• Aucun résultat trouvé

La contribution controversée des quêtes de reconnaissance de l identité, de la singularité et de la dignité à l expérience démocratique

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "La contribution controversée des quêtes de reconnaissance de l identité, de la singularité et de la dignité à l expérience démocratique"

Copied!
11
0
0

Texte intégral

(1)

La contribution controversée des quêtes de reconnaissance de l’identité, de la singularité et de la dignité

à l’expérience démocratique

Difficile d’être citoyen

Difficile aujourd’hui pour nos contemporains de se passionner pour la politique et de croire à l’universalisme des Droits de l’Homme et de la Démocratie !

En dehors de quelques périodes d’élection ou de mobilisation, le caractère « bling bling » des hommes politiques, l’écart entre leurs discours et leurs actes, leur relative impuissance et leur incapacité à se renouveler mais aussi les déséquilibres écologiques, l’injustice et la précarisation grandissante du monde face à la Crise, voila bien de quoi désenchanter les militants les plus résolus. La conscience de la complexité des problèmes, le refus des simplismes et la peur de « se faire avoir » dans les grosses organisations en « rajoute une couche »

Et pourtant, nous sommes viscéralement allergiques à tout régime et à toute société qui ne soit pas démocratique et nous trouvons aussi du goût à des actions ou à des débats d’intérêt général tant qu’ils restent sectoriels et précis et sans que nous ne les raccrochions à une vision globale qui nous parait désormais idéologique et lointaine.

Notre ambivalence à LVN

Cette ambivalence à l’égard du politique est aujourd’hui largement partagée au sein de La Vie Nouvelle, contrairement à d’autres époques où le Mouvement s’était clairement engagé dans la Lutte de Classes, dans les combats pour la Décolonisation, pour le Socialisme et contre le Capitalisme ou du moins contre l’hégémonie du Marché et de l’économique.

Le Personnalisme du Mouvement présentait une philosophie politique axée sur une voie communautaire au cœur des luttes collectives du moment qui structuraient durablement la vie des gens en scindant la société en classes, le monde en deux blocs et la pensée en idéologies opposées.

Un contexte nouveau

Avec la chute du Mur de Berlin, cette bipolarisation de l’univers s’est effondrée voici 20 ans, laissant place à un gigantesque brassage des cultures paradoxalement lié à une multiplication des replis identitaires ; de nouvelles luttes sociales, de nouveaux risques écologiques, une mondialisation de l’économie et des inégalités avec une montée de nouvelles puissances et un retour des religions, tout cela change la donne.

Début 2009, l’ampleur de la crise et l’arrivée au pouvoir d’Obama bousculaient les esprits et les vieilles certitudes néolibérales et laissaient espérer une sortie du scepticisme et du relativisme ambiant.

LVN a ainsi participé à la dynamique inter associative autour de l’élaboration d’un Pacte Civique pour les prochaines échéances présidentielles.

La politique en tant qu’expérience collective et personnelle

Le Week End du 12 / 12 voudrait nous aider à « reconsidérer autrement le politique » à partir d’une réflexion sur l’ « expérience de la démocratie » que nous avons tous partagée peu ou prou à un moment ou l’autre de notre existence.

Dewey, l’inspirateur d’Obama, faisait de cette « expérience » toujours possible le pilier de sa philosophie politique en se plaçant non pas du point de vue des politiques à promouvoir, mais du point de vue complémentaire (et évidemment non concurrentielle) de ce qui amène les personnes à s’intéresser à la chose collective (ou « publique ») et à s’y investir.

Notre hypothèse : les quêtes de reconnaissance, un levier possible de la vie démocratique

L’hypothèse est que parmi les multiples motivations possibles de l’expérience politique (la révolte contre une injustice, la réaction à un risque, le refus d’une évolution, l’ambition, le sens des responsabilités ou du bien commun, etc…), la recherche d’une reconnaissance occupe une grande place … pour le meilleur ou pour le pire (pour plus de justice, ou à l’opposé pour justifier des positions corporatistes ou même communautaristes).

A coté, ou plus généralement, à l’intérieur des luttes économiques pour la redistribution des biens ou pour la défense des situations acquises, les luttes pour la reconnaissance prennent une place de plus en plus grande … que ce soit la reconnaissance des identités collectives (des appartenances et des droits afférents), celle de la singularité ou celle de la dignité.

(2)

D’autre part, à l’intérieur de la vie associative (ou syndicale), de la démocratie locale ou de la démocratie participative, comme à travers tous les débats qui animent l’espace public1, les enjeux de reconnaissance sont de puissants mobiles tant pour les « responsables » que pour tous ceux qui acceptent de

« s’engager » : ils constituent sans doute l’un des plus puissants leviers de toute vie démocratique, pour peu que l’on sache le repérer !

Eviter les pièges

Comment la démocratie peut-elle nourrir et tolérer des quêtes d’identité sans se laisser piéger par les nationalismes ou par les communautarismes ? Comment peut-elle favoriser les singularités sans se laisser phagocyter par des groupes de pression ou par des conflits d’intérêt ? Comment une démocratie peut-elle reconnaître l’égale dignité de chacun de ses citoyens, et quel type de dignité peut-elle promouvoir ?

