• Aucun résultat trouvé

Une interdépendance accrue entre agriculteurs en Cuma pour devenir plus autonomes vis-à-vis des marchés

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "Une interdépendance accrue entre agriculteurs en Cuma pour devenir plus autonomes vis-à-vis des marchés"

Copied!
19
0
0

Texte intégral

(1)

HAL Id: hal-01931567

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01931567

Submitted on 4 Jun 2020

HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci-entific research documents, whether they are pub-lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers.

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.

Une interdépendance accrue entre agriculteurs en Cuma

pour devenir plus autonomes vis-à-vis des marchés

Véronique Lucas

To cite this version:

Véronique Lucas. Une interdépendance accrue entre agriculteurs en Cuma pour devenir plus au-tonomes vis-à-vis des marchés. Doctoriales ”Economie & sociologie”, Sciences Po. Grenoble, FRA., Oct 2018, Grenoble, France. 17 p. �hal-01931567�

(2)

Communication dans un séminaire scientifique

UNE INTERDÉPENDANCE ACCRUE ENTREAGRICULTEURS EN CUMA POUR DEVENIR PLUS AUTONOMES VIS-À-VIS DES MARCHÉS

Véronique LUCAS

Doctoriales « Economie et Sociologie », 16 octobre 2018, Sciences-Po Grenoble 17 pages

Pour citer ce papier :

Véronique Lucas. 2018. Une interdépendance accrue entre agriculteurs en Cuma pour devenir plus autonomes vis-à-vis des marchés. Communication pour les Doctoriales « Économie & Sociologie », 16-oct, Sciences-Po Grenoble, 17p.

(3)

Une interdépendance accrue entre agriculteurs en Cuma

pour devenir plus autonomes vis-à-vis des marchés

Véronique LUCAS,

UMR Innovation (INRA-SAD Montpellier), Docteure en sociologie (2014-2018)

Résumé

Des agriculteurs conventionnels français, membres de coopératives d'utilisation de matériel agricole (Cuma) cherchent à devenir plus autonomes par rapport aux marchés. Pour cela, ils développent de nouvelles pratiques agricoles en s'appuyant davantage sur la coopération entre pairs. Notre communication, basée sur l'étude de six Cuma, apporte un nouvel éclairage sur ce phénomène grâce à un cadre analytique construit pour cette recherche. Ces agriculteurs développent de nouvelles pratiques, certaines pouvant être qualifiées d'agroécologiques, grâce à la coopération entre pairs qui accroît leurs marges de manœuvre. Il en résulte une interdépendance accrue entre eux, ainsi que de nouveaux circuits économiques ainsi développés entre leurs exploitations, hybridant différentes modalités de régulation des partages et échanges. Cependant, tous les agriculteurs ne disposent pas des mêmes capacités et opportunités pour mettre à profit ces coopérations, et ils manquent de ressources adéquates de la part des autres opérateurs du secteur agricole et alimentaire pour limiter des dépendances restantes.

Mots-Clés : autonomie, agriculteurs, marchés, coopération, Cuma, agroécologie Abstract

Many French farmers, member of farm machinery cooperatives (Cuma), seek to become more autonomous in relation to markets. To realize it, they develop new farming practices by relying to a greater extent on peer-to-peer cooperation. Our communication, based on the study of six machinery co-ops, aims to shed new light on this phenomenon, building on an analytical framework created for this research. These farmers develop new practices, some of which can be described as agroecological, through inter-farm cooperation providing them with additional room for maneuver. An increased interdependence between peers results from these changes, as well as new economic circuits between their farms, combining various regulation modes of their sharing and exchanges arrangements. Nevertheless, such cooperation does not equally benefit the whole farmers, and they miss appropriate resources from other operators in the agri-food sector to limit some remaining dependencies.

(4)

Introduction

En France, de nouvelles recherches d'autonomie vis-à-vis des marchés d'intrants et de produits sont développées par des agriculteurs, au-delà des sphères de l'agriculture biologique, économe ou (néo-)paysanne. Par exemple en 2018, la recherche d'autonomie a été le thème central du congrès du syndicat des Jeunes Agriculteurs, allié traditionnel de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles) (Jeunes Agriculteurs, 2018). De même depuis 2013, l'observation de la mise en œuvre des instruments d'action publique en faveur de l'agroécologie met en lumière l'importance des initiatives collectives d'agriculteurs poursuivant l'objectif d'autonomisation vis-à-vis des marchés d'intrants (Thomas, 2018 ; Lamine & Barbier, 2017).

Le réseau des coopératives d'utilisation de matériel agricole (Cuma) est un témoin privilégié de ce phénomène, grâce à ses 12 000 Cuma impliquant environ un tiers des exploitations agricoles. Elles constituent un objet heuristique pour analyser le renouvellement actuel des recherches d'autonomie vis-à-vis des marchés. En effet, celles-ci constituent une thématique en essor dans les projets des Cuma soutenues par les politiques en faveur de l'agroécologie. Des processus de mutualisation plus approfondie de nouvelles ressources productives (récoltes, connaissances) émergent également entre agriculteurs en Cuma, dans l'objectif de gagner en autonomie. Or, cet approfondissement de la coopération les rend aussi plus interdépendants entre pairs. Pourquoi ces agriculteurs ont besoin de coopérer et davantage partager leurs ressources pour devenir plus autonomes vis-à-vis des marchés ? Pourquoi acceptent-ils de devenir plus interdépendants entre pairs pour accroître leur autonomie par rapport aux opérateurs marchands ?

Notre communication se propose d'apporter un éclairage sur ce phénomène à partir des résultats de notre recherche doctorale qui visait à comprendre comment et pourquoi des agriculteurs développent des stratégies d'autonomisation en s'appuyant sur des formes de coopération renouvelées à travers leur Cuma.

Après avoir détaillé le cadre analytique et méthodologique de cette recherche, nous décrivons les stratégies d'autonomisation développées par les agriculteurs enquêtés, en collaboration avec leurs pairs. Ensuite, nous nous attardons sur les recompositions des modalités de coopération de proximité qui accompagnent ces changements techniques, ainsi que leurs limites. Enfin, nous concluons sur les enseignements méthodologiques à tirer de ce travail pour une meilleure compréhension des croissantes recherches d'autonomie manifestées par les agriculteurs français.

1. Autonomie et marchés en agriculture

Les relations de dépendance ou de mise à distance des entités de marchés par les agriculteurs ont généré différents travaux et débats scientifiques par le passé, que nous retraçons dans cette section.

Autonomie et marchés : une question ancienne dans les débats académiques agraires

Différents courants théoriques ont analysé les processus d'intégration aux marchés au sein des sociétés paysannes durant le XXè

siècle, et des travaux récents ont étudié les effets de cette intégration dans les formes entrepreneuriales d'agriculture du XXIè siècle.

L'intégration aux marchés dans les sociétés paysannes

Les multiples débats sur la question agraire, c'est-à-dire les déterminants des transformations des sociétés paysannes au fur et à mesure du développement du capitalisme, ont vu s'opposer différentes théories avec des conceptions chaque fois différentes de l'autonomie et des dépendances auxquelles

(5)

les agriculteurs peuvent être soumis dans leurs interactions avec les marchés. Ainsi, l'agroéconomiste russe Chayanov (1990), a montré au début du XXè

siècle comment les paysans russes construisaient des marges d'autonomie vis-à-vis des marchés et des groupes économiques dominants par la pratique de l'autoconsommation des ménages.

