ALBUM-SOUVENIR DU MARIAGE
SON ALTESSE ROYALE de
LE PRINCE HENRI DE FRANCE
COMTE DE CLERMONT avec
SON ALTESSE ROYALE
LA DUCHESSE MARIE-THÉRÈSE
DE WURTEMBERG
5 Juillet 1957
ALBUM-SOUVENIR DU MARIAGE
SON ALTESSE ROYALE de
LE PRINCE HENRI DE FRANCE
COMTE DE CLERMONT avec
SON ALTESSE ROYALE
LA DUCHESSE MARIE-THÉRÈSE DE WURTEMBERG
TEXTES ET DOCUMENTS RASSEMBLÉS
MARIE-MADELEINE * MARTIN " par
ÉDITIONS DU CONQUISTADOR
La maquette de cet ouvrage a été dessinée par Guy-F. -A. BRUNET.
el Editions du Conquistador, Paris 1957.
Fac-similé de l'invitation envoyée aux personnes conviées à la bénédiction
nuptiale.
LA MAISON ROYALE DE FRANCE
LA Maison Royale de France a pu remonter par aâes diplomatiques à l'année 776, et c'est la seule famille dont la généalogie puisse - franchir le ixe siècle.
Elle eSt religieusement illustrée par douze béatifications, « rayons de la Gloire Eternelle », a dit Bollandus.
Elle a fourni, depuis le couronnement, le sacre et l'intronisation du Roi Eudes de France, grand-oncle paternel de Hugues Capet — c'eSt-à-dire depuis l'année 888 — trente-neuf Rois de France et quatre Empereurs d'Orient, sept Rois des Espagnes et douze Rois de Navarre, vingt-neuf Rois de Portugal et d'outre-mer, vingt et un Rois de Naples et de Sicile, de Chypre, d'Arménie, de Thessalonique et de Jérusalem, treize Rois de Hongrie, de Pologne et d'Esclavonie, d'Angleterre et d'Irlande, d'Aragon, de Valence, de Mayorque, etc...
Elle a produit en tout quatre cent dix souverains, dont cent quatorze Rois et sept Empereurs.
Quand il n'y aurait dans la France que cette race salique, dont la splendeur étonne, nous pourrions, en fait de gloire, en remontrer à toutes les nations de la terre.
Les principaux sujets de nos maîtres sont devenus Rois : ils ont conquis l'Apulie, l'Angleterre et la Syrie.
Les Princes du sang capétien régnaient souverainement quand tous les Rois de l'Europe aétuelle étaient encore des vassaux.
Parmi cette famille, ou plutôt cette légion de monarques, les uns ont été sur- nommés l'Auguste, le Saint, le Pieux, le Grand, le Courtois ou l'Affable, le Hardi, le Sage et l'Eloquent, le Victorieux, le JuSte 'et le Bien-Aimé; les autres ont reçu les surnoms de Père du Peuple et de Père des Lettres.
« Comme il eSt escript par blasme, a dit un chroniqueur, que tous les bons Rois seroyent aisément pourctraits dans le ronds d'un annel, il eSt juSte à dire que les mauvais Roys y pourroient mieux tenir chez nous, tant leur nombre a toujours eSté petit en la famille et lignée de Robert-le-Fort et de Robert-le-Pieulx. »
(Extraits du manuscrit retrouvé parmi les papiers du Duc de Pentbièvre, inventoriés par la municipalité des Andelys, après la mort de ce dernier et la saisie de son mobilier, en I793 > recueilli par Robert LaurenJ- ViberJ.)
L'HISTOIRE ÉMOUVANTE ET PRESTIGIEUSE DES DAUPHINS DE FRANCE
par LA VARENDE
En 1349, Humbert II, Dauphin (prince) du Viennois, léguera son duché à Jean Le Bon, à charge que son titre passât au fils aîné du roi de France comme une prérogative spéciale. Le plus lointain de nos Dauphins serait donc Charles V, qui prit le titre à douze ans et le garda quinze années, années plutôt cruelles... Son titulaire le plus proche est cet aimable prince Henri, fils du comte de Paris, en qui les monarchistes placent leur espoir, toujours fidèle et toujours déçu.
Près de la fraîche jeunesse du prince Henri, on goûtera ce visage déjà exténué du premier Dauphin, mais qui reflète une si grande finesse et tant de bonté. C'est la fameuse, l'admirable effigie anonyme du Louvre, une des plus belles œuvres de la sculp- ture française (plutôt flamande ?).
En 1368, vint le Dauphin Charles VI, roi en 1380, qu'on surnomma, lui aussi, le Bien-Aimé. Sa folie ne fit qu'accroître l'amour de son peuple, qui sanglotait en le voyant apparaître, hagard et les cheveux sur la figure, aux étroites fenêtres de l'hôtel Saint-Pol.
Après lui, ce fut tragique : quatre Dauphins moururent successivement pour laisser le titre à celui qui sera Charles VII. Alors commença dans le peuple un éloignement superstitieux pour le beau titre, conquête d'amour de Jean Le Bon. La personnalité secrète et étrange du nouveau Dauphin, plus tard Louis XI, sa fébrilité, son émaciement, sa révolte, ne contribuèrent pas à chasser la légende. Il fut d'ailleurs trente-huit ans Dauphin et le dernier souverain effectif du Dauphiné.
