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Le travail indépendant informel en Guyane

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Le travail indépendant informel en Guyane

Rapport d’étude

Avril 2009

Réalisation Flavienne Lubac Sous la direction de

Thierry Racaud et Dominique Coffinet

Financement

Caisse des Dépôts et Consignations Agence Française de Développement

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Sommaire

SYNTHÈSE DE L’ÉTUDE... 3

I / CADRE, OBJECTIFS ET MÉTHODOLOGIE DE L’ÉTUDE... 5

I / 1. CADRE DE LÉTUDE!: UNE VOLONTÉ DE L’ADIE... 5

I / 2. DES OBJECTIFS DE DIAGNOSTIC... 6

I / 3. UNE MÉTHODOLOGIE DENQUÊTE DE TERRAIN... 6

II / LE CONTEXTE SOCIO-ÉCONOMIQUE DE LA GUYANE... 9

II / 1. UNE GÉOGRAPHIE PARTICULIÈRE... 9

II / 2. LE DÉFI DÉMOGRAPHIQUE... 9

II / 3. UNE DYNAMIQUE DE CROISSANCE INSUFFISANTE... 10

II / 4. L’INQUIÉTANTE SITUATION DE LEMPLOI... 11

II / 5. LA DÉPENDANCE AUX POLITIQUES PUBLIQUES... 12

II / 6. LA CRÉATION DENTREPRISE... 12

II / 7. APPROCHE GÉNÉRALE DU SECTEUR INFORMEL... 13

III / ANALYSE DU SECTEUR INFORMEL À L’ÉCHELLE DU QUARTIER ... 15

III / 1. CARACTÉRISTIQUES DES QUARTIERS DENQUÊTE... 15

III / 2. LE PROFIL DES PERSONNES INTERROGÉES... 20

III / 3. LES ACTIVITÉS INFORMELLES DANS LA STRATÉGIE DES MÉNAGES... 22

III / 4. CONSIDÉRATIONS SUR LOFFICIALISATION... 30

IV / PROPOSITIONS ET RECOMMANDATIONS ... 40

IV / 1. PROMOUVOIR LES ACTIVITÉS INFORMELLES COMME POTENTIEL DE DÉVELOPPEMENT POUR LA GUYANE... 40

IV / 2. LE RÔLE CLÉ DU MICROCRÉDIT DANS LE DÉVELOPPEMENT DES ACTIVITÉS... 41

IV / 3. FACILITER LOFFICIALISATION PAR UN ACCOMPAGNEMENT ADAPTÉ... 42

IV / 4. S’APPUYER SUR LE NOUVEAU CADRE RÉGLEMENTAIRE... 43

IV / 5. UN NÉCESSAIRE ACCOMPAGNEMENT POST-CRÉATION... 44

IV/ 6. FAVORISER LÉMERGENCE DE SOLUTIONS PRATIQUES... 45

ANNEXE 1 – BIBLIOGRAPHIE ... 46

ANNEXE 2 – LISTE DES ORGANISMES INSTITUTIONNELS OU ASSOCIATIFS RENCONTRÉS ... 47

ANNEXE 3 – LE STATUT DE L’AUTO-ENTREPRENEUR ET L’ARTICLE 20 DE LA LFSS 2008 ... 48

ANNEXE 4 – TRAME DU QUESTIONNAIRE INDIVIDUEL ... 51

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Synthèse de l’étude

Une situation économique conditionnée par le défi démographique

Le contexte guyanais se caractérise par une forte expansion de l’économie, en grande partie jugulée par une croissance démographique record. L’essor de la population génère des besoins très importants qui constituent de vrais défis.

La population active augmente selon un taux annuel prévu de 3%. Ce rythme élevé de progression est à l’origine de fortes tensions enregistrées sur le marché du travail.

En 2006, la population active occupée est composée à 87% de salariés et 13% de non salariés. À elle seule, la sphère publique (fonctions publiques d’État, territoriale et hospitalière) emploie 44% des salariés et verse plus de la moitié de la masse salariale.

Saturé, le secteur public n’apparaît pas en mesure d’absorber le flux des nouveaux entrants.

Dans une telle configuration, le travail indépendant et la création d’entreprise apparaissent comme de véritables alternatives pour développer le marché de l’emploi.

Le dynamisme du travail indépendant informel

Le secteur informel est largement développé en Guyane. Il permet la distribution de biens et de services à un tarif compétitif par rapport au marché «!officiel!», dans un contexte où, pour une partie de la population, la faiblesse des revenus rend difficile l’accès à ce dernier. Ainsi chacun, à des degrés divers, a affaire à l’informel, dans nombre de cas à la fois comme consommateur et comme opérateur. Le secteur informel fait partie intégrante de la société guyanaise.

Loin d’être uniforme, le travail indépendant informel recouvre des situations plurielles.

Dans tous les cas, il permet à ses différents acteurs de vivre mieux. Les activités informelles ont un rôle économique indéniable, notamment lorsqu’elles représentent plus de 50% des revenus du foyer. Mais elles ont aussi un rôle social fort, en facilitant l’enclenchement d’une dynamique positive de création, évitant ainsi à ses acteurs de dériver vers la passivité.

Le travail réalisé dans le secteur informel est, en grande majorité, la seule activité génératrice de revenus pratiquée par ses auteurs!: 70% des personnes interrogées exercent uniquement des «!jobs!», en parallèle, ou pas, de la recherche d’un emploi déclaré. La majorité de ces personnes (65%) ont déclaré bénéficier d’indemnités pour leur ménage.

Pour 80% des personnes interrogées, les revenus procurés par les activités informelles se situent en deçà de 1!000 euros par mois. Pour autant, en dépit de la modestie de ces flux financiers, l’activité informelle représente plus de la moitié des revenus du ménage dans 36% des cas.

Sur la base des motivations à l’informel exprimées par les personnes interrogées, une

«!typologie de l’informel!» a été établie!: l’Informel Survie, l’Informel Complément de revenu, l’Informel Test, l’Informel Passion Tradition, l’Informel Flexibilité Sécurité.

Cette typologie constitue un outil opérationnel pour estimer les perspectives d’officialisation (variables d’une catégorie à l’autre), et pour juger de la nature et de l’intensité des besoins en crédit, en aide à l’officialisation et en accompagnement post- création.

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Les perspectives d’officialisation

Pour 34% des personnes interrogées, l’horizon idéal consiste à créer leur entreprise formelle. Pour certains, ce projet paraît encore lointain, d’autres ont commencé à prendre des renseignements, et parfois les démarches sont en voie de finalisation.

Les motivations à la régularisation d’une activité informelle sont multiples. Mais dans tous les cas, l’officialisation n’est envisagée qui si elle améliore concrètement, d’une manière ou d’une autre, la situation du travailleur informel.

Un grand nombre de ces travailleurs considèrent le caractère informel de leur activité comme un frein à son développement. Ils ne sont donc pas hostiles à l’officialisation, mais restent en demande d’une facilitation des démarches nécessaires. Et ce d’autant que le caractère compliqué de ces dernières est dans une certaine mesure surestimé, la notoriété des récents dispositifs facilitant ces démarches et allégeant la fiscalité étant aujourd’hui quasiment nulle.

La valorisation du potentiel du secteur informel dans le développement de la Guyane Il apparaît essentiel de reconnaître le potentiel des travailleurs informels, en particulier à travers des formations générales (cours d’alphabétisation) permettant de mûrir progressivement un projet de création d’entreprise.

