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La production et l industrie du liège en France

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La production et l’industrie du liège en France

Alfred Dugelay

To cite this version:

Alfred Dugelay. La production et l’industrie du liège en France. Revue forestière française, AgroParis- Tech, 1952, pp.728-751. �10.4267/2042/27915�. �hal-03380123�

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72& REVUE FORESTIÈRE FRANÇAISE

LA PRODUCTION

ET L'INDUSTRIE DU LIÈGE EN FRANCE

En France métropolitaine, deux espèces distinctes, croissant d'ail- leurs dans deux secteurs géographiques différents, produisent des écorces de lièges. Ce sont :

Io Dans le secteur atlantique: le « Quer eus occidentalts ».

Dans les Landes de Gascogne, il occupe la région sommairement délimitée par les Pyrénées et la Garonne, sans toutefois dépasser à l'Est le département du Lot-et-Garonnç. Bien qu'à peu près par- tout répandu par pieds isolés dans cette région, sur sol siliceux, ses peuplements n'atteignent une importance digne d'être retenue que dans les départements des Landes et du Lot-et-Garonne.

2° Dans le secteur méditerranéen, le « Quercus Suber ».

Il se localise, toujours sur terrains siliceux, dans les départe- ments de la Corse, des Pyrénées-Orientales et du Var. Sur les li- mites orientales de ce dernier département, son aire déborde dans les Alpes-Maritimes; mais ses peuplements n'y acquièrent qu'une très minime importance.

Il est à noter que les forêts de chênes-lièges du département du Var comptent quelques sujets isolés de Quercus occidentalts. Cette espèce est également signalée en Corse dans la région de Petreto- Biechisano où sa proportion atteindrait 8/10 dans quelques peuple- ments.

Morphologiquement, ces deux espèces sont semblables. Leurs seules différences notables résident dans la forme de la cupule, et surtout dans la maturation des glan'ds, biennale pour Quercus occi- dentalism annuelle pour Quercus Suber (1).

L'industrie du liège s'étant principalement développée au contact des forêts susceptibles d'alimenter en écorces les usines, nous exa- minerons successivement pour chacun de ces départements l'impor- tance des unes, et l'activité des autres.

(1) Il convient de souligner que cette distinction n'est pas admise par tous les auteurs. Certains estiment qu'il s'agit d'une seule espèce.

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LA PRODUCTION ET L'INDUSTRIE DU LIEGE EN FRANCE 7 2 9

A. — SECTEUR ATLANTIQUE

« Quer eus Occident dis ».

I. — Département des Landes

a) Peuplements. •— Le Chêne-Liège (nom local : « Corder ») occupe les sols siliceux moyennement profonds (vieilles dunes prin- cipalement). De vigueur variable, ses plus beaux peuplements se situent au voisinage du littoral atlantique. Ils se régénèrent plus par rejets ou drageons que par semis naturels.

Cette essence, associée à l'arbousier et à la bruyère à balais, est disséminée en sous-étage de futaies de pin maritime dans une pro- portion qui n'excède pas 2/10. S'étendant de Tarnos au Sud, à Liposthey au Nord, elle est surtout localisée dans le Sud-Ouest du département.

b) Traitement. — II n'existe pas de peuplements purs de chêne- liège. Aucune méthode d'aménagement classique ne lui est donc ap- pliquée. Il s'agit seulement d'un jardinage basé sur l'exploitabilité physique.

Dans les forêts soumises, les sujets sont démasclés dès qu'ils attei- gnent une circonférence de 70 centimètres, correspondant à un âge de 25 à 30 ans.

Dans les forêts particulières, le démasclage s'opère sur des arbres âgés de 20 à 25 ans, mesurant 50 à 60 cm de circonférence seu- lement.

La hauteur du démasclage est de l'ordre de 1,60 m à 1,80 m selon les dimensions du sujet et l'épaisseur de l'écorce. Celle-ci doit atteindre au minimum 20 à 25 mm pour que l'écorce ait une valeur commerciale.

Les opérations de démasclage sont effectuées en même temps que celles de levée des lièges femelles.

Les arbres surabondants, trop âgés et dépérissants font l'objet d'extractions, surtout préalablement aux coupes de régénération de pins maritimes. Au cours, 'de ces opérations sont systématiquement éliminés les sujets dits « sauvages » sur lesquels les levées sont rendues impossibles en raison du mauvais décollement des écorces.

Les incendies de forêts, ici comme ailleurs, contribuent à ralen- tir la végétation des sujets qui réussissent à survivre.

c) Qualité. — Elle est moyenne; le grain est assez fin; mais le liège manquant parfois de maturité, il faut attendre un an de sé- chage avant de traiter les écorces.

d) Superficie des peuplements:

i° Forêts domaniales: néant.

2° Forêts communales: 1.300 hectares de ces forêts comportent

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7$0 REVUE FORESTIÈRE FRANÇAISE

des peuplements où le chêne-liège se mélange au pin maritime dans la proportion de ι à 2/10.

Au total, la superficie de forêts réellement occupée par cette essence peut s'évaluer à 195 ha.

3° Forêts non soumises et particulières. Leur évaluation est très difficile en raison de la faible densité et de l'inégale répartition de cette essence. Les renseignements précis manquent.

e) Production. — Bien qu'elle n'ait jamais fait l'objet de statis- tiques officielles, on peut l'évaluer à 3.000 quintaux par an. Au cours des dix dernières années, elle n'a pas cessé de décroître en raison de l'abattage des chênes-lièges et des incendies. Elle a été de 5 à 7.000 quintaux avant 1939.

f) Industrie. — Elle remonterait à 150 ans environ. De forme artisanale à ses débuts, elle s'est industrialisée, grâce au machinisme depuis 1880 environ.

Tous les lièges récoltés dans les Landes sont traités dans les établissements industriels locaux, auxquels ils sont vendus à l'état brut, rebuts compris. Ce sont les fabricants qui les classent selon les besoins et revendent ensuite les rebuts aux usines d'agglomérés.

En outre, les usines locales traitent environ, selon les années : i° en provenance de l'Afrique du Nord: 30.000 quintaux de lièges préparés et un tonnage. comparable de lièges de trituration.

Ces chiffres sont à peu près stables depuis 1939.

2° en provenance du Portugal: 3.000 quintaux de lièges pour la fabrication de bouchons fins.

Toute la fabrication est en général destinée au marché intérieur français. Depuis 1940, l'exportation est à peu près insignifiante, en raison de la concurrence étrangère.

A l'exception de trois usines spécialisées dans la fabrication d'ag- glomérés ou de panneaux de lièges, toutes les autres traitent les écorces pour la bouchonnerie et produits dérivés (capsules, joints, rondelles, laine du liège, e t c . ) .

Les principales industries sont concentrées dans les centres de Tosse, Soustons et de Vieux Boucau. D'autres communes comptent quelques ateliers.

Situation actuelle. — Sur les 24 usines ou ateliers travaillant le liège :

a) 1 atelier pouvant traiter annuellement 5 tonnes de liège est en chômage complet.

b) 6 usines ou ateliers sont en activité ralentie.

Leur capacité de traitement annuelle totale est tombée de 7.110 tonnes à 2.622 tonnes et la main-d'œuvre qu'ils emploient est tom- bée de 407 ouvriers à 276 ouvriers.

Ce chômage partiel affecte plus particulièrement les trois ' usines les plus importantes (deux à Soustons, une à Azur) spécialisées dans

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LA PRODUCTION ET L'INDUSTRIE DU LIEGE EN FRANCE 731

la fabrication des agglomérés et panneaux de lièges ; leur capacité totale de traitement est descendue pour elles seules de 6.250 tonnes à 2.000 tonnes.

c) 17 usines ou ateliers ont conservé leur activité normale.

Traitant annuellement 1.996 tonnes d'écorce, elles occupent 433 ouvriers.

