Artois, Armand
d'Reculer pour mieux sauter
\
(LA JOIE FAIT PEUR,
comédie, parM"'^EMILEDE
GIRARDiN. 1fr- SO.
ÎLA
CRISE,coméd'G en3actes,parOCTAVE
FEtlîLLET 1f'- 80BIBLIOTHEQUE DRAMATIQUE
Tb^atreluorierne.
4
RECULER
POUR MIEUX SAUTER
PROVERBE-VAUDEVILLE EN 11 ACTE
Par mm. Armand
etAchille DARTOI^''
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LES NUITSD'ORIENT,parMéky,1vol VIEDE ROSSIM,deStendhal,1vol
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Les Frèrescorses
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Les Quarante-cinq
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Le Maître d'armes
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Le Bâtard de Mauléon
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Mémoiresd'un Médecin
(JosephBalsamo)
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LaGuerre desFemmes.. .
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Georges
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UneFilledu Régent
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Impressionsde Voyage:
Suisse
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Midi delaFrance
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Une annéeàFlorence..
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LeCorricolo.
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LaVillaPalmieri
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LeSpéronare
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LeCapitaineAréna
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Les Bords duRhin....
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QuinzejoursauSinaï.
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Cécile
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Sylvandire
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UneMaîtressede LouisXIII
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LesAmoursdeParis
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Les Mystères de Londres,
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1 50
RECULER
POUR MIEUX SAUTER
PROVERBE-VAUDEVILLE EN UN ACTE
PAR
MJL ARMAND ET ACHILLE D'ARTOIS
ÎÎEPnÉSENTÉ POURLA PUEMIÈRE FOIS, A PAUIS,SURLETHÉÂTRE DUVAUDEVILLE,LE16 AVRIL \8B%.
Si»©
DISTRIBUTION BX LA
TlSiCH:IlEcfOR DE MÉRAN
•MM.
Lvgrange.GALOT,
valetdemadame
de Brunoy. . . Léonce.IIOUTENSE DE BRUNOY,
jeuneveuve. . M»'^ Drpirssis.La
scènesepassedanslechâteau Wlfortcnsc.Nota.
—
Tontoalesimlicntionssontprisesdel.isalle—
LespcrsonnngpsS;>nt piaci'aentt'ledosscènesdansl'ordre qu'ilsoccupent,c'est àdirequelepremieriiis crit lientlugauche.Lescliangemcntsd;,-positionsont indiqués pur des renvoisS'adrcssi'rpourl.(musiqueex.ictcde cetouviri^e,àM. TAUANNr:.
Vi, nieMontmartre.
Les.^ll^eu^s etIpsÉditeurs se réserventledroitdereprésentation,dereprodiictrion etde traductionàl'étrHngfr.
RECULER l'OlR MIEUX SAITER, p-7
iUN SALON RICHEMENT MEUBLÉ.
soENi;
r^.GALOT,
seul;ilentrepar laporte dedroite,en parlantàla cantonnade.C'est dit!... c'estdit...ons'y conformera!..,
madame,
soyez sans inquiétude...jenesuispassibclequej'enai l'air...sauf lerespectquejevous([o\s\...{Ildescendlascèneenriant.)Xh
!voilàunejournée qui sera cocasse!..
madame
n'estplus veuve,madame
n'estplus dame...ellevientdeme
ledéclarer.Air:Onditqueje suissans malice.
..„^ JXâ'ffi de son sexe,elle estlasse!
_ -J^lgféseà-allraits etsagrâce,
][_3.DœvA^V
i||WtérieBr, Aulieudôdpnie être inonsieur.Plusdejupons!...c'est^^amarotte, lijj ^AfilôuéÂ^^'porterlaculotte.
W V
i-*ceque Tu'r?steclicfai^'it
^^^y. Dqtemps quesonrttari/vlTait.
Oh N»iSa(§y^er|e
m^^W^a^rèulotte...jepuis ledire...sau lerespRt>^j}t^j£mf
dois^.-^rîfinelle va jouerlacomédie, etcomme
jesuïslut^t'tlt'llommedanslechâteau, je serai lepar- terre, les logesetForchestie!...Oli!iln'yaura pasdecabale.HORiENSE, danslacoulisse.
Galot! Galot!
GALOT.
Via
madame... elle n'apasperdudetemps!SCÈNE
II.IIORTENSE DE BRUNOY. GALOT.
{tîvrlenscesten
homme
;éperonsetcravache.) HORTENSE.Allons donc!faquin!{Elleluidonneuncoup de cravache.)' GALOT.
Ah
Imadame... {Elle lèvede nouveaulacravache.) je veux dire mon.-ieur...vousme
traitezcomme
unchien...saufleres- pectquejevousdois!'Caloî, IJoitcnsc.
SCÈNE
II. 3 iioUïENSE,seposant.Comment m3
trouves-tucomme
cola? ne ressemblai-je pas àmon
frère ?GALOT.
Vousluiressemblezque«'estfrappant!.,.quoiqueça on voit au'ilvous
manque
une moustacheetdesfavoris.lIOr.TEXSE.
Lamoustache n'est pas de rigueur... quant auxfavoris, il
fautbienquejem'enpasse!
GALOT.
Ça vous
manque
pourlequart d'heure...Ça vousirait...sauf lerespectquejevousdois.IlORTENSE.
Tu
voudrais peut-êtrequej'eusse recoursà lacontrefaçon? GALOT.On
contrefaitsibienàprésent!HORTENSE.
Cestvrai.
Air:L'auteur deseffets etdes causes.
DansnosbaUet dansnos spectacles, Quedecharmessont imités!
L'art produit vraiment des miracles (Ihezpresque toutesnos beautés.
I>à-de3sus,sans inquiétude.
Ce quej.-»parais,jelevaux! Auïyeux,pourmoi,j'ail'habitude, V>en'offrirjamais riendefaux.
GALOT.
C'estunebienbonnehabitude! .'
HORTENSE.
Mais je suis prête...
mon
prétendu peut arriver quand il youdrii...[Luidonnantunpapier.) Pour plus desûreté voilatesinslructioasécrites.
GALOT.
Ah
!bah!je les sais 'par cœur... Tenez... primo : « Votre« onclemonsieurDermoiit est parti hier avec sanièce etne
« doit êtrederetourque demain. » IIOUTLNSE.
Bien.
GALUT.
Seconde:«< Votrefrère,monsieurFrédéric,estseulauchâ-
« teau. »
HORTENSE.
