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Les médecins de famille devraient-ils évaluer l’aptitude à conduire?: OUI

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Canadian Family PhysicianLe Médecin de famille canadien Vol 55: DECEMBER • DÉCEMBRE 2010

Débats

Les médecins de famille devraient-ils évaluer l’aptitude à conduire?

L

es médecins de famille ont les connaissances, les habiletés et les attitudes voulues pour bien évaluer l’aptitude des patients à conduire une automobile.

En tant que médecins de famille, nous faisons partie intégrante de l’équipe qui évalue la capacité des con- ducteurs sur le plan médical. Notre expérience au fil des ans à comprendre les multiples problèmes médi- caux des patients, et nos relations à long terme avec eux et leur famille représentent des atouts. Chaque profes- sion joue un rôle complémentaire dans l’évaluation de la conduite automobile, et les médecins de famille sont des membres essentiels de l’équipe. Notre expertise en communication centrée sur le patient est au cœur de notre exercice de la médecine et est vitale dans la dis- cussion des questions entourant la conduite.

Partie intégrante de nos soins systématiques

En tant que médecins de famille, nous avons la for- mation nécessaire pour évaluer l’aptitude à conduire.

Comme dans plusieurs domaines de la médecine, l’utilisation d’outils cliniques peut être utile dans la prise de décisions. L’un des outils bien connus pour éval- uer l’aptitude à conduire est le guide de l’Association médicale canadienne, Évaluation médicale de l’aptitude à conduire1. Même s’il est complet, il a été critiqué pour ses faiblesses à prédire quelles combinaisons de pro- blèmes et de médicaments peuvent affecter l’aptitude à conduire. Heureusement, un nouvel outil appelé SIMARD MD (sigle anglais pour dépistage en vue de l’identification des conducteurs à risque sur le plan médical, une modification de DemTect2) a été élaboré en Alberta à l’intention des professionnels de la santé pour aider à identifier les patients ayant des déficiences cognitives chez qui l’aptitude à conduire pourrait avoir baissé au point de poser des risques pour la sécurité.

Ce test papier-crayon est convivial, facile à corriger et prend 5 à 7 minutes à administrer. Il a un facteur de prévisibilité élevé pour savoir si un patient est apte ou inapte à conduire, ou s’il doit subir une évaluation de sa capacité de conduire3. Les médecins de famille peuvent

facilement faire passer ce test durant l’examen médical annuel ou une visite de routine durant laquelle surgis- sent des inquiétudes à propos de la conduite.

Tout comme le tabagisme, le sujet de la conduite auto- mobile peut être abordé durant l’examen annuel bien avant qu’il soit nécessaire de signaler le cas aux autori- tés responsables des permis de conduire. Comme nous le faisons quand nous examinons les effets secondaires de la médication, nous pouvons avertir les patients des problèmes médicaux et des médicaments qui peuvent nuire à la capacité de conduire en toute sécurité et les conseiller à ce sujet. La confiance de nos patients et l’importance de «trouver un terrain d’entente» nous per- mettent de préserver la relation médecin-patient quand nous discutons des questions entourant la conduite. En tant que médecins de famille, nous avons un rapport établi avec les patients et pouvons observer les change- ments avec le temps. La relation et la collaboration avec les membres de la famille sont aussi primordiales pour recueillir et corroborer des renseignements au sujet de l’aptitude des patients à conduire. Il arrive souvent que les membres de la famille confient des inquiétudes à pro- pos de la capacité de conduire de leurs proches, qui sont très révélatrices. De plus, selon une étude par Jang et ses collaborateurs en 2007, 72,4 % des médecins de famille canadiens étaient d’accord pour dire que les médecins devraient être légalement responsables de signaler aux responsables des permis de conduire les personnes dont la conduite pourrait être dangereuse4.

Assistance durant les périodes de transition dans la vie

Dans notre rôle de conseillers, nous aidons souvent les patients à traverser les transitions et les changements dans la vie. Pour bon nombre d’entre nous, la con- duite automobile est un symbole d’indépendance et une source d’estime de soi. Quand une personne arrête de conduire, elle perd non seulement un moyen de trans- port, mais aussi les avantages émotionnels et sociaux dérivés de la conduite. Pour diverses raisons, les méde- cins peuvent hésiter à discuter de la cessation de la

OUI

Amanda J. Adams

MSc MD CCFP FCFP

suite à la page 1270 Les parties à ce débat contestent les arguments de leur opposant dans des réfutations accessibles à www.cfp.ca.

Participez à la discussion en cliquant sur Rapid Responses.

This article is also in English on page 1264.

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Canadian Family PhysicianLe Médecin de famille canadien Vol 55: DECEMBER • DÉCEMBRE 2010

conduite avec leurs patients. Ils peuvent ne pas aimer communiquer de mauvaises nouvelles ou s’inquiéter que le patient éprouve du ressentiment à perdre son autonomie. Les médecins évitent parfois complètement de discuter de la conduite parce qu’ils croient que le patient ne voudra pas de leurs conseils ou se mettra en colère5. Ces préoccupations sont légitimes. Par ail- leurs, les médecins ont une responsabilité sur le plan de l’éthique de protéger leurs patients et la sécurité publique par l’évaluation des fonctions relatives à la conduite. Tout comme nous aidons nos patients ou leur famille dans les moments de transition dans la vie, nous avons la responsabilité d’inclure les questions liées à la conduite dans l’ensemble de nos soins.

