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Relation entre facteurs cliniques de risque, antécédents de chute et l’ostéoporose ou la survenue de fractures chez des patients orientés pour exploration par ostéodensitométrie

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Academic year: 2022

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Relation entre facteurs cliniques de risque, antécédents de chute et l’ostéoporose ou la survenue de fractures chez des patients orientés pour exploration par ostéodensitométrie.

Association between clinical risk factors, fall’s history, osteoporosis or fractures among patients referred to an open access bone densitometry service

Kawtar Nassar

1

, Zineb Serhier

2

, Wafae Rachidi

1

, Saadia Janani

1

, Ouafa Mkinsi

1

1 Service de Rhumatologie, CHU Ibn Rochd, Casablanca - Maroc.

2 Laboratoire d’Informatique Médicale, Faculté de Médecine et de Pharmacie de Casablanca, Université Hassan II - Maroc.

Résumé

Introduction La réduction de la densité osseuse, appréciée par l’absorptiométrie biphotonique aux rayons X, et l’histoire de chute sont parmi les facteurs essentiels de risque de fracture non vertébrale. Plusieurs publications proposent l’ostéodensitométrie aux sujets chuteurs pour rechercher une fragilité osseuse qui justifierait un traitement anti-ostéoporotique.

Les objectifs de l’étude : déterminer la prévalence des facteurs de risque ayant motivé l’ostéodensitométrie, la prévalence des facteurs de risque de chutes, puis celle qui associe ostéoporose densitométrique et fractures.

L’évaluation d’un risque de chutes étant mal estimée, les objectifs principaux de ce travail sont de déterminer les causes de survenue des chutes, d’évaluer la relation entre une histoire de chute, la fragilité osseuse et le risque de fractures.

Méthodes: Etude monocentrique, transversale et descriptive, menée durant 24 mois auprès de 444 patients adultes, ceux-ci adressés par des médecins référents familiers des prescriptions d’ostéodensitométrie. Les patients étaient interrogés à propos des facteurs de risque d’ostéoporose et d’un risque de fractures. Les analyses uni et multivariées étudient les facteurs associés à la chute dans les 12 derniers mois.

Résultats: Ont été inclus 410 femmes et 34 hommes.

L’âge moyen est de 59,3 ans (σ =12,6). 18,3% des patients avaient au moins un antécédent de chute dans les 12 derniers mois et 22,5% un antécédent de fracture à la suite d’un traumatisme de faible énergie. Quarante deux point six p. cent des patients sont ostéoporotiques. L’étude de liaison ne retrouve pas d’association significative entre l’ostéoporose densitométrique et le risque de chute (p = 0,905). En analyse multivariée en revanche, une histoire de chutes est significativement liée aux antécédents de fractures (p = 0,02), à une aide à la marche (p = 0,01), à des troubles de la vision (p <0,001), à l’existence d’une polyarthrite rhumatoïde (p = 0,02) et enfin à la présence d’un diabète (p = 0,018). Après ajustement pour les autres facteurs, l’antécédent de chute se révèle être un facteur indépendant de survenue de fractures (p = 0,008).

conclusion: Cette étude montre que la chute est un facteur de risque de fracture, déterminant et totalement indépendant. Nos résultats inclinent à intégrer aux tests diagnostiques et d’évaluation du risque fracturaire, l’histoire clinique de chute et les facteurs de risque spécifiques.

Mots clés

:

Chute ; fragilité osseuse ; ostéoporose ; ostéodensitométrie ; fracture ; FRAX.

Abstract

Introduction: The reduction in bone density assessed by dual-energy X ray absorptiometry and fall history represent the first two risk factors of non-vertebral fracture. Several publications indicate osteodensitometry to subjects with experienced falls in search of bone fragility and may justify a treatment for osteoporosis.

Study purpose: Determine the prevalence of risk factors justifying bone densitometry, those of falls, osteoporosis and fractures. Because of the reduce attention according to falls, the mean purposes were the evaluation of fall’s factors, the relation between fall’s history, bone fragility and fractures risk.

Methods: Transversal and descriptive monocentric cohort study conducted for 24 months in 444 patients referred by physicians regularly use prescription of BMD by DXA. All patients were interviewed on the risk factors for osteoporosis and fractures. Uni and multivarieties analyses evaluated the factors of falls in the 12 last months.

