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La Syrie de Bachar El Assad : réforme intérieure et prudence géopolitique

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Academic year: 2021

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Submitted on 24 Mar 2021

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La Syrie de Bachar El Assad : réforme intérieure et prudence géopolitique

Fabrice Balanche

To cite this version:

Fabrice Balanche. La Syrie de Bachar El Assad : réforme intérieure et prudence géopolitique. EurOr- ient, L’Harmattan, 2009, LE LEVANT FACE À SON DESTIN ? Quelles feuilles de route ?, pp.37-49.

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Eurorient, juin 2007

La Syrie de Bachar El Assad : réforme intérieure et prudence géopolitique

Où va la Syrie de Bachar El Assad ? En juin 2000, la succession d’Hafez El Assad, qui dirigea d’une main de fer la Syrie pendant 30 ans, ne paraissait pas évidente.

Son fils âgé seulement de 34 ans et, disait on, mal préparé à exercer le pouvoir, serait-il capable de s’imposer à la tête du régime baathiste ? Après quelques années de flottement et d’interrogation, force est de constater que Bachar El Assad a su s’imposer. Le plébiscite qu’il requiert cette année pour un nouveau mandat de 7 ans lui sera accordé sans grand effort ? A l’intérieur du pays la contestation est restée, durant son premier mandat, très limitée malgré l’absence de démocratisation du régime. A l’extérieur, en revanche, le nouveau Président syrien n’a guère été ménagé. L’intervention américaine en Irak augurait mal de l’avenir du régime baathiste syrien. A l’automne 2004, la résolution 1559 de l’ONU exigeant le retrait des troupes syriennes du Liban fut un véritable camouflet pour Bachar El Assad qui finit par s’exécuter en avril 2005. A l’automne 2005, sa mise en accusation pour l’assassinat de l’ancien premier ministre libanais Rafic Hariri entraîna son isolement sur le plan international et même au sein des pays arabes. Aujourd’hui Bachar El Assad semble avoir réussi à sortir la Syrie de l’ornière, il apparaît de nouveau comme un partenaire indispensable et fréquentable au Proche-Orient. La visite de la présidente démocrate du Sénat américain à Damas et le traitement que lui ont réservé les Saoudiens au sommet de la Ligue Arabe à Riyad en mars 2007 témoignent du réchauffement des relations avec la Syrie.

Une des raisons de ce retour en grâce est sans doute due à la modération que lui dicte la situation politique et économique de la Syrie. Bachar El Assad ne peut se permettre un embargo économique comparable à celui qu’a subit l’Irak de Sadam Hussein dans les années 1990, car la bourgeoisie syrienne l’abandonnerait aussitôt.

Il n’a pas non plus les moyens de soutenir une guerre face à Israël, tant du point de vue militaire que vis-à-vis d’une opinion publique qui est lasse de ce conflit. La passivité de la Syrie lors de l’attaque israélienne du Liban durant l’été 2006 est des

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plus significatives. Le régime de Bachar El Assad repose sur des équilibres intérieurs qui ne peuvent être mis à mal par un aventurisme géopolitique. La transition entre l’économie dirigée des années 1980 et la libéralisation modifie profondément l’organisation du pouvoir en Syrie et contribue à sa retenue sur la scène internationale.

Le système Hafez El Assad

En 1991, un journaliste américain demandait à Hafez El Assad si, avec la chute de l’URSS, il allait changer de système. Le président syrien lui répondit que non, il avait mis 20 ans à construire son système de pouvoir, pourquoi faudrait-il en changer alors qu’il fonctionnait si bien ? Le socialisme n’était pas un dogme idéologique en Syrie, ni la conséquence de son alignement sur Moscou durant la guerre froide, mais un moyen pour la assabiyya 1 d’Hafez El Assad de consolider le pouvoir acquit à la suite du coup d’Etat baathiste de 1963. Provenant de la petite bourgeoisie rurale, Hafez El Assad, comme les autres dirigeants du Baath, se devait d’éliminer la classe concurrente : la bourgeoisie citadine et les grands propriétaires terriens. La réforme agraire et la nationalisation des industries et de la finance était un excellent moyen pour , tout en s’assurant le soutien des masses rurales qui bénéficiaient directement des redistributions de la terre. La politique de développement permit de rassembler l’ensemble des Syriens derrière un objectif de progrès social et économique : grand barrage, irrigation, électrification, généralisation de l’enseignement …dont les retombées furent immédiates pour la population. La création d’un puissant secteur public industriel participait de cette politique volontariste qui se voulait massivement créatrice d’emplois afin de résorber le sous-emploi rural, mais également de constituer une clientèle pour le nouveau régime.

