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Peter Stockinger

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Academic year: 2022

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Peter Stockinger

e monde de la publication en ligne a pris depuis peu une telle ampleur et a évolué vers une telle complexité, qu’il paraît illusoire d’aborder ces évolutions in extenso dans un seul volume. Nous avons donc choisi de privilégier plus particulièrement les thématiques suivantes : le monde de l’édition et de la presse face à l’internet et aux NTIC, et les enjeux dans la constitution de nouvelles formes d’accès et de circulation du savoir à « l’ère numérique ».

En ce qui concerne l’édition, notamment en SHS, on a déjà pris conscience des conséquences du développement des nouvelles technologies de l’information (NTIC), et plus particulièrement de l’internet, concernant les formes traditionnelles du travail, de la production et de la diffusion qui régulent le secteur de l’édition.

Selon Charlotte Nikitenko, « le support de diffusion internet constitue le fondement de pratiques éditoriales inédites », de sorte que le métier d’éditeur d’une part, et le livre d’autre part, s’en trouveront modifiés. En effet, le livre deviendra un produit personnalisé aux modalités différentes selon le choix du lecteur. Comme Muriel Amar l’expose dans son article sur les collections numériques et les différentes formes d’exploration de ressources en ligne, ce sont les pratiques de la lecture qui subiront des changements profonds, dont nous mesurons encore mal la portée.

Le travail de l’éditeur se polarisera de plus en plus autour d’une station informatique et s’effectuera selon de nouveaux schémas d’organisation et de gestion. Ses rapports avec les acteurs concernés (auteurs, imprimeurs, libraires, publicitaires, lecteurs, etc.) s’en trouveront également modifiés.

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L’article de Jean-Philippe Mouton nous présente les éléments technologiques principaux avec lesquels l’éditeur sera amené à travailler.

Il s’agit ici de véritables défis pour les éditeurs traditionnels. Ces défis sont rendus plus aigus par une crise propre au secteur – crise qui n’a pas été engendrée, mais plutôt exacerbée par les nouvelles technologies, avec leur cortège de nouveaux services, produits et leurs nouvelles formes d’organisation et de diffusion de l’information. Comme le remarque Richard Figuier : « La crise, c’est tout à la fois aujourd’hui une crise de la médiation (éditeur), de la mise en texte (auteur-livre), de la production du savoir, des modes de pensée et d’expression, des procédures logiques, et, enfin, des cadres sociaux par lesquels tous ces échanges sont possibles. »

Il n’est donc pas surprenant de voir « les éditeurs, attentifs mais circonspects, [avancer] à pas comptés ». Ce constat ressort d’ailleurs très clairement dans les différents entretiens menés par Marie Lebert avec un nombre important d’éditeurs, d’auteurs et de libraires à propos du produit phare de l’activité éditoriale qu’est le livre : « Il semble tout à fait inopportun de pleurer la mort prochaine de l’imprimé. On a désormais deux supports possibles (numérique et imprimé) au lieu d’un seul, à chacun de choisir, en fonction de ses habitudes de travail et de ses goûts personnels. »

L’une des innovations technologiques les plus largement promues aujourd’hui est l’e-book. Il présente plusieurs intérêts manifestes, comme l’indique Denis Zwirn : on peut l’acheter à distance partout dans le monde via le réseau internet, le télécharger en quelques minutes, le fabriquer à moindre coût, le mettre à jour en temps réel, dans certains cas, et le faire figurer en permanence dans le catalogue d’un éditeur ou d’un libraire. En outre, il permet des publications très spécialisées, destinées à un lectorat très réduit, qu’un éditeur classique ne pourrait assumer.

Le journalisme, et plus particulièrement le métier de journaliste, subit lui aussi des transformations profondes, liées aux nouvelles possibilités technologiques qui brouillent les points de repère classiques de la profession. Comme le montre Rémy Galland dans son article sur le cyberjournalisme, l’internet constitue un nouveau média à part entière pour le journaliste, confronté à de nouvelles questions, notamment celle d’une écriture spécifique, multimédia et interactive, dans un système d’information en réseau ; celle de la place de l’information générale sur l’internet où chacun peut devenir émetteur d’informations ; enfin, celle du statut social du journaliste professionnel.

Les questions de droit d’auteur et celles relatives à la gestion internationale des droits moraux et patrimoniaux constitueront dans un tel environnement,

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presque totalement dématérialisé et virtuel, des enjeux de taille. L’article d’Hubert Tilliet nous en fournit une très bonne analyse.

Une des stratégies les plus souvent observées parmi les acteurs concernés pour répondre aux défis posés par les NTIC consiste en la diversification de l’offre et des services traditionnels. Comme le dit Marie Lebert : « Depuis peu, on assiste toutefois à un changement majeur dans la production : nombre de libraires et d’éditeurs sont en train de créer de véritables secteurs de vente de livres numériques, avec impression uniquement à la demande.