Parmi les théories qui ont nourri les politiques de modernisation agricole, différents auteurs ont vu l'intégration aux marchés des paysans devenus agriculteurs comme un moyen d'émancipation du carcan des sociétés paysannes considérées comme des freins au progrès.

Du côté marxiste, la thèse de l'inévitable « absorption des paysans par l'accumulation capitaliste », conduisait à considérer les processus d'interaction avec les marchés comme des dépendances inéluctables (Pluvinage, 2014).

Analyser l'autonomie des agriculteurs face aux marchés

Le travail de Chayanov (1990) a inspiré des études sur les logiques microéconomiques au niveau des exploitations pour repérer les subtils équilibres construits par les agriculteurs à l'interface entre leurs conditions internes et les marchés (Chia & al., 2014 ; Ploeg & Long, 1994). Dans les années 1970 et 1980, ces travaux ont montré que les agriculteurs développent une capacité d'agir, même de manière ténue, face à ces processus marchands qui cherchent à les transformer ou les assujettir, et peuvent les orienter pour en faire un phénomène partiel, même de façon relative, afin de maintenir des marges d'autonomie (Long & al., 1988 ; Marsden & al., 1986).

Ces analyses ont généré à l'époque des controverses en sociologie rurale et dans d'autres champs d'études agraires en particulier dans les communautés anglo-saxonnes, qualifiées alors de « 

commoditization debate » (Long & al., 1986 ; Schneider & Niederle, 2010).

L'autonomie comme indépendance entrepreneuriale

Pour la période contemporaine, des auteurs ont mis en évidence des producteurs des pays occidentaux se considérant comme devenus indépendants, revendiquant la figure d’entrepreneurs à l'égal des chefs d'entreprises d'autres secteurs, grâce notamment à leur connexion étroite aux marchés d'amont et/ou d'aval (Bernard de Raymond & Goulet, 2014 ; Stock & al., 2014 ; Lémery, 2003). Cependant, différents travaux ont analysé comment cette indépendance revendiquée peut être considérée comme illusoire car ayant accru la vulnérabilité économique et sociale d'une partie d'entre eux (Bessière, 2011 ; Nicourt, 2013). Emery (2015) montre notamment comment les agriculteurs anglais considèrent négativement l’entraide, vue comme la solution de ceux qui ne sont pas capables de gérer leur exploitation de manière autonome. Il explique ainsi leur actuelle faiblesse d’organisation collective, les rendant aujourd’hui très affaiblis face à la concentration économique de la grande distribution.

Renouvellement par des travaux récents marqués par une approche sociotechnique

D'autres travaux ont récemment renouvelé cette appréhension de l'autonomie des agriculteurs envers les entités de marchés, qui se rejoignent par leur approche sociotechnique. Nous distinguons ceux du sociologue rural néerlandais Ploeg qui nous ont offert une première matrice analytique. Nous l'avons enrichie en nous inspirant de différents auteurs qui se sont focalisés sur les compromis que les agriculteurs opèrent dans leur recherche d'autonomie vis-à-vis des marchés.

Ploeg : six mécanismes d'autonomisation par rapport aux marchés

Ploeg (2008) a étudié le phénomène international de recherche d'autonomie des agriculteurs confrontés à des contextes adverses, notamment en raison du poids croissant des firmes de l'amont et de l'aval du secteur agricole. À partir de références en agroéconomie, en sociologie du développement et en économie institutionnaliste, Ploeg identifie six mécanismes accroissant l'autonomie des agriculteurs, synthétisés dans la figure ci-après. Pour faire face aux opérateurs

(6)

marchands de plus en plus en position oligopolistique, 1) des agriculteurs diversifient leurs productions, voire leurs modes de commercialisation. Vis-à-vis des marchés d'intrants, 2) des producteurs tendent à développer des formes d'agriculture économes à bas niveaux d'intrants en développant des démarches d’auto-approvisionnement (intraconsommation). Des agriculteurs cherchent à ancrer davantage leurs pratiques agricoles sur leurs propres ressources, particulièrement 3) via l'activation accrue des fonctionnements écologiques de l'agroécosystème, et/ou 4) l'amélioration de l'efficience technique des processus productifs. 5) La pluriactivité, si elle permet entre autres, de consolider le revenu disponible et de disperser les risques économiques, peut être considérée comme un mécanisme d'autonomisation, par exemple vis-à-vis du crédit bancaire. Enfin, 6) les formes de coopération locale entre agriculteurs contribuent à réduire la dépendance aux capitaux industriels et financiers.

D'après Ploeg, 2008

Des compromis induisant de nouveaux attachements

Différentes études empiriques montrent les complexités auxquelles les agriculteurs font face dans leur recherche d'autonomie, ainsi que les compromis qu'ils opèrent. Nicourt (2013) montre par exemple les compromis qu'opèrent des éleveurs français de porcs en agriculture biologique pour concrétiser le principe d'autonomie, fondement du cahier des charges de ce secteur. En contexte de faible structuration des filières de commercialisation pour cette production biologique, les éleveurs choisissent soit de développer la vente directe, soit d'accroître la production. La charge de travail importante liée à la vente directe peut amener ceux qui choisissent cette voie à externaliser certaines

(7)

tâches au niveau de la production (recours à des prestataires pour les cultures par exemple), entraînant une perte d'autonomie. Pour ceux choisissant d'accroître la production, l'autonomie alimentaire de l'élevage peut s'en trouver diminuée. Ceci rejoint les travaux de Dumont (2017) sur les maraîchers agroécologiques wallons en Belgique qui s’organisent en circuits courts pour s’autonomiser vis-à-vis des opérateurs des filières longues. Cependant, ceci génère des charges de travail importantes, au point d’entraîner chez certains d’entre eux de mauvaises conditions de travail pour leurs salariés. Par ailleurs, la thèse de Goulet (2008) sur les agriculteurs pratiquant le non-labour montre que le détachement vis-à-vis du non-labour et de la charrue s'accompagne de nouveaux attachements vis-à-vis d'autres équipements (semoirs de semis direct notamment), intrants (glyphosate), et acteurs (firmes, consultants privés) que les discours des agriculteurs et acteurs de ce mouvement tendent à invisibiliser.

Ces études illustrent par ailleurs les verrouillages et chemins de dépendance des systèmes sociotechniques dans lesquels ces agriculteurs étudiés s'inscrivent : absence de filières longues de commercialisation en production porcine biologique, dépendance des agriculteurs en agriculture de conservation vis-à-vis des herbicides, etc.

***

En conclusion, pour traiter de la question de l'autonomie et des marchés en agriculture, ces différents travaux invitent à porter l'attention sur les modalités par lesquelles les agriculteurs mobilisent leurs ressources et valorisent leurs produits. Ils soulignent également le besoin d'examiner les nouveaux attachements pouvant être induits par chaque pratique de distanciation vis-à-vis des marchés, voire les démarches activées pour les relativiser. Ploeg (2008) a aussi identifié le mécanisme de la coopération locale entre agriculteurs comme pouvant contribuer à l'autonomisation vis-à-vis des marchés, ce qui reste peu examiné empiriquement dans l'ensemble de ces travaux s'intéressant à ce sujet de l'autonomie par rapport aux marchés.

2- Démarche de recherche

Après une brève présentation des Cuma, nous resituons le contexte de notre thèse, avant de détailler notre méthodologie d'étude de cas.

