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«Ma folie à moi, c est d espérer» (Ste Thérèse de Lisieux)

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Academic year: 2022

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Soirée CAP du 09 octobre 2019 – © Groupement paroissial de Montrevel

« Ma folie à moi, c’est d’espérer »

(Ste Thérèse de Lisieux)

Prélude

« Quelle ne faut-il pas que soient ma grâce et la force de ma grâce pour que cette petite espérance, vacillante au souffle du péché, tremblante à tous les vents, anxieuse au moindre souffle,

soit aussi invariable, se tienne aussi fidèle, aussi droite, aussi pure ; et aussi invincible, et immortelle, et impossible à éteindre ; que cette petite flamme du sanctuaire.

Qui brûle éternellement dans la lampe fidèle.

Une flamme tremblotante a traversé l’épaisseur des mondes.

Une flamme vacillante a traversé l’épaisseur des temps.

Une flamme anxieuse a traversé l’épaisseur des nuits. (…)

Une flamme impossible à atteindre, impossible à éteindre au souffle de la mort.

Ce qui m’étonne, dit Dieu, c’est l’espérance.

Et je n’en reviens pas.

Cette petite espérance qui n’a l’air de rien du tout.

Cette petite fille espérance. Immortelle. »

Ces quelques lignes de Charles Péguy sont un merveilleux prélude à notre méditation de ce soir afin d’entrer toujours plus dans l’Espérance ; nous en avons besoin car espérer c’est difficile.

Afin d’entrer dans l’Espérance, nous allons nous laisser conduire par « la plus grande sainte des temps moderne », ainsi qu’a pu le dire saint Pie X, qui est sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face. Par sa petite voie d’enfance, Thérèse nous ouvre un chemin d’Espérance. Avec sainte Thérèse, allons à la suite d’Abraham qui, « Espérant contre toute espérance, (il) a cru » (Rm 4,18).

Sa vie brièvement

Sans développer la vie de Thérèse, rappelons simplement que Thérèse Martin est née le 2 janvier 1873 à Alençon, cinquième fille d’un couple profondément chrétien. Thérèse perd prématurément sa maman à l’âge de quatre ans. C’est alors que toute la famille vient s’installer à Lisieux. A la suite de deux de ses sœurs, Pauline et Marie, Thérèse entre au Carmel de Lisieux à l’âge de 15 ans en 1888. Après la mort de monsieur Martin, elles seront rejointes par Céline. Imaginez 4 sœurs de la même famille dans le même Carmel avec de surcroît une cousine ! Pas simple !

Notons que la cinquième fille Martin, Léonie, après quelques difficultés rentrera à la visitation de Caen (son procès en béatification est en court !)

Dès l’âge de vingt ans, sœur Thérèse se retrouve adjointe à la maîtresse des novices et elle est donc appelée à former les jeunes sœurs, qui sont presque toute plus âgées qu’elle. A partir de 1894 se manifestent les premiers signes de tuberculose qui, malgré un traitement attentif, l’emportera en quelques

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Soirée CAP du 09 octobre 2019 – © Groupement paroissial de Montrevel

années. Thérèse meurt le 30 septembre 1897 à l’infirmerie du Carmel de Lisieux. Dans les Derniers entretiens, qui sont le véritable testament de la vie de Thérèse, mère Agnès rapporte les dernière paroles de Thérèse puis ce qui s’est passé ensuite. Rappelons-nous, elle est atteinte de tuberculose et on ne lui a jamais fait de piqure de morphine, elle souffre terriblement. Pensons à Jésus en Croix et écoutons le récit qu’en fait mère Agnès. Nous sommes le 30 septembre en fin d’après-midi :

« A 6 heures, quand l’Angélus, sonna elle regarda longuement la statue de la Sainte Vierge.

Enfin à 7 heures et quelques minutes, Notre Mère ayant congédié la communauté, elle soupira : Ma Mère! N’est-ce pas encore l’agonie?... Ne vais-je pas mourir?...

Oui, ma pauvre petite, c’est l’agonie, mais le bon Dieu veut peut-être la prolonger de quelques heures.

Elle reprit avec courage :

Eh bien!... allons!... Allons!...Oh! je ne voudrais pas moins longtemps souffrir...

Et regardant son Crucifix :

Oh! je l’aime!...Mon Dieu... je vous aime...

