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Artois, Armand d' Reculer pour mieux sauter

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Academic year: 2022

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Texte intégral

(1)

Artois, Armand

d'

Reculer pour mieux sauter

(2)
(3)

\

(LA JOIE FAIT PEUR,

comédie, parM"'^EMILE

DE

GIRARDiN. 1fr- SO

.

ÎLA

CRISE,coméd'G en3actes,par

OCTAVE

FEtlîLLET 1f'- 80

BIBLIOTHEQUE DRAMATIQUE

Tb^atreluorierne.

4

RECULER

POUR MIEUX SAUTER

PROVERBE-VAUDEVILLE EN 11 ACTE

Par mm. Armand

et

Achille DARTOI^''

/'

Prix

:

GO centimes

DERnitERES XOVVEAVTÈS EX VEKTE

Formatin-iS anglais.

MÉMOIRES D'UNTOUUISTIi,pardeStendhal, 2vol

RACINEET SHARSPEAUE,pardeStendhal,1 vol

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LES NUITSD'ORIENT,parMéky,1vol VIEDE ROSSIM,deStendhal,1vol

LESSOIRÉESDE TAVERNY,parClémentCakaguel,1vol

ÉTUDESHISTORIQUES ET LITTÉRAIRES,parCuvillier-Fleucy, 2voi

SOUV.ET RÉCITSDESCAMPAGNESD'AUTRICHE,parBlazede Bunv,1vol.

CAUSERIES LITTÉRAIRES,parAhmanode I'ontmartin,Ivol LAKOUP.EURSetSOLDATS,par J.Autran,iVol

LESDERNIERS VALOIS, LES GUISE ET HENRI IV, par le marquisde Sainte-Aulaire,1vol

CONSTANTINOPLE, parThéophileGautier, 1 vol LA VIE AVINGTANS, parAlexandre Dumaslils,1vol SCÈiNESDECAMPAGNE,parHenry Morcer,1vol

LA PEAU DU LIONetLACHASSE AUXAMANTS,parCh. DEBERNARD,1vol.

MICHEL LÉVY FRÈRES, LIBRAIRES-ÉDITEURS RV

p. V!VIE N NF.,2 BIS

PARIS — 1854

(1 KN 1

LE GENDRE DE M. POIRIER,

comédie en4actes,parEMILE

(4)

Chesi te» mêt»tea EaUeurg.

MUSEE LITTERAIRE DU SIECLE

CHOIX DES MEILLEURS OUVRAGES MODER^ES.

Ilparaîtdeuxlivraisonsparsemaine, ou unesérietouslesquinzejours.

20 centimes la Livraison,composée de24 pages.

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DVHAS.

LesTroisMousquetaires.. 1vol.

Vingt ans après

Le Vicomte de Bragelonne.

Le Chev. de Maison-Rouge

LeComtedeMonte-Cristo.

La Reine Margot

Ascanio

La

Dame

de Monsoreau.. .

Amaury —

Les Frèrescorses

Les deux Diane

Les Quarante-cinq

Le Maître d'armes

Le Bâtard de Mauléon

Mémoiresd'un Médecin

(JosephBalsamo)

LaGuerre desFemmes.. .

Georges

UneFilledu Régent

Impressionsde Voyage:

Suisse

Midi delaFrance

-

Une annéeàFlorence..

LeCorricolo.

LaVillaPalmieri

LeSpéronare

LeCapitaineAréna

Les Bords duRhin....

QuinzejoursauSinaï.

.

Cécile

Sylvandire

Fernande

Isabel de Bavière

LeChevalierd'Harmental.

Acte

GauleetFrance

LeCollierdelaReine. . .

La Tulipenoire

LaColombe.

Murât....

LÉON

GOZLAN.

LesNuitsdu Père Lachaise

LeMédecin du Pecq

X.B. 8AINTI1VE.

UneMaîtressede LouisXIII

PAUL FÉVAL.

LesAmoursdeParis

Les Mystères de Londres,

1 50

(5)

RECULER

POUR MIEUX SAUTER

PROVERBE-VAUDEVILLE EN UN ACTE

PAR

MJL ARMAND ET ACHILLE D'ARTOIS

ÎÎEPnÉSENTÉ POURLA PUEMIÈRE FOIS, A PAUIS,SURLETHÉÂTRE DUVAUDEVILLE,LE16 AVRIL \8B%.

Si»©

DISTRIBUTION BX LA

TlSiCH:

IlEcfOR DE MÉRAN

MM.

Lvgrange.

GALOT,

valetde

madame

de Brunoy. . . Léonce.

IIOUTENSE DE BRUNOY,

jeuneveuve. . M»'^ Drpirssis.

La

scènesepassedanslechâteau Wlfortcnsc.

Nota.

Tontoalesimlicntionssontprisesdel.isalle

LespcrsonnngpsS;>nt piaci'aentt'ledosscènesdansl'ordre qu'ilsoccupent,c'est àdirequelepremieriiis crit lientlugauche.Lescliangemcntsd;,-positionsont indiqués pur des renvois

S'adrcssi'rpourl.(musiqueex.ictcde cetouviri^e,àM. TAUANNr:.

Vi, nieMontmartre.

Les.^ll^eu^s etIpsÉditeurs se réserventledroitdereprésentation,dereprodiictrion etde traductionàl'étrHngfr.

(6)

RECULER l'OlR MIEUX SAITER, p-7

i

UN SALON RICHEMENT MEUBLÉ.

soENi;

r^.

GALOT,

seul;ilentrepar laporte dedroite,en parlantàla cantonnade.

C'est dit!... c'estdit...ons'y conformera!..,

madame,

soyez sans inquiétude...jenesuispassibclequej'enai l'air...sauf lerespectquejevous([o\s\...{Ildescendlascèneenriant.)

Xh

!

voilàunejournée qui sera cocasse!..

madame

n'estplus veuve,

madame

n'estplus dame...ellevientde

me

ledéclarer.

Air:Onditqueje suissans malice.

..„^ JXâ'ffi de son sexe,elle estlasse!

_ -J^lgféseà-allraits etsagrâce,

][_3.DœvA^V

i||WtérieBr, Aulieudpnie être inonsieur.

Plusdejupons!...c'est^^amarotte, lijj ^AfilôuéÂ^^'porterlaculotte.

W V

i-

*ceque Tu'r?steclicfai^'it

^^^y. Dqtemps quesonrttari/vlTait.

Oh N»iSa(§y^er|e

m^^W^a^rèulotte...jepuis ledire...sau lerespRt>^j}t^j£

mf

dois^.-^rîfinelle va jouerlacomédie, et

comme

jesuïslut^t'tlt'llommedanslechâteau, je serai lepar- terre, les logesetForchestie!...Oli!iln'yaura pasdecabale.

HORiENSE, danslacoulisse.

Galot! Galot!

GALOT.

Via

madame... elle n'apasperdudetemps!

SCÈNE

II.