Une ressource auprès de nos patients

À titre de médecins de famille, nous pouvons offrir des ressources pour aider nos patients à explorer les options médicales et de réadaptation pour améliorer la sécurité de la conduite. Des évaluations spécialisées des aptitudes à conduire par des ergothérapeutes ou au moyen de l’outil informatisé Roadwise Review de l’American Automobile Association peuvent être utiles6. Cet outil gratuit permet aux conducteurs de mesurer (à l’aide de leur ordina- teur personnel) les 8 habiletés fonctionnelles démontrées comme étant les facteurs de prévision des risques d’accidents les plus probants chez les conducteurs plus âgés. Il existe aussi une ressource canadienne, Candrive7, qui est un programme de recherche interdisciplinaire en sciences de la santé, amorcé en 2002. Ce programme est voué à l’amélioration de la sécurité chez les conducteurs plus âgés. Dans le cadre d’une étude en cours, on recrute 1 000 conducteurs âgés de toutes les régions du pays pour étudier pendant 5 ans leurs habitudes de conduite.

L’étude servira à déterminer les facteurs nécessaires à une conduite sécuritaire, à mesurer l’effet des problèmes de santé sur l’aptitude à conduire et à fournir des rensei- gnements pour élaborer un test rapide d’évaluation de la capacité de conduire. Des renseignements se trouvent dans le site Web de Candrive à l’intention des médecins et des patients, ainsi qu’une vidéo en anglais intitulée

«Knowing When to Stop Driving».

Lorsque toutes les autres options ont été épuisées, les médecins de famille peuvent recommander des restric- tions à la conduite ou encore un arrêt complet. Des études démontrent que les médecins influencent la déci- sion des patients d’arrêter de conduire. De fait, les con- seils du médecin sont la raison la plus fréquente donnée par les personnes pour avoir cessé de conduire8. Un médecin qui peut travailler avec le patient et la famille, avec compassion et compréhension, pour planifier à l’avance et donner de l’appui peut faciliter l’arrêt de la conduite et le signalement aux autorités, sans nuire à la relation médecin-patient.

Conclusion

En qualité de médecins de famille, nous avons une responsabilité à l’égard de la sécurité des patients et du public, et l’évaluation médicale de l’aptitude à conduire est une partie essentielle de ce rôle. Heureusement, nous ne sommes pas les seuls à évaluer la capacité de conduire, mais nous sommes des membres essen- tiels d’une équipe de professionnels de la santé. Il n’y a pas d’évaluateur unique idéal, mais les médecins de famille doivent se servir de la force que nous avons en tant que spécialité: offrir des soins de santé complets et continus aux personnes et aux familles pour amélio- rer la sécurité routière et, en définitive, réduire la mor- bidité et la mortalité.

Dre Adams est médecin de famille et exerce à Markham, en Ontario.

Intérêts concurrents Aucun déclaré Correspondance

Dre Amanda Adams, Markham Stouffville Hospital, Family Medicine, 381 Church St, PO Box 1800, Markham, ON L3P 7P3; téléphone 905 472-7000; cour- riel AAdams@msh.on.ca

Références

1. Association médicale canadienne. Determining medical fitness to operate motor vehi- cles. 7e éd. Ottawa, ON: Association médicale canadienne; 2006. Accessible à: www.

cma.ca/index.php/ci_id/18223/la_id/1.htm. Accédé le 25 octobre 2010.

2. Dobbs BM, Schopflocher D. The introduction of a new screening tool for the iden- tification of cognitively impaired medically at-risk drivers. The SIMARD, a modifica- tion of the DemTect. J Prim Care Community Health 2010;1(2):119-27. Accessible à:

http://jpc.sagepub.com/content/1/2/119. Accédé le 25 octobre 2010.

3. Faculty of Medicine and Dentistry, University of Alberta [site web]. SIMARD MD.

Edmonton, AB: University of Alberta; 2010. Accessible à: www.mard.ualberta.ca/

Home/SIMARD/background.cfm. Accédé le 25 octobre 2010.

4. Jang RW, Man-Son-Hing M, Molnar FJ, Hogan DB, Marshall SC, Auger J, et collab.

Family physicians’ attitudes and practices regarding assessments of medical fitness to drive in older persons. J Gen Intern Med 2007;22(4):531-43.

5. American Medical Association. AMA physician’s guide to assessing and counseling older drivers. 2e éd. Chicago, IL: American Medical Association; 2010. Accessible à:

www.ama-assn.org/ama/pub/physician-resources/public-health/promoting- healthy-lifestyles/geriatric-health/older-driver-safety/assessing-counseling- older-drivers.shtml. Accédé le 25 octobre 2010.

6. American Automobile Association. Roadwise review. A tool to help seniors drive safely.

Washington, DC: AAA Exchange; 2010. Accessible à: www.aaaexchange.com/

main/Default.asp?CategoryID=3&SubCategoryID=38&ContentID=315. Accédé le 25 octobre 2010.

7. CanDRIVE [site web]. CanDRIVE. Driving research for older adults. Ottawa, ON:

Institut de recherche de l’Hôpital d’Ottawa; 2010. Accessible à: www.candrive.ca.

Accédé le 25 octobre 2010.

8. Persson D. The elderly driver: deciding when to stop. Gerontologist 1993;33(1):88-91.

OUI

suite de la page 1268

Débats

CONCLUSIONS fINALES

Les médecins de famille comprennent bien leurs patients et sont les meilleurs cliniciens pour observer les changements longitudinaux dans leur état de santé qui pourraient nuire à leur conduite.

Sur la plan éthique, nous avons la responsabilité de protéger la sécurité de nos patients, ce qui demande d’évaluer rigoureusement leurs capacités liées à la conduite.

Nos relations avec les patients et le rapport établi avec

eux nous permettent de les soutenir, de les conseiller

et d’aider leurs familles à des étapes de transition. Les

conseils à propos des limites à la conduite et de la ces-

sation de conduire aident les patients à un moment de

transition souvent difficile dans la vie et représentent

une partie importante de notre champ de pratique en

tant que médecins de famille.

Références

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