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Gabrielle Hecht (2016), Uranium africain. Une histoire globale, Paris, Seuil

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HAL Id: hal-01570047

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Submitted on 28 Jul 2017

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Gabrielle Hecht (2016), Uranium africain. Une histoire globale, Paris, Seuil

Mikael Chambru

To cite this version:

Mikael Chambru. Gabrielle Hecht (2016), Uranium africain. Une histoire globale, Paris, Seuil. 2017,

https://communication.revues.org/7124. �hal-01570047�

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Mikaël Chambru

Édition électronique URL : http://

communication.revues.org/7124 ISBN : 978-2-921383-81-3 ISSN : 1920-7344

Éditeur Université Laval

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Référence électronique

Mikaël Chambru, « Gabrielle HECHT (2016), Uranium africain. Une histoire globale », Communication [En ligne], vol. 34/2 | 2017, mis en ligne le 07 juillet 2017, consulté le 26 juillet 2017. URL : http://

communication.revues.org/7124

Ce document a été généré automatiquement le 26 juillet 2017.

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Gabrielle HECHT (2016), Uranium africain. Une histoire globale

Paris, Seuil

Mikaël Chambru

RÉFÉRENCE

Gabrielle HECHT (2016), Uranium africain. Une histoire globale, Paris, Seuil

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Avec cet ouvrage, Gabrielle Hecht apporte une contribution importante aux recherches s’intéressant à la problématique des relations entre sciences, communication et société, et plus particulièrement à l’analyse des dimensions politiques et sociales des objets et des systèmes techniques dans les sociétés contemporaines. Le livre s’inscrit dans le prolongement de ses travaux antérieurs relatifs au développement de l’énergie électronucléaire en France, dans lesquels elle analyse les enjeux communicationnels de celui-ci : la technologie nucléaire est une composante fondamentale de l’identité nationale française en reconstruction après la Seconde Guerre mondiale. Afin de mieux comprendre la construction conjointe de la technique, de la politique et de la culture, elle y élabore le concept de technopolitique pour désigner « les pratiques stratégiques qui consistent à concevoir ou à utiliser la technique afin de mettre en place des objectifs politiques, de leur donner forme et de les réaliser », ainsi que celui de régime technopolitique pour restituer ces « relations étroites qui existent entre les institutions, les individus qui les gouvernent, les mythes et les idéologies qui guident ces derniers, les objets qu’ils produisent et les technopolitiques qu’ils poursuivent […] et la nature contestée de ce pouvoir » (p. 24-27).

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Hecht se propose cette fois-ci d’éclairer et de restituer la place centrale du continent africain dans l’histoire mondiale du nucléaire : « […] l’Afrique fait partie du monde nucléaire, et le monde nucléaire fait partie de l’Afrique » (p. 50). Pour cela, elle forge de nouveaux outils conceptuels en engageant un minutieux travail de déconstruction-

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Communication, vol. 34/2 | 2017

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scientifiques et techniques, elle émerge des relations sociales selon lesquelles le savoir est produit. La nucléarité n’est pas la même partout […]. La nucléarité n’est pas la même pour tout le monde […]. La nucléarité n’est pas la même à tout moment (p. 22).

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Ce traitement analytique s’avère particulièrement fécond pour saisir et restituer les hybridations entre science, technique et politique, sans pour autant dissoudre les catégories historiques et sociologiques et ainsi procéder à un aplanissement du monde social comme le fait l’anthropologie des sciences et des techniques (Lamy, 2007). En effet, Hecht ne glisse pas dans une lecture consistant à affirmer que la radioactivité n’existe que là où les acteurs ont intérêt à la mettre à jour et à mettre sur le même plan la manière d’extraire ce minerai des mines et le travail de politisation qui l’accompagne. Le refus de cette posture simpliste lui permet ainsi de retracer avec précision les formes de domination et les jeux de pouvoir liés au processus social, politique, économique et environnemental de qualification des pratiques d’extraction et de transformation d’une ressource dite naturelle en combustible nucléaire, notamment dans la période postcoloniale. Autrement dit, les critères de la nucléarité ne sont pas strictement scientifiques : « […] ses paramètres dépendent de l’histoire et de la géographie, de la science et de la technique, des corps et de la politique, des radiations et de la race, des États et du capitalisme » (p. 21).

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Dans cette perspective, Hecht retrace et détaille les processus de « nucléarisation- dénucléarisation » de l’uranium à travers l’étude des liens entre la France et ses anciennes colonies africaines que sont le Gabon et le Niger, puis à partir du cas singulier de l’Afrique du Sud. En restituant les différentes configurations politiques conduisant aux bifurcations successives dans son traitement public, elle montre que les frontières de la nucléarité de l’uranium sont mouvantes, que le statut de celui-ci peut être simultanément défini comme ordinaire ou exceptionnel suivant les luttes de pouvoir et les stratégies des acteurs sociaux engagés dans la controverse. En prenant le cas du Gabon, l’historienne américaine analyse comment ce minerai est d’abord devenu nucléaire lorsque la France a découvert des gisements en 1957, puis comment il a été progressivement dénucléarisé à partir de l’indépendance pour en faciliter la commercialisation. À l’inverse, explique-t- elle, le Niger, cherchant lui aussi à s’autonomiser de la France pour affirmer sa souveraineté, s’est attaché à promouvoir la dimension nucléaire de son uranium pour le rendre exceptionnel et agir sur son prix. Selon Hecht, ce sont les circonstances historiques et géographiques qui façonnent les institutions et les technologies liées à la production d’uranium :

De la même façon que l’uranium reliait la France au Gabon et au Niger d’une façon qui reflétait les déséquilibres, les valeurs et les significations de la “françafrique”, l’uranium déterminait l’implication internationale dans le régime de l’apartheid en Afrique du Sud et dans son occupation coloniale de la Namibie (p. 119).

