydipsie (100%) et l’asthénie (81,82%). L’infection était le facteur de décompensation le plus fréquent dans 72,73%. Tous nos patients ont été réhydratés avec du sérum salé isotonique à 0,9% ; 81,82% de nos patients ont reçu une antibiothérapie. L’évolution a été favorable dans

86,36% et nous avons déploré 3 décès (13,64%).

Conclusion : L’acidocétose diabétique sévère inaugurale est une pathologie assez fréquente aux urgences de l’hôpital national de Niamey. Elle constitue une urgence thérapeutique et doit être systématiquement évitée par le dépistage précoce du diabète.

Mots-clés : Acidocétose inaugurale, SAU, HNN.

Abstract

Introduction: Diabetic ketoacidosis is an acute metabolic complication due to profound insulin deficiency, which is most often seen in children and adolescents in whom it inaugurates diabetes or in adults with type 1 diabetes. The aim of our study is to determine the epidemiological, clinical, therapeutic, and evolutionary aspects of severe diabetic ketoacidosis at the emergency department of the national hospital of Niamey.

Methodology: This was a descriptive cross-sectional study of 22 patients, conducted from January 1, 2020, to June 30, 2020 in the emergency department of the national hospital of Niamey.

Results: The prevalence of severe diabetic ketoacidosis was 27% with a female predominance of 54.55%

against 45.45% of men. The sex ratio in favor of

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women is 1.2. The mean age of the patients was 38.23 years with extremes of 18 to 57 years. The clinical picture was dominated by weight loss, polyuria- polydipsia (100%) and asthenia (81.82%). Infection was the most common decompensation factor in 72.73%. All our patients were rehydrated with 0.9%

isotonic saline; 81.82% of our patients received antibiotic therapy. The evolution was favorable in 86.36% and we deplored 3 deaths (13.64%).

Conclusion: Inaugural severe diabetic ketoacidosis is a fairly frequent pathology in the emergency room of the national hospital of Niamey. It is a therapeutic emergency and should be systematically avoided by early detection of diabetes

Keywords: Inaugural ketoacidosis, UAS, HNN.

Introduction

Le diabète sucré est une maladie métabolique caractérisée par une élévation anormale et chronique de la glycémie [1]. Il s’agit d’un problème de santé publique mondial majeur en raison de la prévalence observée et des taux de croissance prévus, en particulier dans les pays en développement [2]. La prévalence mondiale de cette affection métabolique est en constante évolution et la Fédération internationale du diabète (FID) estime que 700 millions d’adultes seront atteints de diabète d’ici 2045, faisant de cette maladie l’une des principales causes d’invalidité et de décès dans le monde [3]. L’Afrique qui comptait 7 millions de diabétiques en 2000, 19,8 millions en 2013, en compterait 41,5 millions en 2035 [4]. Au Niger, la prévalence du diabète serait de 4,3% [5].

L’hyperglycémie chronique qui caractérise la maladie est responsable de nombreuses complications qui constituent le plus souvent un mode de découverte du diabète dans les pays en développement. Les complications métaboliques aiguës représentent 12,4% à 25% de ces complications inaugurales [6].

Parmi elles, l’acidocétose est la plus fréquente et la plus redoutée avec une incidence comprise entre 4,6% et 8% et une mortalité allant de 0% à plus de

15% [7]. Elle représente environ 4 à 9% des causes d’hospitalisation des diabétiques et son pronostic dépend du terrain et de l’instauration précoce du traitement [8]. Malgré la fréquence élevée de cette complication dans le monde et sa forte mortalité, il existe très peu de données la concernant au Niger. C’est dans ce sens que nous avons décidé d’entreprendre un travail sur le thème « Inauguration de l’acidocétose diabétique sévère au service des urgences (SAU) de l’hôpital national de Niamey ».

Méthodologie

Il s’agit d’une étude transversale descriptive menée du 1er janvier 2020 au 30 juin 2020 au SAU de l’hôpital national de Niamey. Ont été inclus dans cette étude, les patients non connus diabétiques qui ont été admis pour une glycémie supérieure à 14mmol/L, une cétonurie avec plus de 2 croix sur la bandelette urinaire et une altération de la conscience. Pour chaque patient, nous avons étudié les aspects épidémiologiques, cliniques et biologiques à l’admission, les aspects thérapeutiques et évolutifs. Après avoir obtenu leur consentement, l’anonymat des patients a été assuré. Les données ont été saisies et traitées à l’aide des logiciels Word et Excel. La principale difficulté rencontrée dans cette étude était le manque de plateau technique pour le diagnostic de l’acidocétose inaugurale sévère.

