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(15—25 ans) en cancérologie sexuels Troubles d’adolescents et de jeunesadultes ARTICLE IN PRESS

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RECHERCHE

Troubles sexuels d’adolescents et de jeunes adultes (15—25 ans) en cancérologie

Adolescents and young adults’ sexual disorders (15—25 years) in oncology

S. Landry

a,b,∗

aAASM-cliniqueVictor-Hugo,18,rueVictor-Hugo,72000LeMans,France

bComité72,Liguecontrelecancer,15—17,rueGougeard,72000LeMans,France

MOTSCLÉS Adolescents; Jeunesadultes; Sexualité; Cancer; Troubles psychosexuels; Information

Résumé Lasexualité est unsujetencoretabou,peu abordédanslescentresde soins.La cancérologien’yéchappepas.Nousnoussommesintéressésauxadolescentsetjeunesadultes prisenchargepouruncancerouenrémissiondecelui-ci.Cepassagedelavierimesouvent avecentréedanslasexualitégénitalepourcesjeunes.Auxproblématiquesdel’adolescenceet delasexualitésemêlentlesdifficultésliéesaucancer.Dansleurviequotidienne,forcément médicalisée,reste-t-iluneplacepourunevieaffectiveetsexuelle?Pourrépondreàcetteques- tion,nousavonsanalysé40entretienssemi-directifseffectuéschezdesadolescentsetjeunes adultes(15 à25 ans).Les entretiens sont orientéssur l’intimitéetla sexualité des jeunes encoursdetraitementouenrémissiond’uncancer.Ilressortdenosentretiensdesdifficul- téssexuellescommel’inhibitiondudésirsexuel,desdysfonctionsérectiles,desdyspareunies, desvaginismesouencoredesépisodesdemasturbationscompulsives.Cesdifficultéssontfré- quentespendantlestraitementsetsemblentperdurerlorsquelesjeunessontenrémission.

Nosentretiensmettentégalementenavantdescarenceseninformationsetensoutiendela partdesprofessionnelsdesantélorsdeleursprisesencharge.Lesjeunespatientstémoignent d’uneabsencetotaled’informationetd’aidefaceàleursexualité.Eneffet,ilestfréquent denoteruneouverturesurl’intimitédespatientsparl’intermédiairedelaprocréation.Sans même questionner lepatient sur savieintime etsexuelle, sans mêmel’informer des pos- sibleseffetssecondairesinduitsparlecanceretsestraitementssursasexualité,onmet en avantrapidementlapréservationdesgamètes.Orcesdifficultéssontsourcesdequestionne- ments,d’angoissesetimpactentlaviedespatients.L’information,lesoutienetlasexothérapie peuventéviterl’installationdetroublespsychosexuels.

©2018ElsevierMassonSAS.Tousdroitseserv´es.

66,rueHenri-Champion,72100LeMans,France.

Adressee-mail:s.landry@cjb72.org https://doi.org/10.1016/j.sexol.2017.12.002

1158-1360/©2018ElsevierMassonSAS.Tousdroitseserv´es.

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KEYWORDS Adolescents;

Youngadults;

Sexuality;

Cancer;

Psychosexual disorders;

Information

Summary Sexualityisstillataboosubject,whichisrarelyaddressedinhealthcenters.Onco- logyisnoexception.Wewereinterestedinadolescentsandyoungadultsincareforcanceror inremissionofit.Thisageoftencorrespondswithentryintogenitalsexualityfortheseyoung people.Adolescenceandsexuality’sproblemsaremixedwithcancer’sdifficulties.Istherea placeforanemotionalandsexuallifeintheirdailylife,necessarilymedicalized?Toanswerthis question40semi-directiveinterviewsweremadeandanalyzedamongadolescentsandyoung adults(15to25yearsold).Interviewsfocusonintimacyandsexualityofyoungpeopleduring treatmentorinremissionofcancer.Ourinterviewsreveal sexualdifficulties suchassexual desireinhibition,erectile dysfunction,dyspareunia,vaginismusorcompulsivemasturbations episodes. These difficulties arecommon duringtreatment andseemtopersist when young peopleareinremission.Ourinterviewsalsohighlightthelackofinformationandsupportfrom healthprofessionals.Indeed,youngpatients reportacompletelackofinformationandhelp withtheir sexuality.Opening onpatients’intimacyonlyappearsthroughprocreation.Young patientsreceiveveryquicklyinformationaboutgametes’ preservationswithouthavingbeen questionedaboutthereintimateandsexuallife,withoutevenhavingbeeninformedaboutthe possibleeffectsinducedbycanceranditstreatmentsonsexuality.Thesedifficultiesaresources ofquestioning,anxietyandimpactpatients’life.Information,supportandsexualitytherapy canpreventpsychosexualdisordersonset.