C'estcela
même
!...mon
frère, c'estmoi!CALOT.
C'e.^tvous, bienentoiidu... ïioi^^iéino!...IMais,madaine, per- mettez-moidevous ledire, avectout lere^ipeol que je vous dois,votreprétendunevousvadoncpasbeaucoup?
4
RECULER POUR MIEUX SAUTER.
iiouTENSE,riant.
Ilne
me
vapas dutout!GALOT.
Ah
!bon!...comme
ça, c'estjusteIITORTENSË.
C'estleprotégéde
mon
oncle, monsieurHectorde Méran,le filsd'un anciencompagnon
d'armes... Ila"une sœuraînée qui aétéélevée enAllemagneetque monsieur Dermont, dans son derniervoyage,a mariée àuncertainbaron deCotlingen.GALOT.
{Jlprendunechaiseà gaucheelpourécouter, vients''asseoirsans façon àcôté d'ÏIortense.
—
Surunregard de mécontentement delabaronne,ilselevéetreportelachaiseoùil Pavaitprise.)Ah
Ipardon,madame,
jeme
croyais entrehommes.
IIORTENSÈ.
C'estellequi amislemariagesurletapis.
GALOT.
Et nousallonssecouer le tapis!... c'est naturel,puisquece monsieurest laid,maltourné...
HOUTENSE.
Jen'airienditdecela1...je ne veuxcalomnier personne...
jenel'aijamaisvu1
GALOT.
Çan'estpassinaturel.
IIORTENSE.
Seulement,je suisveuve...Mariéeàmonsieur de Brnnoy,j'ai-
mais
mon
mariet j'ytenais... *GALOT.
Quellechance!
IIORTENSE.
Veuve,j'aime
mon
nouvelétat,et j'y tiens.GALOT.
C'est-à-direque vous vous y cramponnez.
HORTENSE.
Mais,
comme mon
intentionn'est pas deme
brouilleravocmon
excellentoncle,lerefusnedoitpas venir de moi.GALOT.
Vousvoulez êtrepolitique...sauflerespectquejevousdois? IIORTENSE.
Air:Jelogeauquatrièmeétage.
Ilfaut qu'alors jedissimule Etje veux,devantcelien.
QuecesoitHectorqui recule.
GALOT.
Cela vous avancerabien!
Der'culervousmûm' cVstlemoyen!
Fuirlomariag'...c'estsiipprbeî"
M.iis toutenvoulaitronii>loltiT, l'reuozgarde,conira' dit T[irovirbe, Derecalerpourmi.'Uisaulfr!
SCENE m.
5.HORTENSE.*
Eh
!bienon verrasijesaute.
GALOT.
Jene
demande
qu'avoir, moi1je suis curieuxcomme
unefemme
I...saufle respect...HORTENSE, gaiment.
Est-cequejenesuispasun hom^ne pourle
moment
? GALOT.Ah
!c'estvraiI(Onente7idlebruitd^unevoiture.) HORTENSE.
Maisj'entends unevoiture?
G:ALOr, quia couruàla fenélre.
Oui,madame...jeveuxdire monsieur... elleentre dansla courf
HORTENSE,regardant.
Ahl mon
Dieu!... le cocher qui accrocha la borne de la grille!ilva verserIGALOT.
Non...ila passé pardessus...vot'prétendavient,dejoliment sauter,lui!...
HORTENSE.
BahIunjeune
homme
1GALOT.
Ça neconnaît pasde bornes!
HORTENSE,boutonnatU saredingottt.
Eh! vite, Galot... cours l'avertir que c'est monsieur Fré- déricd'Ermontquivale recevoir.
GALOT.
Ça
va-t-ilm'ajnuser...çava-l-ilm'amuser1...{Hsort,en cou- rant.)SCÈNE m.
HORTENSE,
seule.Cet imbécile quidit quejereculedevantle mariage! cer- tainement,jerecule... etj'espère reculerde manièrea ce qu'il ne puisse
me
saisirI...Ussont étonnants, ceshommes
l...ilsne vous donnentpasun instantde répit,11 yaà peine dixhuit mois quejaiperdumon
mariI... un mari quej'aipleuré... le pluslongtemps possible,et c'està quivoudra m'en donner un second...GALOT, dansla coulisse.
Parici!parici!prenez biengarde!...
HORTENSE.
Ah!
mon
Dieu,seraitilblessé?'Hortenac,GaluU
6 RECULER POUR MIEUX SAUTER.
SCÈNE
IV.HOllTENSE, GALOT,
uxe Dame,sansconnaissajice-, DOMESTIQUES, portantladame dans unfauteuil.ENSEMBLE.
EspéroDSqaec'estde pear Qu'elle esttombéeen défaillance;
Etqa'elleva sansdouleur Reprendraconnaissance.
GALOT,lesconduisant.
Là...là...doucemnnt
!
HOUTENSE, quia étévivementaufauteuil.
Que
vois-je!...unefemme
!GALOT.
C'estlasœur de monsieurHector.
HORTENSE.
La baronne deCottingen! mais elleestévanouieI... .\'hIce flaconI
GALOT, Hortense.
Attendez... ça iraplusvite1(//frappedansles mainsdela dame.)
LA DAME, revenantàelle.
Ah
!...{Ellecontinue Cairavecun
peud:'accentallemand.) CheretrouTClesentiment!Chemesuis,en cette équipée, Crumorte...etroiàbenreusement
Quechemesoistrompée!
ENSEMBLE.
HORTENSE, GALOT, DOMESTIQUES.
C'était seulement de peur QueTenait sa défaillance; Etlavoilàsans douleur, Quireprend connaisance.
LA DAME.
C'étaitseulementde peur|
QuevenaitmadéTaillance
;
Etvoilàquesans douleur!
Chereprends connaissance.
ÇGalotàla findecetensemble,sortaveclesdomestiques.)
SCÈNE
V.HORTENSE, LA DAME.*
LADAME.
Lecocherêtreunemaladroite.
*Hcclor,Hortense.
SCÈNE
V. l HORTENSE,enhomme.Jbsuis d'autant plus désolédecetaccident,
madame,
q,ue je suis seul aujourd'hui au château...Mon
oncleetma
sœur ne doivent être deretour que demain.LADAME.
Ah.!cheune
homme,
vousûtrelefrèredemadame
Ilortcnsc deBrunoy?HOUTENSE.
Comme
vousôteslasœur do monsieurHector deMéran!LADAME.