Results: Data included 410 women and 34 men. The average age was 59.3 years (σ = 12.6). 18.3% of patients had at least a history of falls in the previous 12 months and 22.5 % a history of fracture after a low-energy trauma.

42.6 % were osteoporotic. We did not find significant association between osteoporosis and fall history (p = 0.905). However, in multivariate analysis, risk factors associated were : fracture history (p = 0.02), walking aid (p = 0.01), blurred vision (<0.001), Rheumatoid arthritis (p

= 0.02) and diabetes (p = 0.018). Moreover, after adjusting for other factors, the past of fall was an independant factor of risk-fractures (p = 0.008).

conclusion : This study demonstrates that the fall is a determinant and independent factor of fracture. Data confirm the importance to integrate in the practice the past history of fall, the specific risk factors to diagnostic tests as the performance tools to evaluate the risk of fractures.

Key words

:

Fall; bone fragility; osteoporosis; bone densitometry; fracture; FRAX.

Rev Mar Rhum 2018; 43:51-8

Correspondance à adresser à : Dr. K. Nassar DOI: 10.24398/A.274.2018

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Les fractures ostéoporotiques sont fréquentes. Elles sont associées à une morbidité et à une mortalité importantes.

La pathogénie en est complexe mais semble intégrer les facteurs squelettiques affectant la résistance osseuse et ceux relatifs au risque de chute [1]. Ces fractures sont ainsi plus fréquentes chez les patients qui présentent un certain nombre de déterminants communs à l’ostéoporose et à celui du risque de chute, comme l’âge élevé, le génotype, un faible poids, des altérations de la masse et de la force musculaire ou encore la réduction de la mobilité et de l’activité physique [2]. Chez les sujets âgés qui chutent souvent, plusieurs publications rapportent que la densité minérale osseuse (DMO) est plus basse que celle des non chuteurs avec le constat qu’une ostéoporose concomitante augmente le risque de chute de 2.17 [3,4]. Ainsi, la prescription d’une ostéodensitométrie biphotonique aux rayons X (DXA) est nécessaire pour décider d’un traitement protecteur. Cependant, la prévalence de l’ostéoporose n’est pas constante chez les patients ayant des facteurs de chute sans influence directe sur la DMO et on ne dispose d’aucune donnée qui puisse suggérer qu’un traitement à visée osseuse réduirait le risque de fracture dans une population avec uniquement un risque de chute [5]. Plus de 90% des fractures de la hanche sont dues à des chutes [6]. En dépit de la forte invalidité et de la mortalité à ce type de fracture, il n’est accordé que peu d’attention à l’évaluation du risque de chute lorsque la DMO est mesurée.

Pour ce qui concerne l’usage du FRAX ou « Fracture Risk Assessment », la limite évidente de cet outil est qu’il ne prend pas en compte, parmi les facteurs de risque prédictifs de fracture le paramètre « chute ». A cet égard, la DMO et le risque de chute mériteraient d’être recherchés de façon systématique et conjointe chez les patients initialement admis pour un examen DXA uniquement. Dans cette étude, nous évaluons la contribution des facteurs de risque (FDR) cliniques et densitométrique dans le but d’estimer le risque de chutes ainsi que les liens entre DMO, antécédent de chutes et fractures.

PATIENTS ET MéThODES

Type de l’étude

Le service de rhumatologie du centre Hospitalier Universitaire de Casablanca comporte une unité d’étude des pathologies osseuses. Il est doté d’un appareil d’ostéodensitométrie biphotonique aux rayons X de marque Hologic. Cette exploration est d’un accès ouvert à tous les patients adressés par des médecins prescripteurs

de DMO. Notre étude est transversale et descriptive, menée sur une période de 2 ans (du 07-05-2014 au 16-05-2016) auprès de patients admis pour DXA et qui répondent aux critères d’inclusion que nous avons fixés.

Nous avons recruté, après consentement éclairé, des patients adultes en mesure de répondre aux questionnaires établis et pour lesquels la DMO est interprétable aux sites lombaires (L2-L4), au col fémoral et à la hanche totale avec le même appareil DXA-Hologic. Sont exclus les sujets ayant préalablement bénéficié d’un traitement anti- ostéoporotique ou bien en cours de traitement.

