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Sport et citéDésordre social ou nouvelle citoyenneté ?

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Academic year: 2022

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1-Introduction :

1.1-Jeunesse en difficulté et classe populaire :

« La « banlieue », la cité, c’est le chômage, la chute sociale, la perte de repères sociaux et quand l’identité ne peut plus se construire à partir d’un statut socio-économique, les individus se rabattent sur l’identité spatiale, comme seule stratégie de survie dit-on »

« la culture ouvrière reconnaissait une place et une fonction spécifique à la jeunesse dans la participation à la vie de la communauté. Il existait donc une forme spécifique de citoyenneté attachée à un âge de la vie (…) Or ces pratiques n’existent plus »

(P.Chantelat, M.Fondimbi, J.Camy, Sports de la cité, anthropologie de la jeunesse sportive, Paris, l’Harmattan, 1996)

« La jeunesse, à l’instar de la population ouvrière du 19ème siècle, est stigmatisée comme

« classe dangereuse », porteuse de logiques déviantes, anomiques »

(M.Clément, Sport et intégration, in J.M.Legras, M.Clément, Sport et société, tome 1 CNFPT, 1993)

1.2-Le culte de l’individualisme et les différents paradigmes :

-Les jeunes des quartiers défavorisés ont « pour seule référence la réussite individuelle, dans un contexte dépourvu de valeurs hormis celles de l’argent et de la flambe »

(P.Duret et M.Augustini, Sports de rue et insertion sociale, Paris, INSEP, 1993)

Sociologie Licence 3

Document de prise de notes Chapitre 4

Sport et cité

Désordre social ou nouvelle citoyenneté ?

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« La crise a aussi gagnée le monde sportif, il ne subsiste plus que quelque grands clubs, la vie associative est désertée petit à petit par les jeunes au profit de pratiques consuméristes à court terme où seule la recherche du plaisir individuel prédomine »

(J.P Gars et M.Diallo, intervenants DDJS et Mission locale à Boulogne, cités par D.Charrier, APS et insertion des jeunes : enjeux éducatifs et pratiques institutionnelles, Paris, La documentation française, 1997)

-A.Ehrenberd, Le culte de la performance, 1991.

« Etre exclu cela revient avant tout à être rejeté et à en avoir honte. La honte appartient à ces méta-sentiments supposant que l’exclu accepte sa stigmatisation et le jugement de la société. Il le reprend à son compte au point d’avoir du mépris pour lui-même »

(P.Duret, in Table ronde, in C.Louveau et A.M.Waser (dir) Sport et cité, pratiques urbaines, spectacles sportifs, Université de Rouen, 1999)

2-Sport, ville, citoyenneté, la nouvelle donne des années 80 :

2.1-Le sport dans la rue :

-Dans les années 80, le sportif de rue devient un

« exhibitionniste »

(P.Chantelat, Usages sportifs de la ville, spirales n°5, 1992)

-« Culture digitale et culture analogique » : (A.Loret, génération glisse, 1995)

-« « Just do it » devient alors la règle d’action du pratiquant qui doit devenir libre de faire ce qu’il veut »

(J.Corneloup, Les théories sociologiques de la pratique sportive, PUF, 2002)

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2.2-Le rôle du politique :

-« On peut affirmer que depuis plus de 20 ans, le sport est en première ligne dans les zones urbaines sensibles »

(D.Charrier, J.Jourdan, Pratiques sportives et jeunes en difficultés. 20 ans d’innovations et d’illusions… et des acquis à capitaliser, in M.Falcoz et al (dir.), Intégration par le sport : représentations et réalités, l’Harmattan, 2005)

2.2.1-Réagir dans l’urgence, des opérations « anti-été chaud » à « ville, vie, vacances » :

2.2.2-Agir à long terme, « J Sport » et équipements de proximité :

-Pratiques concernées par les équipements « J Sport » : 1991

446 équipements 1992 1016 équipements Sports collectifs

Terrains polyvalents Skate board

Football Escalade

Sports de combat Basket ball Bicross Tennis de table Tennis et divers

56,5%

11%

13%

7,5%

6%

2%

2%

2%

27%

32%

10%

8%

6%

4%

3%

2%

2%

6%

2.2.3-Un bilan critique :

-F.Chobeaux, L’occasion ratée des « J Sports », aventure d’une intervention politique sur les espaces urbains, in Sport, relations sociales et actions collectives, 1993.