Nos questions

La question ici posée n’est donc pas « Quelle politique faire ? », mais « Qu’est-ce qui nous

amène à faire de la politique? » et plus précisément « Comment sommes-nous conduits à agir, par les diverses quêtes de reconnaissance de notre identité, de notre singularité et de notre dignité qui sont elles-mêmes contradictoires entre elles, à moins qu’on ne les rende complémentaires ? Et à quelles conditions favorisent-elles la démocratie ? »

Est-il possible de « militer » ou simplement de « s’engager » sans sentiment d’appartenance identitaire ?

Quel appui la vie démocratique trouve-t-elle dans les luttes pour la reconnaissance et avec quelles limites ?

Comment reconnaître les communautés sans favoriser les communautarismes ? Comment une appartenance peut-elle ne pas être identitaire ?

Comment préserver sa singularité sans s’enfermer dans l’individualisme ? Comment la quête de dignité nous ouvre-t-elle à une solidarité ?

Toutes ces questions sont particulièrement brûlantes dans notre contexte français républicain et laïc ; sans prétendre apporter de réponse, saurons-nous du moins les poser sereinement ?

1 « Vie collective organisée » (autour des associations ou des syndicats) et «espaces publics de délibération » (autour de média ou de manifestations), constituent pour John Dewey les deux piliers de la « vie démocratique » qui doit

nécessairement compléter tout Etat et toute institution démocratique pour permettre à la Démocratie de surmonter les crises périodiques qui ne manquent pas de revenir.

(3)

1. Une accentuation des quêtes d’identité collectives

avec le risque de communautarisme

Les quêtes d’identité collective dans les mouvements sociaux actuels

Les sciences politiques et la sociologie considèrent que dans nos sociétés, un nombre croissant de personnes cherchent à se rattacher à une identité collective de plus en plus fortement2 . Depuis une trentaine d’années, la conflictualité de nos sociétés occidentales (et bien au delà), s’exprime plus qu’avant à travers les

« luttes pour la reconnaissance ». Les conflits suscités par les identités bafouées deviennent aussi nombreux que les luttes économiques ou les conflits d’intérêt3 et les motivations identitaires sont fort prégnantes dans les conflits économiques

Pour ne prendre que quelques exemples récents en France, ce type de luttes s’est exprimé :

 dans les banlieues (où chaque quartier tient à s’affirmer),

 pour les minorités ethniques ou sexuelles (en luttant contre les discriminations, en organisant des manifestations publiques ou en arborant le voile ou d’autres signes distinctifs),

 pour les femmes ou pour les jeunes (à travers le mouvement féministe ou des phénomènes de génération),

 dans le conflit du CPE où les jeunes se sont sentis déconsidérés par des contrats de travail au rabais

 dans les conflits du printemps, les universitaires et les chercheurs, par delà les questions de statut et d’organisation, se sont sentis dépréciés, voire méprisés

 dans beaucoup de conflits du travail : même dans certaines négociations salariales s’exprime le refus d’une dévalorisation du travail ; en cas de chômage technique ou de licenciement, la violence des réactions exprime souvent bien plus que le refus d’une précarité, la révolte contre le bradage d’un outil de travail et de toute une compétence.

Et plus généralement

Mais la quête d’identité collective innerve bien d’autres aspects de la vie sociale contemporaine, depuis l’intérêt renouvelé pour les origines, pour la généalogie, pour le folklore ou bien pour des spiritualités anciennes jusqu’au succès des fêtes nationales, des fêtes de famille ou de quartier et jusqu’à l’aspect identitaire des supporters de telle ou telle équipe sportive … et en définitive, peut-il y avoir un engagement dans une association ou dans un collectif quelconque sans que l’on y engage son identité ?

Mais si ces quêtes d’identité s’amplifient dans notre société, celle-ci ne s’en trouve pas pour autant plus démocratique… Quels liens peut-on trouver avec la vie démocratique ? Et à quelles conditions, ces quêtes lui sont-elles bénéfiques ?

L’identité nationale au fondement de la Défense et de la Solidarité nationales., via l’Etat.

Depuis leur origine, les démocraties ont recouru à ce type là de ressort pour mobiliser les citoyens et défendre la Patrie : dès le Vème avant JC, Athènes faisait appel au sacrifice de ses plus jeunes citoyens pour défendre (dans les Guerres Médiques) sa toute récente démocratie contre les « invasions barbares » des Perses.

En 1792, la Proclamation de la Patrie en Danger, la Marseillaise et la victoire de Valmy rassemblaient la Nation face aux Empires de l’Ancien Régime ligués contre la toute jeune Démocratie Française.

Depuis la Proclamation d’indépendance des USA en 1782 toutes les décolonisations se sont opérées à travers des Mouvements et des guerres nationalistes, et la plupart du temps sur une base démocratique.

