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QUATRIÈME PARTIE : L'HOMME ET LUI-MÊME

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Academic year: 2022

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QUATRIÈME PARTIE : L'HOMME ET LUI-MÊME

Le pantalon reboutonné je suis descendu. Sur mes cheveux des éclaboussures de matelas. Le corps las mais satisfait. Devant les latrines de l'entresol j'ai respiré. La porte était béante. J'ai poussé un peu plus. Un frémissement jeté. J'ai regardé dedans pour m'éblouir les yeux et trembler mes narines. Sur les parois des taches humides et des signes humains. L'hymne mural du secret. De quoi inciter à la pure jouissance. Pourtant j'ai quitté pour descendre.

Dans la rue j'ai vu un enfançon candide se tripoter innocemment sa minuscule pipine par une béance de la culotte. A doigts légers machinalement et sans y penser sans avoir l’air d’y toucher il se titillait son bout. Je m'éloignai en imaginant l'issue prochaine du jeu. Et je me dis c'est dans l'ordre cela aussi. Les enfants doivent apprendre. Il se branlotte en pleine rue. Tout à l'heure peut-être il sécrétera. Il ne comprenda peut-être pas et se cachera les mains et se sentira mal dans sa peau. C'est la règle. Moi j'ai appris. Jamais je ne me suis assouvi sur les trottoirs. Je me dérobe et m'occultise. Comme le serinerait une maman hareng à son petit : la masturbation ça rend saur. Moi je dirais plutôt : la masturbation ça rend souriant.

Mais les enfants doivent apprendre. La masturbation est l'expression première et fondamentale de la sexualité de chacun. C'est elle que l'on pratique dès que l'on arrive dans la vie et que l'on peut pratiquer jusqu'à la mort sans dépendre de quiconque. On à beau forniquer à mort et développer des contacts avec autrui, c'est toujours "ça" qui est primordial et reste essentiellement le summum de l'expression sexuelle. Il est d'ailleurs normal que sexe et main s'entendent si bien puisque ce sont les mêmes cinq gènes architectes qui déterminent les doigts et les organes génitaux dans notre ADN.

La rue pleure des pollutions atmosphériques. Pollutions diurnes. Rien ici-bas ne permet plus le rêve. Moi c'est au creux de mon slip que je résume le monde. C'est à ce point crucial que ma Terre doit tourner. Oui mon ventre se projette en avant et bondit. Le froid et le chaud ensemble. Il s'étire en lui des envies d'exister. Je veux accéder à la sagesse par le moyen du sexe. Ma bite est ma spiritualité mes couilles sont ma foi. De la pornographie à la métaphysique mon chemin se dessine. La grande faculté de créer me viendra de l'éjaculation. A la divinité je vais par la voie secrète de la jouissance. J'y serai peut-être un jour. La volupté me fait voler au septième ciel de l'Achèvement. Sur les poils de mon cul je chevauche la Sainte-Trinité. Jésus est mon noeud et mon foutre est son prophète.

J'ai le ventre qui démange. Le King-Kong ardent. Là oui là c'est là que le sang déferle. Ma chair se tend et durcit à la racine de la queue, la mignonne queue du devant. Là encore il faut agiter son goupillon dégoulinant d'eau bénite de mouille se désabsoudre battre sa coulpe pendant qu’elle est chaude. Oui oui vivement ce soir qu’on se touche. Vite une diversion. Une blague idiote n’importe quoi pour changer de sujet. Tiens le gag de l’obsédée de branlette : celle qui se saoule à la veuve clito. Et l'autre qui s'écrie "gode save the gouine". Non ça ne marche pas je n’ai pas changé de sujet. Un autre gag stupide vite. Un conseil de lecture : “Le pru, rite anal” ouvrage médico-psycho-ethnologique. Ou bien des proverbes des dictons tout cons : “Qui aime bien, chatouille bien” ou “Erection du matin, câlin, érection du soir, foutoir” ou “Où y a de l’érogène, y a du plaisir”. Non ça ne marche pas du tout c’est pire encore je suis de plus en plus excité. A ces pensées salaces je sens ma tebi tressaillir comme un petit oiseau dans son nid douillet de couilles poilues, son nid douillet son nid couillu turlututu. Y a-t-il rien de plus beau que de réveiller en douceur un sexe qui dort, d’abord par de légers titillements puis de le sentir palpiter sous sa main puis vibrer puis s’épanouir et puis enfin partir en gerbes. Y a-t-il rien de plus bon que de se réchauffer le spaghetti ramolli avant d’augmenter le feu pour finalement se faire bouillir la nouille à toute vapeur. Me revient en mémoire un poème d’adolescence écrit un jour de grande tempête sexuelle :

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Maintenant les rideaux noirs sont fermés Il sent ici bon le cul et la bite

Mes doigts sont fiévreux et tout enspermés Comme un salaud je bande et je m'excite

Mon zob entre les mains j'écarte fort les cuisses et j'apporte la joie à mes couilles qui glissent

Je mouille en transpirant les draps qui s'abandonnent Haletant je respire mes gros pets qui tonnent

Mon cul bombarde le néant et mes poils chantent le péan de la jouissance qui monte

entre mes doigts sans peur ni honte Rageur je me branle la pine

du gland violet à la racine et c'est si bon que je me vois rougir au miroir près de moi

Mais le poéme est resté inachevé. Pour toujours. Ah ! maintenant je suis tendu sans fin.

