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Revue internationale d éducation de Sèvres

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Revue internationale d’éducation de Sèvres 

80 | avril 2019

La pédagogie universitaire

University pedagogy La pedagogía universitaria Philippe Lalle (dir.)

Édition électronique

URL : https://journals.openedition.org/ries/7956 DOI : 10.4000/ries.7956

ISSN : 2261-4265 Éditeur

France Education international Édition imprimée

Date de publication : 1 avril 2019 ISBN : 978-2-85420-623-4 ISSN : 1254-4590 Référence électronique

Philippe Lalle (dir.), Revue internationale d’éducation de Sèvres, 80 | avril 2019, « La pédagogie universitaire » [En ligne], mis en ligne le 01 avril 2021, consulté le 24 juin 2021. URL : https://

journals.openedition.org/ries/7956 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ries.7956

© Tous droits réservés

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internationale d’éducation S È V R E S n° 80 - avril 2019

D O S S I E R

la pédagogie universitaire

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Actualité documentaire 7

Bernadette Plumelle

Ressources en ligne

Federica Minichiello

Le Laboratoire numérique de l’éducation, un espace innovant dédié

aux applications pédagogiques des transformations numériques 12

Le point sur l’actualité internationale en éducation

Tarik Hari

Les modalités de recrutement des enseignants-chercheurs marocains,

un processus vraiment efficace ? 16

Repères sur les systèmes éducatifs dans le monde

Damien Larrouqué

Fragmentation, discrédit et politisation : un état des lieux du système

éducatif péruvien 19

Lisa Bydanova

Le système éducatif de l’Azerbaïdjan 25

Kam Tung Tuang (Peter) Suante

Le système éducatif birman : transformations en cours et enjeux d’avenir 31

Notes de lecture

Long Pham Quang

S’engager pour accompagner. Valeurs des métiers de la formation,

Mireille Cifali, PUF, 2018 38

Jean-Marie De Ketele

Comment l’école reste inégalitaire. Comprendre pour mieux réformer,

Hughes Draelants, Louvain-la-Neuve, Presses universitaires de Louvain, 2018 40 Roger-François Gauthier

Entre tronc commun et filières, quelle école moyenne ? Étude comparative, François Baluteau, Vincent Dupriez, Marie Verhoeven, Académia,

L’Harmattan, novembre 2018 ; revue Nordiques, n° 36, Dossier « Réformer l’éducation en Europe du Nord », coordonné par Y. Aucante et P. Colla,

automne 2018, Bibliothèque de Caen, Association Norden 44

sommaire

actualité internationale

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3

La pédagogie universitaire

Introduction 49

La révolution pédagogique de l’enseignement supérieur, une universalité géographique et paradigmatique Philippe Lalle, Simone Bonnafous

Depuis un certain nombre d’années, l’université connaît de nombreuses mutations qui font évoluer l’enseignement et favorisent le développement d’un objet nouveau : la pé- dagogie universitaire. Les pratiques d’enseignement se modifient sous l’influence des changements sociaux et sociétaux : massification, arrivée des nouvelles technologies, changement du rapport au savoir, aspirations nouvelles et mobilité accrue des étudiants, exigence de pédagogies diversifiées, etc. De nouvelles formes d’enseignement appa- raissent (apprentissage par problèmes, classe inversée, formations à distance, hybrides ou co-modales…), mais ce sont aussi les modalités d’évaluation et les espaces d’appren- tissage qui changent. Et si, il y a quelques années encore, la formation des enseignants universitaires à la pédagogie était inexistante, des centres d’appui à la pédagogie se créent maintenant dans le monde entier, quelle que soit la typologie des établissements, tandis qu’émerge la question de la valorisation de l’engagement pédagogique des enseignants.

La formation du supérieur : un levier de transformation

des universités québécoises 61

Christelle Lison, Didier Paquelin

Depuis le Moyen Âge, les universités ont progressivement quitté leur fonction première centrée sur l’enseignement pour donner davantage de place à la recherche. Une culture et des pratiques professionnelles fortement ancrées dans une approche magistro-centrée semblent aujourd’hui moins en adéquation avec les attentes et les besoins des apprenants comme des acteurs du monde socio-économique actuel. La transformation des pra- tiques pédagogiques devient une impérative nécessité, qui suppose un accompagnement des enseignants visant le développement d’un nouveau corpus de gestes professionnels appuyé sur des capacités et des compétences parfois éloignées de leur cœur de métier.

Pour y parvenir, plusieurs universités québécoises ont investi dans la formation des en- seignants afin de créer une dynamique collective qui, partant des pratiques actuelles, vise un bien-être pédagogique fondé sur la réflexivité étayée par les résultats de la recherche en pédagogie de l’enseignement supérieur. Sans en faire une obligation, elles considèrent que proposer des espaces de développement professionnel pédagogique amène des re- tombées non seulement pour les individus qui s’y engagent mais aussi à l’échelle institu- tionnelle.

dossier

Coordination : Philippe Lalle

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4

La pédagogie universitaire en Belgique francophone :

un processus qui s’inscrit dans la durée 71 Marcel Lebrun, Jean-Marie De Ketele

Comme dans d’autres pays, le développement de la pédagogie universitaire en Belgique francophone s’inscrit dans un temps long et passe par diverses phases, dont le décollage et la durée varient d’une d’université à l’autre. Dans un premier temps, l’article décrit de manière historique, depuis les années 1970 jusqu’à aujourd’hui, l’évolution de la pédago- gie universitaire à l’Université catholique de Louvain. Ensuite, quelques points essentiels de ce développement sont détaillés, en particulier la prise en compte par l’institution et le dossier de valorisation pédagogique, en élargissant l’analyse à d’autres institutions et à différents réseaux.

La longue marche pour la formation pédagogique

des enseignants du supérieur au Liban 83

Nada Moghaizel-Nasr

L’auteure commence par expliciter l’enjeu de la formation pédagogique des enseignants universitaires, à la lumière des compétences à développer auprès des étudiants pour le XXIe siècle. Elle présente ensuite le cadre national impactant les pratiques pédagogiques dans les universités libanaises, l’état des lieux de la formation pédagogique des ensei- gnants dans ces universités ainsi que les projets institutionnels ayant une portée natio- nale. Elle conclut par une réflexion sur les conditions favorisant l’amélioration des pra- tiques enseignantes et sur l’enjeu sociétal de la pédagogie universitaire, qui favorise une qualité inclusive de l’enseignement.

L’Université virtuelle du Sénégal : une réponse à la massification et aux inégalités d’accès à l’enseignement supérieur 93 Abdourahmane Mbengue, Lionel Meinertzhagen

Pour répondre aux défis de la massification et de l’inégalité d’accès dans l’enseigne- ment supérieur d’Afrique subsaharienne, la formation à distance est reconnue comme une solution. Créée en 2013, l’Université virtuelle du Sénégal est rapidement devenue la première université publique entièrement numérique en Afrique francophone subsaha- rienne et la deuxième en termes d’effectifs au Sénégal. L’article présente les dispositifs de formation en ligne, tels que des plateformes à distance (Moodle), des classes virtuelles (Blackboard collaborate) et un réseau d’espaces numériques ouverts (ENO) disséminés dans différentes régions du pays. Il analyse ensuite les difficultés de démarrage et les conséquences sur la perception de l’opinion, les premières leçons tirées et les mesures de remédiations prises pour une montée en puissance de l’UVS. L’ambition est d’en faire un acteur africain incontournable de la pédagogie universitaire numérique.

