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Hermann Hesse (1877-1962), Stunden im Garten. Eine Idylle [Heures dans le jardin. Une idylle]

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Hermann Hesse (1877-1962), Stunden im Garten. Eine Idylle [Heures dans le jardin. Une idylle]

LÉVY, Bertrand

Abstract

Le rôle du jardin et du jardinage dans la vie et l'œuvre de Hermann Hesse

LÉVY, Bertrand. Hermann Hesse (1877-1962), Stunden im Garten. Eine Idylle [Heures dans le jardin. Une idylle]. In: Michael Jakob. Des jardins et des livres . Genève : MétisPresses, 2018.

p. 162-163

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:110954

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268 269

ÉDITION

Bermann-Fischer, Vienne 1936

FORMAT

63 pages, 11,5 x 18 cm

PROVENANCE

Fondation Martin Bodmer

RÉFÉRENCES

Bertrand Lévy, Hermann Hesse.

Une géographie existentielle, José Corti, Paris 1992 ;

François Mathieu, Herman Hesse, poète ou rien, Calmann-Lévy, Paris 2012.

PAR

Bertrand Lévy

162 Hermann Hesse

(1877-1962)

Hermann Hesse a cherché durant toute sa vie d’écri- vain à évoluer « dans un beau paysage ». Le jardin, pour Hesse, ouvre sur le paysage, un paysage à la fois phy- sique et métaphysique. Dans Stunden im Garten (1935), un long poème qui prend la forme d’une idylle, l’auteur oscille entre sa manière de jardiner, les différentes provinces du jardin qu’il nous fait visiter, les soins et les outils qu’il requiert, et des pensées métaphysiques sur le temps qui passe, le cycle des saisons, ou sur la nature qui apprend aux hommes à être patients. Le jardin devient non seulement un sujet d’inspiration inépuisable pour cet amoureux de la nature, mais aussi un lieu riche en symboles. Ainsi, la chute d’un arbre est-elle comparée à la chute d’un vieillard fragile ; ou deux plantes, l’une exubérante et donnant des fleurs de magnolia à profusion, et l’autre recroquevillée sur elle-même, prennent les traits de deux caractères op- posés (« Oppositions »)1.

Hermann Hesse, poète, peintre et jardinier. Triade à laquelle nous pourrions ajouter voyageur. L’auteur de Narcisse et Goldmund (1930) n’est pas un sédentaire qui, à l’image d’un Voltaire, va faire de son jardin une entreprise florissante. Le rôle du jardin est d’abord de le mener vers un voyage intérieur et d’assurer son équilibre personnel à travers un travail manuel. C’est aussi une manière de soulager ses yeux rougis par la lecture. Le poète résume parfaitement son point de vue et sa pratique, quand il se fait construire à trente ans une maison avec jardin à Gaienhofen, située sur la rive allemande du lac de Constance et aujourd’hui ouverte au public :

« Presque plus important que la maison était pour moi le jardin. Je n’en avais encore jamais eu qui fût bien à moi et il allait presque de soi, étant donné mes principes campagnards, qu’il me fallait le disposer, le planter et m’en occuper, ce que j’ai fait effectivement

bien des années. J’installai dans le jardin un appentis pour le bois de chauffage et les instruments de jar- dinage. Conseillé par un fils de paysan, je traçai au cordeau des allées et des carrés, je plantai des arbres, des châtaigniers, un tilleul, un catalpa, une haie de buis et quantité de buissons à fruits rouges ainsi que de beaux arbres fruitiers. Mes sujets encore jeunes furent rongés et détruits l’hiver par les lièvres et les chevreuils, mais tout le reste poussa fort bien et nous eûmes alors abondance de fraises et de framboises, de choux-fleurs, de petits pois et de salade. Je fis égale- ment pousser des dahlias et créai une longue allée en- cadrée des deux côtés par des centaines de tournesols d’une taille exemplaire, ayant à leurs pieds des milliers de capucines dans tous les tons de rouge et de jaune.

Pendant au moins dix ans, à Gaienhofen et à Berne, j’ai planté seul et de mes propres mains mes légumes et mes fleurs, fumé et arrosé mes plates-bandes, désher- bé les allées, j’ai moi-même scié et fendu notre abon- dant bois de chauffage. Cela était beau et instructif, mais finit par devenir une pénible corvée. Jouer au paysan, c’était bien tant que cela restait un jeu : lorsque ce fut devenu une habitude et un devoir, c’en fut fait du plaisir » (« En entrant dans une nouvelle maison »)2.