Contexte de la thèse

Les Cuma permettent principalement la mutualisation et le partage d'équipements et de travail, voire de salariés et de bâtiments. Ce type de coopérative agricole locale et autogestionnaire regroupe en moyenne 25 exploitations membres (FNCuma, 2017). Les adhérents s'appuient principalement sur la Cuma avec la finalité de mieux accéder à des équipements de grande capacité pour accroître la productivité du travail (Harff & Lamarche, 1998 ; Mundler & al., 2010).

Nous avons mené notre recherche doctorale en milieu professionnel sur le modèle d'une thèse CIFRE, au sein de la fédération nationale des Cuma (FNCuma). Celle-ci a visé à fournir une compréhension opérationnelle des nouvelles formes de mutualisation émergeant en Cuma, à partir d'études de cas sur six Cuma.

(8)

Sélection des études de cas

Nous avons sélectionné six Cuma, situées en Touraine, dans le Tarn, dans le Pays basque, dans l'Ain, dans l'Aube et en Loire-Atlantique (voir Tableau ci-dessous). Elles ont été choisies car les ressources mutualisées en leur sein facilitent deux types de pratiques pouvant contribuer à l'amélioration agroécologique des systèmes productifs agricoles : le développement de légumineuses et/ou de l'agriculture de conservation1

avec un usage modéré d'herbicides.

En effet, parmi les Cuma soutenues par les politiques publiques en faveur de l'agroécologie, ces pratiques sont fréquemment mises en avant. De même, on observe à l'échelle nationale une augmentation des équipements acquis en Cuma permettant de les développer, à travers de nouveaux processus de mutualisation. Par ailleurs, Landel (2015) a identifié un rôle significatif des Cuma parmi les initiatives existantes de groupes d'agriculteurs expérimentant l'agriculture de conservation avec un usage maîtrisé d'herbicides. De même, les investissements dans les équipements de fenaison adaptés aux légumineuses s'accroissent (Uijttewaal & al., 2016 ; FNCuma, 2017). Leur récolte en foin est en effet plus délicate en l'absence de matériels adaptés mais coûteux, ce qui explique en partie la faible présence de légumineuses dans les prairies en France malgré leurs atouts agroécologiques (Peyraud & al., 2009).

Zone géographique

Exploitations enquêtées dans chaque Cuma

Principales activités collectives organisées Pratiques développées en exploitation Pays basque Piémont herbager 3 exploitations enquêtées : 2 élevages ovin - lait, 1 élevage ovin et caprin - lait

Partage d'un séchoir à foin collectif, programme de formation pour les membres

Développement de légumineuses prairiales Tarn Grandes cultures et polyculture-élevage 6 exploitations enquêtées : 2 élevages bovin - lait avec robot de traite, 4 exploitations céréalières

Partage de matériels de semis direct/TCS2 , entraide, échange de semences TCS et semis direct, développement de couverts complexes, diversification culturale Ain Polyculture-élevage 6 exploitations enquêtées : 4 élevages bovin - lait, 1 élevage caprin - lait, 1 exploitation céréalière

Partage d'un séchoir à foin collectif, avec un salarié partagé, entraide Développement de légumineuses prairiales, diversification culturale Aube Grandes cultures 5 exploitations enquêtées : 2 élevages ovin - viande, 1 élevage bovin - viande, 3 exploitations céréalières

Partage de matériels de semis direct/TCS, entraide avec banque de travail, échange de semences, pâturage croisé de couverts

TCS et semis direct, développement de couverts complexes, diversification culturale Touraine Polyculture-élevage 10 exploitations enquêtées : 2 élevages caprin - lait, 7 élevages bovin - lait (dont 5 avec robot de traite), 1 élevage bovin - viande

Partage d'équipements de fenaison adaptés aux légumineuses,

programme collectif d'expérimentation, arrangements éleveurs-céréaliers. Développement de légumineuses prairiales et couverts complexes, diversification culturale Loire-Atlantique Polyculture-élevage 4 exploitations enquêtées : 3 élevages bovin – lait, 1 exploitation céréalière

Tracteur partagé avec matériels de non-labour, comparaison de résultats et formation agronomique

Développement du non-labour, couverts pour production fourragère

Tableau 1 : Caractéristiques des Cuma enquêtées

1 L'agriculture de conservation est un modèle technique basé sur le non-labour, les intercultures hivernales et la diversification culturale afin de restaurer les sols. Elle est majoritairement pratiquée en recourant à l'herbicide glyphosate.

(9)

Méthodologie

L'étude de la littérature présentée précédemment nous a conduite à porter notre attention sur les modalités individuelles et collectives de mobilisation de ressource productives par les agriculteurs enquêtés et de valorisation de leurs produits. Nous avons aussi examiné comment chaque pratique de détachement vis-à-vis de ressources ou opérateurs marchands induit ou pas de nouveaux attachements pour les agriculteurs, c'est-à-dire de nouvelles questions à traiter, de nouvelles charges ou dépendances à gérer. Nous avons aussi regardé comment les agriculteurs cherchent à atténuer ces attachements induits.

Pour recueillir les données nécessaires à notre travail d'étude, nous avons réalisé des entretiens individuels avec des agriculteurs de 34 exploitations des six Cuma choisies durant l'automne-hiver 2015-2016. Ils visaient à recueillir les conceptions de la recherche d'autonomie portées par ces agriculteurs et le récit des pratiques développées sur leur exploitation pour la concrétiser, ainsi que leur trajectoire d'implication dans la Cuma (Pour plus de détails, voir Lucas, 2018 ; Lucas et Gasselin, 2018).

3- Une recherche d'autonomie structurante depuis longtemps

Les agriculteurs des Cuma que nous avons enquêtées affirment chercher à gagner en autonomie par le développement récent des légumineuses ou de l'agriculture de conservation. L'analyse de leurs stratégies d'exploitation menées auparavant à l'aide de la grille analytique des six mécanismes de Ploeg révèle que celles-ci visaient déjà à de manière ancienne à limiter leurs dépendances par rapport aux marchés, souvent de manière relative.

Trois mécanismes mobilisés de manière ancienne

Pour qualifier et diversifier les produits et débouchés (mécanisme 1), les agriculteurs conduisent des activités complémentaires à la production principale et cherchent à gagner de la valeur ajoutée ou accéder à des marchés pluriels.

La diversification des activités vise à mettre à profit les synergies possibles au sein du système d'exploitation, par exemple via des activités d’élevage complémentaires permettent de valoriser des coproduits du troupeau principal. Les exploitations céréalières diversifient leurs cultures afin d'améliorer les synergies agronomiques. D'autres activités comme la prestation de travaux agricoles, la production d'énergie ou l'agrotourisme visent à valoriser du temps disponible ou des actifs de l'exploitation tels que des bâtiments.

Quatre exploitations transforment et vendent en direct la majorité de leurs productions. Parmi les autres commercialisant en filières longues, des exploitations sont engagées dans des signes de qualité et/ou des stratégies apportant de la valeur ajoutée (comme la production semencière). Six exploitations commercialisent en circuits courts une faible part de la production dans leurs réseaux familiaux et amicaux.

Pour améliorer l'efficience des processus productifs (mécanisme 4), ces agriculteurs cherchent à améliorer le suivi et l'observation de leur troupeau et/ou de leurs cultures, notamment via les groupes de partage d'expérience et de connaissances.