Le dirigisme économique s’accompagne du dirigisme politique. Hafez El Assad a créé de puissants services de renseignement (mukhabarat) qui contrôlent tous les

1 Une assabiyya est un réseau social particulier, dans lequel les liens sont largement surdéterminés par l’appartenance familiale, clanique ou communautaire ; contrairement à d’autres réseaux sociaux, les partis politiques ou les syndicats professionnels par exemple, la solidarité entre ses membres est préexistante à la mise en œuvre d’un objectif justifiant la création du groupe. ROY, 1997.

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aspects de la société : autorisation d’ouvrir un magasin, d’aller faire des études à l’étranger, de se marier avec un étranger. Les médias sont censurés, les écoles privées nationalisées et l’arabe devient la seule langue d’enseignement2 en Syrie alors que le pays disposait d’un excellent réseau d’écoles privées qui dispensaient leur enseignement en français et en anglais. Les partis politiques autorisés sont regroupés dans un Front National Progressiste3 dirigé par le parti Baath et qui domine tous les scrutins électoraux4. La répression est implacable pour les opposants qui sont jetés en prison sans procès. Entre 1979 et 1982, les Frères Musulmans déclenchent une révolte contre le pouvoir « alaouite » : attentats, grèves et manifestations violentes se succèdent jusqu’à la révolte de Hama en 1982. Les Frères Musulmans réussissent à prendre le contrôle de cette ville par les armes.

L’armée syrienne cerne la ville et, après plusieurs jours de bombardement, la reprend maison par maison : 20 000 morts. L’épisode de Hama marque la fin de la révolte des Frères Musulmans. Hafez El Assad a montré sa force ; et ceux qui, face à la montée de la contestation, prédisaient sa fin prochaine5, se sont lourdement trompés. Nous avons entendu le même discours à l’égard du régime de Bachar El Assad après son retrait du Liban ; or force est de constater qu’il se porte à merveille.

Bachar El Assad semble être en passe de réussir la difficile transition politique que lui imposent les mutations économiques et sociales du pays, mais aussi le changement d’environnement international.

De l’économie dirigée à l’infitah.

En 15 ans, le visage de l’économie syrienne a complètement changé. De nouvelles industries poussent comme des champignons dans la périphérie des grandes villes.

Les enseignes étrangères fleurissent dans les rues (Naf Naf, Benetton, Stephanel, Best Mountain,…) et les nouvelles agences bancaires privées attirent l’épargne des

2 Sauf pour les écoles arméniennes où la langue arménienne est la langue d’enseignement.

3 En 1970, Hafez El Assad a regroupé les partis politiques autorisés en Syrie dans le Front National Progressiste (parti Baath, parti communiste, parti nassérien …). Les alliés du Baath obtiennent en échange de leur soumission quelques sièges de députés et des ministères secondaires. Le parti communiste obtient généralement le ministère de l’électricité.

4 En 2007, le Baath a obtenu 131 sièges au parlement, ses alliés du Front National Progressiste 36 et les indépendants cooptés par le régime, 87.

5 Dans son article « La société syrienne contre son Etat », Michel Seurat écrivait en 1980 qu’il régnait à Damas une atmosphère de fin de règne. SEURAT, 1989.

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Syriens, au détriment des officines tristes et dégradées de la très officielle banque commerciale de Syrie. Nous trouvons en Syrie tous les produits de consommation : télévision, téléphone portable, lecteur de DVD, automobiles de toutes marques et pièces de rechange à profusion, etc., alors qu’auparavant il fallait se rendre au Liban pour se procurer ces produits. La période de pénurie générale qui a marqué la fin des années 1980 est bien oubliée. En mai 1991, la loi numéro 10 annonça une nouvelle ère en Syrie en ouvrant aux entrepreneurs privés de nombreux secteurs de l’économie jusque-là réservés au secteur public. Il s’agit d’une véritable

« infitah » (ouverture économique), comparable à ce que connut l’Egypte d’Anouar El Sadate à la fin des années 1970. Depuis lors, les réformes se sont multipliées, libérant timidement mais sûrement les différents secteurs de l’économie syrienne, en particulier depuis l’arrivée au pouvoir de Bachar El Assad en juillet 2000.