©2018ElsevierMassonSAS.Allrightsreserved.

Introduction

Chaqueannée,enFrance,nousestimonsà2000lenombre denouveauxcasdecancersdiagnostiquéschezlesadoles- centsetlesjeunesadultes(PéreletPlantaz,2017).Au-delà de l’épreuve difficile, parfois insoutenable et souvent incompréhensible àcet âge, l’association des traitements lourds et des autres répercussions de la maladie inter- viennentàunmomentcritiquedudéveloppementpsychique et sexuel : l’adolescence. Le cancer et ses traitements vont avoir un impact direct ou indirect sur la sexualité (Jacobs et Pucci, 2013). En effet, l’étude de Wettergren et al. (2017) met en avant que 49 % des adolescents et jeunesadultestémoignentd’effetsnégatifssurleursexua- lité un an après le diagnostic de cancer et que 70 % ont toujours une perception négative d’eux-mêmes deux ans après.Il estdoncfréquent derencontrer chezces jeunes patient(e)sdestroublessexuels:«Lespatientssouffrantsde maladiechroniquesontpluslargementatteintsdedysfonc- tionssexuellesqu’unepopulationtémoin.Laprévalencede troublesdelasexualités’avèrechezeuxàlafoisplusfré- quentemaisaussipluslourdedeconséquencessurleplan émotionnel,relationneletsurla qualitédevie»(Colson, 2016).Ladifficultéestdoublequandlecancers’en mêle.

Dansleurviequotidienne,forcémentmédicalisée,reste-t-il uneplacepourunevieaffectiveetsexuelle?Quellessont les difficultés psychosexuelles auxquelles ces jeunes sont confrontées?Lesobjectifsdecetteétudesontdemettreen avantlesrépercussionspsychosexuellesinduitesparlecan- cersur des adolescent(e)setdes jeunes adultesencours detraitementsouenrémission.Nousverronségalementles carencesinstitutionnellesauniveaudelacommunicationet desinformationstransmisesaux jeunespatient(e)ssur les impactsducanceret/oudestraitementssurl’intimitéetla sexualité.

Matérieletméthode

Analyse rétrospective de 40 entretiens cliniques semi- directifsréaliséschezdesadolescent(e)setjeunesadultes de15à25ans.Laméthodeutilisée estlaréalisationd’un unique entretien clinique d’une durée de 45minute par patient(e).L’entretiens’orientesurl’impact ducanceret destraitementssurl’intimité,lasexualité,laqualitédevie et lesrelations affectivesdes jeunes malades. Le groupe depatientssecomposede20fillesetde20garc¸ons.Parmi eux,17sontencoursdetraitementsdechimiothérapieet 23sontenrémissionlejourdel’entretien.Larémissionest récente. En effet,nous avonsinclus dans l’étudeunique- ment lespatients enrémissiondepuisun anmaximum au momentdel’étude.

Résultats

Les entretiens cliniques font ressortir différentes problé- matiquesintimes etsexuellesque peuventrencontrerces jeunespatient(e)s. Pourcommencer,ils mettentenavant une altération de la capacité de séduction ainsi que de l’image corporelle.Eneffet, touslespatients témoignent d’une difficultéfaceauxchangementscorporelsqu’ilsont subi depuis le débutdes traitements etsoulignent le fait qu’ils se trouvent moins séduisant(e)s qu’avant la mala- die.Cettesouffrance,trèsprésentechezlespatient(e)sen cours de chimiothérapie,l’est également chezles jeunes enrémission.Lecancerengendre aussiunediminutionde lalibido(dudésirsexuel)pouvantallerjusqu’àladispari- tiondesfantasmes.Enparallèle,nousretrouvons,chezles patientesdel’étude,desdyspareunies(douleursàlapéné- tration)pouvantallerjusqu’auvaginismesecondaire.Chez certains jeuneshommes des troubles del’érection sont à

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Tableau1 Fréquencedestroublessexuels.

