• Aucun résultat trouvé

La réussite en licence

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "La réussite en licence"

Copied!
20
0
0

Texte intégral

(1)

ACTUALITÉ

DOSSIER

La réussite en licence

p.6

Transition

pédagogique p.17 ÉCHO Fonction

publique p.4

La réussite en licence

Le magazine du SNPTES pour la défense du service public - Décembre 2017

N°4

(2)

Comme plus d’1,5 million de Sociétaires, faites confiance à la CASDEN !

CASDEN Banque Populaire - Société Anonyme Coopérative de Banque Populaire à capital variable. Siège social : 91 Cours des Roches - 77186 Noisiel. Siret n° 784 275 778 00842 - RCS Meaux. Immatriculation ORIAS n° 07 027 138 BPCE - Société anonyme à directoire et conseil de surveillance au capital de 155 742 320 €. Siège social : 50 avenue Pierre Mendès France - 75201 Paris Cedex 13. RCS PARIS n° 493 455 042. Immatriculation ORIAS n° 08 045 100 - Illustration : Killoffer.

Rendez-vous également sur casden.fr L’offre CASDEN est disponible

dans les Délégations Départementales CASDEN et les agences Banques Populaires.

Suivez-nous sur

(3)

3

L e s c a h i e r s d e l a r e c h e r c h e e t d e l a f o r m a t i o n | D é c e m b r e 2 0 1 7 Banque coopérative créée par des enseignants, la CASDEN repose sur un système alternatif

et solidaire : la mise en commun de l’épargne de tous pour financer les projets de chacun.

Comme plus d’1,5 million de Sociétaires, faites confiance à la CASDEN !

CASDEN Banque Populaire - Société Anonyme Coopérative de Banque Populaire à capital variable. Siège social : 91 Cours des Roches - 77186 Noisiel. Siret n° 784 275 778 00842 - RCS Meaux. Immatriculation ORIAS n° 07 027 138 BPCE - Société anonyme à directoire et conseil de surveillance au capital de 155 742 320 €. Siège social : 50 avenue Pierre Mendès France - 75201 Paris Cedex 13. RCS PARIS n° 493 455 042. Immatriculation ORIAS n° 08 045 100 - Illustration : Killoffer.

Rendez-vous également sur casden.fr L’offre CASDEN est disponible

dans les Délégations Départementales CASDEN et les agences Banques Populaires.

Suivez-nous sur

4 Actualité

Fonction publique p.4

6 Dossier

LA RÉUSSITE EN LICENCE

Partie I Un enjeu majeur de l’université

du XXIe siècle p.6

I. Le plan réussite en licence p.7 II. Le bilan négatif du plan réussite licence p.8 Partie II Une nouvelle réforme :

le Plan étudiants p.12

I. Les points de convergence p.13 II. Les points de divergence p.14 À ce jour, que penser de cette réforme ? p.16

17 Écho

Transition pédagogique :

les établissements de l’enseignement supérieur

sont sur tous les fronts ! p.17

Depuis son arrivée à la tête du pays, le nouveau président Emmanuel Macron a entamé une série de réformes menées rapidement par ordonnances pour la plupart. Chaque ministère y va aussi de sa réforme ou ajustement de décisions. Nos deux ministères de l’éducation nationale, et de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation ne font pas exception. Deux grandes réformes sont entamées dès cet automne, et sont très intégrées l’une à l’autre puisqu’il s’agit de la réforme du baccalauréat et du premier cycle universitaire.

Pour le SNPTES, la nécessaire évolution d’une société des connaissances, par l’augmentation de la réussite des élèves au premier diplôme universitaire qu’est le bac, ne peut être vue sous la seule forme utilitariste économique mais plutôt sur l’aide et une orientation voulue par et pour l’élève. Tout doit être fait, en termes de moyens d’accueil, qu’ils soient humains, virtuels et immobiliers pour que l’élève devenu étudiant puisse suivre la formation qu’il désire avec les plus grandes chances de réussite. Cela ne peut se faire avec une quelconque sélection qui écarterait alors une frange non négligeable de jeunes, le plus souvent issus de milieu non privilégié.

La fonction publique n’est pas en reste avec une grande consultation lancée également en novembre, avec pour objectif affiché une simplification et une modernisation menées tambour battant. Là aussi, que ce soit pour les usagers comme pour les agents publics, rien ne pourra se faire en visant uniquement les économies budgétaires à réaliser. Ni même en voulant donner au secteur privé des actions réservées à la seule fonction publique. Il est d’ailleurs intéressant de lire le dernier rapport de la cour des comptes sur les Partenariats public/privé (PPP) dans le secteur de la justice (constructions de nouvelles prisons). Financement 3 fois plus cher et 50% de plus dans les coûts de constructions quand le secteur privé construit… Ces chiffres se passent aisément de commentaires.

Le secteur public est finalement plus performant là aussi…

Ce sont là les effets à court terme, car à long terme, c’est une véritable bombe à retardement pour les générations futures dans 30 ou 50 ans. Cela devrait amener nos responsables actuels à se poser les bonnes questions en oubliant les dogmatismes anti fonction publique d’une part de leurs représentants…

Au nom du SNPTES,

je vous souhaite une bonne année 2018 !

SOMMAIRE

MAGAZINE

Magazine “Les cahiers de la recherche et de la formation“du SNPTES - 18, rue Chevreul - 94600 Choisy le Roi - Tél. : 01 48 84 08 62 - Fax : 01 48 84 11 10 Site Internet : http://www.snptes.org - Espace de discussion : http://forum.snptes.org - Courriel : secretariat@snptes.org

Directeur de publication : Laurent Diez - Rédacteur en chef : Alain HALERE - Conception, infographie & Réalisation : SNPTES Photos & dessins : SNPTES - - Galerie Fotolia.com

Impression : « Fem Offset » 6, rue Guy Môquet, 94600 CHOISY-LE-ROI / 2e ANNÉE - Le prix du numéro est compris dans la cotisation syndicale - CPPAP 0621 S 08479 - Décembre 2017 Laurent Diez,

secrétaire général du SNPTES

(4)

FONCTION PUBLIQUE

De plus, la volonté de baisser le nombre de fonctionnaires a en- core été rappelée vivement par le chef du Gouvernement, les priori- tés affichées devront d’ailleurs se faire à effectif constant, sauf dans la police et l’armée. Malgré sa promesse de candidat de contre- balancer la hausse prévue de la Contribution sociale généralisée (CSG) par des baisses de charges sur les salaires avec au final un gain de pouvoir d’achat pour l’en- semble des salariés, on ne peut que constater qu’au final, les fonc- tionnaires ne sont pas des sala- riés comme les autres puisqu’ils ne bénéficieront pas d’une hausse de salaire, l’augmentation de la CSG étant tout juste compensée.

