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Bulletin du centre d études médiévales d Auxerre BUCEMA

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(1)

d’Auxerre | BUCEMA 

11 | 2007

Varia

Electronic version

URL: http://journals.openedition.org/cem/1023 DOI: 10.4000/cem.1023

ISSN: 1954-3093 Publisher

Centre d'études médiévales Saint-Germain d'Auxerre Printed version

Date of publication: 15 August 2007 ISSN: 1623-5770

Electronic reference

Bulletin du centre d’études médiévales d’Auxerre | BUCEMA, 11 | 2007 [Online], Online since 15 August 2007, connection on 21 December 2020. URL : http://journals.openedition.org/cem/1023 ; DOI : https://doi.org/10.4000/cem.1023

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Les contenus du Bulletin du centre d’études médiévales d’Auxerre (BUCEMA) sont mis à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.

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TABLE OF CONTENTS

Pluridisciplinaire

Claude Coupry and Eliana Magnani

Calendrier des activités (juillet 2007 - juin 2008)

Opérations archéologiques 2006-2007 Introduction

Christian Sapin

La cathédrale Saint-Étienne d’Auxerre (Yonne)

Christian Sapin

L’abbaye de Cluny (Saône-et-Loire) La collégiale de Saint-Quentin (Aisne)

Christian Sapin

L’église Saint-Pierre-ès-Liens de Brienne-la-Vieille (Aube)

Fabrice Henrion

Auxerre (Yonne), 16 quai de la Marine

Fabrice Henrion

Igé, chapelle de Domange (Saône-et-Loire)

Christian Sapin

Église Saint-Martin de Branches (Yonne)

Christian Sapin and Sylvain Aumard

Les programmes collectifs

Christian Sapin

Les travaux du laboratoire d’archéologie du bâti : la cathédrale Saint-Etienne d’Auxerre, le prieuré Saint-Eusèbe d’Auxerre et l’église Notre-Dame de Vermenton

Sylvain Aumard

Autun (Saône-et-Loire), sondages dans l’enclos de la cathédrale Saint-Lazare

Sylvie Balcon-Berry and Walter Berry

Luxeuil-les-Bains (Haute-Saône) : deuxième campagne de diagnostic archéologique des places du centre ancien

Sébastien Bully and Christophe Gaston

L’ancienne église abbatiale Saint-Pierre d’Osor (Île de Cres - Croatie)

Miljenko Jurković, Sébastien Bully, Morana Čaušević-Bully and Iva Marić

Saint-Lupicin (Jura), étude de bâti de l’église Notre-Dame

Sébastien Bully, Laurent Fiocchi, Morana Čaušević-Bully and Aurélia Bully

Priorale Saint-Pierre de Souvigny (Allier), étude archéologique de la nef, première tranche

Pascale Chevalier, Morana Čaušević-Bully, Mathias Dupuis, Laurent Fiocchi and Olivier Lapie

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Etudes & travaux

Panorama de l’écrit diplomatique en Bourgogne : autour des cartulaires (XIe-XVIIIe siècles)

Isabelle Rosé

La reconstruction du monastère de Cîteaux (vers 1160 – vers 1240)

Benoît Chauvin

Effets des intempéries sur les portails romans : les cas de Montceaux-l’Étoile (Saône-et-Loire) et Chassenard (Allier)

En hommage à François Voinchet, architecte en chef des Monuments historiques, décédé brutalement en hiver 2007, sur la route des églises romanes.

Juliette Rollier-Hanselmann

Le verre à vitre et l’archéologie de la fin de l’Antiquité au XIIe siècle. Premières approches et perspectives

Centre d’études médiévales d’Auxerre, 15-16 juin 2006 Christian Sapin

« Palais des hôtes » ou bâtiments laïcs aux marges des abbayes, VIIIe-Xe siècles.

Comparaisons et évolutions des sites jusqu’aux XIe-XIIe siècles. À propos de la fouille du 12 rue Saint-Genest à Nevers

Dijon, ARTeHIS-UMR 5594, 21 septembre 2006 Benjamin Saint-Jean Vitus

Hiérarchie, ordre et mobilité dans l’Occident médiéval (400-1100)

Auxerre, Centre d’études médiévales, 27-29 septembre 2006 Geneviève Bührer-Thierry

Les conversions de cens au Moyen Âge

Auxerre, 27-28 octobre 2006 Laurent Feller

Le Moyen Âge vu d’ailleurs IV : Sources et concepts / La Edad Media desde otros horizontes IV. Fuentes y conceptos

Buenos Aires, 1° al 4 de noviembre de 2006 Marta Madero

CBMA - Chartae Burgundiae Medii Aevi. I. Les fonds diplomatiques bourguignons

Dijon, ARTeHIS-UMR 5594, 26 janvier 2007 Eliana Magnani and Marie-José Gasse-Grandjean

Autour de Herbert Leon KESSLER

Auxerre, Centre d’études médiévales, 15-16 mars 2007

Daniel Russo, Herbert Leon Kessler, Dominique Donadieu-Rigaut, Dominique Iogna-Prat and Anne-Orange Poilpré

Histoire de l’Art et Anthropologie. 1- Historiographie et représentations du don au Moyen Âge : pour la définition d’un champ d’études

Dijon, Journée d’étude du 30 mars 2007 Eliana Magnani and Daniel Russo

Les figures du musicien au Moyen Âge. Figures, discours et images

Centre d’études médiévales d’Auxerre, 24-25 mai 2007 Martine Clouzot

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Projets de recherche

La musique, un art de gouverner. Jongleurs, ménestrels et fous dans les cours royales et princières du XIIIe au XVe siècle (France, Bourgogne, Angleterre, Empire)

Projet d’habilitation Martine Clouzot

Musique et Architecture : théories, composition, théologie (XIIIe-XVIIe siècles)

Vasco Zara

Les chants des oiseaux. Musiques, pratiques sociales et représentations du XIe au XVIIIe siècle.

Rencontres interdisciplinaires et internationales

Martine Clouzot, Corinne Beck, Massimo Privitera and Vasco Zara

L’inventaire des châteaux bourguignons : bilan et perspectives

Hervé Mouillebouche

Les toits de l’Europe : mise en œuvre d’une méthodologie partagée pour l’étude, la conservation et la mise en valeur des toitures historiques

Participation aux ateliers de Slavonice (Rép. Tchèque), La Paix-Dieu (Belgique) et Kurozweki (Pologne) Sylvain Aumard

Projets de rencontres 2007-2008

La cathédrale Saint-Étienne d’Auxerre : résultats récents des recherches pluridisciplinaires et internationales

Auxerre, 27-29 septembre 2007 Christian Sapin

« Les usages sociaux de la Bible ». Numéro de la revue Médiévales

Auxerre, Centre d’études médiévales, 16-17 novembre 2007 Dominique Iogna-Prat

CBMA - Chartae Burgundiae Medii Aevi. II. Les fonds diplomatiques bourguignons

Dijon, ARTeHIS UMR 5594, 25 janvier 2008, 10h00-16h00 Eliana Magnani and Marie-José Gasse-Grandjean

Présentation et mise en valeur des sites archéologiques religieux en milieu urbain

Luxeuil, projet de table ronde, 25-26 avril 2008 Sébastien Bully and Christian Sapin

Images et passages à l’époque médiévale

Centre d’études médiévales d’Auxerre, table ronde des 19-20 juin 2008 Dominique Donadieu-Rigaut

Bibliographie

Exégèse et politique dans l’œuvre d’Haymon d’Auxerre

Thèse de doctorat de l’Université Paris IV-Sorbonne, sous la direction de François Dolbeau et Michel Sot, novembre 2006

Sumi Shimahara

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Cluny en Auvergne

Thèse de doctorat de l’Université Paris-I Panthéon-Sorbonne, sous la direction de Michel Parisse, mai 2006 Arlette Maquet

