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Le sport, un outil géopolitique au service des puissances contemporaines

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Academic year: 2022

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Géographie et cultures 

104 | 2017

Football et géographie

Le sport, un outil géopolitique au service des puissances contemporaines

Vincent Gaubert

Édition électronique

URL : http://journals.openedition.org/gc/6299 DOI : 10.4000/gc.6299

ISSN : 2267-6759 Éditeur

L’Harmattan Édition imprimée

Date de publication : 1 décembre 2017 Pagination : 149-151

ISBN : 978-2-343-15049-9 ISSN : 1165-0354 Référence électronique

Vincent Gaubert, « Le sport, un outil géopolitique au service des puissances contemporaines », Géographie et cultures [En ligne], 104 | 2017, mis en ligne le 16 novembre 2018, consulté le 21 décembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/gc/6299 ; DOI : https://doi.org/10.4000/gc.

6299

Ce document a été généré automatiquement le 21 décembre 2020.

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Le sport, un outil géopolitique au service des puissances

contemporaines

Vincent Gaubert

RÉFÉRENCE

Jean‑Baptiste Guégan, 2017, Géopolitique du sport : une autre explication du monde, Paris, Bréal, 304 p.

1 De la guerre froide et ses boycotts olympiques, au lobbying pour obtenir l’attribution des méga-événements, il arrive régulièrement que les agendas politiques et sportifs se confondent. De ce point de vue, les contributions de Pascal Boniface ont permis de mettre en évidence cette collusion d’intérêts et d’envisager le sport comme un contributeur de puissance, façonneur d’un ordre mondial particulier. En dépit de cette filiation théorique directe, perceptible jusqu’à son titre1, l’ouvrage de Jean-Baptiste Guégan renvoie plus spontanément à l’Atlas du sport mondial de Loïc Ravenel, Pascal Gillon et Frédéric Grosjean, qui constitue les véritables prémices illustrées, cartographiées, de la présente contribution. La complémentarité entre les deux travaux est manifeste, en particulier quant à leur volonté d’exposer les raccordements du sport aux autres branches de la société : l’économie, la culture, la politique ou encore la religion.

2 Les propos introductifs de même que le premier chapitre de Géopolitique du sport font d’ailleurs écho au titre secondaire de cet atlas – Business et spectacle : l’idéal sportif en jeu – puisque l’historien et journaliste investit le sport à travers sa démesure économique et médiatique, à la fois perçue positivement (il est fédérateur) comme négativement (il implique des coûts et des salaires jugés exorbitants). Sans faire explicitement appel à la géographie, ces premières pages ont surtout vocation à dresser un portrait de ce que représente le sport professionnel dans nos sociétés, en passant rapidement d’un terrain

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à l’autre. Ce premier chapitre, « attendu » dans les sciences qui traitent du sport, ne fournit pas d’apports majeurs, et se présente comme une synthèse des principaux sports en matière de pratiquants, d’audiences et de recettes. À l’issue de ce catalogue de pratiques, où rares sont les paragraphes sans chiffres, Guégan produit une liste d’éléments constitutifs d’une grille de lecture, faite d’acteurs, de performances, d’organisations, de gouvernances, de prises de positions, de politiques de développements, de stratégies d’innovations, permettant une « autre explication » du monde (p. 77-88). Cette interprétation est davantage employée dans les deux autres chapitres, résolument plus orientés vers la géographie (chapitre 2) puis vers la géopolitique (chapitre 3).

3 Après avoir retracé la naissance des sports, le second chapitre marque un véritable changement de cap avec une approche qui devient nettement plus géographique, par l’analyse de leur diffusion (p. 90-101). De fait, les principaux travaux et apports des géographes du sport sont repris, reformulés et réactualisés, en particulier la contribution Sport, géographie et aménagement de Jean-Pierre Augustin, publiée en 1995.

On préférera les lignes dévolues au rugby et au cyclisme, particulièrement instructives au regard de l’évolution actuelle de ces deux sports et leur mondialisation croissante, à celles consacrées au football, fréquemment abordé.