De l’expérimentation des innovations pédagogiques

numériques à leur généralisation en France 103 Philippe Dulbecco

Les universités françaises sont nombreuses à avoir ouvert le chantier de la transforma- tion pédagogique et numérique avec des équipes d’abord pionnières, aujourd’hui re- jointes par un plus grand nombre d’enseignants-chercheurs. Le risque est fort toutefois que cette nouvelle étape de développement des innovations pédagogiques numériques au sein des universités ne permette pas d’atteindre l’objectif poursuivi, celui du passage de l’expérimentation à la généralisation. L’article souligne les fondamentaux de la trans- formation (la temporalité, le portage politique, l’appropriation par les acteurs et les usa- gers) et décrit les mesures d’accompagnement nécessaires en termes d’organisation, de pilotage et d’administration des établissements concernés.

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5 Des centres pour le développement de l’enseignement

et de l’apprentissage dans les universités chinoises

de recherche 115

Le cas de l’Université de Xiamen Fan Wu

La mise en place de centres pour le développement pédagogique ayant pour but de promouvoir l’excellence des professeurs en matière d’enseignement dans les universi- tés de recherche est considérée comme étant l’une des approches les plus importantes de la construction de l’identité de l’enseignement supérieur en Chine. L’étude du cas du Centre pour le développement de l’enseignement et de l’apprentissage (Center for Teaching and Learning Development : CTLD) au sein de l’Université de Xiamen permet d’illustrer les problèmes à résoudre et les défis à relever, les programmes et les services efficaces ainsi que les principes et les pratiques pertinents que l’on peut retirer de l’expérience du CTLD. Cette étude de cas montre également comment, lorsque la mission, la gestion et la programmation de ces centres sont bien adaptées aux différentes facettes d’une université de recherche, un tel centre pour le développement pédagogique est au service de la création d’une culture de l’excellence en matière d’enseignement.

La réforme de la pédagogie universitaire au Danemark :

le cas de l’apprentissage par problèmes 125 Bettina Dahl, Jette Egelund Holgaard

Depuis sa création, l’université d’Alborg au Danemark met en pratique l’apprentissage par projets et par problèmes (APP ou « problem based learning »). Si le modèle APP a évolué au fil du temps, tous les programmes de l’université sont fondés sur les principes partagés de l’APP, selon lesquels l’étudiant travaille sur un problème fondé sur des pro- jets faisant appel à la théorie pour résoudre ou expliquer un problème authentique, et contextualiser ainsi le savoir disciplinaire. L’université met fortement l’accent sur la for- mation en APP des étudiants comme des professeurs, ainsi que sur un fort axe de re- cherche en matière d’APP. Il s’agit d’une approche systémique qui met en valeur un ap- prentissage actif, collaboratif et centré sur l’étudiant.

Références bibliographiques 135

Prunelle Charvet, Hélène Beaucher

Abstracts 149

Resúmenes 151

Les auteurs 153

La revue 157

Numéros disponibles 159

Commander un numéro / s’abonner 163

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actualité documentaire

BANCE Philippe, FOURNIER Jacques (sous la direction de)

Éducation et intérêt général Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2018, 698 p.

Cet ouvrage, consacré au système éducatif français, analyse la relation entre éducation, intérêt général et action publique. Il réunit quarante contributeurs, enseignants-chercheurs et responsables institutionnels de haut niveau et offre une vision complète du processus de décomposition-recom- position du système éducatif français durant un demi-siècle. Fondé sur une analyse rigoureuse et étayé par des données précises, il formule des propo- sitions qui, sur chacun des principaux sujets de l’agenda politique, combinent les exigences de continuité et de renou- veau.

ÉTIENNE Richard, DUPRIEZ Vincent, MAULINI Olivier, TARDIF Maurice (coord.)

La recherche francophone en éducation : réseaux, échanges, publications

Les Dossiers des sciences de l’éducation, 2019, n° 41, 209 p.

Ce numéro offre une mise en pers- pective de la recherche francophone dans les sciences de l’éducation et de la formation. Une première partie est consacrée à l’analyse de la nature com-

plexe de cette discipline ainsi qu’à un état des lieux des mutations les plus récentes des publications scientifiques dans ce domaine. Les articles suivants s’intéressent, l’un, aux échanges et col- laboration de didacticiens avec d’autres chercheurs en éducation, l’autre, à l’analyse des symposiums des trente dernières années du réseau interna- tional de recherche en éducation et en formation (REF). Une deuxième partie étudie la question de l’usage éventuel des apports de la recherche en éducation par les professionnels dans trois contextes différents, la Belgique francophone, la Suisse romande et le Québec.

HICKEY Sam, HOSSAIN Naomi (ed.) The politics of education

in developing countries:

from schooling to learning New-York : Oxford University Press, 2019, 231 p.

Pourquoi de nombreux pays en développement qui ont réussi à élargir l’accès à l’éducation ont-ils si peu pro- gressé dans l’amélioration des résultats de l’apprentissage ? L’ouvrage examine la façon dont la politique détermine la capacité et l’engagement des élites à faire face à la crise de l’apprentis- sage dans six pays en développement : l’Afrique du Sud, le Bangladesh, le Cambodge, le Ghana, l’Ouganda et le Rwanda. L’ouvrage déploie un nou- veau cadre conceptuel, « the domains of power approach », pour montrer en quoi la nature de l’accord politique détermine le niveau d’engagement des élites et la capacité de l’État à améliorer les résultats d’apprentissage.

D

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8

MAROY Christian, PONS Xavier (ed.) Accountability policies

in education: a comparative and multilevel analysis in France and Quebec

New York : Springer, 2019, 229 p.

Ce livre aborde les changements en cours dans les politiques éducatives en France et au Québec au prisme des politiques de redevabilité basées sur la performance. Il interroge la trajectoire de ces politiques, leurs médiations et leur instrumentation à travers un cadre théorique combinant une approche néo-institutionnaliste nord-américaine et la perspective de la sociologie fran- çaise de l’action publique. Le livre pro- pose une analyse approfondie de deux systèmes éducatifs avec une recherche sur le terrain menée dans les écoles, auprès des autorités intermédiaires et dans les administrations centrales, pendant trois ans.

POTVIN Maryse, DHUME Fabrice, OGAY Tania, VERHOEVEN Marie (coord.)

Pluralisme, équité et rapports ethniques dans la formation du personnel des milieux éducatifs Education et francophonie, 2018, vol.

XLVI, n° 2, 269 p. [en ligne]

Le numéro dresse un portrait com- paratif (Québec, France, Suisse, Belgique francophone) des diverses manières d’aborder et de répondre aux défis que posent la formation initiale et l’accom- pagnement des personnels scolaires en matière de diversité ethnoculturelle et d’équité. Les articles rassemblés en deux parties - formation initiale et pratiques de formation continue et d’accompa- gnement - traitent ainsi des connais- sances, des attitudes et des compétences

à développer, de la mise en œuvre des orientations dans les dispositifs et les pratiques de formation, mais aussi de la manière d’aborder les questions sen- sibles en classe. http://bit.ly/2XLmXh3

PROGIN Laetitia, ETIENNE Richard, PELLETIER Guy (sous la direction de) Diriger un établissement

scolaire : tensions, ressources et développement

Louvain-la-Neuve : De Boeck Supérieur, 2019, 253 p.

Actuellement, les établissements scolaires sont considérés comme des garants de la qualité de l’éducation.

L’ouvrage examine les effets d’une ges- tion de plus en plus axée sur les résul- tats et sur l’injonction des responsables politiques, qui chargent les personnels de direction d’une lourde responsabi- lité en matière de réussite des élèves.

Or ces personnels rencontrent des formes de résistance plus ou moins justifiée de la part des enseignants.

Les auteurs analysent les effets de ces nouveaux modes de régulation et les tensions vécues par les directions d’établissement dans cinq pays (France, Belgique, Suisse, Québec, Liban). Les réformes de systèmes éducatifs pour- tant différents convergent vers un fonctionnement où le « leadership édu- catif » devient une commande, alors qu’il n’est pas encore une réalité.

