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Les réseaux des intellectuels de l’Est en Occident après 1945

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Les réseaux des intellectuels de l’Est en Occident après 1945

Luciana Radut-Gaghi

To cite this version:

Luciana Radut-Gaghi. Les réseaux des intellectuels de l’Est en Occident après 1945. Joanna Nowicki;

Luciana Radut-Gaghi. Diasporas, exils, cosmopolitisme, Editions du Relief, 2015, 2359040065. �hal-

02614673�

(2)

Luciana Radut-Gaghi

Les réseaux des intellectuels de l’Est en Occident après 1945

Souvent arrivant dans les capitales européennes et d’outre Atlantique avec les mêmes idées, les mêmes idéaux, le même rejet de l’idéologie communiste et la même opposition aux nouveaux régimes de leurs pays, les intellectuels fuyant le « bloc de l’Est » s’organisent de manière différente dans les pays d’accueil. Le mode de fonctionnement des diasporas roumaine, polonaise, tchèque, hongroise, bulgare serait donc à mettre en relation avec le rapport au pays, le régime dans le pays d’origine, la représentation de soi, les moyens matériels, financiers dont elles disposaient, etc.

1

Ainsi, de manière conscience ou non, ces émigrés s’apparentent ou s’identifient tantôt à l’exil, tantôt à la diaspora, tantôt au cosmopolitisme.

Parallèlement aux tentatives d’organisation à l’intérieur de chaque groupe d’émigrés, il y a eu des associations internationales, des réseaux qui rassemblaient des exilés venus de pays différents. La notion de « réseau » est présente dans les sciences humaines et sociales et déplace l’attention des chercheurs des catégories aux relations et, même aux idées véhiculées et aux actions menées dans les réseaux.

Nous traitons de ces modes d’organisation en suivant la prémisse que, en fonction du choix d’identification du groupe national d’intellectuels émigrés – exil, diaspora, cosmopolitisme – ses membres, ou le groupe dans son ensemble, participeront ou non, et le feront dans des mesures distinctes, aux groupes et réseaux internationaux.

Notre hypothèse sous-jacente est que l’affiliation aux organismes internationaux accompagne de manière naturelle, facile, le passage au postcommunisme. Dans ce cas, les émigrés participent au débat dans le pays et apportent des idées politiques, sociales, économiques.

L’intérêt premier de notre recherche serait donc de comprendre comment le fonctionnement de ces groupes a accompagné le passage au postcommunisme.

Comment les idées véhiculées par les groupes internationaux et transnationaux ont été reprises par les porteurs du changement postcommuniste, comment ces idées se constituent en un imaginaire agissant. Est-ce que la participation transnationale, internationale à ces réseaux a facilité le passage et l’adaptation au postcommunisme ? Autrement dit, comment le mode d’organisation des émigrés agit sur leur visibilité et leur influence du passage au post communisme. L’acheminement de notre réflexion est circulaire : du national au transnational et, de retour, au national. Est-ce que les émigrés des pays de l’Est

2

participent aux réseaux internationaux et est-ce que cette participation influe-t-elle sur leur participation au passage au postcommunisme dans les pays d’origine ?

Cette démarche puise ses inspirations dans l’analyse sociologique, dans l’analyse propre aux sciences de la communication et souhaites développer une approche propre à l’étude des relations intellectuelles internationales

3

.

1

Nous avons exploré quelques pistes de cette hypothèse dans l’article « Luceafãrul et Kultura, deux prémisses de modèles de pratiques diasporiques parisiennes », à paraître en 2012, Romanian Journal of Communication and Public Relations.

2

Nous employons avec toutes les réserves requises les expressions « pays de l’Est » et « Europe de l’Est ».

Si elles sont employées, c’est principalement pour situer ces événements dans le contexte de la guerre froide.

3

Hans Ulrich Jost et Stéphanie Prezioso ont dirigé en en 2002 un ouvrage sur les Relations internationales,

échanges culturels et réseaux intellectuels (Lausanne, Antipodes) issu du colloque du 3

e

Cycle romand

(3)

Il convient de citer ici quelques courants, groupes et chercheurs qui ont posé les fondements des études sur les intellectuels européens et leurs réseaux. Dans le cadre du Groupe d’étude pour l’Europe de la culture et de la solidarité, de l’Université Paris Descartes, dirigé jusqu’en 2010 par Bernard Valade, la question des réseaux, des idées et des influences européennes était privilégiée. Nous y avons commencé nos recherches autour de ces thématiques.

Antoine Marès (INALCO et ensuite Université Paris 1) et Maria Delaperrière (INALCO) ont tous deux ont dédié leurs recherches et écrits à l’Europe médiane. Des penseurs, des groupes, des idées, des mythes de cette partie de l’Europe ont été décrits et analysés de manière détaillée. L’écrivain et sociologue Pierre Grémion a étudié le Congrès pour la liberté de la culture et plusieurs aspects de l’intelligentsia centre-est européenne.

En 1998, un colloque qui abordait la question de la place des intellectuels de l’Est dans les débats sur l’Europe a été organisé à Salamanque. Il faisait suite au programme

« Identité et conscience européenne au XXe siècle » lancé en 1989 par le professeur René Girault. Les interrogations portaient sur l’existence d’une communauté d’intellectuels qui réfléchissent sur l’Europe, sur expression des « valeurs européennes » hors Europe, sur existence d’une conscience identitaire européenne. La disparition de René Girault, de Michel Trebitsch (grand connaisseur de l’Est européen et au centre d’un réseau d’universitaires important), de Nicole Racine (le 4 mars 2012) – ayant fait partie du Groupe de recherche sur l’histoire des intellectuels, de l’Institut d’histoire du temps présent – ont laissé les recherches en suspens. Mais ils déploraient déjà l’absence d’études sur les réseaux des intellectuels, des cartographies, des études des groupes et de leurs relations, pour mieux comprendre comment les idées sur l’Europe se forment et se propagent. Notre propre démarche peut s’inscrire autant dans le domaine de la sociologie que dans celui de l’histoire des intellectuels, et s’inspire des études d’histoire comparée des intellectuels.

Nous organisons notre texte en trois parties : la première présente les notions sur lesquelles nous nous appuyons, la seconde propose une typologie des groupes des intellectuels de l’Est pendant la guerre froide et la troisième traite du cas particulier des revues de l’exil et de leurs croisements avec des réseaux et groupes présentés dans la deuxième partie.

Diasporas, exils, réseaux

Dans les lignes qui suivent, nous passons en revue les principales notions qui étayent l’étude des groupes des intellectuels émigrés et retenons les conceptions qui fondent notre réflexion.

Diasporas

d’histoire moderne et contemporaine (février 2001). Dans l’introduction du volume, ils insistent sur la

« place substantielle et multiforme » de la culture dans les relations internationales.