De 1963 jusqu’à la fin des années 1980, l’économie syrienne était encadrée par l’Etat. L’étatisation de l’économie atteignit son apogée vers 1980 ; à cette date, le secteur privé se réduisait au commerce de détail, à l’artisanat, au bâtiment et à la production agricole. Dans l’agriculture, les tentatives de dirigisme ayant échoué6, les agriculteurs étaient libres du choix de leurs cultures, mais l’essentiel de la commercialisation et de la transformation était réservé au secteur public. Ce système économique n’était pas comparable à celui mis en place par les pays communistes d’Europe de l’Est ; il était plutôt un compromis entre une économie « socialiste » et

« contrôlée » d’une part, et le recours nécessaire aux capitaux extérieurs et au secteur privé, d’autre part7. Selon le Président Hafez El Assad, le secteur public et le secteur privé ne devaient pas être concurrents, mais complémentaires8. Une belle formule pour signifier au privé que ses espaces de liberté se limitaient à ce que daignait lui abandonner l’Etat, en fonction de l’attitude de la bourgeoisie capitaliste9,

6 Dans la vallée de l’Euphrate et dans le Ghab, l’Etat a un temps obligé les agriculteurs à cultiver la betterave sucrière pour alimenter les raffineries qu’il avait construites dans la région. Les agriculteurs se montrèrent réticents, car il s’agissait d’une nouvelle culture et les prix offerts par l’Etat étaient peu rémunérateurs. Dans la vallée de l’Euphrate, les paysans semèrent les betteraves dans les champs salés dont ils ne pouvaient rien obtenir, puisque l’Etat les obligeait à mettre en culture une certaine surface de terre. Après quelques années où les récoltes furent catastrophiques, l’Etat supprima l’obligation de cultiver des betteraves sucrières. Les autres cultures obligatoires furent progressivement abandonnées au début des années 1980. HANNOYER, MÉTRAL, 1980.

7 CHATELUS, 1980.

8 PERTHES, 1995.

9 Il faut distinguer la bourgeoisie capitaliste de la bourgeoisie bureaucratique. La première possède un capital et le fait travailler (commerce ou industrie). La seconde est composée par les dirigeants du

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de l’état des aides extérieures et des difficultés ou non rencontrées par tel ou tel segment du secteur public. Cette emprise sur l’économie représentait alors, du moins en principe, un atout pour aménager le territoire syrien, le but affiché par le régime baathiste étant de le rééquilibrer, grâce notamment au secteur public industriel.

L’industrie était considérée par le régime baathiste comme un puissant facteur d’intégration économique des régions périphériques au centre, à condition qu’elle valorise les ressources locales (les produits primaires et la population), qu’elle provoque un essaimage industriel local (théorie des industries industrialisantes10), et que les entreprises soient complémentaires au niveau national, et non extraverties.

Mais, la réalité est très loin des buts affichés. A l’échelle nationale, le monopole de l’Etat sur l’industrie est destiné à contrôler la transformation des ressources primaires (hydrocarbures, phosphates, céréales, tabac, coton,…) et par conséquent, à accaparer la plus-value dégagée par ce processus fondamental pour l’économie du pays. Enfin, la distribution des implantations industrielles était motivée par des considérations politiciennes : favoriser sa région d’origine, punir une ville récalcitrante, etc., ce qui détourne le « projet industriel intégrateur » de sa finalité.

La crise économique de la fin des années 1980 a mis en évidence l’absence de rentabilité économique d’un secteur public industriel, utilisé avant tout à des fins politiques. Ce phénomène est comparable à ce qui s’est produit en Algérie, après la chute des cours du pétrole. Les industries publiques, destinées à donner au pays son indépendance économique, étaient en fait complètement dépendantes des importations d’intra étranger et de la technologie occidentale. Enfin, la gestion bureaucratique de ces entreprises, outre le fait qu’elle entraîne un gaspillage énorme et une faible productivité, les rend complètement incapables de s’adapter au marché.