REY Olivier

Pilotes et pilotage dans l’éducation Dossier de veille de l’IFÉ, n° 128, février 2019, 36 p. (en ligne)

L’auteur analyse l’impact de la nou- velle gestion publique sur le pilotage

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9 des acteurs éducatifs dans plusieurs

pays (Angleterre, Belgique, États- Unis, pays nordiques, Québec…) et en France. Il a pour objectif de rassembler des éléments de la littérature scien- tifique sur ces sujets, qu’il s’agisse de travaux concernant principalement les inspecteurs et les chefs d’établissements ou d’études analysant les mutations qui affectent l’identité professionnelle des cadres de l’éducation. Une dernière partie porte sur le déploiement des politiques publiques sur le terrain et l’enrôlement des acteurs ainsi que sur la construction des cadres d’action à même d’assurer un pilotage effectif.

http://bit.ly/2Ybv06a

ROUSSEAU Nadia, ESPINOSA Gaëlle (sous la direction de)

Le bien-être à l’école :

enjeux et stratégies gagnantes Québec : Presses de l’Université du Québec, 2018, 316 p.

Les recherches menées sur le bien- être en contexte scolaire connaissent un véritable essor depuis les années 2000 et de nombreux pays, particulière- ment anglo-saxons et scandinaves, ont fait du bien-être un axe important des réformes de leur système éducatif.

Mais les travaux, anglophones et fran- cophones, s’ils mesurent le bonheur à l’école, révèlent également la relativité des critères de définition du concept de « bien-être ». Cet ouvrage composé de réflexions et d’études belges, cana- diennes, françaises et suisses, présente les enjeux du bien-être de l’élève à l’école et les stratégies gagnantes pour tendre vers cet état de satisfaction.

Publications des

organisations internationales

Commission européenne, EACEA : Agence exécutive Éducation, audiovisuel et culture, Eurydice : réseau d’information sur l’éducation en Europe

Integrating students from migrant backgrounds into schools in Europe:

national policies and measures Luxembourg : Office des publications de l’Union européenne, janvier 2019, 192 p. [en ligne]

Le rapport examine les politiques et mesures nationales prises par les auto- rités éducatives pour intégrer les élèves migrants dans les établissements sco- laires en Europe. Il propose une analyse comparative de mesures ayant trait à la gouvernance, à l’accès à l’éducation, aux enseignants, ou visant à répondre aux besoins linguistiques et de soutien psychosocial des élèves. Il fournit éga- lement une analyse plus approfondie de dix systèmes éducatifs sélectionnés en fonction de deux critères : la prise en compte de la diversité et le bien-être des élèves migrants. http://bit.ly/2JI0eJ4

CONFEMEN : Conférence

des ministres de l’éducation des pays ayant le français en partage

Favoriser le développement de la petite enfance et garantir l’accès à une éducation préscolaire équitable et de qualité : un socle pour la réussite des apprentissages Dakar : CONFEMEN, 2018, 189 p.

[en ligne]

Des évaluations récentes dans les pays francophones d’Afrique subsaha- rienne ont mis en évidence la faiblesse

(11)

10

des acquis des enfants dans les appren- tissages de base. Cette publication, document de réflexion et d’orientation (DRO) de la Confemen, présente un état des lieux de l’éducation préscolaire, thème de sa 58e session ministérielle. Elle analyse les enjeux de l’éducation et de la protection de la petite enfance (EPPE) (égalité d’accès, éducation inclusive, financement, qualité) et son impact sur le développement et les trajectoires des enfants ; les modes de gouvernance, les programmes et la formation des enseignants. http://bit.ly/2NZHHNO

FISZBEIN Ariel, OVIEDO Maria, STANTON Sarah

Educación técnica y formación profesional en América latina y el Caribe: desafíos y oportunidades Caracas : CAF : Banco de desarrollo de América latina, novembre 2018, 98 p. [en ligne]

Depuis quelques années, l’Amérique latine et les Caraïbes cherchent à aug- menter les taux de scolarisation dans l’enseignement et à améliorer la qualité de l’offre éducative et de la formation professionnelle, en renforçant les liens entre les compétences acquises dans le système éducatif et celles requises sur le marché du travail. Ce document offre un aperçu de la situation de l’enseigne- ment secondaire et postsecondaire, de l’enseignement technique ainsi que de la formation professionnelle dispen- sée en dehors du système éducatif. Les initiatives remarquables et les innova- tions prometteuses de différents pays sont mises en évidence, et, là où il existe des données, les résultats de ces projets.

http://bit.ly/2JCFbsF

MATO Daniel (coord.)

Educación superior, diversidad cultural e interculturalidad en América Latina

Caracas : UNESCO, 2018, 364 p.

[en ligne]

Depuis la Conférence de Carthagène en 2008, les peuples autochtones et les personnes d’ascendance africaine ont un meilleur accès à l’enseigne- ment supérieur en Amérique latine.

L’ouvrage porte sur les expériences qui se sont développées sur ce conti- nent au cours des dernières décennies dans l’enseignement supérieur pour, avec et par les peuples autochtones et d’ascendance africaine. Le premier cha- pitre donne une vue d’ensemble de ce secteur à l’échelle de l’Amérique latine.

Les chapitres suivants fournissent des informations sur la situation sur le terrain dans quinze pays de la région.

Un chapitre transversal examine ensuite la réalité des universités et d’autres éta- blissements d’enseignement supérieur autochtones, interculturels, d’ascen- dance africaine et communautaires en Amérique latine. Le dernier chapitre analyse spécifiquement les politiques et les programmes pour ces populations.

http://bit.ly/2YSEQqO

OCDE : Organisation de coopération et de développement économiques Les grandes mutations qui transforment l’éducation 2019 Paris : OCDE, avril 2019, 105 p.

[en ligne]

L’OCDE publie tous les deux à trois ans un aperçu des principales tendances économiques, politiques, sociales et technologiques qui affectent l’éducation.

L’ouvrage couvre une variété de sujets liés à la mondialisation, à la démocra-

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11 tie, à la sécurité, au vieillissement et aux

cultures modernes. Le contenu de cette édition a été révisé et étendu avec une large sélection d’indicateurs. Il inclut également une nouvelle section dédiée à la réflexion sur le futur, inspirée par des méthodologies de la prospective stratégique. http://bit.ly/2JAFnZa

OCDE : Organisation de coopération et de développement économiques Résultats de TALIS 2018 : des enseignants et chefs

d’établissement en formation à vie : volume 1

Paris : OCDE, 2019, 238 p. [en ligne]

TALIS est une enquête interna- tionale de l’OCDE, menée auprès des enseignants et chefs d’établissement sur leurs pratiques professionnelles et les conditions d’exercice de leur métier.

