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Selon une interprétation courante de notre régime, il LA MONARCHIE, FIGURE SYMBOLIQUE OU FIGURE GOUVERNANTE. Philippe Raynaud

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LA MONARCHIE, FIGURE

SYMBOLIQUE OU FIGURE

GOUVERNANTE

Philippe Raynaud

S

elon une interprétation courante de notre régime, il est entendu que nous vivons depuis 1958 sous une

« monarchie républicaine », dont l’appréciation varie selon l’appréciation que l’on porte sur l’héritage monarchique de l’histoire de France – et sur la place qu’il convient de lui faire dans l’imaginaire national « républicain ». Dans une certaine sensibilité « républicaine » minoritaire, qui retrouve une certaine vigueur aujourd’hui chez les tenants de la « VIe République », nos maux viennent du caractère monarchique de nos institutions, dont les « dérives » ne sont qu’une conséquence d’une hypertrophie du pou- voir exécutif. Pour d’autres, au contraire, la réussite de la Ve République tient précisément à ce qu’elle a réussi à dépasser les déchirements de la Révolution en constituant une sorte de régime mixte dans lequel l’institution présidentielle représenterait l’élément monarchique d’une constitution fondamentalement républicaine. Il reste que, monarchie républicaine ou non, la République française, qui a longtemps banni les chefs des anciennes familles régnantes, et dont la Constitution actuelle prévoit que « la forme républicaine du gouvernement ne peut faire l’objet d’une révision » (art. 89), reste d’une intransigeance républicaine

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remarquable, qui la porte à se tenir elle-même comme essentiellement différente des démocraties européennes qui, comme le Royaume-Uni, la Suède, les Pays-Bas, la Belgique ou l’Espagne, ont conservé l’insti- tution royale. Inversement, ces « monarchies constitutionnelles » sont des régimes parlementaires où l’exécutif

est responsable devant le Parlement et où, quelle que soit leur histoire passée, « le roi règne mais ne gouverne pas ». La probléma- tique « monarchique » est donc en France essentiellement ambivalente, puisqu’elle peut exprimer aussi bien la volonté de ren-

forcer ce que le juriste Georges Burdeau appelait le « pouvoir d’État » en retrouvant les vertus supposées de l’ancienne monarchie absolue pour suppléer les défaillances des institutions démocratiques, que la nostalgie d’une autorité sans pouvoir dont la fonction serait essentielle- ment symbolique, comme c’est le cas dans les monarchies européennes d’aujourd’hui.

Pour comprendre l’ambivalence de la relation des Français à la monarchie, on peut partir d’une interview donnée en 2015 par Emma- nuel Macron, dont l’intérêt pour la figure royale avait d’autant plus frappé les commentateurs qu’il passe pour un des plus « modernes » des hommes politiques :

« La démocratie comporte toujours une forme d’incom- plétude car elle ne se suffit pas à elle-même. Il y a dans le processus démocratique et dans son fonctionnement un absent. Dans la politique française, cet absent est la figure du roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n’a pas voulu la mort. La Terreur a creusé un vide émotionnel, imaginaire, collectif : le roi n’est plus là ! On a essayé ensuite de réinvestir ce vide, d’y placer d’autres figures : ce sont les moments napo- léonien et gaulliste, notamment. Le reste du temps, la démocratie française ne remplit pas l’espace. On le voit bien avec l’interrogation permanente sur la figure prési-

Philippe Raynaud est professeur de philosophie politique à l’université Paris-II Panthéon-Assas. Dernier ouvrage publié : la Politesse des Lumières (Gallimard, 2013, prix Montaigne, prix La Bruyère de l’Académie française).

› raynaudph@wanadoo.fr

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la nostalgie du roi

dentielle, qui vaut depuis le départ du général de Gaulle.

Après lui, la normalisation de la figure présidentielle a réinstallé un siège vide au cœur de la vie politique. Pour- tant, ce qu’on attend du président de la République, c’est qu’il occupe cette fonction. Tout s’est construit sur ce malentendu. (1) »