Ya!ya!
comme
chesuislasœurd'Hector... Chéfoulais ar- riverlapremière,etdansmon
empressement...IIORïENSE.
Je frémisrienqued'y penser... Maisno serait-il pasàpro- posde prendre quelquechose?
LA DAME, minaudant.* Quelque chose?
HORTENSE.
Un
verre d'eau sucréeavec delafleurd'orange? LADAME,aoecunegrâcecomique.De
l'eausucréeI...delafleurd'orange!...pourmoi,<;adoit êtrefade... çaneferaitquem'agacer... chailesnerfs sidéli- catsI...Sivousaviezunpetitverrede rhum,c'esttoutsim- plementcequ'ilme
falloir?HOUTENSE,étonnée.
Du rhum
pourlesnerfs? LADAME.Ya... ya... cheunemener... les
dames
allemandes neprendre jamaisquecelapourcettechoseInORTENSE.
C'estunsingulierusageI...Mais,puisqu'ilenest ainsi,nous enavons que
mon
oncletrouveexcellent.LADAME.
Chele trouveraide
même
devotremain.HORTENSE.
Ah
Imadame
labaronneI...LA dame:.
Surtoutsivous vouloirbienchoquer avec moi?
HORTENSE.
Cethonneur! (A.part.)Est-cequ'elle va
me
faire boiredurhum
?(Haut,allantàlachambreindiquée.)Jenevousdemande
qu'unmoment.LA DAME,àpart,toujoursdanslefauteuil.
Hest gentil,cepetitcavalier I
*llortensc, Hector.
8
RECULER POUR MIEUX SAUTER.
iioraENSE, àpart,delaporte.
Cesallemandes ont des physionomies surprenantes! {Elk disparait.)
SCÈNE
VI.(Aussitôt qtCHorlcnse est sortie,la
dame
se l'ece vivement.—
CcstHector deMéran.)
HECTOR,
seid.11n'y aqueleircre ici!...j'aimemieuxçaî
Ah
Imadame ma
sœur!Vous vous liguezavec M. d'Ermont pourm'enchaînerlA
peinecommencée,terminerunevie de garçon,si douce,si pleinede mouvement, devariété!... vous voulezme
forcer à n'aimerqu'une femme, moiquiai lecœursiaimant!... moiqui viens d'avoirmes
entréesdans lescoulissesde l'Opéra,cette fourmilièrede tout ce quiravit lesyeux,lapenséeetlabourse!etvous
me
menacezd'unebrouille éternellesijerefuse!... Je ne refuserai pas...onme
refusera...vousn'aurez plusrien àdire.Mais voici le frère!et vite, aurepos! (Ilseremet dans sont fauteuiletrestesans bouQer.)
SCÈNE
VII.HECTOR,
danssonfauteuil,HORTENSE,
toujours enhomme.iiORTE.NSE,elle entredoucement,elleporteunflacon
et,deuxpetits verres.
Comme
elle esttranquille! elle s'estpeut-êtae endormie...aprèslasecoussequ'ellea reçue,c'est possible... (Elle c/togue laflacon avec
h
verre.)HECTOR,tournantlatêtecomiquement.
Ah
!c'estvous, jeunehomme
!chereconnais votre voix!Hor.TENSE,àpart.
Elle appelleça,
ma
voix!... (Haut.) Oui,madame,
c'est moi,, aveclecalmantque vous m'avez demandé.HECTOR.
Vousêtesbeaucouppiengentil!
HORTENSE.
J'y faistous
mes
efforts...surtoutauprèsdevous.HECTOR.
Va!...chem'enaberçois.'(.4part.) Il estprécoce, ce petit jeune
homme
!...Si jem'amusais1...HORTE.NSE,àpart.
J'aienviede lui faire la cour, moi, àceltebaronne!(Lui donnantunverre.)Si
madame
veutquejeluiverse?HECTOR.
Ya, soyez
mon
échanson, monsieur?...SCÈNE
VII.9
IIOUTENSE.Frédéric.
HECTOR.
Beau
nom!
(Prenant leflacon.)Que
clicvousverse àmon
tour.(Il verse.)
uor.TENSE,levantsonverre.
Assez!
HECTOR, versanttoujours.
Allonsdonc! un homme!... unFrédéric!.,.
HORTENSE.
C'estvrai!un homme!...A.notre nouvelle connaissance!,..
HECTOR,avecintention..
S !(:.• sympathieI
ENSEMBLE.
AirdoNargeot.
C'estloverreenmain Qu'en France;
C'estleverreenmain Quedel'amitié, lechcmiD
Seprend sansdéOancc'.
L'amitiécommence Leverroen main.
HECTOR.
Pourchasserladouleur, Jamaisde simagrée!
Cen'estpaa l'eau sucrée Qui ranimelecœur.
Lerhumestunsecours, Quisenlconvient toujours; 11donnesans entraves Del'énergieauxbraves, Etlajoieauxamours.
ENSEMBLE.
C'estleverreen main, de.
HORTENSE, quia avaléle
rhum
avecdifficulté.Ah
! que c'est fort!{Haut.)Comment
se trouvemadame
labaronne?
HECTOR,se levant.
Un
peu mieux... {tendant son verre.)Encore!..,pouraller beaucoupmieux1HORTE.NSE, vcrsant.
Puisquera réuisit.
HECTOR,ininaudanl.
Etvous?
V
10
RECULER POUR MIEUX SAUTER.
nORTENSE Moi!
iiECTon,demême.
Sansvous, ça
me
feraitmal.IIORTENSE.
Alors...{Elle tendsonverre.
— A
part.)Çan'estpassiaise defairel'homme1HECTOR.
11estbiengentilI
HORT'EKSE,levantsonverr^;.
DEUXIÈMECOUPLET.
Avosycui Pleins de feu!
HECTOR.
Avotreairdoux,affable!
Avotre tonaimable!
HORTENSE.
Avotreaccent Décent!
HECTOR.
Auplaisirqui toujours Poit embellir vos joursI C'estluifixersaplace!
HORTENSE.
Etboireà tantdegrâce!
Ah!c'estboireauxamours!
ENSEMBLE.
C'e^tleverre enmain,ele.
HORTENSE.
{Tandis qu'Hectorboit, elleaperçoitunvase rempli dejleurs.)
Ah
!je vais griser ces fleurs! {Elle verse furtivement son rhuyn surle vase.)Maintenant, encore...HECTOR.
*
C'êtreinutile... je suis onne peut plusmieux.
HORTENSE.
C'estqueje suisun
homme,
moiIHECTOR.
