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DU MÊME AUTEUR dans la même collection LES MAHUZIER EN AFRIQUE

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Academic year: 2022

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DU MÊME AUTEUR dans la même collection LES MAHUZIER EN AFRIQUE

PRINTED IN FRANCE

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CHAPITRE PREMIER

EN ROUTE VERS LE PAYS DES KANGOUROUS

D

DEUX ans ont passé depuis que la famille Mahuzier a vécu sa première merveilleuse aventure (1).

Quand on a traversé l'Afrique en famille, chassé dans la forêt des Pygmées et planté la tente au milieu des buffles et des élé- phants, comme la vie peut paraître fade entre quatre murs ! demander : Luc (dix ans) et Alain (quatre ans et demi) ne cessent de

(1) Voir Les Mahuzier en Afrique, ouvrage paru dans la même collection.

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— Alors, maman, quand papa va-t-il nous emmener faire un autre voyage?

Au collège, à Boulogne-sur-Seine, Yves (seize ans) et François (quatorze ans) laisseraient volontiers les études classiques pour reprendre le grand livre de la brousse. Et puis, ils commencent à ne plus avoir le même succès auprès de leurs camarades avec leurs souvenirs d'Afrique.

Quant à papa et Louis (vingt-cinq ans), ils ont commenté près de mille fois à eux deux les films en couleurs de l'expédition, au cours de leurs deux saisons de conférences.

— Je commence à avoir une indigestion de gorilles, avoue Louis. Il serait temps de changer de menu !

Philippe (vingt-trois ans) vient juste de rentrer du service mili- taire.

Du côté des demoiselles, Jacqueline (vingt et un ans), Anne (dix-neuf ans) et Janine (dix-huit ans), apparemment aucun projet de mariage.

— Alors, papa, qu'attendons-nous pour repartir?

Et, depuis Louis jusqu'à Alain, les neuf enfants Mahuzier piaffent d'impatience.

Un jour, enfin, papa rentre de tournée, l'air mystérieux et réjoui. Luc, toujours fureteur, l'épie dans son bureau. Papa vient de placarder une magnifique carte en couleurs sur le mur, près de l'immense carte d'Afrique. Luc, triomphant, annonce la nouvelle :

— Eh! Venez tous voir, je sais où nous irons la prochaine fois!

Je suis le premier à le savoir!

En un clin d'oeil, la famille dévale les deux étages du pavillon et se retrouve au bureau.

— L'Océanie, clame Janine, je m'en doutais!

— Papa, irons-nous chez les Papous? demande Yves.

— Ou plutôt à Tahiti? interroge Louis.

— Oui, oh! oui, approuve Anne. Comme cela, nous pourrons bronzer!

— Allons, du calme, interrompt papa, vous n'y êtes pas, mes enfants. Vous ne voyez donc pas cette île immense qui crève les

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yeux sur la carte, une île quatorze fois plus grande que la France ? — L'Australie?

— Exactement.

— Oh! Chic! dit Jacqueline, le pays des kangourous. Tu verras, Alain, les mamans kangourous portent leur bébé dans une grande poche sur le ventre.

— Et nous allons rapporter des boomerangs, dit François.

— Et maman nous cuisinera de succulents gigots, ajoute Louis ; il paraît qu'il y a des millions de moutons.

— Nous irons vérifier tout cela sur place, conclut papa. Mais parlons plutôt sérieusement! Je vous annonce que j'ai retenu onze places sur l'Oceania, qui appareillera, le 11 novembre, de Gênes, en direction de Freemantle, par le canal de Suez et l'océan Indien...

— Alors, nous ne traverserons pas le Pacifique ? interroge Janine.

— ... et si tout va bien, nous reviendrons pas Tahiti et le canal de Panama.

— Hurrah!

— Ce sera formidable !

— Et nous aurons fait le tour du monde ! ajoute Philippe.

— Mais oui, mes enfants, le Tour du Monde, reprend papa avec émotion. Nous sommes réunis là tous les onze aujourd'hui. Vous n'y pensez pas, mais, votre maman et moi, nous savons bien que bientôt il y aura des mariages, des services militaires qui nous sépareront, et la vie nous dispersera. Alors j'ai pensé que nous pourrions une dernière fois, tous ensemble, faire le plus beau voyage de notre vie. Et tant mieux si ensuite nous réussissons à en faire d'autres! Etes-vous d'accord pour partir?

— Oui, oui!

Toute la famille applaudit dans un concert d'enthousiasme, les filles sautent au cou de papa et l'embrassent.