La gaule en bois massif. Vivement la quille oh ! la quille bordel oh ! astiquer sa quille bordel la quille. S'astiquer la culasse. Se manier le gourdin vite vite. Ne pas oublier oh ! ne pas oublier la branlette. Ne pas oublier l’éjaculation. Faire un mouchoir à son noeud. C’est un pic c’est un cap c’est une péninsule. Un manche comme le nez de Cyrano. Une bistouque pareille au nez de Pinocchio. Ma pine-au-cchio qui s’allonge quand j’ai de sales pensées. Il pointe de mon pubis une cathédrale. Les cloches vont se mettre à sonner.

C'est l'heure de la prière. Mes fidèles où sont-ils. Quelle charitable communiante voudra m'exorciser. Quelle main sainte et bénite mettra l'hostie entre mes cuisses. Vite je me sens possédé. Bénissez-moi mon père parce que je dois pécher. Vite je brûle au Saint des saints au ciboire à l'Evangile. Jusqu'au profond de moi il bouillonne des cierges. Alleluia le Service commence. Alleluia les pages de la Bible tournent avec moi. Alleluia c'est le sacre des flammes le paradis l’enfer. C'est la messe du désir l'office des spasmes chantant. Mon gros jésus est la tour de Notre-Dame. Escaladez-la donc doux anges de l’Eden. Venez me sonner les cloches testiculaires, les cloches velues aux poches ridées. Offrez-moi l'angélus des cantiques paillards. My god je gode. Mon gode blesse you ? Thanks god my gode is rich. Marre d’ânonner soif d’onaner. Ah ! je n'y peux tenir. Je vais courir encore et m'abreuver d'orgasmes. Soif j’ai soif c'est la soif. Je vois défiler les pavés sous mes pas.

La rue me parcourt en sens inverse à grande allure. Je tringle à m'en déséquilibrer, à ne plus savoir courir. Mon érection va crever le mur du silence. Je grimpe l'escalier qui me conduit au secret. Je verrouille en tremblant la porte. Enfin seul je suis pour consommer le culte.

C'est assez tard que j'ai commencé à pratiquer le jeu solitaire. Vers quatorze ans. L'idée m'en était sans doute venue auparavant. Mais ce n'était qu'une idée. Et j'ignorais que j'avais l'immense pouvoir de moi-même satisfaire mon désir : la quête d'Absolu en boomerang. Au collège mes camarades en parlaient quelquefois. A voix basse. C'était leur complicité. Je n'y participais nullement. Cela ne semblait pas me concerner. Un ami est venu dormir dans ma chambre durant des vacances méditerranéennes. Celui qui fut mon adversaire au concours de bandaison évoqué précédemment. C'est là que j'ai commencé de comprendre. Il couchait dans le lit jumeau du mien et passait une partie de ses nuits à donner des coups de reins dans le matelas. Le bruit des ressorts excités, celui des membres glissant entre les draps et le halètement nerveux de son plaisir montant me faisaient tendre l'oreille avidement à travers l'obscurité. Il étreignait spasmodiquement l'oreiller en émettant un rauque gémissement d'extase étouffé et j’avais la tête pleine de son vacarme ipsatoire. Je bandais bien sûr. Mais ne comprenais toujours pas. Il manquait

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un maillon à ma chaîne. Et j'écoutais d'oreille gourmande en me malaxant inconsciemment le poireau tandis que mon voisin ponctuait l'heureuse issue du jeu par un râle rythmé sur l'éjaculation. Après quelques heures de sommeil il recommençait. Le bruit m'éveillait. Fallait-il qu'il me croie lourdement endormi. Et je me gorgeais à nouveau de ce nocturne endiablé pour une voix et un lit. Il lui arrivait de recommencer quatre fois par nuit.

Les yeux grands ouverts dans l'obscurité j'imaginais ses dents serrées au coin de l'oreiller et son ventre enfoui au creux du matelas. Ses jambes écartées et ses genoux battant le lit.

Ses lèvres entrouvertes tremblantes pour exhaler la plainte. Ses paupières closes agitées tressautantes. Ses bras accrochés aux bords du sommier. Parfois j'éprouvais aussi le taf sans savoir à force de manipulations involontaires. J'étais évidemment confus et ne savais que faire. Et cette mouillette brûlant mon pyjama. Lui savait naturellement. Je découvris un matin qu'il tapissait le drap sous son robinet avec son maillot de bain plastique, réceptable étanche de son offrande juteuse. Après chaque séance il se levait en prenant soin de ne pas m'éveiller et se rendait aux toilettes. Quel imbécile ! S’il m’avait appris ce qu’il savait (et tenait tout juste d’un camarade plus âgé) au lieu de le garder pour lui seul j’aurais gagné du temps et tout serait beaucoup mieux.

Je voisinai de la sorte avec ce vivant exemple sans que l'idée ne me vienne d'expérimenter la chose à mon tour. Et pourtant j’avais déjà vu mon frère certains soirs où il venait dormir dans le même lit jumeau. Avec neuf ans de plus que moi il pensionnait dans un collège du Midi. En lisant pour s’endormir il se caressait l’intérieur du pyjama et finissait inévitablement par en extraire son saint-frusquin tout raide. En faisant semblant de roupiller je matais d’un demi-oeil avide. Alors inévitablement le frangin se levait pour aller se finir au wc. Et je demeurais une fois de plus tout bêta sans comprendre sans essayer moi-même. C'est tout à fait fortuitement plus tard que je menai à bien une masturbation à peu près consciente. J’avais quatorze ans. C’était à Paris chez ma grand-mère au retour d’un premier voyage en Angleterre. Je m'essayais ce soir-là (comme de nombreux soirs depuis un moment) à imiter mon ami du lit jumeau. C’est à dire que je martelais le lit de coups de reins brutaux. Le trou du cul en délire. Habituellement je m’arrêtais stupidement avant le terme - et pour cause puisque je ne le connaissais pas. Mais cette fois-là fut différente plus longue plus acharnée. J’ignore pourquoi le destin avait décidé de m’initier tout d’un coup. Je martelais le matelas avec fougue c’était doux c’était bon. Soudain je découvris que cela m'était très doux si je continuais, et de plus en plus bon en insistant.