Gisèle Sapiro ouvre son ouvrage sur L’espace intellectuel en Europe avec une considération sur les relations intellectuelles après la Première Guerre mondiale en Europe, qui commençaient à devenir une composante des relations internationales, « dans l’espoir qu’elles favorisent la pacification des esprits ». G.

Sapiro, p. 6.

(4)

Dans Présent passé, passé présent, Ionesco parle de la « diaspora » comme d’une situation hors cadre, hors patrie : « Nous devrions tous vivre dans la ‘diaspora’. Hors de toutes les patries ! Une seule patrie : celle qui est autre que les patries.

4

» Par cette appartenance à la non appartenance, la situation des diasporas est exceptionnelle et offre bien de pistes de réflexion aux chercheurs.

Les spécialistes des études diasporiques considèrent qu’il existe quatre types de diasporas contemporaines, avec leurs exemples respectifs

5

: 1. La diaspora entrepreneuriale : Chinois, Indiens, Libanais ; 2. La diaspora religieuse, associée à une langue particulière : Juifs, Grecs, Arméniens, Assyro-Caldéans ; 3. La diaspora politique, quand le territoire d’origine est dominé par un pouvoir étranger et quand le souhait de la diaspora est la création d’un Etat-nation : les Palestiniens ; 4. La diaspora raciale et culturelle : les noirs ; les tsiganes. A notre sens, cette classification est particulièrement incomplète pour notre cas. Il s’agit peut-être du signe que les diasporas formées par les intellectuels exilés ne font plus partie des centres d’intérêt des chercheurs. Ou bien c’est le signe d’une généralisation – erronée à notre sens – entre diasporas nationales et diasporas « thématiques ». Il est vrai que, dans le même ouvrage, Rainer Bauböck parle des revendications politiques qui s’associent aux définitions identitaires collectives et individuelles des diasporas et qui seraient plus ou moins communes à toutes ces catégories

6

. Néanmoins, le cas qui nous intéresse ici est très peu exploité par la bibliographie du domaine.

Les élites de l’Est exilées en France ou ailleurs après la Seconde Guerre mondiale, faisaient naturellement partie des diasporas nationales respectives. Mais elles avaient aussi un rôle particulier, celui de meneurs, celui de passeurs et de formateurs d’idées.

C’était une diaspora politique et culturelle à la fois, une diaspora de la parole, du mot, de la révolte, de l’éveil, comme une diaspora des liens avec la patrie-mère, de la préservation de l’esprit national perverti dans les pays par l’influence soviétique.

Pour définir un groupe diasporique, plusieurs critères et éléments entrent en jeu.

Chaque groupe diasporique se définit (aussi) par rapport à sa nation d’origine. Mais la question de la continuité du rapport à la nation dans le temps et l’espace, « l’inévitable dépendance des identités diasporiques d’un chez soi, la maison, homeland, l’évaporation des cultures diasporiques par l’assimilation capitaliste et nationale » tendent à devenir des pistes anciennes d’étude

7

. Les chercheurs se demandent si la nation n’était pas une fausse piste de recherche des diasporas, une piste biaisée, un contexte réduit, limitatif

8

. A l’époque de la mondialisation, il serait temps de dépasser le nationalisme méthodologique, « l’imagination sociologique » de C. Wright Mills étant, somme toute, nationale. En pleine « modernité liquide » (Z. Bauman), où même au-delà, il faudrait penser en termes de « cosmopolitanisation »

9

. La nourriture, la production, l’identité, la peur, le plaisir, le pouvoir ou la politique doivent désormais être pensés au niveau global. Aujourd’hui les recherches se concentrent sur la ville ou le réseau, par exemple.

4

Eugène Ionesco, Présent passé, passé present, Paris, Gallimard, 1978.

5

Michel Bruneau, “Diasporas, transnational spaces and communities”, in Rainer Bauböck et Thomas Faist (éds.), Diaspora and Transnationalism. Concepts, Theories and Methods, Amsterdam University Press, 2010, p. 41.

6

Rainer Bauböck, « Cold constellations and hot identities: Political theory questions about transnationalism and diaspora », in R. Bauböck et T. Faist (éds.), op. cit.

7

Olga G. Bailey, Myria Georgiou, et Ramaswami Harindranath, (éds.), Transnational Lives and the Media.

Re-Imagining Diaspora, Bassingstoke, Palgrave Macmillan, 2007, p. 19.

8

Ibid.

9

Ulrich Beck, “The Cosmopolitan Society and Its Enemies”, Theory, Culture & Society, vol. 19, n°1-2, 2002,

p. 17-44.

(5)

Nous interrogeons l’environnement et les réseaux d’appartenance des diasporas qui nous intéressent ici pour comprendre leur action le rôle historique, politique, culturel des diasporas.

Pour définir les groupes d’intellectuels qui nous intéressent ici, nous reprenons la typologie politique des intellectuels émigrés de l’Europe centrale et de l’Est après la guerre réalisée par Antoine Marès au sujet des Polonais, Tchèques, Slovaques et Hongrois

10

. Nous pouvons facilement appliquer l’analyse aux Roumains, qui se retrouvent dans les trois catégories de cette typologie. Dans un premier temps, il s’agirait des collaborateurs des régimes fascistes ou proches de l’Allemagne. Le second groupe est celui des « patriotes à la fois anti-allemands, anti-soviétiques et anti- russes »

11

. Installés naturellement en France – pour les Polonais et les Roumains – , tournés plus vers les Etats-Unis et ensuite Londres ou Bruxelles – pour les autres –, ces émigrés ont souvent participé ensemble à des organisations communes. A. Marès explique ce phénomène par « à la fois le sentiment de vivre la même tragédie et par une vision européenne, voire mondiale, de la question »

12

.

Exil et cosmopolitisme. Une approche

Mihai Dinu Gheorghiu définit l’exil intellectuel, littéraire, « par une double opposition : une opposition au régime politique du pays d’origine, et une opposition aux tentatives de reconstituer ou d’entretenir en exil un lien de type communautaire, de réduire l’exil à une dimension militante »

13

. Il s’agit donc d’opérer la distinction entre l’exil intellectuel et l’exil mobilisé. Le Huu Khoa, dans une thèse de 1992 fondée sur les définitions de plusieurs exilés, fait remarquer ce double tranchant de l’exil : « L’exil littéraire se démarque délibérément de l’exil utilitaire caractéristique aux exilés qui veulent à tout prix faire triompher leur cause politique en rendant connue le drame dont ils ont été victimes pour pouvoir bénéficier de la solidarité internationale. »

14

L’exil se réduirait ainsi à l’isolement, aux états d’âme, à la sensibilité des intellectuels qui cherchent le pays là où ne se trouve pas.