Ce qui est le plus remarquable dans cette analyse, c’est le glisse- ment opéré d’une analyse qui souligne l’« incomplétude » de la démo- cratie à des exemples d’ailleurs très différents (Napoléon, de Gaulle), mais qui semblent tous deux exprimer un appel à un renforcement de l’efficacité gouvernementale et de la puissance étatique. Dans la suite de son interview, le jeune ministre se situe d’ailleurs clairement dans la ligne de ceux qui, sous la IIIe et la IVe République, dénonçaient la faiblesse du pouvoir exécutif (2), en déplorant la préférence des Fran- çais « pour les principes et pour la procédure démocratique plutôt que pour le leadership » et en plaidant pour l’introduction dans la vie poli- tique française d’« un peu plus de verticalité ». Le président aurait pro- gressivement perdu sa dignité quasi-royale en devenant « normal » et cette désacralisation de la fonction présidentielle se paye par une perte d’autorité et d’efficacité gouvernante. Nous touchons là au cœur d’un certain imaginaire français, dont il faut précisément nous détacher si nous voulons comprendre les ressorts du sentiment monarchique dans les démocraties où l’institution royale a subsisté.

Dans l’Europe moderne, le modèle de la monarchie française a exercé une attraction puissante au XVIe et au XVIIe siècle, mais il a ren- contré assez vite un rival qui n’a pas cessé de limiter son influence. Ce modèle alternatif à la monarchie absolue est le régime anglais, que nous avons coutume d’appeler « monarchie parlementaire » ou « constitu- tionnelle » mais que la plupart des grands auteurs du XVIIIe siècle considéraient plutôt comme un « régime mixte », où coexistaient des éléments monarchiques et républicains (Hume) ou même qui était en fait « une République sous les dehors de la monarchie » (Montes- quieu). Ce régime n’a pas toujours été libéral, et on peut considérer que l’autorité de la grande Élisabeth Ire n’a pas grand-chose à envier à celles

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des rois de France, mais il se distingue par la permanence d’une orga- nisation complexe, dans laquelle le roi est inséparable du Parlement, dont il est lui-même une des composantes (King in Parliament) et qui est le véritable titulaire de la souveraineté. L’histoire de la monarchie anglaise est du reste une histoire sanglante, dans laquelle une longue guerre civile a opposé les deux « roses » de Lancastre et de York, et où, après que les Tudor aient incarné la réconciliation nationale, la tenta- tive des Stuart pour se rapprocher du modèle français a abouti à une première révolution « républicaine » et à l’exécution de Charles  Ier. L’institution royale a néanmoins survécu parce qu’elle apparaissait comme une composante naturelle d’une « Ancienne Constitution » dont l’origine se perd dans la nuit des temps mais qui est dans l’his- toire anglaise la source à laquelle il faut toujours revenir pour fonder la liberté. C’est pour cela que la « Glorieuse Révolution » (1688), qui vise à clore un cycle de changements en restaurant les libertés anglaises, se contente d’un écart minimal dans l’ordre de succession et ne remet pas en question l’institution royale, qui jouera encore un rôle majeur dans la politique anglaise du XVIIIe siècle, avant d’acquérir une place nouvelle et paradoxale avec le développement de la démocratie. À la fin du XVIIIe siècle, le roi n’est pas véritablement populaire et le sens dynastique n’est pas particulièrement développé dans un pays où différentes familles régnantes se sont succédé depuis la mort d’Élisa- beth Ire mais il est indiscutablement légitime parce qu’il joue un rôle doublement essentiel dans la Constitution (non écrite). Comme on l’a vu, et comme le redira Burke contre les révolutionnaires français, la permanence de l’institution royale s’inscrit d’abord dans une histoire continue qui est le vrai fondement de la liberté ; cette idée sera reprise plus tard par des libéraux conservateurs comme Walter Bagehot (3) et Guglielmo Ferrero (4) qui voient dans la permanence de la légiti- mité monarchique en Angleterre un facteur paradoxal de légitimation de la démocratie : le peuple anglais acceptait d’autant plus facilement d’obéir à la loi qu’il croyait en cela obéir à la reine (5). D’un autre côté, la Couronne est au fondement de l’unité de l’Empire, dont les sujets ne reconnaissent l’autorité que parce qu’ils sont les sujets du roi (6). L’invention de la famille royale et de ses traditions, qu’admire tant

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la nostalgie du roi

Régis Debray (7), viendra plus tard, avec Disraeli, qui a su voir dans la monarchie anglaise un puissant ressort de légitimité ; la reine Victoria incarnait l’unité de l’Empire, dont la gloire rejaillissait en retour sur la reine et sur la famille royale, en leur donnant une popularité dont les Tories étaient les premiers bénéficiaires. Le génie de la politique anglaise a fait le reste, qui repose sur la capacité des institutions à faire apparaître les innovations les plus radicales comme le fruit d’un développement naturel de la tradition. Sauvée par le divorce et l’abdi- cation d’Édouard VIII (dont les penchants pro-allemands n’auraient pas manqué de perturber la politique britannique), la monarchie a su jouer son rôle dans la mobilisation de l’Angleterre pendant la Seconde Guerre mondiale ; un beau film de Tom Hooper, le Discours d’un roi, a montré la transformation proprement royale qui permit au prince Albert de surmonter son bégaiement pour devenir le roi que la Grande-Bretagne attendait pour remplir sa tâche historique.