Résultats

Du 1er janvier 2020 au 30 juin 2020, nous avons recueilli 82 cas d’acidocétose sur 3264 patients hospitalisés aux urgences. Parmi ces patients, 22 ont été hospitalisés pour une acidocétose inaugurale sévère, soit une prévalence hospitalière de 27%.

• Caractéristiques sociodémographiques

Le sexe féminin était le plus représenté, 54,55% avec un sex-ratio de 1,2. L’âge moyen des patients était de 38,23 ans avec des extrêmes allant de 18 à 57 ans. Le tableau I montre la répartition des patients par tranche d’âge.

Sur le plan professionnel, les femmes au foyer étaient

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plus représentées, suivies des commerçants, soit respectivement 44,45% et 18,18% des cas. Dix-huit de nos patients nous ont été adressés par les centres de santé privés de la région. Deux patients ont été admis directement. Le tableau II montre la répartition des patients en fonction de leur origine.

Discussion

Le nævus d’Ota est une melanocytose impliquant l’œil, les muqueuses nasale, buccale et tympanique. Cette hyperpigmentation peut être présente à la naissance comme chez notre patiente ou apparaitre tardivement.

Sa pathogenèse n’est pas bien élucidée. En effet certains auteurs évoquent une part importante des facteurs génétiques ce qui expliquerait la fréquence élevée dans la population asiatique par rapport aux autres mais aucun gène n’a été identifié [4]. On n’a trouvé aucun cas familial chez notre patiente, il n’y avait pas non plus de consanguinité entre ses parents.

Des facteurs hormonaux seraient aussi impliqués à cause de la prédominance féminine du nævus d’Ota [4]. Le diagnostic du nævus d’Ota est en général clinique caractérisé par une hyperpigmentation cutané perioculaire suivant les territoires maxillaire et ophtalmique du trijumeau. Le diagnostic différentiel se pose avec le nævus d’Ito qui se caractérise aussi par des tâches hyperpigmentées mais siégeant préférentiellement au niveau de l’épaule, du cou, de la région supraclaviculaire et le haut du bras [5].

Le naevus d’Ota est en général bénin, le glaucome à angle ouvert et le mélanome y sont rarement associés.

Leur recherche par une surveillance ophtalmologique régulière (fond d’œil voire OCT mesurant l’épaisseur de la choroïde) est indispensable à cause de la gravité de ces complications. Notre patiente ne présentait aucune complication. Il n’y a pas de traitement spécifique à l’heure actuelle pour l’atteinte oculaire mais par contre les lésions cutanées peuvent être traitées efficacement par laser.

Plusieurs types de laser peuvent être utilisés. En comparant les différents types de lasers, le laser à commutation Q-rubis émet un rayonnement qui est plus fortement absorbé et plus sélectif pour la mélanine par rapport à celui à l’alexandrite et au laser Nd: Yag [6]. Plusieurs séances sont parfois nécessaires. Ce traitement est souvent utile pour le patient à cause de l’impact psychologique que peut avoir cette différence de couleur de peau chez une même personne. Aussi le traitement par laser chez l’enfant permettrait par ailleurs d’obtenir de meilleurs résultats qu’un même traitement réalisé chez l’adulte [7]. Notre patient n’a pas pu bénéficier de ce traitement pour absence d’appareils lasers dans le service de dermatologie.

Notre patient bénéficiera d’une surveillance ophtalmologique et dermatologique annuelle à la recherche de complications.

• Caractéristiques cliniques

Le délai moyen d’admission au SAU à partir du début des symptômes était de 5 jours avec des extrêmes allant de 2 heures à 12 jours.

Les raisons de l’admission des patients étaient cohérentes à quelques exceptions près. La figure 1 montre la répartition des patients par motif d’admission.

Le diabète était l’antécédent familial le plus fréquent dans 31,82% des cas suivi de l’hypertension dans 13,64% des cas.

Les antécédents personnels les plus fréquents étaient les épigastralgies et l’hypertension, soit 27,27 % des cas. Parmi les patients ayant des antécédents, trois étaient sous antihypertenseurs pour l’hypertension et un était sous corticothérapie pour l’arthrose.