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Il n’y a donc pas une nucléarité définie comme une propriété immuable et incontestable d’un système technologique, mais des nucléarités de l’uranium, instables, variables et fluctuantes selon les configurations politiques dans lesquelles elles s’insèrent et selon les productions stratégiques de régimes de mise en visibilité/invisibilité des acteurs de la filière nucléaire.

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Hecht s’intéresse également à la nucléarité de l’uranium africain à travers le prisme de la santé au travail, et plus particulièrement à l’invisibilisation des radiations auxquelles sont exposés les mineurs dans leur activité quotidienne. Elle montre tout d’abord que l’uranium n’a pas toujours été nucléaire : la nucléarité des mines d’uranium n’est apparue que lentement et inégalement selon des rythmes historiques divers, et ce, malgré le fait, dans le cas de Madagascar et du Gabon, que les mines en France étaient traitées comme étant nucléaires. En cause, les enjeux économiques, politiques, sociaux et scientifiques sous-jacents, résultant du « produit de circuits de pouvoir coloniaux et postcoloniaux géographiquement et temporellement particuliers » (p. 214). Son propos entre d’ailleurs ici en résonance et éclaire la lutte contemporaine des habitants et des travailleurs d’Arlit (au Niger) qui se mobilisent depuis la fin des années 1990 pour dénoncer leurs conditions de santé et de vie, qu’ils jugent détériorées par plusieurs décennies d’exploitation de l’uranium : ils se battent pour faire reconnaître la contamination radioactive, alors qu’Areva explique qu’il s’agit d’une activité minière banale n’ayant rien de nucléaire (Topçu, 2013). Hecht souligne ensuite qu’une fois cette reconnaissance tardive de la nucléarité des mines potentiellement obtenue, elle s’accompagne encore par l’imperceptibilité de l’exposition des travailleurs et leur invisibilité durable en tant que travailleurs du nucléaire : « […] les radiations ne suffisent pas à faire de l’extraction de l’uranium un travail nucléaire » (p. 237). C’est dans ce contexte que les mineurs namibiens vont s’attacher à rendre visible cette nucléarité, à la construire en un problème public, et chercher à obtenir sa mise à l’ordre du jour politique en apprenant à

« se servir du pouvoir technopolitique à leurs propres fins » (p. 284), à la différence des mineurs de l’Afrique du Sud. Ainsi, les conséquences médicales de l’exposition des mineurs et leur prise en charge politique ne sont jamais acquises et sont spatialement et temporellement distribuées en fonction de l’attribution du « label » nucléaire à l’uranium. En ce sens, les luttes concernant la nucléarité varient elles aussi au gré des configurations des pouvoirs technopolitiques : « […] les mineurs d’uranium africains dépendent de la circulation transnationale des choses nucléaires, qui elle-même dépend des mineurs africains » (p. 313).

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En définitive, cet ouvrage est d’une grande richesse. En s’appuyant sur cas concrets étayés par une vaste et rigoureuse enquête de terrain, il fait entrer le lecteur dans un univers complexe — celui de la technologie nucléaire — tout en proposant une conceptualisation des situations stimulantes, en ce sens que Hecht invite à envisager les dynamiques des controverses socioscientifique et technopolitique loin de tout déterminisme culturel, politique et technique. En donnant à voir l’historicité et la géographicité de la nucléarité, elle souligne la nécessité de considérer la définition de ce qui est nucléaire comme une question processuelle fluctuant dans le temps et dans l’espace, plutôt que comme une donnée déterminée et substantielle. Une telle approche permet de restituer les rapports de force, les jeux d’acteurs, leurs choix tactiques et leurs stratégies communicationnelles dans la définition de cette catégorie technopolitique que représente la nucléarité, ainsi que les conflits de « labellisation » nucléaire qui se déploient dans d’autres lieux que le continent africain, à travers d’autres matérialités que l’uranium et selon d’autres

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BIBLIOGRAPHIE

HECHT, Gabrielle (2014), Le rayonnement de la France. Énergie nucléaire et identité nationale après la Seconde Guerre mondiale, Paris, Amsterdam.

LAMY, Jérôme (2007), « Penser les rapports entre sciences et politique : enjeux historiographiques récents », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, 102 : 9-32.

TOPÇU, Sezin (2013), La France nucléaire. L’art de gouverner une technologie contestée, Paris, Seuil.

AUTEURS

MIKAËL CHAMBRU

Mikaël Chambru est membre du Groupe de recherche sur les enjeux de la communication (Gresec), Université Grenoble Alpes. Courriel : mikael.chambru@univ-grenoble-alpes.fr

Références

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