Questionnaire destiné aux patients

Un questionnaire rédigé en français, comporte des questions à choix unique ou multiple, destinées à être remplies une seule fois, soit directement par le patient ou à défaut par l’enquêtrice, en respectant l’anonymat. Les questions sont traduites et expliquées en arabe si besoin.

Les items de l’entretien identifient en premier la spécialité du médecin prescripteur puis enquêtent sur l’histoire des fractures, en insistant particulièrement sur les antécédents de fracture de faible énergie et le siège des traumatismes.

Ainsi sont précisés l’histoire des chutes des 12 derniers mois (nombre et le mécanisme de la chute), la présence éventuelle de troubles de la vision et si une aide à la marche est nécessaire. La seconde partie est consacrée aux facteurs de risque de fractures : parmi lesquels, l’âge, des antécédents de fracture, l’âge de la ménopause, la présence de maladies chroniques associées (polyarthrite rhumatoïde, diabète, hyperthyroïdie…). Il est recherché également la prise de corticostéroïdes depuis plus de 3 mois, la notion d’un tabagisme ou d’un alcoolisme. Le questionnaire interroge également sur la prise de calcium ou/et de vitamine D. En fin d’entretien, la mesure du poids, de la taille et les résultats de la DMO aux 3 sites sont reportés. Nous précisons que les valeurs de T-score qui définissent l’ostéoporose densitométrique sont ceux établis par l’OMS (ostéoporose pour un T-score ≤ -2,5 DS, ostéopénie entre -1 et -2,5 DS et DMO normale si > -1 DS).

Méthodes statistiques

Les variables quantitatives utilisées sont décrites par les moyennes et les écart-types. Le test exact de Fisher sert à comparer les variables qualitatives. ANOVA a été utilisé pour comparer les variables continues entre plusieurs groupes et le test khi-deux pour apparier les proportions.

Une valeur de p < 0,05 est retenue comme statistiquement significative. L’analyse multivariée tient compte d’un modèle de régression logistique qui inclut initialement

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Caractéristiques Nombre de patients = 444 n (%)

Sexe féminin 410 (92,3)

Femmes ménopausées 370 (90,2)

Age moyenne (A)

< 65 ans

≥ 65 ans

59,3 (12,6) 293 (66,0) 151(34,0) Indice de masse corporelle (Kg/m2)

Moyenne (a) Maigre (<19) Normal (19-25) Surpoids (> 25)

27,6 (5,1) 9 (2,0) 135 (30,4) 300 (67,6) Antécédent de fracture de faible traumatisme

Poignets Hanche Tibia Humérus Autres

101 (22,5) 38 17 15 10 17 Histoire des chutes

Au moins une chute dans les 12 derniers mois Chute de la hauteur

Perte de l’équilibre et malaise hypoglycémique Chute par glissement

Présence des troubles de la vision Utilisation d’une aide à la marche

81 (18,3) 21(4,7)

18 (4) 12 (2,7) 112 (25,2)

34 (7,7) Autres facteurs de risque de fractures

Ménopause précoce Polyarthrite rhumatoïde Diabète

Hyperthyroïdie

Corticothérapie depuis plus de 3 mois Tabagisme

Consommation d’Alcool

77 (18,8) 54 (12,2) 62 (14,0) 46 (10,4) 76 (17,1) 12 (2,7) 11 (2,5) Prise de calcium

Prise de la vitamine D

93 (20,9) 88 (19,8) Densité minérale osseuse (T-score)

Ostéoporose (T-score ≤ -2,5) Rachis lombaire

Col fémoral Hanche totale

Ostéopénie (-1 ≤ T-score <-2,5) Rachis lombaire

Col fémoral Hanche totale

189 (42,6) 173 (39,0)

54 (12,2) 58 (13,1) 163 (36,7)

160 (36,0) 177(39,9) 152 (34,2) Tableau 1 : Caractéristiques des patients inclus dans l’étude, leur histoire de chutes, de fractures et la prévalence des facteurs de risque de fractures.