Encore une sensation nouvelle, j’en croyais pas mon noeud. Je poursuivis avec un surcroît de fougue. La bonne sensation grandit au plantoir compressé. Le picotement de la chair et le feu et l’extase. Je conçus un orgasme complet en fermant les yeux. Le tout premier de ma conscience (j'en avais eu déjà des tas en rêvant). Et je crus périr de joie en considérant mon pyjama mouillé mes jambes humides mon gland flamboyant d'où sourdaient des gouttes flasques. Je me levai pour pisser en me disant simplement : “Je suis un homme maintenant !”. Et j'étais plus fier qu'un dindon fier.

A compter de cette nuit je n'eus de cesse de rattraper le temps perdu. Je devins expert en l'art de solitude. Pénétré de ce fabuleux pouvoir qui était mien désormais : je me suffis à moi-même, tout seul et à tous moments je peux aller au ciel, quel pouvoir putain foutredieu quel pouvoir. Je comblai mon retard avec acharnement. Il m'arrivait de me donner le plaisir plusieurs fois jour et nuit. Cela du reste m’arrive plus que jamais pas question de me réfréner. Il y a des périodes voyageuses où je ne puis résister en dépit de l’inconfort. En voiture sur l’autoroute je stoppe sur une aire de repos et file me pomponner dans les gogues à la turque. Ou bien en wagon du train je m’éclipse aux toilettes m’assieds sur la tinette recouverte de papier hygiénique et me malaxe le baigneur à foison. Des impulsions irrésistibles. J’aime la branlette dans les lits nouveaux. Chaque plumard que j’étrenne m’incite au plaisir. Question d’ondes peut-être. C’est un baptême du foutre. Le plumard nouveau m’excite c’est plus fort que moi, je m’y taille une plume à chaque fois.

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Peu de temps après mon premier fade chez Mémé nous partîmes vacancer en Grèce. Là précisément et à l’époque précise où se situe l’épisode du jeune douché vendant sa bibite à un vieux saligot. Entre parenthèses c’est probablement pour ces gens-là que l’on nous conseille de ne jamais aller en Hellénie sans notre viatique. Astuce foireuse j’en conviens... Je dormais dans un lit de palace avec deux matelas accolés sur un sommier unique. Je n’hésitai donc pas à m’irrumer furieusement en faisant glisser mon tromblon dans l’interstice des matelas comme dans un trou de femme. Des émotions inoubliables.

Un soir ma mère entrebaîlla la porte ino-pine-ément alors que j’étais à poil en train de bourrer l’entre-lits. J’ignore si elle m’a vu car il faisait noir. Elle est repartie sur la pointe des pantoufles sans rien dire ni manifester. Je pense qu’elle avait pigé mais ça ne m’a pas empêché de continuer de plus belle. Durant les mêmes vacances, plus tard dans un autre palace à Paris je partageais le lit de Maman. Tous les soirs avant de pieuter je passais un bon moment à la salle de bain à me chahuter délicieusement le doigt-qui-pue sur le siège des cagoinces. Bousculé de haut en bas par la divine brûlure. Ecartelé, écarlate. Ebranlé et branlé salement. Maman me demandait régulièrement ce que je pouvais bien fabriquer si longtemps au cabinet. Probablement se doutait-elle de ces activités inavouables car je n’ai jamais été discret durant mes ébats culiers.

Mais qu’importe j’avais appris le goût du paradis, je m’y délectais m’y vautrais. Je n’en finis pas de suivre la route de mon nouveau plaisir. Je comblai le retard avec cet acharnement propre aux convertis de fraîche date. Je m’installai au paradis j’y habitai à vie à mort. Et j'améliorai ma technique. Ritualiser les prémices et prolonger la volupté.

D'abord je m’étais contenté de simuler l'acte amoureux en enfourchant le matelas. Puis j'appris un jour que c'était meilleur sur le dos lorsque ma main glissait bellement sur le tube de chair musclé bandant sec. Tube de chair déjà bien gros quoique juvénile. Et la volupté décupla du fait que je pouvais me regarder agir. VOIR ! Je dessine alors une géographie de la volupté sur le tableau de mon corps. Une sorte de carte du Tendre masturbatoire. Moi seul souverain de mon Etat, gisant nu sur la plaine de mon dos je savoure des yeux le spectacle exaltant qui se déroule à quelques centimètres de là, un peu plus bas sur l’autoroute du torse, à la jonction des deux boulevards des jambes, sur l’esplanade où se dresse le monument érigé à la gloire de la jouissance. Et quel monument ! Objet d’entretien constant soumis à tant de soins tant d’honneurs. Après une longue mise en train la quique nue, je garnissais celle-ci d'un petit sac en toile épousant exactement sa forme. J'accentuais le rythme en m'aidant des deux mains. A l'éjaculation mon cul se contractait et je voyais l'étui se tacher devenir humide se gorger de semence.