Ces distinctions manichéennes me semblent erronées, voire dangereuses. Car, de leur tour d’ivoire, presque tous les exilés ont été, d’une manière ou d’une autre, en contact avec d’autres individus, des groupes, des institutions. A cette définition de l’exil (littéraire), nous pourrions opposer la notion de cosmopolitisme, qui représenterait l’ouverture et un certain « esprit cosmopolite » nécessaire pour intégrer les réseaux transnationaux d’intellectuels

15

.

D’un point de vue méthodologique, les chercheurs s’accordent pour faire une distinction entre les approches transnationales et les approches cosmopolites. La première est d’ordre constructiviste et étudie les groupes ou réseaux qui traversent l’espace territorial des Etats Nations. L’analyse par le prisme du cosmopolitisme se

10

Antoine Marès, « L’émigration/exil d’Europe centrale en France après 1945 », in W. Falkowski et A.

Marès, Intellectuels de l’Est exilés en France, Paris : Institut d’études slaves, 2011, p. 15-32.

11

Ibid. p. 22.

12

Ibid. p. 25.

13

Mihai Dinu Gheorghiu, Intelectualii in câmpul puterii. Morfologii si traiectorii sociale [Les intellectuels dans le champ du pouvoir. Morphologies et trajectoires sociales], Iasi, Polirom, 2007, p. 284.

14

Apud. M. D. Gheorghiu, op. cit., p. 285.

15

Pour l’analyse présente, nous ne retenons pas la perspective du cosmopolitisme parisien, « capitale

mondiale des écrivains », qui « s’accommode très bien des étrangers venus du bout du monde »

présentant les caractéristiques exotiques dont les milieux parisiens sont friands, dont parlaient Xavier

Garnier et Jean-Philippe Warren (dir.), Ecrivains francophones en exil à Paris. Entre cosmopolitisme et

marginalité, Paris, Kartala, 2012.

(6)

concentre sur « la condition cosmopolite globale » en tant qu’horizon global d’observation d’un « espace sociétal global ».

16

Nous tâcherons de nous positionner à ce niveau global dans l’étude des groupes des intellectuels de l’Est. Néanmoins, et pour revenir à notre hypothèse de départ, nous nous intéressons à ces groupes principalement pour leur rôle dans le passage au post communisme, donc le niveau holiste nous revoie à un niveau national et à une étude des frontières traversées.

Réseaux, cercles et groupes d’influence

Entre holisme et individualisme méthodologique se positionne aussi l’étude des réseaux sociaux. Claire Lemercier fait le « bilan historiographique » de l’emploi des notions de « réseaux » et « groupes d’influence » dans plusieurs disciplines : histoire, sociologie, sciences politiques

17

. Nous reprenons la description de cette chercheuse pour désigner par « réseau » « un collectif pour ou moins formellement organisé, une liste d’individus, dont on présuppose que quelque chose les lie ou les singularise, sans toujours dire bien clairement de quoi il s’agit, sans toujours spécifier le lien qui, en toute rigueur, devrait permettre de définir un réseau »

18

. On peut analyser les réseaux par les discours, les carrières, les mobilisations. L’analyse des réseaux n’est pas (seulement) descriptive. « L’ambition de l’analyse des réseaux n’est pas de rendre compte seulement des ‘effets’ des structures sur les comportements, mais aussi, inversement, des effets des comportements sur les structures. »

19

Cette démarche est précisément celle que nous souhaitons suivre : les réseaux des intellectuels qui nous intéressent sont intéressants aussi pour leurs effets sur les configurations politiques dans les pays d’origine de ces exilés.

Un certain nombre de sociologues utilisent le terme de cercles sociaux pour désigner « tous les groupes résultant de l’interaction des individus »

20

. Des modélisations permettent de comprendre comment les règles sont formulées et respectées dans un ou des cercles sociaux. De notre point de vue, la démarche est intéressante car elle prend en compte l’appartenance multiple à des cercles, ainsi que des notions comme « conflit », « coercition », « désaccord », « négociation »

21

.

La définition des groupes d’influence révèle l’ambiguïté de la notion d’« influence » : « un lien entre un sujet, le groupe (ou un de ses représentants) et un objet, plus ou moins défini »

22

, où l’objet en question peut être le décideur, l’opinion publique ou un acteur social. L’analyse des groupes d’influence se fait par l’étude de citations, de tirages, de la répartition géographique ou de la fréquentation de réunions de propagande, par exemple. L’objectif de leur étude est de « comprendre la politique en se focalisant sur la concurrence entre groupes représentant un intérêt auprès des pouvoirs publics »

23

. Introduire cette notion propre plutôt à la vie politique et

16

Thomas Faist, « Diaspora and transnationalism: What kind of dance partners ? », in Rainer Bauböck et Thomas Faist (éds.), Diaspora and Transnationalism: Concepts, Theories and Methods, op. cit. Ulrich Beck, The Cosmopolitan Vision, Cambridge, Polity Press, 2006.

17

Claire Lemercier, « Réseaux et groupes d’influence – bilan historiographique », article dans le cadre du séminaire du CHPP (Centre d’histoire parlementaire et politique, L’histoire politique en renouveau, 2010, disponible en ligne à l’adresse http://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00522888, consulté le 22 octobre 2012.

18

Ibid.

19

Pierre Mercklé, Sociologie des réseaux, Paris, La Découverte, coll. Repères, 2004, p. 99.

20

Charles Kadushin (1966), Peter Blau (1984) cités par Alain Degenne et Michel Forsé, Les réseaux sociaux, 2

e

édition, Paris, Armand Colin, 2004, chapitre 2 « Des réseaux personnels aux cercles locaux ».

21

Ibid, chapitre 8 « L’appartenance multiple ».

22

C. Lemercier, art. cit.

23

Guillaume Courty, Les groupes d’intérêt, Paris, La Découverte, coll. Repères, 2006, p. 3.

(7)

corporatiste dans l’étude des intellectuels émigrés vise à examiner les actions collectives auprès des ou dans le cadre des groupes transnationaux pour la défense des intérêts auprès des détenteurs ou d’organismes détenteurs d’un pouvoir.

L’étude des réseaux sociaux, et même des cercles ou des groupes d’influence, permet de dépasser les descriptions de catégories abstraites fondées sur l’âge, le sexe, les CSP.

24

Pour l’étude des diasporas, ce serait donc particulièrement intéressant de dépasser la prise en considération seule des groupes nationaux et de comprendre l’ancrage des individus dans plusieurs ensembles sociaux, économiques, politiques, culturels. Cette démarche est un des moyens pour dépasser le nationalisme méthodologique que nous avons évoqué plus haut.

Une typologie des réseaux des intellectuels de l’Est

En relation avec les définitions ci-dessus, nous proposons une typologie des groupes et des réseaux d’intellectuels auxquels des est-européens ont participé.