Dès lors que le secteur privé sera autorisé à les concurrencer. Aujourd’hui, l’Etat se contente de les entretenir avec leur pléthore d’employés, mais il a renoncé à investir dans leur modernisation. Le privé contribue pour plus de 80% du PIB industriel, les principaux secteurs sont la chimie, l’agro-alimentaire et le textile. L’Etat contrôle

régime baathiste, les hauts fonctionnaires, les chefs d’entreprises publiques, etc. qui vivent des ressources de l’Etat ou qui profitent des bénéfices de la bourgeoisie capitaliste par parasitisme.

10 Les théories sur le mode de développement auto-centré préconisent l’implantation d’industries lourdes : sidérurgie, métallurgie, filature, textile, raffinage du pétrole, etc. capable de générer, en aval, le développement d’industries de biens d’équipement et de consommation.

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toujours la commercialisation des matières premières destinées à ces industries : pétrole et phosphate pour la chimie ; blé, orge et tabac pour l’agro-alimentaire ; coton pour le textile. Cependant la tendance est au changement progressif, si on considère l’augmentation des investissements privés et étrangers dans les produits de base : une usine de traitement du phosphate (500 000 tonnes par an) est en construction, ainsi qu’une unité de fabrication de cigarettes (Altadis) à Lattaquié.

Le secteur des services financiers, banque et assurance, connaît une libéralisation plus lente car l’Etat a peur de perdre totalement le contrôle de l’économie. Le secteur bancaire a été ouvert au privé en 2001, mais les premières agences n’ont commencé à opérer en Syrie qu’en 2004. Actuellement, une dizaine de sociétés sont présentes sur le marché syrien (Audi, Arab Bank, Byblos Bank, etc.). Les grandes sociétés occidentales (BNP Paribas, HSBC, etc.) ont une position attentiste. Elles attendent que les restrictions à l’activité bancaire, encore trop nombreuses, soient levées.

L’obligation de prendre des partenaires syriens à hauteur minimum de 51% du capital limite également les candidatures. Cette invitation à peine voilée de s’associer avec des membres de la assabiyya alaouite au pouvoir est, pour l’instant, déclinée par les multinationales. D’autant que la culture des liquidités, du paiement comptant, du capital familial, des transactions informelles ; ajoutée au contrôle de l’Etat et à une croissance économique loin de celles de la Chine ou de l’Inde, limite la possibilité pour les banques privées de financer de grands projets.

La libéralisation de l’économie syrienne répond à un double constat : l’échec du mode de développement baathiste et la réduction des revenus pétroliers. En 2005, les hydrocarbures représentaient 70% du revenu des exportations, 20% du produit intérieur brut et près de 50% des ressources de l’Etat. En 2010, la Syrie devrait être importateur net de pétrole, et en 2030 ses ressources seront épuisées11. Par ailleurs, l’Etat n’a plus les moyens d’investir dans l’économie comme par le passé, et sa gestion s’est révélée si médiocre qu’il est préférable de laisser faire le secteur privé.

Les barons alaouites du régime, la famille El Assad en tête, ont investi massivement dans le secteur privé et profitent donc de la libéralisation, condition sine qua non pour qu’elle se réalise. Certes, la Syrie s’oriente plus vers le « capitalisme des

11 OXFORD BUSINESS GROUP 2006, p.25

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copains »12 qui prospère en Egypte que vers le modèle libéral occidental. La collusion entre la bourgeoisie d’affaire et la assabiyya au pouvoir freine une libéralisation économique plus audacieuse, dont pourraient profiter les petits et moyens entrepreneurs. Néanmoins, la libéralisation économique, malgré ses limites, fait désormais du secteur privé le moteur de l’économie syrienne. A charge pour lui de résorber le chômage et de développer le pays. La Syrie aurait besoin d’une croissance économique annuelle de 7 à 8% pour absorber les nouvelles générations qui arrivent sur le marché de l’emploi13 et résorber un chômage estimé officieusement à 20% de la population active.

