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LEW DOLEGAN BECAUSE ZENOBIE...! S. E. G. 22 rue Bergère PARIS 9

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Academic year: 2022

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LEW DOLEGAN

BECAUSE ZENOBIE...!

S. E. G.

22 rue Bergère PARIS 9

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CHAPITRE PREMIER

Ce soir-là, il y avait du brouillard sur Londres et le pavé était plus gras que jamais. La Tamise toute proche de Clapham Jonction Station renforçait en- core l'épaisseur de la brume et la lumière des réverbères parvenait à peine à un mètre du sol.

Lorsque le métro s'arrêta à Clapham Jonction, le dernier wagon était vide et dans celui qui le pré- cédait immédiatement, il y avait tout juste une jeune femme vêtue d'un élégant manteau d'opossum. Elle pouvait avoir une vingtaine d'années, une opulente chevelure blonde encadrait son charmant visage et elle paraissait plongée dans une profonde rêverie lorsqu'elle mit pied à terre sur le quai. Elle serra frileusement son manteau sur elle, hâta le pas et bientôt, elle se trouva dans le passage qui menait sous les voies de la station. Elle marchait très vite en direction de Wandsworth Road où elle habitait.

Il était 23 heures et il ne faisait vraiment pas un temps à s'attarder au dehors. Cette jeune femme se nommait Jackie Martins.

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A environ cinq cents pas de Wandsworth Road, elle frissonna et se retourna parce qu'elle avait eu l'impression qu'un glissement furtif s'était fait en- tendre derrière elle. Mais dans cette purée de pois abominable, elle ne pouvait absolument rien dis- tinguer. C'était tout' juste si elle était capable de reconnaître son chemin. Il n'y avait pas un chat dans le secteur et soudain, elle éprouva une impres- sion profonde, presque animale, de peur. C'était stupide, tous les soirs à la même heure, elle des- cendait à cette station et regagnait son domicile.

Jamais elle n'avait éprouvé une pareille impression d'isolement et de danger. Dans le brouillard, dans le coton au milieu duquel elle se déplaçait, elle n'entendait que le martèlement de ses petits talons hauts sur l'asphalte.

L'itinéraire qu'elle suivait longeait la voie ferrée et elle aperçut bientôt sur sa droite au-dessus du remblai le signal rouge qui marquait la fin de la voie de garage. C'était sur ce signal qu'elle se repé- rait tous les soirs. Quand elle passait à côté, elle savait qu'elle n'était qu'à cent pas de chez elle.

A nouveau, un glissement furtif derrière elle la fit tressaillir. Elle eut l'impression que quelque chose de glacé lui courait entre les deux épaules et elle serra les dents pour ne pas hurler de terreur. Elle essaya de courir mais la frayeur lui fauchait les jambes. Elle garda la même allure automatique, mécanique, le cœur étrangement serré, bouleversée.

A ce moment, elle perçut très nettement une respi- ration rauque, saccadée, derrière elle. Elle n'osa pas se retourner. D'ailleurs, dans le brouillard, elle n'était pas certaine de pouvoir distinguer quelque

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chose. Brusquement, une main qui lui sembla énorme passa devant son visage et s'appliqua brutalement sur sa bouche pour étouffer le cri qu'elle allait pousser. Alors, elle eut la certitude que sa dernière heure était arrivée. Elle se sentit littéralement sou- levée du sol et plaquée contre le remblai de la ligne ide chemin de fer. Elle tenta de se débattre, de griffer, de mordre, de donner des coups de pieds, mais en vain. La main qui était appliquée sur sa bouche était gantée, un gant épais en cuir, et elle tentait bien en vain d'y planter ses dents blanches.

Une autre main s'appliqua derrière sa tête, à la hauteur de la nuque, empoignant les cheveux sans ménagement.

