En mars 2020
sous prétexte du
risque de propagation de
la COV ID19 dans
ses
pri son s l
’É tat fr an çai s d éci de de su sp en dre le s v isi tes a ux par loi rs.
A lor s m êm e
qu'aucun masque n'est disponible
en détention cette gestion
sécuritaire plus que
san ita ire , p rov oqu e d es mou vem en ts col lec tif s d e b loc age s d e p rom en ade et de m u-
tineries dans de nombreuses maisons d’arrêts,
Centres de détention
et Centres de
rétention.
"Les visites à
nos proches enfermé.es
ont été brutalement supprimées
[…], les
pri van t d e l
’ai de mat éri ell e, du s ou tie n m ora l, de l’a mit ié, d e l a s oli dar ité , d e
l’amour q ue nous leur apportons
chaque fois que nous
mettons un pied dans ces
horribles prisons. Pendant
les deux mois de
suspension des parloirs, nous
n’avons
eu de ces se d’e xig er leu r r éta blis sem en t im méd iat . R app elo ns que c’
est la pr in cip ale
raison des mouvements de
révolte qui ont alors éclaté. A
l’heure où la direction de
l’AP se flatte d’avoir
éteint ces mouvements à
force de transferts disciplinaires
et
de promesses de RPS
(remises de peines supplémentaires),
nous répétons que
les
prisonnier.es, nos compagnons, nos
compagnes, nos amis, nos
frères, nos sœurs,
nos enfants… ont eu raison de se révolter."*
Dep uis le pr in tem ps et l es div ers dé -co nfi nem en ts, "o n e nte nd di re qu e le s p ar-
loirs sont rétablis mais
c’est toujours le même
mépris qui est subi par les
prison-
nier.es – et par celles te ceux qui les
visitent – depuis le
début de la « gestion »
de
l’épidémie. [. ..].
Nous avons vécu
la suppression des parloirs
comme une mesure
punitive et infantilisante ; leur
pseudo rétablissement l’est tout
autant. Et nous re-
fusons que cela dure !"*
* Extraits d'une lettre ouverte de proches de prisonniers parue dans L'Envolée :
https://lenvolee. net/prive-es-de-parloirs-un-jour-prive-es-de-parloirs-toujours/
Contact : saro.nahuatl@gmail.com
les lieux publics clos depuis le 20 juillet, et en extérieur dans de nombreux en- droits depuis fin août, le masque n'est obligatoire en détention que depuis le 30 octobre. Vers la fin septembre et la mi-octobre encore, des prisonniers des MA de Lyon-Corbas et de Toulouse-Seysse ont témoigné du fait qu'ils n'avaient reçu aucun masque pour se protéger et qu'un surveillant sur deux n'en portait pas. Certains se sont même fait envoyer masque et gel hydro-alcoolique par delà les enceintes... Covid ou pas, la santé des personnes enfermées est très claire- ment méprisée par les autorités, ce n'est pas nouveau. Sans même parler des moyens alloués au soin en détention ou des pathologies mentales (créées et renforcées par l'incarcération). Combien de prisonniers, présentant une patho- logie chronique, se sont retrouvés au mitard sans leur médicament ? Combien sont morts dans leur cellule, faute de soin, pour une pathologie pourtant cura- ble ? Si les masques sont désormais obligatoires, cela ne signifie nullement qu'il seront vraiment distribués, comme ne le sont pas d'autres matériels de préven- tion, par exemple les préservatifs sensés être systématiques dans le paquetage arrivants et pourtant vitaux étant donné le taux de contamination par le VIH dans les prisons...
Si l'on peut présumer que les matons distribuent en revanche allègrement des compte-rendu d'incidents pour refus de port du maque (et donc les peines de mitard, après récidive), on peut aussi présager du fait qu'ils ne seront pas des plus assidus à gérer les corvées de désinfection et d'aération des espaces ni à respecter les distances, et, pas plus qu'avant le Covid, à appeler les secours ou permettre aux prisonniers d'aller voire des soignants quand c'est nécessaire...
Quant aux mesures à venir, si il semble que la suppression du colis de Noël ait été définitivement écarté par le Ministère, on sait désormais que lorsque l'éta- blissement se situe en zone d'alerte épidémique « maximale » c'est aux préfets de prendre les décisions... de quoi aller un peu plus loin dans l'arbitraire et l'im- provisation, sans doute une fois de plus au détriment des prisonniers et de de leurs proches.
dev ie nn en t t ro p g ran ds ou s' ab îm en t, et n'a ura ie nt alo rs co mm e s eu l r eco urs
que le Secour s ca tholique pour
se vê tir, si tan t e st que le ser vice fonctionne en
temp s de con fineme nt.