Difficultésintimesetsexuelles Fréquence(%) Atteintedelacapacitéde

séduction

100 Diminutiondel’image

corporelle

100 Diminutiondudésirsexuel 82,5 Dyspareunies(douleursàla

pénétration)

65

Vaginismesecondaire 15

Dysfonctionérectileinduite paruneangoissede performance

30

Masturbationscompulsives 32,5(3filleset 10garc¸ons) Manquesd’informations,

d’aideconcernantleur sexualité

100

noter.En effet,les entretiensmettent enavant une dys- fonctionérectileliéeàuneangoissedeperformance.Pour terminer avecles troubles sexuels,les jeunespatient(e)s peuvent voir apparaître des épisodes de masturbations compulsives.Ilressortégalementdecetteanalysequeles jeunes se sentent abandonnés, seuls, face aux difficultés intimes et sexuelles. Le Tableau 1 met en avant les fré- quencesdestroublessexuelsquerencontrentlespatientsde l’étude.

Discussion

Capacitédeséductionetimagecorporelle

La capacité de séduction dépasse le sentiment person- neld’identité.Celle-cis’élaboreenfonctiondelaqualité d’interaction que l’on a avec les autres. La capacité de séduction « nous permet d’accéder au meilleur de nous- mêmesetdenousreconnaîtrecommeporteursdequelque chosed’unique,debon,devalable »(Salomé,2001).Elle entretientunlienétroit aveclaconfianceensoiainsique lacapacitédeseprojeterdansunavenirpossible.Elleper- metàchaque individudesesentirséduisant(e),etparla même, donne la force nécessaire pour aller vers l’autre et/ou derépondreàson invitation.Laséductionouvrele champdelasexualité.L’intimitémetenplace,entredeux individus,unlienaffectifprivilégié.Lacapacitéd’intimité seconstruitprogressivement,etenparallèledelaconstruc- tionidentitaire,grâceauconceptd’attachement.Lathéorie de l’attachement traite d’un aspect spécifique des rela- tionsentreindividus.Sonprincipedebaseestqu’unjeune enfantabesoin,pourconnaîtreundéveloppementsocialet émotionnelnormal,dedéployerunerelationd’attachement avecauminimumunepersonne.Cettepersonneseracelle quiprendrasoindeluileplussouvent.Cettethéorieaété formaliséeparlepsychiatreetpsychanalysteBowlbyaprès lestravaux deWinnicott, Lorenz etHarlow (Guédeney et Guédeney, 2006). C’estdans cesens qu’on peut direque

l’attachementestprimordialpourl’évolutionpsychologique del’enfant.

La confiance et la sécurité permettent l’abandon, l’autonomieetconditionnentlacapacitéd’intimitéàvenir.

« L’intimité donne à la sexualité sa dimension d’activité humaine supérieure, et la séduction en est le langage » (Colson, 2009).Dansnotresociétéactuelle,oùle paraître prenduneplaceimportante,lamutilationcorporelleengen- drée,parlestraitementsd’uncancer,apparaîtcommeune blessurephysiquemaisaussinarcissiquedontl’impactpsy- chologiquen’estpasnégligeable.Ilestcourammentobservé chezlespatientstraitéspouruncancerdestroublesanxieux etdépressifs (Manzanera etal., 2003) mais aussi un syn- drome destress post-traumatique suite àla chirurgiepar exemple. Le patient confronté au cancer craint la perte deson intégrité corporelleainsi que lamutilation deson corps(Reich,2009;AubinetPerez,2015).Lecanceretses traitements engendrent une blessure narcissique directe- mentliéeauxmodificationsdel’imageducorps(Thompson etal.,2013).C’estexactementcesdifférentescraintesmis en avant par les jeunes patient(e)s que nous avons ren- contré.Cette crainteliée àla modificationcorporelleest source d’angoissepour le patientmême s’« il restediffi- ciledecomprendrelesraisonspourlesquellestellepersonne seradavantageaffectéequetelleautre,alorsquel’atteinte physiqueestmédicalementjugéetrèssemblable,voirede moindregravité»(Charlesetal.,2013).

Inhibitiondudésirsexuel:libido,imaginaire, fantasmatique...