Au total actuellement la capacité de traitement annuelle de l'in- dustrie des lièges est dans le département des Landes de 4.618 ton- nes et la main-d'œuvre employée est de 709 ouvriers.

La diminution 'de capacité de traitement est donc très sensible puisqu'elle est de 49 % (4.618 tonnes au lieu de 9.111 tonnes par an).

L'avenir de l'industrie du liège semble donc assez précaire.

IL — Département du Lot-et-Garonne

a) Peuplements. — Le chêne-liège (nom local : « surrier ») existe sur les formations sablonneuses des Landes de Gascogne (9/10) ou sur terrains silico-argileux (1/10) en bordure de la région lan- daise dans le sud-ouest 'du département du Lot-et-Garonne (Com- munes de Reaup, Lisse, Barbaste, Pompiey, Xaintrailles, la Réu- nion, Fargues, Durance, Bousses, Andiran, e t c . ) .

Il est en général peu vigoureux ; sa fructification est irrégulière et peu abondante. Les semis sont rares.

Le chêne-liège en régression constante depuis 50 ans, est actuel- lement en voie de disparition. On ne rencontre guère que des rejets de souches constituant de maigres cépées sans intérêt.

Les peuplements purs ou « surrèdes » ont presque disparu, sauf des reliques de quelques ares de superficie dans les Communes de la Réunion, Ambrus et Caubeyres.

Le chêne-liège se rencontre maintenant à l'état plus ou moins disséminé dans les futaies de pins maritimes de création récente.

Il y voisine avec les chênes rouvres, les chênes pédoncules, les chê- nes tauzins et les robiniers. Dans ces peuplements mélangés, le chêne- liège supporte mal la concurrence des autres essences, et sa den- sité est très faible.

Une centaine de pieds à l'hectare constitue une bonne densité moyenne.

b) Traitement. — Comme dans les Landes, et pour les mêmes motifs, aucune méthode d'aménagement n'est appliquée.

Jusqu'à la fin du xixe siècle, les « surrèdes » étaient l'objet de soins réguliers, d'une véritable culture même.

Les arbres étaient disposés en lignes equidistantes. On labourait le sol tous les deux ans et ce travail faisait l'objet de stipulations particulières dans les contrats de métayage. Parfois on y pratiquait des cultures intercalaires; seigle, maïs. Souvent, on y enfouissait du fumier de ferme. ' * -

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732 R E V U E F O R E S T I È R E FRANÇAISE

Ensuite, les façons culturales se limitèrent au piochage du pied des arbres dans un rayon de ι mètre et à Γ élimination des ajoncs, genêts et ronces. Le sol devint une pâture ouverte au libre parcours des troupeaux.

Enfin, tous ces travaux furent progressivement abandonnés; les chênes-lièges ont été abattus pour céder la place aux pins plus ré- munérateurs.

Après la guerre de 1914-1918, les anciens ateliers artisanaux fu- rent remplacés par des usines modernes qui achetèrent les chênes- lièges sur pied : le bois servit au chauffage des fours et le liège récu- péré fut broyé pour la fabrication d'agglomérés.

Vers 1930, les usines firent appel aux lièges étrangers et en par- ticulier à ceux du Maroc, ce qui consacra l'abandon progressif des produits locaux.

Autrefois, les arbres étaient démasclés vers 20 à 25 ans lorsqu'ils mesuraient 60 à 65 cm de circonférence.

Aujourd'hui, on n'opère plus guère de démasclage, et Ton se borne à lever le liège sur les vieux sujets mis autrefois en état de production. Trop souvent d'ailleurs les courtiers et usiniers achè- tent encore les arbres sur pied pour les exploiter, comme il vient d'être exposé.

Il n'est pas douteux que ces procédés désastreux joints à la rare- té des semis naturels contribuent à la disparition des « surriers ».

Les vieux propriétaires qui sont restés fidèles aux vieux usages lèvent les lièges femelles tous les 12 ans, et sur une hauteur qui varie de 1 m à 1,50 m.

Si les chênes-lièges ne sont généralement pas détruits par les incendies, ils en souffrent sérieusement.

Leur végétation est nettement ralentie surtout lorsque le feu a ravagé plusieurs fois les mêmes parcelles.

Le liège devient alors inexploitable et les arbres ne sont guère utilisables que comme bois de feu.

c) Qualité. — Le liège est de médiocre qualité; il est mince, cre- vassé, irrégulier et « gras ». Il ne peut donc supporter la concur- rence des lièges d'importation, surtout en raison de l'outillage mo- derne des usines 'dont le rendement optimum ne s'obtient qu'avec des lièges homogènes et parfaitement calibrés.

Il ne sert donc guère qu'à la fabrication d'agglomérés.

d) Superficie des peuplements:

i° Forêts domaniales. — Une seule forêt domaniale (Campet) renferme des chênes-lièges sur 90 ha dans la proportion de 2/10.

La superficie effectivement occupée est donc de 18 ha.

2° Forêts communales. — Une seule forêt communale (75 ha) (An'diran) était autrefois traitée en surrède; mais des plantations

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LA ÍRODUOTIOÑ ET L'INDUSTRIE DU LIEGE EN FRANCE 7 ¿ ¿

de pin maritime y ont été effectuées et les chênes-lièges, d'ailleurs dépérissants, sont progressivement réalisés.

Ils y occupent environ les 4/10 de la superficie, soit donc 30 ha.

3° Forets non soumises et particulières. ·— La surface occupée par les chênes-lièges y est difficile à évaluer en raison de leur dis- persion très irrégulière.

On peut évaluer à 4.800 hectares la surface totale de ces peuple- ments mélangés. D'après la proportion de cette essence qui varie de i / i q à 8/10, il est permis d'estimer à 950 ha la superficie occu- pée effectivement par le chêne-liège.

Au total, le chêne-liège occuperait donc 1.000 ha en chiffres ronds et se disséminerait dans 5.000 ha tie forêts dans une proportion moyenne de 2/10.

Un recensement aussi précis que possible permet d'évaluer à 60.000 le nombre d'arbres en état de production. Celui-ci pourrait correspondre à une surface utile de 700 hectares environ. Sur le reste: 300 ha, les arbres n'ont pas été démasclés ou encore les écorces n'ont pas été levées, ce qui laisse augurer la disparition prochaine des « surriers ».

e) Production. — Ne disposant d'aucun renseignement statistique, on peut la déduire des données précédentes.

Les levées de liège ayant lieu tous les douze ans environ, on peut considérer que 5.000 arbres sont traités annuellement. Le rende- ment étant de 12 à 14 kg de liège marchand par arbre, la produc- tion annuelle moyenne ressortirait donc à 750 quintaux de liège fe- melle.

La production de liège mâle 'diminue constamment en raison de l'abandon des opérations de démasclage.

Elle se situe aux environs de 500 quintaux par an, y compris le liège provenant de l'écorçage des arbres abattus.

La production totale annuelle serait donc de l'ordre de 1.200 quintaux.

Il convient de souligner à cet égard que la production d'écorces de liège a suivi, depuis un demi-siècle, une diminution parallèle à celle des peuplements, ainsi que le fait apparaître nettement le ta- bleau suivant:

Années 1892 1929 1950 Surface occupée par le chêne-liège . .

Nombre moyen d'arbres à l'hectare . . Nombre d'arbres traités chaque année.

î.400 ha 250 40.000

1.500 ha 150 25.000

1.000 ha 100 5.000 Production annuelle de liège femelle. 5 à 6.000 3.000 Q x 700 Q x

quintaux

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7 3 4 REVÜÉ FORESTIÈRE FRANÇAISE

Il ressort de ces quelques chiffres:

i° que la surface occupée par le chêne-liège a diminué de 5,8 % en un peu moins de 60 ans.