Ya... maisjesuis une
femme
moi!parlonsàcœurouvert.HORTENSE.
Volontiers.
*Hortcnse, lleclor.
SCENE VIL
lilHECTOR.
Surlemotif quim'amèneici.
ilORTENSîî,vivement.
L'union projetée7
iiECTon,avecdouceur.
Maispourcela,
mon
cheuneami, ilfautque voussoyezdansmes
intérêls.HORTENSE,avccgalanterie.
Tout
mon
désir estde m'ymettre,{à part.) Jevaisl'embar- rasser.IIECTOn,.
Eh
bien!donc, votre sœur?...HORTENSE,vivement.
Vous
voulez savoirsi elle a l'airdoux,spirituel,aimant?...regardez-moi... nous nous ressemblons... qui voit l'un voit l'autro... (PrenantunIonamoureux.) Mais quejepréférerais qu'elleeût votre physionomie.!... lagrûce de voire maintien, lesonde votre voixI... il
me
semblequeje l'aimerai.»d'avan-- lagelHECTOR,un peu étonné.
Ahl
HORTENSE, àpart.
Voilàqueje l'embarrasse. (Haut,luiprenantlamain.) Oui, charmante baronne...
HECTOR,se laissant faire.
Vous
croyezdonc que vous pourrezm'aimer?HORTENSE.
Si jelecrois'(Apart.) Ellene
me
repousse pastHECTOR.
Air:Iln'estpastemps de nousquillar.
Vosparolesonttantd'appas!
Quandvous parlez jesuisravief
HORTENSE,àpart.
Maisjene l'embarrasse pas!
HECTOR.
Continuez,jevousen prie!
HORTENSE,àpart.
Craignonsde.par tropmelancrr!,..
Enmontrant dufeu,de l'audace; Je prétendais l'embarrasser, Etc'est clicqui m'cmbarrassci
HECTOR.
Voyons,
mon
chcntHhomme,
dela fraai'hi.3C.HORTENSE.
De la franchise!... mais j'ai déjà dit quelque chuse de
IJ
RECL'LER POUR MIEUX SAUTER.
ma
sœur... Ilme
semblequec'estvoire touràparlerdevotre frère ?HECTOR.
Je vaisparler,{Apart.) eisans
me
flatter...(Haut) Écoutez donc.nORTESSE.
J'écoute
comme
sij'étaisma
sœur.HECTOK.
Mon
frèren'a pascomme
moiétéélevéenAllemagne; maisilyafaitunlongséjour, et ilaeu lebonespritd'enprendre toutes les manières... C'estun
homme
charmant! aimant la table, lachasse,la cigarre.HORTENSE.
Le cigarre!
HECTOR.
YalacigarreIlepipeaussi... lesFrançais ne sontquedes en- fantspourfumer...quand un Allemandentredansunsalon,il n'a pas besoin deparler,onlesentdel'anticliambre.
HORTENSE.
Ah
!... etvotre frère?HECTOR.
Estbourré de tabac des pieds à latête.
HORTENSE.
Maisceci estduplusgrandintérêt!
HECTOR.
C'est un garçonparfait!... etd'unflegrneI
dune
tranquil- lité!...HORTENSE.
C'estrassurant.
HECTOR.
N'est-ce pas?... votre sœur l'aimera?
HORTENSE.
Oh!
à là folie!ma
sœur, si riante! si badine!... si pari- sienne!...elles'amuserabeaucoup dusang-froid, des cigarres, etdelapipedesonprétendu!HECTOR.
Vous
croyez?HORTENSE.
J'ensuis sûr!et c'estcequ'ellepourrafairedemieux!...avec çaqu'elle estd'unespritnaturellement moqueuret caustique.
HECTOR.
Ah
! elleestcaustique? HORTENSE.A
emporterlapièce!...HECTOR.
Mais,
mon
tendreami, c'étrc le feu et l'eauqueccideux ôlreilà!SCÈNE
Vil.la
IIOUTENSE.C'est vrai.
HECTOR.
C'estun meurtre quecemariage.
UOKTENSE.
ÏÏfautPempèchcr d'être
consommé!
HECTOR.
Empêchons!
empêchons! quevotre soeurrefuse'?...HORTENSE.
Ma
sœurn'oserapas!...mais quevotrefrèrese retire?HECTOR.
Lepourrait-ilsans plesser toutesles gonvenances?sansof- fenser...àmoinsquevotresœurnel'yforçât ?
HORTENSE.
Ma
sœur!oh!...uneidée!...HECTOR.
Elledoitêtreponne!
HORTENSE. *
Vous
allez voir... monsieurHectorde Méranaxriveaujour- d'hui?HECTOR.
Toul-à-l'hcure peut-être.
HORTENSE.
Rcgardcz-moi... pas debarbe...pas d'unetailletropmascu- line...
HECTOR.
Ché vousentends.
HORTENSE,fredonnant.
Unerobe légère D'uneentièreblancheur!
HECTOR,demême.
Unchapeaude bergère...
HORTENSE.
Oui,unchapeau
comme
on les porte maintenant;par der- rière...Je suis Hortense de Berny, jereçoisvotre frère... je lerebute... jelerévolte!HECTOR.
Et ilprendsonparti...
HORTENSE.
Etlechemindefer!
TOUSDEUX.
C'estcela!
HORTENSE.
Airdu Retour àlaFerme.
Ah!quelplaisir!ah!c'estcharmant!
Etmatoilette Sera bientôtfaite!
D'une femme rajustement M'ira parfaitement!
U RECULER POUR MIEUX SAUTER,
HECTOR.Ab!quelplaisirIah!c'estcharmant!
Etsatoilette Sera bientôtfaite!
Asataillelechangement Iraparfaitement.
HEGTOU.
ï?our allerplusvite,voulez-vousquejevousaide? HOKTENSE.
{Suitedumorceau,.) Ypensez-vous,madame? l'nhomme!...soyez sanseffroi!
Onfaijviteunefemme D'unhommetelque moiI
ENSEMBLE.
Ah!quelplaisir!etc.
(Hortcnsesort.)
SCÈNE VIU.
lllîCTOR,seul, endame.