À cela vient également s’ajou- ter le report d’un an des accords Parcours professionnels carrières rémunérations, qui impacteront là aussi le pouvoir d’achat des fonc- tionnaires concernés. Le retour du jour de carence, supprimé en 2012, est une vexation supplémen- taire à l’égard des fonctionnaires,

du pur dogmatisme qui va à l’en- contre d’une politique de santé vé- ritablement responsable.

Pour tenter de changer l’image anti-fonctionnaire donnée par l’ensemble de ses décisions, le Gouvernement lance alors deux chantiers simultanés, l’un à visée usagers et personnels des trois versants de la fonction publique et l’autre pour donner une orien- tation visant à réformer la fonction publique d’ici 2022.

Le forum, www.forum-action- publique.gouv.fr, a

pour but de « ré- affirmer l’attache- ment des citoyens aux valeurs du service public », dixit les ministres en charge de cette action. Bien en- tendu, les résultats d’un tel forum, qui sera fermé fin février 2018, ne se- ront valables que si un grand nombre d’agentes et d’agents des trois versants de la fonction

publique se mobilisent pour y parti- ciper. N’oublions pas non plus que nous sommes aussi des usagers du service public auquel nous ap- partenons et qu’il convient éga- lement d’y répondre dans cette partie réservée afin de ne pas lais- ser la parole à celles et ceux qui dénigrent en permanence la fonc- tion publique, ses personnels, tout en vivant allègrement de la manne publique…

En concertation avec les organisa- tions représentatives au niveau

du Conseil commun de la fonction publique (CCFP), il a été choisi 5 thèmes sous le titre : agents de la fonction publique, donnez votre avis ! Le Gouvernement es-

quisse d’ailleurs dans ce forum des premières pistes de réflexion, ce qui ne présage cependant en rien ce qui sor- tira de ce forum.

LAURENT DIEZ -

secrétaire général du SNPTES

La campagne électorale présidentielle avait été l’occasion pour certains candidats, dont le futur président, de programmer une cure sévère aux trois versants de la fonction publique dès leur entrée en fonction.

Cela ne s’est pas fait attendre puisqu’un premier rectificatif budgétaire avec la suppression de 850 millions d’euros de crédits sur 2017 a été engagé.



(5)

A c t u a l i t é 5

Le thème 1 concerne les attentes des per- sonnels du service pu- blic (notamment sur la laïcité, la continuité du service, l’intérêt géné- ral, la protection des plus faibles, l’égalité ter- ritoriale…), avec des questions insidieuses en cours de réponses telles que « Quelle(s) mission(s) actuellement conduite(s) par le service public pourrai(en)t selon vous être confiée(s) à d’autres acteurs (entre- prises, associations, ci- toyens) ? » où cela sent aussi le sens que sou- haite donner ce Gouvernement à ces consultations.

Le thème 2 est sur l’attractivité réelle ou supposée de la fonc- tion publique, sur ce qui donne envie d’y travailler, sur la rendre plus attractive, sur l’adaptation du recrutement et sur l’image même de la fonction publique.

Professionnaliser les épreuves des concours, développer des outils de préparation à l’ensemble des concours de la fonction pu- blique, développer la communi- cation sur les voies d’accès à la fonction publique et sur la diver- sité des débouchés et adapter le recours au contrat pour des be- soins spécifiques des services pu- blics, mais aussi l’organisation et une culture de travail qui corres- pondent moins aux attentes des nouvelles générations font partie des premières pistes lancées par le Gouvernement pour le débat.

Le thème 3 est sur les parcours professionnels qui devraient être

plus riches et plus diversifiés, pour connaitre une carrière réussie.

Comment accompagner les évo- lutions professionnelles, en amé- liorant la formation tout au long de la vie notamment, mais aussi com- ment rendre attractifs les territoires qui le sont le moins, et comment organiser l’accès aux responsabi- lités, donc aux promotions ? Ce sont des questions essentielles pour les personnels. Et c’est cer- tainement sur ce thème que les at- tentes sont les plus fortes du côté des fonctionnaires.

Le thème 4 est centré sur la res- ponsabilité des employeurs (état, hôpitaux et collectivités territo- riales) vis-à-vis de leurs agentes et agents notamment sur la qualité de vie au travail et à l’innovation.

Conditions de travail, cohésion des collectifs de travail, participation des personnels à l’amélioration du service public, reconnaissance de l’investissement professionnel et une meilleure reconnaissance des qualifications et des responsabili- tés. Les premières pistes de ré- flexion mènent le Gouvernement à s’interroger sur les différentiels de rémunération existant entre les dif- férents corps et catégories suivant leurs ministères d’appartenance.

L’accent est d’ailleurs mis sur une meilleure convergence des ré- gimes indemnitaires.

Enfin le thème 5 est centré sur la problématique des ressources humaines, sous son aspect ges- tion et accompagnement des per- sonnels mais aussi sur son aspect fonctionnel par une volonté, guère nouvelle, de posséder un outil de système d’information com- mun à toute la fonction publique.

Vœux pieux car la complexité des

situations des personnels des dif- férents versants de la fonction publique, mais également à l’in- térieur de chacun d’entre eux, ne peut permettre un système global commun.

Pour les usagers, le forum est li- mité à deux thèmes, un sur leurs propres attentes du service public, et sur l’attractivité de la fonction publique. Les pistes ouvertes par le Gouvernement sont les mêmes que pour les agents.

Sur toutes ces questions, le SNPTES a ses propres proposi- tions, qu’il renouvelle tous les 3 ans à l’occasion de son congrès.

Elles sont contenues dans une ré- solution générale sous les thèmes de la défense des services pu- blics et des personnels. Avec la Fédération autonome de la fonc- tion publique (FA FP), le SNPTES a participé à toutes les réunions concernant la préparation de ce fo- rum, mais a également été audi- tionné par le comité de pilotage du comité action publique 2022 (CAP 2022). Avec nos collègues des versants hospitalier et territorial, nous avons pu y défendre notre vision d’une nécessaire adapta- tion et modernisation de la fonc- tion publique, mais que celle-ci ne peut s’accompagner d’une restric- tion de moyens et vue sous le seul angle d’économies budgétaires réductrices et à terme créatrices d’inégalités encore plus fortes entre citoyens.

Le SNPTES et la FA FP restent cependant très vigilants quant aux conclusions que ti- rera le Gouvernement de ces consultations.