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Variables Chute dans les 12

derniers mois n (%) Patients non chuteurs

n (%) OR (IC 95%) P value

Age

< 65 ans

≥ 65 ans

41(13,8) 42 (27,8)

256 (86,2)

109 (72,2) 2,51 (1,54-4,10) <0,001

Ménopause 73 (19,7) 297 (80,3) 5,43(1,2922,90) 0,021

IMC (Kg/m2) Maigreur

Normal ou Surpoids

5 (38,5) 78 (17,9)

8 (61,5)

357 (82,1) 0,44 (0,11-1,79) 0,249

Antécédent de fractures 29 (28,7) 72 (71,3) 2,06 (1,21-3,49) 0,003

Facteurs de risque de Fracture Aide à la marche

Troubles de la vision Ménopause précoce Polyarthrite rhumatoïde Diabète

Hyperthyroïdie

Corticothérapie plus 3 mois Tabagisme

Alcoolisme

28 (82,4) 53 (47,3) 16 (20,8) 20 (37) 18 (29) 8 (17,4) 18 (23,4)

4 (33,3) 5 (38,5)

6 (17,6) 59 (52,7) 61 (79,2) 34 (63) 44 (71) 38 (82,6) 59 (76,6) 8 (66,7) 8 (61,5)

31,43 (12,43-79,49) 9,75 (5,71-16,67)

1,24 (0,67-2,31) 3,16 (1,71-5,86) 2,07 (1,12-3,82) 0,94 (0,42-2,09) 1,50 (0,83-2,72) 2,31 (0,68-7,85) 2,64 (0,76-9,25)

<0,001

<0,001 0,490

<0, 001 0,020 0,874 0,179 0,182 0,060 Prise de calcium

Prise de la vitamine D 27 (28,1)

20 (22,5) 69 (71,9)

69 (77,5) 1,94 (1,13-3,32)

1,42 (0,81-2,51) 0,016 0,225

DMO (T-score)

Ostéoporose (T-score ≤ -2,5) Rachis lombaire

Col fémoral Hanche totale

Ostéopénie (-1 ≤ T-score<-2,5) - rachis lombaire

- col fémoral - hanche totale

36 (18,8) 29 (35,8) 14 (17,3) 13 (16,0)

34 (72,3) 31 (38,3) 32 (39,5) 39 (48,1)

156 (81,3) 144 (39,7)

40 (11,1) 45 (12,5)

129 (62,0) 129 (35,5) 120 (33,3) 138 (38,2)

0,97 (0,60-1,58) 0,85 (0,51-1,40) 1,68 (0,86-3,26) 1,34 (0,69-2,63)

1,60 (0,80-3,22) 1,13 (0,68-1,85) 1,31 (0,80-2,15) 1,50 (0,92-2,45)

0,905 0,519 0,127 0,144

0,186 0,643 0,292 0,101 Tableau 2 : Facteurs associés à la chute dans les 12 derniers mois en analyse univariée

DMO: densité minérale osseuse, IMC: indice de masse corporelle

toutes les variables de degré de signification en analyse univariée d’une valeur de p < 0,20 ainsi que celles rapportées par la littérature. Une procédure « pas à pas » de modèle descendant a été utilisée et toutes les analyses sont effectuées avec le logiciel SPSS 16.0.

RéSuLTATS

Quatre cent quarante-quatre patients ont été inclus.

Ils se répartissent entre 410 femmes pour 34 hommes.

La majorité des femmes est ménopausée (89,6 %). La moyenne d’âge est de 59,3 ans (σ =12,6) ; 34 % ont 65 ans ou plus. Les caractéristiques des patients, leur histoire de chutes et de fractures ainsi que les autres facteurs de risque de fractures sont résumés dans le tableau 1. Parmi les patients, 22,5 % ont un antécédent de fracture de faible énergie et 18,3% signalent au moins un antécédent de chute dans les 12 derniers mois. La ménopause précoce, une prise de corticostéroïdes au long cours, la présence

(5)

d’une polyarthrite rhumatoïde (PR) ou d’un diabète constituent les principaux facteurs de risque motivant une demande d’examen densitométrique. Les médecins prescripteurs sont majoritairement des rhumatologues (n = 256 soit 57,1 %) ; les autres se répartissent ainsi : 41 endocrinologues (9,2 %), 37 internistes (8,2 %), 24 généralistes (5,4 %), 23 gastro-entérologues, 20 traumatologues, 16 oncologues. Pour 31 médecins, il s’agit d’autres spécialités : gynécologie, médecine physique, néphrologie, neurologie, chirurgie.