Recherches sur la diplomatique cistercienne au XIIe siècle. La Ferté, Pontigny, Clairvaux, Morimond

Thèse de doctorat en histoire médiévale, sous la direction de Michel PARISSE, Paris I/Panthéon-Sorbonne, 2005 Marlène Hélias-Baron

Peuple de saints et pèlerinages dans les diocèses d’Autun et de Nevers, du temps des martyrs aux temps des réformes (IVe-XVIIIe siècles)

Thèse de doctorat de l’Université de Bourgogne ARTeHIS-UMR 5594, sous la direction de Vincent Tabbagh, décembre 2006

Diane Carron

Le chapitre cathédral d’Autun du XIe au XIVe siècle

Thèse de doctorat de l’Université de Bourgogne sous la direction de Vincent Tabbagh, mars 2007 Jacques Madignier

Étude pétrographique de la pierre d’Asnières et de son utilisation dans l’agglomération dijonnaise

Master 2 Professionnel Archéosciences de l’Université de Bourgogne sous la direction de Jean-Pierre Garcia et Stéphane Büttner

Cécile Montel

L’édition électronique du cartulaire de la seigneurie de Nesle - http://www.cn-telma.fr/

nesle/

Xavier Hélary

La Maison Dieu : une aventure auxerroise (1997-2006)

Dominique Iogna-Prat

La Bourgogne romane

Christian Sapin

Stucs et décors de la fin de l’Antiquité au Moyen Âge (Ve-XIIe siècle)

Christian Sapin

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Pluridisciplinaire

Claude Coupry et Eliana Magnani

1 L’actualité de la recherche présentée dans ce onzième volume du Bulletin du CEM montre le renforcement pluridisciplinaire dans la plupart des programmes de recherche menés par les médiévistes de l’ARTeHIS (UMR 5594) – archéologues, historiens, historiens de l’art et musicologues – regroupés autour du Centre d’études médiévales d’Auxerre.

2 L’analyse et l’étude des matériaux, du verre aux terres cuites architecturales, en passant par les pierres, les enduits et le stuc, sont depuis plusieurs années au cœur de découvertes importantes pour la datation et la compréhension des sites et du bâti ecclésiastique, axes convergents des fouilles et des recherches menées par l’équipe d’archéologues du CEM (C. Sapin, S. Aumard, S. Büttner et F. Henrion). Les travaux conduits autour de la cathédrale Saint-Étienne d’Auxerre, dont les premières conclusions seront présentées et discutées lors d’un colloque en septembre 2007, témoignent de l’importance du croisement des disciplines dans les résultats obtenus et dans les questionnements à venir. Dans cette perspective, la reprise des fouilles dans l’abbaye de Cluny (A. Baud et C. Sapin) et les nombreux sites ecclésiastiques en cours d’étude, en France et en Europe – Souvigny (P. Chevalier), Luxeuil, Osor en Croatie (S. Bully), Saint-Quentin dans l’Aisne (C. Sapin), Autun (S. Balcon)… – laissent présager encore des avancées considérables dans ce domaine, alors que des résultats importants ont fait l’objet de publications sur les Stucs et décors de la fin de l’Antiquité au Moyen Âge et d’une synthèse nouvelle sur les édifices romans en Bourgogne (dir. C. Sapin). Tout cela s’accompagne, nécessairement, du souci de conservation des édifices, à l’instar du diagnostic réalisé sur deux portails romans bourguignons soumis aux effets du temps (J. Rollier-Hanselmann).

3 Les interrogations qui ont émergé sur la place des bâtiments voués aux laïcs dans l’espace monastique, à partir de la découverte d’un grand bâtiment carolingien dans l’abbaye Notre-Dame de Nevers (Benjamin Saint-Jean Vitus, INRAP), et sa mise en relation avec d’autres structures trouvées dans des sites bourguignons (Tournus et Dijon) et français lors d’une table ronde en septembre 2006, témoignent du renouvellement des problématiques, des leçons à tirer de la confrontation des

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découvertes archéologiques et de l’intérêt de les croiser d’avantage avec les recherches qui portent sur les sources écrites.

4 Suscitée, entre autres, par la fréquentation des archéologues « des églises » et après la série de rencontres autour de la « spatialisation du sacré », l’enquête minutieuse et originale sur l’histoire complexe des discours ecclésiastiques sur l’église-bâtiment de Dominique Iogna-Prat a abouti en 2006 à l’ouvrage remarquable et remarqué La Maison Dieu. Une histoire monumentale de l’Église au Moyen Âge.

5 L’année écoulée a été aussi particulièrement riche en projets et réalisations concernant l’histoire et l’anthropologie sociale de la musique et des musiciens. Historiens, historiens de l’art, littéraires et musicologues se sont penchés sur les discours et l’image du musicien au Moyen Âge lors d’une première rencontre en mai 2007, dont un second volet est prévu pour 2009 (M. Clouzot). C’est également dans une ouverture très large aux différentes sciences qu’ont pris forme le projet sur « Le chant des oiseaux » (C. Beck, M. Clouzot, M. Privitera et V. Zara), ou celui sur la relation étroite entre musique et proportions architecturales perçue dans l’étude des châteaux en Italie (V. Zara) et dans le cadre du projet de recherche sur les châteaux en Bourgogne du Sud (H. Mouillebouche et V. Zara).

6 La définition d’un nouveau champ d’étude, à la croisée de l’anthropologie et de l’histoire de l’art, a été par ailleurs le thème d’une première journée d’étude, en mars 2007, articulée autour des jalons posés par Franz Boas et Aby Warburg dans les débuts de la réflexion sur l’art dans l’anthropologie, et de travaux en cours sur les représentations du don dans l’iconographie du Moyen Âge, en Occident et en Orient (E. Magnani et D. Russo). La discussion historiographique « en direct » avec l’auteur d’une œuvre très significative en histoire de l’art médiéval a été la formule originale de la rencontre qui a réuni des étudiants et des chercheurs autour de Herbert L. Kessler, en mars 2007, et dont on trouvera ici le dense compte rendu (D. Russo). Dans la lignée de ces différentes initiatives, il faut noter la table ronde « Images et passages à l’époque médiévale » qui se tiendra en juin 2008, à Auxerre, et qui traitera de l’image dans le dépassement du cadre et des images-objets dans les rites de passage (D. Donadieu- Rigaut).

7 La diplomatique bourguignonne est un autre domaine où nos connaissances se sont élargies, notamment avec une vue d’ensemble inédite et une première chrono- typologie de l’imposant corpus des cartulaires bourguignons du XIe au XVIIIe siècle (I. Rosé). La fédération autour de la base de données CBMA (Chartae Burgundiae Medii Aevi) de plusieurs chercheurs français et étrangers vise à promouvoir la recherche sur et à partir de cette documentation et à soutenir des projets d’édition diplomatique (M.- J. Gasse-Grandjean et E. Magnani). On signalera, par ailleurs, l’édition électronique du cartulaire de Nesle (X. Hélary, Université Paris IV), la thèse sur la diplomatique cistercienne au XIIe siècle de Marlène Hélias-Baron (Université Paris I) et l’enquête sur la reconstruction du monastère de Cîteaux (v. 1160-v. 1240) de B. Chauvin.

8 Le développement nouveau des recherches sur l’école carolingienne d’Auxerre, annoncé déjà en 2005 lors du colloque sur Haymon d’Auxerre, a été marqué cette année par la conclusion de la thèse de Sumi Shimahara sur l’Exégèse et politique dans l’œuvre d’Haymon d’Auxerre (Université Paris IV), alors que l’exégèse sera aussi l’un des aspects envisagés lors de l’atelier de la revue Médiévales qui se tiendra à Auxerre en novembre 2007, sur les « usages sociaux de la Bible » (D. Iogna-Prat).