Les troubles de la conscience observés chez l’ensemble des patients se répartissaient comme suit : 72,73%

des patients (16) étaient obnubilés, 18,18% étaient en état de stupeur et 9,09% étaient dans le coma. Parmi les patients interrogés, 50 % étaient en surpoids. Une tachycardie était retrouvée chez 50% des patients.

Une polypnée était présente chez 81,82% de nos patients. Une désaturation en oxygène a été retrouvée chez 81,82% de nos patients. Une hyperthermie a été retrouvée chez 8 de nos patients soit 36,36% des

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cas et une fièvre était présente chez 3 de nos patients soit 13,64%. Une hypertension artérielle et une hypotension artérielle ont été retrouvées dans 22,73%

des cas. La dyspnée de Kusmaull était présente chez 81,82% de nos patients.

Une respiration cétosique était présente chez tous nos patients. Un hoquet a été trouvé chez un patient.

Les signes de choc les plus fréquents étaient les troubles de la vigilance dans 100% des cas suivis de la tachycardie dans 50% des cas. L’hypotension artérielle et la froideur des extrémités étaient présentes dans 22,73% et 27,27% des cas respectivement.

Une déshydratation globale (extracellulaire et intracellulaire) était présente chez 13 patients soit 59,1% des cas.

• Caractéristiques paracliniques:

Le bilan paraclinique a été réalisé au cas par cas. Il comprenait : glycémie capillaire et veineuse, cétonurie sur bandelettes urinaires, NFS, ionogramme sanguin, urée-créatinine. Les gaz du sang n’ont pas été réalisés par manque de moyens techniques. La figure 2 montre la répartition des patients en fonction de la réalisation des différents examens complémentaires.

L’hyperglycémie était présente chez tous nos patients avec une moyenne de 25,66 mmol/L et des extrêmes allant de 14,99 à 45,26 mmol/L.

Il y’avait 6 patients avec une anémie légère (10-11 g/

dl) et un seul patient avec une anémie modérée à 9g/dl d’hémoglobine. Une hyperleucocytose a été trouvée chez 16 patients, soit 72,73 %.

Une cétonurie à quatre croix était présente chez 54,55

% des patients, suivie d’une cétonurie à trois croix chez 36,36 % des patients et d’une cétonurie à deux croix chez 9,09 % des patients.

Quinze patients ont subi un ionogramme sanguin.

Parmi ces patients, 10 avaient une hyponatrémie (<135mmol/L), soit 45,45%, dont un avait une hyponatrémie sévère (122mmol/L), soit 4,55%. Deux patients présentaient une hypokaliémie (<3,5 mmol/L) ou 9,09% et une seule personne présentait une hypo- osmolarité (<280mosm) ou 4,55%. Les patients présentant une hyperkaliémie étaient au nombre de 6 (>6mmol/L), soit 27,27%. L’hyperosmolarité

(>303mosm) a été trouvée chez 3 patients ou 13,64%

et un patient avait une hypernatrémie (>145mmol/L) ou 4,55%.

Sur les 21 patients ayant subi une évaluation rénale, 9 présentaient une hyperazotémie (>7,5mmol/L), 18 une créatinine élevée (>110mmol/L) et 19 une faible clairance de la créatinine (<80ml/min).

• Facteurs de décompensation:

Les facteurs les plus fréquemment retrouvés sont : l’infection dans 72,73%, l’effort physique dans 4,55%.

Les différentes infections retrouvées sont le paludisme dans 27,27%, la plaie infectée dans 22,72%, la gastro- entérite aiguë dans 9,09%, l’abcès cutané, le panaris et la pneumopathie dans 4,55% des cas.

• Prise en charge thérapeutique:

L’oxygénothérapie a été nécessaire pour 4 de nos patients soit 18,18%. Le masque facial a été utilisé avec de l’oxygène à 6L/min.

Le déficit hydrique et électrolytique a été corrigé par du sérum salé isotonique à 0,9% chez tous nos patients soit 100% et parmi eux, 8 ont bénéficié de l’apport de sérum glucosé à 5% (si glycémie ≤ 2,5g/L) soit 36,36%.

Tous nos patients ont reçu une insulinothérapie IV avec un pousse-seringue électrique à la dose de 10 UI/h d’insuline rapide (Actrapid) jusqu’à la négativation de la cétonurie selon le protocole du service.