Allons çaniaiclieIvoila le frèrequiconspire pouretcontre moi... et je n'épouserai paslaveuve! {Prenantunpetitverre.) J'ai besoinde
me
remettre.Cepetithomme
a tout-à-failbon air;ilest original surtout;il s'imaginequ'ilva faire le rôle de sœurde manièreà ceq^ie moi, Hector de Mcran,je m'y méprenne!Il ne doutede rien... il,acomptésur samine un peu efféminée1heureusementqu'avecmon
œil exercé, je ne suispas plus capable deprendreunhomme
pour une femme, qu'unefemme
pour unhomme
! Mais ici jeme
prêterai à la circonstance... etunefois quej'aurai étémystifiéparlefrère, on nepourra pas m'en vouloir de ne pas épouser la sœurI«Le costumefémininm'inspire... c'estamusantd'être
femme
! » Air:Voi7olamanière.C'estlàquelavie Roulesur sesfleurs!
Etjeporte envie Atantde douceurs!
Lesexe,à ses goûts, Nousrange tous:
Viventses tramesî
Lesortestpour nous Moinsdoux.
Etfranchement,mesdames, (,'oiisultousnosûmes:
SCÈiNE
IX. 15 Ab!nousdevrionsEtre huit joursfemmes,
£thuitjoursgarçons!
Ça
varieraitnosplaisirs!..(Onentendrire.)Noire jeune liQnime serait-ildéjàmétamorphosé!...Voyons...{llrajankà
lacan- tonade.)Ah
!c'estledomestiquequim'areçu.scÈztarEix.
HECTOR,
toujoursenfemme,GALOT.
GALOT, entrant enriant.
Ah
!ahl voilàautrechose!...HECTOR.
Qu'avez-vousdonc pourêtresigai,
mon
ami?.••GALOï, $'arrêtant derire.
Ah
!madame,
pardonI...jenepuispasm'empêcher deri-re...hé!...héI... héI...c'estqueje suisdu complot!...
IIEGTOU.
Ah! vousêtes?...
GALOT.
Oui...ce pauvreprétendu!... va-t-il être balottéî... il va prendreun garçon pour unedemoiselle! c'est que monsieur Frédéricferaunedemoiselleà s'yméprendre!...
HECTOR.
Tu
crois?...GALOT.
J'ensuissûr!leprétendus'yprendra!avec ça qu'd,parait qu'iln'estpasfort...
HECTOR.
Hein?
GALOT.
Jevoudraisêtrelà
quand
ilrecevrason congé...afinderireIHECTOR.
Mon
ami,vousêtesunsotl GALOT.Jesuisincapablede vousdémentir,madame... ma4Sje vais rirel
HECTOR.
Chéparieque non!
GALOT.
Je pariequesi!... v'iàqueça vient...v'Iaque ça vient. {Il rit très-fort.)
HECTOR. * Impertinent!...(//laidonneunsoufflet.)
GALOT.
Ah
!madame,
vousavez une main qui n'cit pas de votre scxc!*Hector, Galot.
te RECULER POiR MIEUX SAUTER.
HECTOR.
AirduPremier Prix.
Allons, continuezderire.
GALOP,setenantlajoue.
Jen'cBaiplussujet...merci!
HECTOR.
Chc savaUbien, je puisledire, Queje gagneraislepari.
Machance,là,nepeutse clore, Etsil'onveutmedéfier, Chécroisquejegagnerencore...
GALOT,vivement.
Oui,maisjoa'veuxplus parier,
HECTOR.
Sortez, faquin1 (Apercevant Hortense,il feintdese trouver mal.)
Ah
I...scÈsns X.
Les Mêmes,
HORTENSE,
enfemme;miseélégante.HORTENSE,qui a entendulesderniersmotsd'Hector.
Qu'entends-je?... est-ceque ee valet aurait oublié, char- mante baronne?...
HECTOR.
IIs'estpermisderire...etchailesnerfssidélicats!
GALOT.
Quelledélicatesse!... v'ian!
HORTENSE.
Galot,allezvousmettreensentinelle surla terrasse, etdès que vousapercevrezla voiturede monsieur de Méran, accou- reznousavertir.
GALOT,
Oui,madame...(Se reprenant.) Jeveuxdire monsieur... je-
veuxdire mademoiselle... (Apart en sortant.) Je m'enberliti.- cottedanslesdeuxsexes!(//sort.)
Ah
! quellepoigneI...SCÈNE
XI.HORTENSE,
endame,HECTOR,
en baronne.' HORTENSE,prenantletonetlesmanières d'une maitressede château.
Eh
!quoi!madame
la baronne, vousavezeu la bonté de vousrendreàmon
châteauI...ahfjesuistrès-sensible àcette politesse!{Elle fait la révérence.) Madame!...HECTOR.
C'estcela!...c'estcela!... un peud'affectation...
HORTENSE.
Oh
!laprévention!*Jloricnse, Hector,
SCENE
Xï. 17 ïiECTOu,larcgarJan' avecunétonnement mêlé deplainir.C'est vrai,monsieurFrédéric... j'avaistort... c'est dunatu- nol... de la grâce...(.4part.) Le faitest qu'il fait illusion...
(Haut.)Votre main,belleveuve?
noRTENSE,luidonnantlamain.
Que
jepresse lavôtre,aimablebaronne.HECTOR, àpart.
C'estsingulier!...quellepeau douce!
IIORTENSE.
Franchement
comment me
trouvez-vous?HECTOR,robservant des piedsàlatète.
Jevoustrouve... jevoustrouve...(^1part.)
Eh
bienI qu'est- cequej'aidonc?...Air:Pianodo Dcrthe.
Vousmesurprenez!j'aibeauriflécbir.
Auxyeus mieux quevous,on nepeut mcniir.
Admirantl'effetde ce stratagème, Jecherche vraiment à savoirmoi-môme
Aquoim'entenir! bis,
HORTENSE.
^êmeair.
Lanatureet Tart...Pourne pasfaillir, Autant quej'aipu,j'aifaittout servir.
l".tdomoncôté je vois toutechance;
Car, malgrétout,moi,jesaurai, jepense,
Aquoim'eatenir. bis.
HECTOR.
Vous m'enchantez!etdans
mon
ravissement,il faut queje vous embrasse.HORTENSE BicGvolontiefs.{Ilss'embrassent.) HECTOR, àpart.
C'est une femme,iln'y a plus àen douter.
HORTENSE, àpart.
Comme
ellem'a embrasséeavecplaisir!HECTOR.
Jeunehomme... j'aurais aimé beaucoup un mari
comme
vous...
HORTENSE.
Vousauriezétépeut-êtrebien attrapée
.
HECTOR, àpart.
C'est
madame
do Brunoy... le petit frère estune fortjolio sœur!...nousavonseulamôme
idée!HORTENSE.