Les premiers résultats de l’enquête de 2018 portent plus particulièrement sur l’évolution des pratiques, les motiva- tions à devenir enseignant, la satisfac- tion professionnelle et la formation des enseignants. Un chapitre est consacré aux implications de l’enquête pour l’action publique, en termes de pro- fessionnalisme des enseignants et des chefs d’établissement. http://bit.ly/2Z5C5ml

UNESCO Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture

Rapport mondial de suivi de l’éducation 2019 - rapport sur l’égalité des genres : Bâtir des ponts pour promouvoir l’égalité des genres

Paris : UNESCO, 2019, 80 p. [en ligne]

Selon ce rapport, l’apparente amé- lioration de la parité filles-garçons dans les écoles ne rend pas réellement compte des progrès accomplis en matière d’égalité des sexes dans l’édu- cation. Outre la parité des sexes dans la participation à l’éducation, les niveaux d’instruction et les résultats d’appren- tissage, il passe au crible différentes dimensions de l’égalité des genres. Il analyse les intersections entre le genre, l’éducation, les migrations et les dépla- cements. Enfin, le rapport évalue l’im- portance accordée à l’égalité des sexes dans l’aide à l’éducation, présentant différents programmes financés par les donateurs qui ciblent l’éducation des filles. http://bit.ly/2XSrzNz

Bernadette Plumelle, France Éducation international

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12

@ ressources en ligne

Le Laboratoire numérique de l’éducation, un espace innovant dédié aux applications pédagogiques des transformations numériques1

Les innovations technologiques (learning analytics, intelligence artifi- cielle (IA), blockchain, etc.) demandent de repenser les métiers des différents acteurs éducatifs et, plus particulière- ment, les pratiques de formation, d’éva- luation et de certification, ainsi que les dispositifs de mobilité. Le Laboratoire numérique de l’éducation (LNE), nou- vellement créé par France Éducation international (anciennement CIEP) est un espace dédié aux applications pédagogiques de ces transformations numériques. Il est destiné à valori- ser à l’international les réalisations du système éducatif français dans le domaine du numérique éducatif ainsi qu’à expérimenter, en partenariat avec des laboratoires de recherche et des entreprises, des solutions innovantes en réponse à des enjeux éducatifs. La feuille de route du LNE s’étend sur plu- sieurs années, avec des projets à moyen terme (2020-2022) prioritaires pour l’établissement comme, par exemple, la constitution de corpus francophones de données afférentes à l’évaluation et la certification en langues ou le développe- ment de solutions assistées d’IA d’aide

1. Pour faciliter la lecture, seule la racine des liens Internet est mentionnée. Pour y accéder dans leur intégralité, consulter cet article sur le site du CIEP : http://www.ciep.fr/revue-internationale-deduca- tion-sevres  ou sur OpenEdition Journals  : https://

journals.openedition.org/ries

à la reconnaissance des diplômes et à la correction des épreuves de certification.

Lors de l’inauguration du labo- ratoire par le ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse, Jean-Michel Blanquer, le 4 juillet 2019, un parcours de visite a été conçu, en partenariat avec la Direction du numérique pour l’édu- cation et Réseau Canopé. Cet article présente les différentes initiatives réu- nies à cette occasion : des exemples pratiques d’application pédagogique du numérique éducatif, centrés sur les élèves et sur leur développement de compétences pour la vie, la collabora- tion entre la salle de classe, la recherche et les entreprises, la transformation du métier de l’enseignant et la richesse de ressources pédagogiques qui sont mises à disposition de formateurs, apprenants et cadres éducatifs.

Sitographie arrêtée le 20 juillet 2019.

Les élèves et les compétences pour la vie

Réseau Canopé

En collaboration avec l’Académie de Versailles, des médiateurs de l’ate- lier Canopé des Hauts-de-Seine ont animé deux ateliers avec sept élèves de l’école primaire du lycée internatio- nal de Saint-Germain-en-Laye visant le développement, par le numérique, de compétences pour la vie comme la créativité, l’esprit de collabora- tion, l’esprit critique, l’autonomie ; le premier atelier a permis la réalisation d’une œuvre collective grâce à une table « mash-up » (http://mashuptable.fr/), un dispositif de montage qui permet l’expression de la pensée créative par la manipulation physique de cartes et le mixage, en temps réel, d’extraits vidéos, musiques, bruitages, etc. Le deuxième atelier a permis aux élèves de réaliser

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13 un reportage télé (http://www.ciep.fr/labo-

ratoire-numerique-education) et de recueil- lir des témoignages sur l’innovation en éducation, la place du numérique dans les systèmes éducatifs étrangers, le regard d’autres pays sur le système éducatif français.

https://www.reseau-canope.fr/

Jules

Cet assistant aux devoirs faits, déve- loppé par le Centre national d’ensei- gnement à distance (CNED) est un agent conversationnel très ludique, qui aide les élèves du collège à faire leurs devoirs. La pertinence de ses réponses s’améliore, grâce à l’intelligence arti- ficielle, proportionnément aux ques- tions posées. L’outil, libre et gratuit, vise à favoriser l’autonomie des élèves, le développement de leurs compétences de recherche et s’appuie sur une base de connaissances disponible en français et en mathématiques destinée à couvrir, à terme, les différents niveaux et disci- plines du collège. https://devoirsfaits.cned.fr

La recherche et la salle de classe Métal

Métal (Modèles et traces au service de l’apprentissage des langues) est un projet eFran2 porté par le Laboratoire lorrain de recherche en informatique et ses applications (Loria), en collabo- ration avec l’académie de Nancy-Metz.

Ce projet réunit acteurs éducatifs, éditeurs et chercheurs pour améliorer l’apprentissage des langues, à l’écrit comme à l’oral, grâce à l’analyse des

2. L’appel à projets eFran « Espaces de formation et de recherche et d’animation numérique », lancé en 2016, s’inscrit dans le cadre du Programme d’inves- tissement d’avenir (PIA), pour un budget global de 30 millions d’euros. Les projets ont été financés sur une période maximale de quatre ans.

traces laissées par les élèves lors de leurs interactions dans les environnements numériques d’apprentissage (au collège et au lycée). Parmi les livrables atten- dus : un tableau de bord co-conçu avec les enseignants pour permettre un suivi personnalisé des élèves ; un baromètre éducatif visant à permettre à l’élève de s’auto-positionner et de stimuler sa motivation ; l’analyse de données ocu- lométriques pour étudier la qualité de la mémorisation ; la génération semi-au- tomatique d’exercices ; la modélisation de la prononciation par une tête par- lante virtuelle ; une charte méthodolo- gique pour une mise en place éthique et responsable d’un projet de learning analytics. http://metal.loria.fr

Un territoire calculant

Cet autre projet eFran traite de l’analyse des données issues de milliers de calculs des joueurs de Mathador, un jeu physique et numérique de calcul mental développé par Réseau Canopé (direction territoriale Bourgogne Franche-Comté), en collaboration avec les académies de Dijon et de Besançon.

Capitalisant sur la collecte d’environ 700 000 calculs réalisés par des élèves participants au pilote, le projet explore les mécanismes à l’œuvre lors de l’ap- prentissage du calcul mental et vise à développer une nouvelle version du jeu, avec des profils « calculants » des élèves et des parcours individualisés de progression.

http://www.mathador.fr/territoirecalculant.html

Didask

Cette start-up travaille sur l’enri- chissement des pratiques de formation grâce aux sciences cognitives et se donne pour mission de diffuser à large échelle des principes pédagogiques dont l’effi- cacité a été prouvée par la recherche en

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14

sciences cognitives, comme l’apprentis- sage par essai-erreur, l’adéquation de la charge mentale, la récupération par la mémoire de notions déjà apprises, l’es- pacement dans le temps des apprentis- sages. La plateforme d’apprentissage en ligne de cette société est utilisée comme terrain d’expérimentation par le dépar- tement d’études cognitives de l’École normale supérieure.

https://www.didask.com/

Les enseignants

L’École nationale supérieure d’arts et métiers (ENSAM)

L’ENSAM et le Laval Virtual Center (premier hub international sur la réa- lité virtuelle et la réalité augmentée) ont organisé une situation immersive qui réunit formateur et apprenant dans un environnement virtuel et collabora- tif : le formateur manipule une pièce de filtrage d’air, pour en expliquer le fonc- tionnement à l’apprenant, avant de lui passer le relais sur une tâche simple comme changer les caractéristiques d’un flux d’air pour en mesurer la qua- lité. L’objectif de cette expérience est de montrer comment la formation aux gestes métiers peut s’emparer des pos- sibilités ouvertes par la réalité virtuelle dans un espace immersif et commun entre formateurs et apprenants.