— Et maintenant, plus de temps à perdre, il y a du travail pour tout le monde ! Il nous reste à peine quelques mois pour préparer ce départ!

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Personne ne renâcle et chacun, pendant les semaines qui sui- vent, met sa bonne volonté au service du chef d'équipe pour la préparation de cette seconde expédition familiale.

— D'abord les voitures, explique papa à Louis, notre chef mécanicien. Je fais remettre à neuf une des camionnettes d'Afrique et j'en achète une neuve, car je veux avoir le moins possible d'ennuis mécaniques.

— Mais cela ne fera que deux « mille kilos Renault » ! En Afrique nous en avions trois, remarque Louis.

— L'expédition d'Afrique nous a enseigné que nous avions emporté du matériel inutile. Nous le réduirons donc au minimum.

Et cela nous rendra beaucoup plus mobiles. Louis, tu vas établir la liste des pièces de rechange, les mêmes pour les deux camion- nettes, ce qui représente un énorme avantage. — Aurons-nous de mauvaises routes?

— Certainement aussi dures qu'en Afrique, exception faite pour la traversée du Sahara.

— Je prévois donc des lames de ressorts de rechange. Nous en avions remplacé vingt-cinq en tout, en Afrique!

— D'accord. Maintenant, passons à l'étude du matériel.

— Jamais tout ne tiendra dans deux voitures! s'affole maman.

— Mais si, mais si ! Vous connaissez ma méthode infaillible : la liste. Etablissez des listes précises que je vérifierai pour que nous n'emportions rien d'inutile, sans pour autant rien oublier. Et mettez-vous bien dans la tête que le poids, c'est l'ennemi !

— Notre matériel de camping sera en tout cas bien moins lourd, affirme Philippe, chargé du montage des camps : nous avons commandé de nouvelles tables et des chaises moins encom- brantes, et le tissu des tentes est beaucoup plus léger. Quel genre de climat trouverons-nous?

— En général chaud ou tempéré. Mais méfions-nous de l'hiver dans le Sud australien. Prévoyez couvertures et vêtements de laine.

— Albert, t'es-tu renseigné sur les maladies du pays ? demande maman. Devrai-je emporter de la quinine contre le paludisme? Il faut absolument s'en assurer.

— Inutile, répond papa, l'ambassade m'a affirmé qu'il n'y a pratiquement pas de paludisme en Australie. Le climat nous paraîtra nettement plus sain que celui d'Afrique centrale.

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— Quelle langue parle-t-on en Australie? demande Luc.

— L'anglais, certainement, répond Janine. Vous allez pouvoir réaliser de grands progrès en langues vivantes.

Janine, toute fraîche bachelière, est chargée des études de ses jeunes frères. Ils emporteront leurs livres de classe et suivront des cours par correspondance. Et en attendant le 11 novembre, jour fixé pour le départ, Yves, François et Luc iront un mois et demi en classe. La durée de cette année scolaire leur convient tout particulièrement, et ils font bien des envieux à l'école! — Emportons nos dictionnaires et notre méthode Assimil, dit Jacqueline. Nous aurons le temps de perfectionner notre voca- bulaire sur le bateau, pour nous débrouiller ensuite dans les magasins australiens.

Chacun apporte ainsi ses suggestions. Le travail avance en équipe. Visite de la douane, obtention des permis de conduire internationaux et des passeports, toutes ces longues démarches indispensables se passent pour le mieux.

Le matériel s'empile au garage ; Louis et Philippe entreprennent des essais de chargement des camionnettes.

Un jour, un fabricant d'articles de sports livre un lot de paquets encombrants. Louis et Philippe, ahuris, déballent des planches, des vis, des boudins pneumatiques aux formes bizarres.

— Chut! dit papa, c'est mon invention secrète pour remonter les rivières des territoires du Nord. Chargez les sacs sur les galeries des camionnettes!

Un autre jour, on livre de petits sachets contenant des cristaux bleutés.

— Tiens, papa a fait provision de gros sel ! constate Janine ; et elle se prépare à ranger les sachets dans la cantine-cuisine.

Papa survient à temps :

— Malheureuse, c'est mon gel de silice, un produit pour conserver la pellicule à l'abri de l'humidité!

— Qu'est-ce que j'allais faire! s'écrie Janine en pouffant de rire.

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Le matériel finit par se trouver rassemblé au complet. On charge les voitures pour de bon.