Lefantasmejoueunrôlefondamentaldansl’imaginaireéro- tiquequipermetauMoid’échapperàl’emprisedelaréalité (Bousseyroux,2007).LeMoiestàlafoislelieudel’identité personnellemaiségalementceluiducontrôleducomporte- ment,du rapportaux autreset dela confrontation entre la réalité extérieure, les normes morales, sociales et les désirsinconscients.Lefantasmeest,quantàlui,uncompro- misentreréalitéextérieureetintérieure,entrepulsionset interdits.Ilestfondamentalpourlasexualité,ilalimentele désirsexuel, la libido.Il estune construction imaginaire, érotique, d’un scénario permettant d’accéder au désir, à l’excitation, ainsiqu’au plaisir sexuel (l’orgasme étant recherché).Lesfantasmessexuelsapparaissent,laplupart dutemps,àl’adolescenceassociésauxpremièresmasturba- tions.Lesfantasmessontpropresàchacunetsontunmoyen supplémentairepour déclencherl’excitationetobtenirun orgasmelorsdurapportsexuel.Ilenestdemêmeconcer- nantlamasturbation.Lafantasmatiqueestdoncimportante pourlasexualité. Cesjeunesdont l’imaginaire érotiquea diminuéoutotalementdisparugénèredesangoisses:«Est- ceque celava revenirunjour ?»; «Jesuis célibataire, commentjevaisfaire sije rencontreungarc¸on etqueje n’ai pas envie de faire l’amour ? ... » ; « Je n’ai même plus envie de me masturber, ¸ac me fait peur [...] déjà que moncorps a bien changé, si ma sexualité est foutue oùje vais...» ;« J’ai peur que ma copine neme quitte si nous nefaisons pas l’amour, mais franchement je n’ai pasdutoutenvie...».Cetteabsencededésirsexuelques- tionnelejeunemalade,ilpeut êtresourced’angoisses et d’incompréhensions.Gardonsàl’espritquelasexualité,ou

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dumoinslapulsionsexuelle,renvoieàunecertainenorma- litéchezlejeune.L’actesexuelpeutêtrevécucommeun ritedepassage(Morganetal.,2010).

Lesdyspareunies

Lesdyspareuniessontdesdouleursvaginales(àl’entréeou enprofondeurduvagin)lorsd’uneintromissionetsurtout lorsde la pénétration au moment du rapport sexuel. Les douleurspeuventêtrevécuesdifféremmentd’unefemmeà uneautreetsontplusoumoinssupportables.Celapeutaller d’unesensationdebrûlure,d’échauffementlorsdelapéné- tration.Lafemmepeut égalementressentirdetrès fortes douleurs au fond deson vagin. Biensouvent, ce dysfonc- tionnementtend à devenirchronique etaffecte defac¸on régulièrelasexualitédelafemmeaveclerisquedeprovo- querundésintérêtpourtoutesexualité.Deplus,celapeut évoluerenvaginisme(impossibilitéd’avoiruneintromission vaginalesuiteàdescontractionsinvolontairesdelamuscu- laturepelviennequiapparaissentenpréventionafinquela femmen’aitplusmal).

Lesbouleversementshormonauxinduitsparunechimio- thérapieouuneradiothérapiepelviennepeuventprovoquer des sécheresses vaginales, une perte de souplesse et un raccourcissement du vagin, etc., ce qui est source de dyspareunies(BenCharif,2016).Quantauxcausespsycho- logiques,etnotammentlorsd’uncancer,ellespeuventêtre liéesàunemauvaiseimageducorps,àunmanqued’estime desoi,àuneanxiété,àunedépression,àunstress,àune peurouaunmanquededésirsexuel(LandryetBergeron, 2009 ; Lindau et al., 2015). Ces douleurs vont impacter lasexualité de ces jeunesfemmes commeentémoignent cespatientes:«Lorsdescuresdechimio,nousavionsde tempsentempsdesrapportssexuels,maisj’avaistellement malquej’aitout faitpourmoinsfaire l’amour[...]jelui disaisque lachimio étaittrop dure etqueje neme sen- taispaslaforced’avoirdesrapportssexuelsmaislàc¸afait 5semainesquejesuisenrémissionetj’aivraimentpeurde fairel’amour»;«Déjàquejen’avaispasenviemaiscette douleur[...]jeluiaiditquejenevoulaisplusfairel’amour pourlemoment[...]jenecomprendspasd’où¸ac vient!»;

«Jenetrouvepas¸ac normalquel’onnem’aitriendit! ! heureusementqu’ilyainternet [...]je n’avais jamaiseu mallorsdesrapportssexuels».