2° que la densité des peuplements a également diminué. En 1892, certains peuplements purs, traités uniquement en vue de la. produc- tion du liège atteignaient une densité de 300 pieds à l'hectare. En 1929, le chêne-liège a déjà cédé sa place au pin maritime. En 1950, il n'est plus considéré que comme un arbre accessoire, susceptible de fournir du bois de chauffage.

3° que le nombre des arbres traités est passé dans la même période de 40.000 à 5.000, soit une diminution de 87 %, ce qui tend à prou- ver que les propriétaires ont abandonné les levées de liège dans une proportion plus forte que la régression des peuplements. La dimi- nution de la production de lièges est proportionnelle aux arbres traités.

f) Industrie. — Elle s'est transformée au cours de la période 1920- 1930.

D'artisanale, elle est devenue industrielle. Par suite de l'utilisa- tion d'un outillage moderne, elle emploie de moins en moins de main-d'œuvre.

Le liège local, toujours utilisé sur place, a cédé peu à peu la place aux lièges importés, d'Algérie principalement.

La fabrication primitive des bouchons a été progressivement remplacée par une infinité d'autres produits utilisant surtout les agglomérés de liège : capsules, joints, flotteurs, laine de liège, jouets, etc.. Les bouchons en liège naturel sont produits surtout dans la région de Mézin, tandis que le centre industriel de Lavardac-Bar- bnste est nettement orienté vers les agglomérés et leurs dérivés.

Situation actuelle. — Quinze usines travaillent le liège dans le dé- partement du Lot-et-Garonne. Leur production est très variable;

elle dépend surtout des commandes qui varient selon les fluctuations du commerce.

a) 8 usines sont en activité ralentie.

Leur capacité de traitement annuelle totale est tombée de 1.720 tonnes à 1.395 tonnes, et la main-d'œuvre qu'elles utilisent est tom- bée de 319 à 201 ouvriers.

b) 7 usines ont conservé leur activité normale.

Traitant annuellement 2.670 tonnes, elles occupent 268 ouvriers.

Au total, la capacité de traitement annuelle de l'industrie des lièges est actuellement dans le département du Lot-et-Garonne de 4.065 tonnes, et la main-d'œuvre employée est de 469 ouvriers.

Le tonnage annuel des produits fabriqués s'analyse comme suit : Io produits divers : bouchonnerie, etc.. : 1.000 tonnes.

2° agglomérés et dérivés d'agglomérés : 1.500 tonnes.

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LA PRODUCTION ET ^INDUSTRIE DÛ LIEGE EN FRANCE 7 3 5

D'après les chiffres qui précèdent, il est permis de conclure que la majorité des lièges traités dans les usines de ce département est d'origine étrangère.-

Etant donné la diminution constante de production locale souli- gnée plus haut, il s'avère que cette industrie, dont la capacité de traitement ne subit qu'une diminution de 5 % (5.065 tonnes contre 4.390 tonnes) ne devra plus, à brève échéance, compter que sur les seuls lièges d'importation.

B. — SECTEUR MÉDITERRANÉEN

« Quer eus Sub er ».

I. — Département de la Corse

a) Peuplements. — Le chêne-liège, assez rare dans la partie Nord- Ouest de l'île (50 ha dans la région de Calvi) devient plus abon- dant dans la région centrale (2.700 ha dans la région de Corté). Il prend son plein développement dans la région sud-orientale. Il y couvre de grandes surfaces parfois à l'état de peuplements purs, comme dans la région de Porto-Vecchio et de Sotta où se trouvent les forêts de chênes-lièges les plus intéressantes.

Rien ne s'opposerait, semble-t-il, à ce que cette essence prenne une plus large place dans d'autres régions de l'île de Corse, notam- ment dans sa partie orientale, de Calvi à Bonifaccio, dans les zones de faible altitude.

Les plus beaux massifs occupent des sojs siliceux provenant sur- tout de la roche-mère granitique ou des alluvions (basses vallées du Rizzanèse, de l'Ortolo et du Stabiaccio). Le miocène et les allu- vions anciennes de la plaine orientale n'en portent que des massifs moins importants.

Le chêne-liège croît en altitude de 30 jusqu'à 600 et 700 mètres.

On ne trouve au-dessus de cette altitude que des arbres sans valeur économique.

Les peuplements sont en général de bonne venue, mais le, plus souvent clairs, parfois même constitués d'arbres isolés. A l'excep- tion de la zone précitée où existent des peuplements purs compor- tant 200 à 300 sujets à l'hectare, dans toutes les autres forêts, il est plus ou moins mélangé avec des chênes verts, des pins mariti- mes et surtout le maquis (bruyères, arbousiers et lentisques). Il ne paraît pas souffrir de ce mélange et reste bien venant.

Les arbres remarquables sont très rares. On en signale cependant quelques-uns de 4 à 5 mètres de circonférence sur la côte orien- tale.

La fructification est assez irrégulière. La régénération qui s'ef- fectue partout naturellement est lente, surtout en raison du libre parcours du bétail, et en particulier des chèvres qui sévit dans les forêts de chêne-liège comme dans toutes les forêts de la Corse.

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y φ REVUE FORESTIÈRE FRANÇAISE

b) Traitement. — Le jardinage est le seul traitement appliqué.

Les arbres sont démasclés normalement lorsque leur circonférence atteint 50 à 60 centimètres, c'est-à-dire à partir de 20 ans au mi- nimum. Trop souvent cependant des propriétaires se laissent en- traîner à démascler des arbres de circonférence inférieure, ce qui ne manque^ pas de présenter de sérieux inconvénients pour la vitalité ultérieure des arbres.

La première levée s'effectue sur une hauteur de 50 centimètres environ, puis sur une hauteur sensiblement égale au triple de la circonférence pour les levées ultérieures ; mais souvent des levées sont effectuées sur des hauteurs sans rapport avec les possibilités des sujets. La rotation varie de 8 à 10 ans suivant les conditions de croissance et suivant les conditions économiques.

Ces dimensions sont adoptées pour les forêts soumises au Ré- gime forestier.

Les arbres en cours de production résistent généralement aux incendies, à la condition que la dernière levée remonte à plus de deux ans. Par contre, les arbres âgés de moins de 10 ans sont irrémédiablement détruits.

Si le peuplement était pur, et le sous-bois inexistant, le danger serait moindre. Malheureusement le sol est le plus souvent encom- bré par une végétation dense de bruyères qui constituent un ali- ment de choix pour le feu. Dans ce cas l'incendie traverse les peuplements avec une extrême violence et peut détruire même des arbres non encore démasclés.

c) Qualité. — La Corse produit en général des lièges d'une bonne qualité, convenant à la bouchonnerie moyenne. Les lièges provenant du sud de l'île sont les meilleurs de France.

d) Superficie des peuplements:

i° Forêts domaniales. — Elles comportent 420 ha de peuple- ments mélangés, représentant, compte tenu de la proportion des chênes-lièges, une superficie effectivement occupée par cette essen- ce de 148 ha.

2° Forêts communales. — Pour une superficie totale de peuple- ments mélangés de 1.535 ha, le chêne-liège occupe effectivement:

313 ha.

3° Forêts particulières. — De beaucoup les plus importantes, elles occupent à l'état de peuplements purs ou mélangés : 25.370 ha, représentant une surface effective de 9.058 ha.

Au total, les forêts de chênes-lièges couvrent donc une superfi- cie d'environ 27.30p ha. Mais si l'on tient compte des peuplements où le chêne-liège n'existe pas à l'état pur, mais mélangé à d'autres essences, on arrive au total fictif de 9.500 ha, environ de suvières pleines. - · '

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LA PRODUCTION ET L'INDUSTRIE DU LIEGE EN FRANCE 7 3 7

Ce chiffre est à rapprocher de ceux antérieurement avancés et certainement erronés: 15.000 ha d'après MICHOTTE en 1923, et 25.000 ha, d'après « le Chêne-Liège » en 1951. Le chiffre ci- dessus établi serre la réalité de plus près.

e) Production. <— Dans les meilleures « suvières» de la région de Porto-Vecchio, le rendement moyen par arbre serait de 15 à 20 kg, voisin des rendements des forêts d'Algérie. Le rendement à l'hectare y serait de 100 à 200 kg suivant la densité des peuple- ments. Ce chiffre paraît faible puisqu'il correspondrait à une den- sité moyenne de 5,3 arbres à l'hectare qui est manifestement infé- rieur à la réalité dans les suvières pleines de cette région.