Tout à coup, après avoir prononcé ces paroles, elle tomba doucement en arrière, la tête penchée à droite. Notre Mère fit sonner bien vite la cloche de l’infirmerie pour rappeler la Communauté. –

‘Ouvrez toutes les portes’ disait-elle en même temps. Cette parole avait quelque chose de solennel, et me fit penser qu’au Ciel le bon Dieu la disait aussi à ses anges. Les sœurs eurent le temps de s’agenouiller autour du lit et furent témoin de l’extase de la sainte petite mourante. Son visage avait repris le teint de lys qu’il avait en pleine santé, ses yeux étaient fixés en haut brillants de paix et de joie. Elle faisait certains beaux mouvements de tête, comme si Quelqu’un l’eut divinement blessée d’une flèche d’amour, puis retiré la flèche pour la blesser encore...Sr Marie de l’Eucharistie s’approcha avec un flambeau pour voir de plus près son sublime regard. A la lumière de ce flambeau, il ne parut aucun mouvement de ses paupières. Cette extase dura à peu près l’espace d’un Credo, et elle rendit le dernier soupir. »

Ce récit est très touchant et nous montre la force de l’amour de Thérèse, alors qu’elle est dans la nuit de la foi, qui lui donne d’avancer avec courage instant après instant. Elle vit ce qu’elle a écrit dans la belle poésie

« Mon chant d’aujourd’hui » :

« Ma vie n’est qu’un instant, une heure passagère Ma vie n’est qu’un seul jour qui m’échappe et qui fuit

Tu le sais, ô mon Dieu ! pour t’aimer sur la terre Je n’ai rien qu’aujourd’hui !…

Oh ! je t’aime, Jésus ! vers toi mon âme aspire Pour un jour seulement reste mon doux appui.

Viens régner dans mon cœur, donne-moi ton sourire Rien que pour aujourd’hui !

(…)

Je volerai bientôt, pour dire tes louanges Quand le jour sans couchant sur mon âme aura lui

Alors je chanterai sur la lyre des Anges L’Eternel Aujourd’hui !… »

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Vivre la grâce de l’instant présent nous aide à entrer dans l’aujourd’hui de Dieu, ce qui est une porte ouverte à l’Éternel Aujourd’hui. Nous vivons cela au cœur de la Messe !

Un ouragan de gloire

Dans les dernières années de sa vie, Thérèse a rédigé sur l’ordre de ses supérieurs une autobiographie qui sera publiée un an après sa mort sous le titre de « Histoire d’une âme ». Ce livre est une compilation parfois arrangée faite par mère Agnès des manuscrits autobiographiques de sainte Thérèse.

Manuscrit A adressé à mère Agnès de Jésus.

Un soir d’hiver, alors que les quatre sœurs Martin sont réunies au chauffoir, l’unique pièce chauffée du monastère, Thérèse évoque des souvenirs d’enfance. Sœur Marie du Sacré Cœur suggère alors à Mère Agnès, Prieure à ce moment-là, de demander à Thérèse une rédaction de ses souvenirs. Mère Agnès accepte et lui commande ce récit pour le jour de sa fête. Thérèse s’exécute et, le 20 janvier 1896, Thérèse dépose en silence son premier manuscrit devant sa Prieure. Cela se passa au chœur avant que ne commence l’heure de prière silencieuse et Thérèse ne sollicitera aucune réaction sur ce travail dont Mère Agnès ne lui reparlera pas.

Ce texte s’ouvre ainsi :

« C’est à vous, ma Mère chérie, à vous qui êtes deux fois ma Mère, que je viens confier l’histoire de mon âme… Le jour où vous m’avez demandé de le faire, il me semblait que cela dissiperait mon cœur en l’occupant de lui-même, mais depuis Jésus m’a fait sentir qu’en obéissant simplement je lui serais agréable ; d’ailleurs je ne vais faire qu’une seule chose : Commencer à chanter ce que je dois redire éternellement ‘Les Miséricordes du Seigneur !!!’… »

Et les dernières lignes du manuscrit A sont :

« Comment s’achèvera-t-elle, cette "histoire d’une petite fleur blanche ?" Peut-être la petite fleur sera-t-elle cueillie dans sa fraîcheur ou bien transplantée sur d’autres rivages… Je l’ignore, mais ce dont je suis certaine, c’est que la Miséricorde du Bon Dieu l’accompagnera toujours, Ps 23,6 c’est que jamais elle ne cessera de bénir la Mère chérie qui l’a donnée à Jésus ; éternellement elle se réjouira d’être une des fleurs de sa couronne… Éternellement elle chantera avec cette Mère chérie le cantique toujours nouveau de l’Amour… Ap 14,3 »

Manuscrit B adressé à sœur Marie du Sacré Cœur

Durant sa dernière retraite en solitude, Thérèse reçoit un mot de sa sœur Marie du Sacré Cœur lui demandant de lui partager les lumières spirituelles reçues au cours de cette retraite.