L’identité nationale était au fondement de la Solidarité Nationale qui entendait se substituer aux autres formes de solidarité (familiales, religieuses, provinciales, corporatistes…). L’Etat démocratique est sensé être l’expression de cette identité nationale ; il garde le monopole de la reconnaissance de l’identité de chacun (à travers l’état civil).

Bref, toutes les démocraties ont su flatter peu ou prou le sentiment d’appartenance à la nation à un moment ou à l’autre de leur histoire, pour se défendre ou pour se reconstruire…

2 Axel Honneth « Les luttes pour la reconnaissance » Traduit par Olivier Voirol. Ed du Cerf. Paris 2000

3 Une telle distinction définit l’ « identité » par une idée d’ « appartenance » à un groupe spécifique par opposition à la notion d’ « intérêt » sensée être définie par tous de la même manière (selon un principe d’équivalence) et suscitant une concurrence ou même une rivalité entre groupes. Dans le premier cas, le conflit repose sur une appartenance à un groupe, sur la reconnaissance de l’identité de ce groupe et de son existence ; dans le deuxième cas, le conflit repose sur tel ou tel intérêt spécifique d’un groupe défini par tous de la même manière.

(4)

Mais quels risques !

Mais les ressorts de l’identité sont fort délicats, ils ne produisent pas que de la solidarité, tant s’en faut ! Que de violences ont été déchaînées dans l’histoire pour des raisons d’appartenance identitaire ! Que de racisme, de xénophobie, de ségrégations, de haines, de mépris de toutes sortes… et même de génocides de plus en plus sophistiqués…

Et les régimes démocratiques n’ont pas toujours su éviter ces dérives : dans les deux derniers siècles, leur nationalisme a provoqué deux guerres mondiales, une colonisation des cinq continents, un pillage du Tiers Monde, des politiques d’immigration égoïstes et xénophobes…

Avec des contre poisons !

Le propre de la démocratie, c’est aussi de produire ses contrepoisons à travers de vastes mouvements de protestation (auxquels LVN s’est largement associée) pour la Décolonisation, contre le Racisme et l’Antisémitisme, contre les discriminations, pour soutenir les Immigrés et les Sans Papiers.

La vraie question : comment mobiliser les identités collectives au service de la démocratie ?

Ainsi, en ce début de millénaire, le concept d’identité a-t-il pris une très mauvaise presse dans nos démocraties, du moins dans les milieux de gauche, jetant un certain discrédit sur toute quête d’identité, systématiquement taxée d’identitaire !

Faut-il pour autant rejeter toute quête d’identité à l’intérieur de nos démocraties et dénigrer tous ceux qui s’y livrent ? Nos régimes démocratiques ont-ils réellement la possibilité de défendre ses systèmes de solidarité et de protection, sans jamais faire appel à une mobilisation de la société civile ? Et cette mobilisation est-elle vraiment possible sans militances et sans appartenances ?

Un régime démocratique peut-il survivre à ses crises avec seulement de bonnes institutions et des citoyens anonymes et neutres dans un universalisme qui tolère tout, également ?

(5)

L’expérience américaine

C’est aux Etats-Unis qu’une autre philosophie politique a commencé à voir le jour, prenant acte de ce que la démocratie américaine est issue de vagues successives d’immigration et d’alliances entre des appartenances multiples qui ne sont pas niées, mais au contraire entretenues : la vie démocratique américaine s’alimente à toutes ces solidarités ethniques, raciales, religieuses, de genre ou d’accointances sexuelles …

Dewey : la démocratie comme expérience des interactions

John Dewey et l’Ecole de Chicago avaient théorisé dans les années 1930 cette expérience démocratique en la situant dans les interactions entre un humain et son environnement.

Ces transactions ne sont jamais purement individuelles dans la mesure où elles mettent en jeu divers niveaux de solidarité (intimes, familiales, locales, professionnelles, nationales, etc…), mais elles sont éminemment personnelles dans la mesure où elles touchent les fibres profondes de chaque individu, ses sentiments d’appartenance, sa sensibilité, toutes on émotivité, son image du « soi », bref, son identité qui ne peut être individuelle sans être collective…

Les luttes des Noirs et des Femmes comme prototype des luttes pour la reconnaissance des Dominés.

50 ans plus tard, les « Cultural Studies » se sont focalisées sur ces luttes pour la reconnaissance (que nous avons évoquées plusieurs fois) pour essayer de comprendre pourquoi ces Noirs Américains, ces Femmes, ces Porto Ricains d’Amérique, ces homosexuels, sont « entrés en lutte » à partir d’un sentiment de frustration ou d’humiliation portant sur l’image qu’ils se faisaient d’eux-mêmes, sur leurs appartenances, sur les injures faites à leur groupe.

Cette blessure peut susciter de la violence pure et aveugle (contre les autres ou contre soi), comme elle peut aussi enclencher un mouvement collectif puissant qui peut à son tour contribuer à la vie démocratique pour peu qu’il trouve à s’exprimer avec suffisamment de liberté pour rendre aussi possible l’ouverture à d’autres identités, pour permettre de dépasser les crises d’identité et les crispations identitaires.

