HAL Id: jpa-00210341
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Submitted on 1 Jan 1986
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Bruit de courant en conduction non-linéaire
B. Collaudin, M. Papoular, Z. Wang
To cite this version:
B. Collaudin, M. Papoular, Z. Wang. Bruit de courant en conduction non-linéaire. Journal de Physique, 1986, 47 (9), pp.1463-1465. �10.1051/jphys:019860047090146300�. �jpa-00210341�
1463
Bruit de
courant enconduction non-linéaire
B. Collaudin, M.
Papoular
et Z.Wang
Centre de Recherches sur Les Très Basses Températures, C.N.R.S., B.P. 166 X, 38042 Grenoble Cedex, France
(Reçu le 16 janvier 1986, accepté sous forme définitive le 16 mai 1986)
Résumé. 2014 Nous présentons un modèle statistique, de type intermittence, pour les fluctuations de courant dans un
conducteur non linéaire. La discussion s’appuie sur l’exemple du courant porté par une onde densité de charge, où
l’on dispose de mesures de bruit qui s’accordent avec le spectre basse-fréquence prédit par le modèle en fonction de l’écart au seuil de conduction. Une correspondance physique est établie avec les effets de glissement de phase dans
les microponts Josephson.
Abstract. 2014 An intermittency-like model for current fluctuations in a nonlinear conductor, is proposed. The low- frequency noise spectrum, as a function of the driving voltage, agrees with measurements which were performed on
the charge-density wave compound TaS3. Phase-slip effects in superconducting weak links provide a physical analogy.
J. Physique 47 (1986) 1463-1465 SEPTEMBRE 1986, ]
Classification Physics Abstracts
05.40 - 72.70 - 72.15N
1. - Ces demières annees, de gros efforts
th6oriques
-num6riques
enparticulier,
etquelques experiences semi-quantitatives (hydrodynamique, optique,
elec-tronique),
ont 6t6 consacr6s auprobl6me
du bruit bassefrequence
associ6 a une instabilitemacroscopique
forc6e
(hors 6quilibre) [1].
Lesjonctions Josephson
foumissent a cet
6gard
un substratd’investigation pri- viligi6 [2],
ainsiqu’un
modele pour diff6rentssyst6mes physiques
instables, ondes de densite decharge
entreautres
[3].
Dans ce dernier cas, des exposants bien caract6ris6s de spectres BF(S(o)) - ro-«)
ont 6t6obtenus r6cemment par l’un d’entre nous
[4]
sur le sys- t6me unidimensionnelTaS3 :
a = 1,00 ± 0,05juste
au-dessus du
champ
seuilEc,
a = 0,70 ± 0,05 loindu
champ
seuil(E
5Er
2. - Nous pensons
qu’un
tel comportement est carac-t6ristique
de toute une classe de conducteurs nonlin6aires, et signale - au niveau microscopique -
l’intermittence de la conduction : pour un
champ
élec-trique
donne E, certains canaux de conduction sonttoujours
ouverts, certainstoujours
fermes et les autresal6atoirement ouverts ou fermes suivant les caracté-
ristiques
non lin6aires et les obstacles a la conduction,sp6cifiques
du materiau(pi6geage
par lesimpuret6s
dans une onde de
densit6).
L’intermittence constitue d’ailleurs, on le sait, une des
grandes
voies d7acc6s a la turbulence. Ob6issant à des lois de similitudetemporelle,
elle fait naturellementapparaitre
des exposants bien d6finis, notammentpour les densit6s
spectrales S(co).
L’intermittence de type II[5],
enparticulier, r6gie
par une iteration tr6ssimple
entre les tempselementaires tn
et tn + 1 [6] :donne essentiellement un bruit en
Ilf (a
= 1, a descorrections
logarithmiques pr6s [6]).
Dans 1’6qua-tion (1), x
repr6sente
la fluctuation(reduite)
de cou-rant ; s est un
param6tre
de controlequi,
de notrepoint
de vue,repr6sente
a la fois 1’ecart auchamp
seuil (E -
Ee) et
1’6chelle « externe » d7intermit- tence [6](cutoff infrarouge
deS(m)).