Thérèse répond le jour même (13 septembre 1896) en communiquant à sa sœur une longue prière à Jésus qu’elle a rédigée quelques jours plutôt, le 8 septembre 1896, pour marquer l’anniversaire de sa profession religieuse. Elle joint à ce texte une lettre qui constitue avec la prière l’ensemble de ce que nous appelons le manuscrit B. La lettre a été placée en tête du manuscrit sous forme d’introduction bien que sa rédaction soit postérieure.

Recevant cela, sœur Marie du Sacré Cœur est bouleversée par ce texte dont elle perçoit toute la force. Elle écrit de nouveau à Thérèse pour lui exprimer ses craintes de ne pas être en mesure de ne pouvoir la suivre sur le chemin d’une confiance aussi absolue, faute d’avoir à son actif un aussi grand amour de Dieu que

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Thérèse. La réponse que celle-ci rédige le 17 septembre 1896 vient compléter admirablement l’enseignement de Thérèse contenu dans le manuscrit B. Cette lettre (LT 197) en est indissociable et aurait pu être considérée comme la troisième partie du manuscrit B.

C’est dans ce manuscrit que nous avons cette page merveilleuse et bien connue. Elle se trouve après la manifestation des désirs pratiquement infinis de Thérèse, Ces désirs sont énumérés dans de longues lignes enflammées. Écoutons les premières :

« Être ton épouse, ô Jésus, être carmélite, être par mon union avec toi la mère des âmes, cela devrait me suffire… il n’en est pas ainsi… Sans doute, ces trois privilèges sont bien ma vocation, Carmélite, Épouse et Mère, cependant je sens en moi d’autres vocations je me sens la vocation de GUERRIER, de PRÊTRE, D’APÔTRE, de DOCTEUR, de MARTYR ; enfin, je sens le besoin, le désir d’accomplir pour toi Jésus, toutes les œuvres les plus héroïques… Je sens en mon âme le courage d’un Croisé, d’un Zouave Pontifical, je voudrais mourir sur un champ de bataille pour la défense de l’Église…

Je sens en moi la vocation de PRÊTRE ; avec quel amour, ô Jésus, je te porterais dans mes mains lorsque, à ma voix, tu descendrais du Ciel… Avec quel amour je te donnerais aux âmes !… Mais hélas ! tout en désirant d’être Prêtre, j’admire et j’envie l’humilité de Saint François d’Assise et je me sens la vocation de l’imiter en refusant la sublime dignité du Sacerdoce. »

Mais elle veut aussi être missionnaire pour parcourir toute la terre et annoncer Jésus à tous, docteur pour enseigner les âmes, subir tous les martyrs possibles, etc. Mais elle connaît son impuissance et sa faiblesse mais Jésus a mis dans son cœur tous ces désirs pour la combler : « Plus tu veux donner, plus tu fais désirer ! » Alors, Thérèse, dans la confiance, cherche et elle exprime sa recherche ainsi :

« À l'oraison, mes désirs me faisant souffrir un véritable martyre, j'ouvris les épîtres de St. Paul afin de chercher quelque réponse. Les chapitres XII et XIII de la première épître aux Corinthiens me tombèrent sous les yeux... J'y lus, dans le premier, que tous ne peuvent être apôtres, prophètes, docteurs… que l'Église est composée de différents membres et que l'œil ne saurait être en même temps la main... La réponse était claire mais ne comblait pas mes désirs, elle ne me donnait pas la paix...

Sans me décourager je continuai ma lecture et cette phrase me soulagea : « Recherchez avec ardeur les dons les plus parfaits, mais je vais encore vous montrer une voie plus excellente ». Et l'Apôtre explique comment tous les dons les plus parfaits ne sont rien sans l'Amour... Que la Charité est la voie excellente qui conduit sûrement à Dieu. Enfin j'avais trouvé le repos...

