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Reference
Constantin et le crépuscule des médias
AMEZ-DROZ, Philippe René
Abstract
Article relatif à la polémique entre l'entraîneur du FC Sion et les médias privés de Suisse romande. Mise en perspective à la lumière des dernières statistiques de l'OFS sur le segment d'activités des médias, période 2017-2019.
AMEZ-DROZ, Philippe René. Constantin et le crépuscule des médias. La Tribune de Genève , 2019
Available at:
http://archive-ouverte.unige.ch/unige:123098
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Date: 07.09.2019
Tribune de Genève / ImmoPlus 1211 Genève 11
022/ 322 40 00 https://www.tdg.ch/
Genre de média: Médias imprimés Type de média: Presse journ./hebd.
Tirage: 33'566
Parution: 6x/semaine N° de thème: 377.116
Ordre: 1094772 Page: 11
Surface: 26'843 mm²
Référence: 74673887
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Constantin et le «crépuscule des médias»
Planète Réseaux Philippe Amez-Droz
Medi@LAB, Université de Genève
L'été a été marqué par la polémi- que alimentée par le président du FC Sion, Christian Constantin, qui répliquait le ler août à un commu- niqué émanant des rédactions en chef de Suisse romande. Ces dernières dénonçaient fin juillet le boycott imposé au quotidien «Le
Nouvelliste», pour des motifs liés à des conflits de personne et à la ligne éditoriale, apparemment perçue comme trop «critique».
Dans sa réaction, le président du FC Sion [...] écrivait à propos de la presse de Suisse romande, «médias en mains privées» qu'il distinguait habilement des médias du secteur public: «Vos sociétés se trouvent dans un état de tension économi- que, ce qui est un constat objectif et largement relayé. Évidemment, je le déplore, mais il faut au- jourd'hui constater la fin irrévoca-
ble du type de presse que l'on a pu connaître par le passé, rayonnante et florissante. [...] Je vous vois comme les naufragés du Titanic qui écoutent l'orchestre quand le bateau coule.»
De tels propos démontrent d'emblée l'attachement de l'homme, très médiatisé par ailleurs, à la presse romande, même si sa volonté de venir au
secours des naufragés du «Matin»
semaine fut comme une bouée aussi vite lancée que retirée. De fait, les milieux sportifs, en particulier ceux du football, ont un besoin viscéral d'une large
couverture médiatique. Christian Constantin, comme président d'un club régional d'importance nationale, peut craindre à juste titre le déclin du média de masse
que constitue la presse imprimée [...]. Cette vision de la presse du XXe siècle est, à l'image du président du FC Sion, dépassée.
Décrite comme «en crise» depuis belle lurette, la presse est-elle pour autant un Titanic bientôt disparu?
Pour être objectif, il vaut la peine de se référer aux chiffres de l'Office fédéral de la statistique. Cela tombe à pic car les derniers indicateurs des médias 2016-2018 pour la Suisse ont été publiés le 17 juillet dernier. Qu'en apprend-on?
Que la Suisse est et demeure un pays de presse écrite (papier et numérique). Avec 92 titres recensés à la fin 2017 pour un tirage quotidien de près de deux millions d'exemplaires, le bateau «Presse imprimée» est un malade qui résiste. Fait plus révélateur du changement d'usage en cours, le basculement numérique s'accom- pagne en Suisse d'une double tendance très encourageante: celle des dépenses des ménages pour les
«contenus et services» d'une part (263 francs en 2016 sur un total de 300, dont 62% pour internet), en
sensible hausse sur une période d'observation de dix ans (source:
OFS, «Aspects économiques des médias», 2019); celle du nombre de personnes actives occupées dans le secteur des médias, qui s'est accru de 9%, d'autre part. Une évolution, relève l'OFS, «principalement due à la progression des femmes, qui a connu une hausse de 15%, alors que celle des hommes est moindre, -F4%. [...] Parmi tous les profession- nels des médias, les journalistes et rédacteurs sont les plus nombreux (14 518, soit 13%), avec un effectif n'ayant pas évolué de manière significative par rapport à 2010.»
(Source: OFS, «Activités profession- nelles dans le domaine des médias 2017», 2019).
La réalité statistique est visiblement éloignée de la perception de celle-ci et surtout de son interprétation. Concrètement, les médias privés suisses se donnent les moyens du change- ment numérique et opèrent leur mue, non sans casse, mais avec détermination et même panache.
À bien étudier les chiffres, l'inquiétude porterait davantage sur les médias dits du service public. [...] «J'étais insoucieux de tous les équipages», clamait Rimbaud dans «Le Bateau ivre».
Espérons que Monsieur Constantin saura se préoccuper de l'avenir du secteur public autant qu'il s'inquiète de celui du privé.
Version intégrale sur www.tdg.ch
Planète Réseaux Philippe Amez-Droz
Medi@LAB, Université de Genève