Avant d’envisager l’officialisation, les ménages doivent pouvoir consolider et développer leurs activités. Le microcrédit est en situation de jouer un rôle-clé. En effet, les besoins d’investissement sont faibles!: plus de 60% des personnes interrogées ont déclaré avoir débuté leur activité avec moins de 500 Euros. L’octroi d’un prêt apparaît alors comme l’occasion idéale d’entamer un travail de sensibilisation à l’officialisation.

Cependant, au-delà du microcrédit, un travail adapté d’information sur la création d’entreprise est nécessaire. L’action de terrain menée à l’occasion du prêt doit être complétée par une investissement des pouvoirs publics en faveur de la promotion du nouveau cadre réglementaire, simplifiant l’accès à l’officialisation!: régime de l’auto- entrepreneur, article 20 de la LFSS 2008, TTS. De même, une opération de sensibilisation des agents recevant le public cible à une approche interculturelle est indispensable pour ne pas freiner les motivations.

Au-delà de la méconnaissance des démarches, les travailleurs informels évoquent des difficultés potentielles à accomplir concrètement les formalités nécessaires, et à mettre en œuvre les pratiques rigoureuses de gestion requises en phase post-officialisation. Au- delà de l’aide financière apportée par le microcrédit, un accompagnement dans la durée des travailleurs informels apparaît indispensable pour encourager et faciliter les différentes étapes de développement de l’activité. Du reste, la présence d’un interlocuteur démontrant un intérêt concret pour le créateur et son projet apparaît à elle seule comme un facteur d’encouragement à l’officialisation.

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I / Cadre, Objectifs et Méthodologie de l’étude

I / 1. Cadre de l’étude!: une volonté de l’Adie

L’Association pour le Droit à l’Initiative Économique (Adie) participe à la lutte contre l’exclusion par le biais du microcrédit et de l’accompagnement à la création d’entreprise.

Elle soutient des personnes écartées du marché du travail et du système bancaire classique dans le développement de leur activité économique et donc dans la création de leur propre emploi. L’Adie contribue ainsi à l’insertion des personnes en situation économique et sociale précaire.

Consciente cependant qu’une partie importante de son public cible reste en dehors des circuits classiques de la création d’entreprise, l’Adie a souhaité réaliser une étude sur le travail indépendant informel dans plusieurs collectivités d’Outre Mer, dont la Guyane.

Nous définissons par la terminologie «!secteur informel!» l’ensemble des petites activités uniques ou secondaires, génératrices de revenus, exercées à titre indépendant mais n’étant pas enregistrées auprès des autorités compétentes. Le secteur informel est distinct du «!travail salarié dissimulé!» qui concerne un salarié non déclaré par son employeur et ne recevant donc pas de fiche de paye. Le secteur informel n’intègre pas non plus les

«!activités illégales!» relevant du code pénal, telles que le trafic de stupéfiants, la prostitution, la vente d’objets volés…

L’économie guyanaise est marquée par un fort taux d’exclusion avec une part importante de la population active au chômage et de nombreux bénéficiaires des minima sociaux. Au- delà de l’image d’une économie basée sur l’assistanat, les personnes en marge du marché officiel du travail exercent des petites activités génératrices de revenus… Ces activités ont une utilité économique et sociale. Elles créent de l’emploi et soutiennent dans une certaine mesure la consommation des ménages, elles permettent également à l’intéressé direct de ne pas dériver vers la passivité voire le désespoir. Elles peuvent être aussi un premier pas vers la création d’entreprise. Le travail indépendant informel s’inscrit dès lors dans une démarche dynamique. Ancrée dans des traditions culturelles de débrouillardise, cette situation est largement reconnue en Guyane.

Il existe une connaissance statistique toute relative du phénomène informel basée notamment sur l’Enquête emploi de l’INSEE. En 2006, près de 4000 guyanais déclaraient exercer une activité informelle, soit près de 9% de l’emploi total, et près de 14% de l’emploi privé1. Ces résultats sont probablement sous-estimés dans la mesure où ils sont recueillis sous un mode déclaratif. Une approche plus qualitative du phénomène fait défaut.

L’Adie fait l’hypothèse que de nombreux créateurs du secteur informel disposent d’un véritable potentiel de développement de leurs activités et qu’un appui adapté, notamment financier, leur permettrait de faire un saut qualitatif et de formaliser leurs activités.

L’Adie a donc engagé une étude afin de pouvoir valider cette hypothèse et formuler des propositions d’actions concrètes, sur le plan opérationnel mais aussi, le cas échéant, en matière législative ou réglementaire.

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I / 2. Des objectifs de diagnostic

L’étude cherche à établir un diagnostic de la situation par rapport au secteur informel.

Elle vise à la fois une compréhension globale du phénomène et une compréhension de l’expérience particulière des travailleurs informels.

Les objectifs de l’étude sont les suivants!:

- Caractériser le travail indépendant formel et informel dans le contexte de l’économie guyanaise

- Analyser la stratégie et les besoins d’appui des travailleurs indépendants oeuvrant dans le secteur informel

- Identifier les freins au développement et à l’officialisation des activités informelles - Formuler, à partir de l’ensemble de ces éléments, des recommandations concrètes

d’action pour le développement des activités informelles et leur officialisation I / 3. Une méthodologie d’enquête de terrain

L’étude a comporté trois étapes!réalisées entre décembre 2008 et mars 2009!:

- Une phase de recherche documentaire sur la situation socio-économique

- Une phase qualitative d’entretiens avec des acteurs institutionnels et associatifs - Une phase d’enquête quantitative sur le terrain

I.3.1. L’approche qualitative

L’étude repose sur des informations recueillies principalement au moyen d’entretiens menés auprès de deux catégories de personnes. Tout d’abord, les!témoins privilégiés qui par, leurs positions, leurs responsabilités ou leurs actions ont une bonne connaissance des problématiques liées au secteur informel. Il s’agit d’acteurs institutionnels ou associatifs dont les missions principales sont l’insertion et le développement économique. Et évidemment, le public concerné, c’est-à-dire des travailleurs indépendants du secteur informel.

L’approche qualitative permet de creuser des axes qui échapperaient à une enquête quantitative. Ainsi, les avis sur le secteur informel et ses implications sont variés et relèvent d’une certaine vision de la société. Une approche qualitative permet d’explorer les différentes représentations. De même, l’organisation de chaque activité informelle est particulière et s’inscrit dans un cadre personnel et familial donné qui mérite d’être examiné au cas par cas. Enfin, le positionnement des travailleurs indépendants du secteur informel par rapport à l’officialisation, et donc à la création d’entreprise, n’est pas toujours précis et arrêté. La méthode d’investigation par entretiens comportant des questions semi-ouvertes était donc la plus pertinente pour approfondir les différentes situations. L’administration du questionnaire par l’enquêteur a permis de relever des commentaires révélateurs des différentes conceptions et stratégies du secteur informel, et d’évaluer les ressentis et les intentions par rapport au développement de ces activités.

I.3.2. Définition de la population de référence

Les travailleurs indépendants du secteur informel sont a priori un public difficile d’accès.

Afin de faciliter les prises de contacts, nous avons décidé d’avoir une approche par quartiers. En étudiant des territoires délimités, l’approche par quartier doit permettre de mieux repérer les activités informelles et de créer la confiance avec le public concerné afin d’assurer une meilleure qualité des entretiens individuels.

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De plus, l’échelle du quartier a été retenue pour affiner l’analyse du phénomène informel.