Considérant le corps mystique de l'Église, je ne m'étais reconnue dans aucun des membres décrits par St. Paul, ou plutôt je voulais me reconnaître en tous... La charité me donna la clé de ma vocation.

Je compris que si l'Église avait un corps, composé de différents membres, le plus nécessaire, le plus noble de tous ne lui manquait pas ; je compris que l'Église avait un Cœur, et que ce Cœur était brûlant d'amour. Je compris que l'Amour seul faisait agir les membres de l'Église, que si l'Amour venait à s'éteindre, les Apôtres n'annonceraient plus l'Évangile, les Martyrs refuseraient de verser leur sang... Je compris que l'amour renfermait toutes les vocations, que l'amour était tout, qu'il embrassait tous les temps et tous les lieux... ; en un mot, qu'il est éternel !...

Alors, dans l'excès de ma joie délirante, je me suis écriée : Ô Jésus, mon Amour... ma vocation, enfin je l'ai trouvée, ma vocation, c'est l'amour !...

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Soirée CAP du 09 octobre 2019 – © Groupement paroissial de Montrevel

Oui, j'ai trouvé ma place dans l'Église et cette place, ô mon Dieu, c'est vous qui me l'avez donnée...

dans le Cœur de l'Église, ma Mère, je serai l'Amour... ainsi, je serai tout... ainsi mon rêve sera réalisé !!!... »

Manuscrit C adressé à mère Marie de Gonzague

Le 2 juin 1897, Mère Agnès voyant sa sœur très malade, se risque à aller trouver la Prieure qui lui a succédé. Elle lui parle des souvenirs d’enfance que Thérèse avait rédigés à sa demande.

Elle fait remarquer que Thérèse a peu développé alors ce qui concernait sa vie au Carmel. Maintenant qu’elle est proche de mourir, il serait utile de le lui demander afin de pouvoir rédiger plus facilement la circulaire que les carmels ont coutume d’envoyer aux autres carmels après le décès d’une sœur pour rappeler ce que fut sa vie.

Mère Marie de Gonzague accepte et demande dès le lendemain à Thérèse de se mettre au travail. Malgré l’état avancé de sa tuberculose, Thérèse obéit. Elle achèvera ce troisième écrit au crayon à papier, faute d’avoir encore la force de tenir une plume.

C’est dans ce manuscrit que Thérèse parle de sa petite voie d’amour rappelant que ce sont les bras de Jésus qui lui permettront de monter au sommet de la montagne du Carmel. En d’autres termes, la sainteté est possible si nous laissons Jésus faire son œuvre dans nos vies. En effet, comment pouvons-nous aimer COMME Jésus nous aime, c’est le nouveau commandement de l’Amour (cf Jn 13,34), si nous ne laissons pas Jésus aimer en nous et par nous.

Nous trouvons également dans texte l’expression de la nuit de la foi que traverse et vit Thérèse. Il est important de dire que Thérèse n’a pas perdu la foi mais qu’elle en a perdu la jouissance, le bonheur de croire en Dieu miséricordieux. Dans ce tunnel si noir, elle continue d’aimer car elle veut aimer !

C’est pourquoi, même si toutes les pages de ce manuscrit sont importantes, les derniers mots écrits par Thérèse sont essentiels et sont comme la clé de voute de tout l’édifice thérésien.

« Ma Mère chérie, maintenant je voudrais vous dire ce que j’entends par l’odeur des parfums du Bien-Aimé. (Ct 1,3) Puisque Jésus est remonté au Ciel, je ne puis le suivre qu’aux traces qu’Il a laissées, (Mc 16,19) mais que ces traces sont lumineuses, qu’elles sont embaumées ! Je n’ai qu’à jeter les yeux dans le Saint Évangile, aussitôt je respire les parfums de la vie de Jésus et je sais de quel côté courir… Ce n’est pas à la première place, mais à la dernière que je m’élance ; au lieu de m’avancer avec le pharisien, (Lc 14,10) je répète, remplie de confiance, l’humble prière du publicain ; (Lc 18,13) mais surtout j’imite la conduite de Madeleine, son étonnante ou plutôt son amoureuse audace (Lc 7,36-38) qui charme le Cœur de Jésus, séduit le mien. Oui je le sens, quand même j’aurais sur la conscience tous les péchés qui se peuvent commettre, j’irais, le cœur brisé de repentir, me jeter dans les bras de Jésus, car je sais combien Il chérit l’enfant prodigue qui revient à Lui (Lc 15,20- 24) Ce n’est pas parce que le bon Dieu, dans sa prévenante miséricorde, a préservé mon âme du péché mortel que je m’élève à Lui par la confiance et l’amour. »