Le prestige de la royauté et la dimension people

L’histoire des autres monarchies parlementaires européennes est souvent assez différente de celle de l’Angleterre : la démocratie peut s’y être installée plus récemment, après de longues périodes de conflit de légitimité comme en Espagne, et le passage à la monarchie limitée ou « libérale » a pris des formes très diverses. Mais il reste que, pour l’essentiel, les monarchies constitutionnelles présentent deux points communs majeurs. D’un côté, même si son concours reste théorique- ment nécessaire pour donner une pleine autorité à certaines parties de la législation, le roi ou la reine n’a pas en temps ordinaire de fonc- tion législative ou gouvernante active ; d’un autre côté, l’institution royale continue d’être perçue comme un élément important de l’ordre constitutionnel : elle joue le rôle d’un garant paradoxal (puisque non démocratique) de l’État de droit et, plus généralement, elle apparaît comme une figuration sensible des limites de l’imaginaire démocra- tique (8). Le rôle de la monarchie est majoré dans les situations de crise, où elle peut faire pencher la société dans le sens de la transition

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démocratique : c’est ce qui s’est produit en Espagne lors de la tentative de coup d’État de 1981 (9) et il arrive aussi, comme c’est le cas en Belgique, que la figure du roi soit la dernière incarnation de l’unité nationale dans un pays en proie à des divisions irréductibles.

Si la monarchie peut encore apparaître comme la clé de voûte des institutions dans certaines situations difficiles, il n’est pas certain qu’elle puisse indéfiniment résister à la dynamique spontanée de la démocra- tie moderne. Dans les temps ordinaires, le prestige de la royauté peut se rapprocher de celui des people, ce qui ne va pas sans affecter dan- gereusement ce qu’elle peut conserver de sacralité. La famille royale anglaise a appris à gérer cette difficulté et si les incertitudes qui ont suivi la mort de la princesse Diana en 1997 ont pu paraître remettre en question le prestige de la famille royale, le savoir-faire de la reine a permis de montrer que la monarchie était capable de faire une place à la dimension people sans se laisser détruire par elle. Comme l’avait bien vu Régis Debray, les funérailles de Lady Di marquèrent provisoi- rement l’intégration de la sensibilité people dans les rites traditionnels (10). Le processus de désacralisation se poursuit depuis à bas bruit, mais il est contrebalancé par l’adhésion populaire à une vision enchan- tée de l’histoire anglaise qui fait évidemment une place importante à la monarchie. La question du « coût » de la monarchie et du montant de la liste civile revient périodiquement en débat, et certains journaux se demandent si la gentillesse de « Kate Middle-Class » peut suffire à légitimer la famille royale ; d’un autre côté, les Anglais (11) semblent se reconnaître dans Downtown Abbey, et les Tudor eux-mêmes font l’ob- jet d’une série télévisée populaire. À l’exemple anglais, on peut toute- fois opposer le contre-exemple de l’Espagne, où Juan Carlos n’a pas pu surmonter une impopularité croissante et a dû abdiquer en 2014 au profit de son fils Felipe, dont on ne sait pas encore s’il réussira à incar- ner durablement une monarchie dont le maintien dans la Constitu- tion de 1978 fut le fruit de compromis subtils et délicats, puisqu’il ne fut possible qu’avec l’accord des héritiers de la République. Pour finir, toutes les monarchies européennes doivent naviguer entre la tradition et le people et compenser la fin de leur gloire passée par l’entretien de leur popularité.

