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Métamorphoses et contradictions de la forme école au prisme de la démocratie
HOFSTETTER, Rita, SCHNEUWLY, Bernard
HOFSTETTER, Rita, SCHNEUWLY, Bernard. Métamorphoses et contradictions de la forme école au prisme de la démocratie. In: Variations autour de la "forme scolaire" : mélanges offerts à André D. Robert . Nancy : Presses Universitaires de Nancy, 2018. p. 27-49
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puN
-
É0trrorus UNTvERSTTATRES DE LoRRAtNEde formation
Collection
Métamorphoses et contradictions de Ia forme école au prisme de la démocratie
'),
Rita HOFSTETTER, Bernard SCHNEUWLY
Qu'est-ce l'école et à quoi sert-elle ? Le concept de < forme scolaire >>,
élaboré par Guy vincent en 1980, entend y répondre en mettant en lumière
sa < fonction (politique) d'emprise totale > (p. 3l ) : < Que fait l,école ?
Elle éduque, c'est-à-dire assujettit à des règles ; en cela elle est un aspect du pouvoir >
(p.263).
Adoptant une posture résolument critique à I'encontre du grand récit émancipateur de l'école républicaine, l'originalité de vincent consiste à privilégier une enquête historienne, pour cerner la continuité structurant l'<< école comme telle > (p. S) de l'âge classique à nos jours, à partir d'une analyse minutieuse des prescriptions élaborées par ceux qui ont sinon inventé du moins systématisé et organisé à large échelle la scolarisation du peuple. Leurs écoles seraient des exemples types de la < forme scolaire >> dominante et I'analyse de leurs instructions (à I'exemple de la Conduite des écoles chrétiennes de J.-B de la Salle et ses rééditions successives) servent de modèle explicatifpour dégager ce qui, au fond, constitue l'essence de l'école aujourd'hui encore, sa< grarnmaire > pour employer cet autre terme en vogue outre-Atlantique, qui a connu un succès plus fulgurant encore, bien au-delà du monde anglo-saxon. Concepts frères
-
faux frères nous le venons-,
tous deux rencontent une résonance profonde dans le discours pédagogique quise distingue par sa critique, souvent radicale, de l'école et de sa fonction dans la société.
Invités à contribuer à une réflexion sur I'audience de la < forme scolaire >>, désormais effectivement << prisonnière de son succès )), nous discutons ici les fondements empiriques et théoriques du concept proposé
Rita Hofstette4 Bernard Schneuwly
par vincent en 19g0, traduit en (( outil d,inteiligibilité > dans ses travaux suivants,
qui lui
ont, eux, conferé sa rarge rJception.rce
concept de< forme scolaire > permet-il de comprendre les mutations de l,école au cours du long
XIX"
siècle, à l'heure où se négocient les conditions de la dé'rocratie modèrne ?ces
transformations seraient-eiles arors essentieilement de surface, des <variations >>, Ia structure proronae etant supposée établie dès les
XVI"_XV["
siècles ?-
.
Poury
répondre,- nous nous appuyons sur une sérection deb'ans
historiographiques, débordant l'aireciturelle
francophon.",
qui visent, eux aussi, à saisir conceptueilement ce qu,est l'écoie et ce à quoi eile sert. Puis, nous centrons notre attention sur quatre dimensions _ mises en exergue égarement par nos propres recherches historiennes _ qui nous paraissent définitoires de ra forrne écore, teile qu,eile se déproie durant leXIX"
siècle dans res démocraties occidentares, pour examiner arors comment certains de ses traits sailants font débat, zuscitantaujourd,hui encore controverses.2La
forme écore dans Ia rongue durée : éléments historiographiques Pour engager cette réflexion, nous discutons un choix de travaux rendant compte du phénomè ne du schooring, quenous proposons d,apperer< forme école >. Nous utilisons cette dénominati""
oLuJ
pour une raison pragmatique : ra notion de << forme scoraire >> est extrêmement chargée dans re discours francophone et renvoie quasi automatiquement à l'acception proposée par vincent, telle que popularisée dans l,ouvrage de 1994' Mais surtout, re syntagme << forme école >> retenu par anarogie à ceux de forme argent, forme prix, forme marchandisa,for_.
.upital, forme nation (Balibaa 1988), réfere plus explicitement à une institution sociale délimitéequi
se constitue et est conrtituée par res pratique, d,u"teu., qui y agissent. Trois caractéristiques, mises enévidence nàtamrnent par Lucien Sève (
lg84),
nous paraissent essentielles pour comprendre lel.
