Application des données de Forestier National à l’étude de la production du pin sylvestre
enMargeride
Etude de la production totale
envolume
J.M. OTTORINI de Svlviculture et d
IN.RA., Station de
Sylviculture
et de ProductionCentre de Recherches forestières de Nancy, Champenoux, F 54280 Seichamps
Résumé
Dans la seconde
partie
d’une étude consacrée à l’estimation de laproduction
totale en volume dupin sylvestre
enMargeride,
des relations entre lescaractéristiques
desplacettes
utilisées ont été recherchées pour obtenir uneexpression
du volume sur pied et de l’accroisse- ment courant en volume desplacettes qui pouvait
convenir aux besoins de l’étude. Une relation liant l’accroissement courant en volume àl’âge,
la hauteur et la surface terrièrea ainsi été mise en évidence. En
s’appuyant
sur les courbes de croissance en hauteur issues de lapremière partie
de l’étude, et sur une relation donnant la surface terrière despeuplements
surpied
en fonction de la hauteur,l’expression
de l’accroissement courant en volume a pu êtreintégrée
en fonction del’âge
pour des classes deproductivité
données, conduisant ainsi à la production totale. Deplus,
pour avoir une meilleure idée dudéveloppement
despeuplements,
le nombre detiges
à l’hectarecorrespondant générale-
ment à un
âge,
une hauteur, et une surface terrière donnée a pu être obtenue.1. - Introduction
Cet article
présente
les résultats finaux d’une étude basée sur les données de l’Inventaire Forestier National et ayant eu pour but de déterminer laproduction
des
peuplements
depins sylvestres
dans larégion
de laMargeride.
Les motivations.des
généralités,
et lespremiers développements
de cette étude ont étéexposés
dansune
publication déjà
parue(O TTORINI
&Nvs, 1980).
Les travauxprésentés
icis’ap- puient
sur cespremiers développements ;
ils’imposait
dedistinguer
deuxparties
dans cet ensemble pour
pouvoir
traiter deproblèmes
de natures très différentes.Une difficulté
majeure
dans l’étude de laproduction
forestière tient au faitqu’à chaque
moment le volume surpied
d’unpeuplement
n’estqu’une
fraction du volumeproduit depuis
sonorigine
par les arbres dont il secomposait
alors ; c’estcette
quantité
habituellementappelée « production
totale» qu’il
est véritablementimportant
deconnaître,
et les moyens de la déterminerdépendent
des données dis-ponibles.
Si l’ondispose
deplacettes qui
ont étérégulièrement
suivies et mesuréesdepuis
que leurpeuplement
existe, laproduction
totale peut en être connue directe- ment, mais cette situation estexceptionnelle. Aussi, lorsque
l’on doits’appuyer
sur desplacettes qui
n’ont été mesuréesqu’une
seule fois comme ce fut le cas ici(placettes
dites
temporaires),
ou sur desplacettes qui
n’ont été mesurées defaçon
suivie quependant
untemps
relativement court, pour en déduire laproduction
totale à l’unitéde surface de l’essence considérée il faut avoir recours à des artifices. Ces moyens artificiels reposent à la fois sur des faits que les mesures
permettent
de mettre en évidence et surd’indispensables hypothèses (basées
sur des connaissancesgénérales antérieures)
venantsuppléer
au manque d’informations. La section suivante détaille dans ce cadre lesprincipes
et les méthodesqui
ontpermis
deparvenir
à une solutiondu
problème
initialementposé.
2. -
Principes
et méthodes2.1. -
Principes dendrométriques généraux
Lorsque
laproduction
totale despeuplements
forestiers n’est pas directementobservable,
c’est-à-direlorsque
l’on nedispose
pour la déterminer que deplacettes temporaires
ousemi-permanentes,
il faut la calculer enexploitant
les relationsqui
peuventapparaître
entre les diverses composantes de la croissance despeuplements
à travers les mesures
dendrométriques
dont ondispose.