IIORTENSE DE BRUNOY. GALOT.

{tîvrlenscesten

homme

;éperonsetcravache.) HORTENSE.

Allons donc!faquin!{Elleluidonneuncoup de cravache.)' GALOT.

Ah

Imadame... {Elle lèvede nouveaulacravache.) je veux dire mon.-ieur...vous

me

traitez

comme

unchien...saufleres- pectquejevousdois!

'Caloî, IJoitcnsc.

(7)

SCÈNE

II. 3 iioUïENSE,seposant.

Comment m3

trouves-tu

comme

cola? ne ressemblai-je pas à

mon

frère ?

GALOT.

Vousluiressemblezque«'estfrappant!.,.quoiqueça on voit au'ilvous

manque

une moustacheetdesfavoris.

lIOr.TEXSE.

Lamoustache n'est pas de rigueur... quant auxfavoris, il

fautbienquejem'enpasse!

GALOT.

Ça vous

manque

pourlequart d'heure...Ça vousirait...sauf lerespectquejevousdois.

IlORTENSE.

Tu

voudrais peut-êtrequej'eusse recoursà lacontrefaçon? GALOT.

On

contrefaitsibienàprésent!

HORTENSE.

Cestvrai.

Air:L'auteur deseffets etdes causes.

DansnosbaUet dansnos spectacles, Quedecharmessont imités!

L'art produit vraiment des miracles (Ihezpresque toutesnos beautés.

I>à-de3sus,sans inquiétude.

Ce quej.-»parais,jelevaux! Auïyeux,pourmoi,j'ail'habitude, V>en'offrirjamais riendefaux.

GALOT.

C'estunebienbonnehabitude! .'

HORTENSE.

Mais je suis prête...

mon

prétendu peut arriver quand il youdrii...[Luidonnantunpapier.) Pour plus desûreté voila

tesinslructioasécrites.

GALOT.

Ah

!bah!je les sais 'par cœur... Tenez... primo : « Votre

« onclemonsieurDermoiit est parti hier avec sanièce etne

« doit êtrederetourque demain. » IIOUTLNSE.

Bien.

GALUT.

Seconde:«< Votrefrère,monsieurFrédéric,estseulauchâ-

« teau. »

HORTENSE.

C'estcela

même

!...

mon

frère, c'estmoi!

CALOT.

C'e.^tvous, bienentoiidu... ïioi^^iéino!...IMais,madaine, per- mettez-moidevous ledire, avectout lere^ipeol que je vous dois,votreprétendunevousvadoncpasbeaucoup?

(8)

4

RECULER POUR MIEUX SAUTER.

iiouTENSE,riant.

Ilne

me

vapas dutout!

GALOT.

Ah

!bon!...

comme

ça, c'estjusteI

ITORTENSË.

C'estleprotégéde

mon

oncle, monsieurHectorde Méran,le filsd'un ancien

compagnon

d'armes... Ila"une sœuraînée qui aétéélevée enAllemagneetque monsieur Dermont, dans son derniervoyage,a mariée àuncertainbaron deCotlingen.

GALOT.

{Jlprendunechaiseà gaucheelpourécouter, vients''asseoirsans façon àcôté d'ÏIortense.

Surunregard de mécontentement delabaronne,ilselevéetreportelachaiseoùil Pavaitprise.)

Ah

Ipardon,

madame,

je

me

croyais entre

hommes.

IIORTENSÈ.

C'estellequi amislemariagesurletapis.

GALOT.

Et nousallonssecouer le tapis!... c'est naturel,puisquece monsieurest laid,maltourné...

HOUTENSE.

Jen'airienditdecela1...je ne veuxcalomnier personne...

jenel'aijamaisvu1

GALOT.

Çan'estpassinaturel.

IIORTENSE.

Seulement,je suisveuve...Mariéeàmonsieur de Brnnoy,j'ai-

mais

mon

mariet j'ytenais... *

GALOT.

Quellechance!

IIORTENSE.

Veuve,j'aime

mon

nouvelétat,et j'y tiens.

GALOT.

C'est-à-direque vous vous y cramponnez.

HORTENSE.

Mais,

comme mon

intentionn'est pas de

me

brouilleravoc

mon

excellentoncle,lerefusnedoitpas venir de moi.

GALOT.

Vousvoulez êtrepolitique...sauflerespectquejevousdois? IIORTENSE.

Air:Jelogeauquatrièmeétage.

Ilfaut qu'alors jedissimule Etje veux,devantcelien.

QuecesoitHectorqui recule.

GALOT.

Cela vous avancerabien!

Der'culervousmûm' cVstlemoyen!

Fuirlomariag'...c'estsiipprbeî"

M.iis toutenvoulaitronii>loltiT, l'reuozgarde,conira' dit T[irovirbe, Derecalerpourmi.'Uisaulfr!

(9)

SCENE m.

5.

HORTENSE.*

Eh

!bienon verrasijesaute

.

GALOT.

Jene

demande

qu'avoir, moi1je suis curieux

comme

une

femme

I...saufle respect...

HORTENSE, gaiment.

Est-cequejenesuispasun hom^ne pourle

moment

? GALOT.

Ah

!c'estvraiI

(Onente7idlebruitd^unevoiture.) HORTENSE.

Maisj'entends unevoiture?

G:ALOr, quia couruàla fenélre.

Oui,madame...jeveuxdire monsieur... elleentre dansla courf

HORTENSE,regardant.

Ahl mon

Dieu!... le cocher qui accrocha la borne de la grille!ilva verserI

GALOT.

Non...ila passé pardessus...vot'prétendavient,dejoliment sauter,lui!...

HORTENSE.

BahIunjeune

homme

1

GALOT.

Ça neconnaît pasde bornes!

HORTENSE,boutonnatU saredingottt.

Eh! vite, Galot... cours l'avertir que c'est monsieur Fré- déricd'Ermontquivale recevoir.

GALOT.

Ça

va-t-ilm'ajnuser...çava-l-ilm'amuser1...{Hsort,en cou- rant.)

SCÈNE m.

HORTENSE,

seule.

Cet imbécile quidit quejereculedevantle mariage! cer- tainement,jerecule... etj'espère reculerde manièrea ce qu'il ne puisse

me

saisirI...Ussont étonnants, ces

hommes

l...ilsne vous donnentpasun instantde répit,11 yaà peine dixhuit mois quejaiperdu

mon

mariI... un mari quej'aipleuré... le pluslongtemps possible,et c'està quivoudra m'en donner un second...

GALOT, dansla coulisse.

Parici!parici!prenez biengarde!...

HORTENSE.

Ah!

mon

Dieu,seraitilblessé?

'Hortenac,GaluU

(10)

6 RECULER POUR MIEUX SAUTER.

SCÈNE

IV.

HOllTENSE, GALOT,

uxe Dame,sansconnaissajice-, DOMESTIQUES, portantladame dans unfauteuil.

ENSEMBLE.