https://artsetmetiers.fr/ ; http://lavalvirtualcenter.

com/en/

Savanturiers

Le programme éducatif Savanturiers - École de la recherche, développé depuis 2013 par le Centre de recherches inter- disciplinaires (CRI), vise à mettre en œuvre l’éducation par la recherche dans les écoles. Il s’appuie sur les méthodes et enjeux de la recherche pour déve- lopper une démarche scientifique de

l’élève (créativité, méthodologie, esprit critique et collaboratif) et l’expertise des acteurs éducatifs en tant que pédago- gues-chercheurs. Savanturiers se déploie autour de trois axes : la mise en place de projets dans les écoles (25 000 élèves concernés), la formation et le déve- loppement professionnel des ensei- gnants (30 000 enseignants formés), la recherche et développement en éduca- tion (étude des pratiques émergentes, recherches sur la créativité et l’esprit critique, évaluation des projets).

http://www.les-savanturiers.cri-paris.org

PIX

La start-up PIX propose une plateforme en ligne pour développer, mesurer et certifier des compétences numériques dans un cadre personnel ou professionnel, qui peut être utilisée par un enseignant dans ses pratiques métier (actuellement, 270 établissements scolaires et d’enseignement supérieur testent le dispositif). Initié dans le cadre du dispositif Startup d’État en 2016, PIX revêtit la forme d’un groupement d’intérêt public qui réunit différents acteurs publics de l’éducation et de la formation, tels que le CNED, le CNAM ou l’Université de Strasbourg. Les com- pétences proposées sont structurées autour de la recherche d’information et la veille, la gestion et le traitement de données, la communication et la colla- boration, la création de contenus et la programmation, la protection et la sécu- rité, la construction d’environnements techniques et leur administration.

https://pix.fr/

Les ressources M@gistère

Cette plateforme du ministère de l’Éducation nationale pour la formation

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15 continue accueille près d’un quart de ses

agents et propose plus de 450 parcours de formation visant leur développement professionnel continu, la valorisation des compétences acquises (via un sys- tème d’attribution de badges) et le par- tage entre acteurs éducatifs de grandes réorientations du système éducatif fran- çais. https://magistere.education.fr/

Learning Portal

Ce portail de l’Institut international de planification de l’éducation (IIPE) propose une série de fiches pratiques résumant les recherches, les évaluations et les débats dans le domaine des apprentissages. Une attention parti- culière est accordée aux outils et indi- cateurs de mesure de la qualité de l’éducation et à l’adéquation des poli- tiques aux besoins éducatifs locaux et aux réalités politiques et financières.

https://learningportal.iiep.unesco.org/fr

IFProfs

IFProfs est le réseau social des pro- fessionnels de l’éducation francophone mis en œuvre par l’Institut français. Il s’adresse aux enseignants de français et d’autres disciplines non linguistiques, ainsi qu’aux coordinateurs pédago- giques, aux chefs d’établissements, aux médiathécaires. Il réunissait, fin 2018, 24 000 membres sur 70 pays ; 75 000 uti- lisateurs sont visés à l’horizon 2021.

https://www.ifprofs.org/

Etincel

Cette plateforme de ressources basée sur des situations industrielles authen- tiques est élaborée par Réseau Canopé.

Son objectif est de favoriser l’émergence d’une culture scientifique, technique et industrielle des élèves. Plus de 200 scé- narios pédagogiques sont proposés aux enseignants, comme « imaginer

un écoquartier », « expliquer un robot industriel », etc. Quatre grandes filières sont actuellement représentées : le bâti- ment et les travaux publics, la robotique industrielle, l’énergie, la chaudronnerie industrielle.

https://www.reseau-canope.fr/etincel/accueil

France Éducation

Ce portail de promotion à l’inter- national des ressources numériques en langue française porté par le ministère de l’Europe et des affaires étrangères avec le ministère de l’Éducation nationale et de la jeunesse propose une sélection de plus de 2 000 ressources pédagogiques produites par des opérateurs publics et par les principaux acteurs de la EdTech française. L’utilisateur peut également proposer le référencement de contenus additionnels. Les apprenants peuvent en outre identifier des établissements et des centres de langue dans leur pays de résidence. http://franceducation.fr/

Éduthèque

Éduthèque permet à tous les ensei- gnants d’accéder à des ressources numériques issues de grands établisse- ments à vocation culturelle et scienti- fiques et de mettre ainsi en œuvre des projets pédagogiques, en particulier pour l’enseignement artistique et cultu- rel, l’éducation aux médias et à l’infor- mation, l’éducation à la citoyenneté. La Philharmonie de Paris, par exemple, y propose l’ensemble des enregistrements des concerts de la Cité de la musique et de la Philharmonie. L’INA y met à disposition 1 850 archives audiovi- suelles de 1914 à nos jours. Un partena- riat avec la fondation Europeana (https://

www.europeana.eu/) devrait élargir son audience au-delà du système éducatif français. www.edutheque.fr

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16

Romanica

Cette application-jeu vidéo, lancée par la Délégation générale à la langue française et aux langues de France du ministère de la Culture, vise à sensibili- ser à l’intercompréhension et au pluri- linguisme en jouant dans huit langues romanes (français, roumain, italien, espagnol, portugais, catalan, occitan et corse). http://www.culture.gouv.fr/

Culturethèque

Implantée dans 120 pays, la biblio- thèque numérique de l’Institut français, développée à l’attention des instituts français et des alliances françaises à l’étranger, compte plus de 200 000 uti- lisateurs et offre une grande variété de contenus numériques (romans, grands titres de la presse française, docu- mentaires, bandes dessinées), pour permettre un contact avec la culture française et francophone.

https://www.culturetheque.com/

Horizons 2021

Cet outil interactif développé par l’Onisep, en appui à la réforme française du lycée, aide les élèves de seconde générale et technologique à préciser leurs choix d’enseignements de spécialité et à construire leur projet d’études. L’outil présente de façon syn- thétique les contenus et les objectifs de chaque enseignement de spécialité et permet d’en simuler des combinaisons, afin d’éclairer les débouchés dans l’en- seignement supérieur.

http://www.horizons2021.fr/

Federica Minichiello, CIEP/France Éducation international

le point sur…

Les modalités de recrutement des enseignants-chercheurs marocains, un processus vraiment efficace ?

Le Maroc a entamé en 2016 une réforme importante de son système éducatif, qui vise notamment la réno- vation des métiers de l’enseignement et de la formation. La Vision stratégique de la réforme 2015-20301 préconise ainsi de mettre en place un programme d’action à court terme visant la forma- tion et le recrutement de 15 000 ensei- gnants-chercheurs à l’horizon 2030, afin de répondre aux besoins en cadres des structures de recherche, tant pour rem- placer les départs à la retraite que pour stimuler la recherche dans les domaines prioritaires. Cette opération de grande envergure nécessite que, au préalable, soit questionnée la procédure actuelle de recrutement des enseignants-cher- cheurs. Est-elle efficace en termes de sélection des meilleurs profils ? Répond- elle aux exigences de la transparence ? Le pouvoir dont disposent les commissions de recrutement est-il suffisamment encadré ?

1. Voir R.  Bourqia, «  Repenser et refonder l’école au Maroc : la Vision stratégique 2015-2030 », Revue internationale d’éducation de Sèvres [En ligne], 71, 2016 [http://journals.openedition.org/ries/4551];

DOI : 10.4000/ries.4551. (NdlR)

l

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17 Une opération de grande envergure

En dépit de l’autonomie adminis- trative et financière dont dispose l’Uni- versité, le recrutement du personnel enseignant demeure déterminé par le nombre de postes budgétaires attribués par le ministère de tutelle. La procédure de recrutement fait intervenir l’établis- sement concerné, l’université dont il dépend, le ministère de tutelle ainsi que d’autres départements ministériels. Ce processus long dure en moyenne deux ans, pénalisant ainsi les établissements qui ont besoin d’enseignants dans l’im- médiat.