Le petit graphique en annexe témoigne de ce succès.2' Notre essai s'i'sc.ivant dans un ouvrage dédié à Ia < fo'ne scolair.e > (Guy vincent) à I'occasio' du départ à ra retraite d'André Rîbe4'rioi, nou, référ.erons plus particurièr.ernent à I'æuv'e (et aux références) de ces deux
"n","rr."., et à ceux qui s,y rappor.tent, en plus des travaux cités dans notre bilan fri""ri"gr"pht".. '
MétamorPhoses et contrt
concret de c,
;2. Elles constitue demières, deviennent Elles sont fondamenta
se transforment > (1 Forme école etforma,
,
Quels sont les élémer sont les métamorphoses' ' Rockwell (1999) postulla longue durée ou dans relatively homogeneous.
c'est-à-dire cette nouvell, de savoirs. Prenons l'e:
mandingues que sont le:
elle nécessite une form spécialisées dans le rô1 présupposant des conter des lieux de formation <
des caractéristiques prinr (2005) proposent aussi d
Une telle école se <<
formation sociale
qui
cmanuel. Elle se spécifie, r sociales, comme le mont
< theory of schooling > r longue durée incluant di' traits caractérisent la fo perdurer : l'apparition c
écrite des contenus à e structuration de l'école elle aussi rationnelle, d d' indicateurs qui manifes
< whenever there is evide personnel ( for example,
rilité > dans ses travaux
lption.r
Ce concePt de,s mutations de l'école égocient les conditions rns seraient-elles alors structure Profonde étant une sélection de bilans 'ancoPhone et qui visent, l'école et ce à quoi elle atre dimensions
-
mises;s historiennes
-
qui nousqu'elle se déPloie durant les, pour examiner alors rat, suscitant auj ourd' hui
lnts historio graPhiques ons un
choix
de travaux] nous Proposons d'aPPeler ination d'abord Pour une :olaire > est extrêmement
rie quasi automatiquement npularisée dans l' ouvrage
;ole >> retenu Par analogie à mdise, forme caPital, forme ent à une institution sociale par les Pratiques d'acteurs
rn évidence notamment Par tielles Pour comPrendre
le
,
mouvement concret de ces formes :
l.
Elles font partie d,une formation sociale ; 2. Elles constituent des pratiques qui, par ra forme qui s,impose à ces dernières, deviennent ces formes ayant trouvé leur matériau adéquat ; 3. Elles sont fondamentalement historiques :(
comme elles se forment elles se transforment D(p.
230) etsont sujettes à métamorphoses.Forme école etformations sociales
Quels sont les éléments constitutifs de la forme école ? Et quelles en sont les métamorphoses ? Nous nous rapportons à r'anthroporogue Ersie Rockwell (1999) postulant que c'est l,obseruation de cetie forrne dans la longue durée ou dans des sociétés sans écriture qui < highrights the relatively homogeneous, rong-term structures of schooring >
(p.
r23), c'est-à-dire cette nouvelle forme conferée à des pratiques de transmission de savoirs. Prenons l'exemple dela
formation des << intellectuels >mandingues que sont les griots, examinée par l,un de nos doctorants :
elle nécessite une forme école dans laquelle æuvrent des personnes spécialisées dans le rôle d'enseignants, des interactions didactiques présupposant des contenus apprêtés pour en permettre |apprentissage, des lieux de formation différenciés de I'exercice du métier.
Il
s,agit Ià des caractéristiques principalesqu'olivier
Maulini et philippe perrenoud (2005) proposent aussi dans leur définition générale de la forme scolaire.une
telle école se < forme >>, teile est notre hypothèse, dans toute formation socialequi
connaît unedivision
dutravail
intellectuel et manuel. Elle se spécifie, se < métamorphose >>, dans diftrentes formations sociales, comme le montre par exempre David Hamilton ( r 9s9) dans sa< theory of schooling > élaborée à partir d'enquêtes sociohistoriques de longue durée incluant diverses contrées européennes. certains nouveaux
Métamorphoses et conlradiclions cre raforme ëcore au prisnte de ra déntocrarie
traits caractérisent la forme écore déjà aux
XVI"-XVII"
siècles etvont perdurer : l'apparition de cu*icura, c'est-à-dire ra définition explicite, écrite des contenus à enseigner dans une progression raisonnée;
la'école en classes correspondant à une organisation, rationnelle, du
travail
scolaire. Hamilton dégage une série ausslforme scolaire > (GuY Vincent) à
rus r'éférerons plus particulièrement
; à ceux qui s'Y raPPortent, en Plus
'indicateurs qui manifestent, pour cette période, I'existence du schooling :
wheneverthere is evidence, among otherthings, of distinctive educational (for example, "teachers"), distinctive educational instruments
29
t.