(6)

En 1970, 20 % d’une génération obtenait le baccalauréat. Quarante ans plus tard, c’est désormais plus de 70 %. Cette massification du secondaire a eu d’importantes ré- percussions sur l’université. Les changements ont été tout autant quantitatifs que qualitatifs.

Sur un plan quantitatif, depuis les années 60, les effectifs ont été multipliés par huit dans l’enseigne- ment supérieur. Les diplômés de l’enseignement supérieur sont dé- sormais 44 % de la population des 25-34 ans (+3 points par rapport à la moyenne de l’OCDE).

Sur le plan qualitatif, l’université a vu arriver de nouveaux publics étudiants ; les bacheliers profes- sionnels et technologiques re- présentent aujourd’hui 22 % des inscrits à l’université. La « diversité du monde étudiant » (O. Galland) ou le « monde atomisé » (F. Dubet) décrit par les sociologues té- moignent de l’apparition de ces nouveaux publics étudiants.

Cette « montée en études » de la population française cache des inégalités importantes entre caté- gories socio-professionnelles.

■ En effet, les enfants d’ou- vriers continuent de moins accéder aux études supé- rieures que les enfants de cadres : 1/3 des étudiants ont des parents cadres alors que 11 % des étudiants sont enfants d’ouvriers (23 % des jeunes de 18 à 23 ans ont des parents ouvriers) ;

■ L’accès aux différents types de formation varie en fonc- tion de l’origine sociale des élèves : les enfants de cadres sont surreprésentés en classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) ou dans les écoles normales su- périeures, les enfants d’ou- vriers sont plus présents en sections de techniciens supérieurs (STS) ou insti- tuts universitaires technolo- giques (IUT). À l’université les enfants de cadres sont surreprésentés en santé et en droit.

Enfin, l’échec en premier cycle uni- versitaire est un problème récur- rent voire endémique du système

universitaire français. Selon les données du MESR, 27,2 % des étudiants ont obtenu un diplôme de licence (générale ou profes- sionnelle) trois ans après leur première inscription en L1 en 2011-2012. 30 % des étudiants abandonnent le cycle universi- taire en fin de première année.

Ce constat impose à notre sys- tème d’enseignement supérieur d’évoluer pour, non seulement faire face à cette augmentation de la population étudiante, mais sur- tout en s’adaptant aux différents profils d’étudiants, en particulier en accompagnant les publics les plus fragiles.

Nous nous intéressons aux po- litiques mises en œuvre dans ce domaine en insistant sur le plan réussite en licence de 2007-2012 et ses effets mitigés avant de développer les pro- positions du SNPTES dans le cadre des concertations me- nées depuis septembre dernier avec le MESRI.



LA RÉUSSITE

EN LICENCE PARTIE I

UN ENJEU MAJEUR DE L’UNIVERSITÉ DU XXI

e

SIÈCLE

ÉLISE MARAIS -

Enseignante,chargée de mission au SNPTES

(7)

D o s s i e r 7

Depuis les années 90, les pouvoirs publics ont fait preuve de volon- tarisme pour lutter contre l’échec en premier cycle universitaire en mettant en avant la responsabilité sociale des universités dans l’ave- nir de la jeunesse française1. Le plan réussite en licence (détails dans l’encadré) a constitué une mobilisation importante de l’État pour réduire l’échec en premier cycle. Articulé avec une nouvelle

architecture des formations (nou- velle licence en 2011), le PRL cher- chait à mettre « la pédagogie au service de la qualité de la formation et de la réussite des étudiants » et à permettre l’adéquation entre formation et emploi. Dans cet ar- ticle, nous nous intéresserons à la question de la réussite à l’univer- sité davantage qu’à l’insertion pro- fessionnelle des étudiants.

Concernant l’amélioration des conditions d’orientation et d’en- trée à l’université, le PRL prévoyait la mise en place d’une démarche d’orientation active (article 20 de la loi du 10 août 2007 relative aux libertés et responsabilités des universités) : parcours de forma- tion en lien avec un projet d’in- sertion professionnelle (signature d’un contrat de réussite à la pré- rentrée), liens entre le secondaire et le supérieur (stages d’essai, ren- contres avec les enseignants du secondaire).

Le PRL s’inscrit dans la rénova- tion de la licence avec comme objectif d’améliorer la formation dispensée en licence pour facili- ter la réussite des étudiants2 :

■ L’offre de formation : le PRL impliquait la création de par- cours renforcés pour les étu- diants susceptibles d’être les plus fragiles, la concep- tion de formation avec une spécialisation tardive et des passerelles entre licence et licence professionnelle ;

■ L’encadrement pédagogique devait être renforcé pour être davantage individua- lisé : baisse des effectifs de TD/TP ; diminution de la part des cours magistraux princi- palement en L1 ; suivi per- sonnalisé par un enseignant référent ; réaffirmation du tutorat et développement du contrôle continu.

I. LE PLAN RÉUSSITE EN LICENCE

1 Dès les années 90, le tutorat est introduit de manière expérimentale et locale dans les universités. Il sera institutionnalisé par une cir- culaire d’octobre 1996 et un arrêté de 1997 puis réaffirmé dans le PRL (cf. ci-dessous). Il doit profiter aux étudiants qui en ont le plus besoin, sur la base du volontariat et dans le respect de l’autonomie des établissements.

2 Arrêté du 1/08/2011 relatif à la nouvelle licence - https://goo.gl/oEiyW7

PLAN RÉUSSITE EN LICENCE (PRL) DE 2008-2012 (DÉCEMBRE 2007)

Allocation pluriannuelle de crédits supplémentaires destinés à déve- lopper les actions en faveur de la réussite des étudiants en licence d’un montant de 730 millions d’euros sur 5 ans sur plusieurs piliers :

 rénovation de la licence générale ;

 développement de l’information et de l’orientation active ;

 implication des filières courtes.

Les objectifs du PRL étaient ambitieux :

 diviser par deux le taux d’échec en première année de licence en 5 ans ;

 atteindre l’objectif de 50 % d’une classe d’âge au niveau licence en 2012 (stratégie de Lisbonne) ;

 faire de la licence un diplôme professionnel.

Enfin, le PRL prévoyait un volet particulier relatif aux STS et IUT avec trois objectifs :

 articuler filières courtes professionnelles avec les filières géné- rales de l’université pour faciliter la mobilité des étudiants et leur réussite ;

 lutter contre l’échec des bacheliers professionnels et techno- logiques dans le supérieur, en particulier à l’université (priorité d’inscription de ces bacheliers en STS et IUT) ;

 revaloriser les filières professionnelles.

Le deuxième volet du plan (décembre 2010) a conduit à une généra- lisation des actions menées concernant la rénovation de la licence, l’élaboration de référentiels et le décloisonnement des quatre filières post-bac.