De toutes façons, en se basant sur une rotation moyenne de 10 ans, la production annuelle moyenne serait de 10 à 80 kg à l'hectare.

En réalité, il semble que dans les suvières pleines de la région de Porto-Vecchio, compte tenu de leur densité (200 à 400 arbres à l'hectare environ), la production annuelle moyenne doive être de l'ordre de 100 à 120 kg à l'hectare.

La production totale de la Corse est difficile à évaluer. Ici com- me ailleurs,, les renseignements fournis sont souvent aberrants. Il y a lieu de remarquer, du reste, que les quantités de lièges levées sont très variables d'une année à l'autre et suivant les fluctuations du marché.

Tenant compte cependant du fait que la consommation locale est très réduite, le chiffre des exportations hors de Corse, fourni par les statistiques de la Douane, donne une évaluation assez pré- cise de cette production. On peut ainsi la fixer aux environs de 35.000 à 40.000 quintaux par an.

Ce chiffre peut être rapproché de diverses évaluations antérieu- res; en 1923, MICHOTTE l'estimait à 10.000 quintaux, évaluation certainement trop basse. Le « Chêne-Liège » l'estimait par contre à 40.000 quintaux en 1941, et à 46.00Q quintaux en 1946.

Rapportée à une surface de 9.500 ha de suvières pleines, leur production annuelle totale moyenne de 40.000 quintaux, corres- pond à une production annuelle moyenne de 42 kg de lièges par hectare.

Ce chiffre très vraisemblable est relativement faible. Il pourrait être certainement relevé si les forêts de chênes-lièges étaient mieux soignées et plus rationnellement traitées.

En fait, les statistiques douanières de l'année 1950 indiquent que le total des exportations de liège en provenance de la Corse s'est élevé à 85.264 quintaux, dont 74.555 quintaux à destination de la France continentale, et 10.799 quintaux à destination de l'étranger. Il convient de souligner que depuis 1941, il n'y avait eu aucune exportation de lièges à destination de l'étranger. Il s'agit

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7 3 8 REVUE FORESTIÈRE FRANÇAISE

donc d'un courant commercial qui reprend après 8 ans d'interrup- tion. ,

f) Industrie. — La place occupée par les lièges dans l'économie corse est importante, non pas tellement peut-être en raison de son ampleur, mais plutôt en raison de la rareté d'autres activités indus- trielles.

Elle est surtout appréciable au point de vue commercial.

Dans le tableau des exportations de cette île, les écorces de lièges représentent; le i / i o du tonnage exporté (13,2 % pour Tan- née 1950) et occupent le 3e rang. En valeur, elles n'occupent que le 5e rang avec 8,1 %. Il s'agitt de lièges bruts râpés ou en plan- ches.

Remarque doit être faite, qu'il n'est traité en Corse que des liè- ges de provenance locale et qu'il n'en est pas importé d'autres pays.

Deux maisons seulement font réellement de la fabrication, l'une à Porto-Vecchio, l'autre à Bonifaccio. Toutes deux fabriquent des bouchons et articles divers: semelles, casques coloniaux, etc.. Il n'y a pas de fabriques d'agglomérés. En fait, la première est la seule à conserver une activité de production constante.

Sa capacité de traitement annuelle est de 1.50p tonnes, et elle occupe 60 ouvriers. La seconde, moins importante, n'a qu'une capa- cité de traitement annuelle de 300 tonnes, et occupe 20 ouvriers en fonctionnement normal. Mais son activité est actuellement ralen- tie et n'occupe que 6 ouvriers.

Tous les autres établissements sont des maisons commerciales qui se bornent simplement à.faire des expéditions de lièges bruts, en planches ou râpés après un classement plus ou moins complet.

En définitive, si les forêts de chênes-lièges occupent une place importante en Corse, et si leur production est un facteur écono- mique intéressant pour ce département, l'industrie locale est peu développée. La grande majorité des lièges corses est traitée dans les usines du Continent.

IL — Département du Var

a) Peuplements. — Dans ce département, les forêts de chênes- lièges occupent les massifs siliceux des Maures et de l'Estérel (ce dernier prolongé au Nord par le Massif de Tanneron) à des alti- tudes qui varient, selon l'exposition des versants, de o à 700 mètres.

Les suvières pures sont rares. En général, le chêne-liège est mélangé à d'autres essences, et plus particulièrement au pin mari- time. Mais il octroie également au gré des stations le chêne vert, le chêne pubescent et le châtaignier, voire même parfois le pin d'Alep et le Pin Pignon.

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LA PRODUCTION ET L'INDUSTRIE DU LIEGE EN FRANCE 7 3 9

La répartition actuelle de cette essence est inséparable de certains facteurs qui ont modifié son emprise. La répétition des incendies, en particulier aux périodes aussi critiques pour la végétation des chênes-lièges que celles postérieures aux levées des écoroes, a eu bien, souvent des résultats fâcheux sur l'équilibre et la composi- tion des suvières. C'est ainsi que le pin maritime s'est fréquemment substitué au chêne-liège, à moins que le maquis ne soit devenu le terme définitif de cette regrettable élimination.

Par contre, postérieurement à 1870, divers travaux de remise en valeur de suvières ravagées par des incendies antérieurs, ont accru leur importance.

Enfin, les cours respectifs des bois et des lièges n'ont! pas été sans influer sur les traitements appliqués aux peuplements mélangés susceptibles de produire les unes et les autres, et dont le but fut de favoriser le développement tantôt du pin maritime, tantôt du chêne-liège.

La fructification, bien qu'irrégulière, est généralement abondan- te. Avec la puissante faculté de rejeter de souche de cette essence, elle contribue à assurer la regeneration naturelle normale-des peu- plements lorsque d'autres circonstances n'interviennent pas à son encontre.

b) Traitement. — En raison de la répétition des incendies, les suvières ne sont pas spécialement aménagées.

Dans les forêts les mieux traitées et normalement exploitées par leurs propriétaires, les opérations de levées sont périodique- ment effectuées dans les parcelles selon une rotation déterminée.

Au cours de ces passages, sont levées les. écorces qui atteignent l'épaisseur marchande normale de 25 mm environ. Celle-ci est généralement acquise au bout de 12 ans, quelquefois moins sur les sols profonds et de bonne qualité.

Il est à cet égard deux opérations contre lesquelles les proprié- taires de suvières auraient intérêt à réagir. Ce sont d'une part les démasclages précoces qui provoquent un ralentissement de la vé- gétation : c'est pourquoi ne devraient être démasclés que les arbres atteignant au minimum 50 à 55 cm de circonférence. Ce sont d'au- tre part des hauteurs de levées exagérées, non moins funestes à la végétation; pour être normales, elles ne devraient pas excéder le double de la circonférence et ne jamais être pratiquées sur des branches secondaires.

Or, fréquemment, les levées atteignent et dépassent le double de cette hauteur et provoquent des dépérissements anormaux.

Les suvières varoises ne connaissent plus que rarement les soins dont elles bénéficiaient autrefois; malgré qu'il soit indiscutable- ment établi qu'ils ont d'heureuses répercussions sur la quantité et la qualité des lièges récoltés.

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74Q REVUE F O R E S T I È R E FRANÇAISE

De simples dégagements, des élagages, des recépages destinés à donner progressivement à de jeunes sujets bien venants l'air et la lumière qui leur sont indispensables, leur assurent cependant tou- jours un accroissement de vigueur indéniable.