(for
exampre, 'otextbooks") and distinctive educationar premises(for
example, "schools") >
(p. l3). II n,y
a par contre pas d,enseignement simultané systématique, ràs technorogies peaagogiquà,n,i*n,
pus encore déveroppées à cet effet (pp. 23 sq.). c'ette métamorphose de ra forme école repond à des besoins liés à r'uppàrition d,une nouvere fon:ration sociare, c'est-à-dire en.occurr.n". i
uppurition du capitarisme-.or,,u
forme encore manufacturière : re <schooring-was conceived by christianity and raised by capitarism
)
(p.vlr). Ham'ton
mentionn,no*--ent
d,unepart les quarifications nécessaires pour assumer des fonctions de prus en plus comprexes dans ra gestion de marchés, I,administration étatique, Ie fonctionnement de
r'élrise
;"t a'uutr. part
ranécessité de régurer re passage dum'ieu
famiriar au marché dutrava'd,rn
nombr" croissant d'enfants etjeunes, désæuvrés, n tiuJrgs > par r,évorution capitaliste, du travairdans les champs etcorporations. La forme écore se présente, à cette période, comme une mosaTQue écratée d,offres scoraires, dépendantes de multiples institutions
.o"ial"s
laont t,egtire;, uaresre"î à des pubrics divers, organisant res savoirs,"tù
o" principes très différents.contradictions constitutives de ra générorisation de raforme écore
De
nombreuses enquêtes menées à vasteéchete
dérnontrent ra reconfiguration profonde (et non une variation)a"
ruror-"
écore auXIX"
siècre en occident. Nous".,
p.lsentons querques-unes, retenues parce qu'elles en pointent des dimensionetpour l,influence I
erdébatsi",".,",i"î;;î:anreder"pr"p j;.I:::i#:i:lïlï:Ï"'"',ï
L',un des premiers usages du terme << fonne scolaire > dans un contexte théorique général se trouve à notre con
intro d u ctiv-e c'
Éti.nn.
B a r i b ar er pi e*effiïïi ffi ;ïfi ïï, ïj:
par Vincent : < Le déveroppement de ra forrne scoraire est un fait historique récent,
qui
résurte tendancietement du déveroppement du mode de production capitaliste.>(p.25).La
prise a" pouuoi.a.
tu t ou.geoisie, la révolution industrieile, resruttes;rJ;
démocratie rendent nécessaire un(
appareil idéologique d'État > unifié qui, à Ia fois, repro-dïit la force detrava'
ouvrière, <provide
the state
with trai'ea
uomirrirtr?tors, engineers andmilitary
personnel >(Green,
1997,p.35),
et, pennetRita Hofstette4 Bernard Schneuuly
Métamorphoses et c
et sélecti davantage ut domination institu dominante. Er spécialisés respectivr ( 1987) dégage les deu
de la forme école : , système, et de < segr des classes sociales.
< Mass schooling >:
de Stanford pour m institutionalization >
un système de marcl loyauté des individus.
que ce modèle de s<
par les principes sui
l'obligation
deI'ins
la non discriminatic généralisation de ceÉtats:<Theexpanc
unintended consequ(ties between state an the Reformation. > (
Prolongeant de tel prétention à I'univers' place la focale sur le productrice d'un < lo;
ofthe
soul >. Les ctmêmes:<Schoolsu per se >.
Ils
sont ar organizing, selecting governing of conduc citizens > (Popkewi que le fonctionneme educationalization >rises
(for
:ignement las enoofe rrme école cn sociale,
;
sa fotme tianitY and nent d'une;de plus en ,n étatique,
:
réguler le re croissant pitaliste, durente, à cette lépendantes
, des publics nts.
rme école ,montrent la 'me école au nes, retenues significatives ur les travaux rs un contexte ne petite note cité d'ailleurs faithistorique
t
du mode dea bourgeoisie, lent nécessaire rroduit la force .dministrators,
ï5),
et, PermetMétamorphoses et contradictions de la fonne ëcole au prisnte de la dënocratie
distinction
et sélection des élèves, parla
constitutiond'un
appareil scolaire davantage unifié dans lequel l'école primaire se constitue sous la domination institutionnelle et idéologique du secondaire réservé à la classe dominante. En dialogue avec DetlefK. Mûller
et Fritz Ringer, spécialisés respectivement sur l'Allemagne et la France, Brian Simon( I 987) dégage les deux tendances fortes qui orientent cette reconfiguration de la forme
école:
celles de << systematization >>, organisation en un système, et de < segmentation >, différenciation de hlières en fonction des classes sociales.< Mass schooling > est le conceptpromu par l'école néo-institutionnelle de Stanford pour mettre en
lumière
les ressorts dela
<worldwide
institutionalization > dès le secondXIX"
siècleafin
de garantir, dans un système de marché de plus en plus compétitif, la productivité et la loyauté des individus. Francesco Ramirez et John Bolli ( 1987) démontrent que ce modèle de schoolingqui
s'impose dans le monde se spécifie par les principes suivants :I'idéal
d'éducabilité de chaque personne ;l'obligation
del'instruction
et l'organisation nationale du système ;la non discrimination de l'accès en fonction de critères sociaux. La généralisation de cette forme se réalise surtout sous
l'impulsion
des États : < The expanded state educational system was thus as much an unintended consequence of the success of the bourgeoisie as theinitial
ties between state and school were unplanned effects of the triumphof
the Reformation. >
(p. la)
Prolongeant de telles analyses, tout en les contestant en raison de leur prétention à I'universalisme, un large couranf de tendance postmoderniste, place la focale sur le rapport entre l'État-nation et l'école conçue comme productrice d'un << loyal citizen )), d'un < Bûrger >>, àtravers le < goveming
ofthe
soul >>. Les contenus scolaires ne sont pas enseignés pour eux- mêmes : < School subjects were not invented to teach music or science per se >.Ils
sont au servicedu
contrôle du comportement:
< This organizing, selecting, and evaluating of curriculum as subservient to the governing of conduct should be evident, specific need to "make" loyal citizens > (Popkewitz,2015,p.