Puis je variai les méthodes. Remplaçai le sac de toile par des étuis à pipes en étoffe douce ou par de véritables capotes préservatives. Lesquelles avaient l'avantage de se plaquer parfaitement aux contours de la hampe et surtout d'être transparentes. De la sorte je m'enivrais le regard au spectacle de l'orgasme atomique. A certains moments de rut extrême il m'arrivait d'accomplir l'acte debout contre les parois en bois des cabines de plages où des trous semblaient creusés exprès pour que j'y enfourne ma baguette. Ou je mettais parfois à la place de la capote un petit bocal de verre profond et étroit ou un rouleau de carton à papier hygiénique que je pourfendais à grands coups de fesses. Il arrivait que cela me fasse mal. Pourtant j’arrivais à bicher quand même. J’eus une période de passion pour un énorme coquillage profond comme un vagin de nacre et ouvert comme une vulve fossilisée. Mais qui s’enroulait un peu trop tôt en spirale concentrique ce qui teintait mes orgasmes d’épreuve frictionnelle.

Je me servais de tout et de n’importe quoi pour assouvir mes instincts pénétrateurs. Le moindre orifice le plus petit vase la plus banale ébauche de fente étaient fébrilement essayés. Et je découvrais à mon grand dam que j’avais le membre soit trop large soit trop menu. Je finis par imaginer mille recettes raffinées mille petits trucs. Ainsi je décidai de ne plus me traire le gros pis sans un miroir devant moi. J'y lisais le moindre de mes gestes.

J'y lisais l'anatomie rougeoyante de mon bas-ventre livré à deux mains. J'expérimentai les

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positions les plus acrobatiques les plus déraisonnables les plus voluptueuses les plus cochonnes sous le regard complice de mon reflet haletant. Je m'excitai aussi aux lectures érotiques aux dessins évocateurs ou aux photos bandantes. Certaines chansons certaines mélodies par le texte ou le rythme avaient la vertu de provoquer l'érection et le désir masturbatoire. La découverte des Kâma-Soûtra me procura des mois de planances inouïes. Je poussai le raffinement jusqu'à enregistrer sur bande magnétique quelques séances manustupratrices. Un chef-d'oeuvre symphonique de halètements de gémissements de frottements de peaux et de grincements de lits que je possède encore dans ma collection intime.

Ainsi de fil en aiguille et par fatalité je ne voulus plus me détacher du plaisir égoïste. J'eus bien entendu des périodes de saturation, de répulsion. Il se passait alors des jours sans qu'aucun désir me tourmente. Ma culpabilité d'ailleurs grandissait. Et aussi la vigueur de mes membres. Je pensais ne plus sortir du mégalabyrinthe. Submergé de complexes.

Mes songes devinrent de gigantesques orgasmes où les masturbations s'enchaînaient aux masturbations dans des espaces de cauchemar. L'issue en était toujours la même. Ou bien j'étais surpris au milieu de l'acte et l'angoisse me tirait du sommeil. Ou bien j'arrivais au terme mais en d'horribles circonstances. Le foutre jaillissait en public ou l'éjaculation prenait l'ampleur d'une catastrophe nationale en présence d'une foule innombrable où se trouvaient les êtres que j'aime. Et c'est ici la panique de la mort qui m'éveillait. Après la culpabilité la sérénité vint naturellement. Par nécessité je continuai. Par enthousiasme renouvelé. Par automatisme animal. J’aurais dû m’assagir ou me contrôler ou cesser. Trop tard sans doute car le goût m'est vif maintenant de me faire éclater le bulbe en solitaire.

Ma technique est désormais irréprochable. Je pourrais la breveter l’exporter l’exploiter en faire profiter les gens. J’y pense quelquefois quand je suis en manque d’argent. M’établir comme masturbeur professionnel. Celui qui branle autrui. Un métier honorable qu’on verrait fructifier rapidement. Je mettrais sur ma plaque : “Manipulateur jouissif”, un joli nom pour une belle raison sociale !

J’ai peaufiné plusieurs méthodes utilisées alternativement selon mon envie ma configuration psychologique mon humeur du bas-ventre ou les circonstances. Voici à votre intention l’énoncé des formules que je recommanderais pour se bien câliner la bêbête. Un petit catalogue irraisonné de l’onanisme bien tempéré (le terme “onanisme” est en fait impropre puisqu’il désigne réellement le “coït interrompu” et à ce titre je répugne à l’utiliser comme synonyme de “masturbation”).

- Couché sur le ventre, je remue du fessier pour baiser le matelas, voire un coussin rajouté (pas trop gros). Le zébulon gaîné d’un condom ou d’un sac de tissu possédant juste sa longueur et son volume. Le plus souvent, pouce et index passés sous l’aine triturent le gland latéralement tandis que le piston des reins écrase la verge sur le lit. L’orgasme est infernal, en jets surpuissants que je sens heurter la paroi du sac à presque le crever.

Variante : j’accomplis (rarement) cet acte directement sur un tapis à-même le sol. C’est bien plus dur, le zébulon est littéralement écrabouillé. Pourtant le résultat est assez costaud, le jet séminal te transperce le canal avec une violence peu courante.

- Couché sur le dos, jambes réunies, genoux repliés, talons aux fesses, le cigare coincé entre les cuisses, je fais glisser celles-ci l’une contre l’autre jusqu’à ce que le frotti-frotta compressant me fasse quasiment éclater le ventre.

Variante : assis ou accroupi, en remuant le bassin.

Variante dérivée : assis ou debout, adossé au mur, les mains roulent transversalement sur le cigare comme on fait avec une tige de bois pour allumer un feu. Pas mal mais bizarre ; assez anesthésiant.