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9 Lieu de rencontres ouvert aux projets intéressant le Moyen Âge, le CEM a accueilli en 2006 le colloque Hiérarchie, ordre et mobilité dans l’Occident médiéval, dont les conclusions sont présentées ici par Geneviève Bührer-Thierry (Université de Marne-la-Vallée), et le séminaire international sur les Conversions de cens, organisé par Laurent Feller (Université Paris I). Soutenus par le CEM et l’ARTeHIS, pour la quatrième fois, des médiévistes européens et latino-américains – historiens, historiens de l’art, littéraires – se sont réunis à Buenos Aires, en novembre 2006, dans le cadre du programme Le Moyen Âge vu d’ailleurs, pour discuter des sources et des concepts mis en jeux dans leurs disciplines (M. Madero et E. Magnani).

10 Enfin, on trouvera dans ce numéro la présentation de trois thèses récentes et d’un mémoire de master, concernant respectivement Cluny en Auvergne (A. Maquet, Université Paris I), les pèlerinages dans les diocèses d’Autun et de Nevers (IVe-XVIIIe siècle) (D. Carron, Université de Bourgogne), le chapitre cathédral d’Autun (XIe-XIVe siècle) (J. Madignier, Université de Bourgogne) et l’analyse pétrographique de la pierre d’Asnières (C. Montel, Université de Bourgogne).

11 Toujours dans le même souci d’ouverture et de diffusion de l’information, nous proposons ce onzième numéro du Bulletin du CEM comme un témoignage concret de la recherche pluridisciplinaire « en train de se faire ».

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Calendrier des activités (juillet 2007 - juin 2008)

1 A2007

2-20 juillet Auxerre, Stage : l’archéologie du bâti religieux, la cathédrale Saint-Étienne.

27-29 septembre

Auxerre, La cathédrale Saint-Étienne d’Auxerre : résultats récents des recherches pluridisciplinaires et internationales, Christian SAPIN

4-6 octobre Besançon, "Nouveaux servages" et société en Europe, XIIIe-XIXe siècles, Nicolas CARRIER

16-17 novembre

Auxerre, « Les usages sociaux de la Bible », numéro de la revue Médiévales, Dominique IOGNA-PRAT

2 2008

25 janvier

Dijon, Chartae Burgundiae Medii Aevi. La diplomatique en Bourgogne (II). Journée d’étude, Eliana MAGNANI, Marie-José GASSE-GRANDJEAN

avril Stage d’archéologie du bâti (dates et lieu à préciser)

25-26 avril

Luxeuil, Présentation et mise en valeur des sites archéologiques religieux en milieu urbain, Sébastien BULLY, Christian SAPIN

11-13 juin

Lyon-Pérouges, "La trahison au Moyen Âge", Maïté BILLORÉ

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19-20 juin

Auxerre, Images et passages à l’époque médiévale, Dominique Donadieu-Rigaut

3 Contact : cnrs.cem@wanadoo.fr

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Opérations archéologiques

2006-2007

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Introduction

Christian Sapin

1 Le Centre d’études médiévales intervient dans des opérations d’archéologie programmée et des opérations d’archéologie préventive depuis son habilitation reconnue par le Ministère de la Culture. Dans les deux cas, les choix se font en fonction des problématiques couvertes par le CEM depuis plusieurs années principalement autour des sites religieux. C’est ainsi que les résultats acquis dont certains sont présentés ici, touchent de nombreuses questions qui quelquefois se recoupent comme l’origine des sites religieux (Marcenay [Côte d’Or], Saint-Quentin [Aisne]…), des églises doubles (Saint-Gérard de Brogne [Belgique], Saint-Père [Yonne]) ou la naissance des églises paroissiales (Branches [Yonne], Brienne [Aube]…). L’apport de l’archéologie concerne à la fois ces fonctions et les nouvelles datations que l’on peut proposer pour de nombreux sites concernés par le premier âge féodal. Plusieurs résultats convergent pour certaines constructions vers le Xe siècle et devraient, à terme, renouveler considérablement notre vision souvent trop schématique des périodes carolingienne et romane basée sur une histoire des formes. Avec la reprise des recherches sur le site de Cluny, mais également de plusieurs sites clunisiens (Gigny, Baume…) en collaboration avec d’autres équipes ; c’est également un travail de comparaison qui enrichit ou enrichira notre approche de cette période avec des projets sur des sites étrangers de réformes contemporains comme Brogne.

2 Le patrimoine d’une ville comme Auxerre qui héberge le CEM, est au premier plan de nos déplacements quotidiens et de nos préoccupations surtout quand il s’agit de la cathédrale objet de recherches sur la crypte, d’accompagnement de travaux de restauration qui se traduisent de différentes manières : colloque, exposition, conférences, poster au Congrès de dendrochronologie de Pékin. D’autres interventions sur les églises ou sites de Saint-Germain, Saint-Eusèbe (cf. infra) ou Saint-Pierre 1 ont largement augmenté nos connaissances telles qu’elles apparaissaient en synthèse dans le Document d’évaluation du patrimoine archéologique des villes de France 2 publié en 1998.

3 Chaque chantier permet de renouveler notre regard sur les techniques de construction, mais aussi sur les méthodologies employées pour les relevés ou la documentation (bases de données) ou dans l’usage des analyses, contribuant ainsi à élaborer des

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protocoles d’intervention mieux ciblés face à des situations d’archéologie préventive ou dans la perspective de la constitution d’une matériauthèque.

4 Dans cette section nous invitons également les autres chercheurs archéologues médiévistes, membres titulaires ou membres associés à l’ARTeHIS UMR 5594, qui dans le cadre de l’INRAP ou d’autres instances, ont travaillé sur des sites du Moyen Âge ou sur des sujets en rapport avec les recherches développées par le CEM et l’ARTeHIS.

NOTES

1. Travaux en cours pour les sites de Marcenay, Brogne, Saint-Pierre dont les résultats seront présentés dans le CEM 12.

2. C. Sapin (dir.), “Auxerre”, Documents d’évaluation du patrimoine archéologique des villes de France, Tours, 1998, 192 p.

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La cathédrale Saint-Étienne d’Auxerre (Yonne)

Christian Sapin

1 Objet de sollicitations depuis dix ans avec un programme d’archéologie programmée sur la crypte et l’accompagnement des chantiers de restauration, ces cinq dernières années ont donné l’occasion de repenser l’architecture de la cathédrale dans sa globalité. Chaque année nous donnons l’avancée de ces différents travaux ; l’année 2007 va clore un premier grand chapitre sur la connaissance de cet édifice médiéval avec un colloque international (cf. infra) qui présentera une première synthèse des travaux menés sur la crypte comme sur la cathédrale (cf. infra) avec nos différents partenaires.