25

1. Premièrement, nous retenons les groupes médias et les médias diasporiques, que nous divisons en trois catégories :

- Radio Free Europe, Radio France Internationale ;

- revues culturelles « nationales » du type Kultura (La Culture), Svědectví (Témoignage), Irodalmi Úság (Gazette littéraire), Magyar Füzetek (Cahiers hongrois), Luceafărul (L’étoile du Berger), Caete de dor .

- revues « européennes » ou « internationales » de l’exil : Lettre Internationale (Antonin Liehm), La Nouvelle Alternative (Karel Bartosek), Cahiers de l’Est (Dumitru Tsepeneag, Sanda Stolojan, Antonin Liehm), L’Alternative (François Maspero), L’Autre Europe (1983).

A cette première catégorie, pourraient s’ajouter les maisons d’édition et les réseaux de transmission des livres. Ioana Popa propose une analyse des réseaux de « circulation transnationale du livre » pendant la guerre froide, qui traite de l’envoi de livres vers les pays du bloc de l’Est

26

. La catégorie serait donc à élargir aux réseaux formés par et autour des maisons d’édition.

2. Une autre catégorie de cette typologie serait représentée par les branches nationales des organismes internationaux, comme c’est le cas des PEN Clubs nationaux.

3. Les réseaux internationaux créés par les occidentaux pour les intellectuels de l’Est ont été plus nombreux. Les Rencontres internationales de Genève de septembre 1946 ont donné le ton des organismes qui allaient être créés pour le rapprochement Est- Ouest. Denis de Rougemont y dessinait le portrait d’une Europe démoralisée et fatiguée, qui cherchait son union et son esprit.

Le Congrès pour la liberté de la culture a été créé à Berlin en juin 1950 grâce au pilotage de cinq personnalités : Melvin Lasky, Sidney Hook, Arthur Koesler, James Burnham et Irving Brown. Cent dix-huit personnalités participent au Congrès fondateur, et leurs noms paraissent dans Der Monat, revue berlinoise de Lasky. Parmi les

24

Voir l’article d’Eric Letonturier, « Sociologie des réseaux sociaux et psychologie sociale : Tarde, Simmel et Elias », Hermès, n° 41 - « Psychologie sociale et communication », CNRS Editions, 2005, p. 41-50.

25

Pour l’analyse de certains des groupes de cette typologie, voir Antoine Fleury et Lubor Jilek (éds.), Une Europe malgré tout (1945-1990). Contacts et réseaux culturels, intellectuels et scientifiques entre Européens dans la guerre froide, Bruxelles, P.I.E. Peter Lang, 2009.

26

Ioana Popa, « La circulation transnationale du livre : un instrument de la guerre froide culturelle », Histoire@Politique. Politique, culture, société, n° 15, septembre-décembre 2011, www.histoire-politique.fr.

Consulté le 15 octobre 2012.

(8)

participants français au Congrès, nous mentionnons Denis de Rougemont, Raymond Aron, André Malraux, Gabriel Marcel, Claude Mauriac. Le 29 juin, Arthur Koesler a présenté le « Manifeste aux hommes libres », qui était le programme en quatorze points du Comité pour la liberté de la culture. En 1951, le Secrétariat général du Congrès est établi à Paris et la même année commence la parution de Preuves, la revue du Congrès.

La Société européenne de culture (Venise, 1950) a été fondée par le philosophe italien Umberto Campagnolo (1904-1976). Des personnalités de la culture européenne ont rejoint cette initiative de maintien du dialogue Est-Ouest, de coopération et de paix pour l’Europe unie. Parmi les premiers membres, on comptait Mircea Eliade ou Jaroslaw Iwaszkiewicz. La société publie la revue Comprendre. Revue de politique de la culture.

Dans le programme de la revue, sont présentées les intentions des fondateurs :

« Comprendre les antithèses qui paraissent aujourd’hui briser l’unité de l’esprit, comprendre le sens caché de l’étrange débat sur l’homme et pour l’homme, engagé par deux rivaux qui revendiquent chacun pour soi le droit et la capacité d’opérer sa rédemption totale, de satisfaire son aspiration essentielle vers une plénitude de vie.

27

»

La Communauté européenne des écrivains (COMES) (1958-1969) souhaite favoriser le dialogue des écrivains Est-Ouest. Elle accorde aux écrivains soviétiques le statut de membres, chose plutôt inédite à l’époque.

Nous pouvons également rappeler dans cette catégorie l’Association européenne des écrivains (fondée par Giancarlo Vigorelli avec Jean-Paul Sartre) ; la Fondation pour une entraide intellectuelle européenne, héritière d’un programme du Congrès pour la liberté de la culture et devenue totalement indépendante en 1975 (animée par Constantin Jelenski) ; le Comité des intellectuels pour l’Europe des libertés (CIEL), créé en janvier 1978 à l’initiative d’Alain de Ravennes, qui rassemblait, entre autres, Raymond Aron, Eugène Ionesco, Jean-François Ravel ; la Commission pour l’Europe centrale et orientale, organisme autonome du Mouvement européen ; le Conseil de la jeunesse libre de l’Europe centrale et orientale, 1953 ; l’Union chrétienne démocrate d’Europe centrale, fondée aux Etats-Unis, avec une Section de Jeunes à Paris ; les commissions et comités pour la défense des droits de l’homme.

A un niveau politique, officiel, en 1954, a été créée l’Assemblée des nations captives d’Europe. Des émigrés d’Albanie, Bulgarie, Tchécoslovaquie, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne et Roumanie respectaient la charte de cette assemblée, selon laquelle leur objectif était « de travailler en vue de la libération des nations captives d’Europe centrale et orientale de la dictature communiste et de la domination soviétique ». En 1979, suite à la Conférence sur la paix et la coopération en Europe, de 1975, à Helsinki, le titre de l’organisme change en « commission sur les relations avec les pays européens non membres »

28

.

4. Une autre catégorie est représentée par les réseaux internationaux créés par les intellectuels de l’Est pour l’Est : Fund for Intellectual Freedom (créé en 1951 par Arthur Koestler, John dos Passos, Aldous Huxley, James T. Farrell)

29

; Writers in Prison Comitee (comité du Pen international, créé en 1960, à l’initiative de Paul Tabori), Kultura (nous incluons ici le groupe de Maisons-Laffitte non plus pour son activité éditoriale, mais pour ses activités de sensibilisation de l’opinion publique à la cause des pays « de l’Est »).

27

Programme de la revue Comprendre. Disponible en ligne à l’adresse

http://www.societaeuropeacultura.it/comprendre.asp, consulté le 8 octobre 2012.

28

Bruno Haller, Une Assemblée au service de l’Europe : l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, 1949-1989, Conseil de l’Europe, 2006. p. 299.