EspéroDSqaec'estde pear Qu'elle esttombéeen défaillance;

Etqa'elleva sansdouleur Reprendraconnaissance.

GALOT,lesconduisant.

Là...là...doucemnnt

!

HOUTENSE, quia étévivementaufauteuil.

Que

vois-je!...une

femme

!

GALOT.

C'estlasœur de monsieurHector.

HORTENSE.

La baronne deCottingen! mais elleestévanouieI... .\'hIce flaconI

GALOT, Hortense.

Attendez... ça iraplusvite1(//frappedansles mainsdela dame.)

LA DAME, revenantàelle.

Ah

!...{Ellecontinue Cairavec

un

peud:'accentallemand.) CheretrouTClesentiment!

Chemesuis,en cette équipée, Crumorte...etroiàbenreusement

Quechemesoistrompée!

ENSEMBLE.

HORTENSE, GALOT, DOMESTIQUES.

C'était seulement de peur QueTenait sa défaillance; Etlavoilàsans douleur, Quireprend connaisance.

LA DAME.

C'étaitseulementde peur|

QuevenaitmadéTaillance

;

Etvoilàquesans douleur!

Chereprends connaissance.

ÇGalotàla findecetensemble,sortaveclesdomestiques.)

SCÈNE

V.

HORTENSE, LA DAME.*

LADAME.

Lecocherêtreunemaladroite.

*Hcclor,Hortense.

(11)

SCÈNE

V. l HORTENSE,enhomme.

Jbsuis d'autant plus désolédecetaccident,

madame,

q,ue je suis seul aujourd'hui au château...

Mon

oncleet

ma

sœur ne doivent être deretour que demain.

LADAME.

Ah.!cheune

homme,

vousûtrelefrèrede

madame

Ilortcnsc deBrunoy?

HOUTENSE.

Comme

vousôteslasœur do monsieurHector deMéran!

LADAME.

Ya!ya!

comme

chesuislasœurd'Hector... Chéfoulais ar- riverlapremière,etdans

mon

empressement...

IIORïENSE.

Je frémisrienqued'y penser... Maisno serait-il pasàpro- posde prendre quelquechose?

LA DAME, minaudant.* Quelque chose?

HORTENSE.

Un

verre d'eau sucréeavec delafleurd'orange? LADAME,aoecunegrâcecomique.

De

l'eausucréeI...delafleurd'orange!...pourmoi,<;adoit êtrefade... çaneferaitquem'agacer... chailesnerfs sidéli- catsI...Sivousaviezunpetitverrede rhum,c'esttoutsim- plementcequ'il

me

falloir?

HOUTENSE,étonnée.

Du rhum

pourlesnerfs? LADAME.

Ya... ya... cheunemener... les

dames

allemandes neprendre jamaisquecelapourcettechoseI

nORTENSE.

C'estunsingulierusageI...Mais,puisqu'ilenest ainsi,nous enavons que

mon

oncletrouveexcellent.

LADAME.

Chele trouveraide

même

devotremain.

HORTENSE.

Ah

I

madame

labaronneI...

LA dame:.

Surtoutsivous vouloirbienchoquer avec moi?

HORTENSE.

Cethonneur! (A.part.)Est-cequ'elle va

me

faire boiredu

rhum

?(Haut,allantàlachambreindiquée.)Jenevous

demande

qu'unmoment.

LA DAME,àpart,toujoursdanslefauteuil.

Hest gentil,cepetitcavalier I

*llortensc, Hector.

(12)

8

RECULER POUR MIEUX SAUTER.

iioraENSE, àpart,delaporte.

Cesallemandes ont des physionomies surprenantes! {Elk disparait.)

SCÈNE

VI.

(Aussitôt qtCHorlcnse est sortie,la

dame

se l'ece vivement.

CcstHector deMéran.)

HECTOR,

seid.

11n'y aqueleircre ici!...j'aimemieuxçaî

Ah

I

madame ma

sœur!Vous vous liguezavec M. d'Ermont pourm'enchaînerl

A

peinecommencée,terminerunevie de garçon,si douce,si pleinede mouvement, devariété!... vous voulez

me

forcer à n'aimerqu'une femme, moiquiai lecœursiaimant!... moiqui viens d'avoir

mes

entréesdans lescoulissesde l'Opéra,cette fourmilièrede tout ce quiravit lesyeux,lapenséeetlabourse!

etvous

me

menacezd'unebrouille éternellesijerefuse!... Je ne refuserai pas...on

me

refusera...vousn'aurez plusrien àdire.

Mais voici le frère!et vite, aurepos! (Ilseremet dans sont fauteuiletrestesans bouQer.)

SCÈNE

VII.

HECTOR,

danssonfauteuil,

HORTENSE,

toujours enhomme.

iiORTE.NSE,elle entredoucement,elleporteunflacon

et,deuxpetits verres.

Comme

elle esttranquille! elle s'estpeut-êtae endormie...

aprèslasecoussequ'ellea reçue,c'est possible... (Elle c/togue laflacon avec

h

verre.)

HECTOR,tournantlatêtecomiquement.

Ah

!c'estvous, jeune

homme

!chereconnais votre voix!

Hor.TENSE,àpart.

Elle appelleça,

ma

voix!... (Haut.) Oui,

madame,

c'est moi,, aveclecalmantque vous m'avez demandé.

HECTOR.

Vousêtesbeaucouppiengentil!

HORTENSE.

J'y faistous

mes

efforts...surtoutauprèsdevous.

HECTOR.

Va!...chem'enaberçois.'(.4part.) Il estprécoce, ce petit jeune

homme

!...Si jem'amusais1...

HORTE.NSE,àpart.

J'aienviede lui faire la cour, moi, àceltebaronne!(Lui donnantunverre.)Si

madame

veutquejeluiverse?

HECTOR.

Ya, soyez

mon

échanson, monsieur?...

(13)

SCÈNE

VII.

9

IIOUTENSE.

Frédéric.

HECTOR.

Beau

nom!

(Prenant leflacon.)

Que

clicvousverse à

mon

tour.(Il verse.)

uor.TENSE,levantsonverre.

Assez!

HECTOR, versanttoujours.

Allonsdonc! un homme!... unFrédéric!.,.

HORTENSE.

C'estvrai!un homme!...A.notre nouvelle connaissance!,..

HECTOR,avecintention..

S !(:.• sympathieI

ENSEMBLE.

AirdoNargeot.

C'estloverreenmain Qu'en France;

C'estleverreenmain Quedel'amitié, lechcmiD

Seprend sansdéOancc'.

L'amitiécommence Leverroen main.

HECTOR.

Pourchasserladouleur, Jamaisde simagrée!

Cen'estpaa l'eau sucrée Qui ranimelecœur.

Lerhumestunsecours, Quisenlconvient toujours; 11donnesans entraves Del'énergieauxbraves, Etlajoieauxamours.

ENSEMBLE.

C'estleverreen main, de.