L’approche par quartier permet de mesurer le rôle du secteur informel au niveau d’un territoire, d’évaluer le poids des différents secteurs d’activité, de repérer des liens possibles entre les activités, de mettre en lumière les éventuelles interactions entre le secteur formel et le secteur informel.

Enfin, l’approche par quartier autorise l’établissement d’une typologie des sites d’enquêtes. Les caractéristiques des territoires retenus sont les composantes structurantes des résultats et constituent un paramètre supplémentaire de l’analyse.

La population de référence de l’enquête a ainsi été déterminée. Il s’agit donc des travailleurs indépendants du secteur informel dans les quartiers sélectionnés.

I.3.3. La sélection des sites d’enquête

Les sites d’enquête se sont précisés au fil des entretiens avec les institutions et les acteurs associatifs. Le premier critère de choix dans la sélection des sites a été la concentration de travailleurs indépendants informels. En sélectionnant des quartiers avec une forte concentration du phénomène, on s’intéresse à des territoires où le secteur informel occupe une place structurante car il représente l’essentiel de l’activité ainsi qu’une part non négligeable des revenus.

Ensuite, nous nous sommes efforcés de retenir des quartiers permettant de définir une typologie d’espaces afin de mesurer si les trajectoires personnelles sont différentes en fonction des territoires.

Dans cette logique, nous avons ainsi retenu le quartier «!Charbonnière!» et le quartier des

«!Écoles!» à Saint-Laurent du Maroni ainsi que le quartier «!BP 134!» récemment renommé

«!cité Arc en ciel!» à Rémire-Montjoly sur l’Île de Cayenne. Il avait également été envisagé de travailler sur le secteur «!Bonhomme!» à Cayenne, mais des contraintes logistiques n’ont pas permis la réalisation des enquêtes sur ce quartier.

1.3.4. L’échantillonnage

Au-delà de la sélection des sites d’enquête pour les entretiens individuels avec le public concerné, une méthode d’échantillonnage a été élaborée. Le sujet de l’étude et la population de référence posent par nature des difficultés pour établir un échantillon représentatif dans le cadre d’une enquête puisque nous ne disposons pas de données fiables. Par définition, le secteur informel ne fait l’objet d’aucun enregistrement. Il est donc impossible de se procurer une base de sondage précise. Pour pallier ce manque, un comptage des activités visibles, formelles et informelles a été réalisé dans les quartiers retenus. L’objectif était alors d’interroger environ la moitié des travailleurs indépendants informels ainsi repérés.

Sur cette base, nous avons décidé de prendre en considération la structure par sexe et par âge de la population de référence. Le critère de sexe est important afin de recueillir de manière représentative l’expérience d’hommes et de femmes. Le critère de l’âge est également intéressant puisqu’il détermine un rapport plus ou moins long avec le marché du travail, et probablement différentes logiques à l’égard de ce marché. Au moyen de cette variable, la population de référence a donc été divisée en cinq strates : les 18-25 ans, les 26-39 ans, les 40-49 ans, les 50-59 ans et les 60 ans et plus.

Une difficulté majeure à prendre en compte réside dans la suspicion de la population de référence à l’encontre de la démarche d’enquête. Il a donc fallu fonctionner sur une logique d’opportunité de rencontres, notamment via les personnes ressources dans les quartiers, tout en intégrant autant que possible les critères de sexe et d’âge.

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Un questionnaire a été mis au point. Il comporte deux cas de figure : des personnes exerçant une activité donnée seulement dans le secteur informel et des personnes ayant passé le cap de l’officialisation, mais qui exercent toujours une partie de cette activité dans l’informel. Les entretiens, d’une durée variant entre une heure et une heure et demie, se sont déroulés au domicile des personnes ou sur le lieu de l’activité informelle.

61 entretiens ont ainsi été réalisés auprès de la population de référence. Les résultats de cette enquête révèlent les tendances à l’œuvre dans le secteur informel en Guyane. Il faut toutefois rester prudent dans leur extrapolation à l’ensemble de la région.

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II / Le contexte socio-économique de la Guyane

II / 1. Une géographie particulière

À la différence des autres départements d’outre-mer qui sont des îles, la Guyane se situe au nord-est du continent sud-américain, entre le Surinam et le Brésil. Ses frontières naturelles sont le fleuve Maroni à l’Ouest, le fleuve Oyapock à l’Est et les monts Tumuc- Humac au Sud. La Guyane s’étend sur 83 534 km2 (16% du territoire de la France métropolitaine), équivalent à la surface du Portugal. Elle est recouverte à 94% par la forêt amazonienne. La densité de population est très faible avec 2 habitants au km2.

L’essentiel de la population et du tissu économique se concentre sur le littoral. Les accès sont difficiles vers l’intérieur. Dès lors, les besoins des communes isolées notamment en termes d’équipements et de services, nécessitent des réponses appropriées, souvent compliquées à mettre en œuvre et générant des surcoûts. De fortes disparités d’occupation du territoire existent, entraînant des trajectoires de développement différenciées.

Du fait de son éloignement, la Guyane est devenue en 1992 une Région Ultrapériphérique (RUP) de l’Union Européenne. Seule porte d’entrée potentielle de l’Europe en Amérique du Sud, elle subit toutefois un enclavement qui amoindrit les avantages de sa position géostratégique.

II / 2. Le défi démographique

Le dernier recensement de l’INSEE a comptabilisé, au 1er janvier 2006, 205 954 habitants en Guyane. Avec le taux record de 4% par an, la Guyane a la plus forte croissance démographique des régions françaises. Cette progression au rythme soutenu résulte à la fois d’un fort solde naturel positif, qui contribue à hauteur de deux tiers à l’augmentation de la population, et d’un solde migratoire positif pour le tiers restant.

Plus que la migration, c’est donc la natalité qui porte la démographie guyanaise. En 2006, l’indice conjoncturel de fécondité est de quatre enfants par femme. Cette dynamique des naissances explique l’extrême jeunesse de la population!: la moitié des habitants ont moins de 25 ans. Le processus de transition démographique n’est pas encore achevé en Guyane.

Pour autant, si le solde migratoire ne contribue que pour un tiers à la croissance démographique, l’immigration constitue un phénomène important en Guyane puisque selon les estimations de l’INSEE en 2005, environ 30% de la population serait étrangère.

Avec le maintien des dynamiques actuelles de fécondité, mortalité et migrations, la population pourrait atteindre 424 000 personnes en 2030.

Ce dynamisme démographique constitue une chance pour un département très peu dense et dont le marché intérieur est souvent considéré comme trop exigu pour constituer un moteur du développement économique. Mais cet essor de la population génère également des besoins très importants (logement, éducation, santé, emploi…) qui constituent de vrais défis.

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II / 3. Une dynamique de croissance insuffisante

Avec un Produit Intérieur Brut (PIB) évalué à 2805 millions d’euros en 2006, le poids économique de la Guyane apparaît faible. Le PIB guyanais représente environ 9% du PIB total des quatre départements d’outre-mer, et il ne dépasse pas 0,16% de l’ensemble du PIB français.

Pourtant, l’économie guyanaise est en pleine expansion. En effet, la croissance de l’activité est remarquable. Entre 1993 et 2006, le PIB de la Guyane progresse en moyenne de 5,2% par an en valeur, et de 3,9% par an en termes réels contre 2,2% par an en moyenne nationale. La croissance réelle guyanaise est donc 1,8 fois plus élevée que celle enregistrée au niveau national.