Ici, comme en Corse, des abus pastoraux, tolérés ou voulus par les propriétaires, ne sont pas sans conséquences regrettables polli- la pérennité des peuplements.

Dans ces forêts dont la généralité comporte en proportions va- riables des peuplements mixtes de chênes-lièges et de pins mariti- mes, la question de la préférence à donner aux uns ou aux autres;

ou du maintien simultané des deux essences a été souvent contro- versée. A notre avis, une production soutenue d'écorces de qualité n'est avantageuse que dans des peuplements purs de chênes-lièges, assurant un couvert complet du sol.

c) Qualité. — Les suvières varoises produisent des lièges de qua- lités très diverses. Les plus recherchés par leur qualité, sous ré- serve de l'influence des conditions édaphiques et des traitements, sont ceux des Communes de Pignans, Hyères, Gonfaron, Collo- brières, Bonnes, Cavalaire, La Londe, Pierrefeu, Cogolin, Saint- Tropez et Ramatuelle. Les forêts d'autres communes en produisent également de bonne qualité, mais leur réputation est moindre.

Dans les forêts soumises au régime forestier, les lièges sont généralement triés et répartis en lots entre les catégories suivantes : lièges femelles ou de reproduction dits « blancs » ou marchands, lièges noirs, lièges mâles, rebuts et déchets. Les premiers sont seuls réservés aux articles de bouchonnerie proprement dits, les autres étant affectés à la trituration.

Les propriétaires particuliers ne procèdent que rarement à un triage préalable. Cependant, la création récente d'une coopérative de ventes tendra à étendre à toute la production cette opération souhaitable.

Certains d'entre eux recherchent la production de lièges épais ; mais cette production n'est pas à conseiller, car au delà de l'épais- seur marchande acquise de 12 ans en moyenne, les accroissements s'amenuisent, les lièges se crevassent et sont fréquemment dépré- ciés par divers insectes.

d) Superficie des peuplements:

Io Forêts domaniales. — 8 forêts domaniales comportent 255 ha de suvières pures et 7.981 ha de peuplements mélangés où le chêne- liège est représenté dans une proportion variant de 2 à 6/10.

2° Forêt communales. — 22 forêts communales comptent 1.115 ha de suvières pures et n . 144 ha de peuplements mélangés dans lesquels la proportion moyenne des chênes-lièges varie également de 2 à 6/10.

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LÀ PRODUCTION ET ^INDUSTRIE DU LIEGE EN FRANCE J^t

Au total, pour ces deux catégories de forêts d'une superficie totale de 19.125 ha, la superficie réellement occupée par le chêne- liège ressort à 9.350 ha en chiffres ronds.

3° Forêts non soumises et particulières. — En l'absence de do- cumentation exacte, il n'est permis de l'évaluer qu'approximative- ment. En adoptant la proportion donnée par la Statistique DAUBRÉE

en 1912, on peut admettre comme plausible la superficie de: 22.750 La superficie totale des peuplements où le chêne-liège existe en proportion variable est de Tordre de 45.000 hectares dans lesquels le chêne-liège occuperait donc à lui seul 32.100 hectares environ.

e) Production. — Il n'existe une documentation précise que pour les seules forêts soumises au régime forestier au cours de la pério- de 1940-1949. Elle s'élève en moyenne à 2.050 quintaux par an.

Toutefois, on ne peut s'autoriser de cette donnée, malgré sa pré- cision, pour en tirer des conclusions applicables à l'ensemble de la production varoise, car il s'agit d'une période au cours de laquelle celle-ci a été perturbée par les événements de guerre et par d'im- portants incendies de forêts.

Nous répéterons donc les renseignements statistiques donnés par la « Confédération Nationale des Syndicats du Liège et des déri- vés ».

D'après celle-ci, la moyenne des récoltes annuelles au cours de la période 1937-1941 aurait été 47.000 quintaux dont la moitié en lièges de bouchonnerie, l'autre moitié en lièges de rebut, auxquels s'ajoute annuellement une récolte moyenne de 1.500 quintaux de liège mâle.

Pour la période 1945-1949, la production annuelle aurait été la suivante :

1945 25.000 quintaux 1946 35.000 quintaux 1947 45.000 quintaux 1948 38.000 quintaux 1949 43.000 quintaux

L'interprétation de ces chiffres devrait tenir compte de la tendan- ce à l'exagération des récoltes manifestée par certains propriétaires particuliers, selon les fluctuations des cours, ainsi que des levées de lièges noirs rendues nécessaires par les incendies des années anté- rieures ou d'importants démasclages.

En retenant les chiffres de production moyenne donnés par LAMEY pour les suvières varoises (50 à 70 kg par ha et par an) et en les appliquant à la superficie analysée plus haut, il ne semble pas, eu égard à la consistance et à l'état actuel des peuplements, que leur production globale puisse se maintenir à un tonnage aussi élevé.

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7 4 ¿ REVUE FORESTIERE FRANÇAISE

Il est vrai que la production annuelle moyenne de certaines su- vières bien soignées atteindrait 200 kg par hectare.

f) Industrie. — Elle est assez importante puisque pour Tannée 1949 elle représentait un chiffre d'affaires de 506.000.000 francs.

La bouchonnerie constitue l'essentiel de la fabrication varoise, mais certains établissements fabriquent également des capsules, bourres de chasse, articles de pêche, articles de sauvetage, semelles, paille de liège, etc.. ; d'autres spécialisés dans la production d'agglo- mérés utilisent des écorces brutes (lièges mâles, noirs ou rebuts) et les déchets des autres fabrications.

. Les fabricants traitent à cet effet non seulement les écorces lo- cales, mais encore celles provenant d'autres régions ou pays pro- ducteurs.

Io Corse. — 2.000 à 2.500 tonnes d'écorces, dont 500 à 600 ton- nes de lièges de trituration, le reste en lièges marchands, par an.

2° Tunisie. — 996 tonnes en 1946; 1.095 tonnes en 1947; 616 tonnes en 1948 ; 148 tonnes seulement en 1949. ,

3° Algérie. — 1.500 à 1.800 tonnes de lièges bruts; 2.000 à 2.500 tonnes de lièges classés par an.

4° Maroc. — 4.000 tonnes pendant les années 1946-1947, impor- tation presque nulle actuellement.

5° Espagne et Portugal. — Les» importations auraient atteint 50 à 60 tonnes au cours de certaines années pour les fabrications de bouchons de champagne. Elles sont actuellement négligeables.

Les écorces sont traitées par 49^ établissements industriels ou arti- sanaux susceptibles d'absorber annuellement 19.500 tonnes d'écorces et d'utiliser une main-d'œuvre de 1.600, ouvriers en usines.

38 % d'entre eux ont une possibilité annuelle de traitement infé- rieure à 100 tonnes; 8 % seulement supérieure à 1.000 tonnes.

Les usines ou ateliers sont situés en bordure ou au centre des massifs forestiers des Maures et de TEstérel, notamment à Toulon, Cuers, Pierrefeu, Pignans, Gonfaron, Bormes, le Lavandoli, Collo- brières, les Arcs, Fréjus Vidauban etc..

Cette industrie est toutefois ralentie depuis quelques années par la crise qui affecte le commerce des lièges.

La situation actuelle est la suivante:

— 20 établissements ont conservé leur activité normale.

Utilisant 642 ouvriers ils traitent annuellement 9.700 tonnes d'é- corce, et produisent 1.400 tonnes de produits divers et 16.200 m2 de plaques, agglomérés fabriqués dans des usines spécialisées.

•— 16 établissements ont une activité ralentie. Ils n'utilisent plus que 297 ouvriers au lieu de 634 ouvriers et traitent 4.500 tonnes d'écorces contre 7.600 tonnes de capacité normale. Leur produc- tion qui serait normalement de 870 tonnes de produits divers et

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LA PRODUCTION ET ^INDUSTRIE DU LIEGE EN FRANCE 7 4 3

11.200 m2 de plaques, agglomérés, etc.. n'est plus que de 430 ton- nes de produits et 9.000 m2 de plaques.