2 La crypte de la cathédrale Saint-Étienne d’Auxerre

3 En poursuivant les travaux de relevés du bâti, dans le cadre de la formation universitaire de plusieurs étudiants, nous souhaitions mieux comprendre l’organisation et le rôle du déambulatoire conçu comme une nouveauté après l’an mil. Comme nous l’avions reconnu au sud l’année précédente, l’analyse des maçonneries permet d’établir le fait qu’à partir du XIIe siècle au moins, des autels ou chapelles avec des cloisonnements ont été installés dans l’espace semi-circulaire autour de la salle centrale. Il en reste au nord des traces de fermeture, une niche bouchée et des vestiges de décors peints. De nouveaux relevés analytiques des maçonneries ont également établi que, très probablement, dés l’origine (second quart du XIe siècle) un accès, bouché aujourd’hui, permettait de venir directement dans l’espace de circulation depuis l’extérieur nord, c’est-à-dire depuis l’évêché. Une autre porte a pu être percée dans le même mur plus à l’ouest ; de même qu’à la suite de la reconstruction gothique du chevet, il est possible que l’on ait pu venir directement depuis un couloir occidental reconnu en 1925 et étudié, en partie, en 2003. À ce jour, on s’explique moins l’ouverture construite selon une disposition en biais ou en écharpe entre le déambulatoire nord et la salle centrale. Celle-ci semble, à la lumière de minces vestiges en partie basse, être une restauration du XIXe siècle reposant réellement sur un état originel. Par toutes ces reprises remontant pour la plupart à « l’époque romane », on constate que les constructeurs et utilisateurs de la crypte avaient dès cette période conscience des possibilités qu’offraient une concentration des forces principales du voûtement en

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pierre dans les piliers grâce à des systèmes de décharge, et inversement du rôle de mur écran facilement transformable pour les parties des simples murs gouttereaux. La notion de mur squelette définie dans l’étude de la construction de l’avant-nef de Saint- Germain pour la même période se précise à nouveau ici. Enfin, un premier relevé du tracé et du profil des voûtes de la partie nord laisse entrevoir un système parfaitement adapté à la pente qu’il conviendra d’approfondir sur l’ensemble de la crypte.

Fig. 1 : Auxerre, cathédrale Saint-Étienne, crypte (dessin G. Fèvre).

INDEX

Index géographique : France/Auxerre

Mots-clés : crypte, cathédrale, Saint-Etienne d’Auxerre

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L’abbaye de Cluny (Saône-et-Loire) 1

1 La campagne de sondages sur le site de l’ancienne abbaye de Cluny, en septembre 2006, avait pour but de mieux connaître le potentiel archéologique pouvant subsister aux emplacements du chevet de Cluny II et des bâtiments claustraux juxtaposés selon les descriptions anciennes. Ces sondage pratiqués dans la « Galerie Rouge » actuelle, parallèle à la galerie orientale du cloître du XVIIIe siècle, se sont révélés extrêmement positifs puisqu’ils ont permis de retrouver l’emplacement de l’autel majeur du sanctuaire de Cluny II dans sa réfection gothique, différents états de maçonneries de ce sanctuaire, et plus au sud, par deux autres sondages, les extrémités de la salle capitulaire dans ses deux états des XIIIe et XVe siècles selon les éléments de voûtement et de pavement de carreaux vernissés de sols découverts. Un sondage au sud de la galerie méridionale actuelle, a confirmé le pendage des remblais et du terrain naturel et une occupation dans cette zone qui correspond à l’emplacement des premiers réfectoires dès les Xe-XIe siècles. L’ensemble de ces éléments doit déterminer une stratégie de recherche pour les futures fouilles programmées sur les origines et développements des premiers temps du monastère, en amont de toutes restaurations envisagées pour les bâtiments du XVIIIe siècle.

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Fig. 2. Cluny, abbaye, Galerie Rouge, coupe (dessin G. Fèvre).

NOTES

1. Collaboration dans le cadre d’une opération programmée entre le CEM, ARTeHIS UMR 5594 et l’UMR 5138-Université de Lyon II (Anne Baud, Christian Sapin).

INDEX

Index géographique : France/Cluny

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La collégiale de Saint-Quentin (Aisne)

Christian Sapin

1 Une troisième campagne d’étude archéologique programmée sur les origines du site de la collégiale de Saint-Quentin a été décisive dans la compréhension globale des phases et de leur datation. Après deux campagnes destinées à établir un plan archéologique général et à mieux situer les structures et les potentialités, cette nouvelle intervention en juin 2006 devait s’engager clairement dans la problématique de base : l’origine du culte de Saint-Quentin avant les différents états de la crypte et de l’église gothique.

2 Le début de la fouille a du tenir compte des nombreux remblais apportés par les travaux du XIXe siècle dans les zones qui avaient été sondées. À l’ouest, où les travaux de 1865-66 avaient reconnu la présence d’une grande dalle noire supposée être à l’emplacement de la tombe de Quentin découverte elle-même au VIIe siècle selon la Vie de l’évêque Éloi, nous avons retrouvé les limites de la fouille du XIXe siècle et établi l’état originel d’une stratigraphie importante avec plusieurs niveaux d’aménagement (en bois ou maçonnerie) tout à fait exceptionnels pour cette période du haut Moyen Âge et de sols parfaitement constitués. Ces occupations pourraient être antérieures au VIIe siècle si l’on tient compte de la datation 14C donnée par les charbons de bois contenus dans les mortiers de tuileau des niveaux supérieurs équivalents à l’est. Le mobilier céramique résiduel laisse plausible cette proposition. Dans la zone orientale, outre d’autres niveaux de sols, la structure fermant l’espace général –probablement le sanctuaire lui-même- au VIIe siècle a été identifié avec deux retours de murs déterminant un chevet plat. C’est au-dessus de l’arasement de cet état de la construction orientale qu’a été établie une grande abside de dix mètres d’ouverture, avec par la suite l’aménagement d’une crypte, située lors de la précédente campagne à l’époque carolingienne. Les trois caveaux de cette crypte ont été inclus plus tard dans la restructuration gothique au XIIIe siècle.

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Fig. 3. Saint-Quentin, collégiale, crypte, vue de l’environnement de la dalle noire et de la stratigraphie (cliché C. Sapin).

INDEX

Mots-clés : collégiale

Index géographique : France/Saint-Quentin

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L’église Saint-Pierre-ès-Liens de Brienne-la-Vieille (Aube)

Fabrice Henrion

1 Si la commune de Brienne-la-Vieille est depuis de nombreuses années connue pour son potentiel archéologique renvoyant à une importante occupation antique et tardo- antique (agglomération) 1, l’église Saint-Pierre-ès-Liens retient plus particulièrement l’attention depuis la surveillance de terrassements menée en 1995 par Geert Verbrugghe (AFAN). À cette occasion et malgré les conditions difficiles de cette intervention, un certain nombre d’informations avait pu être recueilli, montrant une occupation antérieure à l’actuelle église. Il s’agissait en particulier du remploi en fondation de blocs d’architecture gallo-romains issus probablement d’une construction proche, et d’un état antérieur supposé sous forme de tranchées et de restes maçonnés sur lesquels la nef actuelle s’appuierait.

2 En amont d’une étude archéologique exhaustive de l’église Saint-Pierre-ès-Liens dont la présente campagne a constitué la première étape, nous avions souhaité augmenter les connaissances préalables en réalisant des observations des élévations plus fines qu’une simple visite et un plan précis de la nef au théodolite, ainsi qu’en ouvrant un sondage au sol afin d’estimer l’apparition des niveaux en place. Cette intervention légère a eu lieu en novembre 2005 et a permis de proposer qu’au moins trois états antérieurs aux reconstructions du début de XVIe siècle puissent être préservés en élévations 2. Forts des informations recueillies, nous avions proposé de poursuivre l’étude archéologique en ouvrant, en trois campagnes, des sondages dans l’église afin d’obtenir les données stratigraphiques nécessaires à la compréhension de l’histoire du site. Nous avons implanté un sondage dans la nef, au pied de la fissure décelée en élévation, là où nous imaginions l’épaulement entre la nef et le chevet (Sondage 5), et nous avons terminé la fouille du sondage ouvert en 2005 (Sondage 3). Cette opération programmée s’est déroulée du 2 mai au 8 juin 2006, avec une équipe constituée d’un dessinateur, de deux archéologues et d’une stagiaire de l’Université Paris I-Panthéon-Sorbonne.

3 À l’issue de cette première véritable campagne, le potentiel du site apparaît plus clairement, et la notion d’au moins trois états lisibles en élévations doit être largement revue à la lumière des données nouvellement acquises.