Élément moteur de l’économie, le secteur spatial contribue à ce résultat. Même si son poids diminue à la faveur d’une diversification du tissu économique, il représente encore 20% du PIB et pousse l’activité vers le haut.

L’économie guyanaise est dominée par le secteur tertiaire qui contribue pour 78% à la valeur ajoutée totale. Le secteur des services non marchands y occupe une large place. En 2006, la valeur ajoutée publique représente en Guyane 35% du PIB alors qu’au niveau national, le secteur public a contribué pour moins de 20% à la valeur ajoutée.

La Guyane dispose de ressources naturelles qui ne sont pas suffisamment valorisées dans le cadre de processus de production, de transformation et de commercialisation. Ceci concerne de nombreuses filières comme le bois, la pêche ou l’or. Concernant l’activité minière aurifère, elle représente cependant un poids économique important. En 2006, la production déclarée s’élevait à 2,7 tonnes en volume, contre 5 tonnes l’année précédente.

En valeur, les exportations ont diminué de 37,5% pour s’établir à 33,1 millions d’euros.

Cette chute s’explique par la fermeture de comptoirs d’or suite aux régularisations imposées à ces derniers par la Direction Régionale de l’Industrie, de la Recherche et de l’Environnement (DRIRE) au titre des installations classées pour la protection de l’environnement. Ce recul est plus marqué pour les artisans mineurs que pour les PME et les multinationales.

Soulignons que le BTP reste un secteur fort mais dépendant de la commande publique. La branche représente environ 10% de la valeur ajoutée totale de la Guyane et 4% des emplois. Elle comprend environ 1000 entreprises, essentiellement artisanales. Le secteur est porté par d’importants travaux d’infrastructures (liés notamment au projet Soyouz) et à la bonne tenue du marché immobilier.

Le poids du secteur primaire quant à lui décline et ne représente plus que 3,7% de la richesse créée.

Le système économique guyanais est principalement orienté vers la satisfaction du marché intérieur. La prédominance des services publics et des services aux particuliers limite les échanges commerciaux guyanais. Le niveau des exportations nettement plus faible que celui des importations entraîne un commerce extérieur déficitaire. Ainsi en 2007, les importations représentaient en valeur 757,9 millions d’euros et les exportations 94,2 millions d’euros. La faiblesse du taux d’exportation traduit le manque de compétitivité externe de la Guyane.

Structurellement déficitaire, le commerce extérieur fait toutefois apparaître des niveaux d’importations et d’exportations comparés au PIB très élevés par rapport à ce qui est observé en métropole. Ceci s’explique par la filière spatiale qui est à la fois un gros importateur et un gros exportateur. Les importations de biens et services liées au spatial représentent 65% des importations totales de la Guyane. Pour les exportations, c’est près de 87% des flux.

Le mode de développement de la Guyane est caractéristique d’une économie abritée. Son

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L’expansion de l’économie guyanaise est en grande partie absorbée par la forte croissance démographique. Le PIB réel par habitant en Guyane s’établit en 2006 à 13800 euros et ne représente que 49% du PIB par tête français. En 1993, il s’élevait à 62% du niveau français, devançant sensiblement les autres DOM. Mais alors que ceux-ci entament un processus de rattrapage, la Guyane subit quant à elle un vrai décrochage.

II / 4. L’inquiétante situation de l’emploi

En 2006, la population active en Guyane compte 79 000 personnes. Le taux de croissance annuel prévu de la population active étant de 3%, le nombre d’actifs pourrait doubler rapidement et s’élever à plus de 160 000 en 2030. Ce rythme élevé de progression de la population active est à l’origine de fortes tensions enregistrées sur le marché du travail. Le flux de nouveaux entrants, de l’ordre de 3 000 à 4 000, nécessite une dynamique conséquente. Sur un marché du travail d’environ 53 000 emplois en 2006, la création d’environ 3 000 emplois représente une expansion de 5,7%.

En 2006, la population active occupée est composée à 87% de salariés et 13% de non salariés (entrepreneurs individuels et chefs d’entreprise, professions libérales). Le secteur tertiaire regroupe 83% des salariés.

L’emploi public pèse d’un poids important en Guyane, plus encore que dans les autres DOM ou la plupart des petites économies. La sphère publique (fonctions publiques d’État, territoriale et hospitalière) emploie 44% des salariés, contre 21% en France métropolitaine.

Elle verse plus de la moitié de la masse salariale, contre 23% en métropole. En Guyane, la sphère productive se compose essentiellement des services aux entreprises et de l’industrie. Elle est sous-représentée avec un cinquième des emplois et des rémunérations, soit deux fois moins qu’en France métropolitaine. La sphère résidentielle répond aux besoins de la population locale. Représentant 35% des emplois, elle est marquée par une forte part du commerce de détail et de petits établissements.

Par ailleurs, la Guyane présente des indicateurs de formation de ses actifs très en retrait de la moyenne nationale. En 2005, parmi les personnes qui ont un emploi ou qui sont en âge d’en exercer un, 54% n’ont aucun diplôme. L’écart est prononcé vis-à-vis de la France métropolitaine où 16% des actifs se trouvent dans ce cas.

Le chômage marque fortement le paysage économique et social. Au mois de janvier 2009, le chômage touche 12 298 personnes, soit 19,6% de la population active. Comme l’ensemble de la France, la Guyane subit une dégradation de l’emploi. Les femmes sont les plus vulnérables sur le marché du travail!: en janvier 2009, elles représentent 57% de la demande d’emploi, contre 45,5% en métropole. Les chômeurs longue durée sont également proportionnellement plus nombreux en Guyane (32,8%) qu’en France métropolitaine (23,8%). Les jeunes de moins de 25 ans représentent en janvier 2009, 13,5% de la demande d’emploi, contre 18,1% en métropole. Toutefois, ce chiffre serait sous-estimé. Les jeunes ne verraient pas l’intérêt de s’inscrire en tant que chômeur et d’actualiser leur situation.

N’ayant souvent pas cotisé suffisamment pour toucher l’allocation de retour à l’emploi, ils estiment que l’inscription ne leur apporte rien de concret. De manière générale, la culture administrative serait moins forte en Guyane qu’en métropole et une partie importante de la population échapperait aux statistiques.

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II / 5. La dépendance aux politiques publiques

La Guyane se caractérise par une forte dépendance aux minima sociaux. Au 31 décembre 2007, 12 178 allocataires bénéficient du Revenu Minimum d’Insertion (RMI). La part des bénéficiaires du RMI représente 5,8% de la population totale de la Guyane, contre 1,7%

pour la France entière. Sur dix ans, le nombre d’allocataires s’est accru de 61% avec un taux de croissance annuel moyen de 4,5%. La Caisse d’Allocations Familiales (CAF) estime par ailleurs la population concernée directement ou indirectement par le RMI à 32 953 personnes, soit 16% de la population du département. Parmi les bénéficiaires du RMI, 7 727 personnes bénéficiaient d’autres prestations (allocations familiales et logement notamment).

Depuis 1996, l’Agence Départementale d’Insertion (ADI) élabore et met en œuvre le programme départemental d’insertion. Celui-ci comporte des mesures dans les domaines de la santé, du logement, de l’insertion professionnelle, de la création d’activité, de l’insertion en milieu rural, de l’emploi. En 2007, 4 983 bénéficiaires du RMI ont signé un contrat d’insertion, soit un taux de contractualisation de 41%.