« A quand les braquages et les prises d’otages pour obtenir un panneau de basket et une table ping-pong en béton…C’est pas ça l’action sociale. On donne contre rien, à fond perdu.

Après ça devient un droit »

(Educateur du quartier de l’Alma, Grenoble, cité par J.C.Basson, Sports de rue et politiques sportives territoriales, in C.Louveau et A.M.Waser, Sport et cité, ibid)

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-« La question se pose souvent de la suite à donner à ces actions d’initiation qui peuvent donner le goût ou créer le besoin. La porte se referme souvent, pour des raisons économiques mais aussi pour incompatibilité des habitus, à l’entrée des centres hippiques, golfs, bases de voile ou circuits de karting… en laissant beaucoup de frustrations »

(D.Charrier, J.Jourdan, Pratiques sportives et jeunes en difficulté…, Ibid)

3-Les pratiques sportives de rue, « sports dans la ville ou sports de la ville » ?

3.1-Quelques caractéristiques communes : 3.1.1-Le sport de rue, un territoire masculin :

Normalité accordée aux comportements par les « grands frères » En fonction du statut de la fille

« Est-ce que tu trouve normal… »

En fonction de l’âge du grand frère

« Est-ce que tu trouve normal qu’une fille en général… »

n = 34 D’une fille en

général D’une sœur Grands frères de 15

à 17 ans (n=20) Grands frères de 18 à 19 ans (n = 14) Se promène seule

Aille seule en boîte Aille seule faire les courses Aille seule faire du sport Ait envie de faire du body- building

Ait envie de faire du full contact

Prenne la pilule

Rentre à l’heure qu’elle veut Aille au café

Sorte avec plusieurs garçons à la fois

Parte en camp de vacances seule

Couche avec un garçon Porte une minijupe Vive avec un garçon

82.4 38.2 76.5 64.7 23.5 29.4 67.6 8.8 23.5

0 52.9 47.1 79.4 20.6

67.6 23.5 61.8 61.8 14.7 20.6 44.1 8.8 2.9 0 20.6 20.6 61.8 5.9

70 15 65 55 10 25 60 0 10

0 40 35 70 10

100 71.4 92.8 78.5 42.8 42.8 78.5 21.4 42.8 0 71.4 64.2 92.8 35.7 -Tableaux issus de P.Duret & M.Augustini, Sports de rue et insertion sociale, ibid.

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3.1.2-Individualisme dans le sport comme dans la vie :

« La valorisation de l’exploit technique et du fait individuel sont deux caractéristiques des pratiques auto-organisées » « l’excellence sportive est pour ces jeunes l’exploit individuel » (P.Chantelat, M.Fodimbi, J.Camy, ibid)

« le skate demeure très marqué du sceau de l’individualisme. Le skater dit de sa pratique ce que le basketteur de rue dit de la sienne : « on skate d’abord pour soi » »

(Michel Fize, Le skate-board : nouvelle forme de sociabilité sportive d’adolescents en milieu urbain, in Sport, relations sociales et actions collectives, 1993) « Le gain symbolique est d’autant plus grand que l’action est spectaculaire »

(G.Vieille-Marchiset, Culture et sociabilité sportive des basketteurs de rue : entre liberté et dissidence, in C.Vivier et J.F.Loudcher, le sport dans la ville, Paris, l’harmattan, 1998).

3.2-Pratique de rue emblématique, le Streetball :

-Tableau résumé des oppositions entre BB de rue et BB fédéral, G.Vieille-Marchiset, ibid :

Basket de rue Basket fédéral

Vigoureux-virulent-parfois brutal Libre

Autonome

Apprentissage par imitation Création

Spontané

Sociabilité de proximité Instinctif

Hors temps, temps ludique Espace labile, changeant Spectaculaire

Provocation, défi

Discipliné Coercitif

Dépendant (entraîneur, arbitre) Apprentissage par application Rigueur

Construit

Sociabilité associative Académique

Quadrillage du temps Espace très structuré Efficace et « direct » Coopération-organisation

-Tableau comparatif du BB de rue et du BB de compétition traditionnel, P.Duret et M.Augustini, ibid :

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Compétition traditionnelle Sport de rue

Temps quotidien En rupture En continuité

Temps de préparation Entraînement (horaires et

fréquences fixes) Pas d’entraînement

Règlement standardisé Négociable

organisation Par championnat,

hiérarchisation des épreuve Par défi,

Non hiérarchisation des épreuves

Diffusion des résultats Presse, télé Rumeur Temporalité sur

l’année calendrier Au coup par coup

3.3-Foot pied d’immeuble et Basket de rue, une logique commune :

3.3.1-Un rapport à l’espace complexe :

-« Le playground appartient à un quartier.