Une antibiothérapie à base de céphalosporines de 3ème génération (Ceftriaxone) a été administrée chez 18 patients, soit dans 81,82% des cas à la dose de 2g/24h pendant 5 jours.

Des antipaludéens ont été utilisés chez 6 patients, soit dans. 27,27% des cas ; la molécule utilisée était l’arthemeter-lumefantrine selon le protocole national.

• Evolution

L’évolution a été marquée par la survenue de 3 cas de décès, soit un taux de mortalité de 13,64%. La cause probable du décès était un accident vasculaire cérébral ischémique dans un cas et un choc septique dans les deux autres cas.

La durée moyenne d’hospitalisation était de 6 jours avec des extrêmes de 2 et 11 jours.

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Tableau I : Répartition des patients par tranche d’âge

Tranche d'âge (année) Effectif Pourcentage %

[15; 24] 3 13,64

[25; 34] 5 22,73

[35; 44] 5 22,73

[45; 55] 8 36,36

>55 1 4,55

Total 22 100,00

La tranche d’âge 45-55 ans était la plus représentée avec un taux de 36,36%.

Tableau II : Répartition des patients selon leur origine

Provenance Effectif Pourcentage (%)

CUN 20 90,91

Hors CUN 2 9,09

Total 22 100

La majorité des patients provenait de la commune urbaine de Niamey, soit 90,91% des cas.

Figure 1 : Distribution des patients par motif d’admission

Les troubles de la conscience, la perte de poids et la polyurie-polydipsie étaient présents chez tous nos patients, soit 100%. L’asthénie était présente chez 18 patients soit 81,82%.

Figure 2 : Distribution des patients en fonction de la réalisation des examens complémentaires.

Tous les patients ont effectué un bilan standard.

Discussion

Il s’agit d’une étude prospective sur six mois qui a concerné 22 patients admis au SAU de l’hôpital national de Niamey pour une acidocétose diabétique sévère inaugurale. Cette étude a été réalisée dans un contexte de plateau technique insuffisant pour réaliser certains examens importants tels que :

- Le pH

- Le dosage du bicarbonate - Les gaz du sang

- L’ionogramme urinaire

• La prévalence

Dans cette étude, la prévalence hospitalière de l’acidocétose diabétique sévère inaugurale est de 27%.

Cette prévalence est inférieure à celle de Leye Y.M. et al au Sénégal en 2016 qui avait trouvé la prévalence de l’acidocétose diabétique inaugurale de 38,24% [9].

Le petit échantillon de notre étude pourrait expliquer cette différence.

• Sexe

Dans la série, le sexe féminin était prédominant dans 54,55%. Ce résultat est inférieur à celui de Maayouf M. en Tunisie en 2008 qui a trouvé une prédominance féminine à 78% [10]. Nos chiffres sont différents de ceux de Ach Taieb et al en Tunisie en 2017 [11] et Monabeka HG et al au Congo en 2001 [7] qui ont trouvé une prédominance masculine dans 68% et 81% des cas respectivement.

• Âge

Dans cette étude, l’âge moyen était de 38,23 ans avec des extrêmes de 18 et 57 ans. Le groupe d’âge 45-55 ans était le plus touché avec 36,36% des cas.

Nos résultats sont similaires à ceux trouvés dans la littérature [5 ; 10].

Le jeune âge des patients retrouvé dans toutes ces études pourrait être expliqué par le fait que l’ACD inaugure le plus souvent un diabète de type 1 ou un diabète juvénile.

• Motifs d’admission

Nos résultats ont montré que tous nos patients ont été admis pour à peu près les mêmes raisons. Ceci pourrait s’expliquer par le fait que la perte de poids, la

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polyurie et la polydipsie sont des signes du syndrome cardinal du diabète. Nos données concernant les vomissements et les douleurs abdominales sont cohérentes avec la littérature montrant une prévalence élevée des signes digestifs dans l’acidocétose [12].

• Antécédents familiaux

Dans cette étude, les antécédents familiaux de diabète et d’hypertension étaient présents dans 31,82% et 13,64% des cas respectivement. Nos résultats sont inférieurs à ceux de Damouné I. et al et H. El Jadi et al au Maroc en 2014 et 2015 qui avaient retrouvé des antécédents familiaux de diabète dans 61,1% et 52,4%

des cas respectivement [13 ; 14]. Ces différences de résultats pourraient être expliquées d’une part par la petite taille de notre échantillon et d’autre part le faible dépistage de cette pathologie dans notre pays.