À chaque cadre des enseignants- chercheurs2 correspondent des condi- tions et modalités de recrutement adaptées (précisées par arrêté de l’au- torité gouvernementale). Mais globale- ment, le caractère bureaucratique tient une place prépondérante. Ainsi, pour le recrutement des professeurs assis- tants (PA), deux conditions principales doivent être remplies : être titulaire d’un doctorat et être âgé de 40 ans au plus.

Cette limite d’âge peut être prorogée d’une durée égale à celle des services valables pour la retraite sans possibilité de report au-delà de 45 ans. Toutefois, cette limite d’âge n’est pas opposable aux candidats fonctionnaires.

Les modalités d’organisation du concours de recrutement des PA sont fixées par un arrêté du ministre de l’Enseignement supérieur, de la forma- tion des cadres et de la recherche scien- tifique3.

Le jury du concours de recrutement est composé de cinq membres, tous

2. Le décret du 19 février 1997, formant statut des enseignants-chercheurs, les classe en trois cadres : professeur assistant (PA), professeur habilité (PH) et professeur de l’enseignement supérieur (PES).

3. Arrêté n°1125-97 du 4 juillet 1997, publié au BO n° 4522 du 2 octobre 1997.

professeurs d’enseignement supérieur (PES), dont deux n’appartenant pas à l’établissement concerné. Les membres du jury et son président sont désignés par le recteur, sur proposition du chef d’établissement concerné.

Le concours de recrutement se déroule en deux temps : une épreuve des titres et travaux des candidats et un exposé-entretien des candidats avec le jury. Chaque épreuve est notée de 0 à 20. Toute note inférieure à 8 sur 20 est éliminatoire.

Pour la première épreuve, le chef d’établissement, après avis du président du jury, confie le dossier de candida- ture, pour étude, à trois rapporteurs de la spécialité, dont deux aux moins sont des PES. L’un des rapporteurs doit être extérieur à l’établissement concerné.

Les rapporteurs présentent au pré- sident du jury, dans un délai d’un mois, leur rapport motivé sur la valeur du travail scientifique des candidats. Le jury, après étude de ces rapports, note les candidats et arrête, dans la limite de trois candidats au plus par emploi, la liste des candidats admissibles à l’épreuve de l’exposé-entretien.

Limites et zones d’ombre

Il y a lieu de s’arrêter sur quelques aspects de cette procédure. D’abord, le chef de l’établissement concerné joue un rôle central (il propose – en fait désigne – les membres et le président du jury, confie les dossiers de candi- datures aux rapporteurs…) et ne rend compte à personne quant à ses choix et critères de sélection des personnes.

Les rapporteurs, qui ne bénéficient d’aucune décharge de service pour se consacrer à cette mission et n’ont droit à aucune indemnité en contrepartie, doivent étudier et évaluer des dizaines de dossiers, qui contiennent thèses et

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18

travaux de recherche, dans un délai très court (un mois).

De plus, l’appréciation des qualités des candidats s’effectue essentiellement sur dossier. Cette approche soulève plusieurs interrogations. Que vaut une sélection « sur le papier » ? Sur quels critères se basent les rapporteurs ? Se basent-ils tous sur les mêmes critères ? Et quel crédit peut-on donner à l’évalua- tion des rapporteurs, sur laquelle se base le jury, dans ces conditions (dizaines de dossiers, délai court, activité non rému- nérée) ? Ne met-on pas trop l’accent sur des critères académiques au détri- ment d’autres qualités essentielles dans le contexte actuel (communication, savoir-être, capacité d’adaptation, maî- trise des langues étrangères…) ?

Dans tous les cas, plusieurs aspects de la procédure de recrutement demeurent opaques, ce qui nourrit des suspicions, quant à l’objectivité des ins- tances de recrutement. L’un des points qui méritent l’attention est le caractère local des recrutements : la préférence donnée par les commissions de recru- tement aux candidats formés et diplô- més de l’établissement concerné par le recrutement.

Au terme de cette opération, les candidats reçus au concours sont nommés professeurs assistants au pre- mier échelon du grade A et effectuent en cette qualité un stage de deux ans, à l’issue duquel ils peuvent être titula- risés au 2e échelon du grade. Ce stage peut être prorogé d’une année, lorsque le professeur assistant n’a pas, au cours de son stage, fait la preuve de son apti- tude à s’acquitter de sa mission.

Là aussi, on constate qu’aucun accompagnement n’est assuré par l’université ou l’établissement d’affec- tation en termes de formation pédago- gique, d’intégration et d’initiation au

métier. Alors que, pour l’enseignement primaire et secondaire, les enseignants sont tenus de suivre une formation pédagogique, il est admis que le titu- laire d’un doctorat peut s’en passer et prendre directement en charge un enseignement au niveau du supérieur.

Notons que les professeurs assis- tants, qui, à l’issue de leur période de stage, ne sont pas proposés pour la titu- larisation sont soit licenciés soit, pour ceux appartenant déjà à l’administra- tion, réintégrés dans leur cadre d’ori- gine. Dans la pratique, il est très rare qu’un PA ne soit pas titularisé.

Au terme de cette analyse, plusieurs constats se dégagent. D’abord, le décret du 19 février 1997 portant statut par- ticulier des enseignants-chercheurs est dépassé par l’évolution et les transfor- mations que connaît l’Université maro- caine. Une refonte de ce texte s’impose, à la lumière des expériences de plu- sieurs pays qui ont redéfini les contours du métier d’enseignant-chercheur et les conditions de sélection pour répondre aux nouveaux défis de l’Université.

Le processus de recrutement est long, mais ce sont surtout les tracasse- ries administratives qui alourdissent la procédure. Le temps consacré à l’éva- luation et à la sélection des candidats est très court. À cela s’ajoute l’opacité de la procédure de recrutement et de critères de sélection et de choix des can- didats mal définis. Résultat : certains recrutements nourrissent des soupçons de copinage et de favoritisme.

Le projet de loi-cadre sur la réforme de l’éducation nationale, en phase d’adoption au Parlement, propose plu- sieurs dispositions pour remédier à ces dysfonctionnements.

Tarik Hari, Centre marocain des sciences sociales (CM2S)

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19

R repères sur les systèmes éducatifs dans le monde

Fragmentation, discrédit et politisation : un état des lieux du système éducatif péruvien

D’après les données du système d’information des tendances éduca- tives en Amérique latine (SITEAL), le taux de scolarisation en primaire atteint au Pérou 97,3 %. Depuis 2005, la proportion des écoliers de 5 ans ins- crits dans les établissements d’accueil de la petite enfance a bondi de 44 %, portant le taux de scolarisation en maternelle à 90 % dix ans plus tard. De même, l’éducation secondaire reçoit désormais 10 % d’élèves en plus qu’au début des années 2000 : le taux de sco- larisation à ce niveau atteint 95 % pour les adolescents de 12 à 14 ans et 76 % pour ceux de deux ans leurs aînés1. S’ils attestent d’une quasi-universa- lisation de l’accès à l’éducation, ces bons chiffres n’en masquent pas moins le déficit de légitimité dont souffrent l’école publique et le système éducatif péruvien dans son ensemble. Comme ailleurs dans la région, une part impor- tante de la classe moyenne, voire des classes populaires, tend à s’en détour- ner et à jeter son dévolu sur des offres éducatives alternatives.