Joachim, son fils, Dauphin, meurt à son tour, et Charles VIII, dit l'Affable, verra lui-même succomber les trois Dauphins qu'il a obtenu de sa gentille « boëteuse », Anne de Bretagne ; il laissera le royaume à son cousin Louis XII, premier roi de France à ne pas avoir été Dauphin depuis Charles V, dont il était l'arrière-petit-fils. Ses deux fils, encore, meurent, et François 1er lui succède, deuxième roi non Dauphin.
Le Dauphin François meurt en 1536, et celui qui sera Henri II, à qui, en lui donnant Catherine de Médicis, on n'avait fait faire qu'un mariage de cadet, relève le titre. Son fils, François II, Dauphin, épouse l'énigmatique Marie Stuart, meurt sans progéniture, et son frère, Charles IX, lui succède. Henri III, quatrième, ceint la couronne, et Henri IV est le cinquième de nos princes à monter lui aussi directement sur le trône.
Après, l'ordre est rétabli pour longtemps. Nos jeunes princes arborent ces belles armes écartelées de France « plein » et de Dauphiné, seulement discutées dans la province du sud, où l'on se formalisait de voir le fils du roi de France ne pas porter, à senestre et en premier quartier, l'héraldique poisson qui eût ainsi donné la primauté à cette adoption^entière voulue par le donateur. En revanche qu'on remarque la couronne cerclée de fleurs de lys, mais surmontée des Dauphins héréditaires.
L'âge héroïque des Dauphins est terminé ; l'institution est entrée complètement dans les mœurs. Les Français sont familiarisés avec le titre donné aux héritiers immédiats de la couronne et qui durera autant que la monarchie légitime.
Louis XIII fut un charmant Dauphin, plein d'entrain et de verve, lui à qui le pouvoir allait inoculer une telle inquiétude, sans toutefois rien diminuer de ses qualités royales, car l'on peut dire aujourd'hui, après plus ample informé, que ce prince méritait mieux que ce que la postérité, chichement, lui marchanda. Les historiens ont donné trop d'importance aux Mémoires de Richelieu, commandés à Huet, évêque d'Avranches, par la duchesse d'Aiguillon, nièce du cardinal, et qui minimisent le roi pour défendre le ministre. Louis XIII fut Dauphin neuf ans, jusqu'au 14 mai 1610, où, à cinq heures du soir, on cria près de lui et pour lui : « Vive le roi ! », tandis qu'on exposait le corps de son père dans la salle des Cariatides, au Louvre.
Louis XIV le fut cinq ans, sans qu'on puisse encore s'accorder sur son caractère.
Il semble bien que l'abandon où il fut relégué avec les vicissitudes de la Fronde n'est pas légendaire, et quand son fidèle La Porte parle de ses draps troués comme de son apathie première, on est en droit de l'admettre. Son frère puîné, Monsieur, plus ouvert et plus vif que lui, était préféré par les princes et les domestiques. Il serait assez noble de penser que le sacre eût apporté au roi Louis XIV cette grâce d'Etat, et que cette Pentecôte royale le délivra de ses mollesses. Impossible de nier en effet que son épa- nouissement ne fut frappant et comme miraculeux. La fameuse assertion de Saint- Simon a été trahie par les inimitiés. C'est un éloge au lieu d'une critique : « Né avec un esprit au-dessous du médiocre. Mais un esprit capable de se limer, de se raffiner, d'em- prunter d'autrui sans limitation et sans gêne, il profita infiniment d'avoir toute sa vie vécu avec les personnes qui en avaient le plus (d'esprit) ».
Son fils, son seul fils, le Grand Dauphin, n'eut pas les mêmes facilités, loin de là. v Lui aussi, comme le fils de Louis XV, aura été fils de roi, père de roi et jamais roi. Le magnifique portrait de Largillière montre qu'il était de noble prestance, mais tous les contemporains s'accordent à dénoncer son insuffisance, même physique. Né en 1661, et mort en 1711, exactement à cinquante ans, il traîna une vie médiocre et sans gloire, sans même l'envie d'en acquérir. Il était très myope et marchait avec peine, n'y voyant goutte. On lui avait inculqué l'amour de la vénerie, et il mettait son point d'honneur à chasser le loup. A cheval, il avait bonne mine, mais s'y montrait assez prudent. Il n'existait plus devant son père et perdait toute contenance. « Doux par paresse et par une sorte de stupidité », il engouffrait, poussant jusqu'à la boulimie cet appétit carac- téristique des Bourbons. En amour, il était hâtif et quelque peu sauvage. Il finit par adopter une certaine Mlle de Choin, et tout porte à croire qu'il l'avait épousée, à la mode de son père, après la mort de sa femme. Les ménagements de Louis XIV pour la Choin, et surtout ceux de Mme de Maintenon, qui faisait figure de mère de l'Eglise, n'eussent pas été possibles autrement. La Choin, « chassieuse, écrasée », éperdue de bassesse, avait au moins pour elle un désintéressement qui pouvait toucher. A l'avantage du Grand Dauphin, on ne peut citer que son amour pour les Beaux-Arts. Il avait su réunir les plus beaux tableaux de la Cour, dans son appartement, à l'angle méridional de la grande avancée sur les jardins.