Dans un monde inégalitaire où les « dominés » trouvent difficilement à s’exprimer, la question est alors de la constitution d’ « espaces publics » autonomes suffisamment organisés et indépendants4.

Ainsi les luttes pour la reconnaissance peuvent aussi contribuer à la vie démocratique dans la mesure où elles s’avèrent capables de générer des espaces publics minoritaires avec leurs médias, leurs manifestations, leurs organes d’expression, où leur identité peut s’exposer (et se relativiser) librement sans craindre d’agression et sans non plus se montrer agressive à l’égard des autres identités.

La spécificité française d’un Etat républicain jaloux de toute emprise des communautés

De telles approches ne peuvent être directement transposées dans le contexte français marqué par une pratique de la démocratie centrée sur l’Etat républicain laïc qui suppose un citoyen uniforme devant la République. Or ce modèle français ne fonctionne pas bien : l’égalité devant l’Etat apparaît une arnaque aussi bien dans les banlieues, qu’au sein de certaines origines africaines ou d’Europe de l’est, et la plupart des jeunes ne se sentent pas du tout impliqués dans la vie démocratique… si ce n’est à l’occasion de quelques mouvements d’humeur vite passés !

La prise en compte des quêtes d’identité réactiverait la démocratie française…

Sans doute nous faut-il aussi en France prêter plus d’attention à ces luttes pour la reconnaissance pour ne pas les réduire trop vite à de simples réactions identitaires qu’il suffirait de stigmatiser. Comme toute crise, les crises d’identité ébranlent la démocratie et appellent à réagir, en prenant en compte intelligemment les énergies qui s’y expriment de façon contradictoire !

Peut-être faut-il apprendre à donner droit de cité aux recherches d’identité et aux « espaces fédérateurs » en leur ouvrant la possibilité de se resituer effectivement dans une vie démocratique plus large et plus mobile qui permette d’autres échanges et d’autres identifications.

4 Nancy Fraser considère qu’une démocratie juste doit articuler un État suffisamment fort pour assurer une

« redistribution » effective en direction des populations dominées et une société civile suffisamment diversifiée qui permette une multiplicité d’espaces publics susceptibles de garantir à ces diverses populations la possibilité d’une « parité de participation » (« Qu’est-ce que la justice sociale » Ed de la Découverte. Paris. 2005)

(6)

… si quatre conditions sont posées

La recherche d’appartenance peut contribuer à la vie démocratique de notre actuelle société française si une quadruple limitation lui est apportée :

 ces appartenances doivent se situer dans une société pluraliste, ce qui implique l’acceptation d’une cohabitation avec les autres groupes de population pacifiée et respectueuse des différences

 elles doivent accepter la laïcité de l’Etat et des services publics qui doivent afficher une neutralité

 pour chacun des membres, ces appartenances ne peuvent pas être vécues comme exclusives d’autres appartenances ; dans notre société, chacun appartient à plusieurs groupes

 ces appartenances doivent être libres et non définitives ; chacun doit garder la liberté de sortir du groupe pour adhérer à un autre : et les parents doivent pouvoir garantir cette liberté à leurs enfants dès qu’ils atteignent l’âge de la responsabilité.

La reconnaissance des identités de ses membres constitue sans doute aujourd’hui l’un des enjeux de notre vie démocratique à condition qu’elle les fasse apparaître comme plurielles, laïques, , non exclusives, mobiles … mais singulières !

2. Une revendication de singularité avec le risque d’individualisme.

Recherche d’identités collectives et recherche de singularité

A coté des « luttes pour la reconnaissance des identités collectives », notre modernité nourrit de façon contradictoire des « quêtes de singularité » plus puissantes encore qui constituent de véritables ferments de fragmentation et d’individualisme.

Axel Honneth a bien montré la richesse de ces relations intersubjectives de reconnaissance qui portent tantôt sur des identités collectives et tantôt sur des identités individuelles, qui soulignent tantôt des appartenances et des identifications et tantôt des singularisations et des différenciations, tant à l’égard de soi qu’à l’égard des vis à vis. Reprenant les analyses de Hegel, il resitue ce besoin universel de reconnaissance dans des relations d’ « intersubjectivité » entre des personnes qui cherchent leur marque et qui veulent faire reconnaître leur position et leur existence propre par leur partenaire5.

Honneth reprend aussi la psychologie de Mead sur le développement de l’enfant qui montre comment le bébé forge sa personnalité en se démarquant progressivement de sa mère tout en s’appuyant sur elle. Pour lui, toute reconnaissance passe par une articulation conflictuelle entre des phases d’identification (à la mère, au père, à un modèle, à une place, à un groupe…) et des phases de singularisation (où l’on se distingue du modèle ou du groupe…)

La prépondérance des quêtes de singularité dans notre société libérale avancée

Dans la période actuelle, dominent plutôt l’individualisation et le souci massivement majoritaire d’affirmer son indépendance à l’égard de toute affiliation ainsi que le refus de s’inféoder à tout groupe trop directif !