- Installé sur le dos dans un lit ou un fauteuil confortable, je m’astique manuellement selon la pratique millénaire la plus connue. La main gauche est ma favorite, la droite s’employant surtout aux multiples jeux accompagnateurs. Comme je dis plaisamment : ma main gauche est la meilleure amie de ma bite. Il y a plusieurs possibilités. D’abord, jambes

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jointes ou croisées, couilles emprisonnées dans les cuisses et riquiqui conséquemment très engorgé, ma paume sinistre entière l’enveloppe en-dessous du gland (dépourvu de prépuce depuis un phimosis à huit ans) et le tire spasmodiquement vers le haut telle une extraction douce. La dextre opére des agaceries au pubis, mêlée parmi les poils. Très jouissif mais à pratiquer avec modération. Ensuite, cuisses écartées, écartées au maximum, écartées à mort. Droites ou pliées, c’est facultatif ; quoique la pliure d’une jambe bien étirée sur le côté puisse s’avérer payante. Plusieurs possibilités s’offrent alors.

La main gauche glisse en va-et-vient, plutôt de bas en haut, le long de la carotte, tandis que la main droite tâtouille la racine, par devant ou par derrière. Une main empoigne la carotte et fait le même mouvement mais sans glisser, en serrant fort et vite ; on sent la peau jouer contre la chair, c’est violent et formidable. Les deux mains se succèdent rapidement en glissant de bas en haut, surtout à la base du gland, comme pour une autre extraction douce. La main droite serre profondément la racine et deux doigts de la gauche travaillent uniquement le frein, soit frotté soit appuyé régulièrement. C’est génial, ça gonfle de plus en plus, jusqu’au violacé précédant une explosion grandiose. La main gauche emprisonne entièrement la carotte couchée sur le pubis et la comprime par à-coups rythmiques, pendant que la droite maintient fermement la racine. C’est ce que l’on nomme le “squeeze” et ce que je connais de meilleur ; la carotte s’allonge et s’épaissit au-delà de l’habituel et le sperme jaillit incroyablement puissant. Il m’arrive de varier en squeezant la verge entière verticale des deux mains superposées, ou de la dextre seule alors que la sinistre squeeze uniquement le gland bouffi, dans un double mouvement alternatif du meilleur aloi. Cette variante ne fait pas jaillir le sperme : il s’écoule lentement, abondant et compact. Chez moi, c’est une curiosité qui m’amuse, car mon foutre a l’habitude de sauter plutôt jusque derrière ma tête.

- Je dispose d’excellents moyens pour me bichonner assis. Dans un fauteuil, jambes haut levées sur l’accoudoir ou le dossier et ouvertes au grand écart. A mon bureau, jambes hautes aussi, posées écartées sur des tiroirs, les mains branlant par au-dessus ou par en- dessous des cuisses. Il m’arrive d’ailleurs de me recroqueviller par terre, afin de pratiquer la branlette par dessous la cuisse. C’est vicieux, c’est rigolo. Assis aux chiottes ou sur le bidet, je m’astique vaillamment en ouvrant fort les jambes.

- J’adore me percher, devant une glace, sur un tabouret étroit, les pieds ramenés sous les fesses en équilibre instable et les genoux largement écartés. Narines déployées au- dessus de l’odorante offrande exhalée de ces recoins moites. Alors, le dos arrondi sur le creux du ventre, cependant que la main droite glissée sous la cuisse se dévoue aux roustons, la gauche masturbe sauvagement le biniou bandant. C’est la manière que je me plais à imaginer être celle de Tarzan juché sur une branche de la jungle. Un truc animal, un fantasme bestial, une jouissance sauvage. Le pied absolu.

- Ou bien je m’installe sur le tabouret en coinçant ma trompe entre les cuisses superposées et la faisant beaucoup dépasser vers le bas. Ainsi comprimée, elle reste sagement enflée pendant que les doigts, préalablement lubrifiés, glissent savamment sur toute la région du frein. C’est un orgasme épatant, pareil à un crachement de ventre ; je le sens réellement parcourir l’entier chemin de la prostate au méat.

- Une autre extase dont je raffole s’acomplit à genoux. Ecartelé, béant à fond. Soit je m’appuye sur la main droite en arrière de mon corps déhanché et la gauche bichonne le poireau, soit les deux mains tirent sur le poireau et malaxent les roubignoles en même temps. Cette assomption génuflective se pratique exclusivement en présence d’un miroir.

- Le miroir joue un rôle crucial dans mes assouvissements solitaires. Il est presque toujours là et je ne suis plus solitaire grâce à lui. Rien de narcissique là-dedans : ce n’est pa MOI que je veux voir, c’est juste l’homme en train de se toucher. D’ailleurs, je m’arrange en général pour ne pas cadrer mon visage dans le reflet. Ce n’est qu’un fantasme où le voyeur et l’exhibo s’unissent, cela ne me concerne pas en tant que moi, je ne jouis pas de me regarder, je jouis de regarder un mec en action. Pareil avec la caméra.

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Quant au miroir, il est unique mais immense en face de moi, ou morcelé, fractionné en plusieurs reflets répartis autour de ma personne, pour m’offrir un panoramique de l’acte suprême.