MonsieurHectors'ytrompera-t-ii?...
Ijj
RECULER POUR MIEUX SAUTER.
IIECTOn.
Cherépondsqu'ilnevousprendra paspourun
homme!
IlORTENSE.
Merci,baronne!...alors jevaislemenerloin!
IIFXTOR.
Pas aussiloin qu'ilvoudraaller!
HORTENSE.
Ets'ilpersisteàrester!...
HECTOR, àpart.
Décidémentelleveut
me
mettre àlaporte!..jeluidéplaisais d'avance!...C'esthumiliant! voyons,voyonsdonccelal(//aiit.)Maiscette assurance, pourrez-v'ous lagarder enfacede
mon
frère?...
HORTENSE.
Vous endoutez?
HECTOR.
C'estque
mon
frère adesmoments
oùilse souvientdeson origine française!...etalorsilest françaispursang.HORTENSE.
Ah
!ila de cesmoments-là?HECTOR.
Du
reste, voulez-vous essayer!... fesons unerépétition...celavousrendra plus sûrdevotrerôle.
HORTENSE.
Jeleveuxbien!Supposons que vousêtesM.Hector.
HECTOR.
C'estfacile;ilyade
mon
frèredans moi!HORTENSE.
Vous
arrivezavec empressement.HECTOR.
Oui, charrive!
—
Mais sous cecostume{montrant sarobe), celavousdonnerait trop d'avantage.HORTENSE.
Vous me
défiez?., queje voudrais doncavoir un costumed'homme
àvotre taille 1...HECTOR.
Qu'àcela netienne!..
mon
frèredevantpassericiquelques joursm'aconfié savalise:iln'estguèreplusgrand quemoi.HORTENSE,vivemcnt.
Jevous prends aumot!...mettez-voussouslesarmes...(lui montrant une porte)Entrez danscette pièce quidonnesur le jardin, etdanslaquelleonafaitporter tout ce quivousappai>- tient.(Riant.) Vousfaut-ilune
femme
dechambre?
HECTOR.
Je n'osevousproposer...
HORTENSE.
J'aiquelques ordresàdonner...Adieu,
madame!
*Hortense, Hector.
SCÈNE XIIL
19 IIECTOU.Aarevoir,monsieur!
IIOUTENSR.
Sonnez,sivous avez besoindemoi.
HECTOR.
J'enaurai bien certainement besoin, (à part) Elle estchar- manteI{Ilentreàdroite.)
SCÈNE
XII.HOP.TENSE,seuleenfemme.
EBeest touteparticulière, cette allemande!je n'aiencore rienvuquiluiressemble!..Enlavoyanttout d'abordjen'é- taispasprévenue ensafaveur... Mais ons'habitue à cegenre defemme... Elle gagneàêtreconnue... je m'yferai.., Il.ne.
fautpass'enrapporter à son premiercoupd'oeil.
AirdeMontaubry.
Aupremiercoupd'oeil, Toujoursnotre orgueil, Dejuger des. autress'efforce'.
Pourtant,on nevoitquel'écorc
Aupremiercoupd'œilt
DEUXIÈMECOUPLET.
Aupremiercoupd'œil.
Leurfaisantaccueil.
Quede femmes oncroitcharmantes;
Quel'onprendpourdes innocentes...
Aupremiercoupd'oeil.
inOlSIÈME COUPLET.
Aupremiercoupd'œil, Malgrétoutl'orgueil
,
Denosdanseurslesplusingambes, Nevousflezpas à leursjambes,
Aupremiercoupd'œil.
{Onsonne.)
Ellesonne!... Est-cequ'elle ne trouve pas cequ'il faut'?., vousverrezquejevais être obligée do luimontrer
comment
ons'habilleenhomme
!...{Elle se dirige vers la chambre.)SCÈNE
XIII.HORTENSE, GALOT.
GALOT, arrivant encatimini.
Madame!... Madame!...
HORTENSE.
Eh
bien! Est-cequetuas aperçula voiturede M.de Méran?GALOT.
Non, madam^e, rien sur laroule... Mais de laterrasse où
20
RECULER POUR MIEUX SAUTER.
j'étaisenfaction pourvoir si je voyaisvenir monsieurvotre- oncle,je
me
suis retourné machinalement vers lapetiteporte dupotager qui donnesurleverger, prèsde l'espalieroùsont lespêchers...En
regardantlepigeonnier a côtédu grenier...ic
me
SUIS écriétoutpctrilié:Ah
1saprediéIHOUTE-NSS.
Eh
bien?CALOT.
C'étaitr^VJIcmande,labaronne... la
dame
q<ii empêche de rire.HOrtTENSE.
Après?
GALOP.
Madame,
vous neme
croirezpas...IIORTENSE.
Sois bref!
GALOP.
Jesuissûrque vous ne
me
croirez pas, carmoi-même
jo croisquejeneme
croispas.noRTENSE,impatienléc.
Va
donc1GALOP.
Elles'habillaiten
homme
sauflerespectqueje vousdois...ellemettaitsa cravatte.
IIORTENSE, avecforce.
Puisquec'estconvenu,imbécile!
GALOT.
C'estconvenu,imbécile? IIORTENSE.
Oui,c'estconvenu!...Pour
un
instantellevaêtreunhomme,
afinde
me
donnerunéchantillonde sonfrère.GALOT.
Ah! vousvoulez avoirunéchantillond'homme. (Apart.)Elle m'ena déjàdonné un fameuxd'échantillon
d'homme
!(Onsonne.) IIORTENSE.
Encore!ellea besoin de quelquechose.
GALOT.
Oui,
madame,
je crois qu'elle abesoinde quelque chose...sans celaellenesonnerait pas.{Onsonne.) HOR-TENSE.
Ilfautvoir.
GALOT.
Elle (raite lasonnette
comme ma
joue!... Je vais voir,ma-
dame.(//faitun
pas verslachambre.)IIORTENSE, Varrêlant.
Oh
!non, non.Ilestplusconvenable quecesoitmoi-même.{Elleva pourentrer clanslachambre, Hectorparaît.)
SCENE XIV.
ilHORTENSE.
enfemme,HECTOR,
enhomme,GALOT/
iiECTOn,entre enpassant sonhabit.
Ati! monsieur Frédéric... vous m'avez laissé habillertoute seule1
IIOUTENSE.
Pardon, chère baronne...j'allaisentrer!
iiECTon, àpart.
Diable1j'aimalfaitdesortir...