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4 Nous ne connaissons pas encore l’exacte position stratigraphique des blocs découverts en 1995, mais la présence d’un mortier jaune signalé dans le rapport pourrait nous permettre d’envisager l’association des blocs avec la maçonnerie [083] mise au jour dans le Sondage 5. Celle-ci s’installe dans le niveau argileux grisâtre contenant un mobilier céramique Haut-Empire et correspondant à un niveau d’occupation ou d’abandon (première phase d’occupation du site), et la présence d’une monnaie du IVe siècle dans les niveaux précédant la construction de [058] peut constituer un indicateur chronologique. Cette maçonnerie [083] se développe à l’est et au sud, et si un retour vers l’ouest n’est pas décelable, rien n’empêche qu’elle puisse se relier à un plan plus complexe auquel il faut ajouter les deux maçonneries est-ouest repérées en 1995 sous les murs nord et sud de la nef actuelle. Ainsi, on pourrait proposer la présence d’un bâtiment (domus ?) Bas-Empire (constituant une deuxième phase), dans les fondations duquel les blocs seraient remployés, et qui va conditionner les différentes occupations bâties postérieures.

5 Si le retour nord de [083] est recoupé par l’installation d’une fosse (d’inhumation ?), il semble que le reste de cette construction connue par son angle nord-ouest soit préservée (troisième phase). Son environnement est percé de fosses dont la fonction sépulcrale ne peut qu’être supposée compte tenu des perturbations médiévales. Si cette fonction funéraire est confirmée dans les prochaines campagnes, on pourrait proposer qu’une partie au moins du bâtiment ait pu accueillir un oratoire (ou un mausolée), à l’image de ce qui a pu être reconnu à Vandoeuvres 3 ou, plus proche de Brienne mais avec plus de réserves, dans la villa d’Étifontaine à Bar-sur-Aube 4.

6 Une quatrième phase peut être proposée à partir de la construction de [058] sur [083].

L’analyse de l’élévation de [058] nous assure du maintien de [083] jusqu’à cette phase.

En effet, la présence d’un coup de sabre montre que [058] a été construit en deux temps : d’abord en s’appuyant sur le retour sud de [083], puis l’angle est complètement repris après démolition de l’état antérieur. Nous n’avons pas d’indice permettant de dater cette quatrième phase d’occupation, sinon en notant qu’elle perturbe les mêmes niveaux que ceux recreusés par l’installation du sarcophage S.003 (Sondage 3), appartenant au Groupe C et datable de la seconde moitié du VIe ou du début du VIIe siècle.

7 Cette nouvelle construction, reprenant donc un état antérieur, semble se développer au sud et à l’est, sans que l’on puisse en connaître l’emprise exacte. Mais si l’on admet que le sarcophage S.003 puisse lui être contemporain, sa position très en biais pourrait s’expliquer par la présence d’autres cuves le côtoyant au sud, en s’appuyant sur l’extrémité de [058] ; aussi fragile que cette idée puisse paraître, elle participe toutefois à la réflexion.

8 Le bâtiment représenté par [058] est suffisamment important pour être repris et intégré, au cours d’une cinquième phase (divisée en plusieurs états), dans la construction de la nef dont nous plaçons toujours l’état le plus ancien aux IXe-Xe siècles. En effet, le mur sud de la nef nommé [018] vient se raccrocher sur [058] et il n’est pas certain que ce dernier soit supprimé dans la mesure où l’extrémité est de [018]

peut garder le souvenir en négatif d’un piédroit d’ouverture donnant accès à l’espace conservé qui ne sera supprimé que très tardivement (manifestement au XVIe siècle si l’on prend en compte la typologie du mortier mis en œuvre). En 2005, nous avions été intrigués par la fissure intérieure et le coup de sabre extérieur sur le mur sud de la nef, et l’avions interprété comme la trace de l’épaulement entre la nef et le chevet. Il faut

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aujourd’hui abandonner cette idée puisque cette rupture correspond au souvenir de l’accroche du premier état de la cinquième phase sur la quatrième phase.

Nous proposons toujours de restituer ce premier état de l’église avec un portique entourant la nef, du fait, entre autres, des grandes ouvertures cintrées et du maintien d’un auvent jusque très tard qui en aurait gardé le souvenir. Ce portique peut tout à fait communiquer au sud avec l’espace circonscrit par [058] ; au nord, aucun élément nouveau ne permet d’en envisager l’aboutissement et la présence du chaînage déjà repéré est un indice encore trop faible pour aller plus avant.

Fig. 4. Brienne, église Saint-Pierre-ès-Liens, sondage 5, plan et élévation des structures avec phasage (dessin G. Fèvre).

9 Quant à la position du chevet de ce premier état de l’église, que nous imaginions immédiatement à l’ouest de l’actuelle croisée du transept, les éléments recueillis dans le Sondage 3 annulent cette idée et montrent qu’il faut sans doute le positionner plus à l’est, à l’emplacement de la croisée. L’aspect du parement de [030] (Sondage 3), dont le mortier est identique à [018], montre que l’on est en fondation et les rapports d’altitude avec les sols contemporains impliquent l’idée d’une rupture de niveaux entre l’est et l’ouest. Ainsi, [030] peut correspondre au chaînage de l’arc triomphal ouvrant sur le chevet et il faut restituer un emmarchement d’au moins une marche entre la nef et le chevet.

10 Un autre élément, plus tardif, mérite que l’on s’y arrête même si son interprétation demande encore quelques réflexions et comparaisons. Nous avons pu mettre au jour, dans le Sondage 5, une maçonnerie longeant tout le mur sud de la nef, et une maçonnerie de même type est également présente au nord. Il pourrait s’agir d’une banquette, mais nous sommes plus vraisemblablement en présence d’un solin maçonné si on met cette structure en relation avec les mortaises repérées sur les entraits de la charpente de la nef. Nous pensons pouvoir restituer des tribunes hautes le long de la nef, dont les poteaux de support reposeraient d’un côté sur le sol et de l’autre sur un

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solin de bois posé sur la maçonnerie reconnue et plaqués contre le mur. On remarque d’ailleurs à l’aplomb de chaque entrait une irrégularité de l’enduit pouvant conserver le souvenir de ce plaquage. De plus, en agrandissant quelque peu un sondage ouvert en 1995 dans la paroi sud pour une recherche de peintures, on a pu constater que les enduits peints n’ont été préservés que parce qu’ils étaient masqués par le poteau.

11 De telles tribunes latérales en bois sont relativement rares dans les édifices de culte catholique et les quelques exemples que nous avons pu trouver sont situés principalement dans le Sud-Ouest de la France (région de Toulouse), au Pays Basque (tribunes XVIIIe à Itxassou) ou encore en Allemagne (tribunes XVIe à Osterwieck – est du pays). Ici, elles pourraient être contemporaines de la charpente, datée du XIVe siècle par la dendrochronologie. Leur construction a pu être motivée par la nécessité de renforcer la capacité d’accueil de la nef sans en augmenter la surface.

12 Au cours de cette campagne, nous nous sommes attachés plus particulièrement à rechercher les éléments susceptibles d’alimenter le dossier sur les origines de l’église en implantant des sondages là où l’intervention de 2005 avait décelé des incohérences.

Si les résultats restent prometteurs, ils ouvrent également de nouvelles interrogations à la fois sur ce qui précède l’église et sur sa propre évolution.

13 Nous proposons de poursuivre l’étude en 2007 avec un grand sondage dans la croisée du transept afin de mieux comprendre la position du chevet de l’église carolingienne et la succession des occupations jusqu’aux reconstructions du début du XVIe siècle. Il est possible de saisir la fonction réelle de l’espace représenté par la maçonnerie [058] en ouvrant un sondage extérieur au sud, dans une zone que le cimetière actuel n’atteint pas. Enfin, nous souhaiterions pourvoir vérifier la nature des maçonneries dans lesquelles les blocs antiques sont remployés afin de les comparer, après étude, relevés et analyse des mortiers, avec les structures récemment mises au jour. Il faudrait pour cela rouvrir la tranchée implantée en 1995 au sud de la nef.