Certains proposent même la vente de chapitres à l’unité, avec la possibilité de réaliser son livre “à la carte”. »

Olivier Gainon présente ce que recouvre cette notion de diversification de l’offre dans le domaine de la littérature. Il distingue trois catégories :

– les œuvres imprimées sur papier qui ne sont aujourd’hui accessibles que sur internet ;

– les œuvres littéraires traditionnelles (roman, essai, etc.) qui ne sont plus imprimées sur papier mais existent sous forme de fichiers électroniques – ce sont les livres numériques – et donc accessibles uniquement par internet ;

– et enfin, les œuvres dont l’existence, la nature et la conception même reposent sur une ou plusieurs caractéristiques du réseau : l’interactivité, la dématérialisation, le caractère multimédia, etc.

Bertrand Legendre et Guy Teasdale se penchent sur les risques que présentent l’internet et les NTIC pour l’édition et la qualité des produits éditoriaux, particulièrement dans les domaines de l’édition savante, l’édition de référence et la production encyclopédique.

Dans son article sur le passage de l’édition savante vers une e-édition savante, Guy Teasdale nous rappelle que la première doit être comprise avant tout comme une « institution » (au sens où l’entendent les sociologues Schütz et Luckmann), comme une pratique sociale qui possède son identité, sa tradition, ses champs d’exercices, ses rituels, ses lieux de pouvoir, etc.

Ainsi précise l’auteur, en citant Ann Schaffner, les fonctions sociales principales du système de communication savante sont les suivantes :

– la constitution d’une base de connaissances communes à laquelle la communauté scientifique fait confiance ;

– la communication plus ou moins libre et désintéressée de l’information scientifique ;

– la validation de la qualité des informations fournies ; – la « promotion » du chercheur, de l’auteur ;

– la mise en place des « collèges invisibles » de chercheurs.

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L’édition savante électronique devra tenir compte de ces traditions dans les publications spécialisées, si elle veut s’imposer comme « nouveau » genre.

En s’appuyant sur l’exemple symbolique et très connoté culturellement de la production encyclopédique, Bertrand Legendre, de son côté, identifie les points les plus exposés à la critique des publications en ligne : la question de la qualité cognitive d’une information ou d’un savoir publié, et celle de l’absence de légitimité culturelle des nouvelles entreprises culturelles en ligne.

Celles-ci favorisent davantage le divertissement que les projets d’édition de référence fondés sur des valeurs humanistes et savantes, et sont soumises à des contraintes commerciales. Il écrit au sujet de la production encyclopédique : « La relation éditeur/lecteur se trouve ainsi soumise à une mutation (…) qui expose le rôle de l’éditeur encyclopédiste au risque de l’information, à la fois parce que l’édition numérique favorise dans les usages l’extraction d’informations de la “banque de données” qu’est toute encyclopédie (au détriment de la perception générale des sujets traités), et aussi parce qu’elle contribue à abolir le temps critique (au profit de l’information d’actualité). »

Comme on le sait, les questions relatives à la qualité du savoir et de la légitimité culturelle des traditions et genres structurant nos habitudes d’apprentissage, de communication et d’information ne concernent pas seulement le cas de la production encyclopédique et l’édition de référence, mais aussi l’internet considéré au sens d’une grande « bibliothèque », d’une

« archive vivante » d’informations et de connaissances.

Citons ici le CCRTI (Catalogue critique des ressources textuelles sur internet) décrit par Arlette Attali et Richard Walter. Face à la prolifération des publications « littéraires » et des sites et portails littéraires sur internet, se pose le problème de la description de ces ressources et de leur évaluation, en vue de mettre en place un outil d’aide à la recherche d’information spécialisée. Les auteurs présentent les objectifs de cette initiative émanant de L’INaLF, explicitent les critères d’analyse et d’évaluation des ressources et montrent l’intérêt d’une telle démarche pour le développement d’une politique de qualité des ressources accessibles via le web.

A terme, le CCRTI constituera une sorte de portail pour les ressources littéraires en ligne. Les portails sont une technologie particulière permettant d’accéder aux informations et aux savoirs sur le web et de les diffuser.

Stéphane Chaudiron nous décrit, d’une manière plus générale, les différents types de technologies dont on dispose actuellement pour accéder aux ressources pertinentes : veille d’information, technologies d’intermédiation ; développement de nouveaux services (revue de presse, corpus en ligne, etc.).

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Ces technologies d’accès et de diffusion des informations spécialisées font appel à des technologies connexes de gestion et de mise en place de bibliothèques numériques. Sur ce dernier sujet, Muriel Amar nous propose une discussion très pertinente dans son article sur les bibliothèques numériques.