Sans parler de la
joie que suscit e le fait d'avoir du ling e
qui sen t bon l'ext
érieur de la prison..
* Mesures c ontr e l'épidémie?
Si l'a dm in ist rati on p én ite nti air e j usti fie re str icti on s e t m esu res ré pre ssi ves a u
no m d e l a c ris e s an ita ire , c es qu elq ue s m ots o nt po ur bu t d e r em ett re e n
co nte xte e t d e p oin te r q ue lq ue s i nco hé re nce s, hyp ocr isi es et au tre s a be rra -
tions...
Dès le début de l'épidémie,
il a é té question de r estr eindre l'accès de
s prisons
aux familles, aux
enseignants et autres inter venan ts e xtérie urs alors que, dans
un p rem ier tem ps, au cun e mes ure n'a é té pri se po ur pro tég er les p riso nn ier s
de s m ato ns qu i f on t d es alle rs- ret ou rs de p art e t d 'au tre d es mu rs et, lo in d e
tou jo urs re sp ect er le s d ist an ce s, se p lai gn aie nt eu x-m êm es de n 'avo ir pas le
moindre savon à disposition.
Chaque suspicion de cas
ou chaque cas
avé rée a
permis de je
ter l'opprobr
e sur les visi teur s et d'augmen
ter les res trictions en
ce
sens alor s même que les
con tamina tions ve
naient le plus souven
t du personnel
so ign an t o u d u p ers on nel pé nit en tiai re.
En de ho rs des su pp res sio ns des ac tivi tés
culturelles voir e d'enseigne men
t et de la ferme ture
des salle s de sport, aucune
mesure n'a é té mise en place pour
empêcher les prisonniers
de se con taminer
entr e e ux, que ce soit dans les ce
llules surpeuplé es des
Maisons d'Arr êt, dans
les douches, dans
les « salles d'a tten te
» pour le parloir ou l'in
firmerie. Les libé-
rations par an
ticipation du prin temp s on t av ant tout été un eff et d'annonce qui
a eu pour but
d'éteindr e les rév oltes en prison avan
t qu'il n'y ait
davan tag e de
flammes con tes tat aires, l'une des pr
emières conditions pour y
prét endre étan t
de n e j ust em en t d e n e p as avo ir fai t d e v agu es.
D an s l es fai ts, le s p ris on nie rs
présen tan t des vulnérabilit
és, par exemple des pa
thologies respir atoir es, n'on t
pas eu droit à des libérations
conditionnelles ni à
la moindr e pr
otection spéci-
fique au sein de la déten tion.
Depuis le mois de
septembr e 2020, le taux d'incar
cération est reparti en ne
tte
hausse. Au
er 1 novembr e 2020,
alor s que les clus ter s en prison se
multiplient,
609 per sonnes dormen
t toujour s sur
un ma telas parterr
e (principalemen t dans
les m ais on s d 'ar rêt ) a u m ép ris de s c on sig nes sa nit air es mai s s urt ou t d e la di gn ité .
Quoi que l'on pense
des mesur es prises
face à l'épidémie de cor
onavirus, for ce
est de cons tat er que la popula tion car
cérale n'est pas considér ée de
la même
manière que le re ste de la population
: si le por t du masque e
st obligat oire dans
rement fournie), et la possibilité de cantiner tabac et produits d'hygiène de base, rien n'est autorisé. La taille et l'état des cellules, la lumière qui y pénètre, diffé- rent d'une prison à l'autre : du cachot minuscule sombre et humide qui n'a pas changé depuis des décennies à la froideur de l'inox et de la norme strictement respectée pour mieux déshumaniser. La personne enfermée ne peut sortir de la cellule qu'à l'occasion de la douche (maximum trois fois par semaine) et lors d'une « promenade » journalière d'une heure dans une cellule extérieure indi- viduelle où les fientes de pigeons ont moins de mal que les rayons du soleil à passer à travers les barreaux. Le prisonnier a (théoriquement) droit à un parloir d'une heure et un appel téléphonique par semaine. La peine maximale de mitard est de 30 jours mais, dans les faits, l'administration peut la renouveler aussitôt que la personne en sort.
* Colis de Noël
Si l'envoi de colis aux prisonniers est interdit, les proches peuvent chaque année, à la période de Noël, déposer à l'accueil de la prison un colis dont le poids maxi- mum (généralement 5kg) et les possibilités quant à son contenu (alimentaire, photos, livres, dessins d'enfants) sont fixés par la direction de chaque prison.