(8)

D’après le rapport 2012 du comité de suivi du PRL :

■ 96 % des universités ont ins- titué un tutorat pédagogique (non obligatoire) ;

■ 93 % ont mis en place un enseignant référent pour les étudiants de première année ;

■ 1/3 des universités ont pro- cédé à une diminution des ef- fectifs dans les groupes de TD dans tous les domaines disciplinaires ;

■ 94 % déclarent avoir di- versifié leurs méthodes d’enseignement.

Concernant l’orientation, on constate :

■ une multiplication des conventions entre universi- tés et lycées depuis 2015 ;

■ une spécialisation progres- sive en licence depuis 2014 ;

■ un développement récent de l’année de césure.

Au delà de ces données, le bilan du PRL établi aussi bien par les différents rapports institutionnels3 que par les études scientifiques4 est largement négatif. L’objectif principal de diviser par deux le taux d’échec en licence sur cinq ans n’est pas atteint.

Concernant sa mise en application, on constate qu’elle est très inégale sur le territoire dans un contexte d’autonomie croissante des uni- versités. Ainsi, le principe d’appel d’offres du PRL a conduit à une mise en place variable sur le terri- toire et à l’introduction de logiques différentes selon les universités.

Cela a eu pour effet d’accentuer la variabilité des conditions d’études

(caractéristiques majeures de la réussite des étudiants). Par ail- leurs, dans un contexte de rigueur budgétaire accentuée par l’autono- mie financière des universités, les fonds alloués par le PRL ont été attribués de manière limitée aux objectifs assignés. Comme le sou- ligne la cour des comptes, dans les conditions d’allocation de la dota- tion globale de fonctionnement, les crédits spécifiques au PRL ont pu se « fondre dans la masse ».

Ainsi, si les dispositifs institués par les pouvoirs publics afin de faciliter la réussite des étudiants sont en- cadrés par des textes généraux, leur mise en œuvre relève de l’ini- tiative des établissements.

Leur mise en application est d’au- tant plus empirique et disparate que l’autonomie des établisse- ments progresse. Il faut également souligner la charge de travail im- portante engendrée par ces dis- positifs pour les enseignants impliqués.

Concernant les dispositifs d’ac- compagnement pédagogique ou méthodologique, les recherches empiriques montrent que, souvent facultatifs, ils touchent rarement ceux qui en ont le plus besoin.

La question du caractère non obli- gatoire du tutorat est fondamen- tale (voir par exemple I. Borras): ce sont finalement les étudiants qui en ont le moins besoin en termes de capacités à réussir à l’université qui se portent volontaires à ce type

de dispositifs.

Le problème de l’orientation reste central pour expliquer le niveau massif d’échec en licence. Le projet personnel de l’étudiant n’a connu qu’un faible essor. Or, les études empiriques ont montré l’im- portance du projet professionnel dans la réussite en licence qui in- fluence également la motivation de l’étudiant. Par ailleurs, les filières courtes ont été insuffisamment ou- vertes aux bacheliers profession- nels et technologiques.

3Voir par exemple, le rapport de l’IGAENR et celui de la cour des comptes.

4 Voir, par exemple, A. Duguet et al. ou C. Perret et al.

II. LE BILAN NÉGATIF DU PLAN RÉUSSITE LICENCE



(9)

D o s s i e r 9

NOUS PROPOSONS ICI UN RÉSUMÉ NON EXHAUSTIF DES FACTEURS EXPLICATIFS

DE LA RÉUSSITE DES ÉTUDIANTS MIS EN ÉVIDENCE PAR CES TRAVAUX.

Passé scolaire Type de bac

Les bacheliers scientifiques réussissent mieux que les autres bacheliers.

Les bacheliers pro. et techno. ont moins de chances de réussir que les bache- liers généraux.

Mention Avoir une mention est associé à une meilleure réussite.

Âge Le fait d’avoir redoublé accentue le risque d’échec.

Boursier le taux de réussite chez les étudiants boursiers est parfois malheureusement moindre

Genre Les filles réussissent mieux que les garçons.

Effet site/

établissement Les étudiants dans les antennes univer- sitaires réussissent moins bien que ceux dans l’université « mère » car en général les antennes accueillent des étudiants de milieux plus populaires au projet uni- versitaire moins précis.

Choix de

l’orientation Le choix de la filière en fonction d’un projet professionnel permet d’accroitre les chances de réussite.

Motivation de

l’étudiant La motivation exerce une influence posi- tive sur les résultats aux examens.

Au delà du financement de nou- veaux plans, ces derniers devront s’accompagner d’une diffusion des bonnes pratiques dans l’ensemble

des établissements français pour permettre une homogénéisa- tion des conditions de la réussite étudiante.

Les « effets établissements/sites » doivent être limités le plus possible.

LES FACTEURS DE LA RÉUSSITE EN LICENCE MIS EN ÉVIDENCE PAR LES TRAVAUX SCIENTIFIQUES

De très nombreux travaux scientifiques ont été menés sur la question de la réussite en li- cence autant sous un angle sociologique que pédagogique (sciences de l’éducation). Les travaux de P. Bourdieu et J. C. Passeron ont montré que les facteurs sociaux et le passé scolaire expliquent la persistance d’inégali- tés scolaires dans un contexte de massifica- tion. Ils montrent que les inégalités scolaires ne sont pas fortuites ou liées aux différences de capacités des étudiants mais sont orga- nisées de manière systématique pour per- mettre la reproduction de la domination des héritiers au sein même de l’université.

Par la suite, de nombreux travaux s’inté- ressent à l’apparition des nouveaux pu- blics étudiants. Par exemple, F. Dubet et D. Martucelli mettent en évidence la diver- sité des figures de l’expérience étudiante.

A. Coulon montre que l’entrée dans la vie universitaire est un processus difficile dont chaque étape peut conduire à l’abandon. Il identifie trois temps : celui de l’étrangeté, de l’apprentissage puis celui de l’affiliation.

Enfin, des travaux plus récents s’intéressent aux différentes caractéristiques explicatives de la réussite étudiante. Pour une revue de ces derniers travaux, voir par exemple A.

Duguet, M. Le Mener et S. Morlaix. Si les premières études empiriques montrent le rôle des caractéristiques socio-démographiques des étudiants dans leur réussite, les travaux les plus récents se focalisent sur l’impor- tance de la motivation des étudiants (voir par exemple Lambert-Le Mener) et des pra- tiques pédagogiques.