En fait, depuis la fin des « Trente Glorieuses », on assiste à un déclin relatif des appartenances à des identités trop dirigistes qui ne laissent pas suffisamment de place à l’expression des individualités ; les appartenances de « classe », de profession ou de quartier (a fortiori l’adhésion à des partis ou à des idéologies politiques) ont fortement régressé ! Les adhésions aux grosses organisations ont chuté. C’est toute la militance qui est fragilisée en dehors des petites organisations. La notion même d’engagement durable est en jeu ! On assiste à une certaine fragmentation des luttes et à un émiettement des lieux de solidarité qui touchent toute la société civile

5 L’illustration en est la « dialectique à la vie à la mort du Maître et de l’Esclave » où le Maître expose sa vie pour conquérir la reconnaissance par l’esclave de sa place de Maître et où l’esclave accepte sa place en échange de la protection du Maître.

(7)

La contribution des singularités à la démocratie

Mais pour autant, ce souci de singularisation qui domine aujourd’hui dans notre société porte-t-il nécessairement à l’individualisme et à un esprit de compétition où chacun ne penserait qu’à se démarquer de l’autre, en sapant toute coopération et en définitive, toute possibilité de vie démocratique ? Ce serait oublier que la démocratie se fonde sur la liberté individuelle et sur des citoyens dotés d’autonomie, capables de penser par eux-mêmes sans que nul groupe ne puisse dicter ses manières de faire et de penser.

La vie démocratique se nourrit des singularités qui se revendiquent en son sein ; elle n’existerait pas sans les continuelles contestations de toutes les pressions du groupe. Ces continuelles revendications de singularité fragilisent certes la démocratie, car de nouveaux équilibres sont toujours à trouver et les crises se succèdent, mais elles font émerger chaque fois (si la démocratie est vivante) de nouvelles personnalités et de nouvelles solutions qui font franchir une nouvelle étape ! Nul ne regrette l’époque où l’appartenance de classe ou l’inscription à un Parti dictait les comportements.

Les singularités ont besoin de la démocratie pour s’exprimer durablement

Et inversement, une singularité durable ne peut exister qu’au sein de relations intersubjectives susceptibles de la reconnaître ! Toute singularité qui se contenterait de s’autoproclamer ou de se distinguer par un acte de dissidence serait vite amenée à s’isoler, à se marginaliser et à s’enfermer dans une vie répétitive dont on oublierait à terme la singularité.

Ce n’est qu’au sein de relations d’échanges suffisamment solides et au final d’une vie démocratique qu’il est possible d’entretenir une singularité.

Articuler identité et singularité : un atout pour revitaliser la vie démocratique

Ainsi, pour contribuer positivement à la vie démocratique, les quêtes d’identité et les quêtes de singularité doivent se compléter et se réguler l’une l’autre :

 le risque d’une identification complète au groupe et de communautarisme est moindre tant que l’on garde vif le désir de singularité : l’appartenance à un collectif ne peut plus alors être taxé d’embrigadement ni de sectarisme ! Et la défiance à l’égard des pressions de groupe n’est pas forcément démobilisatrice. C’est bien pourquoi les « crises d’identité » peuvent contribuer à la vitalité démocratique !

 le risque d’individualisme disparaît dès que l’on s’engage pleinement dans un mouvement au point de s’identifier à lui. Et ces appartenances peuvent contribuer à la vie démocratique, si sont maintenues les limites indiquées à la fin du précédent paragraphe.

La manière dont l’identité et la singularité interfèrent dans le sentiment d’appartenance varie, pour chaque type de groupe6, selon l’environnement culturel et social.

Mais dans notre actuelle société, on assiste à un déclin relatif des appartenances à des identités qui ne laissent pas suffisamment de place à l’expression des individualités ; c’est vrai dans la famille, comme au travail, comme dans la vie démocratique : il y a de moins en moins de familles où tous pensent pareil et d’organisations bien disciplinée ! Par contre, la démocratie reprend vigueur avec des personnes qui concilient leur identité militante et leur singularité personnelle comme deux pôles bien distincts de leur existence.

6 La manière dont un groupe se forme varie avec chaque société ; tantôt les regroupements s’opèrent autour de certaines caractéristiques objectives communes (une même origine raciale ou familiale, une même profession, un même lieu d’habitation….) tantôt ils s’opèrent de façon relationnelle et par affinité, et de façon plus fluide et plus changeante. Et la vie démocratique doit évidemment en tenir compte ! Il se trouve que dans notre actuelle société, les regroupements s’opèrent davantage sous forme de réseaux ou de coordinations, sur des critères relationnels, et donc de façon plus changeante, ce qui rend plus instable la contribution à la vie démocratique.

(8)

La « singularité » dans la pensée économique

Même dans la pensée économique, certaines approches récentes (la théorie des conventions) prennent aussi en compte la place de la « singularité » dans les transactions en contestant les théories classiques, fondées sur l’idée que le Marché pourrait rendre « équivalent » des objets de façon universelle, en fixant pour chaque transaction une « valeur d’échange ».

Dans la théorie classique des jeux, chaque individu est doté d’une même raison et peut faire les mêmes calculs pour anticiper la réaction des autres et faire ses choix en conséquence (théorie du « choix rationnel »). Or la crise récente confirme les limites de l’universalisme d’une telle pensée rationnelle !