GALOT,
Mon
Dieu!oui...j'accouraispourvousaider;moismonsieur...a trouve plusconvenabled'yallerelle-même.
IIECTOU.
C'estquochétaisembarrassée pourarranger ces vôtemeritsI
GALOT, àpart.
Ellea pourtant bienmistoutça à sa placeI
iiEGTOU, àIlortensc.
Est-cequecet
homme
varesterlà? IlOUTENSE.Ne
faitespasattention.IIECTOU.
Chaime mieuxêtreseuleavecvous.
IIOr.TENSE.
<ialof,sortez!
GAI.OT.
Je voudrais pourtant bien voirlacomédie!
iiECTon,à Gaiot."
Sortez,
bonhomme.
GALOT, àpart.
Oui,
bonhomme
I tu l'as jolimenttraité enbonhomme!
(Il metsamain sur sa joue. Basà Horlensc.)Si j'étaisde vous,madame,
jenome
fieraispas à cetteft;mmc-là...***[Ilsort vite surungested'impatience d'Horlenseetrépète.) Si j'étaisdevous,madame,
jeneme
fieraispas àcettefemme-là.SCÈNE XV.
HORTENSE,
enfemme,HECTOR,
en hi>mme.IIECTOU.
EnfinnousvoilàenprésenceI
*Galop, Horlensc, llertor.
" llorteiise,Galop,Ilettor.
*" Hector, Uortciian,
22
RECULER POUR MIEUX SAUTER.
nOUTENSE.
Jevousattends ialrépidement, monsieur.
HECTOn.
Et moi,je vaisvousattaquer carrément,
madame
!nORTENSE.
Vousbattrezenretraite.
llECtOU.
Peut-être...etd'abordchévousavertisque
mon
frèrevase iprésenter dans un de cesmoments
exceptionnels dont jovousaiparlé.(//va àlaportedufondetsimule sonentrée.) iiOKTENSE, souriant.
jNïercidel'avertissemenL
iiEGTon, delaporte.
Je vaisvousattaquercarrément, IIORTENSE, o elle-même.
Nous
allonsvoir.HECTOR,àlacantonnade.
Non,non,c'est inutile, jem'annoncerai
moi-même
!(S'avan- çantetsaluant.)Madame,
iln'estpas besoin deme
direqueje suisdevantlachâtelainede cecastel... la noblesseetlagrâce quibrillentdanstoute votre personne,vousonlnommée.
IIORTENSE,àpart.
Elle est mieux en
homme
qu'enfemme!
(Haut.) C'est monsieurHectorde Méran,jecrois,quej'aiThonneurde rece- voir?HECTOR.
Lui-même... et je
me
félicite... que la première personno qui frappemes regards, soitprécisémentcelle quemon
cœur désiraitleplus rencontrer!HORTENSE.
Danscecas, il estrarequela personnequ'on rencontre ré- ponde pleinementà l'idéequ'ons'en étaitfaite.
HKCTOR.
Jevousjure quelapersonne répondparfaitementàtout ce que
mon
imagination attendait dejoli!IIORTENSE, étonnée.
Alî! (.4pari.)C'est singulier...ellea presque la voix d'un homme... elle a
même
perdu ce petit accent allemand... C€cM...elle dit :jevousjure,
comme
unfrançais.HECTOR,aoecfea.
C'estqu'ilfautavouer quejejoue de bonheur!...carenfir je
me
trouvaispresqueengagépar des parents, des amis, dr un mariage,sans connaîlrcma
fiancée,autrement quepar récits,desondit!...llOr.IE.NSE.
Etqu'est-cedoncquel'onendisait ?
SCÈNE XV.
23 iiECTOu,avecgrâceetsentiment.Air:Resta,restez,troupeJolie.
Ondisaitquejamaiapersonne
,
Plus qu'elle n'aura ce quiplaît; D'aimer, disait-on, l'heuresonne, Quanddevantsesyeuïonparaît, Ettoutchezelleestunattrait...
D'après ce qu'ondisaitsans cesse, Je croyaisleportraitflatté...
[Mouvementd'Bortense.) Mais en vous voyant,je confesse, Quel'ondisaitlavérité!
Hor.TENSE,àpart.
Ellene tourne pas mal le madrigal pour une allemande...
(Haut.) Ainsi monsieur, cemariage?..,
HECTOR,résolument.
A
quandlanoce,madame
?HOUTENSE,souriant.
La noce!
»
Aird'ADAM.
<je jour-là,pourvotreflamme,.
N'est pas encorevenu!
IlECTOr..
Quece jourdumoins,madame, D'avancemesoitconnu!
Ilfautqu'onnousmarie.
Formonslesplusdouxnœuds! Siloind'être attendrie, Vousrejetezmesvceui
,
C'enestfaitdemavie!
HOUTENSE,àpart.
Un hommenediraitpasmieux!
HECTOÎl.
Disposez demavie!
iior.TENSE,àpart.
Quelhommediraitmieux!
ENSEMBLE.
HORTENSE, àpart.
Maisc'estàs'yméprendre!
Oncroiraità l'entendre.
Quel'amantleplustendre Est décidémentlà.
Quelnaturelellea!
C'est tout-à-fait cela!
Calcela!
C'est cela!
34
RECULER POUR MIEUX^SAUTER.
iiECTon,àpart.
Elle veut sedéfendre;
Maisilfaudra se rendre!
Carmonaccentesttendre.
Ellem'écoutera.
Jel'étonnédéjà!
C'est tout-à-fait cela! C'est cela;
C'est cela!
IlOUTENSE, passantàdroite.
Non
!monsieur,vousavezbeaudire jenecrois pas.., HECTOR.Mais
madame
jevousjureI...IlOr.TENSE.
Non,non,jenevouscroispasI
Mêmeair.
r>emc3refus,quoi!Ie3suites Causeraient votre trépas!
Malgréceque vousmedites.
Tourvous, jene tremble pas!
HECTOii.avecfeu.
Croyeiàmonlangage• Amestendresaveux!
Del'amour qui m'engage,
(Lm
prenantlamain.) Surlamain quejeveux,Jedéposelegage...
(//luibaise lamain.) iiouTENSE,àpart.
Un hommeneforaitpasmieux!
HECTon,laibaisantunesecondefoislamain.
Je répètelegage!
iioUTENSE,àpart.
Quelhommeferaitmieux!
ENSEMBLE.
iior.TENSE, ôpart. iiectou,àpart.
Ah!c'estas'yméprendre, Elleveut se défendre,
Etc.,etc. Etc.,etc.