29

Dont le premier volume paru est L’eau amère de l’écrivain tchèque Jan Tumlir.

(9)

5. Dans cette liste, nous incluons également les réseaux ou groupes régionaux, de l’Est – relations entre des Unions des écrivains

6. A un niveau local, nous pouvons parler des réseaux ou groupes nationaux – sociétés des écrivains.

7. Une catégorie à part serait représentée par les réseaux diplomatiques, leurs implications politiques et économiques, mais notamment culturelles.

8. Non en dernier lieu, il faudrait attirer l’attention sur le rôle des réseaux universitaires, qui ont été très présents dans les échanges Est-Ouest.

Une personne pouvant participer à plusieurs groupes ou réseaux, il est intéressant d’analyser la manière dont les influences s’opèrent entre eux et quelle serait la trajectoire d’une idée ou d’une autre. L’identification tantôt à l’exil, tantôt à la diaspora, tantôt au cosmopolitisme des groupes nationaux des émigrés rend probable l’affiliation différente aux groupes et réseaux décrits ci-dessous.

30

Les revues culturelles de l’exil. Réseaux, programmes, actions

Dans cette deuxième partie de notre propos, nous nous attarderons sur les revues de l’exil pour comprendre comment leurs rédacteurs ont entendu participer à des réseaux plus larges, inscrire chaque publication dans une dynamique existante et jouer un rôle dans le processus de remplacement des régimes communistes est- européens.

31

Nous aborderons le cas exemplaire de Kultura, que nous présenterons à côté d’autres publications de l’exil, parisien principalement.

Objectifs et ampleur

A la fin de la guerre, des intellectuels de l’Europe centrale et orientale ont choisi de fuir les régimes soviétiques de leurs pays d’origine et se sont installés en Europe occidentale, aux Etats-Unis, en Amérique du Sud. Un nombre important de ces exilés a choisi la France, et principalement la région parisienne, et presque chaque diaspora a eu une ou des publications « de l’exil ».

Jerzy Giedroyć a créé à Rome, en 1946, l’Institut littéraire Kultura et le projet déménagera à Maisons Laffitte fin 1946. Kultura deviendra la revue la plus influente de l’exil polonais qui œuvrait pour la préservation de la culture polonaise et qui réfléchissait aux projets de l’après-communisme. La revue Kultura a cessé de paraître après la mort de son fondateur, en 2000, selon la volonté même de Giedroyć. Son objectif était la publication de livres, et ce projet a été largement respecté. Mais ses collaborateurs l’ont vite convaincu de la nécessité de la publication d’une revue.

Finalement, Kultura est devenue une vraie maison d’édition, qui publiait le mensuel Kultura (637 numéros pendant 53 ans), la collection Bibliothèque de Kultura (démarrée en 1953), où l’on publiait de la littérature, de l’histoire, et du journalisme (350 titres parus), et le périodique Cahiers historiques, publié à partir de 1962, avec des articles sur

30

Une question essentielle dans l’étude de ces réseaux est de savoir si l’on y inclut ou non les intellectuels restés dans les pays (et donc susceptibles de collaborer avec le régime en place plus que ce qui est connu publiquement).

31

Nous ne traiterons pas ici des participations des membres de l’exil littéraire aux programmes des

chaînes de médias comme Radio Free Europe ou Radio France Internationale, sujet complexe et riche qui

mérite d’être étudié séparément.

(10)

le XX

e

siècle

32

(170 numéros jusqu’à aujourd’hui, source Kultura). Les archives de l’Institut Littéraire, devenu aujourd’hui Association Institut Littéraire Kultura, ont été incluses en 2009 dans le Registre pour la Mémoire du Monde de l’UNESCO.

La déclaration des éditeurs de Kultura, publiée dans le numéro 2-3 de 1947, évoque le renouveau et un mouvement littéraire qui représente une chance pour la renaissance de la culture européenne :

« La culture européenne a perdu sa consistance, son habilité de résister et de rayonner. Cette période de menaces de l’après-guerre ne durera pas longtemps. […] Kultura, se retrouvant au cœur même des aspirations européennes et de la renaissance culturelle, souhaite profiter de ce privilège et renouveler les liens avec le mouvement intellectuel polonais aussi bien en Pologne que dans la diaspora. »

33

Pour le cas tchèque, on s’accorde pour identifier deux vagues d’émigration, celle de 1948 et celle de 1968. Pavel Tigrid analyse les choix des exilés :

« à partir de 1956, l’émigration politique tchèque […] avait en gros à choisir entre deux voies : ou participer activement à ce courant continu d’échanges, de contacts et de dialogue [avec la Tchécoslovaquie communiste et l’opinion publique du pays], ou rester en dehors et éventuellement d’y opposer »

34

.

Milan Burda fait le point des publications tchèques à l’étranger, qui illustre la volonté de participer et de compléter la culture produite dans le pays : 5,4 titres par an entre 1948 et 1952, 18 titres par an entre 1953 et 1957, 12,87 titres par an entre 1958 et 1968.

Cette augmentation est le signe d’« une volonté de sauvegarder les traditions littéraires, d’empêcher la décomposition de l’émigration et de s’affirmer sur le plan international »

35

. L’exil tchèque après 1956 se caractérise par une rupture du politique et du culturel. P. Tigrid publie Svědectví, revue aux objectifs principalement politiques, et Robert Vlach mène le courant des intellectuels qui refusent tout contact avec la Tchécoslovaquie communiste, groupe de plus en plus isolé à partir de 1962-1963.

Le premier journal tchèque de l’exil a été Svobodný zítřek (Le Lendemain libre) (Paris, 1948-1950 – quinze numéros parus). Il a été suivi de la revue Skutečnost (Réalité) (Genève, 1949-1953). En 1953 avait été crée à Hambourg Sklizeň (La Récolte). D’autres publications ont suivi à Rome, New York, en Australie, etc. Plusieurs activités culturelles (concours, prix) sont proposées pour « briser l’isolement international des écrivains tchèques exilés »

36

. Svědectví (Témoignage) a été fondée en 1956 par Pavel Tigrid et installée à Paris en 1960, en prenant l’exemple de la Kultura polonaise. Les conceptions gradualistes de Tigrid ont eu peu à peu gain de cause et Svědectví est devenue la publication principale de l’émigration tchèque, « voire la meilleure revue politique et culturelle tchécoslovaque »

37

. Tigrid assigne à Kultura et à Svědectví un même « esprit », une même « orientation politico-culturelle », une même « structure » et un même

« objectif : être lu et diffusé au pays, dans ce pays ligoté et bâillonné[…] »

38

Les deux grandes publications de l’exil hongrois à Paris sont Irodalmi Ujság, le journal de l’association des écrivains (à Vienne, ensuite à Londres avant d’être publié à

32

Wlodzimierz Bolecki, “Kultura (1946-2000)”, in J. Neubauer et B. Z. Török (éds.), The Exile and Return of Writers from East-Central Europe, Berlin, New York, Walter de Gruyer, 2009, p. 144.