- L’acte suprême, je le sanctifie diversement. Tantôt en déchargeant dans un préservatif, un petit sac, une gaîne enfilée au dernier instant - les étuis à pipes sont hautement préconisés. Tantôt en m’aspergeant généreusement le nombril ou le thorax, voire la figure, voire au-delà - un mouchoir opportun nettoiera tout cela séance tenante. Il m’arrive de favoriser l’excitation en poussant des soupirs et râles sensuels, des respirations excessivement sonores ou de petits gémissements de chat heureux, voire des cris carrément. C’est un jeu, une amusette sans conséquence. Parfois, pendant que je me paluche, je manipule les valseuses. Je les comprime à la racine ou les tire vers le bas, à la raie culière. Parfois, pas souvent, je complète l’acte suprême par une pénétration anale.

Un doigt au rectum me procure le frisson jumeau. Jadis, j’ai essayé la banane, la carotte.

Aujourd’hui, je me gratifie de temps à autres d’un manche de brosse à cheveux ou du fameux vibro-masseur préalablement lubrifié.

- En matière de lubrifiants, vaseline ou huile d’amande douce sont de bonnes compagnes.

Cela fait bien gonfler la chair, ça mélange glissando et squeeze, ça tend, ça tire, ça clapote, ça rallonge, ça rougeoie et ça démange à mort, bref c’est pas mal. Mais c’est gras, visqueux, dur à nettoyer. Bien meilleur, le talc est un lubrifiant génial. Sec, propre, facile à enlever, pourvoyeur de sensations incroyables. Mais cela crée une réelle accoutumance ; on ne peut plus s’en passer et alors, drame, cela décape la peau et la détruit à long terme. J’en sais quelque chose. Rarement, durant le bain, du savon. Trop glissant, trop lent à jouir, quoique cela étire plutôt bien le moineau.

- Question gadgets, le vibro titillant me sert aussi, à l’occasion, quoique fort rarement, en massages du frein ou bien coincé entre les cuisses, par dessous le chinois, des bourses au joufflu. Cela chatouille, gratouille, électrise, tremblotte, mais au bout du compte cela fatigue, rend fébrile, cela anesthésie la zone. Il existe d’autres gadgets aptes à procurer le frisson des entrailles. Il m’est arrivé de me servir d’une main gratteuse électrique qui tressautait autour du gland, voire d’une brosse à reluire, au sens propre, ou d’une brosse à dent à piles. J’ai une prédilection pour les petites brosses douces que l’on remue délicatement à la main : blaireau, pinceau à démaquiller, pinceaux divers. Une main tenant fermement la trique, on balade ces gentils poils autour du frein, on tartine, on appuie les pointes, on agace jusqu’à l’orgasme qui est merveilleusement picotant. Je me suis quelquefois servi d’un tensiomètre gonflable pour m’envelopper le gourdin dans une agréable dérivation du squeeze. Je me suis coiffé le bazar d’un long tube plastique relié à une pompe à vide. Cela happe la viande au-delà de ses propres limites et aspire l’émoi au-delà de la jouissance. Pas mal mais trop lent à venir et quelque peu douloureux ensuite. Finalement, le meilleur des appareils, le plus complice des instruments, le plus suave des gadgets masturbatoires reste encore l’aspirateur ménager. On s’enfile l’arbalète au tuyau, on met la gomme et l’on se laisse sucer à mort, c’est formidable, ça dépasse l’entendement. Seulement l’abus n’est pas conseillé car cette méthode vous vide de la substance vitale aussi puisamment qu’elle vous arrache le jus des couilles. Enfin, l’usage du pamplemousse troué que l’on fait glisser le long du mât tendu est assez fabuleux, mais à dose rarissime.

- Et je ne saurais conclure ce guide des formules magiques de la branle bien tempérée sans exalter un complément direct à l’art de se câliner la bêbête : le complément olfactif.

Vous savez déjà, amis lecteurs, que je suis hyper-sensible aux odeurs corporelles. Au cours des ébats sexuels, le nez m’est indispensable. Mes meilleures séances branlatoires sont fréquemment enluminées de ce support délicieux. Jadis ou naguère, en été, je portais un slip que je ne retirais ni ne lavais et que je gorgeais de senteurs intimes accumulées jour après jour au tissu. Quand j’estime que le slip pue assez pour m’exciter, je me l’étale sur la figure et m’enivre les narines de tous ses précieux arômes confondus, tandis que je

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me secoue la manivelle jusqu’à de sublimes orgasmes. Reniflant avec volupté la face et l’entre-jambes du slip, moites et bien crades. Je réserve cette culotte archi-utilisée à mes branlettes odorées. Plus elle est chargée, plus l’effet est garanti. Un peu de pisse ou de sperme séchés ajoutent à la sensation sensationnelle. Excitation majeure ! Et puis, j’ai fini par découvrir les vertus de l’orgasme pré-éjaculatoire, de la conclusion différée sans fin.

Le but n’est plus d’obtenir ces pauvres mini-secondes de contractions juteuses mais d’arriver et de se maintenir indéfiniment à leur seuil, dans cet état déjà extatique qui équivaut à dix-mille jaillissements cumulés. Une seule branlette maintenue à son point limite sans jamais le franchir. Ici, le talc est un stupéfiant adjuvant, et l’inévitable miroir.

Orgasme différé, donc prolongé à l’infini ; je conclus seulement quand je le veux ou quand le plaisir devient trop insupportable - car c’est bien de cela qu’il s’agit. Bien sûr, je puis tenir indéfiniment car j'ai la caractéristique (le défaut ?) de débander et rebander de façon sinusoïdale au cours de ma séance. Il m’arrive de tenir ainsi jusqu’à trois heures et plus sans éjaculer, constamment tétanisé dans cette sensation purement orgasmique qui confine au vertigineux. Une fois, j’ai pu tenir une journée entière de la sorte, avec de longues pauses où l’excitation était gardée à son point culminant, nonobstant que l’on paie assez cher ensuite au niveau de l’érection. Alors, pour conclure, je puis sans honte affirmer que l’art d’onaner me convient et me réussit plutôt bien. C’est grâce à cet entraînement intensif, à cet exercice quotidien, parfois répété dans la journée, que ma bêbête adolescente, toujours bien câlinée est devenue si grande et vigoureuse.