Fig. 5. Brienne, église Saint-Pierre-ès-Liens, proposition de phasage, décembre 2006 (dessin G. Fèvre).

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NOTES

1. L. DENAJAR, Carte archéologique de la Gaule : l’Aube (10), Paris, 2005, p. 289-294.

2. F. HENRION, « Brienne-la-Vieille (Aube), église Saint-Pierre-ès-Liens », in Bulletin du Centre d’études médiévales ,10 (2006), p. 51-53.

3. Suisse, canton de Genève. J. TERRIER, « Les origines de l’église de Vandoeuvres GE », in Archéologie suisse, 14 (1991), p. 229-236 et J. TERRIER, M.-A. HALDIMANN, F. WIBLÉ, « La villa gallo-romaine de Vandoeuvres (GE) », in Archéologie suisse, 16/1 (1993), p. 25-34.

4. L. DENAJAR, Carte archéologique de la Gaule : l’Aube (10), ibid., p. 268-271.

INDEX

Mots-clés : Saint-Pierre-ès-Liens de Brienne-la-Vieille Index géographique : France/Brienne-la-Vieille

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Auxerre (Yonne), 16 quai de la Marine

Fabrice Henrion

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1 Le projet de construction d’un bassin d’orage enterré d’une capacité de 4 000 m3 à l’emplacement de l’actuel parking de la Tournelle à Auxerre (quai de la Marine, rive gauche de l’Yonne) a nécessité la mise en place d’un diagnostic d’archéologie préventive compte tenu de la sensibilité archéologique de ce secteur de la ville (proximité de l’abbaye Saint-Germain et du rempart médiéval, occupation des rives de l’Yonne, etc.).

2 Cette opération a fait l’objet d’une convention entre l’INRAP Grand-est Sud et le Centre d’études médiévales d’Auxerre (ARTeHIS - UMR 5594), la responsabilité scientifique ayant été confiée à l’un de ses membres par le Service régional de l’Archéologie de Bourgogne.

3 L’intervention de terrain s’est déroulée du 20 février au 3 mars 2006, suivie d’une phase d’étude (post-fouille) du 6 au 17 mars, avec une équipe de deux personnes (un archéologue responsable de l’opération et un technicien).

4 Les observations réalisées dans les six sondages ouverts montrent que la parcelle concernée par le projet de construction ne présente pas un potentiel archéologique particulier.

5 Les quelques structures en creux ne dénoncent pas d’occupations clairement identifiées.

6 La stratigraphie serait plus parlante à l’extrémité ouest de la parcelle si les niveaux n’apparaissaient pas à l’aplomb de la clôture en se développant sous la route. On pressent ici des structures maçonnées (dont la typologie du mortier de l’une d’elles renvoie au XIe siècle, si l’on compare avec les données acquises à l’abbaye Saint- Germain), succédant peut-être à une occupation plus ancienne (four ?), mais la vision très réduite que nous en avons ne permet pas d’interprétations sérieuses.

7 Il serait souhaitable que l’implantation du bassin d’orage respecte ces indices en privilégiant la zone ouest, mais les futurs aménagements des quais devront prendre en compte ce potentiel qui pourra alors être mieux compris.

INDEX

Index géographique : France/Auxerre

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Igé, chapelle de Domange (Saône-et- Loire)

Christian Sapin

1 La petite église de Domange sur la commune d’Igé, citée plusieurs fois dans les sources textuelles du Xe siècle (953, désignée capella en 962), conserve aujourd’hui une nef unique et un chevet dont la datation n’avait jamais jusqu’à présent été précisée. À l’occasion des sondages diagnostics préalables à la pose d’un drain, en collaboration avec l’INRAP (convention CNRS-INRAP), Emmanuel Laborier et Christian Sapin ont pu faire un certain nombre de constatations sur les différents états de la construction. Il s’agissait d’évaluer au départ les risques archéologiques aux abords immédiats de l’édifice ; les sépultures étaient quasi inexistantes à cet endroit, et les fondations réduites à quatre ou cinq assises. Il existe peu de différence entre la nef charpentée et le chevet voûté. C’est plus dans la mise en œuvre, les élévations et leurs ouvertures que l’on a observé des changements. Il en résulte que la nef et l’avant-chœur pourraient être placés assez tôt (peut-être dès le Xe siècle pour une partie) tandis que l’abside a été entièrement construite au XIIe siècle. La suite des travaux envisagés pour les élévations devrait permettre de relever plus précisément les baies qui présentent des différences au nord (étroite avec linteau) et au sud ; de même que les appareils et les mortiers.

2 Le statut de cette église proche de celle d’Igé (paroisse) n’est pas évident à son origine.

La multiplication des ouvertures d’accès, au nord et au sud, l’absence d’une porte occidentale au profit d’un bâtiment comme à Uchizy, militent pour un statut particulier.

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INDEX

Mots-clés : chapelle

Index géographique : France/Domange, France/Igé

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Église Saint-Martin de Branches (Yonne)

Christian Sapin et Sylvain Aumard

1 Après plusieurs campagnes de relevé du bâti réalisées dans le cadre de stage, ayant permis l’établissement d’un plan et une meilleure connaissance des peintures et des élévations gothiques, nous avons choisi en 2006, en plus des maçonneries, d’analyser et de relever la charpente présentant des caractéristiques propres au XIIIe siècle ainsi que des restes de lambris avec des traces de peinture, éléments rarement conservés pour une date haute. Cette campagne a été accompagnée de sondages au sol permettant de préciser certaines hypothèses de restitution des premiers états de l’édifice. Rappelons que le site est mentionné parmi les possessions de l’évêque Didier au début du VIIe siècle mais que l’on ignore son évolution avant de nouvelles mentions de possessions épiscopales en 1208. En étudiant le mur extérieur nord en opus spicatum, nous avions proposé d’y voir un caractère de construction typique du XIe siècle. Le sondage extérieur a confirmé son ancienneté par l’analyse des mortiers et montré sa reprise en sous-œuvre au XIIIe siècle ; à l’intérieur, certains éléments de mortier pourraient appartenir à une banquette primitive s’appuyant à l’est contre l’épaulement dont la maçonnerie est bien cohérente avec la partie nord en opus spicatum. Ces maçonneries, renvoyant à l’état le plus ancien en élévation, s’installent dans des terres contenant des ossements humains erratiques, premier indice d’une occupation funéraire antérieure à l’an mil.

2 Le relevé du bâti plus à l’est de l’épaulement, a confirmé l’existence de deux états d’un passage conduisant du sanctuaire vers le prieuré au nord ; ceci lors des agrandissements gothiques du chevet.

Étude des combles, par Sylvain Aumard

3 Une partie du stage organisé en avril 2006 comportait comme originalité un volet consacré à l’étude des charpentes. Celles-ci supportaient une voûte lambrissée, complètement remplacée aujourd’hui ; dans les combles, quelques vestiges exceptionnellement bien conservés de cet ouvrage montrent un décor peint de qualité avec des motifs floraux noirs et rouges. Ces charpentes possèdent l’intérêt d’avoir subi peu de transformation depuis leurs origines que plusieurs indices autorisent à placer au

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début du XIIIe siècle : absence de contreventement longitudinal, présence majoritaire d’assemblages à mi-bois à ergots et marquage des bois avec le système à bâtons. Cette datation est en accord avec celles des élévations sous jacentes recouvertes de peintures murales.