• Antécédents personnels

Dans notre série, nous avons retrouvé des antécédents personnels d’AH dans 27,27% des cas et une corticothérapie au long cours dans 4,55% des cas.

Cette tendance est inférieure à celle de H. El Jadi et al au Maroc en 2015 qui ont retrouvé des antécédents personnels d’HTA et de corticothérapie au long cours dans 33,3% et 14,3% des cas respectivement [15].

Cette différence pourrait être expliquée par un faible dépistage dans notre pays.

• Durée de l’évolution des symptômes

La durée moyenne des symptômes était de 17,73 jours avec des extrêmes de 2 et 60 jours. Nos chiffres sont plus élevés que ceux d’El Mehdawi R. et al en Libye en 2007 qui ont rapporté une durée moyenne des symptômes avant l’admission de 2,7 jours avec des extrêmes de 1 et 10 jours [15]. Nos résultats pourraient s’expliquer par le fait que les patients ne sont pas éduqués à reconnaître les signes du diabète afin de consulter et d’être pris en charge précocement.

IMC

Dans cette série, 31,81% des patients avaient un IMC

≤25kg/m2, 50% avaient un IMC entre 25 et 30kg/m2 et 18,19% avaient un IMC >30kg/m2.

Cette tendance est différente de celle de H. El Jadi et al au Maroc en 2015 qui avaient trouvé 28,6%

des patients avec un IMC ≤25kg/m2, 42,9% des

patients avec un IMC entre 25 et 30kg/m2 et 33,3%

des patients avec un IMC>30kg/m2 [14]. En effet, les habitudes alimentaires de la population maghrébine constituent un facteur favorisant la survenue de l’obésité. Ces mauvaises habitudes alimentaires pourraient expliquer ces résultats.

• Etat de conscience

Nos résultats sur l’état de conscience de nos patients à l’admission sont similaires à ceux de Sarr A. et al au Sénégal en 2010 qui ont rapporté une obnubilation dans 71,2% des cas, une stupeur et un coma profond dans 10,9% des cas [9].

Par contre, nos résultats sont supérieurs à ceux de Mahamane S. et al au Niger en 2020 avec 19,2%

des patients obnubilés et 8% des patients en coma profond [5]. Ceci pourrait être expliqué par le fait que notre étude ne concernait que les cas d’acidocétose sévère. La présence de troubles de la conscience était une indication de la sévérité de l’acidocétose.

• Fréquence cardiaque

La tachycardie a été retrouvée dans 50% des cas.

Notre chiffre est inférieur à celui de Mohamed A. au Maroc en 2015 [16] et de Garba A. au Niger en 2020 [17] qui avaient trouvé une tachycardie dans 63% et 54,5% des cas.

Souffle systolique, fréquence respiratoire et dyspnée de Kusmaull.

La polypnée, la dyspnée de Kusmaull et le souffle cétosique sont des signes qui accompagnent le plus souvent l’acidocétose diabétique. Ils sont induits par la cétose et sont corrélés à la sévérité de l’acidose [1 ; 8]. Le bilan de santé non systématique dans notre pays et le retard de consultation des patients expliqueraient ce taux très élevé de patients admis avec ces signes de gravité. En effet, 81,82% des patients présentaient une dyspnée de Kusmaull et tous avaient une haleine cétosique. Notre résultat est supérieur à celui de Maayouf M. en Tunisie en 2008 [13] et de Simaga T. au Mali en 2008 [18] qui avaient trouvé un souffle cétosique dans respectivement 44,44% et 69,5%

des cas. Cependant, compte tenu de nos réalités très similaires, ce résultat est similaire à celui de Placide K. et al au Congo démocratique en 2013 [19] qui

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avaient trouvé une dyspnée de Kusmaull dans 80,4%

des cas.

• Température

La fréquence élevée de l’hyperthermie pourrait s’expliquer par le fait qu’elle est liée à l’infection.

Cette dernière est l’une des principales causes de décompensation du diabète. Nos résultats sont similaires à ceux trouvés dans plusieurs études [6, 20].