(10)

■ « Parcours et réussite aux diplômes universitaires : les indicateurs de la session 2015 », Note Flash N°15, novembre 2016. https://goo.gl/WAZNaz

■ Arrêté du 18 mars 1998 relatif à l’organisation et à la validation du tutorat en premier cycle, https://goo.gl/b5bSyX

■ Rapports du comité de suivi du PRL

■ Plan pluriannuel pour la réussite en licence - docu- ment d’orientation du MESE https://goo.gl/cQEBVy

■ « Note relative à la mise en œuvre du PRL », Rapport de l’IGAENR, juillet 2010.

■ I. Borras, Le tutorat à l’université. Peut-on forcer les étudiants à la réussite ? Bref du CEREQ, août 2011.

■ C. Perret et al. « Essai de mesure des effets du plan réussite en licence », DT de l’IREDUE, 2012.

■ A. Duguet, M. Le Mener et S. Morlaix, « Les déter- minants de la réussite à l’université. Quels apports de la recherche en éducation ? Quelles perspec- tives de recherche ? » Spirale, 2016

■ S. Morlaix et B. Suchaut, Analyse de la réussite en première année universitaire : effets des fac- teurs sociaux, scolaires et cognitifs, Document de Travail de l’IREDU, 2012.

■ A. Duguet et S. Morlaix, « Les pratiques pédago- giques des enseignants universitaires : Quelle va- riété pour quelle efficacité ? », Questions vives, Recherches en éducation, 2012

■ P. Bourdieu et J.C. Passeron « Les héritiers. Les étudiants et la culture », 1964.

■ F. Dubet, « À l’école. Sociologie de l’expérience scolaire », 1996

■ A. Coulon « Le métier d’étudiant. L’entrée dans la vie universitaire », 1997.

RÉFÉRENCES :

Structure relationnelle de la réussite en première année universitaire

(Source : S.Morlaix et B. Suchaut)

(11)

L’excellence documentaire

pour le supérieur

UN NOUVEAU SITE INTERNET

PLUS INTUITIF

Utile pour former à la recherche documentaire, construire et animer mes cours

Pratique pour construire un dossier, s’appuyer

sur les fiches de lecture...

DROIT LIBÉRÉ POUR

UN USAGE PÉDAGOGIQUE CONSULTATION EN LIGNE

DANS L’ÉTABLISSEMENT ET À DISTANCE SITE ADAPTÉ À

TOUT ÉCRAN

RECOMMANDÉE PAR

contact et démonstration : education@universalis.fr • +33 (0)1 75 60 43 02

www.encyclopaedia-universalis.fr

Encyclopédie, atlas et dictionnaire

Une grande fiabilité : rédigée par des experts et éditée par des professionnels

Multidisciplinaire : art, sciences humaines et sociales, lettres, philosophie, histoire, économie, science politique, sciences de la Terre, géographie, biologie

Près de 30 000 médias : photos, vidéos, cartes, schémas…

Une Carte mentale dynamique pour

chaque article

(12)



La rentrée 2018 dans l’enseigne- ment supérieur sera donc marquée par la mise en place d’une nouvelle réforme. Pour rappeler rapidement le calendrier récent : après un été dramatique où près de 90 000 étu- diants n’avaient toujours pas leur affectation en juillet, le ministère a entrepris une large concertation dès septembre pour déboucher sur un projet de loi présenté le 30 oc- tobre 2017. Ce texte rejeté par le CSE le 9 novembre a ensuite été approuvé à une courte majorité par le CNESER le 13. Le projet entre désormais dans sa phase parle- mentaire et nous connaîtrons le texte définitif et les décrets d’ap- plications dans les mois à venir.

Le SNPTES s’est fortement im- pliqué dans les consultations en développant des propositions constructives pour l’ensemble des thématiques et a été force de proposition à chaque fois que

possible. Par sa volonté de né- gocier le SNPTES a défendu les communautés qu’il représente.

Ainsi, certaines positions du SNPTES (Post-bac : quelle ré- forme ? 1)ont été entendues et des points positifs semblent pou- voir émerger sur le fond de cette nouvelle réforme.

Cependant, de nombreux points restent source d’une très vive in- quiétude. Toujours sur le fond de cette réforme, le SNPTES identifie des points de vifs désaccords qui sont source potentielle d’une dé- gradation des conditions d’accès à l’enseignement supérieur. Plus dramatiquement, la mise en place imposée par le Gouvernement pour mettre en place cette nou- velle loi semble la conduire vers un échec inéluctable.

http://www.snptes.fr/IMG/pdf/snptes_reforme_postbac.pdf

LA RÉUSSITE

EN LICENCE PARTIE II

UNE NOUVELLE RÉFORME : LE PLAN ÉTUDIANTS

JÉRÔME GIORDANO -

Maître de conférences, secrétaire technique national au SNPTES

1 Post-bac : quelle réforme ? https://goo.gl/U3oXNM

(13)

D o s s i e r 13

I. LES POINTS DE CONVERGENCE



a. Le baccalauréat :

celui-ci ne joue malheureuse- ment plus le rôle de premier diplôme du supérieur et ne peut désormais être considéré comme l’unique prérequis pour une poursuite d’étude à l’univer- sité. Ce constat du SNPTES est partagé par le ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation.

Cette perte de crédibilité est le résultat d’une politique gouver- nementale, quelle que soit la majorité au pouvoir, qui sou- haite qu’une part toujours plus importante d’une classe d’âge soit diplômée sans donner les moyens au système éducatif de maintenir les exigences de ce diplôme. Les attentes se- ront très fortes sur la réforme du baccalauréat qui s’annonce.

b. L’amélioration de l’orientation des lycéens :

comme décrit dans la première partie de cet article, une partie de l’échec que nous observons en licence est imputable à une mauvaise orientation. Comme nous l’avons précédemment ex- primé, la mise à disposition d’in- formations sur les filières et les métiers qui y sont rattachés, re- vêt une grande importance. Dès la seconde, les lycéens doivent pouvoir bénéficier d’accompa- gnement dans la définition de leur projet professionnel afin qu’ils aient le temps de mûrir ce projet. Les défauts d’orien- tation peuvent être particulière- ment problématiques dans les

filières de licences dont les ma- tières principales ne sont pas ou peu enseignées au lycée.

On pense particulièrement ici aux licences en psychologie, mais aussi en sciences et tech- niques des activités physiques et sportives (STAPS) où les pro- grammes peuvent être fantas- més par les jeunes bacheliers Nous pensons également que parmi les filières de l’enseigne- ment supérieur, celles dispen- sées à l’université mériteraient d’être mieux connues des en- seignants du secondaire. Ainsi, proposer un meilleur dispositif d’orientation aux lycéens doit passer par un décloisonnement fort des communautés éduca- tives du secondaire et du su- périeur. Pour le SNPTES, il faut créer des lieux d’information et d’orientation, regroupant CIO et SCUIO, à destination non seu- lement des lycéens, étudiants et de leurs parents, mais aussi des enseignants des deux communautés.

c. L’individualisation des parcours :

pour le SNPTES, le moyen de maintenir l’accès pour tout ba- chelier à une formation de son choix, tout en lui donnant une chance réelle d’aboutir à l’ob- tention d’un diplôme, passe aussi par un diagnostic partagé entre l’élève et la communauté enseignante lui permettant de prendre conscience de ses la- cunes et ainsi mieux accepter

les dispositifs de remédiation.