Afin de limiter les consommations intermédiaires ou leurs coûts (mécanisme 2), ces agriculteurs mettent en œuvre des stratégies de substitution. L’intraconsommation permet de produire une partie des compléments alimentaires chez une partie des éleveurs, tandis que la production de semences

(10)

fermières est largement répandue pour les cultures de blé. Les achats groupés permettent de limiter les coûts des consommations intermédiaires. Et pour mieux discerner la pertinence des intrants à acheter et améliorer leur utilisation, les conseils techniques des fournisseurs tendent à être mis en discussion avec d'autres sources d'informations provenant d'acteurs sans activité de vente d'intrants : techniciens d'organismes de conseil, pairs, experts rémunérés pour leur conseil.

Seules deux exploitations céréalières ont recours à la pluriactivité (mécanisme 5), et aucun des élevages laitiers. Ceci rejoint la situation générale de ce secteur qui compte un des taux les plus bas de pluriactivité dans l'agriculture (Taleng, 2012).

Le mécanisme de la coopération pour consolider ces stratégies

Ces pratiques de diversification et qualification, d'efficience technique et de limitation des consommations intermédiaires sont néanmoins coûteuses en équipements et en travail, voire en intrants. La capitalisation (via les bâtiments et les équipements), ainsi que la simplification et la délégation de tâches considérées comme secondaires, sont fréquentes pour faire face à la charge de travail.

De différentes manières, ces agriculteurs cherchent à atténuer, même de manière relative, les nouvelles dépendances qui émergent. Ainsi, des éleveurs possédant un robot de traite s’appuient sur leurs pairs pour mieux maîtriser cette technologie, à l'exemple de deux d'entre eux dans la Cuma du Tarn, saisissant chaque opportunité pour échanger ensemble : « On a un petit équipement pour la

litière des vaches, à deux. Ça, c’est marrant parce que ça vaut pas très cher, on aurait pu en acheter un chacun, car cela nous oblige chaque semaine à aller le prendre chez l’autre. Mais c’est un peu ce qui nous fait le lien : chaque semaine, chacun l’amène à l’autre et donc on est obligé de discuter. »

La coopération entre pairs (mécanisme 6) est ainsi un moyen d'atténuer ces charges induites, et en premier lieu l'organisation en Cuma, souvent « héritée » à la reprise de l'exploitation de leurs parents.

En plus de son rôle instrumental pour limiter les investissements individuels dans les équipements et faciliter la délégation de travaux à des salariés, la Cuma est devenu un atout important dont ils cherchent à exploiter toutes les potentialités. Elle est souvent argumentée par ces éleveurs comme une condition essentielle à leurs stratégies, en leur donnant plus de capacités d'investir dans les activités génératrices de valeur ajoutée. L'un des membres de la Cuma en Touraine évoque ainsi celle-ci comme un « outil » devenu indispensable pour son exploitation : « [Cet] outil là [la Cuma],

si c'est pour l'utiliser qu'à l'occasion, c'est un peu couillon, il y a un outil-là qui peut (…) me [permettre de] dégager du revenu sur mon exploitation, d'acheter mes bâtiments, (…) de monter une chèvrerie, de développer l'activité caprine sur mon exploitation, améliorer mes conditions de travail (...). Donc j'ai utilisé cet outil-là, aujourd'hui je l'ai rendu indispensable. » L'appui sur la

Cuma est également approfondi pour les avantages non-économiques qu'elle apporte : les dialogues techniques sources d'information et de connaissance, la sociabilité permettant d'éviter l'isolement et de se conforter mutuellement, voire la solidarité face à certaines épreuves (maladie, accident).

En plus de l'organisation en Cuma, une diversité d'arrangements de partage et d'échanges de ressources relient les exploitations entre elles autour de différents objets : les équipements acquis individuellement ou à plusieurs qui font aussi l'objet d'échanges, le travail (à travers des chantiers en commun), des matières (par exemple à travers l'échange de fumier d'exploitations d'élevage contre de la paille d'exploitations céréalières) et des services.

En complément, des groupes locaux de développement agricole animés par des tiers professionnels (techniciens, conseillers, ingénieurs), lorsqu'ils existent, renforcent la coopération entre pairs,

(11)

d'abord en facilitant le partage d'expériences et de connaissances, la confrontation des résultats, et l'organisation de formation collective (avec des experts externes). Ils sont aussi des lieux stratégiques d'amélioration de l'interconnaissance mutuelle des pratiques de chacun, contribuant à qualifier les dialogues techniques informels.

En conclusion, la coopération entre pairs a contribué chez ces agriculteurs à relativiser les charges d'intrants et d'équipements induites par les pratiques permettant de mettre à distance les opérateurs marchands de l'amont et l'aval des filières. Cependant, depuis une quinzaine d'années, ces stratégies individuelles et collectives se sont révélées insuffisantes pour faire face à une conjugaison de différents problèmes et questions tendant à fragiliser ces agriculteurs.

4- Un contexte de fragilisation exacerbant la recherche d'autonomie

Pour faire face à de nouveaux problèmes rencontrés, les agriculteurs étudiés développent les légumineuses ou l'agriculture de conservation sur leurs exploitations, activant ainsi le troisième mécanisme de l'appui sur les fonctionnements écologiques de l'agroécosystème, et en approfondissant le deuxième mécanisme de la réduction des coûts des consommations intermédiaires. Cependant, ces pratiques induisent aussi de nouvelles charges ou dépendances.

L'agriculture de conservation et les légumineuses pour répondre à de nouveaux problèmes L'agriculture de conservation est développée pour faire face à la dégradation des sols et/ou réduire les coûts et charges de travail. L'implantation d'intercultures hivernales vise à améliorer les conditions des sols, tout en répondant aux croissantes réglementations interdisant les sols nus en hiver. La majorité des éleveurs met à profit cette pratique pour produire des fourrages complémentaires. D'autres nouvelles cultures sont parfois intégrées dans une visée d'intraconsommation ou de diversification culturale avec une finalité d'amélioration agronomique. Le développement des légumineuses permet plus de production de protéines à partir des prairies et des intercultures hivernales, améliorant ainsi la qualité de la production fourragère et donc de l'alimentation des troupeaux. Pour certains éleveurs laitiers de l'Ain, du Pays Basque et de Touraine pratiquant la vente directe ou inscrits dans des filières sous indications géographiques, cette pratique vise à réduire les achats de compléments protéiques pour répondre à leurs cahiers des charges. Ceux-ci sont devenus plus exigeants depuis les années 2000, notamment après des campagnes d'opinion contre les importations de soja transgénique par l'élevage européen (Escobar, 2014). L'agriculture de conservation et le développement des légumineuses sont aussi considérés comme des moyens de répondre au changement climatique par certains producteurs.

Au-delà des raisons techniques et économiques, des insatisfactions vécues par les producteurs dans leurs interactions avec les marchés expliquent également la volonté de réduire leurs consommations intermédiaires. Ainsi, des agriculteurs ont fait face à des problèmes d'intrants ou de fournisseurs défaillants, comme dans le cas de compléments alimentaires dont la qualité est altérée par les processus industriels de fabrication. Le caractère asymétrique de ces interactions est aussi mal vécu par certains producteurs, comme le montre le propos ironique d'un éleveur de la Cuma de Loire-Atlantique : « On a eu deux envolées des cours [du lait] (...). C'est bizarre, les coûts d'intrants ont

souvent suivi... ! Donc (...) le mieux qu'on ait eu sur le marché de produits finis, on l'a souvent filé dans les charges... », ou ces mots d'un agriculteur du Tarn : « Ce qu’on essaye de faire depuis quelques années c'est justement pour essayer d'arriver à s'en sortir, et d'éviter de subir et de re-subir, c'est tout. »

(12)

Dans ce contexte, le phénomène de volatilité des prix, prégnant surtout depuis 2007, a généralement été considéré comme un déterminant supplémentaire pour aller vers de nouvelles stratégies d'autonomisation, à la façon d'une « goutte d'eau faisant déborder le vase ».