Tous les échanges, y compris les transactions économiques, sont fondés sur une interaction qui ne cesse de s’adapter à l’environnement et aussi aux conceptions mouvantes des partenaires, aux conventions qui ne cessent de se réajuster les unes par rapport aux autres.

A l’exemple de la marche en groupe, l’économie peut s’adapter aux aux singularités de l’environnement et des publics

Ainsi Margaret Gilbert prend l’exemple de la marche en groupe où chacun accorde son pas, son itinéraire, ses haltes et sa manière de humer l’air, au comportement de l’autre et du groupe. Chaque marche est singulière, sans être pour autant dépourvue de normes ni de conventions partagées par le groupe.

Chaque marché peut être singulier et créatif, s’il promeut des produits et des modes de production qui ne renoncent pas à des normes de qualité et d’efficience, mais qui s’adaptent aux singularités de chaque clientèle.

Faire de chaque crise singulière une opportunité nouvelle !

Dans cette perspective, l’économie doit renoncer au phantasme universaliste de la régulation par

« la main invisible du marché » ainsi qu’à l’ambition productiviste de la « maîtrise des risques » pour penser une réadaptation aux situations singulières et notamment, d’après Elena Lasida, aux situations de crise qui révèlent des fragilités à partir desquelles de nouveaux types de transaction peuvent s’opérer.

L’économie peut devenir créative quand elle sait proposer des transactions qui s’ajustent aux relations singulières vécues, avec leur part de risque et même d’altérité : la prise en compte de la singularité et de la vulnérabilité rend l’économie moins technocratique et plus politique.

Ainsi par exemple, l’économie solidaire a su inventer h des formes de crédit et d’échange qui tiennent compte de la précarité.

La singularité garantit des identités plurielles et non définitives ouvertes à la vie démocratique

Ainsi dans notre société, les quêtes d’identité et le sentiment d’appartenance qui lui est corrélé ne peuvent plus être confondus automatiquement avec une quelconque recherche d’un modèle unique ou avec une assimilation à un groupe qui ferait perdre sa singularité.

Bien au contraire, les identifications plurielles et non définitives qui nous caractérisent, sont des moyens d’affirmer notre personnalité et de nous distinguer. Elles nous font sortir des types de relation anonymes, impersonnelles ou inauthentiques, d’un universalisme ou d’un moralisme abstrait, en nous permettant d’accéder à des échanges plus personnels et autrement plus riches, où chacun trouve sa place distinctement, où les spécificités de chacun soient mises en valeur et où les différences, bien loin de mettre en péril la cohésion du groupe, apparaissent comme des atouts.

Identité héritée / identité choisie

De plus en plus fréquemment, l’appartenance à une identité collective est en elle-même l’expression d’une singularité, dans la mesure où elle est choisie. La plupart des quêtes d’identité actuelles ne visent pas des identités « héritées » mais des identités « revendiquées » pour se différencier d’un environnement anonyme ou hostile où l’on ne se sent pas reconnus « à sa juste valeur ».

Pour les adolescents, comme pour le mouvement des banlieues, pour le mouvement féministe et pour beaucoup de militants associatifs, l’affirmation d’une identité nouvelle sonne comme une revendication de

(9)

singularité et un rejet des anciennes identités imposées, mais au sein d’un espace public pluraliste où sont engagés des débats et des coopérations avec les autres secteurs de la société dans un mutuel respect.

Les risques d’un amalgame entre quête d’identité et quête de singularité

Il faut bien reconnaître que dans certains cas, les recherches d’identité et de singularité fusionnent et cessent alors de se réguler l’une l’autre dans une relation dialectique. Quand la recherche d’une appartenance collective se justifie essentiellement par un désir de singularisation, voire de dissidence sans acceptation de la laïcité et de la démocratie globale, le risque de communautarisme et de crispation identitaire est au plus fort : le port du voile islamique par les filles en des lieux interdits au même titre que les démonstrations de force par les bandes de garçons sont autant de provocations qui sonnent comme des déclarations de guerre à l’ordre dominant. Il en va ainsi de toute appartenance à des groupes extrémistes.

L’affirmation conjointe de l’identité et de la singularité s’exprime alors par des exclusions, par l’hostilité, voire des violences. La transgression et le rejet de l’autre peuvent alors exercer une fascination que les phénomènes de groupe et de foule ne font qu’amplifier.

Toute vie démocratique affronte périodiquement ces situations crispées ; mais pour faire le tri entre bonnes et mauvaises identités et singularités, elles disposent d’un autre ressort : la reconnaissance de la dignité de tous les membres de la société !

3. Une dignité des partenaires et même des exclus

dont la reconnaissance politique est source d’allégresse.