Jackie Martins était étendue sur le ventre, un corps pesait sur elle et elle se sentait absolument impuis- sante, écrasée sous ce poids. Elle sentit que les mains qui lui tenaient la tête, opéraient un curieux mouvement pour ramener son visage du côté de son épaule droite. Elle voulut crier que ça lui faisait mal, mais elle ne put émettre autre chose qu'un son un peu aigre, comme celui d'une flûte fêlée.

Il y eut un craquement et le corps de Jackie Martins fut animé d'un ultime soubresaut. Alors les deux mains qui maintenaient sa tête, l'abandonnèrent et l'homme qui venait d'agir retourna le corps sur le dos pour mieux l'observer. La tête blonde de Miss Martins pendait lamentablement sur l'épaule droite, la nuque désarticulée.

L'homme sortit de sa poche une petite torche électrique et en dirigea le faisceau sur le visage de la morte.

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Il laissa échapper un juron de mécontentement et éteignit aussitôt sa torche.

— « Jeez ! C'est vraiment dommage ! grogna-t-il entre ses dents.

Il resta immobile, profondément pensif. Il prêta l'oreille. Pas un bruit dans la rue. Le brouillard était tellement épais que c'était à peine s'il distinguait à ses pieds, la masse confuse du corps privé de vie.

Il jura encore un coup entre ses dents et puis, pre- nant son parti, comme à regret, il se pencha sur sa victime, ouvrit rapidement le manteau de fourrure en faisant sauter les boutons dans sa hâte. Après quoi, il tira brutalement sur le devant de la robe de Miss Martins, arracha en même temps le soutien- gorge et la combinaison. En se penchant, il vit apparaître la poitrine jeune et ferme de la malheu- reuse et grogna d'un air dépité.

Ensuite, il releva la jupe, arracha le slip blanc à dentelle de la jeune femme, le déchira et le jeta dans l'herbe à côté du corps. Il contempla le spec- tacle, pensif, haussa les épaules et puis, il pivota sur la pointe des pieds pour se retirer dans la nuit.

Il était chaussé de semelles crêpe et ne faisait pas plus de bruit qu'une ombre.

Il traversa la rue pour changer de trottoir, fila rapi- dement vers le passage qui permettait d'éviter la traversée des voies, marcha encore pendant deux cents yards et s'arrêta près d'une voiture en station- nement entre deux réverbères. Il s'installa au volant, tira sur le démarreur et le véhicule s'éloigna douce- ment.

Il pilota lentement dans la purée de pois, jusqu'au centre de Londres. Alors, il abandonna sa voiture

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à proximité d'un bar où il entra. Il commanda un double scotch bien tassé et se rendit aux toilettes.

Là, il inspecta sa tenue, enleva deux cheveux blonds qui étaient restés collés, l'un à son gant gauche et l'autre à son poignet droit. Puis, il essuya avec précaution la légère trace de boue qui maculait le bout de son soulier gauche. Ensuite, satisfait, il alluma une cigarette et revint au bar où il s'installa sur un haut tabouret devant sa consommation.

C'était un homme de trente-cinq à quarante ans environ, assez massif, bien découplé. Il était élégam- ment vêtu d'une gabardine bien sanglée à la taille et il portait un feutre noir tout neuf. Lorsqu'il saisit son verre pour le porter à ses lèvres, il constata avec mécontentement qu'il tremblait légèrement. Il fronça les sourcils, vida son double scotch en cul-sec et en commanda un second Alors, il s'examina dans la glace et se fit une grimace.

Juste à ce moment la porte du bar s'ouvrit et un flic entra, sanglé dans son manteau de pluie. Il commanda un grog et le barman le servit comme une vieille connaissance.

— « Je viens de terminer mon boulot ! Un temps à ne pas mettre un chien dehors... grogna le flic.

Le consommateur qui se trouvait près de lui, lui tourna imperceptiblement le dos en s'accoudant sur le bord du comptoir et but une gorgée du nouveau scotch qu'on venait de lui servir. Un petit tic nerveux lui tirait la lèvre inférieure. Il était de plus en plus mécontent de lui.