33

Ibid, p. 152.

34

Pavel Tigrid cite par Milan Burda, « La vie littéraire des exilés tchèques de 1948 à 1968 », in M.

Delaperrière (dir.), Littérature et émigration. Europe centrale et orientale, Paris, Institut d’études slaves, Cultures et sociétés de l’Est, n° 27, 1996, p. 21.

35

Ibid.

36

ibid. p. 25.

37

M. Burda, art. cit., p. 28.

38

Pavel Tigrid, « Lettre à Jerzy Giedroyc », in Stefan Meller et Thierry de Montbrial (dir.), Mémoires d’un

combat : Kultura 1947-2000, Cahiers de l’IFRI, Paris, IFRI, 2001, p. 78.

(11)

Paris à partir de 1962, dirigée par Tibor Méray) et Magyar Műhely. Peter Kende publie Magyar Füzetek (Cahiers hongrois, Paris) de 1978 à 1988.

Eva Behring identifie trois vagues d’exilés roumains après la guerre

39

. La première, celle des années 1940-1950, a rassemblé des adeptes ou sympathisants du mouvement légionnaire et les partisans du maréchal Antonescu, les monarchistes, les opposants à l’idée d’une collaboration avec l’URSS. Plusieurs de ces exilés ont profité des postes diplomatiques externes pour rester à l’étranger. L’autre type d’émigrés de la même vague était représenté par les écrivains et jeunes intellectuels déçus par l’après- Antonescu et le gouvernement Sănătescu, qui ont choisi l’exil. La deuxième vague, des années 1960-1970, est celle des persécutés politiques, des émigrées des années 1960 libérales, de ceux qui ont refusé le compromis politico-culturel. La troisième vague est celle des années 1980, marquées par beaucoup de restrictions, et est constituée principalement d’écrivains qui ont choisi en nombre important l’exil.

Les publications de l’exil roumain ont été nombreuses : Luceafărul (1947-1948), Orizonturi. Bulletin mensuel pour la propre information et documentation (Stuttgart, 1949-1953), Destin. Revue culturelle roumaine (Madrid, 1951-1972), Caete de dor.

Métaphysique et poésie (Paris, 1951-1972), peut-être l’héritière en titre de Luceafărul, Gânduri libere. Revue littéraire et culturelle (1952-1953), La Roumanie indépendante (1945-1959), Revue d’études roumaines (à partir de 1953), Semne. Revue de pensée, art et littérature (1960-1963). Comme le fait remarquer E. Behring

40

, les mêmes auteurs écrivent pour la plupart de ces revues, parues dans plusieurs capitales européennes, et décident de leurs lignes éditoriales. Nous parlons ici de Mircea Eliade, Vintila Horia, Horia Stamatu, Ştefan Baciu, Basil Munteanu, Monica Lovinescu, Virgil Ierunca, Alexandru Busuioceanu, George Uscătescu et d’autres encore.

Ainsi, le rôle des écrivains roumains exilés, qui bénéficient de la liberté d’écrire, sera de continuer la tradition littéraire et de combler « la syncope littéraire et culturelle roumaine », dans les conditions où création littéraire dans pays n’est pas digne de ce nom à cause des contraintes auxquelles elle est soumise

41

. Dans le préambule de la revue Destin, 1951, n° 1, les auteurs parlent du choix des exilés de la « liberté de soumettre notre réalité et celle de notre peuple à une analyse sans ménagements et courageuse »

42

.

Des cibles différentes

S’adressant aux émigrés polonais, mais aussi aux Polonais du pays, Kultura voulait tirer un signal d’alarme sur la crise de la civilisation européenne, sur les dangers du communisme soviétique et du nationalisme allemand, sur la situation très inconfortable dans laquelle se trouvait l’Europe centrale. Kultura est parfois décrite non comme une publication des exilés, mais comme une publication nationale qui paraissait à l’étranger

43

. La revue avait quelques 10000 abonnements et 1600 exemplaires arrivaient en Pologne par des moyens illégaux, le plus souvent dissimulés dans les bagages des voyageurs

44

. Elle était considérée comme un journal de l’élite, les témoignages postcommunistes indiquant que les classes populaires connaissaient

39

Eva Behring, Scriitori români din exil (1945-1989) [Ecrivains roumains de l’exil (1945-1989)], Bucarest, Editura Fundatiei culturale române, 2001.

40

Ibid.

41

Luceafărul, Cuvant înainte, n° 1, 1947, p. 4.

42

apud E. Behring, op. cit.

43

Thomas Lane et Marian Wolański, Poland and European Integration. The Ideas and Movements of Polish Exiles in the West, 1939-91, Basingstoke, New York, Palgrave Macmillan, 2009, p. 203.

44

Ibid., p. 203.

(12)

relativement peu l’existence de Kultura. Mais si Giedroyć souhaitait que Kultura touche au plus grand nombre de lecteurs parmi l’émigration polonaise aussi, c’était pour éviter que « les émigrés s’éloignent des affaires polonaises et pour que leurs liens avec la patrie-mère [homeland] ne deviennent pas seulement émotionnels et nostalgiques »

45

.

Dans la lignée de Kultura, la revue tchèque Svědectví souhaitait s’adresser précisément au public tchécoslovaque resté dans le pays, l’influencer « en accordant toute l’attention requise à la volonté de transformation qui animait le pays »

46

. La revue est envoyée de manière clandestine dans le pays, tout comme Irodalmi Úság, qui, pour faciliter le transport, est imprimée sur du papier pelure très fin, mais garde son format emblématique A3

47

.

Luceafărul « est écrite pour les Roumains hors les frontières » (n° 1, 1947).

Mircea Eliade, dans le même premier numéro de la revue, décrit la situation de la diaspora roumaine d’après la guerre comme inédite :

« Pour la première fois dans notre histoire on peut parler d’une vraie diaspora [souligné dans l’original], parce que cette fois-ci la masse des réfugiés représente toutes les classes sociales et toutes les professions, et elle se répand sur toute la terre. »

48

La revue leur est adressée donc. A cause de l’absence quasi totale de samizdat en Roumanie, les revues de l’exil n’ont pas circulé dans le pays, à l’échelle de Kultura.

La fin des années 1970 apporte de nouveaux types de collaborations avec le pays d’origine. Pierre Kende lance Les Cahiers hongrois en 1978, dont le comité de rédaction est majoritairement formé de Hongrois du pays. Svědectví publie des textes envoyés de Tchécoslovaquie. Comme le souligne P. Grémion, les nouveaux émigrés ne sont plus

« des transfuges ou des traîtres »

49

, mais, bien au contraire, sont bien accueillis à Paris et écoutés, publiés.