—• Enfin, 13 établissements sont fermés. Utilisant 342 ouvriers, leur possibilité d'absorption était de 2.200 tonnes, et celle de leur fabrication de 750 tonnes.

La diminution de main-d'œuvre est donc de 41 % (939 ouvriers contre 1.600).

Celle du tonnage annuel des écorces traitées est donc de 27 % (14.200 tonnes contre 19.500 tonnes).

Celle de la fabrication est de 39 % pour les produits divers (1.830 tonnes contre 19.500 tonnes).

Celle de la fabrication est de 39 % pour les produits divers (1.830 tonnes contre 3.020 tonnes) et de 9 % seulement pour les plaques et agglomérés (25.200 m2 contre 27.400 m2).

N. B. — i° Il convient de souligner que si le département voisin des Bouches-du-Rhône ne comporte pas de suvières, dix ateliers y traitent des écorces en provenance du Var, de Corse et d'Afrique du Nord.

fIls font travailler 103 ouvriers et traitent annuellement 4.732 ton- nes d'écorce. Leur production globale est de 61 tonnes de bouchons, 30 tonnes d'articles divers et 12.000 m2 de panneaux agglomérés.

Une seule de ces usines de beaucoup la plus importante, spécialisée dans cette fabrication, traite annuellement 4.500 tonnes d'écorces.

2° Dans le département des Alpes-Maritimes, les peuplements de chênes-lièges occupent une superficie approximative de 450 hec- tares sur les confins du Var. Toutefois, il s'agit de forêts fréquem- ment ravagées par les incendies, dont les récoltes de liège très ir ré- gulières et de minime importance sont absorbées par les usines va- roises.

Les forêts de chênes-lièges et l'industrie du liège occupent donc une place importante dans l'économie du Var. Bien que cette in- dustrie soit affectée par la crise actuelle, il ne semble pas que son avenir soit compromis. C'est pourquoi les forêts de chênes-lièges de ce département mériteraient d'être plus rationnellement traitées.

III. — Département des Pyrénées-Orientales

a) Peuplements. — Les peuplements naturels de chênes-lièges oc- cupent entre les altitudes de o à 500 m le nord de la chaîne des Albères et s'étalent largement au niveau de la trouée de Perthus où ils rejoignent les « suberaies » espagnoles. On les retrouve éga- lement dans les Aspres atteignant et dépassant parfois 600 mètres.

A la suite de la crise viticole due au Phylloxéra, le chêne-liège a souvent été planté à la place de vignobles. Mais actuellement il tend à perdre, au bénéfice de cultures fruitières, le terrain qu'il avait

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7 4 4 REVUE FORESTIÈRE FRANÇAISE

ainsi gagné, et subit comme ailleurs les atteintes de la hache et du feu.

En plein massif, le chêne-liège forme des peuplements complets, serrés, dominant un sous-bois où se retrouvent toutes les essences du maquis méditerranéen.

A la limite supérieure de son aire, il est mélangé et concurrencé même par le chêne vert. Lorsque les taillis de chêne vert sont exploités régulièrement, il tend même à gagner sur cette essence.

Les glandées sont d'importance variable avec les saisons ; au moins bisannuelles, elles sont parfois très abondantes. D'ailleurs, les glands sont ramassés pour, l'élevage des porcs.

Les peuplements abandonnés à eux-mêmes se régénèrent tou- jours naturellement : leur pérennité serait donc assurée si l'homme n'intervenait.

La densité, des peuplements est très variable, allant de quelques arbres à l'hectare dans des forêts détruites par le feu, jusqu'à 4 à 500 arbres à l'hectare dans les forêts bien entretenues.

Dans les plantations artificielles réalisées après la crise phylloxé- rique, la densité moyenne adoptée fut de 300 arbres à l'hectare.

Mais le plus souvent la densité est de l'ordre de 150 à 200 arbres.

Certains beaux arbres atteignent des diamètres de 50 à 60 cen- timètres de diamètre.

b) Traitement. — La plupart des forêts de chênes-lièges sont par- ticulières.

Elles étaient autrefois entretenues ; le sol était régulièrement dé- broussaillé, ce qui diminuait les risques d'incendie.

Aujourd'hui, elles sont généralement abandonnées à elles-mêmes ; les propriétaires se contentent de faire procéder au démasclage et à la levée des lièges.

L'âge et les hauteurs du démasclage dépendent de la vigueur de l'arbre. Les propriétaires soucieux de la conservation de leurs fo- rêts font démascler de telle sorte que l'arbre dénudé ait un diamètre de 10 à 12 cm, atteint vers 15 à 18 ans parfois, et sur une hauteur de 0,90 m à 1 m. Celle-ci est augmentée de 40 à 50 cm lors de cha- que levée postérieure selon la vigueur de l'arbre. Les levées ne sont poursuivies dans les branches qu'exceptionnellement sur les plus beaux sujets.

La levée des lièges femelles exige une extrême prudence et c'est à tort que certainsi propriétaires se laissent entraîner à l'exagération.

L'exploitation du liège se fait par jardinage sans aménagement préalable. La rotation est variable d'une région à l'autre, plus courte sur les terrains pauvres qui donnent un liège peu épais, souple et plein (7 ans à Banyuls-sur-Mer), plus longue dans les régions fer- tiles pour avoir un liège plein et bien fait (15 à 18 ans même à Argeles et Sorède).

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LA PRODUCTION ET L'INDUSTRIE DU LIEGE EN FRANCE 7 4 5

Il est vrai que, comme ailleurs, les cours du marché des lièges ou les besoins financiers des propriétaires influent sur la longueur de la rotation.

c) Qualité. — Sous la réserve des tares inhérentes aux coups de soleil, aux parasites (fourmis, Coroebus), aux incendies, aux levées trop brutales, les lièges produits sont généralement de bonne qua- lité. Ils conviennent parfaitement à la fabrication industrielle locale de bouchons.

d) Superficie des peuplements. — En forêts soumises au régime forestier, il existe seulement quelques pieds isolés dans la forêt do- maniale de Laroque des Albères, et dans la forêt communale de Maureillas. Il n'en sera pas tenu compte.

La superficie des forêts particulières est difficile à déterminer avec précision, en raison des difficultés sensibles relevées entre les diverses statistiques établies à diverses époques.

Sous réserve d'évaluations plus précises, nous citerons le chiffre établi par le service des évaluations foncières, d'après lequel les Pyrénées-Orientales compteraient :

Peuplements purs 4.299 ha Peuplements mélangés . . . . 1.255 ha Soit au total 5-554 ha

Cependant, d'après une enquête récente, malheureusement inache- vée, ce chiffre doit être légèrement inférieur à la réalité. On peut donc retenir sans trop grande erreur une superficie totale de l'ordre de 6.000 hectares environ.

e) Production. — Certains peuplements complets et bien entrete- nus, peuvent produire annuellement 200 kg d'écorces à l'hectare;

mais de tels rendements sont rares. Il semble plus admissible de re- tenir un rendement moyen annuel de 100 à 120 kg d'écorces, encore que dans ce poids les déchets occasionnés par les dégâts des insec- tes ou toutes autres causes, puissent atteindre 50 à 60 %.·

D'après ces chiffres moyens et la superficie ci-dessus retenue, la production locale annuelle serait de Tordre de 7.20a quintaux.

D'après les dires des principaux acheteurs locaux, elle varierait selon les années de 5.000 à io.ooo quintaux.

Par ailleurs, en comparant d'une part le tonnage des écorces trai- tées, au cours de l'année 1950, d'autre part le tonnage contrôlé des écorces importées d'Espagne, du Portugal et d'Afrique du Nord, par Cerbère, Perthus, Port-Vendres, Bordeaux, Séte et Marseille, la production locale représenterait un tonnage de 8.000 quintaux.