Son fils, le deuxième Dauphin, le duc de Bourgogne, le fut un an, mais qui lui suffit pour se faire regretter de toute la France. Ç'avait été un enfant d'une violence inouïe. Il brisait les pendules quand elles lui rappelaient une obligation ennuyeuse.
Rien ne pouvait le contenir ni l'assagir, et cependant son précepteur, Fénelon, en vint à bout au point d'en faire une sorte de saint laïque qu'on trouva, évidemment, bigot et imbuvable, mais dont jamais on ne parvint à suspecter la droiture. Lui seul tenait tête, et par doctrine, au grand-père terrible. Il fut en butte aux pires brimades, aux insinuations les plus odieuses sans qu'il en témoignât de rancune. Amoureux fou de sa femme, la petite Savoyarde, il ne connut pas d'autre passion, lui dont le tempérament d'enfance faisait prévoir tous les désordres.
Avec lui, dit M. de Saint-Simon, on inhuma la France. Et, en fait, quels que soient les auteurs, on a la sensation qu'après lui le royaume perdait l'espérance, si ce n'est la foi.
On sait la fin tragique, cette mort de sa femme, la sienne, si rapprochée, et celle, huit jours plus tard, du troisième Dauphin, le duc de Bretagne, à qui allait succéder, dans le titre le duc d'Anjou, âgé de deux ans, le futur Louis XV, le Bien-Aimé. Il avait cinq ans à la mort de son arrière-grand-père, et montrait des qualités aimables. Mais le préceptorat du duc de Villeroy lui fut certainement néfaste en lui faisant croire que sa vie ne tenait qu'à un fil et qu'autour de lui se fomentaient des conjurations parricides.
Son premier acte officiel fut sa présence à la revue des gens d'armes que le roi avait commandée un mois avant sa mort et l'échéance du 1er septembre. Le Dauphin de cinq ans y parut à cheval et en uniforme.
En présence de la disparition affreuse de ces trois Dauphins, l'esprit populaire reprit ses soupçons et ses présages. On n'a pas fait assez état de ces considérations pes- simistes quand Louis XV octroya à son fils aîné le privilège du « Monseigneur » tout court. On ne parla plus, ou presque jamais, du Dauphin : seul « Monseigneur » subsistait.
Le fils de Louis XV, ce Dauphin qui, lui aussi, ne régna jamais, fut un très curieux personnage. Né en 1725 de Marie Leczinska, il avait le caractère doux et simple de sa bonne mère, et sa piété naturelle. Son père le surclassait, l'étonnait, l'indignait et seul son respect filial lui faisait garder le silence. C'était nettement un Dauphin germanique, dans ses rêveries et ses goûts sans faste. Ce fut lui qui introduisit le tabac à Versailles, et, comme son grand-père le roi Stanislas, duc de Lorraine, il fumait beaucoup dans les palais jusqu'alors respectés. Des pipes de terre, et probablement la longue pipe allemande, plus dangereuse et nocive. Aussi réservé et chaste que son père était libre, il crut mourir lui aussi au trépas de sa femme, fille du second lit de Philippe V, roi d'Espagne, arrière- petite-fille de Louis XIV. Il se reprit à la vie grâce à la douceur et à la finesse de sa seconde femme, Marie-Josèphe de Saxe, née du roi de Pologne. Le second Grand Dauphin mourut à Fontainebleau en 1765.
Il avait eu deux fils : le duc de Bourgogne et le duc d'Aquitaine, dont l'un mourut en 1761, âgé de dix ans, et l'autre en 1754, à l'âge de deux ans, et son Dauphin fut donc le malheureux Louis-Auguste de Berry, l'infortuné Louis XVI, qui devint roi à la mort de son grand-père, en 1774, et qui, dit-on, épouvanté de la charge, se jeta à genoux pour invoquer la protection divine. Hélas !...
Louis XVI eut deux Dauphins : Louis-Joseph-Xavier-François, mort à Meudon le 4 juin 1789, à huit ans, et l'on n'a pour ainsi dire jamais évoqué le chagrin familial qui s'ajouta aux soucis politiques. Puis, le second, Louis-Charles, duc de Normandie, qui pose la plus cruelle énigme de l'histoire moderne.
Le 21 janvier 1793, l'enfant prisonnier au Temple prit le nom de Louis XVII, après avoir été quatre ans Dauphin. Sa mort officielle date du 8 juin 1795, à deux heures du matin. Nous ne reviendrons pas sur une question mille fois traitée. Affirmons une chose, dans la plénitude du jugement : l'enfant inhumé au cimetière Sainte-Marguerite
Achevé d'imprimer sur les presses de l'Imprimerie Jacques et Demontrond à Besançon, le 5 décembre 1957.
N° d'Editeur : 88.
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