L’urgence démographique.

Au recensement de 2004, la population syrienne atteignait 18 millions d’habitants (le million d’irakiens réfugiés en Syrie n’a pas été recensé puisque leur présence en Syrie est considérée comme provisoire), et la croissance démographique a baissé significativement pour la première fois depuis l’indépendance : 2,5% par an alors qu’elle dépassait 3,2%, ce qui équivalait à un doublement de la population tous les 20 ans. La population syrienne devrait croître plus lentement pour atteindre 23 millions d’habitants en 2015 au lieu des 28 millions d’habitants prévus, et 30 millions à l’horizon 2040 au lieu des 56 millions redoutés. Ces prévisions n’étant certes valables que si des millions de réfugiés irakiens ne s’installent pas définitivement dans le pays.

La réduction de la natalité est le fruit des politiques de généralisation de l’enseignement et du progrès social en général, mais elle est également le reflet des difficultés économiques de la population syrienne. L’âge du mariage ne recule pas seulement du fait de l’allongement de la durée des études, mais aussi parce que les jeunes générations doivent attendre plus longtemps pour avoir les moyens financiers de se marier, ce qui réduit naturellement la période de fécondité. Le ralentissement de la croissance démographique ne se manifeste encore pas sur le marché de l’emploi, bien au contraire, puisqu’il doit absorber les générations nées durant la

12 Les hommes d’affaires dépendent de politiques préférentielles leur octroyant des monopoles ou des oligopoles. Les hommes politiques sont associés à la bourgeoisie capitaliste par l’intermédiaire de bureaux d’études ou d’autres couvertures.

13 OXFORD BUSINESS GROUP 2006, p.26

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période de croissance maximum. En 1981, le taux de fécondité en Syrie était de 7,8 enfants par femme, soit la troisième du monde derrière le Rwanda et le Yémen. Le chômage dépasse officieusement les 20% de la population active14 et il continue de progresser, même selon les statistiques officielles qui le minorent habituellement de moitié15. Dans le Nord-est de la Syrie, le chômage est massif : sans doute concerne- t-il plus de 40% de la population active. Les campagnes et les agro-villes de cette région de Syrie (la Djézireh) ne parviennent pas à résorber cet immense sous-emploi rural. Tandis que cette région était l’une des plus attractives pour les migrants en Syrie, elle est devenue répulsive depuis une quinzaine d’années, générant un flux d’émigrants vers Damas et le Liban.

Le Liban a, durant les années 1990, largement contribué à absorber une partie du sous-emploi syrien pour les besoins de la reconstruction du pays. Cependant depuis le retrait syrien, le ralentissement de l’activité économique crée moins d’opportunités d’emploi au pays du Cèdre pour les travailleurs syriens. Les tensions politiques contribuent également à restreindre ce débouché séculaire16. Quant à l’Etat syrien, il a renoncé à résorber le sous-emploi dans le secteur public industriel ou l’administration. Cela représenterait une charge financière trop importante. Il réserve ses marges financières pour contenter sa clientèle alaouite, qui n’a guère d’autre ressource que le service de l’Etat, dans lequel la assabiyya au pouvoir la confine.

Mais cela est sans commune mesure avec les embauches massives dans le secteur public qui transforma la société paysanne alaouite17 en une société de fonctionnaires-militaires et provoqua une migration massive du Djebel Ansaryeh vers la capitale. Désormais, on assiste même à un retour des populations alaouites vers la région côtière : crainte d’un retournement de situation politique, qui redonne au fief alaouite son caractère de refuge ; ou simple migration de retour de fonctionnaires et de militaires à la retraite ? Il est clair que les équilibres politiques sur lesquels Hafez El Assad a bâti son système de pouvoir ont changé, et que son fils doit gérer une transition dans laquelle la communauté alaouite perd de son importance au profit de

14 OXFORD BUSINESS GROUP 2006, p.26

15 Selon les statistiques officielles, le taux de chômage est passé de 9,5% à 11,2%

entre 2000 et 2004.

16 BALANCHE 2007.

17 BALANCHE 2006.

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la bourgeoisie d’affaire, essentiellement sunnite ; celle-ci même contre laquelle s’est produit la révolution baathiste.