15). Marc Depaepe (2002) en déduit que le fonctionnement de l'école peut se traduire en une << grammarof
educationalization > qui vise obéissance et soumission :
31
.
Rita Hofstette4 Bernard Schneuwly
Behind the well-oiled machine offrontal teaching to pupils grouped in function ofage graded classes lurked apedagogicar spirii, nur"ty, Ihe shepherd,s eye, the approving or disapproving eye ofthe teacher, the high priest ofeducation who, with reward and punishment, << professionatty, àctioned the ethical
content of the pupil,s behavior. (p. 361).
Examinant quant à eux le fonctionnement interne de r,école, David Tyack etLarry cuban ( r 995) recourent à ra métaphore de ra << grammar
of
schooling > laquelle régule comportements et activités des acteurs :une répartition des érèves dans des crasses ; un enseignant attribuant, via une méthode simurtanée, des tâches et contrôrant reur effectuation ; un savoir structuré par disciprines scoraires qui |organisent dans re temps ; des notes mesurant res résultats d'apprentissage. cette
(
grammar >> est le résultat d'un << continuous process of creating and reshaping a democratic institution that, in turn, herped to create a democrati"ro"i"ty
>(p.
42),laréforme très graduelle de cette institution étant le résultat de < the steady, reflective efforts
of
the practitioners whowork in
schoors >(p.
r35).Loin d'être un concept frère de la < fonne scoraire > comme cela apparaît souvent dans les discours sur l'écore, ra < grammar
of
schooring > de Tyack et cuban met ainsi en lurnière certaines conditions de possibilitéd'un
plus ample accès au savoir, pointant simultanément la nécessité d'une transformation graduelre de l'école par ses agents eux-mêmes.Privilégiant la longue durée en examinant lui aussi res sources au cæur de I'analyse de vincent, André petitat
(rgsz)
s,inscrit en phase aveccette sociologie critique qui démystifie le gra'd récit émancipateu.,
"n s"
distanciant toutefois du paradigme expricatif; qu,il juge trop li'éaire, des rapports de domination, estimantplus fecond de dégager les contradictions
à l'æuvrc dans la mutation profonde qui se joue au XIX" siècre en occident.
Loin d'avoil'pour seul fin ra soumission aux impératifs moraux, res écores du peuple constituent aussi res relais de nouvelres distinctions curtureiles, concouranL comme les autres institutions scolaires (collèges par exemple), à un processus de differenciation, de distinction et d,afrrrmation, que les seules prescriptions ne suffisent pas à décrire. Fondamentales, les transfonnations scolaires constituent ainsi pour
petitat
Ia résultante de rapports contradictoires entre des acteurs aux intérêts divergents,MétamorPh'
découlant
d'ur
groupes soclau du
XIX"
siècleReconfigurat
laModernité
Fort de ces propres enquête de dégagerplus école qui s'opi ( 1860-1920)3, occidentales ic place d'une ins construction dr lieu à une nou tandis que les multiplient, et de l'exposé, ce interdépendant discutés metta Mise en pla La constru<fondation d'un, accessible
à
tplus
d'abord ,II s'agil
d'en administratior, généralise le dédié à l'ense toute l'organi, I'ensentble de:personnel enst 3. Telle que la dé
in function rherd's eYe, ,f education Ithe ethical
rle, David
< grammar
)s acteurs : 'ibuant, via uation ; un
s le temPs ;
mar
)
est le democratic>>
(p.42),la
r the steadY,
>
(p.135).
:ela aPParaît rooling > de ,e possibilité la nécessité x-mêmes.
lrces au cæur n phase avec :ipateur, en se p linéaire, des contradictions
e en Occident.
aux, les écoles rns culturelles,
; par exemPle), Ftrmation, que .amentales, les
t la
résultante êts divergents,Métamorphoses et contradictions de laforme ëcole au prisnte de Ia déntocrarie
découlant d'une articulation sélective et conflictuelle entre culture et groupes sociaux à l'origine des changements structurels fondamentaux du
XIX"
siècle.Reconfigurations
controversées de laforme
écoledurant
laModernité
Fort de ces cadrages conceptuels et bilans historiographiques, nos propres enquêtes socio-historiques et historico-didactiques nous permettent de dégager plusieurs dimensions caractérisant la reconfiguration de la forme école qui s'opère au
XIX"
et plus particulièrement durant la Modernité (1860-1920)', du moins tellequ'elle
s'impose dansJes démocraties occidentalesici
sous la loupe. Nous retenons en particulier la mise en place d'une instruction juridiquement rattachée à la puissance publique, la construction de structures à la fois plus unifiées et différenciées donnant lieu à une nouvelle organisation des savoirs en disciplines scolaires, tandis que les professionnels de I'enseignement, dûment formés, semultiplient, et s'érigent en véritables sociétés pensantes. pour la logique de l'exposé, ces dimensions sont différenciées, mais elles sont en réalité interdépendantes. A I'intérieur de celles-ci, certains traits saillants sont ici discutés mettant en exergue les débats controversés qu'ils ont suscités.