Papa est fier d'un nouveau téléobjectif de 300 mm qui doit lui permettre de filmer de loin les plus petits oiseaux. Mais la boîte prendra de la place sur la banquette arrière, car papa dé- sire la garder toujours à portée de main. Tant pis, on se serrera.

Alain et Luc glissent le plus discrètement possible leurs pe- tites valises de jouets parmi les bagages, car papa a sérieusement rationné ce genre de colis.

Anne, Janine et Jacqueline rajoutent leur inévitable petit sac précieux par-dessus les arri- mages bien réguliers de Louis et Philippe qui pestent.

Maman ferme les compteurs de la maison.

Adieu aux grands-parents, aux amis! Adieu à l'école et aux soucis ! Une nouvelle fois la famille Mahuzier met la clef sous la porte pour une durée illimitée et va chercher l'Aven- ture!

Direction le pays des kangou- rous, en avant toutes !

Premier objectif : Gênes, par la route.

Sitôt atteinte la grande cité

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italienne, nous filons vers le port, brûlant d'admirer notre paque- bot.

— Deux grosses cheminées noires, est-ce lui? demande François.

— Non, le Lloyd Triestino a des cheminées blanches.

— Ah! j'en aperçois une, an- nonce Yves. Encore trois cents mètres !

— Oceania, c'est lui! lit Luc.

— Il est entièrement blanc!

— Quelle jolie ligne, quel profil aérodynamique!

— Et pourtant, il semble énorme !

— Espérons alors qu'il tiendra bien la mer! glisse maman.

— Pendant que je m'occupe des voitures avec Louis, dit papa, prenez quelques bagages à main et montez à bord recon- naître les cabines. Tiens, Janine, voici nos billets d'embarque- ment. Ne les égare pas.

Quelle joyeuse émotion, lors- que nous sentons la passerelle ployer et se balancer sous notre poids! Nous voici à bord. Tout est blanc, impeccable, fraîche- ment repeint. Un steward nous conduit vers nos trois cabines.

— Une pour les parents et les petits ; une pour les filles et une

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pour les quatre garçons, décide maman. Et maintenant, les grands, faites un second tour de bagages, pendant que nous installons les cabines ! Quelques heures plus tard, nous venons de prendre notre pre- mier déjeuner dans l'immense salle à manger climatisée, quand Louis nous appelle sur le pont.

— Venez voir nos voitures qui embarquent. Elles sont accro- chées en plein ciel, comme des araignées ; elles paraissent minus- cules.

— Pourvu que la corde ne casse pas ! dit Luc.

— Ne t'en fais pas, ce sont des câbles solides!

Les deux camionnettes disparaissent comme de petits cubes dans le gouffre béant de la cale.

Un bruit de trompe nous fait brusquement nous retourner. Un autre paquebot de la compagnie, le Castel Bianco, accoste. Les deux géants se frôlent, les marins s'interpellent :

— Nous rentrons d'Amérique du Sud! Belle mer!

— Nous partons pour l'Australie!

Mais la conversation se perd dans le vacarme assourdissant des cornes marines, de la musique et des ordres brefs hurlés par les haut-parleurs.

A présent, on a retiré la passerelle et les matelots déjà larguent les amarres. Deux minuscules remorqueurs, à bâbord, se cabrent, fumant rageusement de toutes leurs cheminées, et semblent s'arc- bouter pour nous tirer vers le large.

Majestueusement l'Oceania se déhale du quai, pivote, glisse lentement d'abord, puis plus vite ; la trépidation des machines augmente, l'étrave fend régulièrement la baie. Nous sortons du port, et, inondés de joie et de soleil, nous quittons les rivages d'Italie pour accomplir notre tour du monde !

Notre traversée doit durer vingt-quatre jours. Rapidement, nous nous adaptons au rythme de la vie à bord. Quoi de plus agréable et de plus confortable qu'une traversée en mer ? Par beau temps, s'entend! A ce point de vue, nous sommes gâtés. Nous avons quitté Paris qui s'installait dans l'hiver, et déjà, le long des

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côtes d'Italie, nous passons une partie de notre temps à nous dorer au soleil.

L'autre partie est occupée à dormir et à manger. La salle à manger, transformée en véritable usine à nourriture, se remplit trois fois de suite.

— Bambini, cartoline bianche, cartoline verde (1), annoncent les stewards en agitant leurs clochettes.

Nous appartenons au dernier service, celui des « verde ».