Depuis la libéralisation de l’édu- cation par Alberto Fujimori (pro- mulgation du décret n°882 en 1998),

1. Pour en savoir plus, voir le site du SITEAL, rubrique Perfil País : Perú. Actualisé en mai 2019.

les établissements privés siphonnent année après année le contingent sco- laire. Entre 2000 et 2014, la propor- tion d’élèves scolarisés dans le privé est passé de 14 à 26 % (Balarin, 2016).

Pourtant, la qualité de l’enseignement payant n’est en rien garantie. D’une manière générale, qu’elle soit dispensée par des institutions publiques ou pri- vées, la formation éducative au Pérou se révèle de piètre facture. Cibles de toutes les critiques, les instituteurs pâtissent d’un manque de reconnaissance qui se traduit par un sentiment de relégation sociale et par des conditions financières et statutaires précaires. Au niveau ins- titutionnel qui plus est, le ministère de l’éducation (Minedu) a toujours été considéré comme un « butin électoral » (Oliart, 2011) permettant au parti vainqueur de récompenser ses plus fidèles affidés à coup de postes admi- nistratifs taillés sur mesure. La gestion s’avère donc relativement politisée.

Depuis l’éviction du président conservateur Pedro Pablo Kuczynski en mars 2018, l’incrimination en janvier 2019 de son prédécesseur, le leader nationaliste de gauche, Ollanta Humala, puis le suicide en avril de l’ancien homme fort de la droite péru- vienne, Alan García, sans compter l’ar- restation aux États-Unis de l’ancien président Alejandro Toledo en juillet, tous les quatre poursuivis pour corrup- tion, le Pérou est entré dans une période de grande incertitude politique. Ce climat de suspicion généralisée et de désaveu citoyen à l’égard de l’ensemble de la classe politique est susceptible de miner les promesses de développement ainsi que les efforts de rationalisation annoncés dans plusieurs domaines d’intervention publique, dont le sys- tème éducatif, lors du plan Perú 2021 (bicentenaire de l’indépendance).

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20

Le constat que nous dressons dans cet article corrobore, en s’efforçant de les expliciter, les observations de chercheurs qui associent au système éducatif péruvien deux principales tares : « la corruption et la médiocrité » (Oliart, 2011). Objectivement, trois maux nous semblent affecter l’éduca- tion dans ce pays andin de 32 millions d’habitants : une fragmentation exa- cerbée consécutive au boom incontrôlé de l’offre privée, une délégitimation profonde du métier d’instituteur liée à des conditions professionnelles peu enviables et, enfin, une gestion institu- tionnelle chaotique car soumise à un fonctionnement encore dominé par les logiques clientélistes.

Une concurrence grandissante de l’école publique par une école privée dérégulée

Depuis le milieu des années 1990, on constate une compétition crois- sante entre les établissements d’ensei- gnement publics et privés au Pérou.

L’attraction exercée par les seconds est de plus en plus forte ; tant et si bien d’ailleurs que la plupart des professeurs enseignant dans l’éducation publique et l’écrasante majorité des fonctionnaires du ministère de l’éducation (Minedu) scolarisent leurs propres enfants dans des établissements sous (ou sans) contrat. À l’instar du processus de frag- mentation éducative à l’œuvre dans d’autres régions du monde, la survalo- risation de l’éducation privée trouve en partie son origine dans une volonté de différenciation sociale. C’est moins la qualité que l’exclusivité qui est recher- chée. L’école péruvienne se présente de plus en plus comme une école de classe : l’éducation nationale est « une institution pauvre pour les pauvres » (Oliart, 2011).

Le boom de l’enseignement privé est particulièrement à l’œuvre dans les villes et singulièrement dans la capitale. En 2008, concernant le seul niveau primaire, la province de Lima comptait plus de 3 350 écoles de gestion privée contre un peu moins de 940 établissements d’enseignement public, selon les informations fournies par Juan Ansion, sociologue rattaché à l’Université pontificale catholique du Pérou2. Si le processus de « migration éducative » se poursuit au même rythme que dans les années 2000, son collègue de l’Institut d’études péruviennes (IEP), Ricardo Cuenca, estime que trois élèves sur quatre seront scolarisés dans le privé en 2020. Cette concurrence provoque une énorme fragmentation éducative entre régions, entre types de gestion et entre catégories sociales : l’éducation péruvienne fonctionne désormais à plus de trois vitesses (Muelle, 2018).

Du reste, le manque criant de régu- lation constitue le principal problème associé à l’enseignement privé dans la région. En l’occurrence, le ministère de l’éducation péruvien s’est montré, des années durant, incapable d’enrayer la prolifération de ces établissements et surtout de vérifier la qualité des cours dispensés à leurs élèves. C’est ce que María Balarin a appelé la « privatisation par défaut » (Balarin, 2016). Malgré une amélioration au cours des dernières années, l’accès à l’information publique reste parcellaire. Sans être emmuré dans cette traditionnelle culture du secret (secretismo) qui l’a longtemps carac-

2. Pour des raisons de format, ne sont ici citées que les références bibliographiques deux fois convoquées a minima ou les plus récentes. Les autres travaux mobilisés peuvent néanmoins être communiqués sur demande (damien.larrouque@

sciencespo.fr). Nous renvoyons le lecteur curieux à l’excellente revue annuelle intitulée Revista peruana de investigación educativa [http://revistas.siep.org.

pe/RPIE] (NdA).

(22)

21 térisé, le Minedu éprouve encore des

difficultés à communiquer des données fiables. Et pour cause, si l’on estime qu’environ 8 700 000 élèves relèvent de l’éducation obligatoire dans le pays3, le ministère a en réalité très peu de visibi- lité sur le nombre exact d’élèves inscrits dans des établissements sous (ou sans) contrats. Concrètement, ni le Minedu, ni les chercheurs et encore moins les parents d’élèves concernés n’ont accès à une base de données qui répertorierait des informations aussi précieuses que le coût de la scolarité, la dimension lucra- tive ou non des établissements, leur accréditation potentielle, les qualifica- tions des enseignants ou leurs condi- tions de travail – lesquelles s’avèrent souvent encore plus précaires que dans le public. En somme, les établissements privés évoluent dans un no man’s land juridique et financier (Balarin, 2016).

Cette absence de régulation a été accen- tuée par le processus de régionalisation éducative initié en 2004, ainsi que l’ont mis en lumière A. M. Manrique Linares et C. del Mastro.

De manière générale, la qualité de l’enseignement reste très mauvaise.

Intégré dès 2000 aux enquêtes du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) produites par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le Pérou a toujours figuré à la dernière place, avant de remonter depuis 2015 dans le peloton de queue du classement international. Régulièrement relayées par les médias nationaux, ces évalua- tions négatives retombent souvent sur les enseignants qui endurent dans l’opinion un discrédit persistant (et en partie justifié).

3. INEI, Número de alumnos matriculados en el sistema educativo nacional, según departamento, 2008-2017, Lima, 2018. Consultation en ligne.

Instituteur, une profession en mal de reconnaissance sociale et financière

Au Pérou, les instituteurs sont accusés de porter la responsabilité du marasme éducatif contemporain. Leur propre niveau scolaire est réputé pas- sable pour ne pas écrire médiocre. Ces lacunes ont éclaté au grand jour lors de la mise en œuvre de la très décriée loi de carrière publique magistérielle (CPM), sur laquelle se sont penchés L. M. Saravia et M. López de Castilla.

Approuvée en juillet 2007 durant le second mandat d’Alan García (2006- 2011), la CPM est associée à la figure charismatique de l’inamovible ministre de l’éducation José Antonio Chang Escobedo – lequel aura connu pendant cinq ans une longévité exceptionnelle à la tête du Minedu, quand ses prédé- cesseurs étaient remplacés en moyenne tous les ans. Inspirée du modèle méri- tocratique chilien, la CPM a accouché aux forceps de la pratique de l’évalua- tion continue. Réalisés tous les trois ans et sanctionnés par l’exclusion du professorat suite à deux échecs suc- cessifs4, ces examens ont été accueillis de manière au mieux « désagréable » et au pire « traumatique » par une très grande majorité de professeurs, qui ont vu leurs piètres résultats faire les gros titres de la presse péruvienne.