HORTENSE, quia avaléle

rhum

avecdifficulté.

Ah

! que c'est fort!{Haut.)

Comment

se trouve

madame

la

baronne?

HECTOR,se levant.

Un

peu mieux... {tendant son verre.)Encore!..,pouraller beaucoupmieux1

HORTE.NSE, vcrsant.

Puisquera réuisit.

HECTOR,ininaudanl.

Etvous?

V

(14)

10

RECULER POUR MIEUX SAUTER.

nORTENSE Moi!

iiECTon,demême.

Sansvous, ça

me

feraitmal.

IIORTENSE.

Alors...{Elle tendsonverre.

— A

part.)Çan'estpassiaise defairel'homme1

HECTOR.

11estbiengentilI

HORT'EKSE,levantsonverr^;.

DEUXIÈMECOUPLET.

Avosycui Pleins de feu!

HECTOR.

Avotreairdoux,affable!

Avotre tonaimable!

HORTENSE.

Avotreaccent Décent!

HECTOR.

Auplaisirqui toujours Poit embellir vos joursI C'estluifixersaplace!

HORTENSE.

Etboireà tantdegrâce!

Ah!c'estboireauxamours!

ENSEMBLE.

C'e^tleverre enmain,ele.

HORTENSE.

{Tandis qu'Hectorboit, elleaperçoitunvase rempli dejleurs.)

Ah

!je vais griser ces fleurs! {Elle verse furtivement son rhuyn surle vase.)Maintenant, encore...

HECTOR.

*

C'êtreinutile... je suis onne peut plusmieux.

HORTENSE.

C'estqueje suisun

homme,

moiI

HECTOR.

Ya... maisjesuis une

femme

moi!parlonsàcœurouvert.

HORTENSE.

Volontiers.

*Hortcnse, lleclor.

(15)

SCENE VIL

lil

HECTOR.

Surlemotif quim'amèneici.

ilORTENSîî,vivement.

L'union projetée7

iiECTon,avecdouceur.

Maispourcela,

mon

cheuneami, ilfautque voussoyezdans

mes

intérêls.

HORTENSE,avccgalanterie.

Tout

mon

désir estde m'ymettre,{à part.) Jevaisl'embar- rasser.

IIECTOn,.

Eh

bien!donc, votre sœur?...

HORTENSE,vivement.

Vous

voulez savoirsi elle a l'airdoux,spirituel,aimant?...

regardez-moi... nous nous ressemblons... qui voit l'un voit l'autro... (PrenantunIonamoureux.) Mais quejepréférerais qu'elleeût votre physionomie.!... lagrûce de voire maintien, lesonde votre voixI... il

me

semblequeje l'aimerai.»d'avan-- lagel

HECTOR,un peu étonné.

Ahl

HORTENSE, àpart.

Voilàqueje l'embarrasse. (Haut,luiprenantlamain.) Oui, charmante baronne...

HECTOR,se laissant faire.

Vous

croyezdonc que vous pourrezm'aimer?

HORTENSE.

Si jelecrois'(Apart.) Ellene

me

repousse past

HECTOR.

Air:Iln'estpastemps de nousquillar.

Vosparolesonttantd'appas!

Quandvous parlez jesuisravief

HORTENSE,àpart.

Maisjene l'embarrasse pas!

HECTOR.

Continuez,jevousen prie!

HORTENSE,àpart.

Craignonsde.par tropmelancrr!,..

Enmontrant dufeu,de l'audace; Je prétendais l'embarrasser, Etc'est clicqui m'cmbarrassci

HECTOR.

Voyons,

mon

chcntH

homme,

dela fraai'hi.3C.

HORTENSE.

De la franchise!... mais j'ai déjà dit quelque chuse de

(16)

IJ

RECL'LER POUR MIEUX SAUTER.

ma

sœur... Il

me

semblequec'estvoire touràparlerdevotre frère ?

HECTOR.

Je vaisparler,{Apart.) eisans

me

flatter...(Haut) Écoutez donc.

nORTESSE.

J'écoute

comme

sij'étais

ma

sœur.

HECTOK.

Mon

frèren'a pas

comme

moiétéélevéenAllemagne; mais

ilyafaitunlongséjour, et ilaeu lebonespritd'enprendre toutes les manières... C'estun

homme

charmant! aimant la table, lachasse,la cigarre.

HORTENSE.

Le cigarre!

HECTOR.

YalacigarreIlepipeaussi... lesFrançais ne sontquedes en- fantspourfumer...quand un Allemandentredansunsalon,il n'a pas besoin deparler,onlesentdel'anticliambre.

HORTENSE.

Ah

!... etvotre frère?

HECTOR.

Estbourré de tabac des pieds à latête.

HORTENSE.

Maisceci estduplusgrandintérêt!

HECTOR.

C'est un garçonparfait!... etd'unflegrneI

dune

tranquil- lité!...

HORTENSE.

C'estrassurant.

HECTOR.

N'est-ce pas?... votre sœur l'aimera?

HORTENSE.

Oh!

à folie!

ma

sœur, si riante! si badine!... si pari- sienne!...elles'amuserabeaucoup dusang-froid, des cigarres, etdelapipedesonprétendu!

HECTOR.

Vous

croyez?

HORTENSE.

J'ensuis sûr!et c'estcequ'ellepourrafairedemieux!...avec çaqu'elle estd'unespritnaturellement moqueuret caustique.

HECTOR.

Ah

! elleestcaustique? HORTENSE.

A

emporterlapièce!...

HECTOR.

Mais,

mon

tendreami, c'étrc le feu et l'eauqueccideux ôlrei!

(17)

SCÈNE

Vil.

la

IIOUTENSE.

C'est vrai.

HECTOR.

C'estun meurtre quecemariage.

UOKTENSE.

ÏÏfautPempèchcr d'être

consommé!

HECTOR.

Empêchons!

empêchons! quevotre soeurrefuse'?...

HORTENSE.

Ma

sœurn'oserapas!...mais quevotrefrèrese retire?

HECTOR.

Lepourrait-ilsans plesser toutesles gonvenances?sansof- fenser...àmoinsquevotresœurnel'yforçât ?

HORTENSE.

Ma

sœur!oh!...uneidée!...

HECTOR.

Elledoitêtreponne!

HORTENSE. *

Vous

allez voir... monsieurHectorde Méranaxriveaujour- d'hui?

HECTOR.

Toul-à-l'hcure peut-être.

HORTENSE.

Rcgardcz-moi... pas debarbe...pas d'unetailletropmascu- line...

HECTOR.

Ché vousentends.

HORTENSE,fredonnant.

Unerobe légère D'uneentièreblancheur!

HECTOR,demême.

Unchapeaude bergère...

HORTENSE.

Oui,unchapeau

comme

on les porte maintenant;par der- rière...Je suis Hortense de Berny, jereçoisvotre frère... je lerebute... jelerévolte!

HECTOR.

Et ilprendsonparti...

HORTENSE.

Etlechemindefer!