Le degré de mise en œuvre de nouvelles pratiques et de réduction des consommations intermédiaires diffère d'une exploitation à l'autre. Des agriculteurs ont réduit de manière significative l'achat de compléments alimentaires et de fourrages, parfois au-delà des niveaux attendus. Ceci a permis à certains d'intégrer des filières plus rémunératrices et plus exigeantes en termes d'autonomie : un producteur du Tarn a ainsi entrepris la conversion à l'agriculture biologique, et un éleveur de Touraine s'est inscrit dans une appellation fromagère interdisant l'achat de soja transgénique. D'autres agriculteurs se considèrent dans une phase de transition et escomptent réduire davantage leur usage d'intrants externes.

De nouvelles charges induites

Cependant, ces pratiques induisent aussi de nouvelles contraintes, charges de travail et problèmes pour accéder aux ressources nécessaires.

Ainsi, les stratégies d'intraconsommation ajoutent de nouvelles opérations au niveau de l'exploitation, telles que la conduite et récolte des intercultures hivernales.

Les producteurs en agriculture de conservation ont généralement d'abord accru leur usage d'herbicides pour faire face au développement d'adventices. Une partie d'entre eux a réussi ensuite à les réduire. Sur deux exploitations du Tarn en agriculture biologique, l'agriculture de conservation se pratique sans usage d'herbicides.

La plupart des agriculteurs rencontre des difficultés pour accéder à certaines semences, en particulier pour les espèces légumineuses et les intercultures hivernales. Leurs fournisseurs habituels n'offrent pas toujours la diversité des espèces souhaitées au moment voulu et à des prix abordables. Ceci a conduit une majorité d'entre eux à entreprendre l'auto-production de semences fermières, ce qui induit de nouvelles opérations, voire de nouveaux besoins d'équipements (tri, stockage et séchage par exemple).

Enfin, des agriculteurs cherchant à enrichir leurs prairies en légumineuses rencontrent des difficultés à obtenir les informations adéquates sur leur gestion de la part de leurs fournisseurs habituels, qui ont parfois donné de fausses informations.

5- Coopérer pour accroître les marges de manœuvre

Afin de mettre en œuvre leurs nouvelles pratiques et faire face aux contraintes et questions qu'elles induisent, ces agriculteurs remobilisent et approfondissent les trois formes de coopération auxquelles ils recouraient déjà.

Ils s'appuient sur la Cuma pour investir dans les outils d'agriculture de conservation ou de fenaison adaptés aux légumineuses, parfois en achetant des matériels de grande capacité pour augmenter la productivité du travail, voire dans des équipements de stockage et de transformation nécessaires aux stratégies d'intraconsommation. Pour ce faire, de nouveaux processus de mutualisation émergent au sein des Cuma, tels que la mise en commun du foin des membres dans des séchoirs artificiels collectifs, l'emploi de salariés, l'organisation de nouveaux chantiers collectifs pour les opérations de récolte, voire des processus de formation collective (voir ci-dessous).

De nouveaux arrangements d'échanges et de partage de ressources sont développés en dehors de la Cuma, tels que l'échange de semences fermières. Celui-ci permet aux agriculteurs d'accéder à la

(13)

diversité des espèces souhaitées, tout en évitant à chacun de devoir produire toute la gamme des semences nécessaires.

Pour développer l'agriculture de conservation et les légumineuses, des agriculteurs s'appuient ou créent de nouveaux espaces de partage d'expérience et de formation collective à travers leurs groupes de développement agricole, afin de faire face au manque de références et connaissances concernant ces pratiques. En l'absence de groupes de développement travaillant sur ces thématiques dans leurs territoires, les Cuma du Pays Basque, Loire-Atlantique et Touraine ont organisé en leur sein de tels dispositifs d'échange et de formation, en faisant appel à des experts et animateurs externes. Cette démarche d'internaliser la fonction de groupe d'échange et de formation au sein des Cuma est une tendance émergente dans ce réseau (Garcia-Velasco, 2017). Ceci peut les amener à faire appel à des consultants privés se spécialisant sur ces nouveaux domaines de pratiques, pour combler le faible investissement des organismes actuels de recherche-développement.

Ainsi, une interdépendance accrue entre pairs résulte de cet approfondissement de la coopération, tout en élargissant les marges de manœuvre de ces agriculteurs. À travers les investissements collectifs et chantiers en commun, ils peuvent dépasser les limites organisationnelles existant à l'échelle de leur exploitation. Les échanges de semences ainsi que les groupes d'échanges et de formation leur permettent de surmonter le manque de ressources appropriées, comme l'illustre le cas des deux exploitations en agriculture biologique du Tarn. En effet, l'agriculture de conservation sans herbicides est un sujet « orphelin », puisque recevant peu d'attention de la part des programmes publics de recherche-développement (Landel, 2015). Ces deux exploitations sont donc isolées localement et s'appuient de manière intensive sur quatre groupes d'échange, dont un éloigné à l'échelle du Sud-Ouest de la France pour co-produire les connaissances nécessaires entre pairs. Enfin les arrangements d'échange de travail et de ressources permettent d'atténuer les contraintes et attachements induits, comme le montre la Cuma de l'Aube. Deux de ses membres ont décidé d'employer un salarié travaillant sur les deux exploitations pour se libérer du temps, permettant à l'un d'eux d'approfondir la mise au point de ses nouvelles pratiques et de participer à des groupes d'échange d'expériences. L'autre, éleveur ovin, a eu l'idée de faire pâturer ses intercultures hivernales par son troupeau. Dorénavant, il déplace son troupeau sur cinq autres exploitations céréalières chaque hiver pour le pâturage des intercultures hivernales, contribuant ainsi à diminuer les applications d'herbicides nécessaires pour les détruire.

6- Différentes modalités de régulation de la coopération de proximité

Une diversité de modalités de régulation des échanges de travail, d'équipements et d'intrants existent à travers les arrangements de partage entre agriculteurs, qui contraste avec la quasi-uniformité des modes de régulation du partage d'équipements en Cuma.

En Cuma

Le partage d'équipements acquis à travers la Cuma donne lieu à une comptabilisation formalisée et des prestations facturées par la coopérative. Ceci reflète le travail normalisateur effectué par le réseau des Cuma à travers différents outils et services de gestion proposés. Ceci s'explique aussi par le positionnement de la Cuma opérant en interface avec des opérateurs marchands (via les achats d’équipements, les remboursements de crédit), alors qu’une partie des arrangements informels correspond davantage à des circuits économiques s’organisant entre pairs.