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la nostalgie du roi

Ce bref examen des ressorts qui font vivre aujourd’hui la monarchie suffisent à montrer la distance qui sépare la France des autres démo- craties. Le fait majeur en France est que la monarchie a cessé d’être naturelle et que sa très improbable restauration ne pourrait apparaître que comme la revanche d’une France irrémédiablement disparue contre un régime (la République) dont la légitimité n’est plus réelle- ment contestée. Si, comme le disait François Furet en 1978 (12), la révolution française est terminée, c’est parce que, d’un côté, la gauche a de fait abandonné la perspective d’une autre révolution et que, de l’autre, la droite a fini par accepter l’essentiel de la Révolution. La force des monarchies contemporaines vient de ce qu’elles incarnent la continuité historique et que de ce fait même elles peuvent apparaître comme des garantes d’unité et de modération ; or, la réinstallation de la figure du roi dans les institutions françaises apparaîtrait comme une nouvelle rupture dans l’histoire de France, qui marquerait la victoire des vaincus contre des vainqueurs qui, aujourd’hui, se confondent avec la quasi-totalité du peuple français. Plus profondément, on peut considérer que le sort de l’idée monarchique s’est joué au début de la IIIe République, lorsque les efforts d’une Assemblée qui comptait en son sein beaucoup de royalistes pour ménager une possibilité de restauration ont été anéantis par le prétendant lui-même, qui refusait le drapeau tricolore au motif que Henri V ne pouvait reconnaître que le drapeau blanc de Henri IV. La tentative ultérieure de l’Action fran- çaise pour faire de la monarchie l’instrument du nationalisme intégral ne fit qu’accentuer le divorce entre le pays et l’idée monarchique : la dévotion au « roi » de Charles Maurras et de ses amis s’appuyaient sur un calcul utilitaire sans véritables racines émotionnelles (13), elle était trop hostile à l’ensemble de l’héritage révolutionnaire pour fon- der l’unité nationale et elle s’insérait dans un programme autoritaire peu compatible avec la sérénité que l’on attend de la figure royale. La naissance ultérieure de la Ve République devait confirmer cet échec : la

« monarchie républicaine » pouvait bien tenter de restaurer un « pou- voir d’État » affaibli par « cent soixante-neuf ans » (14) de discorde, elle restait parfaitement étrangère à la symbolique royale. La France a cherché, et en grande partie réussi, à doter la République d’un pouvoir

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gouvernemental qui a hérité de certains traits de l’ancienne monarchie absolue mais elle a du même coup fait le deuil de ce qui, ailleurs, fait vivre l’idée royale, qui ne survit plus guère que chez des conteurs (par- fois talentueux) comme Stéphane Bern ; elle a en revanche su promou- voir, pour son plus grand bonheur, la famille du prince de Monaco, grâce à qui la dimension people de l’imaginaire royal est présente dans le royaume de Philippe Auguste et de Saint Louis.

1. Le 1, n° 64, 8 juillet 2015.

2. Voir sur cette question le beau livre de Nicolas Roussellier, la Force de gouverner. Le pouvoir exécutif en France. XIXe-XXIe siècles, Gallimard, 2015.

3. Walter Bagehot, The English Constitution, Chapman and Hall, 1867.

4. Guglielmo Ferrero, Pouvoir. Les génies invisibles de la cité, traduit en 1943 et en 1945, rééd. Livre de Poche, 1988.

5. Walter Bagehot, op. cit., cité in Philippe Lauvaux, « Monarchies, royautés et démocraties couronnées », le Débat, n° 73, janvier-février 1993, p. 109.

6. C’est pour cela que, pour l’Irlande comme pour les États-Unis, le choix de la forme républicaine de gouvernement était inséparable de la lutte pour l’indépendance.

7. Voir notamment « Admirable Angleterre », in le Monde, 10 septembre 1997.

8. Sur tous ces points, je renvoie à l’article fondamental de Philippe Lauvaux, auquel je dois plus que je ne saurais dire ; Philippe Lauvaux, art. cit., p. 103-120.

9. Le rôle joué par Siméon II en Bulgarie (comme premier ministre entre 2001 et 2005) montre d’ailleurs que l’imaginaire monarchique (et en l’occurrence dynastique) peut être présent dans la transition démo- cratique sans même qu’il soit besoin de restauration.

10. Régis Debray, « Admirable Angleterre », art. cit.

11. Il n’est pas certain que ce soit le cas de tous les Britanniques.

12. François Furet, Penser la révolution française, Gallimard, 1978.

13. Voir sur ce point les souvenirs de Philippe Ariès, Un historien du dimanche, Le Seuil, 1980, p. 52, cité par Philippe Lauvaux, art. cit., p. 118.

14. Cent soixante-neuf ans représente la différence entre 1958 et 1789, que de Gaulle évoque dans son récit de la genèse de la nouvelle Constitution dans Mémoires d’espoir, Plon, 1999.

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