Un rééquilibrage du pouvoir au profit de la bourgeoisie d’affaire.

Les alaouites sont une minorité religieuse classée par convention dans l’Islam chiite.

En effet « Alaouite » signifie partisan d’Ali, et ce dernier possède une importance supérieure à Mohammed dans la religion alaouite puisqu’il est considéré comme l’incarnation de Dieu sur terre18. La pratique religieuse est très souple chez les alaouites : les prières se font à la maison puisqu’il n’y a pas de mosquée, la consommation d’alcool est autorisée, le jeûne est laissé à l’appréciation des fidèles, les femmes ne sont pas voilées, etc. Ceci contribue à ce qu’ils soient ostracisés par les musulmans sunnites rigoristes, d’autant plus qu’ils croient à la réincarnation. Il a fallu attendre 1932 pour que les alaouites soient reconnus officiellement comme musulmans ; mais pour beaucoup de musulmans, sunnites ou chiites, ils sont toujours considérés comme des athées. Les persécutions religieuses dont ils furent victimes dès le Moyen-Age les conduisirent à trouver refuge dans la montagne côtière qui porte leur nom : « le Djebel Alaouite » ou « Djebel Ansaryeh ». Ils commencèrent à sortir de leur isolement sous le Mandat Français. Fidèle au vieil adage colonial : « diviser pour régner et s’appuyer sur les minorités », la France découpa la Syrie en plusieurs Etats dont l’« Etat des Alaouites » (constitué essentiellement par les provinces actuelles de Lattaquié et de Tartous) et intégra massivement les alaouites dans l’armée du Levant, au point qu’ils représentaient le tiers des effectifs. Après l’indépendance de la Syrie, l’armée continua à jouer le rôle d’ascenseur social pour cette population rurale et marginalisée. Pour la petite bourgeoisie rurale alaouite, à laquelle appartenait Hafez El Assad, l’armée était le seul moyen d’obtenir une promotion sociale face au double blocage dont elle était victime du fait de son origine rurale et communautaire.

Le coup d’Etat baathiste de 1963 constitue une revanche des campagnes sur les villes, tout comme la révolution des officiers libres égyptiens en 1952 ; mais à la différence de l’Egypte, c’est aussi la revanche des minoritaires (druzes, ismaéliens,

18 MASSIGNON 1936.

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alaouites et chrétiens) contre la majorité sunnite, même si de nombreux officiers sunnites ont participé au coup d’Etat. Par la suite, l’élimination par les alaouites19 des sunnites ainsi que des druzes et des ismaéliens des postes clés du pouvoir, confirma le caractère communautaire de la révolution baathiste. Après son coup d’Etat en 1970, Hafez El Assad réduisit l’importance du parti Baath dans la direction du pays pour le confier aux membres de sa assabiyya. Même si, en apparence, le parti demeurait le conducteur de la nation arabe syrienne à travers le parlement et le gouvernement, toutes les décisions étaient prises par la assabiyya d’Hafez El Assad, qui occupait les postes clés dans l’armée et les services de renseignement, ces derniers domaines devenant rapidement le véritable exécutif20.

Dans cet édifice, la communauté alaouite possède un rôle clé puisque c’est dns ces rangs qu’Hafez El Assad recrutait l’essentiel des forces de sécurité et le personnel de l’appareil d’Etat. Cette situation est inespérée pour cette population pauvre vivant de maigres ressources agricoles et qui rentre volontiers dans cette relation clientéliste : soutien politique contre emplois dans le secteur étatique. Une migration massive de la montagne alaouite vers Damas s’opère alors dans les années 1970 et 1980, les familles entières s’installant dans les camps militaires créés autour de la capitale syrienne et venant peupler les administrations de la capitale. La région côtière bénéficie d’un soutien financier massif de la part de l’Etat : développement du système d’irrigation, du réseau routier, de l’éducation (Université Teechrin de Lattaquié), construction d’usines publiques, etc., destinés à créer des emplois pour la clientèle alaouite du régime demeurée sur place. L’administration est sur-développée dans la montagne alaouite, dans le but de créer des emplois et d’amener rapidement des services publics : à titre d’exemple, la région côtière possède 25% des chefs-lieu de cantons pour moins de 10% de la population et 2% du territoire syrien. Cette politique est destinée à faire de la communauté alaouite un monolithe fidèle à la famille Assad dans le but de contrôler la Syrie. Elle a cependant l’inconvénient d’enfermer les alaouites dans une situation de dépendance à l’égard de l’Etat qui les fragilise, dans un contexte de libéralisation économique et de désengagement de l’Etat, puisqu’ils perdent leur principale source de revenus. A contrario, Bachar El Assad devient l’otage de sa propre communauté puisqu’il ne peut entreprendre de