Histoire d’une âme

Ce livre a un destin particulier. En effet, il est très vite épuisé et réédité de multiples fois en plusieurs langues. De plus, à sa lecture de nombreux chrétiens reçoivent des faveurs exceptionnelles par l’intercession de sainte Thérèse. Le pape Pie XI parlera d’un « ouragan de Gloire » qui se déchaîne. L’Église sera en quelque sorte obligée à déroger aux délais prévus pour la canonisation des saints. Portée par la

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ferveur populaire, Thérèse sera béatifiée en 1923 puis canonisée par le pape Pie XI le 17 mai 1925, la même année qu’un saint que nous connaissons bien le curé d’Ars qui fut canonisé le 31 mai 1925.

Destinée étonnante d’une petite carmélite, d’un carmel de la province française, et qui n’a rien fait si ce n’est aimer et chercher la vérité avec humilité.

Écoutons-la encore une fois. Nous sommes le 30 septembre 1897 quelques heures avant sa mort.

« Après Vêpres, Notre Mère posa sur ses genoux une image de N.D. du Mont Carmel. Elle la regarda un instant et dit, quand Notre Mère lui eut assuré qu’elle caresserait bientôt la Sainte Vierge comme l’Enfant Jésus sur cette image :

O ma Mère, présentez-moi bien vite à la Sainte Vierge, je suis un bébé qui n’en peut plus!...

Préparez-moi à bien mourir.

Notre Mère lui répondit qu’ayant toujours compris et pratiqué l’humilité, sa préparation était faite.

Elle réfléchit un instant et prononça humblement ces paroles :

Oui, il me semble que je n’ai jamais cherché que la vérité; oui, j’ai compris l’humilité du cœur... Il me semble que je suis humble.

Elle répéta encore :

Tout ce que j’ai écrit sur mes désirs de la souffrance. Oh ! c’est quand même bien vrai !...Et je ne me repens pas de m’être livrée à l’Amour.

Avec insistance :

Oh ! non, je ne m’en repens pas, au contraire !

« Ma folie à moi, c’est d’espérer »

Au terme de cette trop brève présentation, il est important de nous rappeler que l’enseignement, la doctrine de Thérèse passe par son expérience personnelle, par ses recherches afin d’accomplir ce que le Seigneur attend d’elle, en faisant toujours Sa Volonté. Elle ne fait pas une réflexion en chambre mais vraiment une réalité qui vient de ce qu’elle a vécu. Thérèse est une chercheuse qui veut comprendre ce qui se passe en elle : des grands désirs et la lucidité de la petitesse de son âme.

Toutes les questions de Thérèse sur la vérité de la vie, qui se résument en une question : « Comment une âme aussi imparfaite peut-elle aspirer à posséder la plénitude de l’amour ? » trouvent donc une réponse définitive dans son expérience personnelle confirmée par l’Écriture. Dieu est tel qu’il veut combler cette aspiration du cœur de l’homme. Il suffit donc d’espérer en lui et en lui seul. Tel est le chemin de vérité qui conduit à la sainteté, à la « perfection de la charité ».

Dis autrement, il ne s’agit pas d’une confiance, ni d’une espérance en des lendemains meilleurs, qui nous délivreraient d’un présent plus ou moins pénible à supporter. L’espérance de Thérèse n’est pas non plus un optimisme chrétien qui s’appuierait sur les réussites du passé pour attendre un avenir plus beau.

L’espérance de Thérèse s’enracine dans sa connaissance du mystère de Dieu qu’elle recherche dans la fidélité à sa vie de carmélite. Elle sait que Dieu est Amour et qu’elle reçoit tout de lui alors il ne lui manque rien ! Elle adopte cette attitude de confiance et d’abandon et s’y maintien. A la folie de l’Amour de Dieu répond la folie de l’espérance de Thérèse, la folie de sa confiance en Dieu qui est miséricorde.