(14)

À travers les arrangements d'échange et de partage

Ainsi, l'échange de matériels individuels est souvent pratiqué de manière bilatérale, généralement sans comptabilisation. Dans certains cas, les agriculteurs parlent facilement d'un équipement qu'ils empruntent à un collègue comme s'il s'agissait d'un matériel en commun. Les enjeux d'usage prennent ainsi le pas sur les enjeux de propriété, afin d'atteindre une meilleure performance et efficience technique, comme l'expliquent des agriculteurs de l'Aube : « On ne s'interdit pas de [lui]

demander ou de prendre son matériel pour faire une parcelle parce qu'on veut essayer, parce qu'on se dit « Tiens, ça serait peut-être mieux avec ce type d'appareil là ». « On n'est pas attaché au matériel en lui-même, […] L’essentiel c’est qu’on soit efficace, pour nous c’est ça qu’on cherche. »

Pour réguler les échanges de main-d’œuvre dans les chantiers en commun, principalement de récolte (où chaque agriculteur peut aussi venir avec ses propres matériels), la pratique la plus répandue est de ne pas comptabiliser le temps passé par chacun chez les autres, comme l'exprime cet éleveur du Tarn : « Ils viennent faire ce qu'il y a faire ici, et après nous allons faire chez eux, et

on ne compte pas... Je veux dire, il y a juste le plein que chacun remplit chez lui avant d'aller chez les autres et que l'on refait chez les autres quand on a fini, mais les heures de chacun..., non... ça va très bien comme ça, il n'y a pas de raison de se mettre à compter... » Certaines exploitations de plus

grande taille s'arrangent pour rendre plus de travail à d'autres occasions pour équilibrer les échanges de main-d’œuvre.

Les échanges de semences tendent à être régulés de deux manières : soit par des échanges en nature, soit par des échanges monétaires. Dans la Cuma de l'Aube, le pâturage des intercultures hivernales par les ovins des éleveurs n'est pas monétarisé : chaque arrangement donne lieu à une négociation où généralement l'éleveur fournit une partie des semences nécessaires à l'interculture pour garantir sa qualité fourragère.

L'accroissement des arrangements de partage associé au développement des nouvelles pratiques conduit de plus en plus de ces agriculteurs à noter pour eux-mêmes, à la manière d'un aide-mémoire, les prestations de travail ou de ressources effectuées avec leurs collègues. Celui-ci sert à l'agriculteur qui l'établit à évaluer les déséquilibres éventuels et y remédier le cas échéant en nature ou de manière monétaire, dans un souci de ne pas être débiteur ni créancier vis-à-vis des autres.

De manière générale, et en dehors des processus de partage d'équipements en Cuma, nous observons une tendance à éviter la monétarisation au profit d'une équilibration des échanges en nature, comme l'illustre le propos suivant d'un agriculteur du Tarn : « On essaye toujours

d’équilibrer..., en ayant un échange d’argent minimal mais il y a des fois on est obligé de passer par là... » La monétarisation donne généralement lieu à une négociation pour trouver un prix qui

soit un compromis entre le coût de production et le coût d'opportunité sur les marchés. La monétarisation est parfois justifiée par le fait d'un déséquilibre trop grand qui pourrait handicaper la capacité d'un des partenaires de l'échange à continuer à profiter de la dynamique de partage : elle intervient donc dans une logique inclusive.

Cas particulier de l'Aube : l'organisation en banque de travail

Dans le cas de la Cuma de l'Aube, un système de banque de travail a été organisé, initialement pour organiser la régulation des chantiers en commun de récolte du chanvre, qui nécessite de mobiliser beaucoup de travail et d'équipements différents en même temps. Ceci complique le travail d'équilibration des contributions individuelles, difficulté renforcée par l'hétérogénéité des situations de chacun : certains sont éleveurs (donc avec plus de travail d'astreinte), d'autres céréaliers, deux font de la vente directe sur des marchés et l'un d'eux est pluriactif. D'où l'idée d'organiser une banque de travail, pour tenir le compte des contributions individuelles de chacun (temps donné ou reçu, machine prêtée ou mise à disposition, services donnés ou reçus, etc.), et ainsi mieux réguler les échanges. Le réseau des Cuma fournit des barèmes pour aider à définir les valeurs des services échangés. Ce système a été mis à profit par les membres pour faciliter d'autres types d'échanges en

(15)

dehors de ce chantier spécifique. Chaque fin d'année, ils récapitulent l'ensemble des services échangés comptabilisés et calculent le solde restant, pour déterminer les agriculteurs « endettés » et « créanciers ». Alors que la loi les autorise à procéder à un versement monétaire pour apurer le tout, les agriculteurs de cette Cuma préfèrent reporter le solde sur l'année suivante, en informant chacun des membres des exploitations ayant un déficit, pour que les autres s'adressent prioritairement à elles pour leur demander des services afin de leur permettre de solder leur dette.

Échange d'expériences et de connaissances

La participation à des groupes d'échanges d'expériences et de co-construction de connaissances donne lieu à une adhésion, qui permet de payer le salaire des agents animant ces groupes. Les processus de formation, notamment l'intervention d'experts, sont pris en charge par les financements de la formation professionnelle. Les connaissances échangées et co-construites entre agriculteurs peuvent être assimilées à des « communs ».

Dans les dialogues informels, il existe un coût symbolique pour les agriculteurs souhaitant prendre connaissance de l'expérience d'un pair, d'où une tendance à atténuer le coût de cette demande d'information de différentes manières. Par exemple, les chantiers en commun, en permettant d'effectuer des travaux chez des pairs, facilitent la prise de connaissance de leurs pratiques par d'autres biais que la demande de conseils directs. De même, les moments de coordinations nécessaires au partage d'équipements, de travail ou d'autres ressources peuvent être des prétextes pour s'informer indirectement des pratiques de ses pairs.

Des agriculteurs ont un statut reconnu d'« expert », auxquels les agriculteurs s'adressent fréquemment et qui manifestent une satisfaction à partager leurs connaissances sans contrepartie financière. Ces « experts » reçoivent plus de facilité de coopération de la part de leurs pairs, comme l'explique cet agriculteur de l'Ain expliquant la différence de traitement qu'il applique pour réguler les échanges selon les pairs partenaires : «  Cela dépend des personnes en fait, les relations sont complètement différentes, [X, considéré comme un « expert » pour la gestion des légumineuses] moi je m'entends super bien avec lui, et puis il est à la [Cuma] avec moi, il est dans le GIE, il est... on se connaît bien. (...) et eux après c’est différent, parce que c'est de la famille à mon associé, […], donc je ne vais pas vous dire qu'on y va [au chantier d'ensilage chez eux] parce qu'on est obligé, mais des fois... […] [À propos de l'organisation des échanges d'équipements] Ça arrive que l'on prête, on prête ou on loue, ça dépend à qui, c'est toujours pareil. Mais je vous dis, [X] là il est tombé en panne de semoir, il est venu, il a pris la herse ou le semoir et puis il est parti avec, et puis on ne lui a jamais rien demandé. Et puis eux [de la famille de l'associé] ils sont venus, on leur a loué la herse, c'est la différence. »

Ces analyses révèlent donc un contraste entre des processus de partage des ressources communes en Cuma basés sur des logiques de contractualisation, de comptabilisation et de monétarisation, tandis que l'échange de ressources individuelles (travail, équipement individuellement acquis, semences, etc.) s'opère en essayant d'éviter la monétarisation, voire la comptabilisation, avec peu de recours à la contractualisation formalisée. Différentes transactions monétarisées entre agriculteurs apparaissent ainsi encastrées ou nichées dans un ensemble plus large d'arrangements de coopération entre eux. Le partage de connaissances donne lieu à des processus symboliques de reconnaissance sociale des agriculteurs les plus innovants, que leurs pairs peuvent atténuer par des facilités de coopération matérielle.

(16)

7- Des limites à ces recherches d'autonomie et pratiques de coopération

L'intensification de ces pratiques de coopération pour gagner en autonomie rencontre des limites, à la fois du côté des agriculteurs, ainsi que du contexte structurel dans lequel ils s'inscrivent.