Sur au moins un des sites explorés par DXA, une ostéoporose densitométrique est retrouvée chez 42,6

% des patients avec un intervalle de confiance à 95%

(IC95%) évalué à 38,0 - 47,2. L’ostéopénie concerne 36,7 % des patients (IC95% , 32,2 - 41,2).

En analyse univariée, les associations entre les différentes variables et la chute sont résumées dans le tableau 2. Le risque de chutes est significativement associé à l’âge (p

< 0,001), à la ménopause (p = 0,021), à un antécédent de fractures (p = 0,003). Comme autres associations statistiquement significatives, il est retrouvé un trouble de la vision (p < 0,001), une aide à la marche (p <

0,001), une PR (p < 0,001), un diabète (p = 0,020), la

prise de calcium (p = 0,016). En revanche, il n’apparait pas d’association entre ostéoporose ou ostéopénie et les antécédents de chutes (p = 0,905 ; 0,186).

Les résultats en analyse multivariée sont décrits dans le tableau 3. Après ajustement, la chute apparaît significativement liée à l’antécédent de fractures, à une aide à la marche, aux troubles de la vision, à la présence d’une PR ou à celle d’un diabète.

Le tableau 4 décrit les résultats des facteurs associés à la fracture en analyse mutivariée. L’antécédent de chute est un facteur indépendant de fracture quelque soit la valeur de la DMO retrouvée (p = 0,008).

DISCuSSION

Cette étude nous permet, chez des patients adultes, d’analyser la contribution des facteurs de risque cliniques et densitométrique dans l’estimation du risque de chutes. Les patients sont initialement référés pour un examen densitométrique par DXA. Nous évaluons, comparativement à la littérature, les liens entre la fragilité osseuse, l’histoire des chutes et un antécédent de fracture.

En dépit du caractère transversal de ce travail, nos

Variables OR (95% IC) p-value

Age65 ans 0,986 (0,412-2,357) 0,974

ATCD de fracture 4,271 (1,719-10,611) 0,02

Aide à la marche 11,214 (2,815-44,670) 0,01

Trouble de la vision 8,587 (3,540-20,829) <0,001

Polyarthrite rhumatoïde 8,047 (2,218-29,192) 0,02

Diabète 3,194 (1,217-8,382) 0,018

Corticothérapie3 mois 0,603 (0,156-2,331) 0,463

Tabagisme 0,241 (0,013-4,518) 0,341

Ostéopénie (-1 Tscore <

-2,5) 2,204 (0,875-5,552) 0,094

Tableau 3 : Résultats en analyse multivariée par régression logistique : Ajustement pour les facteurs prédicteurs de chute.

ATCD : antécédent

Tableau 4 : Résultats en analyse mutivariée par régression logistique pour les facteurs prédictifs de fracture.

Variables ORb (IC 95%) P

Chute 2,06 (1,21-3,49) 0,008

Ostéoporose 1,19 (0,76-1,87) 0,448

Ostéopénie 1,01 (0,54-1,90) 0,969

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résultats mettent en évidence l’importance des facteurs de risques cliniques dans la survenue des chutes. Nous avons retenu des variables qui sont d’une part jugées prédictives de chutes et d’autre part, qui nous paraissent adaptées à l’enquête clinique et potentiellement remédiables. Il ressort de notre travail, une association marquée entre un risque de chute élevé et un antécédent de fracture.