4 Le stage a consisté à amorcer le relevé en plan des entraits visibles dans le chœur et la nef et à étudier le marquage des fermes et leur mise en œuvre. Ce dernier aspect a été réservé à l’espace du chœur où la chronologie s’est avérée un peu plus complexe que prévu. Sa moitié occidentale paraît en effet avoir été refaite au cours de l’époque moderne avec des morceaux de pans bois. Le bas-côté, s’il est de conception proche des éléments attribués au début du XIIIe siècle, possède des indices indiquant une mise en place un peu plus tardive : présence d’un contreventement, absence d’assemblages à mi-bois, marquage avec chiffres romains. D’après les peintures murales, cette partie n’a pu être réalisée après le milieu du XIIIe siècle.

5 Les résultats apportés indiquent l’intérêt de poursuivre cette démarche sur le reste du comble et d’envisager des datations par dendrochronologie 1.

6 Le relevé des peintures s’est poursuivi en présence de Laurence Blondaux (restauratrice). La procession originelle du mur sud se prolonge vers l’est. Sur le mur nord, les différents états du décor autour des croix de consécrations se précisent. Le premier décor correspond à un faux appareil et fleurettes noires (fleurettes rouges à l’origine après oxydation du pigment), à la bande décorative supérieure et aux premiers médaillons avec les apôtres formant une croix de consécration. Cet ensemble du XIIIe siècle contemporain de la scène de procession du mur sud et des lambris décorés est repris (fin du siècle ou suivant) par d’autres médaillon d’apôtres, un fond ocre jaune et une résille ocre-rouge foncés, filets blancs. Les reprises suivantes seraient du XVIe siècle (scène de saint Hubert), des XVIIe-XVIIIe siècles (décor de faux marbre et de faux bois notamment).

7 En conclusion, à la vue de l’ensemble des premières données et de leurs croisements, il est désormais possible d’admettre l’existence d’un premier état antérieur au XIIIe siècle constitué d’une nef unique avec un chevet plat plus étroit, puis après 1200 des agrandissements progressifs vers l’est, vers le sud, et enfin seulement au XVIIIe vers l’ouest avec le clocher. Au-delà de ces aspects chronologiques, ces recherches soulignent la volonté de changements importants de l’espace et de son utilisation au XIIIe siècle avec probablement la présence à la fois de la prieurale et de la paroisse réduite à une des deux nefs. En inversant les a priori d’une simple connaissance par l’histoire de l’art, réduisant ce type d’édifice à des catégories de second intérêt, l’archéologie dégage progressivement les aspects innovants des constructeurs répondant à des demandes de la société médiévale en mutation.

8 Enfin, ces travaux et hypothèses qu’il conviendra de poursuivre, contribuent à mieux définir un cahier des charges pour sa restauration.

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Fig. 1. Branches, église Saint-Martin, plan (dessin G. Fèvre).

Fig. 2. Branches, église Saint-Martin, relevé des peintures murales par L. Blondaux (cliché CEM).

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NOTES

1. Au moment où ce bulletin est sous presse, la réalisation de ces analyses est projetée dans le cadre du projet sur les Toits de l’Europe piloté par l’Université de Liège et auquel participe le Centre d’études médiévales d’Auxerre.

INDEX

Mots-clés : charpente, église, peinture, Saint-Martin de Branches Index géographique : France/Branches

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Les programmes collectifs

Christian Sapin

Le PCR « Matériaux de construction et critères de datation autour de l’an mil dans les régions Bourgogne, Centre, Pays-de-la-Loire »

1 Les rencontres de 2006 ont été marquées par trois réunions sur sites autour des thèmes :

supports et appareils (Orléans, en mars) ;

maçonneries des églises et châteaux de Bourgogne des Xe-XIe siècles (autour de Tournus, Brancion, Cluny, en mai), et

les comparaisons avec la même thématique en Touraine (Langeais, Loches, Tours, en octobre).

2 Ces rencontres de travail ont donné lieu à des comptes rendus détaillés dans le rapport annuel. Parallèlement, les travaux thématiques, les sites monographiques et les fiches d’enregistrement des données ont été poursuivis. Une réflexion a été amorcée sur la création d’une base de données et elle sera poursuivie pour sa création, en 2007, en fonction des disponibilités et des rapprochements avec la base Monument d’ARTeHIS UMR 5594 et du BRGM, en cours de construction et en cours de tests, par Stéphane Büttner. À partir des notices, une synthèse de tous les thèmes traités ou abordés sera élaborée (apport de l’archéométrie croisé avec les traces de tailles, les appareils, les typologies d’ouverture, les sols, les charpentes, les diversités régionales…) par l’ensemble des participants pour une publication.

Le GDRE CNRS « Terre cuites architecturale et nouvelles méthodes de datation » (Maylis Baylé, Pierre Guibert, Philippe Lanos et Christian Sapin)

3 Programme en cours - édifices étudiés en 2006 : Notre-Dame-sous-Terre, Le Mont-Saint-Michel1

4 Les analyses ont confirmé et précisé l’étude de bâti faite en 2003-2004 par le Centre d’études médiévale d’Auxerre. L’ensemble des 14 échantillons de brique prélevés par l’équipe de Bordeaux a été traité par thermoluminescence (TL). Des datations radiocarbone ont été obtenues par Lyon à partir des charbons extraits des mortiers.

L’étude archéomagnétique (Laboratoire de Rennes) est également achevée. Les datations par thermoluminescence montrent pour l’ensemble des maçonneries testées

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que la production des briques a eu lieu dans le courant du Xe siècle, à l’exception d’un échantillon prélevé dans la galerie supérieure dont la date significativement plus ancienne que les treize autres pourrait être l’indice d’un remploi d’un matériau confectionné environ deux siècles plus tôt. La partition des échantillons en deux ensembles appartenant aux deux phases de construction mises en évidence par les études archéologiques et architecturales permet de proposer des âges moyens pour la production des briques :

5 Les dates TL moyennes se séparent chronologiquement dans le sens conforme à l’étude architecturale, avec une probabilité très voisine de 80 % (on ne tient compte pour cette analyse que des incertitudes statistiques, car elles représentent correctement la dispersion des dates). Un calcul statistique à partir du logiciel RenDate (Lanos et Dufresne, Rennes) indique que les deux phases de construction se sont succédé en moins d’une centaine d’années avec une probabilité de 95 %. Les datations radiocarbone des maçonneries sont en général concordantes avec les datations TL des briques, à l’exception de la fenêtre 65 (Lyon-2377) pour laquelle une plus grande ancienneté du charbon est attestée par rapport à la TL, d’une part, et par rapport aux autres charbons des maçonneries de la même phase architecturale, d’autre part. Cet écart de 100 à 200 années par rapport à l’âge de cuisson des briques peut s’expliquer par un effet « vieux bois » particulièrement visible pour cet échantillon. La comparaison des séries de dates montre globalement une tendance à des âges radiocarbone plus élevés que la TL, les recouvrements se situant au Xe siècle.

6 Les datations effectuées dans les parties romanes sont très significativement plus tardives : elles recouvrent le XIe et la première moitié du XIIe siècle.

7 L’étude archéomagnétique a montré l’absence de positions de cuisson cohérentes des briques par rapport au champ magnétique terrestre (CMT), dans l’hypothèse de briques cuites à une même période, ce qui a empêché la datation à partir de l’inclinaison du CMT. Cependant, des informations d’ordre technologique ont été obtenues grâce à cette étude multidisciplinaire. L’hypothèse d’un incendie ayant été exclue, après analyse du signal archéomagnétique des briques (pas d’aimantations secondaires détectées lors des désaimantations thermiques au laboratoire) et étude TL d’échantillons de mortiers, il restait la possibilité d’une cuisson sans ordonnancement particulier. Les reconstructions de position de cuisson des briques en prenant comme direction du champ magnétique celle correspondant aux dates TL des maçonneries, indique qu’une cuisson en meule a fort probablement été réalisée, ce qui correspondrait à de petites productions de matériau.