Lui aussi pensait que ce temps-là était vraiment désastreux et que l'on ne pouvait pas faire du bon boulot avec un brouillard pareil.

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Il paya ses consommations, attendit que le flic soit parti et se glissa alors à son tour, silencieusement, dans la rue toute cotonneuse. Il passa près de sa voiture, y jetant un coup d'oeil. Elle était convena- blement garée et ça ne risquait rien. Alors, il pénétra dans un hôtel qui se trouvait tout à côté et se fit donner la clé de sa chambre. Quand il fut chez lui, il s'enferma à double tour, se déshabilla, examina à nouveau avec beaucoup de minutie ses vêtements.

Puis, il se coucha. Avant d'éteindre l'électricté, il considéra longuement ses mains, pensif. Des mains musclées, très fortes.

— « Nom de Dieu ! Quelle poisse !

Le lendemain, les journaux de la première édition annonçaient que l'on avait trouvé près de Clapham Jonction Station, le corps d'une certaine Jackie Mar- tins, visiblement victime d'un sadique. On disait que toutefois, la malheureuse n'avait pas été violée, son assassin ayant sans doute été dérangé au der- nier moment.

Lorsque l'homme lut cet article, il haussa les épaules, plissa les lèvres d'un air dégoûté et se mit à examiner avec attention le résultat des dernières courses.

Après quoi, il alluma une cigarette et se désinté- ressa du journal, les yeux levés vers le plafond, absorbé en apparence dans la contemplation de la petite colonne de fumée qui s'élevait devant lui.

— « Quelle poisse ! murmura-t-il entre ses dents.

Maintenant, il va falloir que j'attende huit jours ! Heureusement que ces corniauds de journalistes n'ont pas donné la signalement de cette môme... Ça,

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au moins, ça me laisse une bonne carte dans mon jeu...

Il réfléchit encore pendant quelques minutes, hocha la tête :

— « Quoique cette histoire de sadique, ça n'est pas mal trouvé non plus ! Ça ne peut absolument pas tirer à conséquence...

Alors, il me sourit à lui-même. Il avait de très belles dents blanches, avec toutefois un bridge en or sur le côté droit du maxillaire supérieur.

Huit jours plus tard, le même homme attendait, au chaud dans sa voiture arrêtée à proximité de Clapham Jonction. Il était exactement vingt deux heures quarante-huit. Il avait vu arriver déjà deux métros et il savait d'une façon certaine maintenant que c'était celui de vingt-trois heures qui l'intéres- serait.

Il descendit de sa voiture et s'éloigna tranquille- ment vers le passage qui permettait de se diriger vers Wansdsworth Road. Il y avait encore du brouil- lard, mais beaucoup moins que la semaine précé- dente.

De son pas tranquille, l'homme continua ce qui aurait pu passer apparemment pour une prome- nade. Il longea la voie ferrée, se dirigeant toujours vers Wandsworth Road. Le grondement du train de vingt-trois heures qui passait sur la ligne à sa droite, ne le fit point lever la tête, mais un imper- ceptible sourire éclaire son visage. Il continue sa

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« Piloter une voiture au moment des Fêtes,

« alors qu'il y a un tas de gars excités au volant,

« et que l'on roule en files de quatre avec tout

« juste un papier à cigarettes entre chaque aile,

« ça n'est déjà pas drôle.

« C'est encore plus coton quand on a derrière

« soi une bagnole conduite par un type qui veut

« vous mettre les tripes en l'air et qu'on le sait !

« Moi je suis le quatrième de file. Il y a un

« océan de bagnoles devant moi. Derrière moi,

« il n'y a que la bagnole du type qui veut me

« buter. Son coup fait, il pourra virer sur l'au-

« toroute puisqu'il est le dernier dans la queue...

« moi je suis marron, marron glacé, comme à

« Noël... »

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