Nous sommes près de six cents passagers dans la seule classe touriste. Nos compagnons de route sont pour la plupart de pauvres habitants de Calabre ou de Sicile qui émigrent et vont chercher meilleure fortune en Australie.

Nous les avons embarqués à Naples et à Messine, nos deux pre- mières escales, au cours desquelles nous n'avons pas manqué de faire des excursions inoubliables.

De retour à bord, nous avons assisté aux adieux déchirants de tous ces émigrants. Et nous n'avons pu nous défendre d'une pro- fonde compassion, en les voyant agiter leurs grands mouchoirs blancs à la poupe de l'Oceania, longtemps, longtemps, jusqu'à ce que le phare, le port, la côte elle-même ne soient plus que des points minuscules !

— Nous n'allons pas nous roussir comme des lézards au soleil pendant vingt-quatre jours, déclare papa. Venez voir sur le gail- lard d'avant : j'ai découvert une petite plage épatante où nous pourrons établir notre quartier général en toute tranquillité.

Et papa nous conduit à travers couloirs et coursives vers son coin isolé. Le travail familial s'organise. Papa dicte ses souvenirs de Résistance à sa secrétaire Jacqueline. Janine ouvre l'école Mahuzier.

— Géographie, l'Italie. Rédaction : au choix, la visite de Naples ou de Messine.

— L'air d'Italie doit être tout à fait propice aux versions latines! ajoute Philippe.

Yves, François et Luc s'exécutent sans trop rechigner. Les récréations ne manquent pas. Elles consistent à humer l'air du

(1) Enfants, cartes blanches, cartes vertes.

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large, à la proue du bateau, face au vent qui vous renverse presque, en regardant les poissons volants qui semblent naître sous l'étrave du navire, dans l'écume dorée des vagues.

L'Oceania franchit de nuit le canal de Suez que nous connaissons

déjà, puis fonce plein sud à travers la mer Rouge qui s'obstine à rester d'un bleu outrancier. La chaleur demeure forte, dans cette mer fermée, même au mois de novembre ! Dans l'ouverture d'une cale a été tendue une piscine de toile, et notre famille s'y précipite la première.

— Aïe, mes yeux ! gémit François, ça pique !

— Elle est horriblement salée !

— Pas étonnant, explique Janine, c'est la mer la plus salée du globe ! A Aden, où nous faisons escale à la sortie de la mer Rouge, nous décidons de faire un tour rapide dans la ville. Nous longeons la rue pour touristes, animée mais banale, quand Louis nous tire

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vers les petites ruelles de derrière ; et qu'y découvrons-nous ? les habitants ont tiré dehors claies, matelas ou simples nattes, et dorment dans la rue, tout tranquillement, au frais, à la belle étoile !

— Quel heureux pays ! chuchote papa : pas besoin de clef pour fermer son appartement!

L'escale suivante nous fait faire connaissance, trop rapidement, hélas! avec l'Asie de légende. Au cours d'une rapide visite de Colombo, nous croisons des éléphants au milieu de la route et prenons le temps de pénétrer dans un temple bouddhique, guidés par un superbe bonze à tête rasée, qui se drape dans son voile orange.

— C'est notre troisième continent, constate Janine : l'Europe, l'Afrique à Suez, et maintenant l'Asie (déjà abordée à Aden) ; l'Australie se trouve en Océanie, et si nous rentrons par Panama, nous toucherons l'Amérique, ce sera merveilleux!

A Djakarta, nous ne pourrons guère nous promener, mais l'entrée dans le détroit de la Sonde restera une des visions les plus enchanteresses de notre voyage.

Des petites îles boisées, touffues, semblent se resserrer autour du navire. En les approchant, nous découvrons d'adorables îlots couverts de cocotiers, ceinturés de sable jaune et délicatement posés sur les eaux vertes du lagon qui les entoure, comme sur un écrin.

Passé l'Indonésie, nous entamons la dernière étape de la tra- versée.

Le vent fraîchit un peu. L'appétit diminue à table. D'ailleurs, Louis se plaint de la monotonie du menu :

— C'est au moins la vingtième fois qu'on nous sert du mines- trone !

— Moi, j'aime bien cette soupe avec des pois chiches et toutes sortes de légumes, lui répond Philippe.

— Ah ! non ! rétorque Louis, basta minestrone, basta macaroni (assez de minestrone, assez...). A la rigueur, je reprendrai bien un gelato (une glace).

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Le 5 décembre au matin, enfin, après avoir avalé vingt-cinq fois l' « insalata mista » (salade variée) et le minestrone, nous nous réveillons avec la sensation de quelque chose d'insolite : le bateau ne bouge plus du tout.