Ce tonnage peut être considéré comme serrant de près la réalité.

Si l'on tient compte de la substitution de cultures fruitières aux chênes-lièges, et la régression constatée dans certaines suberaies, du

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7 4 6 REVUE FORESTIÈRE FRANÇAISE

fait des incendies ou du manque de soins, il est incontestable que cette production est sensiblement inférieure à celle qu'elle devait atteindre il y a une dizaine d'années. Elle ne pourra que continuer à décroître, si les mesures propres à remettre en valeur les sube- raies actuellement négligées ne sont pas prises.

f) Industrie. — Cette industrie se concentre dans la région de Port-Vendres, Argeles, Maurillas, Céret et plus spécialement au Boulou, ville qui compte à elle seule 16 usines. Quelques usines se trouvent à Llauro et à Perpignan. Sa forme est industrielle ou arti- sanale.

Les artisans qui étaient au nombre de 40 en 1949 ne sont plus que 30 aujourd'hui. Ils fabriquent exclusivement sans machines les

« carrés » pour bouchons de champagne qu'ils revendent pour usi- nage aux industriels locaux. Dans les chutes, ils fabriquent des carrés pour bouchons de Bordeaux.

Autrefois, ils travaillaient les lièges du pays, aujourd'hui, ils ne travaillent plus que le liège d'importation; mais leur activité est décroissante.

Alors qu'en fonctionnement normal 60: artisans pouvaient tra- vailler autrefois 600 tonnes d'écorces annuellement, 30 artisans ne travaillent plus aujourd'hui que 300 tonnes d'écorces seulement.

Les industries. 38 seulement ont conservé leur activité contre 60 en 1949. Leur fabrication essentielle est celle des bouchons de champagne, soit en un seul morceau, soit collés en 3 ou 4 morceaux.

Viennent ensuite les bouchons de bordeaux. Les plus grosses mai- sons fabriquent également des disques de liège ou d'agglomérés.

Les industries de l'aggloméré, au nombre de cinq fabriquent des planches en utilisant les déchets et les lièges mâles.

Il n'a pas été possible de recueillir de données précises sur les industries qui ont été conduites à cesser toute activité.

Le tonnage des écorces traitées annuellement dans les divers éta- blissements qui ont conservé leur activité (fabriques de bouchons ou articles divers et agglomérés) conditionné autant par la qualité que par la quantité des lièges importés d'Afrique du Nord, en sus de la production locale, est passé de 5.207 tonnes à 4.320 tonnes ; la main-d'œuvre utilisée est également tombée de 542 à 450 ou- vriers.

En tenant compte de l'industrie artisanale, le tonnage total an- nuellement traité, est donc de 4.620 tonnes contre 5.807 tonnes et la main-d'œuvre absorbée par l'industrie du liège de 480 ouvriers contre 602 ouvriers.

Il semble donc que si, en raison des incendies répétés, du manque de soins ou de certains abus d'exploitation, les suberaies des Pyré- nées-Orientales accusent une régression marquée, par contre la situation apparaît à peu près normale du point de vue de l'industrie

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LA PRODUCTION ET L'INDUSTRIE DU LIEGE EN FRANCE 7 4 7

et du commerce des lièges. Si les« artisans se raréfient, appelés, il est vrai, par d'autres activités plus rémunératrices, les affaires indus- trielles saines conservent une activité convenable. Seules se sont éliminées les maisons en surnombre qui avaient pu se créer ou se maintenir à la faveur d'années économiquement anormales.

Un approvisionnement régulier en matière première et une meil- leure appréciation par les utilisateurs, de la qualité des bouchons fabriqués clans les Pyrénées-Orientales, assurerait à cette industrie locale un avenir enviable.

CONCLUSIONS GÉNÉRALES

De cette analyse peuvent se dégager les conclusions suivantes : I. — FORÊTS. — De manière générale, et sous la réserve de trop rares exceptions, les forêts de chênes-lièges ne bénéficient plus aujourd'hui dans la France métropolitaine de traitements aussi at- tentifs que dans le passé.

Bien que générale, cette désaffection est peut-être plus accusée dans la région du Sud-Ouest et en particulier dans le département du Lot-et-Garonne où ces forêts étaient autrefois l'objet de vérita- bles soins culturaux.

Dans l'ensemble, les propriétaires de suvières ont actuellement ten- dance à les négliger malgré les effets avantageux et rapides de trai- tements aussi simples que les recépages, les élagages ou les dégage- ments de semis, souvent étouffés par le maquis dense qui les em- prisonne. Il est cependant prouvé que de telles opérations assurent la pérennité des peuplements ; au surplus, elles se montrent tou- jours favorables à la croissance et au développement des arbres, ainsi qu'à la production plus rapide et plus abondante d'écorces de bonne qualité.

Les dégâts d'insectes (fourmis et Coroebus) qui déprécient fré- quemment les écorces, en particulier dans les Pyrénées-Orientales et le Var, ne sont pas étrangers à l'état d'abandon et au manque per- sistant de soins dont certaines forêts de chênes-lièges sont les vic- times.

S'il fallait en rechercher les raisons profondes, l'une des plus apparentes est sans conteste, la situation préjudiciable créée par les incendies de forêts; leur répétition périodique finit par décourager bien des propriétaires.

Mais cette raison est inséparable d'autres circonstances défa- vorables parmi lesquelles mérite d'être soulignée la régression dé- mographiqiie qui affecte plus spécialement certaines régions boisées.

Car si les forêts de chênes-lièges sont devenues plus sensibles au feu, encore que cette essence soit spécifiquement plus résistante que les résineux (pins maritimes) avec lesquels elle est le plus

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748 REVUE F O R E S T I È R E FRANÇAISE

souvent associée, c'est parce qu'elles ne sont plus entretenues et nettoyées comme elles Tétaient jadis.

Cette négligence de soins est certes imputable à la raréfaction ou à la cherté de la main-d'œuvre. Elle s'explique aussi par la ferme- ture des débouchés qui étaient autrefois ouverts localement aux pro- duits de débroussaillement des forêts.

Ainsi, se trouvent étroitement liés ces deux facteurs déterminants de la régression des forêts de chêne-liège et de l'intérêt qui leur est porté.

Sur le plan économique, il faut ajouter à ces motifs l'incidence de l'instabilité des cours des lièges.

A plusieurs reprises, leur fléchissement a incité les propriétaires à négliger, voire à délaisser leurs suvières.

C'est pourquoi certains d'entre eux ont quelquefois préféré ex- ploiter comme bois de feu des arbres encore sains et productifs de liège.

Au gré des circonstances économiques qui rendent plus alléchants les prix de ces bois, ils ont trouvé et trouvent parfois encore plus avantageux de les vendre sous cette forme que d'attendre des ré- coltes de lièges dont les revenus leur apparaissent aléatoires ou insuffisants.

Mais cette lente régression des forêts de chênes-lièges s'explique aussi par certains abus commis lors des opérations de récolte des lièges proprement dites.

Selon les mêmes fluctuations des cours, comme selon leurs be- soins financiers, trop souvent en effet d'autres propriétaires, bien que conservant leur capital producteur, procèdent à des démasclages précoces sur des sujets trop jeunes. La croissance et le développe- ment normal de ces derniers subissent ainsi un ralentissement mar- qué.

Les mêmes conséquences fâcheuses sont également imputables à des levées d'écorces pratiquées à des hauteurs excessives. Elles ren- dent les arbres plus sensibles, en particulier sous climat méditer- ranéen, aux accidents météoriques ou aux atteintes d'incendies éven- tuels.

De telles levées sont en effet bien tentantes lorsque les cours de liège s'inscrivent en hausse, mais leurs répercussions s'avèrent tôt ou tard désastreuses.

