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Introduction: Canada 150. Un pays relié d un océan à l autre : lire, écrire, imprimer & publier au Canada depuis 1867

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lire, écrire, imprimer & publier au Canada depuis 1867

Ruth-Ellen St. Onge, Janet Friskney et Myra Tawfik

Ce numéro spécial des Cahiers est le résultat d’une collaboration entre l’Association canadienne pour l’étude de l’histoire du livre (ACÉHL) et la Société bibliographique du Canada (SbC) pour le sesquicentenaire du Canada en 2017. Les corédactrices ainsi que les deux sociétés susmentionnées soulignent avec reconnaissance le soutien du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada pour sa contribution à la publication du présent numéro ainsi que la couverture des frais associés à la journée d’étude spéciale des deux sociétés sous le thème « Canada 150 — Un pays relié d’un océan à l’autre : lire, écrire, imprimer & publier au Canada depuis 1867 », qui s’est tenue le 30 mai 2017 à l’Université Ryerson.

Quand l’ACÉHL et la SbC ont entamé la planification de l’édition 2017 de leurs rencontres annuelles respectives à la fin du printemps et au début de l’été 2016, elles se sont toutes deux demandé si elles tiendraient compte du sesquicentenaire dans leur programmation.

Leur réunion prévue dans le cadre du Congrès annuel des sciences humaines les encourageait à répondre à cette interrogation par l’affirmative puisque le thème général de cet événement, « L’épopée d’une histoire : 150 ans vers l’avenir », contenait une allusion évidente au 150e anniversaire du Canada en plus d’un passage clé de l’hymne national. Les deux sociétés ayant l’habitude de coparrainer des tables rondes au Congrès, l’idée de la coprogrammation d’une journée d’étude a rapidement vu le jour. Il a par la suite été question de tenir une journée d’échanges de spécialistes pour mettre en valeur les recherches apportant de nouvelles perspectives sur certains aspects de la bibliographie canadienne, de la culture de l’imprimé et de l’histoire du livre à l’intérieur des frontières du pays depuis 1867. À cette fin, l’appel à contributions proposait les questions suivantes : (1) Comment l’histoire unique du Canada — marquée par les deux langues officielles, les forces du colonialisme, l’impérialisme et la présence inquiétante de nos voisins du sud — a-t-elle façonné la production et la distribution de l’imprimé à l’échelle nationale de

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1867 à aujourd’hui et, en retour, a-t-elle été façonnée par celles-ci?

(2) Comment les imprimeurs, les éditeurs, les institutions littéraires, les auteurs et les lecteurs ont-ils fait surface dans le contexte canadien depuis 1867, ont-ils influencé celui-ci et y ont-ils réagi? À quels défis ont-ils fait face pour élaborer leurs créations, commenter ou soutenir les documents écrits ou publiés au Canada, ou contribuer à ceux-ci? À quels défis demeurent-ils confrontés? (3) Quelles histoires de l’imprimé et du livre — histoires reflétant la multiplicité des communautés ethniques, religieuses, raciales, linguistiques, régionales et culturelles du Canada — n’ont pas encore été révélées, étudiées ou célébrées?

Afin de prendre en considération à la fois l’avenir et le passé, les coorganisatrices de la journée d’étude spéciale du Canada 150 ont inclus dans leur programme une table ronde des maisons d’édition canadiennes. L’événement bilingue, qui regroupait des acteurs et actrices du monde de l’édition au pays, a permis des échanges avec et entre les spécialistes participant sur les conditions contemporaines et les directions à venir de l’industrie nationale de l’édition du livre.

La table ronde, qui avait pour titre « La belle traîtrise de l’édition au Canada : circonstances actuelles, directions possibles », comptait Peggy Burns de la maison d’édition de bandes dessinées Drawn & Quarterly;

Kirk Howard de la maison d’édition généraliste Dundurn Press; Marc Leslie Lefebvre de la plateforme d’autoédition Kobo Writing Life;

Geoffrey Little de la toute nouvelle maison d’édition savante des Presses de l’Université Concordia; Lisa Quinn de Wilfrid Laurier University Press, des éditions récemment restructurées; et Rodney Saint-Éloi de la maison d’édition littéraire indépendante Mémoire d’encrier. Les intervenants et intervenantes ont discuté de l’influence qu’ont sur eux les modèles du passé et exprimé comment ils se perçoivent dans le contexte des marchés du livre canadien et international, en plus de soulever la question des deux langues officielles et de la multiplicité des lectorats et des marchés. Rodney Saint-Éloi a expliqué avec éloquence que Mémoire d’encrier offre une tribune à des voix auparavant non entendues au Canada ainsi qu’à des écrivains et écrivaines du monde entier, tandis que Peggy Burns de Drawn & Quarterly a abordé ses propres efforts d’apprentissage du français après avoir quitté New York pour Montréal. Lorsqu’interrogés sur le secteur en plein essor de la publication en ligne ainsi que ses répercussions potentielles sur le marché du livre canadien, Geoffrey Little des Presses de l’Université Concordia et Lisa Quinn de Wilfrid Laurier University Press, représentant tous deux des presses universitaires novatrices, ont entamé une vive discussion sur les derniers développements dans

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leur discipline, les défis que présente la tenue de dépôts en ligne et l’incorporation des presses universitaires à la structure administrative de bibliothèques. Traitant d’une partie complètement différente du marché, Marc Leslie Lefebvre a pour sa part décrit comment les plateformes d’autoédition comme Kobo Writing Life ouvraient la voie à toute personne désireuse de raconter sa propre histoire, atténuant par le fait même les hiérarchies traditionnelles de l’édition littéraire.

Tous ont hésité à offrir une réponse catégorique à la question finale,

« Quel est l’avenir de l’édition au Canada? » Leurs perspectives variées et les divers lectorats et stratégies de leurs maisons d’édition respectives témoignent toutefois de la vitalité intellectuelle d’une industrie de l’édition canadienne confrontée à un marché mondial de plus en plus complexe et présentant toujours plus de défis.

En plus de cette table ronde, la journée d’étude conjointe comportait des exposés de treize chercheurs et chercheuses venus des quatre coins du pays. Les neuf communications présentés — qui portaient sur les débuts du droit d’auteur, l’expérience éditoriale d’auteurs scientifiques canadiens aux États-Unis, l’histoire d’une imprimerie régionale (Gagné de Louiseville), les vastes réseaux de l’éditeur Édouard Garand, les « événements de lecture de masse » (mass-reading events) contemporains comme celui proposé par Canada Reads ainsi que les périodiques gais — offraient de précieux renseignements sur les auteurs, imprimeurs, éditeurs et lecteurs au Canada de la fin du dix-neuvième siècle à aujourd’hui.

Ce numéro spécial des Cahiers consacré au Canada 150 comprend cinq articles tirés de ceux présentés dans le cadre de la journée d’étude conjointe du 30 mai 2017 et de la rencontre annuelle de la SbC, qui s’est tenue le 29 mai 2017. Les articles suivent un parcours chronologique. Le premier, « The Struggle behind ’Struggle and Story’: A Canada 150 Exhibition at the Thomas Fisher Rare Book Library », correspond au discours principal prononcé par Pearce J.

Carefoote à l’occasion de la rencontre annuelle de la SbC, soit la veille de la journée d’étude. L’auteur, qui nous a gracieusement autorisées à publier ce texte concordant avec les vues du présent numéro, y raconte en détail les péripéties intellectuelles survenues lors de l’aventure qu’a représentée pour lui, en tant que conservateur, la mise sur pied d’une exposition du Canada 150 constituée exclusivement des ressources des Archives et de la Bibliothèque de livres rares Thomas Fisher de l’Université de Toronto. Dans l’article, il qualifie les expositions de manifestations physiques de la forme qu’est l’essai et révèle les défis du conservateur qui, même devant d’immenses richesses textuelles,

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demeure confronté à des insuffisances expliquant les « silences punctuating the Canadian record that haunt most of our collections ».

Dans ses derniers paragraphes, Carefoote explore avec finesse en quoi l’organisation d’une exposition peut être perçue comme un exercice de « historical bibliography ».

Dans son article « The Geopolitics of Nineteenth-Century Canadian Copyright, as seen by some British Authors », Meera Nair décrit les relations conflictuelles qui existaient entre le Canada, les États-Unis et le Royaume-Uni dans le contexte de l’industrie du livre canadienne. Dans la deuxième moitié du dix-neuvième siècle, la question du droit d’auteur a en effet exacerbé le mécontentement colonial suscité par les atteintes du pouvoir impérial à la souveraineté nationale. Nair traite des tensions politiques entre le Royaume-Uni et les États-Unis créées par des réimpressions américaines non autorisées de textes britanniques protégés en circulation en Amérique du Nord britannique. Elle explique qu’en 1889, le Canada a tenté d’adopter une mesure législative qui aurait préservé les droits d’auteurs britanniques tout en permettant aux industries nationales de l’impression et de l’édition de s’épanouir. Le projet de loi n’a toutefois pas reçu la sanction royale en raison de fortes pressions de l’industrie du livre britannique, qui s’opposait à une disposition sur l’enregistrement obligatoire. Nair se penche sur cette période de l’histoire du droit d’auteur au Canada en étudiant les perspectives énoncées dans The Author, revue de la Society of Authors britannique. Par cet examen, elle démontre habilement que les auteurs du Royaume-Uni, après avoir soutenu la position du Canada, ont affiché une vive hostilité à son égard dès que les maisons d’édition britanniques se sont engagées activement dans le débat. Pour le Canada, « “[c]o-operation with and reciprocation from Britain was the expected outcome of a responsible government that took justice and the rule of law as a dual lodestar ».

Malheureusement, du moins en ce qui a trait au droit d’auteur, pour la Grande Bretagne, le Canada n’était encore qu’une colonie soumise à l’autorité britannique.