Les « revues Est-Ouest » à Paris

Cahiers de l’Est paraît de 1975 à 1980 (20 numéros) aux éditions Albatros, ensuite, de 1991 à 1992, sous le titre Nouveaux cahiers de l’Est (quatre numéros), aux éditions P.O.L. L’initiative appartient principalement à Dumitru Tsepeneag, son objectif étant de ne pas faire une « revue d’émigration », mais avait « l’ambition de publier une revue internationale à Paris »

50

. Le directeur de la publication était Sanda Stolojan, ancienne interprète officielle des présidents français de De Gaulle à Mitterrand.

L’objectif de la revue, formulé par Tsepeneag, rédacteur en chef, dans le premier numéro était de faire connaître au public occidental la vraie littérature de l’Est, qui ne se limitait pas à la littérature de contestation ou de témoignage, du type Soljenitsyne, à laquelle il était habitué.

« Faire connaître en Occident la littérature de ces pays, pas seulement celle du témoignage, mais aussi celle dans laquelle se dévoilent de nouveaux mondes d’écriture, des formes nouvelles d’expression. Mais le but profond de notre revue serait qu’elle n’ait plus de raison de paraître : cela voudrait dire que tous ces écrivains soient lus, appréciés, jugés selon les mêmes critères que les écrivains de n’importe que autre pays, qu’il n’y ait plus la littérature de l’Est et l’autre »

51

.

45

W. Bolecki, art. cit. p 152.

46

A. Marès, ibid, p. 27.

47

Ioana Popa, art. cit., 2011, p. 6.

48

Mircea Eliade, « Doua traditii spirituale romanesti (despre Eminescu-Iorga vs. Caragiale-Lovinescu)”, Luceafărul, 1947, n°1, p. 27.

49

Ibid. p. 46.

50

Dumitru Tsepeneag, Un român la Paris. Pagini din jurnal, Bucarest, Cartea Româneasca, 1997, note du 7 août 1974.

51

D. Tsepeneag, « Editorial”, Cahiers de l’Est, Paris, Editions Albatros, 1975, n° 1, p. 2.

(13)

Le premier numéro publie Ionescu, Tibor Dery, Octavio Paz, Horia Stamatu, François Fejto, Sorin Marculescu, etc. Le second numéro publie Mircea Eliade, Miodrag Pavlovic, Lesez Kolakowski, Janos Pilinszky, Matei Calinescu, etc. Le numéro trois publie Milosz, Michel Deguy, Lajos Kassak, Bernard Noel, György Konrad, Constantin Jelensky, Wislawa Szymborska, etc.

En 1991, le constat de Tsepeneag est qu’il n’y a pas plus de connaissance de la littérature de l’Est en Occident que 15 ans auparavant, à part la publication de quelques nouveaux écrivains. Un nouvel objectif se rajoute à celui formulé en 1975 et la revue s’appellera Nouveaux cahiers de l’Est.

« Faire connaître en France et dans d’autres pays francophones les écrivains de l’Est, entretenir un vrai dialogue Est-Ouest et contribuer à ce que les écrivains et les lecteurs de l’Est de l’Europe approfondissent leurs relations, car, attirés comme ils le sont maintenant par la culture occidentale, ils s’ignorent davantage entre eux. La langue française devient ainsi un véhicule privilégié pour les échanges culturels est-européens, ce qui représente un fait nouveau. »

52

Un autre exemple est celui de Lettre Internationale, dont l’objectif était de créer un contexte autour de chaque texte, de la faire comprendre par le public. Antonin Liehm décrit l’innovation apporté par sa publication : « Nous ne voulions pas refaire une autre revue Est-Ouest, mais nous tenions à créer une vraie revue européenne.

53

» Le projet est accueilli par Paul Noirot, directeur de Politique aujourd’hui, et son succès rend possible la publication de plusieurs éditions nationales en Europe (Italie, Espagne, Allemagne, Yougoslavie, Hongrie, Croatie, Russie, Roumanie, Bulgarie, Tchécoslovaquie (seulement deux années dans ce dernier pays)). Faute de moyens, la revue a cessé de paraître en France en 2002. Pendant son existence, Lettre Internationale publie des points de vue divers et originaux sur la culture et a été l’espace « passionnant d’échanges et de réflexions sur l’art, la littérature, la politique et l’histoire »

54

. A. Liehm croyait en une troisième voie, pour la culture sinon pour la politique aussi.

Ce type de publications a notamment contribué à une ouverture du public français vers les littératures des pays de l’Europe centrale et orientale. Si ces revues ont sans doute œuvré pour le développement des réseaux ou au moins pour la création de liens entre les exilés, ils ne sont pas proposé et n’ont pas eu une action politique ou militante particulière.

Kultura dans les réseaux

De toutes les publications diasporiques parisiennes, Kultura a incontestablement joué le rôle le plus actif dans les réseaux extérieurs à son propre cercle. Pierre Grémion propose une analyse aussi factuelle et objective que possible du rôle du Congrès pour la liberté de la culture dans la lutte occidentale contre le communisme est-européen

55

. Ce chercheur identifie quatre groupes parmi les personnalités qui ont participé à la première réunion du Congrès : les intellectuels anciens communistes, la résistance européenne non-communiste, les fédéralistes européens, les intellectuels émigrés des pays communistes. De ce dernier groupe faisaient partie beaucoup de russes, deux Tchèques, un Letton, deux Polonais : Joseph Czapski et Jerzy Giedroyć. Czapski a été le seul intervenant à aborder l’Europe centrale et surtout de sa situation culturelle. On

52

D. Tsepenag, « Editorial », Les nouveaux cahiers de l’Est, Paris, P.O.L., 1991, n° 1, p. 10.

53

Antonin Liehm, « Que faire », in W. Falkowski, A. Marès (dir.), op. cit., p. 67.

54

Blaha Jaroslav, « ‘Antonin Liehm’. L'hérétique qui voulait sauver la culture », Le Courrier des pays de l'Est, vol. 6, n° 1058, 2006, p. 95.

55

Pierre Grémion, L’intelligence de l’anticommunisme. Le Congrès pour la liberté de la culture à Paris (1950-

1975), Paris, Fayard, 1995.

(14)

commençait ainsi à faire la distinction entre la situation en URSS, largement débattue par les intervenants russes, et l’Europe centrale, soumise à la soviétisation, mais souhaitant garder son cachet.

Après sa nomination à la tête des publications du Congrès, François Bondy a chargé Czapski du projet de création d’une université des exilés. Il a établi un programme de publications proposé à la réunion de Bruxelles, en novembre 1950. Pour la région qui nous intéresse, il était question de l’URSS, de la Tchécoslovaquie, de la Bulgarie, de la Pologne, de la Yougoslavie.