TOUSDEUX.

C'estcela!

HORTENSE.

Airdu Retour àlaFerme.

Ah!quelplaisir!ah!c'estcharmant!

Etmatoilette Sera bientôtfaite!

D'une femme rajustement M'ira parfaitement!

(18)

U RECULER POUR MIEUX SAUTER,

HECTOR.

Ab!quelplaisirIah!c'estcharmant!

Etsatoilette Sera bientôtfaite!

Asataillelechangement Iraparfaitement.

HEGTOU.

ï?our allerplusvite,voulez-vousquejevousaide? HOKTENSE.

{Suitedumorceau,.) Ypensez-vous,madame? l'nhomme!...soyez sanseffroi!

Onfaijviteunefemme D'unhommetelque moiI

ENSEMBLE.

Ah!quelplaisir!etc.

(Hortcnsesort.)

SCÈNE VIU.

lllîCTOR,seul, endame.

Allons çaniaiclieIvoila le frèrequiconspire pouretcontre moi... et je n'épouserai paslaveuve! {Prenantunpetitverre.) J'ai besoinde

me

remettre.Cepetit

homme

a tout-à-failbon air;ilest original surtout;il s'imaginequ'ilva faire le rôle de sœurde manièreà ceq^ie moi, Hector de Mcran,je m'y méprenne!Il ne doutede rien... il,acomptésur samine un peu efféminée1heureusementqu'avec

mon

œil exercé, je ne suispas plus capable deprendreun

homme

pour une femme, qu'une

femme

pour un

homme

! Mais ici je

me

prêterai à la circonstance... etunefois quej'aurai étémystifiéparlefrère, on nepourra pas m'en vouloir de ne pas épouser la sœurI

«Le costumefémininm'inspire... c'estamusantd'être

femme

! » Air:Voi7olamanière.

C'estquelavie Roulesur sesfleurs!

Etjeporte envie Atantde douceurs!

Lesexe,à ses goûts, Nousrange tous:

Viventses tramesî

Lesortestpour nous Moinsdoux.

Etfranchement,mesdames, (,'oiisultousnosûmes:

(19)

SCÈiNE

IX. 15 Ab!nousdevrions

Etre huit joursfemmes,

£thuitjoursgarçons!

Ça

varieraitnosplaisirs!..(Onentendrire.)Noire jeune liQnime serait-ildéjàmétamorphosé!...Voyons...

{llrajankà

lacan- tonade.)

Ah

!c'estledomestiquequim'areçu.

scÈztarEix.

HECTOR,

toujoursenfemme,

GALOT.

GALOT, entrant enriant.

Ah

!ahl voilàautrechose!...

HECTOR.

Qu'avez-vousdonc pourêtresigai,

mon

ami?.••

GALOï, $'arrêtant derire.

Ah

!

madame,

pardonI...jenepuispasm'empêcher deri-re...

!...I...I...c'estqueje suisdu complot!...

IIEGTOU.

Ah! vousêtes?...

GALOT.

Oui...ce pauvreprétendu!... va-t-il être balottéî... il va prendreun garçon pour unedemoiselle! c'est que monsieur Frédéricferaunedemoiselleà s'yméprendre!...

HECTOR.

Tu

crois?...

GALOT.

J'ensuissûr!leprétendus'yprendra!avec ça qu'd,parait qu'iln'estpasfort...

HECTOR.

Hein?

GALOT.

Jevoudraisêtre

quand

ilrecevrason congé...afinderireI

HECTOR.

Mon

ami,vousêtesunsotl GALOT.

Jesuisincapablede vousdémentir,madame... ma4Sje vais rirel

HECTOR.

Chéparieque non!

GALOT.

Je pariequesi!... v'iàqueça vient...v'Iaque ça vient. {Il rit très-fort.)

HECTOR. * Impertinent!...(//laidonneunsoufflet.)

GALOT.

Ah

!

madame,

vousavez une main qui n'cit pas de votre scxc!

*Hector, Galot.

(20)

te RECULER POiR MIEUX SAUTER.

HECTOR.

AirduPremier Prix.

Allons, continuezderire.

GALOP,setenantlajoue.

Jen'cBaiplussujet...merci!

HECTOR.

Chc savaUbien, je puisledire, Queje gagneraislepari.

Machance,là,nepeutse clore, Etsil'onveutmedéfier, Chécroisquejegagnerencore...

GALOT,vivement.

Oui,maisjoa'veuxplus parier,

HECTOR.

Sortez, faquin1 (Apercevant Hortense,il feintdese trouver mal.)

Ah

I...

scÈsns X.

Les Mêmes,

HORTENSE,

enfemme;miseélégante.

HORTENSE,qui a entendulesderniersmotsd'Hector.

Qu'entends-je?... est-ceque ee valet aurait oublié, char- mante baronne?...

HECTOR.

IIs'estpermisderire...etchailesnerfssidélicats!

GALOT.

Quelledélicatesse!... v'ian!

HORTENSE.

Galot,allezvousmettreensentinelle surla terrasse, etdès que vousapercevrezla voiturede monsieur de Méran, accou- reznousavertir.

GALOT,

Oui,madame...(Se reprenant.) Jeveuxdire monsieur... je-

veuxdire mademoiselle... (Apart en sortant.) Je m'enberliti.- cottedanslesdeuxsexes!(//sort.)

Ah

! quellepoigneI...

SCÈNE

XI.

HORTENSE,

endame,

HECTOR,

en baronne.' HORTENSE,prenantletonetlesmanières d'une maitresse

de château.

Eh

!quoi!

madame

la baronne, vousavezeu la bonté de vousrendreà

mon

châteauI...ahfjesuistrès-sensible àcette politesse!{Elle fait la révérence.) Madame!...

HECTOR.

C'estcela!...c'estcela!... un peud'affectation...

HORTENSE.

Oh

!laprévention!

*Jloricnse, Hector,

(21)

SCENE

Xï. 17 ïiECTOu,larcgarJan' avecunétonnement mêlé deplainir.

C'est vrai,monsieurFrédéric... j'avaistort... c'est dunatu- nol... de la grâce...(.4part.) Le faitest qu'il fait illusion...

(Haut.)Votre main,belleveuve?

noRTENSE,luidonnantlamain.

Que

jepresse lavôtre,aimablebaronne.

HECTOR, àpart.

C'estsingulier!...quellepeau douce!

IIORTENSE.

Franchement

comment me

trouvez-vous?

HECTOR,robservant des piedsàlatète.

Jevoustrouve... jevoustrouve...(^1part.)

Eh

bienI qu'est- cequej'aidonc?...

Air:Pianodo Dcrthe.

Vousmesurprenez!j'aibeauriflécbir.

Auxyeus mieux quevous,on nepeut mcniir.

Admirantl'effetde ce stratagème, Jecherche vraiment à savoirmoi-môme

Aquoim'entenir! bis,

HORTENSE.

^êmeair.