Cette individualisation passe inévitablement par la définition des prérequis des formations.

Les prérequis ont durant, cette consultation, cristallisé une ex- trême et légitime inquiétude.

En effet pour le SNPTES, ces prérequis n’ont vocation qu’à construire des adaptations de cursus afin de combler les la- cunes potentielles des étu- diants. À titre d’illustration, on peut imaginer un bachelier professionnel voulant s’orien- ter vers une filière STAPS.

Celui-ci pourrait se retrouver, par exemple, en extrême diffi- culté dans les matières liées à la physiologie et anatomie du corps humain. Or cette inadé- quation entre formation initiale et prérequis peut être identi- fiée et des moyens de remé- diations peuvent être ainsi mis en place, favorisant d’au- tant la réussite de l’étudiant. Le SNPTES, qui sera particulière- ment vigilant sur ces aspects de la réforme,ne saura tolérer l’uti- lisation des prérequis détournés essentiellement à des fins de sélection !

d. Le recentrage des IUT et STS sur leur mission première : celle d’accueillir des bacheliers techniques et professionnels et de les conduire à une forma- tion courte fortement reconnue dans le milieu professionnel.

En effet, pour le SNPTES, ces formations, en quelque sorte victimes de leur succès,

http://www.snptes.fr/IMG/pdf/snptes_reforme_postbac.pdf

(14)

a. La non hiérarchisation des voeux :

les lycéens n’auront plus la pos- sibilité de hiérarchiser leurs vœux dès la rentrée 2018. Ils auront à formuler 10 vœux maxi- mum dans la nouvelle plate- forme informatisée Parcoursup, remplaçante d’APB. Le minis- tère considère cette nouvelle procédure comme « un point fort » et justifie celle-ci afin

« d’éviter les choix par défaut » (Cf. Plan Etudiant 3). Mais com- ment éviter un choix par défaut lorsqu’on interdit aux bache- liers de choisir ? L’impossibilité de hiérarchiser ses choix est pour nous un non-sens. Pour le SNPTES, aucune raison valable ne peut justifier un tel choix. Dans le meilleur des cas on peut s’attendre à une procé- dure d’affectation pire que celle de 2017, où ce jeu de chaises musicales provoquera un allon- gement dramatique des délais d’affectation. Dans le pire des cas, cette procédure conduira

à la constitution d’une bourse d’échange d’étudiants, où les établissements viendront faire leur « marché » dépouillant dé- finitivement d’un quelconque choix les lycéens. Encore une fois, un des facteurs principaux de réussite est l’appropriation par l’étudiant d’un projet pro- fessionnel et cette procédure rompt avec ce principe de choix et de motivation. Le SNPTES est donc très inquiet et sera extrêmement vigilant lors des prochains mois qui verront la mise en place de cette nou- velle procédure http://www.

snptes.fr/Nouvelle-procedure- d-admission.html.

b. Réforme du post-bac ou nouvelle réforme de la licence ?

Cette nouvelle réforme avait l’ambition de réformer l’accès aux études supérieures. Dans les faits, elle se concentre uni- quement sur des réformes structurelles à l’université. Or,

comme le SNPTES a pu le dé- noncer à maintes reprises, la licence est le lieu où l’État in- vestit le moins par étudiants et par année. Comme le montre le graphique de l’évolution de la dépense moyenne par étu- diant 4, les classes prépara- toires aux grandes écoles ont une dotation par étudiant 150%

plus élevée que celle attribuée à l’université. Ces chiffres sont en outre à relativiser car de- puis 2007 et la loi LRU, les dotations des universités en- globent les dotations des IUT qui sont plus élevées. Ainsi, la dotation moyenne réelle pour un étudiant en licence peut être considérée proche de 8000 € par an. L’État investit donc en- viron deux fois plus dans les for- mations en CPGE, formations sélectives, qu’en licence. Or, comme cela a été rappelé dans la première partie, le détermi- nisme social pèse grandement dans l’orientation des bache- liers, par méconnaissance du se sont éloignées de leur but

premier. En particulier pour les IUT, dont certaines filières très sélectives sont considé- rées comme des substituts aux CPGE, on constate que 85 % des étudiants poursuivent des études après l’obtention de leur diplôme. Parmi ces diplômés, près de 23 % obtiennent même un Master (Parcours et réus- site en STS, IUT et CPGE 2).

En outre, dans une normalisa- tion Licence/Master/Doctorat (LMD) des cursus, la question se pose de la durée de ces for- mations à bac +2. Le passage des IUT en trois ans et 180 ECTS, correspondant à cette logique LMD pour répondre aux standards européens, est pour nous une bonne chose à la con- dition qu’il se construise avec les équipes pédagogiques.



II. LES POINTS DE DIVERGENCE

2Parcours et réussite en STS, IUT et CPGE), https://goo.gl/JkhRpc

3 Plan Etudiant, https://goo.gl/QzFP3J - 4 La dépense déducation pour l’enseignement supérieur, https://goo.gl/Wzcmcz

(15)

D o s s i e r 15



système éducatif, par autocen- sure, etc. et peu d’étudiants des milieux défavorisés ont ac- cès aux CPGE. Ainsi, au tra- vers des licences, l’université a la charge de former les étu- diants les plus en difficulté avec les moyens les plus faibles de notre système éducatif supé- rieur. L’État doit valoriser ses formations universitaires et in- vestir autant dans la formation d’un étudiant en licence qu’en CPGE. Cette réforme aurait dû être le moment d’une réflexion transversale sur l’ensemble des formations du supérieur et l’oc- casion de dessiner un modèle plus équitable pour l’avenir.

c. La précipitation de la mise en œuvre de cette nouvelle réforme :

nous comprenons bien évidem- ment que suite aux ratages lar- gement médiatisés des années précédentes, une action forte était nécessaire pour la pro- chaine rentrée. Cependant, précipiter les lycéens et les communautés éducatives du secondaire et de l’enseigne- ment supérieur dans une ré- forme en cours d’année nous paraît problématique et risqué.