L'arbitraire des règles, qu'en plus de la direction les surveillants se plaisent à modifier à l'humeur, et la longueur des contrôles posent beaucoup de difficultés aux proches qui déposent le colis. Toutefois, il s'agit pour les prisonniers d'un des rares moments qui brisent la monotonie carcérale : un lien avec le plaisir de découvrir ce que son proche a préparé, de goûter des denrées qui sortent de la fadeur des produits de cantine et qui changent de l'infâme gamelle (surtout pour ceux qui ne peuvent se permettre de cantiner), celui de partager avec les autres prisonniers des choses qui viennent de l'autre côté des murs... La période de Noël est une période difficile pour les personnes enfermées, le nombre de sui- cide y est encore plus important que le reste de l'année. En 1971 puis en 1972, la suppression des colis de Noël dans les prisons françaises (faite à la demande des syndicats de surveillants) a engendré de nombreuses révoltes dans les pri- sons de tout le pays avec des grèves de la faim, des grèves du travail, des muti- neries, etc.
* Dépôt de linge
Dans une cellule de 9 m², les prisonniers n’ont pas assez de place pour étendre le linge, ni pour ranger leurs habits pour toute l’année. Le fait de les priver de leur linge juste avant l’hiver signifie qu’ils gardent seulement leurs vêtement d’été pour la période de froid. Certains n'ont que quelques habits, qui parfois
* é riS
Surnommées
«GIGN de la pénit en tiaire
» mais appelée
s plus cour ammen
t – et
cyniq uemen t – É RIS(
du n om de la dées se grecq ue de la dis co rd e, mèr e d e la
souffrance, des douleurs,
du discour s mensong er, e
tc.), les Équipes Régionales
d'Inte rven tion e
t de Sécurit é son
t des unités
d’in ter ven tion de l’adminis tration
pénit en tiaire.
Elles sont crées en 2003, par le minis tre Perbe n et le pr éfe t Lalle-
men t, s uit e a ux mu tin eri es dan s le s p ris on s c en tra les de M ou lin s e t d e C lai rva ux.
Àla différ ence du surveillan t pé
niten tiaire lambda qui
ne pe ut port er d'armes
lét ales qu e d ans les guéri tes, les éris son t co nstitu ées d
e ma to ns qu i p euven t
ren tre r e n d éte nti on av ec un ar sen al c on sti tu é d e t on fas , fl ash bal l (L BD ), p ist ole t
à impulsion électrique (t
aser), gr enades de
dé sence rcle ment, pis tole t Glock 17
et fusil à pompe R
emington 870, mais
aussi casque s, bouclier
s, par e-balle s, c a-
goules, gan ts, bott es, e tc.
Elles ont égale ment
le pouv oir d'in
ter venir ave c de s
chiens de recher che de
subst ances e xplosives
et de s tupéfian ts, ce lui de pr ati-
quer des fouilles à nu
sur les prisonnier
s e t des palpations
sur le s visit eurs.
On
co mp te au jo urd 'h ui, ép arp illé s s ur to ute la Fr an ce, di x é qu ip es co nsti tu ées d' un e
quaran taine d'ag ents, répondan t tout
es à la doctrine du main
tien de l'or dre par
la viole nce.
Violence main tes fois dénoncée
par le s per sonnes inc
arcé rées qui
réussissen t à
prendr e la parole , e t ce encor e ré cemme nt, dé but no vembr e, par
les pr iso nn ièr es de la Mai so n d 'ar rêt po ur fem mes de s B au mett es.
V io len ce po ur
laquelle la Fr ance a déjà été condamné e par
la Cour eur opéenne des droits de
l'H om me en 20 05.
.. D ep uis , le s É RIS so nt éga lem en t é pau lée s d an s le ur bes ogn e
par se s é man ati on s q ue so nt les ES P e t E SLP (é qu ip es de séc uri tés pé nit en tiai res )
qu i p oss èd en t é gal em en t u n a rse nal pa rti cu lie r e t le po uvo ir de fo uill e e t d e p al-
pations des visit eurs.
La cré ati on d es ER IS et co mp agn ie a p erm is d'in sti tu tio nn alis er la vio le nce e t
ainsi de banaliser et
normaliser enc ore davan tag e la violence car
cérale, de don-
ner une cart e blanche à l'ensemble
du per sonnel pénit
entiair e pour fair e usag e
de la for ce.
* Mitar d
Le mit ard , c ach ot ou ch tar , n om mé offi cie lle men t q uar tier di sci plin air e (Q D), dé -
signe une aile de
la prison où son
t regr oupées les
cellules utilisées à des
fins de
punition. Apr ès condamna tion sur
décision du prét oire (l'instance disciplinaire
de la pri so n), le pr iso nn ier y est en fer mé dan s u ne cel lu le in div id uel le co nte nan t
uniquemeht un W C, un lavabo , e t un
«sommier
» fix és au sol. Hormis la maigr
e
gam elle qu oti die nn e, u ne co uve rtu re, un liv re, du pa pie r, u n s tyl o, u ne rad io (r a-