HOUTENSE,reprenant sonrôlede Frédéric.
Votrefrèreneparleraitpasainsi,
madame
IHECTOR,reprenantsonrôled'Allemand.
Bardonnez-nioi,monsieur!... ohé suis incapable de psr^r autrement quelui.
SCÈNE XV.
23 IIOUTENSE, demême.Eh
Ibien!... continuons nosrôles... {reprenant le tond'une dame.) Vousme
trouvezquelquesattraits,monsieur?....c'est bienI... maismon
humeur,mes
goûts,mes
penchants,savez- vouss'ilsseront d'accordaveclesvôtres?...iiECTon, avecunefranchise comique.
Jele saisàn'enpas douter...Vous donnerezle tonet je le prendrai.
UOUTENSE,avecdépit.
Maisvous, qu'onm'aditsicalme!siraisonnable,siflegma- tique! passez moi le
mot?
HECTOR.
Jovous le passe,
madame
1 Je vous passerai tout ceque vousvoudrez.IIORTENSE.
Poarrcz-vous tolérer les jeux, les plaisirs,les folies d'une parisienne?
HECTOR,uivcmcnf.
Oh! non, non,madame...jeneles toléreraipas!
HORTENSE, àpart.
Ah
!enfin!HECTOR.
Jelespartagerai!
HORTENSE.
Ah
!..ouil.. dans vosbonsmoments, où.vousserezcomme
àprésent?
HECTOR.
Jeseraitoujoursdanscesmoments-la.
HORTENSE,plusanimée.
Mais, monsieur, jaimo laniusique!...je chante!
HECTOR.
Jovousaccompagucrai:jetouchedupiano!...Qu'est-ce qui ne touchepasdupiano?
HORTENSE,plusvivemcut.
Jejouelacomédie...ensociété!... dans lefaubourgSaint Germain.
HECTOR,avec exclamation.
La comédieI
HORTENSE,àpart.
Celtefoisçalechoque!
HECTOR.
VousjouezlacomédieI
HORTENSE.
J'apprends en ce
moment
le rôlede Célmièn".26
RECULEU POUR MIEUX SAUTER.
HECTOR.
Jeseraivotre Misantroplie.
iiORTENSE,surprise.
Vous
serez?...Non,vousne m'aimezpascommeilfautquel'onm'aime!
HECTOR.
Ah!rien n'estcomparableàmonamour extrême!...
iiORTENSE,à part.
Ellearépliqurtatout...{Haut.)Maislemariage!...monsieur!., le mariage!...sirarementouestheureux...rappelez-vous tout ce qu'on endit.
HECTOR.
Oui...oui... je sais!...je saisi...
Air deLausun.
Quedefoiâona plaisanté Surlejouroùl'onse marie!
Combienn'a-t-onpas répété:
C'estlemauvaisjourdelavie!
Malgrétousces jeuidel'esprit,
Lemauvaisjour, jeledéclare, {Avec sentiment.)
N'est paslejouroùl'on s'unit...
C'estlejouroùl'onsesépare!
iiORTENSE, avec émotion.
Monsieur... {screprenant, enhomme)êtes-vous sûrequevoire frère?...
HECTOR.
Mon
frère...monsieur...jesuistout-à-faitson écho!HORTENSE,reprenant sonrôledefemme.
Eh
bien1monsieur...jevoisbienqu'ilfaut toutvousdire.HECTOR.
C'estcela! oui,dites-moi tout!.. {Apan.)Qu'est-cequ'elle va donc
me
dire?HORTENSE, timidement.
J'aime!...
HECTOR,vivement.
Vous
aimez?...(.4part)Sapristi!HORTENSE.
J'aime...
HECTOR.
J'aibienentendu!
HORTE.NSE.
J'dimeavec passion.,, lascotlich!...lapolka!
SCENE XV.
27 HECTOR.Lascollichl lapolkaI Moiaussi je lesaime!...
(V
invitant.)Madame
veutellebienme
faireThonneur?...HORTENSE, pendantquilluiprendlamain.
Pas
moyen
de m'endébarrasser...(L'orchestre part,ilsdan- sent)Oh!maisc'estinconcevable!jamaison ne m'afaitmieux danser?HECTOR.
Et la polka... tenez madame...
Mouvement
vif, pressé...comme mon cœur
!...HORTENSE, touten polkant.
C'estétonnant!
HFXTOR, toujours polkant.
Vousvoyez,madame?... avec vousriennem'arrête]!
HORTENSE,le quittant.
Eh
bienIjem'arrête moi... (Elledescendlascèneetditavec cdère.) C'estindigne... c'est affreux... pouvais-je m'attendreà ce quim'arnve?(.4Hector.)Vous avez trompema
bonnefoi...madame...
Madame,
vousêtesunhomme.
HECTOR.
Jelesavais...maisvous!quelleduplicitéI vousavezabuse de
ma
candeur... monsieurFrédéric. Monsieur,vousêtesunefemme
!HORTENSE.
Jenel'ignoraispas,
HECTOR.
Oh
Imais...alors... puisque nous nous connaissonscom-
plètement,nous pouvons continuer notre conversation... en avantlapolka!{L'orchestrepaH
et ilssemettentàpolker.)SCÈNE XVI.
Les Mêmes,
GALOT,
lesvoyant polker.CALOT.
Madame...monsieur... Votre oncle qui arrive parla'grilledu parc1
HORTENSE,sansquitterHector.
Mon
oncle!HECTOR,sansquitterHorlcnsc.
Notreoncle1ilarriveà point.
CALOT.
Non!
ilarriveà pieds...quefaut-ilquejelui dise?...HECTOR, lalançant avec Hortcnse.
Demande
àma
femme.JIORIENSE,à Galut.
Demande
àmon
maii28
RECULER POUR MIEUX SAUTER.
GALOT.
Voir'mari?...quandjevousdisaisque vousreculiez...pour mieuxsauterI
iiEGTOK, toujourspolkant.
Galot,tuas raison, tupeuxrire...
GALOT,àpart.
L'échantillonluiconvient.(Haut.) Voilà votre oncleI
IIOUTENSE.
Allonstrouver
mon
oncle! {Ilssortent en polkant. Galotles imite.)CALOT, lessuivantendansant.
Au
galop!Forteà l'orchestre.
(Le rideautombeen
même
tempsqu'ilsdisparaissentpar laportedufond.)FIN.
CIcrmoD".(Oiir").—Iipp. A.D.ux,rue!eCondé,