Ainsi, les lycéens concernés par une rentrée dans le supérieur en 2018 verront les modalités de poursuite d’études dans le supérieur changer au milieu de leur année de terminale. La pla- teforme de voeux, Parcoursup, devrait ouvrir en janvier alors que l’examen par l’Assem- blée nationale n’aura débuté que fin novembre. Les décrets

d’application seront sûrement disponibles pour les établis- sements qui auront à prendre en compte les différents profils des lycéens qu’en début d’an- née 2018. Cette précipitation est source de stress, non seu- lement pour les lycéens et leur famille, mais également pour tous les personnels qui devront mettre en œuvre les nouvelles procédures. Nos communau- tés éducatives sont à bout de souffle par manque d’investis- sement récurent de l’État. Le surcroit de travail induit par la mise en place de cette réforme dans un délai si court rend son application impossible.

Nous pensons que cette ré- forme aurait dû se faire en deux temps, avec une gestion tempo- raire du court terme pour évi- ter de reproduire la situation de la rentrée 2017, suivie d’une mise en place sereine de la ré- forme qui se serait appuyée sur une phase expérimentale sur quelques académies pilotes.

En voulant imposer cette ré- forme dans la précipitation et sans tenir compte de la réa- lité du terrain, nos pouvoirs pu- blics la conduise vers un échec annoncé.

Évolutions de la dépense moyenne par étudiant au prix 2015 (1980-2015p)

7 000 8 000 9 000 10 000 11 000 12 000 13 000 14 000 15 000 16 000

1980 1983 1986 1989 1992 1995 1998 2001 2004 2007 2010 2013 2015 povisoire

Université Ensemble STS GPGE

14 318

15 100

13 762

11 682 10 387 11 759

8 329

7 408

Euros France métropolitaine + DOM

(16)

Une orientation renforcée tout au long du lycée, une meilleure adéquation du profil du bache- lier avec la licence qu’il demande, un accom- pagnement des étudiants les moins armés afin qu’ils réussissent à l’université… Sur le papier, la réforme à l’entrée de l’université annoncée par le Gouvernement promet un ensemble de mesures qui doivent être saluées.

Cependant, le texte du projet de loi est très ouvert, voire vague, concernant la mise en œuvre de la réforme et seuls les décrets d’application nous donnerons une idée plus précise du degré de liberté laissé aux établissements, notamment sur la possibilité de pratiquer une sélection que nous combattrons. Le Gouvernement tente de manier avec doigté les zones d’ombre permettant d’affir- mer que le bachelier gardera le « dernier mot » sur son orientation. Il est vrai que tout valait mieux que le tirage au sort pratiqué jusqu’ici à l’entrée de certaines licences lorsqu’elles débordaient de candidats – en sciences et techniques des acti- vités physiques et sportives (Staps), psycholo- gie… – ce recours au hasard pour les départager constituait une loterie absurde. Attention, cepen- dant, à ce que ce « remède » au tirage au sort – qui a écarté quelque 10 000 candidats de leur premier vœu à l’université, sur près de 650 000 inscrits sur l’ancienne plate-forme d’Admission Post Bac (APB) – n’aboutisse à d’autres maux.

S’ajoute à cela une précipitation de la mise en place de la réforme qui, en plus d’être contre-pro- ductive par les risques qu’elle entraine, place les personnels dans une situation de travail intenable.

Enfin, il semble primordial de conclure sur les moyens alloués à cette réforme et plus générale- ment à notre système éducatif. Le Gouvernement propose une augmentation des moyens dédiés à l’enseignement supérieur d’environ 500 mil- lions sur 5 ans qui s’ajoutent aux 450 millions du Grand plan d’investissement (GPI) attribués sur projets pour la période 2018 / 2022. L’effort existe, mais il n’est malheureusement pas à la hauteur.

L’accroissement démographique de la popula- tion étudiante peut être estimé à environ 35 000 étudiants par an5. Si l’on considère une dotation attribuée pour chaque étudiant égale à 8000 euros / an/étudiant (ce qui représente, rappelons- le, une dotation très insuffisante), l’investisse- ment à consentir devrait être, au minimum, de 280 millions d’euros par an. Cet investissement à minima ne garantit pas pour autant la réussite des étudiants car elle ne tient pas compte des nou- velles missions induites par la réforme. Or, il est déjà supérieur de 90 millions comparés aux 190 millions par an proposés par le Gouvernement - en incluant le montant du GPI de manière auto- matique bien qu’il soit attribué par projet et donc non homogène sur le territoire.

On le voit, les raisons d’être pessimiste ne manquent pas. C’est la raison pour laquelle le SNPTES fera preuve d’une extrême vigilance lors de la mise en oeuvre de cette réforme dans l’intérêt des futurs étudiants et des personnels en charge de leur formation.

À CE JOUR, QUE PENSER DE CETTE RÉFORME ?

5 Les étudiants dans les filières de formation depuis 50 ans, https://goo.gl/WDmZDr

(17)

É c h o 17

Il y a quelques années, aucun ac- teur de l’Enseignement supérieur en France (ESR) n’aurait imaginé que les questions de pédagogie et d’enseignement occuperaient au- jourd’hui une place si prégnante dans l’actualité et dans les établis- sements. Pourtant, F. Taddei, di- recteur du Centre de recherches interdisciplinaires (CRI), récem- ment interviewé par le blogueur Olivier Rolot, explique que l’« ac- célération est mondiale avec des pays moteurs comme Singapour, la Finlande ou la Suisse qui font depuis longtemps de la recherche et du développement sur le sys- tème éducatif ». Certes, les univer- sités françaises ont du retard, mais elles le comblent à vitesse grand V.

UNE MOBILISATION GÉNÉRALE AUTOUR DE L’INNOVATION

Depuis 2015, les réformes et les cadrages ministériels déferlent

sur la sphère ESR : mise en place des accréditations, réforme de la sélection en Master et actuel- lement, le plan Etudiant pour les licences. Les établissements se mobilisent et font preuve d’inno- vation, en témoigne le nombre

d’articles parus dans la presse sur les classes inversées, le dé- ploiement des outils numériques, les pédagogies actives… Les manifestations autour de la va- lorisation de l’enseignement se multiplient et font la « une » :

CLAIRE FLANDRIN -

Ingénieur pédagogique chargée du déploiement de l’Approche-Programme à l’UFR Sciences

et Techniques, Université de Nantes



(18)

que ce soit les JIPES (Journées de l’Innovation Pédagogique de l’Enseignement Supérieur) or- ganisées par le Ministère ou le Think Education, ces évènements rassemblent des centaines de professionnels de l’ESR : ensei- gnants, enseignants-chercheurs, ingénieurs pédagogiques ou nu- mériques, gouvernants… et les ré- compensent à travers des prix à l’innovation.