Pour dynamiser la situation de l’emploi, des politiques publiques pour l’emploi et l’insertion sont mises en place. Le système des contrats aidés, par lequel l’État prend en charge une grande partie de la rémunération d’un salarié, tente de favoriser le retour à l’emploi. Ainsi, en Guyane, le dispositif aurait concerné en 2008 près de 3500 personnes.

La grande majorité de ces contrats aidés se réalisent dans le secteur non marchand, principalement sous la forme de Contrat d’Accompagnement vers l’Emploi (CAE). Dans le secteur marchand, les contrats aidés permettent de soutenir un peu moins de 1 000 personnes par des CAE DOM, des contrats d’apprentissage et des contrats de professionnalisation.

Par définition, les contrats aidés ont une durée déterminée. Il s’agit d’une mesure d’accompagnement pour permettre à des personnes éloignées de l’emploi de reprendre une activité professionnelle. Toutefois, en Guyane, les bénéficiaires des contrats aidés décrochent ensuite rarement un emploi plus durable. On assiste à un « phénomène de rotation des chômeurs autour de ce type d’emploi.!»

II / 6. La création d’entreprise

II / 6.1. Une dynamique de création de très petites entreprises

En 2005, le répertoire SIRENE de l’INSEE enregistrait 7 593 entreprises en Guyane. La répartition par taille laisse apparaître une atomisation prononcée du tissu économique avec 86% des entreprises ayant moins de 2 salariés, contre 77% au plan national. La proportion des entreprises employant plus de 10 salariés est de 3,9% en Guyane contre 6,9% au niveau national.

La Guyane présente un fort renouvellement du tissu des entreprises. En 2006, 1 010 entreprises sont créées, soit un taux de création d’entreprise2 de 13,3%. La forte croissance démographique apparaît comme un facteur favorable à la création d’entreprise puisqu’elle dynamise les commerces. Le secteur des services reste pourtant moins bien représenté en nombre d’établissements que sur le plan national (39,9% contre 51,5%), ce qui indique un potentiel de rattrapage en matière de création d’entreprises de services.

Les créateurs se lancent seuls en grande majorité. D’après l’INSEE, 73% des créations et reprises en Guyane débutent sans salarié, contre 66% en moyenne nationale.

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D’après le Système d’Information sur les Nouvelles Entreprises (SINE) de l’INSEE en 2002, dans les DOM, les créateurs se lancent avec des moyens plus modestes qu’en métropole.

En Guyane, 26% des créateurs ont un capital de départ de moins de 2 000 Euros, contre 19% en moyenne nationale. Ils sont 37% à se lancer avec moins de 4 000 Euros en Guyane, contre 31% au niveau de la France.

L’activité économique se situe sur le littoral, et plus particulièrement sur l’Île de Cayenne.

A elle seule, l’Île de Cayenne (constituée des communes de Cayenne, Matoury et Rémire- Montjoly) concentre sur 6% du territoire, plus de 58% de la population et environ 70% des entreprises de la région. Il s’ensuit des problèmes de saturation des infrastructures, une pénurie de foncier, des tensions sur le marché de l’immobilier. La concentration des activités et des emplois permet néanmoins de faire émerger une taille critique et de soutenir le développement des entreprises.

II / 6.2. Les dispositifs de soutien pour les chômeurs ou bénéficiaires des minima sociaux

Comme nous l’avons déjà souligné, 3000 à 4000 personnes arrivent chaque année sur le marché du travail. Faute d’une offre suffisante d’emplois salariés, la création de son propre emploi est envisagée comme une solution alternative au chômage. Toutefois, un financement et un accompagnement adaptés sont nécessaires aux porteurs de projets. Dès lors, la création d’entreprise est encouragée par différents dispositifs de soutien.

Les chômeurs ou bénéficiaires de minima sociaux peuvent ainsi solliciter le dispositif d’Aide aux Chômeurs Créateurs ou Repreneurs d’Entreprises (ACCRE) qui consiste en l’exonération des cotisations sociales pendant deux années, ainsi que le maintien des allocations chômage ou des minima sociaux pour une période déterminée.

L’avance remboursable EDEN a été récemment remplacée par le dispositif NACRE – Nouvel Accompagnement pour la Création et la Reprise d’Entreprise. Ce dispositif prend la forme d’un parcours ayant pour objectif de mieux accompagner les demandeurs d’emploi et les personnes susceptibles de prétendre à l’ACCRE. Il comprend une aide au montage du projet et une aide financière (prêt à taux zéro et sans garantie) qui doit être couplée à un prêt bancaire. En Guyane, il est possible d’obtenir un prêt d’honneur auprès du réseau France Initiative et de l’Adie.

Des subventions de la part des collectivités sont également mobilisables.

II / 7. Approche générale du secteur informel

Par nature, le secteur informel est un phénomène difficile à évaluer précisément.

Pourtant, certains indicateurs permettent de souligner l’importance du phénomène en Guyane.

Au niveau du secteur bancaire, le phénomène peut se deviner du fait d’une très forte circulation fiduciaire. D’après le rapport général annuel de l’IEDOM, au 31 décembre 2007, l’émission nette par habitant!en Guyane était de 1,3 milliards d’euros, alors qu’en Guadeloupe et en Martinique elle s’établissait autour de 500 millions. L’argent circule beaucoup en Guyane. Cet indicateur témoigne d’une économie informelle développée, puisque dans le secteur informel, les gens paient en espèces. À certaines périodes de forte activité, on observe des dépôts anormalement élevés de la part des particuliers. Cet indicateur témoigne aussi de flux importants qui sortent du département (transferts transfrontaliers), et d’une bancarisation moins importante de la population (tendance à la thésaurisation).

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D’après les enquêtes emploi de l’INSEE, en 2006, près de 4 000 personnes déclaraient en Guyane occuper un emploi informel. Cela représenterait 9% de l’emploi total et 14% de l’emploi privé. Il y aurait une plus forte proportion des jeunes, qui serait liée à leurs difficultés à s’intégrer sur le marché du travail. Pour acquérir une première expérience, ils s’orienteraient vers les secteurs d’activité concentrant le plus d’emplois informels.

Plus de la moitié des personnes non déclarées exerceraient leurs activités dans les services aux particuliers, la construction et l’agriculture. Il s’agit essentiellement d’activités qui ne requièrent pas forcément un haut niveau de qualification. Les personnes les moins diplômées y trouvent plus facilement un débouché. Ce type d’emploi traduit souvent un faible niveau de rémunération.

Les activités informelles, souvent peu productives et peu rémunérées, pèseraient finalement peu (environ 4% du PIB) au regard des flux financiers publics ou des dépenses liées au secteur spatial. Elles induisent en revanche des distorsions concurrentielles importantes dans les secteurs les plus touchés.

Pourtant, le secteur informel n’est pas stigmatisé au sein de la société guyanaise. Le dicton «!Débrouiller, pas pécher!» est révélateur du comportement de la population par rapport à l’informel. Il signifie que «!je fais mes affaires et ce n’est pas mal!». Le secteur informel est ancré dans les traditions de débrouillardise!: «!si je peux jobber, je le fais.!»

Dans toutes les couches de la société, chacun cherche à faire des économies ou à gagner davantage. Dès lors, c’est un véritable réflexe de toujours chercher la bonne affaire ou le bon filon.

La société guyanaise est une société de forte consommation. Le secteur informel permet de bénéficier largement de biens et de services qui ne sont pas au prix du marché. Le secteur informel fait partie intégrante de la société guyanaise. Chacun est à la fois consommateur et opérateur de l’informel.