19 VAN DAM 1996.

20 LEVERETT 2006.

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réformes économiques, qui conduiraient à sa marginalisation. Le refus de privatiser le secteur public industriel, de réduire les effectifs de l’administration, les prérogatives des services de sécurité, etc. s’expliquent en partie par le contrat qui le lie à sa communauté, mais aussi à d’autres groupes sociaux, non alaouites mais intégrés dans le système clientéliste élaboré par son père, et qu’il doit gérer.

Depuis la mort d’Hafez El Assad et la reprise des réformes économiques, les rapports de la assabiyya alaouite avec la bourgeoisie d’affaire se sont nettement améliorés. Le père de Bachar El Assad possédait une grande méfiance à l’égard de la bourgeoisie syrienne, contre laquelle il avait construit son pouvoir. Le soutien que cette dernière avait apporté à la révolte des Frères Musulmans l’avait conduit à réduire son espace d’intervention en procédant à de nouvelles restrictions économiques au début des années 1980 (nationalisation du commerce maritime, contrôle de l’import-export, etc.) qui provoqua une nouvelle vague d’émigration. La loi n°10 autorisa le retour d’une partie des entrepreneurs privés qui pensaient que la page de l’économie dirigiste était définitivement tournée : après la chute de l’URSS et les pourparlers de paix israélo-arabe, un vent d’optimisme soufflait sur la Syrie. Il fut de courte durée car la libéralisation de l’économie resta limitée, de peur que l’enrichissement subit de la bourgeoisie sunnite ne menace le régime. Bachar El Assad possède moins de craintes que son père et sans doute sait-il qu’il doit composer avec elle s’il veut éviter une explosion sociale et la marginalisation de la Syrie sur la scène internationale. En outre, Bachar El Assad est un damascène, il a toujours vécu dans la capitale syrienne et ne se sent guère d’attache avec Qardaha, le fief de sa famille. Les hommes d’affaires sont nombreux dans son entourage, qu’ils proviennent de la vieille bourgeoisie sunnite de Damas ou qu’ils soient des fils de généraux alaouites, tel son cousin Rami Makhlouf, propriétaire de la plus grande compagnie de téléphonie mobile de Syrie, d’un réseau de duty-free, partenaire de la Byblos Bank (libanaise) pour ses activités en Syrie, etc. Bachar lui-même possède des parts dans diverses sociétés sous le couvert de nombreux hommes de paille.

Bachar El Assad s’efforce désormais de tisser des liens de clientélisme avec la bourgeoisie syrienne à travers la constitution de holdings. Pour ce faire, les principaux entrepreneurs syriens sont invités par le président à des week-ends décontractés à Palmyre : piscine, randonnées en véhicule tout terrain, soirées

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festives qui permettent de créer des liens personnels et de discuter d’éventuelles associations économiques. Une « assabiyya » à but économique serait en gestation, en parallèle de la assabiyya alaouite qui détient le pouvoir politique. Les deux assabbya-s auraient la même personne à leur tête, mais constitueraient deux groupes de personnes différentes. A terme, ne pourrait on pas envisager une fusion des deux groupes grâce à des alliances matrimoniales. Hafez El Assad avait encouragé les mariages entre les membres de sa assabiyya et les familles bourgeoises sunnites ; cependant cela n’avait guère fonctionné : le mépris sunnito- citadin à l’égard des alaouites et la crainte de se compromettre trop profondément avec le régime retenaient la bourgeoisie sunnite de fonder une alliance durable avec ce dernier. Cependant, en épousant une sunnite, Bachar El Assad a montré l’exemple et depuis, les mariages entre alaouites et sunnites se sont multipliés dans les classes dirigeantes.