Vieux-Pont-en-Auge

8 Six échantillons ont été prélevés à Vieux-Pont. Trois d’entre eux proviennent de deux briques du mur sud de la nef, deux autres de deux briques du mur sud du clocher, et un du mur nord de la nef. Les datations par TL et OSL (luminescence optiquement stimulée) ont été réalisées sur les échantillons du mur sud de la nef et du clocher. L’un d’entre eux n’a pu être daté, Bdx 9627, en raison d’un manque de matière. L’échantillon du mur nord, Bdx 9629 est en cours d’étude au moment où nous écrivons ces lignes.

Ouilly-le-Vicomte

9 Trois échantillons de brique provenant des maçonneries du mur sud et d’un contrefort nord ont été échantillonnés. Pour le mur sud, les deux éléments, isolés dans un appareillage de pierres calcaires appartiennent à une zone de réfection située sous une fenêtre de la nef. L’étude de caractérisation pétrographique et élémentaire de ces

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briques a montré leur diversité de composition que l’on peut interpréter comme une diversité de matière première. Cela contraste avec Vieux-Pont, édifice pour lequel les briques du mur sud montraient une bonne homogénéité de composition. Les datations par TL effectuées sur les deux échantillons sud à partir des petites inclusions de quartz (3-12 µm) montrent qu’il s’agit de matériaux mis en œuvre au cours de phases de restauration ou de modification du XVe siècle pour l’une, de la première moitié du XVIIIe siècle pour l’autre. Le troisième échantillon, prélevé sur le contrefort nord, est en cours d’étude actuellement.

10 Autres sites en cours pour la Normandie : donjon d’Avranches, évêché de Lisieux, Rugles, Vieux-Pont-Saint-Aubin…

NOTES

1. L’ensemble des contributions aux recherches sur ce site sera prochainement publié.

INDEX

Index géographique : France/Le Mont-Saint-Michel, France/Ouilly-le-Vicomte, France/Vieux- Pont-en-Auge

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Les travaux du laboratoire

d’archéologie du bâti : la cathédrale Saint-Etienne d’Auxerre, le prieuré Saint-Eusèbe d’Auxerre et l’église Notre-Dame de Vermenton

Sylvain Aumard

Auxerre, cathédrale Saint-ÉtienneÉtudes sur les bas-côtés sud de la nef, par Sylvain AumardLes fenestrages

1 Á l’instar des fenestrages observés sur les bas-côtés nord, ceux des bas-côtés sud ont pour principale originalité d’être scellés avec du métal (goujons en fer noyés dans du plomb). Afin de compléter les informations recueillies en 2005, ces derniers ont fait l’objet de relevés photographiques et d’observations visuelles. Dans la mesure où leur état de conservation ne justifiait aucun démontage, même partiel, aucun prélèvement n’a été réalisé.

2 Leur histoire est liée - comme au nord - à l’installation progressive des chapelles entre les culées d’arc-boutant. Ces dernières n’étaient pas prévues dans le programme de construction initial de la nef comprenant de simples bas-côtés. Comme au nord, on retrouve des scellements métalliques dédoublés. Même si, au sud, la bonne conservation des réseaux a empêché d’observer leurs assemblages, ce dédoublement semble bien là aussi attester que les constructeurs aient fait le choix de démonter les fenestrages éclairant les bas-côtés, en sciant leur remplage à côté des scellements initiaux, pour les remonter un peu plus au sud dans les chapelles nouvellement érigées.

On retrouve également des départs de moulure qui ne s’accordent actuellement avec aucune autre, mais qui devaient composer avec la mouluration initiale. Contrairement au nord, ce démontage semble plus soigné car les dédoublements sont moins systématiques.

3 La chronologie exacte des chapelles des 3e, 4e et 5e travées est encore mal établie, mais on s’accorde pour dire qu’elles seraient toutes du XIVe siècle (années 1340 ?) et que la

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construction de la chapelle Saint-André (en 3e travée) viendrait après celle de Saint- Germain (en 4e travée). Bien que la chapelle Sainte-Anne (en 5e travée) reste encore difficile à situer dans l’histoire du monument, Harry Titus (Wake Forest University) pense qu’elle est la plus ancienne.

Les chéneaux

4 Les changements opérés dans la configuration des bas-côtés ont eu des répercussions sur le schéma d’écoulement des eaux pluviales de cet espace. Contrairement au nord, où les chéneaux destinés à recueillir les eaux du bas-côté, traversent de part en part les culées, ici, au sud, ils les contournent. L’ajout des chapelles a manifestement rendu caduques les parties situées au pied du versant des bas-côtés. Ces tronçons ont donc été démontés, puis reconstruits plus au sud juste au-dessus du mur gouttereau des chapelles. Plusieurs arguments nous ont poussés à réaliser un relevé détaillé au 20e de ces systèmes d’évacuation :

d’abord, ils illustrent de façon pertinente l’évolution de cette partie de l’édifice ;

ensuite, il s’agit d’un schéma très différent de celui relevé côté nord par l’université de Stuttgart et il était ainsi nécessaire de disposer d’un document de comparaison aussi fiable ; enfin, ce genre de structure n’est généralement jamais étudié sur les monuments médiévaux, ou bien à de très rares exceptions près. Alors qu’aujourd’hui la conception de tels ouvrages est dictée par des normes, aucun traité du Moyen Âge ne nous renseigne de la sorte. Seul un relevé archéologique permettait ainsi de reproduire fidèlement la façon dont les constructeurs médiévaux ont résolu cette question.

5 En outre, ces observations ont permis de confirmer l’hypothèse selon laquelle les culées ont été construites en deux fois : une importante moulure court en effet sous le premier état des chéneaux. Ainsi, dans un premier temps, on élève leur partie basse jusqu’à hauteur des chéneaux, dans les années 1320 (avec le bas du transept sud et les bas- côtés), puis le reste n’est achevé qu’au moment où sont établies les voûtes de la croisée et de la nef, soit vers 1380, voire vers 1520 pour les travées ouest.

6 Certains indices témoignent aussi de la morphologie des toitures médiévales des chapelles. En effet, les parties longeant les culées selon une orientation nord-sud ont été légèrement surcreusées au nord. Cela montre que ces chéneaux étaient encore actifs et que l’on cherchait de cette sorte à éviter l’écoulement des eaux à l’intérieur des chapelles. Ainsi, il est fort vraisemblable que ces dernières étaient recouvertes d’une toiture à deux versants (est et ouest) avec une croupe (au sud), selon un principe identique à celui restauré en 2006.

Les solins de toiture

7 Le démontage des charpentes au-dessus de la chapelle d’orgue (6e travée) a mis au jour un solin de pierre épousant la partie nord de la culée ouest. Son examen a rapidement indiqué qu’il n’était pas prévu à l’origine dans la construction de cette culée car il est clairement encastré a posteriori. Son relevé exact en élévation avait pour but, non seulement de le documenter, mais aussi de comprendre son articulation avec un autre solin de pierre situé dans la même travée, sur le mur ouest du transept sud. Sa présence uniquement sur la moitié est de la culée indique en effet qu’il entretient vraisemblablement un lien avec ce second solin et que, lorsqu’il a été mis en place, seule la 6e travée de la nef était achevée sur la totalité de sa hauteur, soit vers 1340. Le dessin a confirmé cette hypothèse et indique aussi qu’il a été conçu également selon une légère pente vers l’est dans le but d’éviter que les eaux de pluie ne s’accumulent derrière la culée. Actuellement, les couvreurs procèdent de la même sorte en

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