Mise en place doune instruction publique
La construction de
l'Émt
enseignant ou xIXu siècle se traduitpar
la fondation d'une instructionpublique au double sens d'être potentiellementaccessible
à
tous etd'être
régiepar
la puissance publique,,et non plus d'abord dépendantes des Églises et des initiatives particulières.Il s'agit d'en
assurerla
gestionfficace,
moyennant une puissanteadministration et
juridiction
scolaires, qui vont depair
Cettejuridiction
généralise leprincipe
quel'école
constitue unlieu
spécifiquement, dédiéà
l'enseignement et I'apprentissage. cettejuridiction
concernetoute l'organisation et I'infrastructure scolaires, et davantage encore I'ensernble des protagonistes concernés (les élèves et
leursfamilles,le
personnel enseignant et de I'appareil politico-administratif). Ette hisse3. Telle que la définit Clu.istophe Charle (2011 )
33
Rita Hofstette4 Bernard Schneuwly
donc chacun ou statut de sujets de droit et
-
sa contrepartie-,
en sujetsde devoiti comme en témoigne
,obrigation
de,instructiona
L'édification de r'État enseignant pose, effectivement, Ie probrème épineux du poritique dans Ia générarisation et r,< imposition > de ra
scolarisation transformant l'enfant en écolier.
confier Iinstruction
à rapuissance pubrique pour préserver l'école des pesanteurs du sociar, des déterminations et partis pris rerigieux, économiques, idéologiques mais bien tout autant des convursions et instrumentalisations politiques : on reconnaît rà les principes de condorcet posturant que runiversarité du suffrage présuppose et récrame |universalité de l,accès à l,instruction.
Si
vncent
(1980, 200s) comme catherine Kintzrer (19g4), et nombre d'autres philosophes, historiens, sociologues et pédàgogu.r, ont pour réftrence ces principes de condorcet, certaines des concrusions qu,ils en tirent divergent.Nous serons forcément schématiques. pensé cornme futur citoyen- souverain, I'enfant, estime Kintzler ( r 9g4), devrait donc désormais être reconnu dans son caractère abstrait d,élève, et cela quelles que soient ses appartenances sociares, sexue[es, ethniques, confessionnelres, afin de ne pas river un individu à sa réarité empirique. cette transformation de l'enfant en érève est au cæur de I'enquête de vincent postulant que cette socialisation dans ce <
milieu
spéciar (r'écore) o u pou. finaritél'<< emprise sur la totalité de r'être ,, ( r 9g0,
p.
r s). cette differenciation des autres modes de sociarisation a pour incidence que << r,enfant ne peut plus vagabonder dans res rues; il
est soumis à r,Àrdre qui caractérise Iaville
classique et est "enfermé" dans les murs de l,écore > oùil
est< assujetti > à des règles, dont Ia première est ceile du silence
(vncent,
2008, p. 49). L obligation dite scoraire (de fait de l,instruction) incarnerait précisément cet embrigadentent de I'enfance, désormai,
"*prironne.
dans I'enceinte de la crasse, arrachée à ra rue et à sa familre, eile-même soumise à l'emprise de cet ordre scolaire. Et
vncent
de conclure en 2008qu'il
convient d'enfinir
avec ra forme scoraire pour accéder à une socialisation démocratique.MénmorPht
D. Rr
àl'Etat
de < dér
nouveaun toute notio si tout élève
[... ] doit différence
[...]
encosa singula vision elk
et de I'idé Dans son Sa problématise lu ténue entre < in du suffrage un de la construct Avec l'ins
JUndlquen dans l'his en 1833 p démocrati et de la ra
Autrement I'obligations, c socle et garunt de la souverair de scolarisatio mais
celle-ci
: contemporains protagonistes cet de résistanc, 4' ce volet comme le suivant se basent nos recherches empiriques synthétisées notamment
dans Durand, Hofstetter et pasquier, 2012 ; Hofsietter, f 99g et 200g. 5. Obligation, qui.
' jets ème Le la
àla
, des mais
,:on
té du :tion.
mbre pour qu'ils
.oyen- is être soient
,so afin nation rnt que fînalité ciation ne Peut lctérise rir
il
est/incent, arnerait 'isonnée e-même clure en ler à une
notamment
Mëtanorphoses et contradicîions de la fonne école au prisme de la dëtnocratie
André D. Robert, voici vingt ans déjà, se positionne dans le débat en démontrant que < l'absence de référence au principe reliant étroitement l'École à l'État-nation sous l'égide de I'intérêt général > est susceptible écrit-il de < dérives transformant I'univers solaire en une zone de libre concurrence, en une j uxtaposition d' entreprises éducatives constitutives d'un nouveau marché [... ] où le service d'intérêts particuliers remplacerait vite toute notion de service public.