(…) Ne viens pas sur le terrain de Basket qui veut ; il faut habiter le quartier, vivre dans le périmètre, appartenir en somme à la communauté de l’endroit »

(A.Blondé, le Basket en liberté, rev EPS n°242, juillet-août 1993)

-P.Le Guirriec, O.Zana, Des espaces de marges pour jeunes en transit. Le cas de Saint Jacques de la Lande, in M.Falcoz et al (dir.), Intégration par le sport…, op. cit. 2005

-Comparaison sport pied d’immeuble, « Haut lieu » et club, P.Chantelat et call, ibid :

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Pied d’immeuble Haut lieu Club Rapport à l’espace Déplacement dans la ville

Espaces interchangeables Déplacement central qui donne sens à la pratique Espaces non

interchangeables

Déplacements sur des lieux standardisés et interchangeables Rapport au temps Circulaire-Détente

semaine Circulaire-linéaire

Détente-progrès

Extraordinaire, week-end

Linéaire-Progress Semaine, week-end Rapport à l’autre Sociabilité communautaire

et sociétaire Duel

Egalité des chances de participer et de gagner

Sociabilité urbaine

Duel

Egalité des chances de participer et de gagner

Sociabilité « forcée »

Collectif

Inégalité des chances de participer et de gagner Rapport au corps,

excellence sportive Virtuosité Esthétique plaisir

Virtuosité Esthétique plaisir

Efficacité Résultat Travail

Rapport au sport ludique Ludique-sérieux Sérieux

« Les groupes de jeunes sportifs apparaissent sans espaces de références fixes, qu’il s’agisse de l’unité spatiale du quartier ou de l’unité ethnique. Ils surfent sur la territorialité mais ne s’y arrêtent pas.

Ils sont d’un quartier, d’une ville, d’une ethnie, d’une classe d’âge…mais aucun de ces éléments ne constitue un point d’ancrage fort pour la construction de leur identité »

(P.Chantelat, M.Fodimbi, J.Camy, ibid)

3.3.2-Le rapport aux autres :

« L’appartenance à telle ou telle minorité ethnique n’est pas revendiquée, elle ne constitue pas un principe fondateur ou organisateur de ce type de pratique sportive » (Chantelat, Camy…)

3.3.3-Des pratiques de la ville :

« Les pratiques sportives auto-organisées se situent dans le registre des sociabilités urbaines. La non appartenance à une bande, la multifonctionnalité des groupes, la non territorialisation des pratiques sur l’espace du quartier ou de la communauté indiquent le caractère fluide et adaptatif caractéristique de la sociabilité urbaine »

(M.Fodimbi, Villes et sociabilités sportives, in C.Louveau & A.M.Waser, ibid)

-« Face à une situation de mise à l’écart sur un plan

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social, éducatif, culturel, économique et politique, la culture hip-hop se présente comme une école de la rue permettant de redonner du sens et de la vie à un contexte anomique »

(J.Corneloup, Les théories sociologiques de la pratique sportive, PUF, 2002)

3.3.4-Un retour vers les jeux traditionnels ?

-Tableau de B.During, Des jeux aux sports, Paris, Vigot, 1984.

Jeux traditionnels Sports anglais

Espace Lieu de vie, peu ou pas définis. Surtout en ville, terrains, précis, mesuré

Temps Calendrier des fêtes ou

événements (mariage…) Pas de mesure du temps

Calendrier spécifique, fédéral Chronométrage, record Joueurs/public Classe d’age, groupes sociaux,

ensemble de la pop.

Public = participants

Catégories d’age, de niveaux, spécifique au sport.

Public = participants

Règles Souples, locales Précises, institution, universelles

Techniques Non spécifiques Spécifiques

Apprentissage Néant Entraînement, aspect éducatif

Violence Risques

Très forte Importants

Variable et réglementée(dosée) Bannis autant que possible

« Si le sportif du 19è siècle est un homme nouveau au sens où il naît contre le rituel et comme homme de projet, s’il est un ascète rationnel (Weber), le sportif urbain contemporain renoue en quelque sorte avec le jeu, le rituel, l’incertitude, le non finalisé ».