Vaginismesecondaire

Le vaginisme secondaire survient après une période de sexualité sans problématique particulière, ou du moins, sansdifficultéliéeàlapénétration.Encancérologie,c’est souvent après une période de dyspareunies induites par des sécheresses vaginales, qu’apparaît, se développe et s’installelevaginisme.Lacrainte,lapeur,l’anxiétédecette douleurau momentdelapénétrationamènele corpsàse défendredemanière réflexe. La pénétrationva alors,de fac¸on plusoumoinsconsciente,êtreassociéeàdeladou- leur.C’estlecasdequelquespatientes del’étude:«J’ai tellementeumal,j’aisentiquemoncorpssetendait[...]

depuiscejour,nousn’avonspaspufairel’amouravecmon copain [...] j’en ai parlé à ma mère, qui en a parlé au

médecin pourmoi »;«J’aicommel’impression quemon sexes’estfermé».

Dysfonctionérectile

Enoncologie, il n’estpas rarede rencontrerdes hommes présentant une dysfonction érectile, parfois temporaire parfois définitive (Wisard, 2008). Dans le cas des jeunes patients de notre étude, celle-cis’avère être induitepar unediminutiondescapacitésphysiquesetdesrépercussions psychiques de la maladie. Kempeneers et Barbier (2008) mettentenavant«uneinfluencenonlinéairedel’anxiété sur l’excitation sexuelle : l’anxiété tantôt inhibe, tantôt facilitel’excitation.L’explicationdécisivedel’effetinhibi- teurdel’anxiétésembleêtrel’interférencecognitivedont elles’accompagnechezcertains sujets:leurattentionse déplace versdesstimuli àcaractèrenonérotique ». Dans le casd’unjeune hommeatteintd’uncancer,lespensées faceàlapertedel’érectionau momentdel’acte sexuel, sedirigentversunsentimentd’incompétenceetnourrissent uneimagedescapacitéssexuellesnégative.C’estcequ’on mit en avant quelques jeunes hommes de l’étude : « Je necomprends vraimentpas cequ’ilm’arrive. Depuismes 15 ans (début de ses premiers rapports sexuels), je n’ai jamais eu de problème. Là c’est ma troisième copine et tout allait bien au début » ; « Je ne comprends pas ce qu’il m’arrive, quand je me masturbe aucun problème, j’ai une érection mais dès que je suis avec ma copine impossibled’assurer,jesuisnul,unincapable».Carpentier et al. (2011) ont mis en avant l’impact négatif du can- cerdutesticulesurlesentimentdecompétence,lavirilité etl’estimedesoidesjeunespatients.Cetteatteintenar- cissique engendre des troubles érectiles chezles patients (Ritenouretal.,2016).

Masturbationcompulsive

Certainsdesjeuneshommesrec¸usenentretientémoignent d’une augmentation de leur pratique masturbatoire. Ces masturbations, réalisées avant la maladie et source de plaisir sexuel, deviennent compulsives et permettent un soulagement temporaire des tensions psychiques induites parle cancer.Lesmasturbationsinterviennentnonpasen réponse à une pulsion sexuelle mais plutôt aux angoisses engendréesparlecanceretlestraitements.Cesangoissent déclenchentcesmasturbationsdefac¸oncompulsivescomme lesoulignentcertainspatients:«Limitejemefaisdubien mêmes’ilyaquelqu’undanslachambre,[...]jerestedis- cretmaisjecommenceàmecaresser[...]jen’auraijamais faitc¸aavant»;«Jenemesuisjamaisautantmasturbéque depuisquejesuismalade[...]quandjeme masturbej’ai cetteimpressiondenepluspenser,jenesuisconcentréque surlepornoquejeregardeetsurleplaisirdel’éjaculation».

Ilfautquenousgardionsàl’espritquelecancerestunepul- siondemortetquelasexualité,ausenslargeduterme,est unepulsiondevie.