4 Enfin, le troisième chapitre constitue à l’évidence le cœur du travail. Deux axes le structurent : le sport est une compétition entre États, sur le terrain, mais également en dehors, pour s’approprier ce marché, par l’image, où le rôle des puissances extra- nationales (entreprises, sponsoring, médias) se fait de plus en plus sentir. Sous la forme d’une large revue de presse, Guégan entreprend un tour du monde des faits marquants de l’Histoire sportive comme de son actualité (évolution de la stratégie qatarie, investissements des BRICS, sort des grands équipements, récupération politique des résultats, coûts des Jeux olympiques…), qui peut parfois dérouter mais qui définit bien in fine une véritable lecture géopolitique par le sport.

5 Dans sa conclusion, entamée par une référence à une citation de Malraux, où le sport remplacerait désormais la religion, Guégan multiplie les renvois aux principaux théoriciens (Mauss, Elias et Dunning) de ce « phénomène social total », véritable « clé de compréhension du monde » (p. 288). De ce bilan, on retiendra le segment original sur les « trois travers » (p. 294) qui nuisent au sport contemporain, preuve supplémentaire, s’il en fallait, de la capacité de Guégan à examiner le sujet avec minutie et passion y compris en éclairant avec justesse ses faces sombres.

6 À l’issue de l’ouvrage, on regrettera que certains éléments évoqués le soient à la vitesse d’un sprint quand on aurait aimé qu’ils le soient à l’allure d’une course de demi-fond.

Ainsi, la quête de modernité ne s’engouffre pas entièrement dans l’exercice de prédiction du « sport de demain », en particulier sur l’e-sport, bien que mentionné à plusieurs reprises, ou sur les nouveaux acteurs d’internet, communément rassemblés sous l’acronyme GAFA. L’auteur ayant parfaitement saisi les contours du sport d’aujourd’hui, nous aurions aimé lire sa réflexion sur ces enjeux. Cependant, l’objectif premier de Guégan étant de « […] montrer tout ce que la géopolitique peut apporter à la compréhension du sport contemporain et de ses rapports de force » (p. 70), difficile de lui attribuer un quelconque reproche sur ce plan.

7 Sur la forme, on pourra déplorer la cartographie limitée (six figures), et par moments la présence de passages plus anecdotiques, où la sportophilie de l’auteur l’entraîne dans un name dropping qui « ronge » quelque peu l’argumentaire, deux bémols qui ne

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dévalorisent en rien la qualité globale de l’ouvrage. À cet égard, on mettra en exergue de ce minutieux travail de synthèse et de recensement, l’actualisation des sources et des données (perceptible à travers la bibliographie) de même que les réflexions personnelles de l’auteur accompagnant l’ensemble, avec des apports intéressants, notamment sur le sport power. La centaine d’encadrés valorisant des citations d’universitaires, d’entraîneurs, de sportifs, de politiques, de journalistes ou d’écrivains, ainsi que ceux définissant les principales notions et concepts géopolitiques, apportent des éléments de contextualisation utiles pour des non-initiés et placent clairement cet ouvrage dans une perspective de vulgarisation scientifique.

8 Expliquer le sport, faire comprendre son poids économique, décrypter le monde par le sport : voilà l’exercice redoutable dans lequel s’est engagé l’auteur. Une sorte de triathlon où il convient d’être bon partout, comme l’exige ce type d’épreuves combinées. Et par la polyvalence affichée dans son travail équilibré, Guégan s’y adonne avec succès. Si cet ouvrage ne se destine pas particulièrement aux spécialistes d’une de ces thématiques, celles et ceux qui souhaitent s’initier à l’une d’elles y trouveront matière à élargir leurs connaissances.

NOTES

1. Pascal Boniface est l’auteur d’une première Géopolitique du sport, parue, elle, en 2014.

AUTEURS

VINCENT GAUBERT Chercheur indépendant vincent-gaubert@orange.fr

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