En mars 1951 commence la parution de Preuves. Cahiers mensuels du congrès pour la liberté de la culture et publie dès le début le nom de six publications éditées en France, considérées comme « sources fiables », dont Kultura : La Réalité russe, le Bulletin de l’Association d’études et d’informations politiques internationales, Masses-Information, Kultura, Contact, Les Cahiers critiques du communisme. Les objectifs de preuves étaient la défense de l’Europe et l’appui des valeurs européennes dans le combat contre le stalinisme, dans la tradition entamée par Denis de Rougemont, la dissociation entre culture russe et soviétisme ; l’avancement de preuves contre le soviétisme

56

. En amont, on avait proposé à Giedroyć de transformer Kultura dans l’organe officiel du Congrès, mais le directeur de Maisons Laffitte a préféré son indépendance à cette reconnaissance internationale

57

.

Constantin Jelenski, essayiste polonais, est devenu, avec le soutien de Giedroyć, le directeur de la section Europe de l’Est du secrétariat général du Congrès. Il est devenu un collaborateur fidèle de Bondy et de Preuves. A l’apogée de Preuves et du Congrès, il décide ensemble avec Bondy de la ligné éditoriale de leurs publications, qui est ouverte sur le monde russe et germanique, mais qui publient aussi bien Gombrowicz, Cioran ou Ionesco.

Kultura et Jelensky sont aussi au cœur de la Fondation pour une entraide intellectuelle européenne. Lubor Jílek parle de la création d’un « réseau informel d’opposition intellectuelle à la domination soviétique » autour de la Fondation, un

« réseau particulièrement complexe de dépendances budgétaires, d’influences politiques et d’échanges culturels »

58

. Cet organisme était apparenté au Congrès pour la liberté de la culture, dans un premier temps, mais son nom devient étroitement lié à celui de Kultura.

« Le terreau nourricier du souci d’aide entre Européens fut ainsi le milieu restreint d’intellectuels animés par une vision transnationale et groupés, un demi-siècle durant, autour de Kultura. »

59

La Fondation accorde tout son soutien au Comité de défense des ouvriers (KOR) en Pologne, dès 1976, et s’est rapproché d’Adam Michnik lors des changements polonais.

Kultura a agi donc en Pologne aussi par l’intermédiaire de ce réseau international.

56

P. Grémion, op. cit., p. 76.

57

Maria Delaperrière cite les journaux de Giedroyc, « Kultura et les intellectuels français : stratégies, affinités, inspirations », in Joanna Nowicki et Catherine Mayaux (dir.), L’Autre Francophonie, Paris, Honoré Champion, 2012.

58

L. Jilek, « La fondation pour une entraide intellectuelle européenne et le soutien aux antécédents de Solidarité », in A. Fleury et L. Jilek, Une Europe malgré tout (1945-1990), op. cit., p. 169 et p. 175.

59

Ibid., p. 174.

(15)

« Après mon retour au pays, en 1990, quelle ne fut pas ma surprise de constater que ce périodique de ‘haute trahison’ était lu par un grand nombre de personnes », écrit Pavel Tigrid

60

au sujet de Svědectví. Du côté polonais, les historiens se mettent d’accord pour dire que l’influence des idées véhiculées par Kultura parmi les intellectuels polonais était très importante. Pour les années 1980, Timothy Snyder parle d’un

« consensus en faveur du programme de Kultura qui était évident parmi l’intelligentsia de l’opposition polonaise qui a joué un rôle important dans Solidarnosc »

61

. Des éléments du programme de Kultura ont été mis en application par les gouvernements postcommunistes : indépendance des voisins orientaux de la Pologne, acceptation de leurs frontières existantes et renoncement à toute volonté de modification des frontières à l’Est.

Toutes les publications n’ont pas eu l’influence nationale et internationale de Kultura. Milan Burda conclut au sujet des revues littéraires et organisations culturelles tchèques que, malgré leur fragilité, elles ont joué un rôle important dans le maintien d’un sentiment d’identité nationale et ont permis l’affirmation de quelques personnalités nouvelles.

62

Ce constat ou conclusion s’applique aussi au cas roumain et à ses publications multiples et parfois très éphémères.

Appartenir à des réseaux n’empêche aucunement l’affirmation individuelle des personnalités. Bien au contraire, selon Georg Simmel, les appartenances multiples favorisent l’individualisation

63

. Le cas de Constantin Jelensky évoqué plus haut est exemplaire de ce point de vue. Jelenski était le cosmopolite par excellence, qui a su développer un réseau institutionnel et personnel dont le rôle dans la chute du communisme en Pologne est indéniable.

64

L’affirmation individuelle et la réussite personnelle semblent avoir été le choix des émigrés roumains. Ils ont assumé la situation d’« exilés », très souvent synonyme pour eux avec l’« exil intérieur ». Un des domaines dans lequel les membres de l’exil roumain se sont affirmés a été celui purement littéraire, avec peu de velléités politiques.

L’action politique des exilés roumains à Paris a été menée principalement par l’intermédiaire des chaines de radio (RFE et RFI) et des organismes de défense des droits de l’homme.

Stéphane Dufoix invente le terme d’exopolitie pour désigner les rôles et actes politiques des exilés, objet oublié jusqu’alors des sciences politiques

65

. Il nous semble qu’en nous concentrant sur les groupes culturels des exilés nous pouvons contribuer à l’étude des relations culturelles internationales, et peut-être compléter de manière interdisciplinaire un domaine peu exploité. Dans ces pages, nous avons apporté quelques éléments à cette vaste entreprise. « Le mot » évoqué par Pavel Tigrid dans sa Lettre à Jerzy Giedroyc et sa « force explosive lorsqu’il est formulé de manière convaincante, grave mais brillante aussi »

66

font aussi l’ordre du monde.

60

P. Tigrid, « Lettre à Jerzy Giedroyc », art. cit., p. 78.

61

Timothy Snyder, The reconstruction of nations: Poland, Ukraine, Lithuania, Belarus, 1569-1999, New Haven ; Londres, Yale University Press, 2003.

62

M. Burda, art. cit.

63

Georg Simmel cité par E. Letonturier, art. cit., p. 45.

64

« En France, le cosmopolitisme reste le plus souvent au stade des intentions. Celui de Kot (Constantin Jelenski) frappait par son évidence, son naturel, et ce don des langues que je n’ai retrouvé que chez les transfuges de son milieu », témoigne Claude Arnaud, in L. Jilek, art. cit., p. 178.

65

Stéphane Dufoix, Politiques de l’exil, Paris, PUF, 2002.

66

« C’est exactement ce que vous avez su faire dans Kultura, souvent contre tous », continue Tigrid, dans

cette lettre reprise dans Mémoires d’un combat : Kultura 1947-2000, op. cit.

(16)

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