) (pp.
52-53). Pour Robert; en effet, si tout élève[... ] doit être littéralement élevé et non maintenu dans l'affrnnation de sa différence d'enfant, de membre d'une communauté ou autre caractéristique
[... ] encore faut-il aller le chercher là où il se trouve et prendre en compte sa singularité pour I'aider à la dépasser sans la renier et à I'inclure dans une vision elle-même universaliste, gage de tolérance, de respect de la Raison et de I'idée de laibité.
)
( 1999, p. 80).Dans son Sacre du citoyen,l'historien politologue Pierre Rosanvallon problématise lui aussi cette question : tout en mettant en lumière la frontière ténue entre < instruction-condition > et << instruction-accompagnement >
du suffrage universel,
il
démontre que I'obligation est consubstantielle de la construction de la démocratie :Avec l'instauration d'une scolarité gratuite et obligatoire, Ia dérnopédie est juridiquement instituée. Pour cette raison, 1882 n'est pas seulement une date dans l'histoire de l'instruction publique, achevant I'entreprise commencée en 1833 par la loi Guizot. Elle marque dlune pierre blanche l'histoire de la démocratie française [... ] permettant de penser la réconciliation du nombre et de la raison. (1992, p. 369).
Autrement
dit,
une interprétation fondamentalement divergente del'obligations, QUi, à I'inverse de contredire la démocratie, en serait le socle et garanto la raison étantle seul fondement légitime et acceptable de la souveraineté. Conjuguant droit et capacité, cette vaste entreprise de scolarisation a donc bien, estimons-nous, une fonction régulatrice, mais celle-ci s'opère dans une dialectique
qui n'a
pas échappé aux contemporains, comme en témoignent les combats mettant auxprises les protagonistes de cette histoire, où l'on perçoit aussi la puissance d'action et de résistance des familles et du mouvement ouvrier (Simon, 1974).Obligation, qui, on le sait, n'est pas'intégrée dans les principes, libéraux, de Condorcet.
35
Rita Hofsrcne4 Bernard Schneuwly
Tout en régulant les libertés individuelles et I'exploitation enfantine (dans les fabriques, usines, manufactures, filatures, mines, champs comme dans les familles)6, l'obligation de l'instruction contribue effeciivement à form[at]er les intelligences et les consciences, non sans réguler en retour les pouvoirs et dispositifs de l'État enseignant lui-même, tenu de garantir des offres scolaires (incluant progressivement le réseau secondaire) à tout un chacun, quelles que soient ses origines et appartenances.
Édification des systèmes scolaires
substituer à la
mosaique écratéed'offres
scoraires un système conÇu progressivement comme un tout s'impose auxIX"
siècle pour en assurerI'fficience
etpour
concrétîser ces droits et devoirs. Degrés et Jilières sont désormais agencés dans un ensemble qui se comprexifiesimultanément, comme Ie révèlent les organigrammes
montrant
res relations organiques entre écoles, Jût-cepar
ra distinction. ce système est organisé en curricula, ponctués par des examens, sanctionnés par des diplômes, pour une gestion adéquate desJlux et individus. La construction de ces imposantes structures organisationnelles est supposée concilierde s fo nc t i o ns d' int é gr a t i o n s, o r i e nt at i o ns, gr a dua t i o n s,- à
ffi
re nc i at i o n s,divi s ions, sé lections.
La
< forme scolaire >>, teile que définie parvincent, Iui
a servi de repère pour pénétrer à l'intérieur de l'espace scolaire arrn d,y examiner avecminutie
le rapport enseignants-élèves médiatisé par des règres.En tenant l'école primaire pour
r'<
écore comme telre >, son point de vue ne court-il toutefois pas le risque de braquer le projecteur sur une interaction saisie dans les bornes étroites de sa survenunt", à un niveau micro-analytique, sans toujours rapporter ce qui s'y passe à ce niveau aux conditions sociohistoriques-
dont les structures juridico-institutionnelles-
qui le rendent possible ? Nous avons avancépour notre part que cequi
seproduit
dans I'espace-
même supposé < préservJ>_
d,unesituation de
fo'nation
ne peut pleinement se comprendre sans l,inscrire dans son contexte institutionnel prus global.ce
sont aussi ces raisons qu'André Robert (1999) avancepourjustifier
son choix d'enquêter sur les politiques éducatives à partir d'un point de vue intégrant les niveaux 6' Les législations régulant l'instruction et le travail desjeunes sont étroiternent reliées.Mëtumor1
et més
et é<
notamn Gev la
loi
Gui:les anné
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Mëtutnorphoses et cotltradictions de la forme école au prisme de la dënocratie
macro et méso-analytiques, renouvelant ce faisant la connaissance des ressorts et écueils de la généralisation de l'enseignement obligatoire (voir notamment L'école en France,20l0l20l5)7. C'est aussi la position d'Hervé Gevaert (2017), dans sa thèse sur la genèse et concrétisation de la
loi
Guizot et ses répercussions sur l'organisation scolaire jusque dans les années 1860 : il y démontre que le concept de < forme scolaire >qu'il
prend lui comme cadre de référence se révèle < inopérant lorsqu'il s'agit de comprendre les évolutions structurelles qui dépassent le seuil de la classe >(p. l3).