Combattue bec et ongles par le SUTEP, le puissant syndicat unitaire d’extrême gauche qui s’enorgueillit de rassembler quelque 300 000 adhérents, soit 85 % du corps enseignant5, la CPM a été

4. Articles n° 24, 28 et 29 de la loi n° 29 602 du 11 juillet 2007.

5. D’après N. Lynch, sociologue et ancien ministre de l’éducation sous gouvernement Toledo (2011- 2012), ces chiffres sont vraisemblablement suréva- lués. À la date de sa légalisation en 1985, le syndicat unique péruvien représentait 74  % du magistère (Lynch, 2006).

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22

abrogée par le gouvernement socialiste d’Ollanta Humala (2011-2016). Au grand dam des instituteurs les plus réti- cents à voir leur travail régulièrement évalué, la Loi de réforme magistérielle (LRM) qui lui a succédé, a pourtant renforcé la prétention méritocratique du système d’enseignement6. Notons que les vicissitudes de cette réforme révèlent, à la fois, une grande résistance au changement de la part des acteurs engagés dans l’éducation péruvienne et une relative instabilité des politiques publiques dans ce pays (Lynch, 2006).

Depuis une quinzaine d’années, notons que les instituteurs ont pu apprécier une revalorisation finan- cière substantielle. Sous le gouverne- ment d’Alejandro Toledo (2001-2006) notamment, ils ont enregistré un quasi-doublement de leur salaire. En moins de cinq ans, leur revenu a aug- menté de 500 sols, soit d’environ 130 euros, pour s’établir actuellement autour de 1 100 sols, ce qui ne repré- sente toutefois guère plus de 300 euros mensuels. Leur insatisfaction profes- sionnelle demeure aussi la plus aiguë de la région, comme l’ont démontré Javier Murillo de l’Université Autonome de Madrid et son collègue de l’Université Alberto Hurtado du Chili. Leur statut est précaire et ils sont souvent obligés de multiplier les charges d’enseigne- ments entre plusieurs établissements.

Leur intégrité s’en trouve parfois compromise. Ainsi, pour arrondir les fins de mois et sans que la pratique soit pour autant monnaie courante, il arrive que d’aucuns se livrent à des actes de prévarication : il nous a ainsi été rapporté que certains instituteurs monnayent auprès des parents la cor- rection des devoirs de leurs enfants ou

6. Chap. VI de la loi n° 29 944 du 23 novembre 2012.

proposent des cours privés à partir de matériels pédagogiques entièrement plagiés sur internet7.

Au demeurant, pour ce qui est du versement de bakchichs (coimas), le système éducatif est de loin, derrière la police, l’institution la moins corrom- pue de tout l’appareil d’État péruvien selon les travaux d’un couple de cher- cheurs de l’Université du Pacifique publiés en 2011. Si ces perceptions négatives doivent donc être relativi- sées, l’inféodation de l’administration publique au pouvoir politique conti- nue de nuire à la cohérence et la conti- nuité de l’action publique.

Une gestion institutionnelle symptomatique de la versatilité de l’action politico-administrative

Dans sa thèse de doctorat soutenue à l’université de Bath en 2005 et inti- tulée « Radical discontinuity. A study of the role of education in the Peruvian state and of the institutions and cultures of policy making in education », María Balarin a mis en lumière plusieurs fac- teurs de « discontinuité » au sein du Minedu : ils concernent notamment le personnel administratif, le cadre juri- dique et les interférences institution- nelles avec d’autres ministères.

Le premier enjeu est relatif aux res- sources humaines. Selon cette socio- logue, il est commun que les instituteurs achèvent leur carrière en entrant dans les rangs du Minedu. Ils occupent alors des postes de complaisance mal payés mais perçoivent, cependant, des revenus substantiellement plus élevés que ceux qu’ils recevaient en tant qu’enseignants.

Par là même, ils obtiennent également la sécurité de l’emploi jusqu’à leur retraite.

7. Propos recueillis le 8 avril 2013 à Lima, auprès d’un professeur de mathématiques en détachement au SUTEP.

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23 Depuis les années 1970, cette logique

de « pantouflage administratif » en forme de couronnement d’une carrière ingrate effectuée dans l’enseignement a engendré l’organisation macrocéphale et portée sur le dilettantisme qui est tant décriée aujourd’hui (Oliart, 2011).

Obscurs, les critères d’ascension pro- fessionnelle sont, de surcroît, laissés à l’appréciation discrétionnaire des cadres de l’institution. Arrivés à leurs postes en même temps que le ministre qui les a désignés et dont ils deviennent les obligés, ces derniers touchent des salaires relativement élevés – longtemps financés à partir des fonds alloués par les créanciers internationaux –, mais dépendent de contrats précaires renou- velables chaque année.

Au-delà du fait que cette différence de statut entre fonctionnaires mal payés et cadres contractuels très bien rémunérés ne va pas sans créer des fric- tions internes, ces logiques clientélistes ont abouti à une « bureaucratie de pactes » (bureaucracy of pacts) profon- dément stérile. De fait, compte tenu de l’anémie politico-partisane d’une part (absence d’un programme politique cohérent à l’échelle nationale) et de l’instabilité gouvernementale d’autre part – les ministres sont révocables à tout moment –, le nouveau ministre de l’éducation tâche de faire ses preuves en conduisant, le plus rapidement possible et en toute indépendance, le projet qu’il a lui-même défini comme prioritaire. À cette fin, il s’entoure de ses partisans avec lesquels il noue, en quelque sorte, un pacte politico-admi- nistratif. Or, dès lors que le ministre est remplacé (en moyenne chaque année durant les présidences de Fujimori et de Toledo), le pacte est rompu et un nouveau projet prioritaire est lancé par l’intermédiaire d’une nouvelle équipe.

Malgré l’arrivée au pouvoir du gouver- nement de gauche incarné par Ollanta Humala (2011-2016), la traditionnelle cooptation politique a perduré. Le turn-over administratif demeure très important au sein du Minedu, ce qui n’est pas sans affecter la continuité de l’action publique. Au cours des huit dernières années, le Minedu a connu six ministres différents.

Par ailleurs, la culture institution- nelle est si singulière qu’il n’y a pas de transmission de savoir-faire entre deux administrations. En conséquence, les programmes éducatifs se répètent ou entrent en contradiction inlassable- ment. En substance et concernant les ressources humaines, la politiste déplore le défaut de sélection méritocratique des agents publics, l’irrationalité des processus d’ascension professionnelle ainsi que l’absence d’une classe de fonctionnaires de type intermédiaire qui, garante de la mémoire institutionnelle, aurait à charge de faire l’articulation entre la décision politique et l’exécution administrative.

Pour ce qui est du cadre légal, María Balarin regrette encore que les pro- cédures d’approbation soient sources d’embrouillaminis bureaucratiques, car très rigides et soumises à l’aval de plu- sieurs personnes qui constituent autant d’acteurs-veto (veto players). Cette difficile coordination s’avère d’au- tant plus exacerbée que le processus de régionalisation a débouché sur une armature juridico-institutionnelle inex- tricable : les doublons se multiplient et les responsabilités entre différents niveaux de gouvernement se téles- copent. L’inertie administrative trouve enfin son origine dans les problèmes de collaboration avec d’autres ministères.

Très concrètement, le ministère de l’éco- nomie et des finances (MEF) est sou-

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