Lanatureet Tart...Pourne pasfaillir, Autant quej'aipu,j'aifaittout servir.

l".tdomoncôté je vois toutechance;

Car, malgrétout,moi,jesaurai, jepense,

Aquoim'eatenir. bis.

HECTOR.

Vous m'enchantez!etdans

mon

ravissement,il faut queje vous embrasse.

HORTENSE BicGvolontiefs.{Ilss'embrassent.) HECTOR, àpart.

C'est une femme,iln'y a plus àen douter.

HORTENSE, àpart.

Comme

ellem'a embrasséeavecplaisir!

HECTOR.

Jeunehomme... j'aurais aimé beaucoup un mari

comme

vous...

HORTENSE.

Vousauriezétépeut-êtrebien attrapée

.

HECTOR, àpart.

C'est

madame

do Brunoy... le petit frère estune fortjolio sœur!...nousavonseula

môme

idée!

HORTENSE.

MonsieurHectors'ytrompera-t-ii?...

(22)

Ijj

RECULER POUR MIEUX SAUTER.

IIECTOn.

Cherépondsqu'ilnevousprendra paspourun

homme!

IlORTENSE.

Merci,baronne!...alors jevaislemenerloin!

IIFXTOR.

Pas aussiloin qu'ilvoudraaller!

HORTENSE.

Ets'ilpersisteàrester!...

HECTOR, àpart.

Décidémentelleveut

me

mettre àlaporte!..jeluidéplaisais d'avance!...C'esthumiliant! voyons,voyonsdonccelal(//aiit.)

Maiscette assurance, pourrez-v'ous lagarder enfacede

mon

frère?...

HORTENSE.

Vous endoutez?

HECTOR.

C'estque

mon

frère ades

moments

ilse souvientdeson origine française!...etalorsilest françaispursang.

HORTENSE.

Ah

!ila de cesmoments-là?

HECTOR.

Du

reste, voulez-vous essayer!... fesons unerépétition...

celavousrendra plus sûrdevotrerôle.

HORTENSE.

Jeleveuxbien!Supposons que vousêtesM.Hector.

HECTOR.

C'estfacile;ilyade

mon

frèredans moi!

HORTENSE.

Vous

arrivezavec empressement.

HECTOR.

Oui, charrive!

Mais sous cecostume{montrant sarobe), celavousdonnerait trop d'avantage.

HORTENSE.

Vous me

défiez?., queje voudrais doncavoir un costume

d'homme

àvotre taille 1...

HECTOR.

Qu'àcela netienne!..

mon

frèredevantpassericiquelques joursm'aconfié savalise:iln'estguèreplusgrand quemoi.

HORTENSE,vivemcnt.

Jevous prends aumot!...mettez-voussouslesarmes...(lui montrant une porte)Entrez danscette pièce quidonnesur le jardin, etdanslaquelleonafaitporter tout ce quivousappai>- tient.(Riant.) Vousfaut-ilune

femme

de

chambre?

HECTOR.

Je n'osevousproposer...

HORTENSE.

J'aiquelques ordresàdonner...Adieu,

madame!

*Hortense, Hector.

(23)

SCÈNE XIIL

19 IIECTOU.

Aarevoir,monsieur!

IIOUTENSR.

Sonnez,sivous avez besoindemoi.

HECTOR.

J'enaurai bien certainement besoin, (à part) Elle estchar- manteI{Ilentreàdroite.)

SCÈNE

XII.

HOP.TENSE,seuleenfemme.

EBeest touteparticulière, cette allemande!je n'aiencore rienvuquiluiressemble!..Enlavoyanttout d'abordjen'é- taispasprévenue ensafaveur... Mais ons'habitue à cegenre defemme... Elle gagneàêtreconnue... je m'yferai.., Il.ne.

fautpass'enrapporter à son premiercoupd'oeil.

AirdeMontaubry.

Aupremiercoupd'oeil, Toujoursnotre orgueil, Dejuger des. autress'efforce'.

Pourtant,on nevoitquel'écorc

Aupremiercoupd'œilt

DEUXIÈMECOUPLET.

Aupremiercoupd'œil.

Leurfaisantaccueil.

Quede femmes oncroitcharmantes;

Quel'onprendpourdes innocentes...

Aupremiercoupd'oeil.

inOlSIÈME COUPLET.

Aupremiercoupd'œil, Malgrétoutl'orgueil

,

Denosdanseurslesplusingambes, Nevousflezpas à leursjambes,

Aupremiercoupd'œil.

{Onsonne.)

Ellesonne!... Est-cequ'elle ne trouve pas cequ'il faut'?., vousverrezquejevais être obligée do luimontrer

comment

ons'habilleen

homme

!...{Elle se dirige vers la chambre.)

SCÈNE

XIII.

HORTENSE, GALOT.

GALOT, arrivant encatimini.

Madame!... Madame!...

HORTENSE.

Eh

bien! Est-cequetuas aperçula voiturede M.de Méran?

GALOT.

Non, madam^e, rien sur laroule... Mais de laterrasse où

(24)

20

RECULER POUR MIEUX SAUTER.

j'étaisenfaction pourvoir si je voyaisvenir monsieurvotre- oncle,je

me

suis retourné machinalement vers lapetiteporte dupotager qui donnesurleverger, prèsde l'espalieroùsont lespêchers...

En

regardantlepigeonnier a côtédu grenier...

ic

me

SUIS écriétoutpctrilié:

Ah

1saprediéI

HOUTE-NSS.

Eh

bien?

CALOT.

C'étaitr^VJIcmande,labaronne... la

dame

q<ii empêche de rire.

HOrtTENSE.

Après?

GALOP.

Madame,

vous ne

me

croirezpas...

IIORTENSE.

Sois bref!

GALOP.

Jesuissûrque vous ne

me

croirez pas, car

moi-même

jo croisquejene

me

croispas.

noRTENSE,impatienléc.

Va

donc1

GALOP.

Elles'habillaiten

homme

sauflerespectqueje vousdois...

ellemettaitsa cravatte.

IIORTENSE, avecforce.

Puisquec'estconvenu,imbécile!

GALOT.

C'estconvenu,imbécile? IIORTENSE.

Oui,c'estconvenu!...Pour

un

instantellevaêtreun

homme,

afinde

me

donnerunéchantillonde sonfrère.

GALOT.

Ah! vousvoulez avoirunéchantillond'homme. (Apart.)Elle m'ena déjàdonné un fameuxd'échantillon

d'homme

!

(Onsonne.) IIORTENSE.

Encore!ellea besoin de quelquechose.

GALOT.

Oui,

madame,

je crois qu'elle abesoinde quelque chose...

sans celaellenesonnerait pas.{Onsonne.) HOR-TENSE.

Ilfautvoir.

GALOT.

Elle (raite lasonnette

comme ma

joue!... Je vais voir,

ma-

dame.(//fait

un

pas verslachambre.)

IIORTENSE, Varrêlant.