On ne peut donc casser le « cercle vicieux identité – singularité » et les replis identitaires ou individualiste qui menacent la cohésion de notre société et qui polluent la vie démocratique, qu’en le réintégrant dans une dynamique plus large qui reconnaît activement l’égale dignité de tous les hommes et qui transforme les adversaires en partenaires et les inconnus de passage en « prochain » digne d’être partie prenante de notre vie démocratique

Casser l’attrait des exclusions pour rétablir la confiance réciproque

Ce n’est qu’en initiant ce troisième niveau de reconnaissance que nous pouvons réellement « décrisper » les deux premiers niveaux et inverser le mouvement d’exclusion inhérent à toute quête d’identité et de singularité : l’autre, celui qui ne partage pas notre identité, tous ceux que nous n’avons pas eu l’occasion de distinguer singulièrement, tous ceux qui attentent même à notre singularité et qui nous « dérangent », bref tous les « étrangers » peuvent et doivent être ré-inclus dans une « fraternité » élargie et dans un réseau de confiance réciproque.

La reconnaissance de la dignité réoriente la vie démocratique et le fonctionnement des institutions

La reconnaissance pleine et entière de leur dignité change notre regard sur les personnes que nous rencontrons, et par delà modifie notre perception du monde en aiguisant notre sensibilité aux personnes.

Mais si cette reconnaissance est suffisamment puissante pour s’élargir aux exclus et aux étrangers, et collective pour ébranler durablement l’opinion publique, alors elle transforme complètement la vie démocratique en plaçant au centre des priorités et des modalités d’action, la prise en compte de ces personnes.

Du coup, la politique n’est plus seulement une affaire d’experts, de notables et de grands dossiers. Elle s’évalue au final à l’aune des interventions faites en direction des plus défavorisés et de la manière dont ils sont écoutés et considérés, pas uniquement dans la politique sociale, mais aussi dans toutes les autres politiques, fiscales, scolaires, culturelles, économiques… et même de Défense de la Sécurité et de la Nation.

Et ce nouveau comportement ne sera effectif que s’il s’étend aux Services Publics et à toutes les institutions en en modifiant réellement le fonctionnement : il ne suffit pas de changer les modalités de l’accueil et de la communication en direction des personnes en difficulté, encore faut-il qu’elles soient associées à l’élaboration, au fonctionnement et à l’évaluation des politiques qui les concernent (c'est-à-dire en quelque sorte, de toutes les politiques), bref qu’elles soient considérées comme des « partenaires à part entière dans l’interaction sociale ».7

N’y a-t-il pas de meilleur frein aux risques d’individualisme ou de communautarisme que cette reconnaissance de la dignité des exclus qui leur permettrait de se faire entendre et d’accéder aux débats publics

7Cf Nancy FRASER « Qu’est-ce que la justice sociale ? Reconnaissance et redistribution », La Découverte, 2005, p79

(10)

en arrivant à se constituer en « contre public oppositionnels »8 et à casser ainsi la monopolisation de la parole publique par les dominants ?

Les risques d’une reconnaissance abstraite

Mais cela suppose que soit dépassé le stade des proclamations abstraites : comme pour toutes les autres formes de reconnaissance, il peut y avoir des dérives possibles, et en l’occurrence le risque d’une dichotomie entre l’invocation unanimiste de « l’égale dignité de tous les hommes » et les appels à la solidarité qui peuvent rapporter des voix durant les campagnes électorales et les politiques pratiquées après les élections, quand il s’agit de se battre avec la réalité et sa complexité concrète ! Et les déterminismes socio-économiques ne poussent pas à prioriser la reconnaissance de la dignité des personnes !

Les risques d’une reconnaissance individuelle, purement intersubjective

La reconnaissance de la dignité des personnes peut aussi servir d’alibi pour se détourner de toute action politique ! Durant des siècles, la dignité des personnes était essentiellement recherchée dans les relations intersubjectives, en s’accommodant très bien de toutes les inégalités sociales et économiques9. La « charité » reconnaissait profondément la dignité de la veuve et de l’orphelin, du pauvre et du malade, en lui apportant de quoi subsister, mais sans songer à changer ni sa « condition » ni son statut social.

Dans notre actuel contexte, les actions humanitaires sont souvent survalorisées par rapport aux actions politiques, parce qu’elles rendent un service plus direct aux personnes et parce qu’elles permettent de les rencontrer physiquement et de les reconnaître individuellement.

Cela aussi a ses limites ! Seule l’action politique permet de changer durablement la condition des personnes en difficulté. Seule la démocratie permet de modifier leur statut inégalitaire. Seule un

« reconnaissance politique » de leur dignité peut leur permettre d’accéder à une « parité » dans les interactions sociales10

Et si la vie démocratique retrouvait l’allégresse d’une vraie reconnaissance ?

Mais si la reconnaissance intersubjective des personnes en difficulté (et de toutes les catégories de personnes) appelle une reconnaissance plus politique pour les prendre pleinement en compte, inversement, la reconnaissance intersubjective des personnes peut rendre à la politique plus d’humanité et de chair !

En effet, c’est bien dans les relations interpersonnelles que la vie démocratique perd sa froideur et sa rudesse pour s’humaniser et retrouver des relations durables de solidarité et de confiance. C’est bien quand la solidarité prend un visage que la réciprocité de la relation et du regard change authentiquement l’image de nous même. La reconnaissance de l’autre devient reconnaissance par l’autre, dans l’égalité et la « con-fiance » d’une « foi » partagée.