La condition« modulo 1 » assure une
reinjection,
aleatoire, de lavariable
dynamique
x auvoisinage
de x = 0 :1’6qui-
valent
physique
est le« claquage »
du courant, c’est-a-dire la fermeture d’un canal de conduction;nous y reviendrons. La structure de
1’6quation (1)
esttelle que la valeur de x au d6but de
chaque sequence
d’evolution
r6guli6re
(o laminaire »), fixe la durée de cettesequence :
d’ou la distribution des dur6es et, par transformation de Fourier, le spectreS(w).
3. - A un niveau
plus
fin dedescription,
il faut consi-d6rer
x(t)
comme une variabledynamique composee :
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:019860047090146300
1464
C’est la somme, a l’instant t, des fluctuations portées
par les diff6rents filets de courant
qui perfusent
1’echan-tillon. Mais ces filets ou canaux de conduction ne sont pas
independants statistiquement :
certains sont plusfaciles a d6verrouiller et, s’ils sont en nombre suffisant, permettent l’ouverture de canaux situ6s plus haut
dans la hi6rarchie du
verrouillage.
11 y a la un aspectcoopératiftrès
semblable à celui que Palmer et ale [7]ont
analyse
r6cemment dans les verres despin
ou lesverres
dipolaires.
Nous faisons lepostulat, physique-
ment raisonnable, que la
coop6rativit6 (c’est-a-dire
le caract6re « avalanche
»)
se renforce a mesure que lechamp applique
croit au-dela du seuilEc.
Nous avonstraduit cela dans un schema, tr6s
sirnplifi6,
a deuxniveaux
hi6rarchiques :
xi(t)
etx2(t) représentent
les fluctuations de courantport6es
par les canauxcouples
1 et 2,respectivement.
Les coefficients
bi, b2
eta, 1
doivent augmenter avec lechamp
E, de meme que lacoop6rativit6 (voir
r6t[7]).
Les
equations (3) representent
donc le schema « mini- mal » de typehi6rarchique
(noter toutefoisqu’elles
nefournissent que la
sequence
laminaire, pas leclaquage).
Leur solution est la suivante :
On voit imm6diatement que,
lorsque
lechamp
E croit,x(t)
d6marre deplus
enplus
lentement. Nous enconcluons que, a mesure que le
champ 6lectrique appliqu6
augmente,l’ amplitude
desséquences
lami-naires devrait diminuer.
4. - A
partir
de la, nous avonspris
le relaisnum6rique
et calcul6
S(cm)
= co-’ = TF (x(t) jc(0) )
par destechniques
de transformation de Fourierrapide.
Pr6sdu seuil
(E =- E,),
consid6rant que lastatistique
del’intermittence est d6crite par
1’equation (1),
nousretrouvons les resultats de Manneville
[6] :
Loin du seuil
(c’est-a-dire
enchamp E eleve),
nousaplatissons
les laminaires suivant, parexemple,
unesubstitution avant transformation de Fourier :
pour tout x X. k > 0,6 est une valeur de x carac-
t6ristique
de l’intermittence de type II [6].L’exposant p
augmente avec (E -Ee).
On obtient : S(m) -(J) -«(p) ;
;a(p)
diminue avec p commeindiqu6
sur lafigure
1 etse sature assez
rapidement
a a. ;-- 0,65 z 2/3, enaccord
remarquable
avec le r6sultatexperimental
dela reference [4].
Fig. 1. - Dependance de 1’exposant spectral a en fonction
du coefficient p traduisant 1’ecart (E - E,) au champ seuil
(voir
relation (5)). La barre verticale repr6sente l’incertitude du calcul.[Spectral exponent a as a function of driving coefficient p (see relation (5)). The vertical bar represents numerical
uncertainty.]
Sur la
figure
2, nous avonsreproduit
un spectrecaract6ristique,
obtenu pour p = 4 et 8 =10-4,
etcompare
aS(co) -
ro-l(p
=0).
Noter que, a l’int6- rieur du domaine de similitudetemporelle, 1’exposant
ane
depend
pas duparamètre
de controle e.Fig. 2. - Spectre basse-fr6quence loin du seuil E,(p = 4), obtenu avec 8 = 10-4 et 2 048 points d’acquisition. Pente :
a = 0,65 ± 0,05. Pour comparaison, en pointill6s : spectre 1 /w (correspondant a p = 0, pr6s du seuil).
[Low-frequency
spectrum far from threshold E,, (herep = 4), for 8 = 10-4 and 2 048 acquisition points, slope :
a = 0.65 ± 0.05. Dashed lines : 1/F spectrum (correspond- ing to p - 0, close to
threshold).]