(15)

III / Analyse du secteur informel à l’échelle du quartier

III / 1. Caractéristiques des quartiers d’enquête III / 1.1. Présentation des quartiers retenus

Pour rappel, les critères de sélection des quartiers ont été évoqués dans la méthodologie.

! RÉMIRE-MONTJOLY / Quartier «!BP 134!» récemment renommé «!Cité!Arc en ciel!»

L’île de Cayenne représente le cœur de l’activité économique en Guyane. Il nous a donc paru incontournable de retenir un quartier se situant sur ce périmètre géographique.

Il s’agit d’un quartier spontané qui s’est stabilisé au fil des vingt dernières années. La BP 134 s’est constituée de façon complètement anarchique, et n’a été reconnue officiellement qu’en 2001. Ce territoire est inscrit au Contrat Urbain de Cohésion Sociale (CUCS) 2007-2009 et il entre dans un programme de Résorption de l’Habitat Insalubre (RHI). Le quartier se situe en périphérie du centre-ville.

Les résultats du dernier recensement ne sont pas encore disponibles à l’échelle des îlots.

En 1999, la population de ce territoire était de 873 habitants. Elle est actuellement estimée autour de 2000 habitants. La population du quartier se répartit essentiellement entre une forte communauté brésilienne (estimée à 70%) et une communauté haïtienne moins importante (10%).

Autour de 26%, le taux de chômage dans le quartier est plus élevé que la moyenne régionale.

Le quartier de la BP 134 est un quartier regroupant des habitations. Il n’y a pas de rue commerçante, mais seulement un commerce de proximité déclaré et situé de manière plus ou moins centrale. Il y existe d’autres activités déclarées dans le quartier, mais elles ne sont pas matérialisées par des enseignes. Par ailleurs, la BP 134 est connue pour être un

«!réservoir!» d’activités informelles. Ces activités sont réalisées dans les cours intérieures, derrière des barrières de tôles. Ou alors, les travailleurs indépendants informels du quartier se déplacent pour effectuer leurs activités.

(16)

Le comptage des activités économiques a permis d’établir une base de sondage pour les entretiens mais aussi de mettre en évidence les différents secteurs concernés!:

Type d’activités recensées Informel Formel

Bâtiment (gros œuvre, charpente, carrelage, peinture…)

18 13

Automobile (mécanique, peinture…) 6 1

Restauration 4 1

Commerce (libre service, import/export…) 9 2

Agriculture / Pêche / Élevage 6 2

Service à la personne (jardinier, couture, manœuvre, femme de ménage, soins esthétiques..)

17 2

Total 60 21

! SAINT LAURENT DU MARONI / Quartier «!La Charbonnière!»

Il était également pertinent de retenir un territoire ne se trouvant pas sur l’Île de Cayenne. La position frontalière de l’Ouest guyanais nous a paru une variable intéressante.

De plus, cette zone est réputée pour avoir des dynamiques propres. Pour exemple, par rapport au reste de la région, l’essor démographique y est tout particulièrement marqué avec une croissance annuelle de plus de 8%.

La guerre civile au Surinam dans les années 1980 avait provoqué l’afflux de réfugiés en Guyane. Formé à ce moment-là de manière spontanée, le quartier «!La Charbonnière!» a rapidement été l’objet de politiques publiques. Il s’agit d’un quartier bien établi, mais qui présente toujours des difficultés avérées. «!La Charbonnière!» est un des quatre quartiers!ultra-prioritaires de Saint-Laurent du Maroni. Elle se compose de trois sous- secteurs!: les Bardeaux, Moucaya et les Flamboyants (anciennement dénommé Naiman du nom du capitaine du quartier). «!La Charbonnière!» s’inscrit dans un projet de rénovation urbaine.

Le secteur des Bardeaux voulait reproduire l’organisation spatiale des villages du haut Maroni mais il se trouve aujourd’hui inadapté à la circulation automobile et piétonne, aux normes de sécurité incendie, et de façon générale au fonctionnement urbain. La quasi- totalité des logements est aujourd’hui dégradée, voire insalubre. Les secteurs Moucaya et Flamboyant sont issus de la deuxième vague de peuplement de «!La Charbonnière!». Les Logements Evolutifs Sociaux (LES) qui y ont été construits, présentent un aspect bâti plus classique et mieux conservé.

(17)

Le recensement de 1999 avait comptabilisé 2 523 habitants à «!La Charbonnière!». La population est actuellement estimée autour de 5 000 habitants. Il s’agit essentiellement de populations originaires du fleuve. Les habitants du quartier sont particulièrement jeunes!: en 1999, 72,9% de la population a moins de 25 ans.

Le quartier connaît une très grande précarité. En 1999, 70,4% de la population active était au chômage. Parmi les chômeurs, les trois-quarts étaient des chômeurs de longue durée. Il semblerait que la situation soit restée dans les mêmes proportions. Les niveaux de qualification dans le quartier sont très faibles puisque près de 75% de la population de 15 ans et plus (hors personnes scolarisées) n’a aucun diplôme.

«!La Charbonnière!» est un quartier d’habitations. Sa localisation près du fleuve a favorisé l’émergence d’un secteur animé. Des activités économiques de restauration et de vente ambulante se sont multipliées principalement sur les berges. Qu’elles soient formelles ou informelles, les activités économiques s’affichent.

Type d’activités recensées Informel Formel

Bâtiment (gros œuvre) 2 0

Transport (mécanique automobile, piroguiers…) 10 1

Restauration 14 2

Commerce (libre service, import/export…) 5 1

Très petit commerce!: Vente de bonbons!/ kwak 18 0

Agriculture / Pêche / Élevage 1 0

Artisanat traditionnel 1 0

Service à la personne (coiffure, écrivain public, photographe, soins esthétiques..)

10 1

Total 61 5

! SAINT LAURENT DU MARONI / Quartier «!Les Écoles!»

Plus récent que «!La Charbonnière!», le quartier «!Les Écoles!» a été créé par les autorités publiques pour répondre aux besoins de logements. Des LES à l’aspect bâti classique, comprenant à la fois des maisons individuelles et de l’habitat collectif, y ont été construits. Ce quartier s’inscrit dans la perspective plus large d’extension de la ville qui déporte vers le sud-est le centre de gravité de la ville. «!Les Écoles!» sont un des quatre quartiers!ultra-prioritaires de Saint-Laurent du Maroni.

(18)

En 1999, 1 144 personnes habitaient aux «!Écoles!». La population est actuellement estimée autour de 2 500 habitants. Tout comme à «!La Charbonnière!», il s’agit essentiellement de populations originaires du fleuve. La population du quartier est plus jeune!qu’en moyenne régionale: en 1999, 70,7% de la population avait moins de 25 ans.

Le quartier connaît une précarité légèrement inférieure au quartier de «!La Charbonnière!». En 1999, 56,5% de la population active était au chômage. Les niveaux de qualification dans le quartier sont très faibles puisque près de 70% de la population de 15 ans et plus (hors personnes scolarisées) n’a aucun diplôme.

«!Les Écoles » doivent leur nom aux différentes écoles primaires et secondaires qui se situent sur son secteur. On y trouve également un bureau de La Poste. La présence de ces administrations vise à dynamiser le quartier qui apparaît encore trop éloigné du centre ville. Le secteur des habitations se situe derrière le lycée. Sans être cachées pour autant, les activités économiques sont moins visibles qu’à «!La Charbonnière!».

