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Le paysage à l’épreuve de la transition énergétique

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Academic year: 2022

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Appel à proposition d’articles pour le numéro 10 de la revue Projets de paysage Le paysage à l’épreuve de la transition énergétique

La revue Projets de paysage se propose de publier dans son numéro de juin 2014 un dossier thématique explorant les relations que la question du paysage entretient avec celle de l’énergie en général et de la transition énergétique en particulier. L’objectif central de ce dossier est de montrer dans quelle mesure et comment la recherche scientifique peut aider à la fois à mieux appréhender et à (re)penser la place et le rôle du paysage dans les actions et politiques aujourd’hui conduites dans le domaine énergétique.

Toute une série de phénomènes – réchauffement climatique, raréfaction des sources d’énergie fossile, catastrophes nucléaires… – ont amené ces dernières années les sociétés industrialisées de la planète à engager une réflexion prospective sur leur rapport aux ressources énergétiques.

Le paysage peut a priori constituer une entrée pertinente dans cette réflexion. Enregistreur, dans la durée, de certains des principaux effets directs et indirects des formes d’exploitation de la ressource énergétique (et cela bien au-delà du seul impact des infrastructures de production), il aide à remettre la question énergétique à sa juste place : celle de composante clé d’un système territorial global. On conçoit également que le paysage puisse, sur cette base, devenir un outil de choix pour l’élaboration de projets concertés, permettant d’articuler projet énergétique et projet de territoire.

La place occupée par le paysage dans le débat énergétique ne se situe cependant pas pour l’heure à ce niveau. Elle est plutôt celle d’un argument que l’on oppose au développement d’infrastructures nouvelles, voire à tout projet énergétique ayant un impact sur l’environnement perceptible. Face à une politique énergétique sans doute trop encline à verser dans la logique réductionniste de l’équipement, l’argument de la qualité paysagère se dresse comme une fin locale de non-recevoir ; et autour du paysage, outil supposé infaillible de concertation et de participation, semble en définitive le plus souvent ne se nouer qu’un dialogue de sourds. On sait ce qu’il en est, notamment, pour l’éolien et le photovoltaïque, domaine dans lequel l’argument de la préservation des paysages – même s’il peut cacher chez ceux qui l’agitent d’autres préoccupations que strictement paysagères ou esthétiques – est en permanence conduit à affronter l’argument du bienfait environnemental.

Ce paysage coupable d’acharnement contre l’adoucissement de notre énergie perd dans l’affaire beaucoup de sa verdeur. Une ombre se met à planer sur son « naturel », c’est-à-dire sur l’idée communément admise de sa complicité avec la cause écologique. Mais la question énergétique reconduit aussi le paysage vers un terrain dont beaucoup aimeraient qu’il s’éloignât à grand pas : celui d’un pittoresque à la fois désuet et agressif, esthétique sans doute suranné, mais permettant d’opposer à toute innovation une expertise sensible non discutable. Le pittoresque n’est certes souvent qu’un regard emprunté pour la circonstance, mais il n’en impose pas moins, par ce biais, une certaine manière de voir et de dire.

Au moment même où paraît triompher une visée scientifique et politique faisant du paysage un hybride socio-écologique en perpétuelle transformation et, surtout, l’associant à cette

« perception du dedans » qui est celle de l’habitant-usager, tout se passe comme si la question énergétique reconduisait ainsi sur le devant de la scène un paysage-tableau, regardé à distance. Elle redonne vie dans le même mouvement au paradigme de l’« intégration », qui conduit à appréhender le paysage sous l’angle d’une stratégie de pérennisation, face à l’irruption de l’élément nouveau, d’une « composition » et d’un « caractère » hérités. La

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mutation énergétique semble en d’autres termes fournir à nouveau au paysagique l’occasion de se déployer en toute sa pureté esthétique, visuelle et spectatoriale, en complicité avec une vieille culture élitiste du regard, porteuse de normes rassurantes.

La transition énergétique ferait-elle donc régresser le paysage ? Elle le met pour le moins à l’épreuve, au sens où elle ne questionne rien moins que la pertinence culturelle et politique de cette notion. Comment dépasser la situation actuelle et véritablement penser, autrement que sur le mode négatif, le rôle du paysage relativement à l’enjeu énergétique ? Quels outils la recherche scientifique est-elle capable d’apporter à la construction de ce nouveau rapport entre énergie et paysage, qui ferait de ce dernier, plutôt qu’un obstacle, l’une des entrées possibles dans la conception et la mise en œuvre de projets énergétiques innovants ?

Ce dossier thématique de Projets de paysage est largement ouvert à toutes les contributions – qu’elles soient relatives à des recherches d’ordre fondamental ou en lien direct avec l’action – susceptibles d’apporter des réponses à ces questions. On souhaite en particulier – sans réduire strictement à cela le spectre des contributions pouvant être acceptées – qu’y trouvent place des articles proposant :

• un examen critique poussé de la situation qui vient d’être rapidement décrite, pour mieux comprendre, notamment, la manière dont la question paysagère intervient dans les actions en matière énergétique, les représentations sociales et paradigmes de l’action mobilisés dans ce contexte, les jeux d’acteurs et les enjeux sociopolitiques sous-jacents aux conflits. Ce questionnement ne doit pas être séparé de son volet historique (on pense notamment à l’héritage que constituent les conflits paysagers associés au développement de l’hydroélectricité à partir du tournant des XIXe et XXe siècles) ;

• une exploration élargie des rapports entre question paysagère et question énergétique, à travers des contributions éclairant, notamment d’un point de vue diachronique, prospectif et comparatiste, les liens entre exploitation de la ressource énergétique et transformation/dynamique des paysages ;

• des propositions théoriques et méthodologiques relatives au rôle du paysage dans le domaine des politiques énergétiques et à des formes d’action innovantes à mettre en œuvre, sur la base, notamment, de l’articulation de démarches de recherche et de projet.

Serge Briffaud

Quelques précisions

Un résumé de 1 500 signes maximum devra être envoyé dans un premier temps le mardi 15 octobre 2013 au plus tard à Emmanuelle Passerieux- Gibert : emma.passerieux@editographie.com ;

Une sélection sera faite à partir de ces résumés et la commande des textes aux auteurs sera envoyée le mercredi 30 octobre 2013 ;

Les textes devront être envoyés le vendredi 31 janvier 2014 au plus tard à Emmanuelle Passerieux-Gibert : emma.passerieux@editographie.com ;

Calibrage des textes : entre 20 000 et 40 000 signes, notes et bibliographies comprises.

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