L'examen minutieux de la mise en place d'un enseignement intermédiaire(les
écoles primaires supérieures, puis secondaires et spéciales, s'agissant de la France) en témoigne. Des écoles pensées comme fin en soi ? antichambre du monde professionnel ? relais pour des études plus poussées, et donc au profit d'une possible ascension sociale ? Des filières pensées selon une logique longtemps malthusienne, affrrme Gevaert, pointant leur pouvoir de reproduction et de naturalisation des destinées sociales, quand bien mêmeil
s'agit alors indéniablement de contribuer à la généralisation et l'extension de la scolarisation.D'autres
chercheursont
procédé à d'analogues démonstrations, comparant divers contextes et aires culturelles : à l'échelle de l'Europe, Petitat ( 1982) justement confirme que ces écoles du milieu constituent assurément des < filières de dérivation >>, permettant une régulation desflux (au regard aussi des filières professionnelles et supérieures). Mais
il
démontre simultanément que ces nouvelles filières répondent entre autres à des revendications sociales, notamment de la classe ouvrière, et peuvent également être saisies par les familles comme de nouvelles opportunités (d'offres scolaires, de redéfînitions des contenus culturels et devenirs professionnels), susceptibles de contribuer à la production d'une nouvelle culture scolaire qui à son tourproduit (et ne reproduit pas uniquement) des statuts sociaux. Ces démonstrations invitent à examiner la manière dont sont ré-agencées l'ensemble des filières entre elles (le primaire ne pouvant dès lors être l'incarnation séculaire de l'<< école comme telle >) en tenant aussi compte des stratégies déployées par ces premiers acteurs de l'école que sont les familles(dont
leurs ehfants) 7. Et les travaux des membres du Laboratoire Éducation, Cultures, Politiques del'université Lumière Lyon2.JI
Rita Hofstette4 Bernard Schnetno ly
et les enseignants, re volontarisme politique ne permettant à
lui
seurd'expliquer la dynamique qui s'y joue.
Disciplinariser pour discipliner
La reconfiguration de I'écore consiste égarement en une redéfinition du mode d'organisation des savoirs et de leur transmission. Durant Ie xIX" siècle, unnouver ordre curricuraire s'impose, érargissant rapanoprie des matières enseignées, via un canon de disciprinr, ,"oroirn, quivisent à transformer, sur un spectre étendu, en res disciprinant aussi, res manières
de pense4
parler
et agir des élèves. ce processus de disciplinarisation_c'est-à-dire de didactisation, formaltsation, scripturalisation _ s ,articule avec une sélection, redistribution et transformation des savoirs en vue de les rendre enseignables et apprenables.s
Le
systèmedisciprinaire qui s'institutionnalise et
s,impose auXIX"
siècle comprend ses propres contradictions : si res disciprines ont bien pour fonction de favoriser l'accès de tous à une plus large curture, elles constituent aussi un instrument pour évaluer, orienter et sélectionner les élèves, contribuant aux principes de ségr.egation (simon), d,excrusionet de << governement > (popkewitz) comme de soumission (Depaepe).
L'enquête de vincent (1980) met à
jour,
eile aussi, ces contradictions en examinant avec minutie les contenus d,enseignement : un tiers de son ouvrage s'y rapporte, ce qui constitue indéniablement une autre de ses originalités.Il
postule certes que ces disciplines participent toutes d'une même finalité :Par-delà la distinction des méthodes et du contenu de |enseignement, en dépit de la diversité des matières enseignées, diversité souvent dénoncée comme encycl0pédisme, ir est donc possible de saisir une remarquable convergence. Qu'il étudie sa langue ou qu'il dessine, l,écorier apprend à faire selon des règles, et les nouvelres méthodes r,établissent dans un certain rapport à ces règles : plus qu,auparavant, c,est par la raison et l,expérience qu'il les découvre et y est assujetti. (19g0, p. 20S).
8. Pour ce volet, outre les travaux déjà cités, nous nous appuyons plus particulièrement sur criblez, Giudici, I{ofstetter; Manz et Schneuwry, à paraître ;'uorri.tt.r.t Schneuwly, à paraître ; Schneuwly, 1986 et 2014 ; Schneuwly & a1.,2016.
MétamorPho:
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On peut
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La < structure disciplinaire de l'enseignement de la langue
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( 19g0,p.
126) en témoignerait. Pourl'écriture
commeactivité
motrice, la continuité avec les pratiques précédentes est patente : << comme le maître lassallien, l'instituteur exige que la tenue du corps et du porte-plume soit parfaite >(p.