J'ai verrouillé la porte en tremblant. Et seul je me trouve enfin. Il me brûle le chaud tison du désir. Je crois être un feu de brousse. Mon froc est au bord de la déchirure. La plaie du centre s'est agrandie sous le boutoir de la protubérance charnue qui s'allonge. Le promontoire craquelé de ma braguette. Les bourses trop pleines débordant du tissu au tissu pervers. J'ai tellement hâte d'ôter mes vêtements que je perds l'équilibre. Je tombe la queue libérée en avant. Je tombe, le pénis-catapulte à l'avant-poste. Il s'érige de mon ventre un membre figé de braise par l'envie qu'on le possède. Envie d'exister. Envie de lancer son message. Les poils odorants lui font escorte à la racine. Il vibre et va de gauche à droite comme un poisson qui frétille. Le gros bout tendu est fort et lisse comme une peau de bébé. Une belle veine bleue le sillonne par dessus, à la manière d'un canal de Mars. Au bout, la petite bouche ronde, le gland le gros poupon joufflu craque de tant rayonner. Je sens la vie y battre. J'y sens le parfum profond qui s'exhale. Quand mon trou de pine est entrouvert, ourlé enflé un peu sur les bords alors je sais d’avance que l’orgasme sera bon. Cela signifie que le tuyau attend, demande la palpation. Qu’il meurt d’envie de cracher. Que la porte de sortie est déjà prête béante. C’est une vraie requête de mon tuyau qu’exprime son trou.

Je l’ai dit, mon sexe porte un petit nom secret, de moi seul connu et de mes partenaires de plumard. Je songeai d’abord à l’appeler Jeannot. A cause de Jeannot-la-pine. Mais la connotation Jeannot-lapin ne signifie plus rien aujourd’hui. Alors je l’ai baptisé King-Kong.

Primo parce que le grand singe ainsi nommé passe pour être un symbole phallique.

Secundo parce que mon sexe me semble particulièrement animal et délicieusement obscène. Long et musculeux et bestial. Fin de la racine il s’élargit vers le haut. Coiffé du gland circoncis comme d’un chapeau de champignon rondelet et charnu. L’alentour velu sans excès. Un fort bâton de grand singe dégueulasse. Et la totalité odorante adorablement. Un fumet puissant et bestial lui aussi. Bizarrement j’ai le King-Kong rétractile comme un mirliton. Au repos il mesure environ sept centimètres et peut être très plissé et ratatiné, voire tire-bouchonné dans la peau des bourses. En érection il se déploie à seize centimètres en moyenne et jusqu’à dix-huit dans les bandaisons de gala. Je me rappelle que ma mère disait le “guinguet” pour désigner le pipi des garçons aussi bien que celui des filles. Moi c’est King-Kong donc, King-Kong qu’il s’appelle mon guinguet.

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C’est mon King-Kong qui m’appelle et m’invite et m’excite à mort. Vite la main, il le faut. La pointe de mon bel instrument bandant est une bille de soleil. Tant rouge et tant brillante.

Ardente comme une homélie. C'est le soleil de mon désir. Il enfle encore il explose. La racine va sortir aussi. Ma peau dilatée tend un peu plus vers l'avant. Je peux sentir sous mes doigts le trait de mes entrailles. D'une main je palpe le scrotum et de l'autre je secoue le bigoudi. Mes ongles envahissent à l'aine la forêt vierge la forêt pucelle la belle forêt.

Entre mes cuisses est une contrée sauvage. Vite une exploration pour planter le drapeau.

D'une main je conquiers la raie culière, la prends l'asservis. Esclave de mon plaisir bon.

Mon autre tâche en vain d'arracher la bille de soleil. Ah ! quel trophée quelle parure ce pourrait être. Ah ! cet oeil du pénis comme il a la vie dure. Quel monde est-il en train de voir. En vain je tire sur le gland pour l'extraire de moi. Il me brûle encore et se moque.

Pour un peu il me tirerait la langue me montrerait son cul me ferait un pied-de-noeud. Je ne sais le tirer de son nid. Il me faut le secours de mes deux mains. Je me tends me cambre. Mes pieds sont bien loin du sol. Je m'envole. Ma tête est perdue loin de moi. Je suis comme un arc bandé par force. A pleines mains je saisis mon centre vital. Je tombe.

Sans lâcher ma prise. La chute me fait bander un peu plus. Ah ! la lutte est cruelle. Le miroir m'est témoin de cet ardent combat. Qui cédera d'abord de moi ou de mon zgeg.