Nous nous précipitons sur le pont. L'Oceania a mouillé l'ancre en attendant la marée favorable. Et devant nous, à plusieurs milles, s'étend une côte plate, uniforme, sablonneuse. Qu'importe, nous la saluons comme la Terre promise.

Et, bouillants d'impatience, nous nous préparons à débarquer à Freemantle, port de l'Australie de l'Ouest. Finie, la croisière pour touristes; à nous l'Aventure!

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CHAPITRE II

DU SOLEIL ET DES CRÈMES GLACÉES

u N soleil radieux darde sans pitié ses rayons sur les quais de Freemantle.

— On se croirait en plein été, dit Luc.

— Mais c'est précisément l'été austral qui commence, explique Janine. Le mois de décembre, dans l'hémisphère Sud, correspond à notre mois de juin !

— J'aperçois nos valises et nos cantines près de la douane, indique Louis.

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— Oui, mais auparavant nous devons tous suivre la file pour les formalités d'immigration. Prenez vos passeports à la main et suivez-moi par rang d'âge ! demande papa.

Tous les émigrants doivent d'abord passer à la queue leu leu une inspection médicale sommaire.

Au bureau suivant, un policier interroge papa sur nos identités et lui demande jusqu'au nom et à l'adresse de nos grands-parents.

Enfin bien enregistrés et étiquetés, nous pensons en avoir fini avec les difficultés. Hélas ! elles ne font que commencer. Papa doit payer une forte caution qui ne lui sera remboursée que lors- qu'il rembarquera son matériel de cinéma. Puis on veut lui confisquer tous ses films impressionnés.

— Mais, monsieur, ce sont nos souvenirs de famille filmés sur le bateau!

— Rien à faire, tous les films doivent passer à la censure ! A présent, papa discute pour pouvoir faire entrer ses voitures en Australie. On lui réclame des taxes exorbitantes. Et papa perd patience quand arrive un jeune homme, tout souriant :

— Monsieur Mahuzier, sans doute? Je me présente : Lloyd Callard, représentant la marque Renault à Perth. Votre arrivée m'a été annoncée. Que puis-je faire pour vous aider?

— Ah! monsieur Callard, vous arrivez à pic pour nous tirer d'embarras!

Grâce à l'obligeance de notre hôte, toutes les difficultés s'apla- nissent. Nous pouvons enfin embarquer dans les camionnettes et quitter le port. Nous avons fait huit heures de queue !

— Ouf! Vous devez avoir soif ; venez donc goûter à notre bonne bière australienne, c'est la boisson nationale!

Tout joyeux, nous suivons M. Callard jusqu'à un « hôtel ».

— Nous devrons entrer au salon, explique-t-il, un peu gêné : ici les dames ne peuvent pas se trouver dans un bar en même temps que les hommes ; c'est la loi. Toute la famille s'engage donc vers le « salon ». Un garçon d'hôtel, en nous voyant, se lance dans des explications compli- quées.

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— Sorry, désolé, traduit M. Callard, les moins de dix-huit ans ne peuvent boire ici de boisson alcoolisée !

Janine se dévoue pour emmener ses jeunes frères, assez dépités, à la recherche d'une boisson douce.

Un quart d'heure plus tard, nous les retrouvons près des voi- tures, ravis, se pourléchant les babines et d'énormes cornets de glace à la main !

— Maman, crie Luc, viens goûter : nous avons trouvé des ice- creams délicieux et pas chers! Nous avions tellement chaud que nous avons dû en acheter des « doubles ».

La découverte de ces succulentes crèmes glacées, entièrement au lait, représentera la plus belle récompense de nos longues attentes. Et, pendant neuf mois, nous pourrons nous en régaler dans les six Etats d'Australie.

— Ce qu'il nous faudrait maintenant, c'est un coin d'herbe pour installer le camp ! demande papa à notre nouvel ami.

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Ce livre LES MAHUZIER EN AUSTRALIE de Philippe Mahuzier illustré par Raoul Auger est le cent soixante-dix-huitième de la

BIBLIOTHÈQUE ROUGE ET OR Série " Souveraine "

Il a été imprimé pour la

Société Nouvelle des Éditions G. P.

à Paris sur les presses de G. Maillet et C à Saint-Ouen

Photogravure S.T.O.

Dépôt légal n° 957 - 1 er trimestre 1962 Mai 1962

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