Anne-Marie Moulis, Nicole Le Pottier et Mohand Boughanem montrent à travers l’exemple de la publication en ligne d’images scientifiques les perspectives nouvelles du traitement des documents dans le cadre des bibliothèques numériques. Parmi ces perspectives, mentionnons :

– la recherche documentaire associée à une visualisation en temps réel ; – l’accès immédiat à des séquences ou à des plans de films ;

– la constitution d’archives « personnelles » de ressources ; – l’exploration personnalisée d’un corpus de ressources ;

– l’accès à d’autres types de documents écrits ou visuels qui viendront documenter le film ;

– enfin, l’accès à des collections audiovisuelles hors de l’institution qui les a numérisées.

Les principaux bénéficiaires de ces nouvelles technologies de gestion des ressources en ligne sont surtout le monde de la recherche et de l’enseignement et le monde professionnel spécialisé (producteurs et

« consommateurs » d’information).

Dans le cas de la recherche et de l’enseignement, par exemple, ce sont notamment les petites structures institutionnelles (centres et équipes de recherche, centres de formation, d’information et de documentation, associations, centres de « ressources », etc.) qui produisent et conservent de grandes quantités de ressources :

– monographies, ouvrages collectifs, manuels, dictionnaires et glossaires ; – littérature grise (documents non publiés) : thèses, mémoires, rapports internes, comptes-rendus, documents de travail, supports de cours, enquêtes, notes, etc. ;

– publications en série : « working papers », pré-publications, revues, annuaires, etc ;

– documents graphiques : cartes, plans, etc ;

– documents audiovisuels : enregistrements sonores, vidéos, diapos, etc ; – applications informatiques : programmes éducatifs, simulations, prototypes, etc.

Ces ressources véhiculent des informations à très forte valeur ajoutée, pour la plupart, à un public diversifié et géographiquement dispersé

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(chercheurs, étudiants, spécialistes, décideurs politiques ou économiques, journalistes, associations, institutions étatiques, etc.). Elles peuvent être considérées, par ailleurs, comme « l’image vivante » de l’identité intellectuelle et culturelle d’une communauté scientifique. Mais ces mêmes productions ont les inconvénients suivants :

– elles sont souvent d’un accès difficile, voire impossible pour le public intéressé ;

– elles présentent un manque de structure, d’outils d’organisation et de gestion de la mémoire ;

– elles sont soumises soit à des structures classiques de production et d’édition peu adéquates à leurs besoins spécifiques de diffusion (c’est-à-dire à la gestion permanente des informations scientifiques) ;

– elles sont contraintes par des structures classiques de diffusion commerciale totalement désuètes.

Par ailleurs, les productions scientifiques et pédagogiques contiennent des informations qui exigent des mises à jour permanentes de la part des auteurs, ce qui est impossible à réaliser dans les structures éditoriales classiques ; elles ont besoin d’une diffusion transnationale mais ciblée (en tenant compte des profils d’utilisateurs de produits d’information hautement spécialisés) ; elles demandent des moyens technologiques modernes permettant de réduire à la fois le coût de production et de maintenance ainsi que la dépendance par rapport à des structures intermédiaires classiques (éditions et diffusions commerciales) ; enfin, elles nécessitent pour les auteurs une entière liberté de produire et de mettre à jour leurs réalisations suivant des besoins précis.

Afin de répondre à ces exigences, un des moyens les plus appropriés est la mise en place de services d’édition et de publication en ligne pour la communauté de chercheurs, accessibles et exploitables à distance, à l’aide d’un simple navigateur. Ces services comprennent, entre autres :

– des bibliothèques et médiathèques dans lesquelles chaque institution ou personne habilitée peut, avec un mot de passe, mettre à jour des informations sur les productions scientifiques ou pédagogiques, aussi bien que des versions électroniques de ces productions ;

– des utilitaires d’édition électronique permettant de restructurer les versions électroniques stockées dans les bases des bibliothèques et médiathèques, afin d’en produire des « sorties » documentaires sous forme de documents structurés, de cédéroms, de fichiers téléchargeables ou encore de véritables sites web ;

– des possibilités de commercialiser directement les productions sur le web ;

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– des possibilités de réutilisation des différentes ressources pour d’autres applications.

Il s’agit ici certainement de l’un des très grands chantiers des NTIC concernant la mise en ligne des informations spécialisées, leur accès, leur partage, leur diffusion et leur archivage. Un tel chantier, auquel s’attèle un nombre de plus en plus important d’universités et d’établissements publics de recherche, est non seulement soumis à des contraintes très comparables à celles identifiées par Guy Teasdale pour l’e-édition, mais nécessite également des compétences et des formations nouvelles pour les acteurs concernés. L’article d’Anne-Marie Moulis, Nicole Le Pottier et Mohand Boughanem nous apporte un exposé systématique et détaillé sur les nouveaux enjeux dans la formation de ces « médiathécaires » et « éditeurs en ligne » d’un nouveau genre.

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