115).s'il
paraît plus délicat d'érablir une telle continuité pour la rédaction, introduite bien plus tard, vincent y parvient en rabaftant I'exercice à l'application de règles grammaticales :Écrire, au sens de rédiger, ce n'est pas pour l'élève mettre sur le papier ce qu,il pense, ce qu'il dit ou dirait selon les lois d'une langue qu,il possède, mais composer des propositions avec des mots, des phrases avec des propositions, par I'application des règles grammaticales. [... ] Bien loin d'être un exercice dont la finalité serait de développer l,imagination de l,enfant, [elle] est
expressément conçue pour discipliner cette faculté dangereuse. (p.
nl.
on
peutlire
cette même histoire à rebours avec le spéciariste de l'enseignement du français, André chervel, auquelvincent
se réfère.L'exercice de la rédaction :
... qui a d'abord grandi dans les lisières de l,enseignement grammatical avant de prendre officiellement son autonomie va se hisser au premier plan des préoccupations pédagogiques [... ] comme l,exercice majeur dans I'enseignement du français.
[...].
Grâce à la rédaction l'école primaire doit désormais former la personnalité de l,enfant. [ . . .] En ce qui conceme I'imagination] les derniers blocages disparaissent après lgg0. (chervel, 2006, pp.705ss).se développe ainsi toute une didactique, autour notamment des genres scolaires. En témoignent les denses débats engagés par les enseignants de Suisse romande durant le second XIX" siècle dans leur revue syndicale : ils y reprennent, en s'y réferant et en les précisant, les démarches préconisées par le Père Girard, qui, comme le montre Chervel, est I'un des premiers
à prôner l'usage de la rédaction pour la formation de la personnalité.
Plus encore que I'application des règles, c'est la méthode de leur transmission qui constitue selon vincent le pivot de la < fonctionpolitique
d'un
enseignement grammatical dela
langue >(p.
126) en cequ,il
soumet les élèves aux règles. Et de citer Girard à témoin : < la multitude des exemples répétés et analysés est le
meilleur
code dela
langue, puisqu'il fait passer dans une pratique raisonnée les règles, que, dans une autre méthode, il aurait sèchement à pr.escrire >> ( 1846, p. 47, cité par39
Rita Hofstette4 Bernard Schneuwly
Më
Vincent, 1980,
p.
126).En effet, c,est le développement de ce type de dispositifpédagogique qui ddvient le cæur de l,enseignement simultané qui s'affine, se perfectionne, se diversifie auXIX"
siècle et, constitue, avec le choix et I'ordonnancement des savoirs, le substrat même desdisciplines scolaires.
ces
exercices permettent de mettre en activité les élèves, comme on disait déjà jadis, et garantissent reur observation, transformant ainsi fondamentalement le travail de ceux qui deviennent ce faisant enseignants. L'élève est ainsi graduellement < discipliné >, introduit dans des modes de pensées et de faire d,une disciprine qui à rafois le contraignent et l,instrumentent.
L'analyse historique montre les enjeux de ce nouvel ordre curriculaire caractéristique du << mode de socialisation > dans |espace scoraire, et sa
distinction du mode du compagnonnage, par mimesis: l,apprentissage ne s'opère plus d'abord par identification et parole
dans,action
maissur
I'action, conditionné à une élémentarisation raisonnée iJes savoirs (par décomposition, sémiotisation, abstraction), supposée rompre avec la culture de l'immédiateté etra sanction directe du réer.on
n,apprend plus, par exemple, à compter-
apprentissage pragmatique nécessaire bien sûr-
à même|emproi
(dans les échoppes, foires et marchés, firatures, fabriques, à même la rue aussi), contextes dans lesquers|erreur
est sanctionnée par laréaritééconomique. L'écore est supposée offrir |espace pour s'exercer, expérimenter, tâtonneE s,entraîner, calculer et recalculer, moyennant une exercisationqui
implique progressivement aussi de comprendre la logique interne de Iaddition, ou division, multiprication, soustraction, par I'algèbre notamment.Pas plus que la norne, ce n'est ni l'exercice ni ra repétition en tant que telles qui aliènent; tout dépend de leurs modalités, de leurs enchaînements et de leur pertinence. La négation abstraite de toute norme et de tout exercice ne nous sembre pas permettre de comprendre le fonctionnement concret et
l'objet
précis de l'enseignement, et de differencier ce qui d'une partfait
obstacre, discrimine, morarise, voire ariène, de ce qui d'autre paft donne accès, développe, confère du pouvoir, autrement dit, constitue du < powerfur knowredge o(you'g, 2011):
du savoir qui confere potentiellement du pouvoir, à r'exempre du travair sur la langue,r
d :mOYenn il'accès È
Gramsci
Profi
La g, corollait
le statut, au cour, saisisset pédago5 leurs ap,
pensée 1
puis che
cep
postular agents, r comme leur aut, soumett 9. Cette d sélection t
enjeux de ceux de I' 10. Nous Pasquier, I
Schneuwl
Di
de rel qu