La destinée du jardin d’Hermann Hesse se confond ces années-là avec celle de sa famille ; ainsi, chaque enfant y possède son petit carré et y fait son édu- cation. En 1912, la famille déménage près de Berne, dans l’ancienne demeure du peintre Albert Welti. C’est une ferme bernoise avec jardin donnant sur les Alpes, et reconnaissable sur le Melchenbühlweg même si elle a subi des transformations. Il y cultive un jardin sensiblement plus étendu que celui de Gaienhofen, mais son mariage bat de l’aile dans cette maison trop grande. En 1919, sa famille s’effondre et il perd maison, jardin, épouse et enfants qui iront s’installer dans le

Stunden im Garten . eine idylle

[ Heures dans le jardin. Une idylle ]

Locarnais, tandis qu’il ira vivre dans le Luganais. Le poète a trouvé dans le jardinage plus qu’une occupa- tion, une manière de cultiver son idéal terrien, mais il ne perd jamais à l’esprit la fragilité de ce destin de sédentaire qui n’est fait qu’à moitié pour lui ; le jardin lui apparaît alors comme un lieu où il sent pointer la menace de devoir tout quitter un jour.

Quand il s’installe à la Casa Camuzzi de Montagnola, dominant le lac de Lugano, le jardin n’est plus pour lui un sujet de préoccupation personnelle, car il n’est plus propriétaire, mais locataire d’un modeste quatre- pièces d’angle. Toutefois, ce qui l’exalte, c’est qu’il a jouissance de ce parc exceptionnel doté d’un atelier de peintre. C’est un microcosme sauvage subtropical qui s’étage sous le palais baroque comme sorti d’un conte d’Hofmannsthal. Le jardin de la Casa Camuzzi, où il écrit ses principaux chefs-d’œuvre, Siddhartha (1922), Le Loup des Steppes (1927), Narcisse et Goldmund (1930), est un des motifs de contemplation dominant dans Le Dernier été de Klingsor (1919). Il y questionne aussi la destinée humaine : pourquoi les hommes ont-ils besoin de se projeter au-delà de la vie, d’assurer une part d’immortalité, contrairement aux animaux et aux plantes qui cèdent leur place sans faire d’histoires aux générations suivantes ? Le poète évoquera et peindra à l’aquarelle à de multiples reprises ce jardin du sud des Alpes, aujourd’hui protégé et inscrit aux Biens culturels du Tessin. (Il est hélas fermé au public mais on peut l’observer du chemin en contrebas.)

En 1923, la perte d’un objet qui n’est pas anodin pour Hesse, son couteau de jardinier, fait l’objet d’un texte poignant. Ce couteau faisait partie des rares objets qu’il avait pu sauver de sa vie antérieure au nord des Alpes : « Ce n’était pas un couteau de poche ordinaire

— dans ma vie, j’en ai possédé et utilisé beaucoup.

C’était un couteau de jardinier : une seule lame, très solide, galbée en demi-lune, avec un manche lisse et robuste ; pas un objet de luxe, non plus qu’un jouet, mais une arme sérieuse, résistante, un bel outil à l’as- pect antique et éprouvé. Ces formes sont le fruit des expériences faites par nos aïeux durant des centaines,

des milliers d’années, et elles résistent bien souvent longuement à l’assaut de l’industrie, qui a l’ambition de remplacer ces formes confirmées par des formes nouvelles, absurdes et désinvoltes, car cette dernière fonde son existence sur le fait que l’homme moderne n’aime plus les objets avec lesquels il travaille et se distrait, et les change facilement et fréquemment. » (« La perte de mon couteau de poche »).

Hermann Hesse va à nouveau jouir d’un jardin per- sonnel à partir de 1931, dans le vaste domaine que le mécène zurichois Hans Conrad Bodmer lui met à disposition sur une colline voisine de Montagnola et où il fait construire sa maison, la Casa Bodmer ou Casa Rossa. Il épouse en troisièmes noces Ninon Dolbin, qui aura droit à un jardin potager inclus dans le parc. L’étendue du domaine l’oblige alors à engager un jardinier chef, mais il plante et cultive lui- même notamment des tomates ; il en détaille toutes les opérations comme le repiquage, le tuteurage à l’aide de piquets de châtaigner principalement cou- pés dans la forêt toute proche, l’attache avec la ficelle des colis de livres reçus quotidiennement et la taille (cf. Mathieu 2012). Sa silhouette, portant chapeau de paille et hotte de vigneron, deviendra une légende qui va inspirer toute une jeunesse aspirant au retour à la terre et à des valeurs authentiques.

162.2 – 162.3 162.1

NOTES

1Hermann Hesse, «Oppositions», dans L’art de l’oisiveté, trad. Alexandra Cade, Calmann-Lévy, Paris 2002, p. 195-200 [«Gegensätze», ie éd. sous le titre

«Hochsommertag im Süden», Berliner Tageblatt, no 320 du 09.07.1928].

2Idem, «En entrant dans une nouvelle maison», dans Description d’un paysage.

Miniatures suisses, trad. Michèle Hulin, Jean Malaplate, éd. Siegfried Unseld, José Corti, Paris 1994, p. 41-42 [ie éd. (privée), été 1931. Repris dans Gedenkblätter, Berlin 1937].

Der Regenmacher am Feuer mit dem Rundsieb, juillet 1935, photographie, Martin Hesse Erben.

Hesse beim Jäten, 7 juin 1951, Martin Hesse Erben.

162.4

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