Oh

!non, non.Ilestplusconvenable quecesoitmoi-même.

{Elleva pourentrer clanslachambre, Hectorparaît.)

(25)

SCENE XIV.

il

HORTENSE.

enfemme,

HECTOR,

enhomme,

GALOT/

iiECTOn,entre enpassant sonhabit.

Ati! monsieur Frédéric... vous m'avez laissé habillertoute seule1

IIOUTENSE.

Pardon, chère baronne...j'allaisentrer!

iiECTon, àpart.

Diable1j'aimalfaitdesortir...

GALOT,

Mon

Dieu!oui...j'accouraispourvousaider;moismonsieur...

a trouve plusconvenabled'yallerelle-même.

IIECTOU.

C'estquochétaisembarrassée pourarranger ces vôtemeritsI

GALOT, àpart.

Ellea pourtant bienmistoutça à sa placeI

iiEGTOU, àIlortensc.

Est-cequecet

homme

varester? IlOUTENSE.

Ne

faitespasattention.

IIECTOU.

Chaime mieuxêtreseuleavecvous.

IIOr.TENSE.

<ialof,sortez!

GAI.OT.

Je voudrais pourtant bien voirlacomédie!

iiECTon,à Gaiot."

Sortez,

bonhomme.

GALOT, àpart.

Oui,

bonhomme

I tu l'as jolimenttraité en

bonhomme!

(Il metsamain sur sa joue. Basà Horlensc.)Si j'étaisde vous,

madame,

je

nome

fieraispas à cetteft;mmc-là...***[Ilsort vite surungested'impatience d'Horlenseetrépète.) Si j'étaisdevous,

madame,

jene

me

fieraispas àcettefemme-là.

SCÈNE XV.

HORTENSE,

enfemme,

HECTOR,

en hi>mme.

IIECTOU.

EnfinnousvoilàenprésenceI

*Galop, Horlensc, llertor.

" llorteiise,Galop,Ilettor.

*" Hector, Uortciian,

(26)

22

RECULER POUR MIEUX SAUTER.

nOUTENSE.

Jevousattends ialrépidement, monsieur.

HECTOn.

Et moi,je vaisvousattaquer carrément,

madame

!

nORTENSE.

Vousbattrezenretraite.

llECtOU.

Peut-être...etd'abordchévousavertisque

mon

frèrevase iprésenter dans un de ces

moments

exceptionnels dont jo

vousaiparlé.(//va àlaportedufondetsimule sonentrée.) iiOKTENSE, souriant.

jNïercidel'avertissemenL

iiEGTon, delaporte.

Je vaisvousattaquercarrément, IIORTENSE, o elle-même.

Nous

allonsvoir.

HECTOR,àlacantonnade.

Non,non,c'est inutile, jem'annoncerai

moi-même

!(S'avan- çantetsaluant.)

Madame,

iln'estpas besoin de

me

direqueje suisdevantlachâtelainede cecastel... la noblesseetlagrâce quibrillentdanstoute votre personne,vousonl

nommée.

IIORTENSE,àpart.

Elle est mieux en

homme

qu'en

femme!

(Haut.) C'est monsieurHectorde Méran,jecrois,quej'aiThonneurde rece- voir?

HECTOR.

Lui-même... et je

me

félicite... que la première personno qui frappemes regards, soitprécisémentcelle que

mon

cœur désiraitleplus rencontrer!

HORTENSE.

Danscecas, il estrarequela personnequ'on rencontre ré- ponde pleinementà l'idéequ'ons'en étaitfaite.

HKCTOR.

Jevousjure quelapersonne répondparfaitementàtout ce que

mon

imagination attendait dejoli!

IIORTENSE, étonnée.

Alî! (.4pari.)C'est singulier...ellea presque la voix d'un homme... elle a

même

perdu ce petit accent allemand... C€

cM...elle dit :jevousjure,

comme

unfrançais.

HECTOR,aoecfea.

C'estqu'ilfautavouer quejejoue de bonheur!...carenfir je

me

trouvaispresqueengagépar des parents, des amis, dr un mariage,sans connaîlrc

ma

fiancée,autrement quepar récits,desondit!...

llOr.IE.NSE.

Etqu'est-cedoncquel'onendisait ?

(27)

SCÈNE XV.

23 iiECTOu,avecgrâceetsentiment.

Air:Resta,restez,troupeJolie.

Ondisaitquejamaiapersonne

,

Plus qu'elle n'aura ce quiplaît; D'aimer, disait-on, l'heuresonne, Quanddevantsesyeuïonparaît, Ettoutchezelleestunattrait...

D'après ce qu'ondisaitsans cesse, Je croyaisleportraitflatté...

[Mouvementd'Bortense.) Mais en vous voyant,je confesse, Quel'ondisaitlavérité!

Hor.TENSE,àpart.

Ellene tourne pas mal le madrigal pour une allemande...

(Haut.) Ainsi monsieur, cemariage?..,

HECTOR,résolument.

A

quandlanoce,

madame

?

HOUTENSE,souriant.

La noce!

»

Aird'ADAM.

<je jour-là,pourvotreflamme,.

N'est pas encorevenu!

IlECTOr..

Quece jourdumoins,madame, D'avancemesoitconnu!

Ilfautqu'onnousmarie.

Formonslesplusdouxnœuds! Siloind'être attendrie, Vousrejetezmesvceui

,

C'enestfaitdemavie!

HOUTENSE,àpart.

Un hommenediraitpasmieux!

HECTOÎl.

Disposez demavie!

iior.TENSE,àpart.

Quelhommediraitmieux!

ENSEMBLE.

HORTENSE, àpart.

Maisc'estàs'yméprendre!

Oncroiraità l'entendre.

Quel'amantleplustendre Est décidémentlà.

Quelnaturelellea!

C'est tout-à-fait cela!

Calcela!

C'est cela!

(28)

34

RECULER POUR MIEUX^SAUTER.

iiECTon,àpart.

Elle veut sedéfendre;

Maisilfaudra se rendre!

Carmonaccentesttendre.

Ellem'écoutera.

Jel'étonnédéjà!

C'est tout-à-fait cela! C'est cela;

C'est cela!

IlOUTENSE, passantàdroite.

Non

!monsieur,vousavezbeaudire jenecrois pas.., HECTOR.

Mais

madame

jevousjureI...

IlOr.TENSE.

Non,non,jenevouscroispasI

Mêmeair.

r>emc3refus,quoi!Ie3suites Causeraient votre trépas!

Malgréceque vousmedites.

Tourvous, jene tremble pas!

HECTOii.avecfeu.

Croyeiàmonlangage Amestendresaveux!

Del'amour qui m'engage,

(Lm

prenantlamain.) Surlamain quejeveux,

Jedéposelegage...

(//luibaise lamain.) iiouTENSE,àpart.

Un hommeneforaitpasmieux!

HECTon,laibaisantunesecondefoislamain.

Je répètelegage!

iioUTENSE,àpart.