(Chantelat, Fodimbi, Camy, ibid)

3.4-Homogénéité et hétérogénéité des sports de rue à travers Skate-board et roller :

-Eric Adamkiewicz, Nouvelles pratiques et sports autonomes dans la ville. Création de nouveaux types de relations à l’urbain. L’exemple lyonnais, in C.Vivier & J.F.Loudcher, ibid.

-Michel Fize, Le skate-board : nouvelle forme de sociabilité sportive d’adolescents en milieu urbain, in Sport, relations sociales et actions collectives, 1993.

4-Sport et intégration, le sport pour la cité :

4.1-Insertion, intégration, socialisation… des termes interchangeables ?

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-Insérer : « s’intégrer, s’intercaler, s’introduire » -Socialisation : « Processus par lequel l’enfant intériorise les divers éléments de la culture environnante (valeurs, normes, codes symboliques et règles de conduite) et s’intègre dans la vie sociale » -Intégrer : « Opération qui consiste à assembler différentes parties d’un système et à assurer leur compatibilité ainsi que le bon fonctionnement du système complet »

(Définitions du Petit Larousse, 1999)

4.1.1-Insertion et intégration :

« Le choix des mots a donc un sens : intégration vise à créer les conditions d’une adhésion des membres d’une collectivité à ses valeurs, ses règles communes. L’intégration exige donc un minimum de consensus (…) L’insertion en revanche, renvoie à une vision plus violente de l’intégration, fondée sur une sorte d’acculturation généralisée »

(P.Arnaud, sport et intégration : un modèle français, spirales 10, 1996)

« A la différence de l’intégration qui s’adresse à tous, l’insertion sociale en direction des jeunes désigne l’ensemble des efforts délibérément mis en place en vue de doter les plus démunis notamment, de certaines aptitudes à la vie sociale. Autrement dit, il s’agit là de corriger ce qui est le plus souvent perçu comme des ratés de la socialisation primaire (famille, école) »

(W.Gasparini, Les contradictions de l’intégration par le sport, in M.Falcoz et al (dir.), Intégration par le sport…, op. cit)

4.1.1.a-L’intégration républicaine à la française :

« L’intégration est un processus spécifique suscitant la participation active à la société nationale d’éléments variés et différents. (…) L’intégration a pour objectif de faire entrer les jeunes dans la société française contemporaine, avec son histoire et ses valeurs, en l’enrichissant par de nouveaux apports. Les politiques d’intégration visent à rattacher à un tout, à une idée unitaire de la société des population étrangères »

(Haut commissariat à l’Intégration, rapport sur le développement personnel et l’intégration sociale des jeunes par les loisirs, 1995)

4.1.2-Paradigmes et conceptions de la socialisation :

-Pour le paradigme déterministe :

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« La société est intériorisée progressivement par les individus notamment sous la forme d’habitudes corporelles, de schèmes de pensées et de perception, de représentations, de normes, de règles de conduites et de valeurs. Ce processus s’effectue pour une large part à l’insu des individus. Là, le lien social s’impose pour ainsi dire du dessus aux individus ».

(P.Garnier, critique des théories de la socialisation, du stade au quartier, le rôle du sport dans l’intégration sociale des jeunes, IDEF, 1992)

« La socialisation doit être conçue, non seulement comme un mécanisme d’intériorisation, mais comme un processus d’adaptation à des situations changeantes et variées, processus jalonné d’arbitrages et de compromis effectués par le sujet entre les normes qui s’imposent à lui, les valeurs et croyances auxquelles il souscrit, et ses intérêts tels qu’il les conçoit »

(R.Boudon et F.Bourricaud, Dictionnaire critique de la sociologie, PUF, 1982)

« La société n’existe plus a priori, mais uniquement dans la réalité sociale constituée après un travail d’ajustement commun entre adultes et jeunes. Cette position remet en cause les écrits de Durkheim ainsi que ceux de Piaget où les enfants sont censés accéder à la compétence morale en passant par une série de stades »

(P.Duret et M.Augustini, ibid)

4.2-Sport et Intégration sociale, une réalité ? 4.2.1-Des postulats peu discutés :

« Le club est une petite famille, une petite patrie » (M.Baquet, Education sportive, initiation, entraînement,1942)

« l’intériorisation de la règle sportive doit conduire à intérioriser la règle sociale »

(M.Clément, Sport et société, ibid)

4.2.2-Des effets évalués ?

-D.Charrier, APS et insertion des jeunes : enjeux éducatifs et pratiques institutionnelles, Paris, La documentation française, 1997.

4.2.2.a-La re-mobilisation personnelle :

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-« La capacité de projection et d’effort (sportif, procédural…) dans la durée s’oppose à la tendance à se situer dans le présent et dans le consommatoire »

(D.Charrier, J.Jourdan, Pratiques sportives et jeunes en difficulté…, Ibid)

« Développer, par le sport, le goût de l’effort des jeunes reste une idée défendue essentiellement par les élus qui accordent au sport un large champ d’actions possibles » (S. Knobé, Peut-on acquérir le goût de l’effort ? L’exemple de Strasbourg en matière d’insertion sociale par le sport, in M.Falcoz et al (dir.), Intégration par le sport…, op. cit)

4.2.2.b-La création de réseaux sociaux :

4.2.2.c-La régulation du climat social :

4.2.2.d-L’acquisition d’une capacité économique :

« Le sport n’est pas intégrateur « par nature ». Le contexte local, les choix stratégiques et les « manières de faire » sont décisifs »

(D.Charrier, ibid)

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« le sport n’est pas éducatif en lui même, il le devient » (M.Baquet, ibid)

4.2.3-Le problème de l’encadrement :

« L’animateur, il faut qu’il soit le papa, la maman, le médecin, le prof de maths… le gamin qui tombe, vous ne dites pas… c’est pas mon boulot, je sais pas faire, vous tendez les mains et vous rattrapez le truc… »

(Responsable animation sportive région parisienne, cité in N.Monin, M.Bouhaouala, Les conditions d’émergence d’un nouveau métier du sport : l’animateur socio-sportif, in M.Falcoz et al (dir.), Intégration par le sport… op. cit)

4.3-Sport et intégration sociale, un mythe ?

4.3.1-Des capacités intégratives mises en question :

4.3.1.a-Reconnaître la richesse des sociabilités des sports de rue :

« C’est bien la culture sportive légitime qui est ici interpellée pour constituer le ciment de l’intégration. Et cela par la diffusion d’un discours lénifiant sur le sport qui repose sur des poncifs dont l’évidence apparente ne suscitent pas la discussion »

(P.Arnaud, Sport et intégration, ibid)

-P.Chantelat et call critiquent le fait que dans la conception classique de l’intégration sociale par le sport, « Il convient de les faire passer (les jeunes en difficulté) au « stade supérieur » de la

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socialisation, c’est à dire les insérer dans des associations ou clubs sportifs dépositaires d’une forme de sociabilité et de citoyenneté supérieure ».

4.3.1.b-L’apprentissage de la citoyenneté par le club sportif, un modèle critiqué :

« Pour résumer, en forçant le trait, on pourrait dire, à partir de la définition de la citoyenneté adoptée, que l’association sportive présenterait une sorte de pseudo-citoyenneté quand les pratiques sportives auto-organisées exerceraient, quand à elles, déjà une forme de citoyenneté »

(P.Chantelat et call, ibid)

4.3.1.c-Le sport, une école de maîtrise de soi ou de violence ?

Agressivité B’

A

B A’

Avant Après

(A = pratique du dessin, B = pratique de la lutte)

« La pratique sportive n’a pas, en soi, de propriété cathartique, mais au contraire son influence naturelle est la déshinibition des réponses agressives »

(R.Pfister, le sport et la catharsis de l’agressivité, in Psychopédagogie des APS,

P.Arnaud et R.Broyer, Toulouse, Privat, 1986)

-Nombre moyen de comportements transgressifs en match (hand-ball) sur 10’ de jeu en fonction de l’âge.

-11-13 ans : -16-19 ans :

8,78 20,46

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-Proportions des violences affectives et rationnelles.

Aff. Rationnelles Aff. Rationnelles

2,78 6 4.46 16

(Chiffres issues de O.Rascle, G.Coulomb, C.Sabatier, Le sport scolaire est-il en danger ? in rev EPS n°271, Mai-juin 1998)

4.3.1.d-Autres critiques :

« le sport, pas plus que le religieux ou le politique, ne peut prétendre véhiculer des valeurs dont notre société est aujourd’hui orpheline. (…) le système sportif, malgré ses héros, est trop englué dans ses aspirations économiques et ses conflits internes pour offrir inconditionnellement une image immaculée où la vertu serait l’unique moteur de la performance »

(Betty Mercier-Lefevre, La cité, la morale et le sport, in sport et cité, ibid)

« Suivant une stratégie de communication désormais banale en politique, consistant à définir le problème en fonction du type d’intervention que l’on souhaite légitimer, le ministère a multiplié entre 1991 et 1993 les appels d’offres et les colloques sur le thème du sport et de l’insertion »

« L’explication des problèmes rencontrés par les jeunes des quartiers déshérités en terme d’anomie et de démotivation permet de créditer du coup une politique en termes de programmes sportifs censés redonner du « punch » à cette jeunesse en perdition »

(L.Arnaud, La politique de la ville au secours du ministère J&S (1983-1993) ? ibid)

« Le sport est ainsi naturellement appelé à jouer le rôle de modèle idéologique : les Luis Fernandez, Y.Noah et autres M.Tyson démontrent que même les plus humbles, les exclus ont la possibilité d’accéder à la réussite. Il suffit de s’en donner la peine et de respecter les règles. La rencontre du néo-libéralisme et de l’Etat-Providence à la française conduit à réinterpréter la politique sociale : celle-ci ne doit pas s’immiscer dans le monde du marché mais se limiter à en amortir les effets négatifs »

(L.Arnaud, La politique de la ville…, ibid)

« La compétition sportive, résout en imagination (…) ce dilemme central de la condition démocratique, la tension entre l’égalité de principe des hommes et leur inégalité de fait ».

(A.Ehrenberg, Le culte de la performance, Paris, Calman-

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Levy, 1992)

« Le sport a une fonction de légitimation de l’ordre établie, en tant que système positiviste, il n’est jamais contestataire mais toujours intégrateur »

(Quel corps ? n°1, 1975)

« Le sport est un puissant moyen de mise en condition politique, et l’on peut tout parfaitement lui appliquer la dénomination d’opium du peuple »

(P.Laguillaumie, Pour une critique fondamentale du sport, in Sport, culture et répression, Partisans, 1968)

5-Conclusion ; le sport de rue, culture jeune ou sous culture de classe ?

« les formes de pratiques développées par les jeunes sportifs des DSU relèvent plus d’une « culture jeune » que d’une sous-culture de classe ou d’une culture « banlieue » »

(P.Chantelat et call, ibid)

« Le monde adulte inspire alors (à l’adolescence) le rejet, et le club sportif apparaît comme une institution sociale remise en cause au même titre que les institutions plus centrales que sont la famille, l’école et, plus tard, le monde du travail »

(J.C.Basson, Sports de rue et politiques sportives territoriales, in Sport et cité, ibid)

-Pour en savoir plus :

-M.Falcoz, M.Koebel (dir.), Intégration par le sport: représentations et réalités, l’Harmattan, 2005.

-P.Chantelat, M.Fondimbi, J.Camy, Sports de la cité, anthropologie de la jeunesse sportive, Paris, l’Harmattan, 1996.

-P.Duret & M.Augustini, Sports de rue et insertion sociale, Paris, INSEP, 1993.

-C.Louveau & A.M.Waser (dir), Sport et cité, pratiques urbaines, spectacles sportifs, Rouen, Ed Université de Rouen, 1999.

-C.Vivier & J.F.Loudcher (dir), Le sport dans la ville, Paris, l’Harmattan, 1998.

-M.Clément, Sport et intégration, in J.M.Legras & M.Clément, Sport et société, tome 2 CNFPT, 1993

-Michel Fize, Le skate-board : nouvelle forme de sociabilité sportive d’adolescents en milieu urbain, in Sport, relations sociales et actions collectives, 1993.

-M.Fize & M.Touche, Le skate : la fureur de faire, Caen, Arcane, 1992.

-A.Blondé, le Basket en liberté, rev EPS n°242, juillet-août 1993.

-P.Arnaud, sport et intégration : un modèle français, spirales n°10, Lyon, 1996.

-D.Charrier, APS et insertion des jeunes : enjeux éducatifs et pratiques institutionnelles, Paris, La documentation française, 1997

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