Type d’activités recensées Informel Formel

Bâtiment (électricité) 0 1

Transport (mécanique automobile, piroguiers…) 0 0

Restauration 4 2

Commerce (libre service, import/export…) 2 3

Très petit commerce!: Vente de bonbons!/ kwak 6 0

Agriculture / Pêche / Elevage 0 0

Artisanat menuiserie 1 0

Service à la personne (coiffure, couture) 3 0

Total 16 6

III / 1.2. Les manifestations du secteur informel

Les trois quartiers retenus permettent d’établir une typologie d’espaces, avec notamment la variable du moment de l’intégration du territoire à une RHI!:

- «!La BP 134!» est un quartier qui s’est développé de manière spontanée et qui entame seulement une opération RHI

- «!La Charbonnière!» est un quartier spontané qui s’est développé dans le cadre d’une RHI et qui intègre aujourd’hui une nouvelle opération RHI

- «!Les Écoles!» sont un quartier créé dans le cadre d’une RHI Le niveau de l’informel

Le niveau d’activités informelles est beaucoup moins important dans le quartier qui a été initié par les politiques publiques. Les quartiers qui se sont formés spontanément et qui intègrent une RHI présentent un niveau élevé d’activités informelles.

Ce constat peut être mis en lien avec la précarité plus ou moins grande des personnes au moment de leur installation. Les quartiers spontanés sont généralement le fait de personnes en grande détresse sociale ayant le réflexe de la débrouillardise pour résoudre leurs soucis. Les habitants des quartiers construits par les politiques publiques ont été sélectionnés en fonction des critères d’accès au logement social. Ils se trouvent dans une situation précaire mais stable, et ils sont suffisamment connus par les services sociaux pour être pris en charge.

(19)

Le poids de l’informel

Dans les trois quartiers retenus, le poids de l’informel est beaucoup plus élevé, mais dans des proportions variables, que celui du secteur formel. Il s’agit avant tout de zones dédiées au logement. La qualification des logements en LES ne permet pas l’exercice d’activités économiques dans les habitations. Cela explique le faible nombre d’activités formelles dans les deux quartiers de Saint-Laurent du Maroni par rapport à la «!BP 134!» où les habitants ont bâti eux-mêmes leur logement. Les activités formelles qui s’y sont développées relèvent essentiellement de l’artisanat.

Les secteurs d’activité!de l’informel

La répartition par secteur d’activité met en évidence des différences significatives en fonction des quartiers.

A la «!BP 134!», un tiers des activités informelles relève du BTP et un autre tiers concerne des activités de service à la personne. L’importance du BTP pourrait être mise en lien avec la coloration brésilienne du quartier. Les Brésiliens ont en effet une très bonne réputation dans les travaux du bâtiment et, notamment dans le second œuvre. Quant aux activités de service à la personne, il s’agit essentiellement de femmes de ménage. L’Île de Cayenne étant le cœur économique de la Guyane, on peut supposer qu’il y a davantage de cadres ayant recours à ce type de services.

Sur les deux quartiers de Saint-Laurent du Maroni, on note une prédominance des activités de commerce et de restauration. Il s’agit de petites activités de proximité, pour dépanner les habitants du quartier (épiceries d’appoint, vente de légumes, repas à emporter). La position frontalière de la ville a une influence indéniable sur les activités de commerce. De nombreux produits sont achetés au Surinam, où le niveau de vie est moins élevé, pour être revendu en Guyane. Saint-Laurent du Maroni accueille moins d’administrations, et la demande de service à la personne est moins élevée.

Les formes de l’informel

Les activités informelles se manifestent sous différentes formes.

- A la «!BP 134!», alors qu’il ne s’agit pas de logements sociaux, les activités exercées dans les habitations sont cachées derrière des barrières en tôle. Il n’y a pas non plus de panneaux pour indiquer les activités réalisées en dehors des logements. La localisation du quartier sur l’Île de Cayenne, cœur économique de la Guyane, peut expliquer ces

«!précautions!» à mettre en lien avec un risque probablement accru de contrôle des activités non déclarées.

- A Saint-Laurent du Maroni, les activités informelles ont davantage pignon sur rue. Il est d’ailleurs difficile parfois de savoir si une activité est formelle ou informelle. Certaines boutiques sont particulièrement aménagées avec des enseignes. Ceci tient notamment à la nature des activités exercées (commerce, restauration) qui appelle la visibilité.

(20)

III / 2. Le profil des personnes interrogées

L’étude a été réalisée auprès de 61 personnes. Parmi ces entretiens, 43% ont été réalisés sur le quartier de la «!BP 134!», 44% à «!La Charbonnière!», 10% sur le quartier «!Les Écoles!».

57% des personnes interrogées sont des hommes et 43% des femmes. Ce résultat n’est pas forcément significatif de la répartition par sexe des travailleurs indépendants informels. Il peut même paraître étonnant dans un contexte où les femmes sont particulièrement touchées par le chômage. Et en effet, les femmes sont particulièrement nombreuses à exercer dans l’informel en tant que femme de ménage ou sur de petites activités de commerce. Bien que ces deux postes de travail regroupent une forte proportion des activités informelles, nous nous sommes efforcés d’interroger des personnes exerçant dans différents secteurs d’activité afin de garder à l’esprit les diversités de situations et de logiques. La proportion de femmes en ressort probablement diminuée.

Répartition par tranches d'âge

11%

46%

31%

5% 7%

18 - 25 ans 26 - 39 ans 40 - 49 ans 50 - 59 ans 60 ans et plus

Concernant le critère de l’âge, l’âge médian des personnes interrogées est 38 ans. 46%

d’entre elles ont entre 26 et 39 ans, 11% ont moins de 25 ans et 7% ont plus de 60 ans.

Dans les quartiers étudiés, les travailleurs indépendants informels sont donc essentiellement des personnes se trouvant au milieu de leur vie professionnelle. Que ce soit dans le secteur formel ou informel, ils ont déjà eu de premières expériences et ont encore le temps de réaliser des projets professionnels.

Répartition par nationalité

42%

25%

25%

5% 3%

Française Brésilienne Surinamienne Haïtienne Autre

(21)

42% des personnes interrogées sont de nationalité française. Parmi les personnes étrangères, on retrouve essentiellement des Brésiliens et des Surinamiens, constat corrélé aux quartiers sélectionnés pour les enquêtes.

La majorité des étrangers interrogés ont une carte de séjour de 10 ans.

23% des personnes interrogées ne sont pas en règle au regard de leur séjour sur le territoire français.

Un cadre familial élargi

L’environnement familial des travailleurs du secteur informel abonde. 57,4% des personnes interrogées sont mariées ou vivent en couple. Les familles sont nombreuses!: seulement 25% des personnes interrogées n’ont pas, ou plus, d’enfant à charge, en revanche, 33% ont au moins trois enfants à charge.

Loin de se résumer à la seule cellule familiale nucléaire, 31% ont au moins une autre personne à charge. Il s’agit essentiellement d’un neveu ou d’une nièce, et de petits- enfants pour des créateurs un peu plus âgés.

De plus, 53% des personnes interrogées vivent avec d’autres personnes qui ne sont pas à leur charge. Ces personnes sont le plus souvent des enfants ayant des revenus mais qui vivent encore dans le foyer des parents, une sœur, un neveu ou une nièce… Parfois, ces personnes non à charge sont seulement de passage «!la famille va et vient en fonction des besoins!».

Il est difficile d’appréhender pleinement le secteur informel si on déconnecte ces travailleurs de leur environnement familial.