Quelhommeferaitmieux!

ENSEMBLE.

iior.TENSE, ôpart. iiectou,àpart.

Ah!c'estas'yméprendre, Elleveut se défendre,

Etc.,etc. Etc.,etc.

HOUTENSE,reprenant sonrôlede Frédéric.

Votrefrèreneparleraitpasainsi,

madame

I

HECTOR,reprenantsonrôled'Allemand.

Bardonnez-nioi,monsieur!... ohé suis incapable de psr^r autrement quelui.

(29)

SCÈNE XV.

23 IIOUTENSE, demême.

Eh

Ibien!... continuons nosrôles... {reprenant le tond'une dame.) Vous

me

trouvezquelquesattraits,monsieur?....c'est bienI... mais

mon

humeur,

mes

goûts,

mes

penchants,savez- vouss'ilsseront d'accordaveclesvôtres?...

iiECTon, avecunefranchise comique.

Jele saisàn'enpas douter...Vous donnerezle tonet je le prendrai.

UOUTENSE,avecdépit.

Maisvous, qu'onm'aditsicalme!siraisonnable,siflegma- tique! passez moi le

mot?

HECTOR.

Jovous le passe,

madame

1 Je vous passerai tout ceque vousvoudrez.

IIORTENSE.

Poarrcz-vous tolérer les jeux, les plaisirs,les folies d'une parisienne?

HECTOR,uivcmcnf.

Oh! non, non,madame...jeneles toléreraipas!

HORTENSE, àpart.

Ah

!enfin!

HECTOR.

Jelespartagerai!

HORTENSE.

Ah

!..ouil.. dans vosbonsmoments, où.vousserez

comme

àprésent?

HECTOR.

Jeseraitoujoursdanscesmoments-la.

HORTENSE,plusanimée.

Mais, monsieur, jaimo laniusique!...je chante!

HECTOR.

Jovousaccompagucrai:jetouchedupiano!...Qu'est-ce qui ne touchepasdupiano?

HORTENSE,plusvivemcut.

Jejouelacomédie...ensociété!... dans lefaubourgSaint Germain.

HECTOR,avec exclamation.

La comédieI

HORTENSE,àpart.

Celtefoisçalechoque!

HECTOR.

VousjouezlacomédieI

HORTENSE.

J'apprends en ce

moment

le rôlede Célmièn".

(30)

26

RECULEU POUR MIEUX SAUTER.

HECTOR.

Jeseraivotre Misantroplie.

iiORTENSE,surprise.

Vous

serez?...

Non,vousne m'aimezpascommeilfautquel'onm'aime!

HECTOR.

Ah!rien n'estcomparableàmonamour extrême!...

iiORTENSE,à part.

Ellearépliqurtatout...{Haut.)Maislemariage!...monsieur!., le mariage!...sirarementouestheureux...rappelez-vous tout ce qu'on endit.

HECTOR.

Oui...oui... je sais!...je saisi...

Air deLausun.

Quedefoiâona plaisanté Surlejourl'onse marie!

Combienn'a-t-onpas répété:

C'estlemauvaisjourdelavie!

Malgrétousces jeuidel'esprit,

Lemauvaisjour, jeledéclare, {Avec sentiment.)

N'est paslejourl'on s'unit...

C'estlejourl'onsesépare!

iiORTENSE, avec émotion.

Monsieur... {screprenant, enhomme)êtes-vous sûrequevoire frère?...

HECTOR.

Mon

frère...monsieur...jesuistout-à-faitson écho!

HORTENSE,reprenant sonrôledefemme.

Eh

bien1monsieur...jevoisbienqu'ilfaut toutvousdire.

HECTOR.

C'estcela! oui,dites-moi tout!.. {Apan.)Qu'est-cequ'elle va donc

me

dire?

HORTENSE, timidement.

J'aime!...

HECTOR,vivement.

Vous

aimez?...(.4part)Sapristi!

HORTENSE.

J'aime...

HECTOR.

J'aibienentendu!

HORTE.NSE.

J'dimeavec passion.,, lascotlich!...lapolka!

(31)

SCENE XV.

27 HECTOR.

Lascollichl lapolkaI Moiaussi je lesaime!...

(V

invitant.)

Madame

veutellebien

me

faireThonneur?...

HORTENSE, pendantquilluiprendlamain.

Pas

moyen

de m'endébarrasser...(L'orchestre part,ilsdan- sent)Oh!maisc'estinconcevable!jamaison ne m'afaitmieux danser?

HECTOR.

Et la polka... tenez madame...

Mouvement

vif, pressé...

comme mon cœur

!...

HORTENSE, touten polkant.

C'estétonnant!

HFXTOR, toujours polkant.

Vousvoyez,madame?... avec vousriennem'arrête]!

HORTENSE,le quittant.

Eh

bienIjem'arrête moi... (Elledescendlascèneetditavec cdère.) C'estindigne... c'est affreux... pouvais-je m'attendreà ce quim'arnve?(.4Hector.)Vous avez trompe

ma

bonnefoi...

madame...

Madame,

vousêtesun

homme.

HECTOR.

Jelesavais...maisvous!quelleduplicitéI vousavezabuse de

ma

candeur... monsieurFrédéric. Monsieur,vousêtesune

femme

!

HORTENSE.

Jenel'ignoraispas,

HECTOR.

Oh

Imais...alors... puisque nous nous connaissons

com-

plètement,nous pouvons continuer notre conversation... en avantlapolka!{L'orchestre

paH

et ilssemettentàpolker.)

SCÈNE XVI.

Les Mêmes,

GALOT,

lesvoyant polker.

CALOT.

Madame...monsieur... Votre oncle qui arrive parla'grilledu parc1

HORTENSE,sansquitterHector.

Mon

oncle!

HECTOR,sansquitterHorlcnsc.

Notreoncle1ilarriveà point.

CALOT.

Non!

ilarriveà pieds...quefaut-ilquejelui dise?...

HECTOR, lalançant avec Hortcnse.

Demande

à

ma

femme.

JIORIENSE,à Galut.

Demande

à

mon

maii

(32)

28

RECULER POUR MIEUX SAUTER.

GALOT.

Voir'mari?...quandjevousdisaisque vousreculiez...pour mieuxsauterI

iiEGTOK, toujourspolkant.

Galot,tuas raison, tupeuxrire...

GALOT,àpart.

L'échantillonluiconvient.(Haut.) Voilà votre oncleI

IIOUTENSE.

Allonstrouver

mon

oncle! {Ilssortent en polkant. Galotles imite.)

CALOT, lessuivantendansant.

Au

galop!

Forteà l'orchestre.

(Le rideautombeen

même

tempsqu'ilsdisparaissentpar laportedufond.)

FIN.

CIcrmoD".(Oiir").—Iipp. A.D.ux,rue!eCondé,

(33)

ï

(34)
(35)

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irtois, Armand

d'

Reculer pour mieux sauter

(36)

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