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Lemanquedecommunicationetd’informations surlesrépercussionssexuelles

Lesjeunes patients mettent enavant une absencetotale d’informationsetdesoutienfaceàleursexualité.Ilestfré- quentdenoteruneouverturesurl’intimitéuniquementpar l’intermédiairedelaprocréation.Sansmêmequestionnerle patientsursavieintimeetsexuelle,sansmêmel’informer despossibleseffetssecondairesinduitsparlecanceretses traitementssursasexualité,onmetenavantrapidementla préservationdesgamètes.L’urgencedelamaladiefaitque letempsnousmanquepouressayerderéaliserunepréser- vationdelafertilité.Néanmoins,ilestimportant,queles professionnelsde santé, informent etproposent une aide spécifiquedansledomainedelasexualité.Àtoutâge,àtous stadesdelamaladie,lasexualitéapparaîtimportanteaux yeuxdespatientscommelesoulignel’étudedeRothenberg etDumas(2010). Eneffet,cette étude,réaliséechezdes patientsenfindevie,démontreque97%despatientsont subiunemodificationdeleurshabitudessexuellesdepuisle débutdeleurpathologiealorsqueledésir,lui,demeurebien présent.Ilenressortque87%desmaladesdéclarentquela sexualitéestfondamentalepourleuréquilibreetque75% s’attendentàcequelessoignantslesinformentsansqu’ils n’aientàledemander.Lasexualitédespersonnesenphase palliativeapparaîtêtreimportante commenouslemontre l’étudedeKatz(2013),quimetenévidenceque«Lesmou- rantssouffrentsouventd’unmanqued’amouretdecontacts intimesdanslesderniersmois,dernièressemainesouder- niersjoursdeleurvie».Lasexualitésembledoncêtreune composantedelaqualitédevienonnégligeablecommeen témoignenosentretiensetconfirméesparcesdeuxétudes.

Or la sexualité est peu abordée par lesprofessionnels de santé ou du moins pas d’un côté plaisir (Veluire, 2009).

Quand celle-ci est initiée par le personnel soignant, elle estsystématiquementabordéed’unpointdevuebiologique en minimisant « les dimensions psychologiques, environ- nementales,socialesetculturellesdansle traitementdes atteintes sexuelles dans le vécu du cancer. Une réflexion suruneintégrationplussystématiquedecommunicationet dedistribution d’informationsautour delasexualité dans touteslesformes decancer, ainsiqu’uneréflexionautour d’interventionsplusintégrativesseraitàétudier»(Sileset Tarquinio,2017).Lesnouveauxaxesmajeursdudernierplan cancermettentlaqualitédevieaucentredespréoccupa- tions,avecleprogrammedesoinspersonnalisés.Autravers deladimension«parcoursdevie»,l’oncosexologieappa- raît importantedansla priseenchargedupatient(Bondil etal.,2012;BondiletHabold,2016).

Conclusion

Ilapparaîtunesouffrancepsychosexuelle chezces jeunes patient(e)s. Les troubles sexuels sont fréquents chez ces jeunesquisontsouventaudébutdeleursexualitégénitale.

La diminution du désir sexuel, les dysfonctions érectiles, les douleurs à la pénétration, etc., sont des difficultés fréquentes lorsqu’un jeune est en cours de traitement d’un cancer. Mais nous remarquons également que ces effets secondaires ont tendance à se poursuivre après l’arrêt des traitements. Ces difficultés sont sources de

questionnements, d’angoisses et impactent la vie des patient(e)s.«Une prise encharge précoce, impliquantle développementd’unprogrammederéhabilitationsexuelle doit pouvoir leur être proposée dès que possible, essen- tiellement durant la première année qui suit la fin des traitementsducancer,afindediminuercestroublessexuels.

Des informations appropriées, la gestion des symptômes physiques, un soutien et un suivi psychologique assortis d’une consultation sexologique et de thérapies psycho- sexuelles ciblées [...] pourront atténuer le traumatisme induitparcestroubles»(Reich,2007).Rappelonségalement queprendreencomptel’accompagnementdespatientsen repérantleursproblématiquesetenapportantdesréponses à leurs préoccupations est un devoir éthique (Habold et Bondil, 2014). Le troisièmeplan cancer porte une atten- tionparticulièreàlaqualité devie.Or, lasexualité n’est jamaismentionnéeexplicitement.Unmanquedecommuni- cationetdeformationinstitutionnelleestmarquantdansce domaineimpactantlaqualitédeviesexuelledespatients.

Ilsemblenécessairederemédieràcela.Laformationdes professionnelssembleêtrelapremièredémarchedechan- gementàenclencher.Cesformationspermettent delever lestaboussouventprésentschezles«soignants».

Déclarationdeliensd’intérêts

L’auteurdéclarenepasavoirdeliensd’intérêts.

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