Également et de façon forte, la présence d’une aide à la marche, de troubles de la vision, la coexistence d’une polyarthrite rhumatoïde ou d’un diabète sont des facteurs qui interviennent. Dans l’analyse univariée, l’âge avancé et la ménopause, la prise du calcium sont des facteurs surajoutés de risque de chutes. En revanche, ces derniers paramètres n’apparaissent pas dans l’analyse multivariée comme des facteurs de risque indépendants. En opposition aux travaux antérieurs [7, 8, 9,10], nous ne retrouvons pas d’association significative entre ostéoporose ou ostéopénie densitométrique et un risque de chute. Dans la littérature, cette relation s’explique en partie par l’existence de déterminants communs comme l’âge élevé, des paramètres génétiques et anthropométriques particuliers, des seuils de force musculaire abaissés (sarcopénie du sujet âgé), par une diminution de l’activité physique ou de la mobilité ou encore par la présence de certaines déficiences hormonales (en particulier celles de l’axe GH/IGF1 ou celles des hormones sexuelles) ou enfin par un déficit en vitamine D [11,12]. En France , un groupe d’experts, rejoint les recommandations du “UK National Service Frame-work” pour considérer la DMO comme un outil significatif nécessaire à apprécier le risque de fracture et recommande, pour un sujet chuteur, des mesures par DXA [13].

Les facteurs de chutes que notre étude a relevé sont également signalés par d’autres travaux [14,15]. Lors de l’étude nationale qui évalue le risque d’ostéoporose (étude NORA), les données fournies par l’observation de 66 134 femmes post-ménopausées (dont plus de la moitié est âgée de moins de 65 ans), font apparaitre au moins un antécédent de chute chez 32,8% des participantes.

Toujours dans ce travail, il a été identifié 18 facteurs de risque significatifs, indépendants et qui seraient prédictifs d’une propension à chuter. Parmi les facteurs identifiés, il faut citer l’âge, un ou plusieurs antécédents de fracture, une histoire de polyarthrite chronique, un diabète [16].

Les autres paramètres qui se distinguent sont l’existence d’une dépression, la prise de médicaments sédatifs, une limitation de l’activité physique, un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 30 kg/m2, un antécédent de maladie rénale ou hépatique, des troubles cognitifs, une

faible audition, une hypothyroïdie et une diminution de la taille. Plusieurs études confirment l’association, au risque de chute, d’un dysfonctionnement neuro-musculaire, d’une sarcopénie, d’un défaut d’équilibre ou de troubles de la mobilité, ces perturbations étant fréquentes chez le sujet âgé.

Les solutions qui pourraient atténuer la fréquence et les répercussions de ces défaillances, passent par le changement de mode de vie : l’aménagement du domicile, une alimentation riche en protéines, en vitamine D et en minéraux. A ce changement, il faut associer une activité physique régulière et adaptée par des programmes de renforcement musculaire et un travail de coordination neuro-musculaire [17,18]. Pour évaluer ces anomalies de coordination-équilibre, il existe plusieurs tests. Les plus utilisés sont les tests d’équilibre dynamique en appui monopodal et ceux de la fonction musculo-squelettique des membres inférieurs comme le « Get-Up and Go Test » de Mathias et al [19] ou le « Timed Up and Go ou TUG

» [20].

Le risque d’ostéoporose, lorsqu’il est associé à celui de chute, contribue à l’augmentation de la probabilité de fractures ; celles-ci sont à l’origine d’une morbidité et d’une mortalité importantes. Dans notre étude, les données concernant l’association entre la fragilité osseuse, l’histoire de chutes et de fractures identifient en analyse multivariée, l’antécédent de chute comme un facteur indépendant de risque de fractures et ce, quelque puisse être la valeur de la densité minérale osseuse. D’autres travaux rapportent les mêmes résultats : la cohorte COSHIBA, menée au Royaume-Uni et portant sur 2424 femmes âgées de 65 à 84 ans, comme l’étude prospective française (OFELY) qui inclue 672 femmes ménopausées, montrent toutes deux que la chute est un facteur indépendant de survenue de fracture avec, respectivement, un OR de 1,49 (IC 95 % 1,13-1,94) [21] et de 1,76 (IC 95 % 1,00-3,09) [22].

Nombre d’autres travaux démontrent la forte association entre la chute et la survenue de fracture avec un risque plus élevé chez les personnes ayant des antécédents de chutes multiples [23, 24, 25]. Cette association est encore plus importante chez la femme et augmente avec l’âge [26].

Des données épidémiologiques françaises rapportent qu’environ 30 % des femmes de plus de 65 ans et plus de 40 % de femmes de plus de 75 ans sont concernées [27].