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Soirée CAP du 09 octobre 2019 – © Groupement paroissial de Montrevel

« Afin d’exciter mon zèle le Bon Dieu me montra qu’il avait mes désirs pour agréables. J’entendis parler d’un grand criminel qui venait d’être condamné à mort pour des crimes horribles, tout portait à croire qu’il mourrait dans l’impénitence. Je voulus à tout prix l’empêcher de tomber en enfer, afin d’y parvenir j’employai tous les moyens imaginables ; sentant que de moi-même je ne pouvais rien, j’offris au Bon Dieu tous les mérites infinis de Notre Seigneur, les trésors de la Sainte Église, enfin je priai Céline de faire dire une messe dans mes intentions, n’osant pas la demander moi-même dans la crainte d’être obligée d’avouer que c’était pour Pranzini, le grand criminel. Je ne voulais pas non plus le dire à Céline, mais elle me fit de si tendres et si pressantes questions que je lui confiai mon secret ; bien loin de se moquer de moi, elle me demanda de m’aider à convertir mon pécheur, j’acceptai avec reconnaissance, car j’aurais voulu que toutes les créatures s’unissent à moi pour implorer la grâce du coupable. Je sentais au fond de mon cœur la certitude que nos désirs seraient satisfaits, mais afin de me donner du courage pour continuer à prier pour les pécheurs, je dis au Bon Dieu que j’étais bien sûre qu’Il pardonnerait au pauvre malheureux Pranzini, que je le croirais même s’il ne se confessait pas et ne donnait aucune marque de repentir, tant j’avais de confiance en la miséricorde infinie de Jésus, mais que je lui demandais seulement « un signe » de repentir pour ma simple consolation…

Ma prière fut exaucée à la lettre ! Malgré la défense que Papa nous avait faite de ne lire aucun journal, je ne croyais pas désobéir en lisant les passages qui parlaient de Pranzini. Le lendemain de son exécution je trouve sous ma main le journal : « La Croix ». Je l’ouvre avec empressement et que vois-je ?… Ah ! mes larmes trahirent mon émotion et je fus obligée de me cacher… Pranzini ne s’était pas confessé, il était monté sur l’échafaud et s’apprêtait à passer la tête dans le lugubre trou, quand tout à coup, saisi d’une inspiration subite, il se retourne, saisit un Crucifix que lui présentait le prêtre et baise par trois fois ses plaies sacrées !… Puis son âme alla recevoir la sentence miséricordieuse de Celui qui déclare qu’au Ciel il y aura plus de joie pour un seul pécheur qui fait pénitence que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de pénitence !…

J’avais obtenu ‘le signe’ demandé et ce signe était la reproduction fidèle de grâces que Jésus m’avait faites pour m’attirer à prier pour les pécheurs. N’était-ce pas devant les plaies [de] Jésus, en voyant couler son sang Divin que la soif des âmes était entrée dans mon cœur ? Je voulais leur donner à boire ce sang immaculé qui devait les purifier de leurs souillures, et les lèvres de ‘mon premier enfant’ allèrent se coller sur les plaies sacrées !!!… Quelle réponse ineffablement douce !… Ah ! depuis cette grâce unique, mon désir de sauver les âmes grandit chaque jour, il me semblait entendre Jésus me dire comme à la samaritaine : ‘Donne-moi à boire !’ C’était un véritable échange d’amour ; aux âmes je donnais le sang de Jésus, à Jésus j’offrais ces mêmes âmes rafraîchies par sa rosée Divine ; ainsi il me semblait le désaltérer et plus je lui donnais à boire, plus la soif de ma pauvre petite âme augmentait et c’était cette soif ardente qu’Il me donnait comme le plus délicieux breuvage de son amour… » (Manuscrit A, 45v°-46v°)

Dieu est riche en miséricorde et il conduit Thérèse sur les près d’herbe fraiche sur lesquels elle désire que toutes les âmes, faisant l’expérience de la Miséricorde de Dieu, puisse venir se reposer. Et c’est pour cela que Thérèse, en s’offrant à l’Amour miséricordieux, a fait tout son possible pour le salut des âmes pendant sa vie terrestre, elle passe son Ciel à faire du bien sur la terre.

Abbé Pierre Le Bourgeois PS : Cet entretien doit beaucoup au site internet du Carmel de France auquel de nombreux passages sont empruntés : https://www.carmel.asso.fr/

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