Du côté des agriculteurs, la coopération entre pairs requiert du temps disponible, des compétences et du capital social. C'est pourquoi nous avons observé d'inégales capacités ou opportunités parmi ces producteurs pour tirer profit de la coopération. En effet, la charge de travail individuelle dont dépend le temps disponible de chaque agriculteur est un facteur discriminant pour s'impliquer dans la coopération, en particulier dans les collectifs de partage d'expérience. Ainsi, quelques agriculteurs pluriactifs ou pratiquant la vente directe ou transformation à la ferme rencontrent des difficultés pour y participer, ce qui limite leur capacité à développer de nouvelles pratiques. Par conséquent, ces collectifs tendent à plus intensivement impliquer les agriculteurs innovants, tandis que les partages d'expériences informels en Cuma peuvent se concentrer entre les agriculteurs en responsabilités se rencontrant dans ses instances de décision. Enfin, les arrangements d'échanges de ressources ne fournissent pas tout le temps des opportunités de dialogues techniques selon les exploitations partenaires. De fait, les possibilités de dialogues techniques sont déterminées par le capital social de chacun. Par ailleurs, l'approfondissement de la coopération est rendu possible parce que certains agriculteurs exercent le rôle de mobilisateur permettant l'émergence et l'organisation de nouvelles solutions collectives. Là aussi, le temps disponible, les compétences sociales appropriées et le statut socio-symbolique sont des facteurs-clés déterminant les opportunités d'émergence de tels acteurs.

Par conséquent, l'intensification de la coopération peut parfois se limiter à des petits groupes sélectifs entre pairs aux orientations similaires qui en approfondissant la coopération entre eux se différencient d'autant plus de leurs autres pairs. Cependant, nous avons aussi observé des dynamiques qui limitent ces effets : le besoin de limiter les charges économiques pousse les membres à enrôler plus de pairs dans leurs investissements collectifs concernant des équipements onéreux, l'organisation en banque de travail facilite la coopération de travail entre agriculteurs hétérogènes. De fait, les recompositions des réseaux de coopération de proximité entre pairs sont marquées par des oscillations entre les deux perspectives suivantes : d'une part, la tentation de se ménager des configurations sociales mutuellement réconfortantes entre pairs « convergents » permettant des dialogues techniques plus fluides et d'autre part, la nécessaire ouverture pour démultiplier les possibilités d'accès aux ressources stratégiques. Cependant, des agriculteurs en situation de responsabilité expriment un certain dénuement pour gérer des organisations élargies hétérogènes.

Une partie des agriculteurs étudiés limite la portée de leur recherche d'autonomie en maintenant des objectifs élevés de performance. Mais certains remettent aujourd'hui en cause ces objectifs suite à l'obtention de gains d'autonomie vis-à-vis des intrants externes plus élevés par rapport à leurs attentes initiales. Ceci leur permet de percevoir de nouvelles avancées possibles en diminuant leurs niveaux de rendement animal ou végétal.

Enfin, la coopération à elle seule ne peut suffire à faire face au manque de ressources appropriées de la part des autres acteurs du secteur (agrofourniture, recherche et développement, filières agroalimentaires, action publique, etc.) pour limiter les dépendances restantes. L'exemple des deux exploitations n'utilisant pas d'herbicides en agriculture de conservation montrent qu'elles y arrivent moyennant un investissement très important dans la coopération entre pairs, en particulier les groupes d'échange d'expériences et de co-construction de connaissances entre pairs, ainsi qu'en prenant des risques en développant leurs propres expérimentations. Cette situation est difficilement envisageable pour la majorité des agriculteurs.

(17)

Conclusion

La mise à distance relative des marchés d'amont et d'aval correspond à une visée structurant depuis longtemps les stratégies d'exploitation de ces agriculteurs, que la coopération entre pairs permet de consolider.

Les nouvelles recherches d'autonomie de ces agriculteurs s'inscrivent dans un contexte économique difficile depuis une dizaine d'années, induit par une plus grande volatilité des cours des intrants et des produits. Ceci s'ajoute à une conjonction d'autres problèmes auxquels les agriculteurs doivent faire face, comme la plus grande variabilité climatique ou les exigences croissantes de traçabilité. Dans ce cadre, les cours défavorables rendent plus insupportables certaines défaillances des ressources externes et de ceux qui les fournissent, ainsi que les relations asymétriques et de dépendance vécues avec des opérateurs marchands. En réaction, ces agriculteurs développent de nouvelles pratiques basées sur l'activation des fonctionnements écologiques de leur agroécosystème. Pour ce faire, ils reconfigurent leurs modes de coopération de proximité, dont l'organisation de leur Cuma. Ainsi, ils arrivent à mettre à distance des ressources et opérateurs marchands, grâce à une interdépendance accrue entre pairs, qu'ils acceptent parce qu'elle leur fournit par ailleurs d'autres appuis pour mieux maîtriser leurs conditions d'activité. Mais ils manquent de ressources adéquates de la part des autres opérateurs du secteur agricole et alimentaire pour limiter des dépendances restantes ou de nouveaux attachements induits.

À travers ces recompositions de la coopération entre pairs, de nouveaux circuits d'échanges économiques sont mis en œuvre, hybridant différentes modalités de régulation des partages et échanges : partage de ressources communes en Cuma basé sur la contractualisation, la comptabilisation et la monétarisation, échange de ressources individuelles moins formalisé, avec parfois l'évitement de la monétarisation, co-construction de nouvelles connaissances dans une logique de « communs » tout en mettant en jeu des processus de reconnaissance mutuelle symbolique, parfois signifiante pour s'« attacher » à des pairs choisis. La recherche d'autonomie n'est pas ici synonyme de repli sur soi ou d'individualisme mais se traduit au contraire par la consolidation d'alliances de proximité, préférées aux interactions avec les opérateurs des marchés d'amont et d'aval, parce que plus maîtrisées et plus symétriques au sein de groupes et réseaux de taille relativement réduite. Néanmoins, tous les agriculteurs ne disposent pas des mêmes capacités et opportunités pour mettre à profit ces coopérations.

Enfin, la méthodologie inspirée des travaux de Ploeg (2014) a permis d'identifier une diversité de mécanismes pouvant être activés par les agriculteurs pour gagner en autonomie, et de mieux préciser le positionnement du sixième mécanisme de la coopération. Ce dernier nous apparaît plus comme un mécanisme transversal aux autres, que comme s'y ajoutant. En effet, nos résultats montrent que l'appui sur la coopération de proximité peut contribuer 1) à la diversification des productions et des modes de commercialisation (à travers par exemple une organisation collective de circuits courts ou la production mutualisée d'énergie renouvelable), 2) à la réduction des achats externes (achats groupés, partage de la production de semences fermières), 3) à l'activation des fonctionnements écologiques du milieu (investissement commun dans des équipements d'agriculture de conservation, échanges de matières entre éleveurs et céréaliers), ainsi qu'à 4) l'accroissement de l'efficience technique (investissement commun dans des matériels de fenaison adaptés aux légumineuses).

Nos analyses montrent également que cette grille analytique gagne à être enrichie d'une attention aux nouvelles dépendances et charges induites par chaque pratique de distanciation, ainsi qu'aux démarches mises en œuvre pour les atténuer. Une analyse affinée des manières par lesquelles les agriculteurs gèrent leurs interdépendances permet ainsi de mieux comprendre les compromis qu'ils mettent en œuvre.

(18)

Ce cadre analytique ainsi construit pour notre recherche nous semble de nature à être appliqué à une plus grande diversité d'expériences d'agriculteurs français en recherche d'autonomie. Ceci afin de mieux éclairer la complexité de leurs stratégies, qui peuvent apparaître au premier abord paradoxales au regard des nouvelles dépendances qu'elles semblent générer.

REMERCIEMENTS : Ce travail de recherche a bénéficié du soutien du ministère de l’Agriculture via le CASDAR (projet CapVert 2014-2017 et projet Luz’Co 2016-2019), de l’ADEME via le programme REACCTIF (Projet Capaccita 2016-2018) et de l'ANR (Projet IDAE 2016-2019). Nous remercions les acteurs du réseau Cuma et agriculteurs rencontrés qui ont permis ce travail.

Références

Bernard de Raymond A., Goulet F. (Eds). 2014. Sociologie des grandes cultures : au cœur du modèle

industriel agricole. Quae

Bessière C. 2011. Des producteurs indépendants face aux multinationales. Actes de la recherche en

sciences sociales 5 108-125.

Chayanov A. 1990. L’organisation de l’économie paysanne. Libraire du Regard

Chia E., Petit M., Brossier J. 2014. Théorie du comportement adaptatif et agriculture familiale. In Gasselin P., Choisis J.-P., Petit S., Purseigle F., Zasser S. (Eds), L’agriculture en famille : travailler,

réinventer, transmettre, EDP Sciences, 81-100

Dumont A. M. 2017. Analyse systémique des conditions de travail et d’emploi dans la production de

légumes pour le marché du frais en Région wallonne (Belgique), dans une perspective de transition agroécologique. Thèse de doctorat. Université Catholique de Louvain

Emery S. B. 2015. Independence and individualism: conflated values in farmer cooperation?

Agriculture and Human Values 32 (1) 47-61

Escobar M. 2014. Dynamics within and between NGOs’ influence strategies towards Business : The

case of environmental NGOs mobilizing around soybean sustainability issues (2000-2013). Thèse de

doctorat, Université de Montpellier 1

FNCuma. 2017. Chiffres Clés - Édition 2017. FNCuma

Garcia-Velasco A. 2017. Accompagnement des collectifs d’agriculteurs en Cuma vers la transition

agroécologique et l’atténuation du changement climatique. Mémoire d'ingénieur, INP-ENSA

Toulouse

Goulet F. 2008. L’innovation par retrait : reconfiguration des collectifs sociotechniques et de la nature

dans le développement de techniques culturales sans labour. Thèse de doctorat. UPMF, Grenoble

Harff Y., Lamarche H. 1998. Le travail en agriculture : nouvelles demandes, nouveaux enjeux.

Économie rurale 244 (1) 3-11

Jeunes Agriculteurs. 2018. Élevons notre autonomie pour cultiver notre résilience. Rapport d’orientation au Congrès de Lourdes des 5-7 juin

(19)

Lamine C., Barbier M. 2017. Analyse des dynamiques en cours et des réseaux d’échanges des collectifs

lauréats de l’AAP MCAE du MinAgri. Rapport intermédiaire du projet de recherche ObS-TAE,

INRA.

Landel P. 2015. Réseaux d’action publique et accès aux connaissances pour la « transition écologique ».

Économie Rurale 347(3) 59-78

Lémery B. 2003. Les agriculteurs dans la fabrique d’une nouvelle agriculture, Sociologie du Travail 45(1) 9-25

Long N., Ploeg J.D. van der, Curtin C., Box L. 1986. The commoditization debate: labour process,

strategy and social network. Wageningen: Agricultural University.

Long N., Ploeg J. D. van der. 1988. New challenges in the sociology of rural development: a rejoinder to Peter Vandergeest, Sociologia Ruralis 28(1) 30-41

Lucas V. 2018. L’agriculture en commun : Gagner en autonomie grâce à la coopération de proximité.

Expériences d’agriculteurs en Cuma à l’ère de l’agroécologie. Thèse de doctorat, Université

d’Angers.

Lucas V., Gasselin P. 2018. Gagner en autonomie grâce à la Cuma. Expériences d’éleveurs laitiers français à l’ère de la dérégulation et de l’agroécologie. Économie rurale 364 73-89

Marsden T., Whatmore S., Munton R., Little J. 1986. The restructuring process and economic centrality in capitalist agriculture, Journal of rural studies 2(4) 271-280

Mundler P., Guermonprez B., Jauneau J.C., Pluvinage J. 2010. Les dimensions territoriales de la restructuration laitière. Géographie, économie, société 12 (2) 161-180

Nicourt C. 2013. Être agriculteur aujourd’hui : l’individualisation du travail des agriculteurs. Quae. Peyraud J.L., Le Gall A., Lüscher A. 2009. Potential food production from forage legume-based-systems

in Europe: an overview. Irish Journal of Agricultural and Food research, 48 1015-135

Ploeg J. D. van der, Long A. 1994. Born from Within: Practice and Perspectives of Endogenous Rural

Development, Van Gorcum

Ploeg, J.D. van der. 2008. The New Peasantries : Struggles for Autonomy and Sustainability in an Era

of Empire and Globalization. Routledge

Pluvinage J. 2014. L’exploitation agricole, entre famille et entreprise : 60 ans de débats et d’itinéraire de recherche personnel. In Gasselin P., Choisis J.-P., Petit S., Purseigle F., Zasser S. (Eds), L’agriculture

en famille : travailler, réinventer, transmettre, EDP Sciences, 25-44

Schneider S., Niederle P. A. 2010. Resistance strategies and diversification of rural livelihoods: the construction of autonomy among Brazilian family farmers. The journal of peasant studies 37(2) 379-405

Stock P. V., Forney J., Emery S. B., Wittman H. 2014. Neoliberal natures on the farm: farmer autonomy and cooperation in comparative perspective, Journal of Rural Studies 36 411-422

Taleng F. 2012. La pluriactivité dans l’agriculture française en 2010. Étude, CCMSA

Thomas J. 2018. Reconnaissance politique des savoirs professionnels. Expérimentation, légitimation, réflexivité et organisation d’un groupe d’agriculteurs autour des connaissances professionnelles.

Revue d’anthropologie des connaissances 12(2) 229-257

Uijttewaal A., Chapuis S., Crocq G., Lépée P. 2016. Quoi de neuf en matière de récolte et conservation des légumineuses fourragères ? Actes des Journées de l’AFPF, 21-22 mars, Paris

Références

Documents relatifs

 Pays avec textes sur la protection des espèces et de la nature qui incluent des dispositions dédiées à certaines EEE

Face à la crise, les exploitations agricoles montrent plusieurs manières de se reproduire et de construire leurs liens avec la société : les néo-agriculteurs des secteurs

Face à la crise, les exploitations agricoles montrent plusieurs manières de se reproduire et de construire leurs liens avec la société : les néo-agriculteurs des

Le site Internet national de l’inspection des installations classées a été conçu dans l’optique de répondre aux interrogations que peuvent avoir les professionnels de

Le site Internet national de l’inspection des installations classées a été conçu dans l’optique de répondre aux interrogations que peuvent avoir les professionnels de

Néanmoins, les variétés locales qui ont bien servi les agriculteurs depuis des générations sont également confrontées à de nouveaux défis posés par les changements

D’après le document 1, ce qui distingue un phénomène climatique et un phénomène météorologique est d’une part la surface touchée par le phénomène étudié: une plus

Ces auteurs ont testé 11 variables relatives au risque international, qui sont : (1) l‘expérience en gestion définie comme la capacité à exercer un contrôle et à gérer