A partir de la cohorte suédoise MrOS [24], 16% environ des hommes parmi les 18 000 inclus ont déclaré au moins une chute dans l’année qui précède celle-ci. Lors du suivi moyen qui est de 1,8 années, 39% rapportent au moins

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une chute. Ce risque est corrélé à l’augmentation des probabilités de fractures calculées par le FRAX (ratio de risque par DS - 1,16 ; IC95% : 1,06-1,26). Cet outil FRAX indique que chaque antécédent de chute qui date des 12 derniers mois, augmente le risque de fracture de 30%.

Malheureusement, l’histoire de chute n’est toujours pas incluse comme une variable dans cet outil. L’absence de données uniformément fiables dans les cohortes utilisées pour développer le FRAX en seraient l’explication. En effet, même s’il est reconnu que le risque de fracture dépend de la résistance osseuse et des contraintes mécaniques qui s’exercent sur l’os, il est difficile de les intégrer dans un cadre de dépistage à grande échelle. Ainsi, la réduction de la DMO demeure à cette heure, le facteur de risque le plus significatif tout en tenant compte que la moitié des fractures survient chez des patients ne présentant pas d’ostéoporose densitométrique. Il est probable que pour cette catégorie de patients, l’outil FRAX permettrait d’évaluer le risque en situation d’ostéopénie [28].

La prévention des fractures demeure l’un des objectifs diagnostique et thérapeutique de lutte contre l’ostéoporose.

La chute constituant un facteur de risque de fracture déterminant, il serait essentiel d’ajouter ce paramètre dans les stratégies de prise en charge. Ainsi, A Patricia et collaborateurs proposent un algorithme déterminant le risque de chute basé sur 2 outils validés [29]. L’un estime la probabilité de fracture et le second porte sur l’évaluation fonctionnelle de la marche. L’algorithme tente d’identifier les patients présentant le plus grand risque de fracture de façon à dégager les mesures adéquates qui préserveraient le capital osseux, minimiseraient les chutes, prévenant ainsi les fractures. Des recommandations ayant trait à l’éducation thérapeutique et au bienfait de l’exercice physique ont également été précisées. Il serait utile de pouvoir intégrer dans l’algorithme de calcul du FRAX, outre la densitométrie systématique, un facteur de risque de chute dont il faudrait évaluer la pondération pour en affiner la spécificité d’évaluation. Cette pondération nécessaire tiendrait compte des renseignements récoltés par l’interrogatoire (antécédents de chutes avec ou sans fracture), de l’âge et de maladies associées qui altèreraient l’équilibre.

En conclusion, notre travail souligne l’importance de tests simples pour préciser les facteurs cliniques de risque de chute associés à la mesure de la densité minérale osseuse.

La relation exacte entre ces facteurs et les stratégies de prévention qui en découleraient, comme nous l’avons mentionné précédemment, sont encore un défi.

Contrairement à d’autres travaux, notre étude a concerné les deux sexes et a évalué deux paramètres essentiels : d’une part, la contribution des facteurs cliniques de risque de chute adaptés à une enquête et d’autre part, la valeur de la DMO pour apprécier ce même risque. Secondairement, il est étudié la relation entre la fragilité osseuse, la survenue de chutes et de fracture. Dans ce travail, il est important de souligner le nombre important de patients inclus, référés en « accès ouvert » par tous médecins familiers des prescriptions de DMO-DXA, sans qu’il n’y ait eu de présélection au départ, en dehors de celle imposée par l’âge. Il demeure cependant des limites et en particulier, l’impossibilité d’intégrer les tests spécifiques évaluant des propensions à chuter ou des paramètres biologiques, qui permettraient ainsi d’évaluer avec précision ce risque. De même, la prévalence des chutes que nous avons retrouvée est faible (18,6 %) et ne peut en aucun cas être extrapolée à la population générale. Enfin, le suivi des patients n’a pu être étudié puisqu’il ne fait pas partie des objectifs fixés au préalable.

CONCLuSION

Dans le futur, la recherche devrait identifier les domaines qui permettraient d’évaluer avec exactitude et anticipation les fragilités osseuses et les risques de fractures dans le but d’élaborer des stratégies efficaces de prévention.

CONfLITS D’INTéRêTS

:

les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

Nos remerciements à Mme R. Kadiri qui a réalisé les examens ostéodensitométriques.

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Références

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