L’identité et la singularité de chacun sont prises en compte l’un par l’autre sans aucune exclusive. Une estime réciproque s’instaure, l’heure n’est plus au dévouement ni au remerciement, mais à une commune reconnaissance qui communique une irrésistible allégresse.

Car les sagesses de tous les temps et de toutes les cultures sont toujours actuelles quand elles affirment que la reconnaissance de la dignité de tous ceux que l’on rencontre constitue la principale source d’allégresse qui puisse nous être donnée ; elle nous donne un véritable souffle et nous permet d’affronter tous les aléas de l’existence et de reconfigurer constamment notre échelle des valeurs à l’occasion de chaque rencontre.

La dignité des autres rejaillit sur la mienne et sur l’existence toute entière !

8 Idem

9 A l’origine, le terme même de « dignité » visait les distinctions qui étaient conférées par le pouvoir monarchique : en étant élevé à la « dignité » de sénéchal, la dite personne recevait la « charge » de mener une armée et en recevait la rémunération correspondante !

10 Nancy Fraser appelle même à des « politiques de reconnaissance » !

(11)

Conclusion :

Un personnalisme qui conjugue ces diverses formes de reconnaissance afin de réactiver la vie démocratique.

L’articulation indispensable

Ainsi avons-nous vu que dans notre société, les quêtes d’identité ne sont pas séparables des recherches de singularité et que pour éviter les dérives identitaires, s’impose l’exigence de la reconnaissance du

« visage » de l’autre et de sa dignité, et par là même, de ma propre dignité.

Une simple exacerbation de la singularité, c’est un individualisme narcissique et mortifère !

Une identification à une « identité », sans possibilité de singularisation c’est un embrigadement aujourd’hui insupportable !

Une identité jointe à une singularité sans reconnaissance de la dignité de chaque homme et de soi, c’est un communautarisme identitaire !

L’affirmation d’une dignité en dehors d’une identité et d’une singularité précise, c’est une pieuse abstraction sans impact social !

Identité – singularité - dignité ne peuvent se comprendre dans notre société ni l’une sans les deux autres, ni sans le mouvement qui les articule chaque fois de façon différente : à chaque situation, sa manière de conjuguer les trois !

A chaque personne, son propre style, sa manière d’affirmer sa singularité à travers des identités plurielles et mouvantes qui illustrent sa propre dignité et celle des autres !

Et comment les membres de LVN reconnaissent-ils leur identité et leur singularité à l’intérieur des fraternités ?

A l’heure où le Mouvement LVN s’interroge sur son identité et sur son avenir, tous ces questionnements peuvent-ils lui être appliqués ? L’expérience communautaire du Mouvement lui donne à la fois une identité et une singularité, mais en quoi contribuent-elles (ou nuisent-elles) à une vie démocratique ?

Le personnalisme au prisme de la reconnaissance

Peut-être le personnalisme peut-il se donner comme perspective une « économie de la reconnaissance au service de la démocratie » : la reconnaissance de notre identité, celle de notre singularité et celle de notre dignité ne peuvent être comprises comme trois opérations distinctes ; elles s’articulent toutes trois dans une intrigue pleine de surprises, d’embûches et d’aventures, dans lesquelles s’inscrit notre responsabilité, sachant que les risques de dérive sont toujours là.

A nous d’inventer face à la Crise une nouvelle scène,

qui n’est plus seulement « l’économie du Salut » des anciennes religions,

ni « l’économie des pulsions de mort et des pulsions érotiques » du Grand Sigmund, ni « l’économie capitaliste »,

mais « l’économie de la reconnaissance » où entre en jeu toute notre existence individuelle et collective !

********

Références

Documents relatifs

Given the input speech models and a noise model, the mismatch function is derived in the linear spectral or log-spectral domain then the model parameters of noisy speech are

Cette fenêtre est déplacée pas à pas, c'est-à-dire déplacée d’un vecteur au suivant (Figure 1.2). Dans cette méthode, lorsque les éléments audio à comparer sont courts

Le premier type de combinaison présenté dans le chapitre 4 consiste à ex- ploiter les sorties des systèmes de reconnaissance de la parole utilisant le même type de modélisation mais

Le sommet AFRICITES 3 est une occasion unique pour les organisations de la société civile de faire entendre leurs voix par tous les acteurs du développement municipal et

GIULIANI, Frédérique Elsa, JOLIVET, Anne, LAFORGUE, Denis.. GIULIANI, Frédérique Elsa, JOLIVET, Anne,

C’est notamment la mission de la fondation pour la mémoire de l’esclavage, dont la création nous réunit aujourd’hui.. Le 10 mai 2018, pour la journée nationale des mémoires

Je voudrais, sur ce point, indiquer que la première série d’échanges bilatéraux que nous avons conduite m’a permis de constater chez l’ensemble des responsables

Les professionnels travaillant chez les équipementiers (des technologies de mesure) au niveau de la