FAIRE FACE AUX ENJEUX D’UNE SOCIÉTÉ EN CONSTANTE ÉVOLUTION En septembre 2015, le M.E.N.S.R.

publie un document d’orientation

stratégique intitulé « Pour une so- ciété apprenante », qui définit les principaux objectifs à atteindre pour les 10 années à venir. Les en- jeux sont primordiaux : comment répondre à la massification et à l’hétérogénéité grandissante des publics accueillis dans les univer- sités, quels sont les leviers pour favoriser la réussite en licence, comment adapter les cursus aux transformations majeures de notre société… Sophie Béjean, chargée de la rédaction de ce rapport in- siste sur le fait que « le niveau de qualification de la population est la clé de notre place dans la mon- dialisation, notre avenir dépend

de notre capacité à former le plus grand nombre ».

ACCOMPAGNER LA

TRANSITION PÉDAGOGIQUE Pour soutenir ces processus, le M.E.N.S.R.I a choisi d’investir sur l’innovation et l’expérimenta- tion via plusieurs types d’appels à projet : dans le cadre des pro- jets d’investissement d’avenir (PIA 2), la labellisation IDEFI ; plus ré- cemment, de nombreux appels à manifestation d’intérêt (AMI) ont financé des expérimentations sur des volets tels que l’innova- tion pédagogique, la formation tout au long de la vie ; enfin cette

(19)

É c h o 19

année, le 3e volet du PIA a per- mis de débloquer 250 millions d’euros consacrés au développe- ment des pédagogies dans l’Ensei- gnement Supérieur dans le cadre des « Nouveaux cursus à l’univer- sité » : 66 projets ont été déposés pour 17 lauréats représentant une trentaine d’établissements.

Grâce à ces moyens supplémen- taires venant en complément d’in- vestissements sur fonds propres, bon nombre d’établissements ont étoffé leurs équipes d’appui à l’en- seignement en recrutant des profils très variés (ingénieurs, techniciens, enseignants et enseignants-cher- cheurs) spécialisés en didactique,

en ingénierie de formation ou en technologie du numérique. Ce sont de véritables écosystèmes qui se mettent en place pour optimiser les compétences pédagogiques des enseignants. Véritable courroie de

transmission, ces services contri- buent à la mise en œuvre de la politique pédagogique des établis- sements en intervenant sur plu- sieurs niveaux : accompagnement collectif pour la transformation d’un diplôme ou d’une offre de forma- tion, conseil individuel au projet, formation pour le développement des pratiques, soutien technique et aide à la production de res- sources numérique. La Ministre, Frédérique Vidal, a d’ailleurs dé- claré le 17 Octobre 2017 lors d’un colloque organisé par l’Institut Montaigne, que « la formation des enseignants-chercheurs va jouer un rôle essentiel pour repenser la façon d’enseigner », « tout est à inventer ». Elle ajoute qu’il faut être en capacité de reconnaître dans les carrières l’investisse- ment et l’innovation pédagogiques au même titre que la recherche.

Ce sera peut-être le grand chan- tier de 2018.

■ ADMEE 2018 - 30e colloque de l’ADMEE-Europe - L’évaluation en éducation et en formation face aux transformations des so- ciétés contemporaines du 10 au 12 Janvier 2018 (Luxembourg).

■ Think Education et Recherche, du 30 au 31 Janvier 2018 (Paris).

■ 1er colloque international Usages du Numérique en Éducation - regards critiques (Institut Français de l’Education, sur le campus Descartes de l’ENS de Lyon.) du 22 au 23 Mars 2018.

■ Pédagogie et numérique : L’enseignement supérieur au défi de la mondialisation ? - Colloque international - Organisé par les laboratoires I3M/IMSIC (Université de Toulon et Aix Marseille Universités), CREM (Université de Lorraine) et Trans ERIE (Université Cadi Ayyad de Marrakech) - Du 28 au 30 Mars 2018.

■ AIPU 2018 - 30e Congrès de l’Association Internationale de Pédagogie Universitaire - L’enseignement supérieur et sa perti- nence aujourd’hui (Cotonou) du 21 au 25 Mai 2018.

■ Apprendre, Transmettre et Innover à et par l’Université - ATIU sai- son2 (Université Paul Valéry Montpellier 3) du 20 au 22 juin 2018.

■ JIPES 2018 (Automne 2018).

LES PROCHAINS ÉVÈNEMENTS PÉDAGOGIQUES À NE PAS MANQUER

Le portail d’information du Gou- vernement : www.supnum.gouv.fr

Le portail Educpro : www.educpro.fr

Le site de l’IFE (Institut Français de l’éducation) :

www.ife.ens-lyon.fr/ife

Un portail de ressources en lignes (Université de Lorraine) : www.netvibes.com/su2ip

Un blog pédagogique : www.innovation-pedagogique.fr

+

Pour se tenir informer :

(20)

snptes.fr

Soutenez l’action du SNPTES en adhérant en ligne :

http://goo.gl/iuXl9b

Comme toute association, le SNPTES a besoin de ressources financières pour fonctionner et exister. Il faut savoir que,

contrairement aux confédérations, qui sont fortement subventionnées par l’état, le SNPTES a comme principale source de financement les cotisations de ses adhérents.

Nous sommes très fiers d’assurer ainsi notre autonomie financière, gage de notre indépendance vis-à- vis de toute autorité hiérarchique et politique.

Adhérer au SNPTES , c’est participer au financement de nos actions d’information, de formation et de défense des intérêts collectifs et individuels des personnels.

Références

Documents relatifs

La réforme des rythmes scolaires vise à mettre en place une organisation du temps scolaire plus respectueuse des rythmes naturels d’apprentissage et de repos des enfants, afin

Vérification graphique : Utilisation de GeoGebra Il faut trouver la valeur du rayon du cylindre qui donne comme volume

«Le posltwnnement des universités québécoises, l'apport économique, la contribution des étudiants étrangers dans le développement du système

A2 : Peut décrire ou présenter simplement une image, une affiche B1 : Peut exprimer un avis, manifester un sentiment et donner quelques éléments simples de contexte sur

L’autre versant de la problématique était d’observer qu’au moment où dans la majorité des Universités d’Outre Mer et même chez nos voisins Tunisiens, le

Avec tamazight, nous avons l’exemple d’une langue en situation de minorisation sur le marché linguistique national, mais qui, cependant, a fait l’objet d’une

14 Conscients de ce qu’apporte le tutorat sur cette base, la présente recherche, de nature exploratoire, entreprend d’analyser les effets de la participation à un

Les universités ont été financées sur la base de leur réponse à l’appel d’offre du Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche ;