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TCHAD Mise à jour de la Sécurité Alimentaire Septembre 2007
La campagne agricole 2007/08 s’annonce globalement bonne. Elle a été marquée par une bonne pluviométrie, qui a permis aux producteurs de mener des activités agricoles. Les superficies emblavées sont estimées à 2.615.109 ha, contre 2.884.009 en 2006. Le cumul pluviométrique du début de l’hivernage jusqu’à la première décade de septembre 2007 montre un excédent par rapport à l’année dernière et à la normale dans la majorité des stations pluviométriques. Les pluies ont été assez régulières à partir de la mi‐juin dans la zone méridionale et mi‐juillet dans la zone septentrionale.
Même si la répartition des pluies dans le temps et l’espace n’est pas bonne par endroits, la régularité des pluies, ajoutée aux dégâts des ennemis de culture généralement faibles, ont permis aux plantes de suivre normalement leur croissance dans les principales zones agricoles du pays.
Le stade phénologique généralisé pour les céréales dans les zones sahélienne et soudanienne (à prédominance variétés à cycle court et intermédiaire) est la maturation en cours. Pour les variétés à cycle long, dans la zone soudanienne, la phase épiaison‐floraison prédomine. Le repiquage de sorgho de décrue (berbéré) est entamé en début septembre dans les cantons périphériques du département de Hadjer Lamis au bord du Lac Tchad. Les jeunes plants se développent bien.
Le pâturage et la santé animale sont satisfaisants dans l’ensemble du pays, et les points d’eau (mares) sont globalement bien pourvus en eau pour permettre aux animaux de s’abreuver.
La situation alimentaire s’améliore dans les zones inondées de la zone soudanienne et les zones fortement déficitaires dans la zone sahélienne, zones identifiées en insécurité alimentaire après la campagne précédente, grâce à la vente subventionnée par l’Office National de Sécurité Alimentaire et les prix abordables. La récolte des produits frais, les produits dérivés d’élevage, ainsi que les mesures d’atténuation matérialisées par les ventes subventionnées achevées par l’ONASA dans cinq des neuf préfectures, ont permis d’amortir le choc traditionnel de la période de soudure.
Les prix des céréales ont amorcé une baisse sur certains marchés de la zone sahélienne, pendant qu’ils sont restés stables dans le département du Moyen Chari. Quant aux termes de l’échange, les prix viennent de basculer en faveur de l’éleveur
Calendrier des événements significatifs
Situation alimentaire des zones à risque et mesures d’atténuation de la situation alimentaire
La situation alimentaire s’améliore progressivement à la fin septembre dans toutes les régions du pays ayant présentées des difficultés alimentaires, avec la poursuite de la récolte des produits frais (arachides, tubercules, sorgho précoce, mais, etc.) et leur apparition sur le marché. La vente subventionnée des céréales retenue par le Comité d’Action pour la Sécurité Alimentaire et la Gestion des Crises (CASAGC) a touché l’ensemble des zones à risque, où les opérations ont été achevées
dans certaines préfectures et se poursuivent dans d’autres. Selon l’Office National de Développement Rural (ONDR), aucune rupture de produits agricoles n’est constatée sur les marchés. Cela se justifie par les disponibilités céréalières existantes, renforcées par les produits issus des récoltes précoces. Ceci a permis une fluidité des échanges interrégionaux de régulation entre ces zones déficitaires et celles relativement nanties en céréales, et une amélioration de l’accès aux céréales du fait d’une stabilité, voire, même, une baisse de prix. Par ailleurs le lait, aliment complet, est également consommé assez régulièrement dans les zones agropastorales, plus particulièrement celles de la zone sahélienne, en cette période d’abondance de pâturage frais, ce qui allège la pression sur les céréales.
Toutefois, en dépit de la situation alimentaire et pastorale relativement bonne dans le Lac, le constat de rupture des pluies en début de la seconde décade de Septembre dans cette localité a conduit à une amorce précoce de dessèchement de la végétation naturelle et du tarissement des points d’eau, notamment les mares. Ceci pourrait affecter le remplissage des grains du mil penicillaire, mais aussi suffisamment réduire les ressources pastorales dans cette région de stationnement de bétail.
Situation pluviométrique et conditions des cultures
Selon l’ONDR, les premières pluies ont été enregistrées à partir d’avril dans la zone soudanienne, et à partir de juin dans la zone sahélienne. Les pluies utiles ont commencé en mai en zone méridionale et en fin juin/début juillet en zone sahélienne, permettant aux producteurs de mener des activités agricoles. En dépit des sécheresses localisées en juin (en zone méridionale), les quantités des pluies enregistrées en juillet et aout étaient relativement importantes, ce qui, tout en résorbant les déficits pluviométriques, ont permis ainsi le développement des cultures. Ces quantités des pluies ont été également à l’ origine des inondations dans certaines localités (Doba, Léré, Tikem, Mandoul occidental, Bahr Sara, Mongo, Amtiman, etc.). Les dégâts de ces inondations sont importants et une assistance d’urgence du Gouvernement a été opérée en faveur des victimes des deux régions du Mayo‐Kebbi.
Dans la région de Mongo, l’interruption de la pluie à la première décade de septembre risquerait de porter préjudice aux céréales, qui sont au stade floraison et formation des grains.
La régularité des pluies connue au courant du mois d’août a permis aux cultures de suivre normalement leur cycle végétatif.
Ceci a permis de constater que la plupart de céréales précoces du sorgho et du maïs ont été au stade de maturation/récolte dans la zone soudanienne, tandis que le sorgho et le mil précoce ont été globalement au stade épiaison à maturation cireuse. L’analyse des imageries satellitaires de la deuxième décade de septembre montre une rareté de pluies dans la zone sahelienne, avec les régions modérément arrosées se situant en zone soudanienne à Soudano sahelienne. Comparée Graphique 1. Estimation de la pluviométrie de la deuxième décade de septembre 2007
Deuxième décade de septembre
2007 Différence par rapport à la moyenne à court terme de la
même décade
Différence par rapport à la moyenne à long terme de la
même décade
Source: NOAA. Interprétions FEWS NET Tchad
à la décade moyenne de la même période pour moyen et long terme, un déficit pluviométrique modéré à moyen est observé par rapport à l’actuelle décade dans la quasi totalité de la zone agricole du pays (Graphique 1).
Ainsi, au niveau de la zone méridionale, ces dernières pluies permettront à certaines plantes de rattraper le relatif retard de semis pour achever leurs cycles végétatifs. Par contre, dans la zone sahelienne, en dépit du stade phénologique globalement satisfaisant enregistré, des craintes sont à redouter pour que les cultures puissent normalement boucler leur cycle dans les régions, telles que le Nord Batha et une partie du Kanem, où des retards de semis ont été enregistrés. Ceci est d’autant plus préoccupant que les perspectives pluviométriques dans la zone sahelienne s’amenuisent avec la descente au sud de la zone sahelienne du Front Intertropical. Du fait du déficit alimentaire chronique dans ces deux régions et du taux de malnutrition des plus élevés par rapport à la situation nutritionnelle du pays, un suivi particulier dans ces zones s’
avère nécessaire.
Concernant la situation phytosanitaire, elle demeure globalement calme, mis à part des attaques localisées (criquets migrateurs africains, éléphants) sur certaines cultures et des menaces des déprédateurs, telles que les oiseaux granivores, qui pourraient affecter les récoltes des espaces concernés.
Etat de la végétation et condition d’élevage
L’estimation du niveau de végétation de la deuxième décade de septembre (Graphique 2) montre un tapis végétal bien fourni sur l’ensemble de la zone agricole, avec un front de végétation ayant progressé plus au nord, touchant le sud de l’Ennedi. Comparée à la décade moyenne à moyen terme pour la même période, l’actuelle décade dégage un indice de végétation moyen a élevé en zone sahélienne, mais faible à déficitaire en zone soudanienne. Une comparaison avec la moyenne de la même décade pour le long terme conduit globalement au même constat. Du fait du remplissage des marres naturelles, et celui de certains ouvrages de rétention d’eau de ruissellement effectués dans la zone, le séjour des transhumants dans le nord pourrait être relativement retardé. Ceci permettrait une meilleure exploitation fourragère par le bétail des plantes plus nutritives du nord, mais contribuer, également, au ralentissement du rythme de la descente des transhumants vers le sud du pays. Ceci est de nature à renforcer la performance bouchère et laitière des animaux et, par conséquent, les moyens de subsistance de l’éleveur. Par ailleurs, un rythme de descente graduel de la transhumance permet aussi aux agriculteurs d’opérer normalement les moissons des cultures, ce qui permet d’atténuer les conflits agriculteurs éleveurs.
Accessibilité alimentaire
Graphique 2. Estimation de l’Indice de Végétation par Différence Normalisé (NDVI) de la deuxième décade de septembre 2007
Deuxième décade de septembre
2007 Différence par rapport à l’année
dernière à la même décade Différence par rapport à la moyenne à la même décade
Source: NOAA. Interprétation FEWS NET Tchad
Le mois de septembre est caractérisé par une tendance à la baisse des prix céréaliers dans trois des quatre marchés supervisés par FEWS NET. Le prix du mil pénicillaire est stable sur le marché de Sarh par rapport au mois dernier. La baisse des prix moyens du mil à N’Djamena en septembre est la plus significative (5 pour cent) par rapport au mois d’août. Le prix moyen du sorgho rouge a légèrement baissé (5 pour cent), tandis que celui du sorgho blanc a augmenté (16 pour cent).
Le graphique 3 montre que le mil venant de Bokoro et de Bodo a été vendu à N’djamena entre 145 et 155 FCFA le kg, soit une moyenne de 150 FCFA. Il est inférieur de cinq pour cent à celui du mois passé et de 12 pour cent à la même période de l’année dernière. Il est aussi nettement inferieur de 20 pour cent à la moyenne des cinq dernières années à la même période. Le prix du mil sur le marché de N’Djamena a subi une baisse en septembre 2007, atteignant son plus bas niveau depuis septembre 2006.
Cette baisse du prix du mil, et des céréales en générale, s’explique par le déstockage des céréales par les grossistes de N’djamena et de Dourbali, et par la présence du maïs frais, qui est une céréale de substitution pour le mil. Ceci laisse présager, du fait des bonnes perspectives des récoltes céréalières qui s’annoncent dans le Chari Baguirmi, une tendance à la stabilité, voire une baisse du prix du mil, sur le marché de N’Djamena dans les prochains mois de récolte.
D’après le graphique 3, le prix du mil à N’djamena était le plus bas entre septembre 2006 et août 2007. Le prix à N’Djamena était supérieur de celui à Moundou entre septembre 2006 jusqu’en septembre 2007. Du côté des consommateurs ayant un faible revenu, la hausse des prix du mil rend le sorgho plus attractif. Ces consommateurs orientent leurs choix vers la céréale de substitution, qui est le sorgho, augmentant sa demande, et causant une hausse de prix. Malgré la grève générale d’avril à août, lancée par la centrale syndicale des travailleurs, et l’augmentation de 15 pour cent accordée par l’état, certains fonctionnaires avec des salaires bas n’avaient pas encore un pouvoir d’achat à confronter les prix du mil et de la viande. Ce faible pouvoir d’achat encourage la demande du sorgho, au détriment du mil, et l’achat à crédit.
Sur le marché d’Abéché, la tendance du prix du mil est à la baisse par rapport au mois passé et à la moyenne des cinq dernières années. Le kg de mil, qui a coûté 144 FCFA en août, a été vendu à 140 FCFA en septembre, soit une baisse de trois pour cent. Comparé à la moyenne des cinq dernières années à la même période, le prix du mil au marché d’Abéché a connu une baisse de 10 pour cent. Cette baisse s’explique par la présence des produits frais de la campagne en cours sur le marché.
A Sarh, le kg de mil qui a coûté 200 FCFA en août, est resté stable entre août et septembre. Il est aussi en baisse de 36 pour cent par rapport à septembre 2006 et de 35 pour cent par rapport à la moyenne des cinq dernières années à la même période.
Contrairement aux trois autres marchés, le prix du mil a augmenté de six pour cent sur le marché de Moundou, passant de 113 FCFA/kg en août à 120 FCFA/kg en septembre. Par contre, Il est en baisse de 27 pour cent par rapport à septembre 2006 et en baisse de 31 pour cent par rapport à la moyenne des cinq dernières années à la même période. Cette hausse de prix en fin de campagne commence à susciter des inquiétudes au sein de la population de Moundou, car le stade actuel des cultures exige la continuité des pluies jusqu’à la deuxième décade d’octobre pour espérer une récolte satisfaisante.
Il faut noter que, pendant la dernière campagne, la production était bonne. Selon la réunion du CASAGC du 28 septembre 2007, le stock du mil est encore important sur le marché. Ce phénomène est dû au fait que l’aspect général des champs et l’état végétatif du mil pénicillaire (nouaison à épiaison) pendant ce mois de septembre sont annonciateurs de bonnes Graphique 3. Prix moyens mensuels du mil sur les quatre principaux marchés, septembre 2006 à septembre 2007
Source : SIM. Analyses et Graphique : FEWS NET/TCHAD
récoltes. Mais tout reste tributaire de la pluviométrie des deux derniers mois (septembre et octobre) de la saison pluvieuse.
Au cours de la mission conjointe au sud, l’équipe a constaté la vente subventionnée dans le Logone Oriental, autorisée par le CASAGC. Cette opération est finie pour le Kanem, Ouadi Fira, les deux Logones et le Moyen Chari. Elle est en cours dans le Batha, Guera, Tandjilé Est, et Mayo Dallah (Pala). L’action du CASAGC a permis de rendre les céréales plus disponibles et plus accessibles aux populations urbaines et rurales des zones bénéficiaires.
Quant aux cotonculteurs dans la zone soudanienne, dont l’accessibilité aux céréales complémentaires est tributaire du revenu issu de la vente du coton, des difficultés sont à redouter. En fait, pour le coton livré depuis la fin de l’année 2006, les paiements tardent à se concrétiser, et ceci jusqu’au 28 septembre de l’année en cours. Ces populations ont épuisé l’essentiel de leurs récoltes de céréales et d’arachide et commencent à vendre leurs petits ruminants pour faire face à cette période de soudure.
Termes d’échanges mouton/mil
Les prix du mouton sont très variables d’un marché à un autre alors que le prix moyen du mouton sur le marché de N’djamena a augmenté entre
août et
septembre (21500 a 25000 FCFA). Deux raisons
expliquent cette hausse de 16%. 1)
l’éloignement des transhumants, et 2) la période de Ramadan.
L’équivalence d’un mouton en kilos de mil a augmenté et en effet passée de 136 kg en août à 167 kg en septembre (Graphique 4); ce qui explique pourquoi les termes d’échange se sont améliorés de 23 pour cent, pour les éleveurs vendeurs de moutons, par rapport à août et 42 pour cent par rapport à l’an passé à la même époque (118 kg de mil par mouton).
Graphique 4. Termes d'échanges mouton/mil sur le marché de N'Djamena
Sources: SIM/FEWS NET. Analyses FEWS NET