• Signes de déshydratation

Les pertes hydro électrolytiques par les vomissements et la diurèse osmotique seraient à l’origine de la déshydratation fréquemment retrouvée dans la symptomatologie de l’acidocétose. Elle prédomine dans le secteur extracellulaire mais peut également être intracellulaire [10]. Dans notre étude, 50% des patients étaient déshydratés.

• Facteur de décompensation

La décompensation de l’acidose est une complication hyper glycémique aiguë résultant d’une profonde carence en insuline. Cette carence en insuline peut être absolue, comme dans le cas de la découverte d’un diabète de type 1, ou relative, chez un patient diabétique de type 1 ou 2 dont les besoins en insuline augmentent brutalement. La principale cause de cette décompensation retrouvée dans notre étude est l’infection (72,73%). Les infections retrouvées étaient le paludisme dans 27,27% des cas, la plaie infectée dans 22,72% des cas, la gastro-entérite dans 9,09%

des cas, l’abcès cutané, le panaris et la pneumopathie dans 4,55% des cas. Cette situation ne peut s’expliquer que par notre contexte socio-économique de sous- développement.

• Évaluation paraclinique

Aux urgences, le diagnostic peut être posé en quelques secondes grâce à quelques examens complémentaires, tels que la glycémie capillaire et les bandelettes urinaires. Cependant, d’autres explorations sont indispensables à la prise en charge. C’est le cas des ionogrammes sanguins et urinaires, de la fonction rénale, de la numération formule sanguine, de l’hémoglobine glyquée, des gaz du sang qui ne sont pas disponibles dans notre clinique. Les résultats de

ce bilan réalisé chez nos patients ont confirmé l’état critique dans lequel ils ont été admis aux urgences.

Prise en charge thérapeutique

Au cours de l’étude, tous nos patients ont reçu une réanimation liquidienne et électrolytique avec du sérum physiologique isotonique à 0,9 % et du glucose à 5 % lorsque la glycémie était inférieure à 2,5 g pendant la surveillance. Une insulinothérapie a été initiée chez tous nos patients à une dose de 10 UI/h en IV selon le protocole du service. Cette prise en charge était conforme à celle de l’acidocétose décrite dans la littérature [4 ; 6 ; 11 ; 16].

Une antibiothérapie a été initiée chez 81,82% de nos patients et des antipaludéens ont été administrés chez 27,27% de nos patients. L’oxygénothérapie a été nécessaire pour 18,18% de nos patients. Nos résultats sont différents de ceux de Garba A. et al au Niger en 2020 qui ont rapporté une antibiothérapie chez 72,7%, des antipaludéens chez 45,5% et une oxygénothérapie chez 18,2% [17].

La fréquence régulière et prédominante des infections bactériennes et du paludisme comme facteur de décompensation expliquerait la mise en route d’un traitement antibiotique et antipaludique.

• Evolution

Dans cette étude, la durée moyenne d’hospitalisation était de 6 jours avec des extrêmes de 2 et 11 jours.

Ce résultat est similaire à celui de Maayouf M. en Tunisie en 2008 qui a rapporté une durée moyenne d’hospitalisation de 5 jours avec des extrêmes de 1 et 13 jours [7].

L’évolution était favorable dans 86,36% des cas et 3 décès ont été enregistrés soit un taux de mortalité de 13,64% des cas. Nos résultats sont superposables à ceux d’Attouche A. en Algérie en 2017 [14] qui avait rapporté une évolution favorable respectivement dans 89% des cas. Une prise en charge bien codifiée et une surveillance régulière permettraient une bonne évolution clinique et paraclinique de l’acidocétose.

Conclusion

L’acidocétose diabétique sévère inaugurale est une

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pathologie assez fréquente aux urgences de l’hôpital national de Niamey. Elle constitue une urgence thérapeutique et doit être systématiquement évitée par un dépistage précoce du diabète. Sans une prise en charge rapide et optimale, l’acidocétose diabétique entraîne une mortalité élevée.

*Correspondance

MAIKASSOUA Mamane maikassouamamane@gmail.com Disponible en ligne : 24 Janvier 2022

1 : Faculté des sciences de la santé, Université Dan Dicko Dankoulodo de Maradi

2 : Faculté des sciences de la santé, Université Abdou Moumouni de Niamey

3 : Faculté des sciences de la santé, Université de Zinder 4 : Hôpital Général de Référence de Niamey

5 : Hôpital National de Zinder

© Journal of african clinical cases and reviews 2022 Conflit d’intérêt : Aucun

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