Conclusion

La communauté alaouite perd de l’influence dans le nouveau système de pouvoir syrien, enfermée dans le service de l’Etat et utilisée comme garde prétorienne, par un Bachar El Assad qui pense qu’elle lui est définitivement acquise. Il est vrai que les alaouites n’ont guère d’autre choix que de soutenir un régime qui leur garantit un accès privilégié aux ressources de l’Etat, même si ces ressources s’amenuisent. La crainte de persécutions et de massacres en cas de victoire d’un groupe sunnite radical entretient cette fidélité. La diminution de son poids relatif dans la population syrienne - entre 5 et 10% de la population syrienne aujourd’hui contre 10 à 15% dans les années 1980 - en raison d’une transition démographique plus rapide que chez les sunnites, accentue ses craintes.

La bourgeoisie sunnite, quant à elle, profite de la paix sociale et de la stabilité politique que lui assure le régime. L’embellie économique de ces dernières années - 3 à 4% de croissance par an, les opportunités sur le marché irakien, la libéralisation des échanges avec les pays arabes depuis le 1er janvier 2005 grâce au GAFTA (Greater Arab Free Trade Area) - et la sollicitude de Bachar El Assad à son égard suffisent à la contenter. Qu’importe que les réformes démocratiques soient au point mort et que les quelques défenseurs des droits de l’homme qui demeurent en Syrie

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soient poursuivis ou emprisonnés. Aux dernières élections législatives (avril 2007), les entrepreneurs furent encore plus nombreux qu’en 2003 à briguer le tiers des sièges réservés aux candidats indépendants21, autrement dit au monde des affaires, même si le Parlement ne détient quasiment aucun pouvoir.

La population syrienne dans son ensemble bénéficie de l’embellie économique.

Quelques mesures phares, comme le doublement progressif du salaire des fonctionnaires depuis 200122, ou la réduction des taxes sur les voitures individuelles (en moyenne de 200% à 40%), contribuent à améliorer l’image du régime. Le conflit en Irak et les déboires du Liban depuis le retrait syrien sont habilement exploités par la propagande gouvernementale afin que les Syriens apprécient la chance qu’ils ont de vivre dans un pays en paix grâce à un régime stable : ne vaut-il pas mieux un mauvais gouvernement qu’une nuit sans gouvernement, selon un dicton populaire syrien ? L’inertie de la société syrienne, son fort nationalo-chauvinisme, le clientélisme politique, l’absence d’une réelle opposition et bien sûr le contrôle exercé par les mukhabarat protègent le régime. La révolte des Kurdes de la Djézireh au printemps 2004, en premier lieu liée au sous-développement de cette région, mais aussi aux discriminations dont est victime la population kurde, est restée confinée aux zones de peuplement kurde et s’est vite éteinte sous les coups de la répression.

Une contestation provenant d’islamistes radicaux serait beaucoup plus difficile à circonscrire, en particulier si elle embrasait les banlieues déshéritées qui s’étendent illégalement dans la périphérie des grandes villes syriennes : Damas, Alep, Homs, Hama, Deir Ez Zor. Le chômage croissant, la déliquescence des services publics, les pénuries d’eau de plus en plus fréquentes sont les ferments d’une contestation plus radicale que pourraient facilement instrumentaliser les islamistes contre le régime

« alaouite ».

Bachar El Assad est contraint de laisser s’épanouir l’économie libérale en Syrie. Cela pose de nouveaux défis en matière d’équilibres sociaux et territoriaux, que la lourdeur de l’appareil d’Etat n’est pas en mesure de régler. Quand bien même il aurait les moyens de le faire, en a-t-il la volonté ? Passer d’une logique de pouvoir fort à une logique d’efficacité technique et économique remet en cause les privilèges,

21 6000 postulants pour les 83 sièges réservés aux indépendants.

22 L’inflation a réduit de 50% la progression de leur pouvoir d’achat.

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petits et grands, de la bureaucratie, et en premier lieu ceux de sa clientèle alaouite.

En ouvrant son économie, le régime est plus sensible aux pressions extérieures, en particulier à d’éventuelles sanctions économiques. Cela devrait l’inciter à une plus grande prudence sur le plan géopolitique.

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Références

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