L’article « Tried, Tested, but not Proved: The Home Cook Book and the Development of a Canadian Culinary Identity », pour sa part, est cosigné par Melissa McAfee et Ashley Shifflett McBrayne, bibliothécaires responsables de collections spéciales à l’Université de Guelph. Leur étude se penche sur l’histoire du premier livre de recettes communautaire canadien, publié en 1877. The Home Cook Book, qui a été en impression pendant un demi-siècle, avait pourtant puisé son inspiration ainsi que la majorité de son contenu d’un livre de recettes

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du même nom paru à Chicago quelques années auparavant. Par leur analyse se basant sur diverses compréhensions de la notion de livre de recettes communautaire (community cookbook) mise de l’avant par les chercheuses Elizabeth Driver et Lynne Ireland, les coauteures examinent l’histoire d’édition, le contenu, l’attribution des recettes, la réception et l’influence du Home Cook Book. Leurs conclusions clarifient pourquoi le volume « served as a catalyst and a model for the community cookbook publishing phenomenon throughout Canada ».

Dans « Un nationalisme tourné vers l’Amérique et les colonies : l’exportation du “Roman canadien” des Éditions Édouard Garand », Marie-Hélène Constant et Caroline Loranger de l’Université Laval et Université du Québec à Montréal présentent leurs découvertes quant aux stratégies commerciales utilisées dans l’entre-deux-guerres par l’entreprise d’édition d’Édouard Garand basée à Montréal, stratégies révélées par les documents d’archives de la compagnie ainsi que des publications spécialisées. La série de Garand nommée « Le Roman canadien » proposait des livres de fiction populaires par et pour des Canadiens français. L’éditeur ayant su exploiter les réseaux commerciaux des colonies françaises dans les années 1920 et naviguer les canaux diplomatiques canadiens avant et pendant la Deuxième Guerre mondiale, ses romans célébrant la culture canadienne-française se sont vus exportés partout dans le monde. Bien que Constant et Loranger situent leur étude parmi les récentes analyses des réseaux littéraires québécois, elles considèrent Garand non pas comme un bâtisseur de ponts intellectuels, mais plutôt comme le cerveau à la base d’une ambitieuse stratégie commerciale.

Dans le dernier article de ce numéro, « La Revue moderne, creuset de la littérature en régime médiatique dans les années 1950 au Québec », Adrien Rannaud, membre du Centre de recherche interuniversitaire sur la littérature et la culture québécoises (CRILCQ) et lauréat du Prix nouveau chercheur 2017 de la SbC, se concentre sur les années 1950 et les pages de La Revue moderne. Plus précisément, il avance que ce magazine peut être vu comme un creuset en ce qui a trait à l’émergence des médias et de la culture littéraire grand public au Québec. Son analyse porte sur trois ensembles de textes y ayant été publiés : les romans et nouvelles; une série d’articles du rédacteur en chef, Jean Le Moyne; et la chronique mensuelle « Confidentiellement » de Michelle Tisseyre. Bien que la fiction sentimentale française ait occupé une place considérable dans La Revue moderne, cette dernière faisait également connaître des écrivains québécois émergents comme Monique Larouche et représentait pour eux une importante source de

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revenus. La série d’articles de Jean Le Moyne, quant à elle, abordait les joies de la vie simple offerte par la province — la nature, les animaux, la culture et l’industrie régionales — et visait ainsi à introduire une touche de modernité dans la culture littéraire québécoise tout en maintenant une posture intellectuelle traditionaliste marquée par le catholicisme. Enfin, la chronique de l’actrice de radio et de télévision Michelle Tisseyre a incorporé la culture médiatique et le vedettariat dans le périodique. Comme Rannaud l’indique clairement, en raison de l’enchevêtrement de différents médias au vingtième siècle — l’imprimé, la radio, la télévision —, étudier l’histoire et les effets d’un magazine comme La Revue moderne nécessite la prise en compte à la fois des axes de réflexion proposés par les études médiatiques ainsi que des approches traditionnelles de l’histoire éditoriale et littéraire.

Les pages subséquentes témoignent de la fertile interdisciplinarité qui continue de caractériser les domaines de l’histoire du livre, de la culture de l’imprimé et de la bibliographie. Elles mettent de l’avant des croisements saisissants entre l’étude du livre et la pratique professionnelle du conservateur ainsi qu’entre l’histoire de la propriété intellectuelle et celle des arts culinaires dans leurs interactions avec l’identité sociale et littéraire canadienne en pleine formation. Qui plus est, elles illustrent comment l’histoire de l’entreprise, l’analyse des réseaux et les études médiatiques peuvent être mises à profit pour comprendre le fonctionnement des maisons d’édition et de la presse écrite pendant la première moitié du vingtième siècle. Ensemble, ces cinq articles donnent un aperçu évocateur de l’immense diversité qui marque la culture du livre et de l’imprimé au Canada depuis le début de la Confédération en 1867.

Ruth-Ellen St. Onge Janet Friskney Myra Tawfik

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