Les effets de ces démasclages précoces ou de ces levées exces- sives sont parfois d'autant plus nocifs que la main-d'œuvre quali- fiée à laquelle ces opérations étaient confiées jusqu'à ce jour, se fait de plus en plus rare. Or, il suffit d'incisions accidentelles répétées de la « mère » commises par une main-d'œuvre inexpérimentée, pour endommager gravement les arbres et compromettre l'avenir des récoltes.

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LA PRODUCTION ET L'INDUSTRIE DU LIEGE EN FRANCE 7 4 9

Enfin, ici comme ailleurs, les abus bast oraux ne sauraient être passés sous silence. Du fait de l'abroutissement ou du piétinement, le passage continuel des troupeaux, tel qu'il est trop fréquemment toléré, s'oppose à la régénération naturelle des peuplements de chênes-lièges. Ils ralentissent le développement normal des cépées ou des semis ; ils les déforment, les mutilent, quand ils ne les dé- truisent pas.

Ces abus s'avèrent très préjudiciables, car les cépées abrouties se transforment en buissons dénués d'avenir, et les fructifications ne sont toujours ni abondantes ni régulières.

Des peuplements dont la vitalité est meurtrie et dont la source naturelle est tarie ne peuvent dès lors qu'accuser une régression sen- sible. Elle l'est d'autant plus que par le jeu de la concurrence vitale dont bénéficient toujours les essence» les plus rustiques, les résineux colonisent naturellement les places devenues vacantes, à moins que le maquis ne s'empare définitivement du terrain. Cette élimina- tion est plus brutale encore lorsque d'autres circonstances économi- ques incitent à l'extension artificielle de l'emprise des résineux au détriment des chênes-lièges.

• Si donc une amélioration de la végétation et par conséquent de la production quantitative et qualitative des forêts de chênes-lièges est souhaitable, on ne peut l'attendre que de traitements plus atten- tifs.

Pour être efficients, ceux-ci doivent être plus spécialement orien- tés :

— d'une part, vers les opérations culturales élémentaires mention- nées plus haut, à savoir : recépages, élagages et dégagements de semis. Propres à maintenir le chêne-liège sur les terrains qu'il occu- pe déjà naturellement dans des conditions de végétation normales, elles ne pem^cnt que faciliter sa reinstallation sur ceux dont les conditions écologiques ou édaphiques lui conviennent. Sur ces der- niers, il n'est pas toujours totalement éliminé, mais en raison de la faible densité ou du médiocre état de végétation des sujets, il y est menacé de disparition complète.

— d'autre part, vers une exploitation plus rationnelle et plus prudente des suvieres, seule capable de conserver des sujets sains et bien venants, et d'assurer la régularité des récoltes sans compro- mettre l'avenir.

IL — INDUSTRIE. — Elle est relativement importante puisque d'après l'analyse qui précède, les usines françaises représentent une capacité annuelle de traitement de 451.000 quintaux de liège (chiffre arrondi).

Seules les contingences économiques actuelles ne leur permettent de traiter annuellement que 333.500 quintaux, soit une différence de 26 % (chiffre de 1950).

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7 5 ° REVUE FORESTIÈRE FRANÇAISE

Pour la bouchonnerie et articles divers, elle a conservé à l'excep- tion de véritables usines, un caractère de petite industrie ou d'indus- trie artisanale ou familiale.

Pour les usines traitant les lièges de trituration, il s'agit par contre, en raison de leur équipement indispensable, d'établissements plus importants.

Sous la seule réserve des lièges corses, dont une partie seulement (18.000 quintaux de capacité d'absorption) est usinée sur place et dont environ le dixième de la production est exporté à l'état brut à l'étranger, tous les lièges en provenance des départements français sont traités en France dans des usines qui sont généralement ins- tallées à proximité des zones de production ou des ports d'importa- tion.

Mais dans tous les départements français que nous avons exami- nés, la production locale est incapable d'alimenter à elle seule les usines existantes, en fonctionnement normal, ou même partiellement diminué comme il l'est actuellement.

Cette disproportion est frappante dans les deux départements pro- ducteurs du Sud-Ouest dont la production annuelle est de 4.500 quin- taux par an (86.600 quintaux actuellement).

Cette disproportion est frappante dans les deux départements producteurs du Sud-Ouest dont la production annuelle est de 4.500 quintaux de lièges seulement alors que leurs usines locales pour- raient en traiter 135.000 quintaux par an (86.600 quintaux actuelle- ment).

Il convient cependant de souligner la part importante occupée par les lièges de trituration dans ces chiffres.

Pour combler cette différence qui représente par conséquent 358.600 quintaux, soit 79 % des possibilités industrielles de traite- ment et 241.000 quintaux, soit 72 % du tonnage actuellement traité dans les usines, les industriels français doivent donc avoir recours à des lièges importés, soit du département de la Corse dont les usines locales sont incapables d'absorber la production, soit principalement des régions productrices de l'Afrique du Nord et accessoirement de pays étrangers (Espagne et Portugal) pour certaines qualités de liège.

De toutes ces importations, celles en provenance de l'Afrique du Nord représentent de beaucoup le tonnage le plus élevé.

Les produits fabriqués sont en grande majorité écoulés sur le marché métropolitain ou sur le marché colonial français. L'exporta- tion qui en absorbait autrefois une proportion sensible s'est progres- sivement amenuisée en raison de la concurrence -exercée sur le mar- ché international par les produits en provenance d'autres pays pro- ducteurs.

Etant donné par ailleurs la concurrence de produits de remplace- ment qui visent à se substituer au liège dans certaines de ses utili-

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LA PRODUCTION ET i/lNDUSTRIE DU LIEGE EN FRANCE 7 5 1

sations, il est assez difficile de se prononcer sur l'avenir de cette industrie, encore que les qualités intrinsèques du liège rendent ce matériau difficilement remplaçable dans nombre de ses emplois ac- tuels.

Toutefois, le maintien de l'industrie française des lièges, condi- tionné par des facteurs qui ne sont pas sans avoir d'étroits rapports entre eux pose de délicats problèmes.

Elle ne peut fonctionner avec les seuls lièges métropolitains fran- çais. L'importation de lièges en provenance de l'Afrique du Nord ou de pays étrangers lui est donc indispensable. Si les importations d'écorces cessaient, les usines de la Métropole, insuffisamment ap- provisionnées, seraient contraintes de ralentir sérieusement, voire d'arrêter, leur fabrication.

Mais alors, les lièges français ne trouveraient plus aussi facile- ment preneurs, et dès lors, les forêts de chênes-lièges qui souffrent déjà d'une sérieuse crise de désaffection, risqueraient d'être totale- ment négligées et abandonnées par leurs propriétaires. L'économie des départements intéressés serait donc gravement atteinte.

Par contre, du fait de l'élévation croissante des frets, les lièges d'importation atteignent, rendus aux ports de débarquement français, des prix élevés qui influent très défavorablement sur les prix de revient des produits usinés en France.

Leur incidence, ajoutée à celle de la concurrence étrangère, place les industriels français dans une situation fort difficile. Le ralen- tissement actuellement observé, qui atteint 26 % des possibilités in- dustrielles de la France métropolitaine, en est le fidèle, mais inquié- tant reflet.

Il résulte de ces rapides considérations que l'intérêt porté aux forêts françaises de chênes-lièges par leurs propriétaires est actuel- lement conditionné par l'activité des usines françaises ; mais celle-ci est à son tour placée sous la dépendance des importations de lièges, notamment d'Afrique du Nord.

C'est donc dans une entente entre producteurs et industriels, dé- passant le cadre métropolitain, que la solution du problème actuelle- ment posé mérite d'être recherchée.

A. DUGELAY.

N. B. — Certains renseignements précieux utilisés dans cette étude nous ont été aimablement fournis par MM. les Ingénieurs CHARDONNET, BERGOGNE, BONNET-MASIMBERT, DELMAS. Qu'ils en soient ici remerciés.

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