Un faible niveau de formation

Niveaux de formation

26%

32%

21%

16%

2%

3%

Primaire Collège CAP-BEP Lycée généraliste DUT/BTS Bac +3 ou plus

Niveau de formation par rapport au sexe (données en effectifs car bases de calcul faibles)

0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20

16 19 13 10 1 2

Primaire Collège CAP-BEP Lycée généraliste

DUT/BTS Bac +3 ou plus

femme homme

Le niveau de formation des travailleurs du secteur informel est faible puisque 58% des personnes interrogées ont un niveau inférieur ou égal au collège. 16% sont allés dans un lycée général, mais sans pour autant obtenir le baccalauréat. 21% des personnes interrogées ont obtenu un CAP ou BEP. Les personnes ayant un diplôme technique sont à 85% des hommes.

Une précarité par rapport à l’emploi

L’enquête révèle que les personnes ont une situation très précaire vis-à-vis de l’emploi.

Le travail réalisé dans le secteur informel est, en grande majorité, la seule activité génératrice de revenus pratiquée par les travailleurs informels. Ainsi, 70% des personnes interrogées exercent uniquement des «!jobs!», en parallèle, ou pas, de la recherche d’un

(22)

Seulement 13% des personnes interrogées sont salariées, que ce soit dans le secteur privé ou public, en parallèle de leur activité dans le secteur informel. 10% ont officiellement le statut de travailleur indépendant. 7% sont en attente d’un statut officiel de retraité ou d’invalide.

Des ménages largement bénéficiaires des minima sociaux

En parallèle de leurs revenus d’activité (déclarée ou pas), la majorité des personnes interrogées (65%) ont déclaré percevoir des indemnités pour leur ménage.

Indemnités perçues par les ménages

8%

32%

25%

35% Indemnités ASSEDIC

Allocation (Parent Isolé, Familiales, Vieillesse) RMI

Aucune indemnité

III / 3. Les activités informelles dans la stratégie des ménages III / 3.1. Des activités avec un faible investissement de départ

Les secteurs des activités informelles interrogées

La répartition des enquêtes par secteur d’activité confirme les constats faits lors de la phase de comptage des activités économiques. Sur l’Île de Cayenne, il s’agit essentiellement du BTP et des services à la personne tandis qu’à Saint-Laurent du Maroni, la restauration et le commerce prédominent.

Secteurs des activités informelles interrogées Île de Cayenne

Saint-Laurent du Maroni

Total BTP (gros œuvre, charpente, électricité,

plomberie…)

9 2 11

Automobile (mécanique, peinture…)/ Transport 5 1 6

Restauration (sur place ou à emporter) 1 10 11

Commerce (épicerie, vente vêtements, légumes, bonbons, kwak…)

2 10 12

Agriculture / Pêche / Elevage 1 1 2

Artisanat menuiserie 0 2 2

Service à la personne (couture, coiffure, ménage, cours, photographie, écrivain public…)

9 8 17

Total 27 34 61

(23)

Les besoins d’investissement

Les créateurs du secteur informel démarrent leur activité avec un investissement de départ minime. Plus de 60% des personnes interrogées ont déclaré avoir débuté leur activité avec moins de 500 Euros. Dans certains cas, les personnes disent même n’avoir rien dépensé du tout au démarrage. En effet, soit l’activité ne nécessitait pas d’investissement particulier!: «!Je n’ai eu besoin que de mes mains pour démarrer. Pour tresser des cheveux, ça suffit au début!», soit la personne empruntait dans son entourage les outils nécessaires à son travail.

Investissement au démarrage de l'activité

63%

21%

11%

3%

2%

Moins de 500 EUR Entre 500 et 1000 EUR Entre 1000 et 2000 EUR Entre 2000 et 5000 EUR Plus de 5000 EUR

Dans la moitié des cas, l’investissement de départ sert à acheter du matériel pour l’activité, notamment les outils de base. Dans un tiers des cas, il s’agit d’acheter un stock de départ. A la «!BP 134!», l’investissement de départ concerne essentiellement des outils, ce qui est en cohérence avec l’importance des activités dans le BTP. A Saint- Laurent du Maroni, il s’agit surtout d’investir dans un stock de départ, besoin inhérent aux activités de commerce et de restauration. Les autres besoins en investissement concernent le transport!: «!j’avais besoin d’un scooter pour aller faire mes ménages!», un lieu pour l’activité!: «!j’ai acheté une table et un parasol pour commencer à vendre mes légumes!»

«!il a fallu que j’achète du bois et des plaques de tôle pour construire mon petit restaurant!».

L’investissement de départ est financé à 60% par des fonds personnels. Il s’agit d’argent économisé sur des allocations «!j’ai payé avec l’argent du RMI!»!, sur de précédents emplois «!j’ai utilisé les économies sur mon compte au Surinam!» «!avec l’argent de mon travail au Brésil!», ou sur d’autres jobs. Dans 23% des cas, la famille ou des amis aident le créateur informel au démarrage par une aide financière ou matérielle.

32% des personnes interrogées n’ont pas réalisé d’autre investissement que la mise de départ. 38% ont investi dans du matériel. Pour ceux qui empruntaient du matériel, il s’agissait alors d’acheter leurs propres outils. Pour les autres, ils ont acheté du meilleur matériel. 16% ont investi dans l’amélioration du lieu de leur activité. 11% ont acheté un nouveau stock pour leur activité.

(24)

III / 3.2. Les motivations!: une typologie de l’informel

Les motivations à l’informel sont diverses. Si dans près de 60% des cas, le besoin d’argent est exprimé, les créateurs évoquent aussi un intérêt pour l’activité, un besoin d’occuper le quotidien, un effet d’opportunité ou encore des sollicitations.

Sur la base de ces motivations à l’informel exprimées par les personnes interrogées, nous avons tenté d’établir une «!typologie de l’informel!» comportant cinq groupes!: l’Informel Survie, l’Informel Complément de revenu, l’Informel Test, l’Informel Passion Tradition, l’Informel Flexibilité Sécurité.

Répartition selon typologie de l'Informel

36%

29%

10%

15%

10%

Informel Survie Informel Complément de revenu

Informel Test Informel Passion / Tradition

Informel Flexibilité / Sécurité

- Informel Survie!(36%)

Il s’agit des personnes pour qui le travail dans le secteur informel ne relève pas d’un choix mais d’une nécessité absolue pour subvenir aux besoins de la famille. Cette catégorie concerne essentiellement des personnes sans papier, ou des femmes seules avec de nombreux enfants à charge.

F.3, Femme de ménage, Rémire-Montjoly

Depuis que son mari est décédé, F. se débrouille seule pour élever ses trois enfants. Elle vit dans une maison en tôle sans aucune commodité sur un terrain qui ne lui appartient pas

«!j’ai peur d’arranger un peu la maison car ils vont changer la cité!». F. touche le RMI mais cela permet à peine à sa famille de vivre. «!Je suis tout le temps dans le rouge. Je fais des ménages lorsque je trouve. Je voudrais offrir une vie meilleure à mes enfants. Et puis, ça me permet de sortir de la maison. J’ai acheté un scooter d’occasion pour pouvoir aller travailler. Je n’avais pas d’argent, mais heureusement, une amie m’a prêté. Je la rembourse petit à petit. Mais mon scooter ne fonctionne plus très bien et j’ai peur qu’il tombe en panne. J’ai acheté aussi un fer à repasser professionnel. Je l’ai payé en plusieurs fois dans un grand magasin.!»

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