L'arme qui s'oppose à moi est excroissance sangsue à mon corps. Maudit engin hypertrophié. Attends que je te décapite. Te décapine te décabite. Mais je n'ai que deux mains moi pour affronter la bête. Je ne parviens à l'arracher. Elle n'en est que plus vivante plus grosse plus colorée plus chaude. Oh ! je suis tout recroquevillé. C'est le miroir qui me l'apprend le vilain complice. Il faut que je saisisse le monstre entre mes dents. Alors seulement je pourrai l'occire. Trancher la tête de noeud. La croquer. Hélas je ne peux plier mon corps entier. J'aurais tant voulu goûter du gredin. Mes lèvres se tendent furieusement. La bête écarlate pointe à leur rencontre. Elle nargue. Les couillons frémissent de raillerie. Pour se moquer les poils frisés exhalent la tendre odeur intime de l'herbe sèche mêlée à la sueur pubienne. Une faible distance nous sépare. Mais je ne puis me plier davantage. Satané squelette. Tu m'empêches la jouissance extrême. Tu fais barrage et je ne peux me branler avec la bouche me sucer voluptueusement l’esquimau savoureux, sentir l'éjaculation à la gorge, avaler la jute comme un nectar. Que ne suis-je acrobate chinois homme-serpent contorsionniste. Sur le sol les genoux encadrent ma tête.

Je rétracte les muscles pour m'amenuiser. Cul par dessus tête cul tendu cul inutile.

Comme je voudrais te saisir à pleine bouche quéquette mon ange. Et te sucer et saliver sur toi. Jusqu'au néant te boire jusqu'à la mort. Quelle saveur tu dois être mon ange quéquette convoitée. Comme tu exhales la bonne puanteur qui donne envie. Les mains ont beau te pousser à moi rien n'y fait. C'est bien dirait-on que je puisse déjà m'enivrer de ton fumet. Toi quéquette si proche et si lointaine. Mes narines en sont alourdies et j'ai la tête qui tourne. Les muscles me font défaut. Que tu sens doux fort suave bon que tu sens riche quéquette mon ange qui pue. C'est l'avant-goût des limbes. Le recueillement dernier offert. Ne saurai-je donc jamais la saveur de mon corps ?

Plus que jamais elles se foutent de moi, les grosses boules velues les salopes. Espèce de scrotum. Foutu sac. Bougre de testicule. Sale gueule de couille. A propos voici une anecdote hors de propos. Une anecdote extraordinaire et cent pour cent authentique puisque je la tiens d’un témoin direct. Une brave dame enceinte de sept mois allait se faire échographier. Pour amuser ses autres enfants le papa les a tous emmenés contempler le beau spectacle. C’est vrai que c’est beau une échographie on voit tout distinctement c’est admirable émouvant. Alors toute la famille braqua ses yeux sur l’écran où le foetus apparaissait en parfaite netteté. Et dans un hoquet de stupeur la famille surprit le bébé de sept mois occupé à se branler peinardement. Oui le petit d’homme se donnait du plaisir dans la matrice maternelle. En toute quiétude dans les meilleures conditions qu’il pourra jamais connaître. Le bonheur absolu. Vas-y petit loupiot profites-en jusqu’à plus soif. Plus tard dans le monde on t’en fera baver pour ces honteuses habitudes si tôt contractées...

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Maintenant l'irréparable point. Je me suis écartelé devant le miroir. Crucifié. Démembré.

Je suis béant ouvert, offert devant le miroir. Maintenant je suis au sommet de la courbe divine. Mon corps entier éprouve sa vie. Je suis au bord d'être. Ce ne sont plus des mains qui malmènent le membre précieux mais des machines d'énormes bras mécaniques.

Régularité lancinante. Le rythme du ballet est dément. Je ne sais pas si je respire. Je m'épuise. Tous les muscles tous les nerfs tous les pores bandent à l'unisson. Le souffle est rauque. Je ne respire pas non je crie. Le souffle jouissant se répercute à l’entour. C'est un ouragan. J'atteins le creux du ciel. Alors comme souvent la volupté est tellement aiguë qu’elle en devient insoutenable. Tellement insoutenable qu’il me faut l’interrompre un instant de peur de me briser d’éclater en mille fragments bienheureux. J’interromps donc.

Mais un instant à peine. L’arrêt aussi devient insoutenable. Il faut repartir de plus belle. La sueur me ruisselle sur la peau. J'ai les cheveux collés au front les aisselles poisseuses les poils mouillés entre les jambes. Je suis largement éventré dans le miroir. Les cuisses à 180 degrés. Je vois les mains qui vont et viennent et se bousculent et frottent et astiquent et se font plurielles. Tout m'attire à ce point piquant de moi. Ce n'est plus une bite que j'empoigne et fais jouir mais un bâton de maréchal un sceptre un goupillon un sabre un drapeau national. Il est démesuré comme un songe. Il souffle aussi et sue. Il éclate de flamme Il écume. Il rougeoie et fume. L'incendie. Il est violet de contraction. Il gonfle et se pavane, il bande cent fois. Il est aimé. Ah ! je crois y être. C'est ma chance d'exister enfin.

Je sens monter la sève. Le foutre comme une lave incandescente. Un dernier séisme et j'éruptionne. J'explose. Il gicle avec puissance le lait gluant du désir. Oh ! les jolis oiseaux qui volent. Sperme léger de plumes. Par saccades du cul j'expulse l'eau amère des profondeurs. Un deux trois. Encore. Encore. Etoiles molles sur le miroir. Les éclats de la grenade à jouir. Orgasme multicolore. Feu-d'artifice du sperme. C'est presque l'évanouissement. Je me liquéfie aussi. Je ferme les yeux. J'oublie le reste. Je me concentre. Je savoure l'éruption l'évasion le bombardement heureux. Encore les dernières laves les solfatares. Gouttelettes fumantes. Les proches abords du volcan radieux. Tout est dit. Je me laisse aller sur le lit défait. Je m'y déverse. Anéanti et né. Je vais m’endormir comme j’aime : en serrant ma queue encore gonflée et humide entre mes doigts qui remuent un peu et la flattent en douceur comme pour la bénir après l’effort.

Kong, 9/06

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