1465
Ces resultats ont 6t6 obtenus a
partir
de consid6ra-tions extremement
sch6matiques-(Eqs. (3)
enparticu- lier).
Ils constituent n6anmoins unepremiere
tentatived’interpr6tation physique
de mesures de bruit BFtelles que celles de la reference [4]. Ils sont
susceptibles
d7int6resser toute une classe de conducteurs
(ou
d’autres
syst6mes physiques)
non lin6aires ou les fluctuations de courant(de
la variabledynamique
engeneral) pr6sentent
despropri6t6s
d’intermittence.5. - Nous terminons cette communication sur une
discussion du «
claquage »
de courant et de 1’echelle de tempsrapide
qui lui est associ6e. Precisons d’em- blee que ce temps n’estqu’un
cutoff HF et n’intervient pasplus
que 8 dans1’exposant
de bruit a.Num6rique-
ment, c’est le temps d7it6ration
(6chelle
interne d’inter-mittence). Physiquement,
c’est le temps(elargi
par les effets destatistique)
surlequel
s’6tablit oudisparaît
lecourant
port6
par un canal de conduction. Revenant à1’exemple
des ondes de densit6 decharge,
le courantest
port6
soit par le mouvement collectif de l’onde, soit- lorsque ce mouvement est
bloqu6
localement parun centre
d’ancrage
- par des electrons individuels excites hors du condensate 11 y a donc deux types de courant, disonsIn
etIs,
et : I = In +Is.
La resistanceassoci6e a chacun de ces deux modes de conduction n’est pas la meme et, meme a courant total constant,
les fluctuations de
Is
se traduiront par des fluctuations de potentiel -enregistr6es
par1’experimentateur.
Lasituation est enti6rement
parall6le
aux effets deglisse-
ment de
phase
dans lesmicroponts Josephson [8]
-ou encore dans les sources de dislocations de Frank et Read en
fluage.
La, le temps long(dur6e typique
d’unlaminaire)
est un tempsJosephson,
tandis que le tempscourt
correspond
a la destruction locale duparam6tre
d’ordre. Notons que dans une
jonction
ordinaire, oula
phase
6volue aparam6tre
d’ordre constant en module, ce temps court n’intervient pas.6. - En conclusion, nous avons trait6
num6riquement
un modele d’intermittence de type II ou
1’amplitude
des
sequences
laminaires d6croit a mesure que lechamp
6lectrique
augmente.(Ce
comportement, d’ori-gine cooperative,
estsugg6r6
par la solution du schema tr6ssimplifié
fourni par les Eqs.(3)).
Le mod6led6bouche sur un exposant
spectral
a(bruit
BF enIlfa.) qui
vaut a = 1,0 et a = 0,65, enchamp 6lectrique applique
faible, et fort,respectivement.
Ces valeurs sont en accord tr6s raisonnable avec les mesures de bruit effectuees parWang
surTaS3 [4] (a
= 1,0,a = 0,70). On peut penser que ce mod6le d’intermit-
tence avec
coop6rativit6,
estsusceptible
d7int6resser toute une classe de conducteurs non lin6aires.Bibliographie [1] Conférence sur le Bruit dans les Systèmes Physiques et
le Bruit 1/f, eds. M. Savelli, G. Lecoy et J. P. Nou- gier (Elsevier B. V.) 1983.
[2] CLARKE J., MIRACKY, R. F., MARTINIS, J. et KOCH, R. H., réf. [1], p.117.
[3] PAPOULAR, M., Phys. Lett. 76A (1980) 430.
[4] WANG, Z., thèse Grenoble 1985, et à paraître.
[5] POMEAU et MANNEVILLE, P., Comm. Math. Phys. 74 (1980) 189.
[6] MANNEVILLE, P., J. Physique 41 (1980) 1235.
[7] PALMER, R. G., STEIN, D. L., ABRAHAMS, E. et ANDER-
SON, P. W., Phys. Rev. Lett. 53 (1984) 958 ; voir
aussi NGAI, K. L., Comm. Solid. Stat. Phys. 9 (1979) 127.
[8] RIEGER, T. J., SCALAPINO, D. J. et MERCEREAU, J. E., Phys. Rev. B 6 (1972) 1734.