Dans tous les cas, faire ce calculsignifie
que l’on a pu obtenir uneexpression
liant l’accroissement en volume desplacettes
aux autrescaractéristiques
de celles-ci dont l’évolution estplus
facileà connaître. Par
exemple,
dans la méthode utilisée en France pour la construction de tables deproduction
àpartir
deplacettes temporaires (DÉ COUK’ r, 1972)
le calcul de laproduction
totale est basé sur le rapport K liant le volume enlevé en éclaircieau volume sur
pied :
si l’onnéglige
la mortalité naturelle entreéclaircies,
l’évolution du rapport K et du volume surpied
déterminent l’accroissement courant. Cette mé- thode ne nécessite pas desondage
à la tarière maiss’applique
seulement aux peu-plements
assezrégulièrement
éclaircis. En cequi
concerne lepin sylvestre
en Mar-geride
dont il semble que lasylviculture
soitpratiquement
inexistante engénéral (voir M ARQUESTAUT , 1979)
il fallaitemployer d’autres
moyens pour en étudier laproduction.
Les données del’LF.N.
incluant des mesures d’accroissement de la grosseur destiges
effectuées à la tarière à1,30
m, il étaitpossible
de rechercher -en se basant sur ces mesures - une relation déterminant la
production
totale àpartir
de l’accroissement courant : cette relation devait être donc de nature différentielle et son
intégration pouvait
conduire à la solution. Il semble que l’onpuisse
attribuerla
première
tentative de ce genre à BUCKMAN(1962),
et les travaux de CLUTTER(1963)
& CURTIS
(1967)
marquentd’importantes étapes
dans la réalisation d’un tel pro- gramme. Les démarchesqui apparaissent
dans ces articles sontcependant
toutesdistinctes,
ellesdépendent
à la fois des circonstancesparticulières
àchaque
étudeet de
l’importance
quechaque
auteur a attachéà
tel ou telaspect
deschoses ; aussi
pour
cesmêmes raisons la démarche présentée ici
sedistingue des précédentes par
plusieurs points.
Enfin pour clore cettediscussion,
il reste à dire que les schémassimplificateurs
mettant en évidencel’indépendance
de certainsphénomènes
ou l’in-variance de certaines relations sont des
plus précieux (voir DÉ COURT , 1972).
Il estabsolument nécessaire de rechercher des
possibilités
desimplifications (exactes
ouapprochées)
pour étudier la croissance et ledéveloppement
despeuplements
fores-tiers dont l’état est déterminé par un
grand
nombre de variablesqui
sont toutesplus
ou moins liées. Enparticulier,
bien que cettehypothèse
n’était pas vérifiabledans le cadre de cette
étude,
mais comme cela estgénéralement admis,
dans lesdéveloppements qui
suivent la hauteur despeuplements
- ici la hauteur moyenne des arbres dominants etcodominants,
conformément à cequi
a été convenu dans lapremière partie
de l’article -qui
est un élément central deréférence,
estsupposée dépendre uniquement
de laproductivité
du lieu et del’âge
despeuplements (ce qui
en
général
n’estjamais
gravement contredit par les faitsexpérimentaux).
2.2. - Méthodes
d’analyse
des donnéesDans le
développement
desprochaines
sectionsapparaîtront
des relations faisant intervenir simultanémentplusieurs caractéristiques
depeuplements
liées par diversesfonctions ; quelques explications
sont nécessaires à cesujet,
enparticulier
pour mon- trer comment la forme de ces relations a pu être établie avec sûreté. Des connais-sances
générales préalables
facilitent la recherche de relations entre les caractéris-tiques dendrométriques
d’un échantillon depeuplements forestiers,
mais cette recherche n’est vraiment efficace que si elle est conduiteméthodiquement.
Pourétudier la
dépendance
de deux variables iln’y
a pas de substitut auxgraphiques
où l’on observe dans un
système
de deux axes lespoints ayant
pour abscisses et ordonnées les variables à étudier. Cesgraphiques (ou diagrammes
dedispersion
comme ils sont encore
nommés)
ont des rôlescomplémentaires :
ils rendent appa- rente une relation entre deux variables si elleexiste,
ilsindiquent
la forme fonction- nelle de cette relation abstraction faite d’une certainevariabilité,
et ilsindiquent l’importance
de cette variabilitéinexpliquée.
Unehypothèse
faite sur la forme fonc- tionnelle de la relationpeut
être alors facilement vérifiée :lorsque
la transformationcorrespondante
estappliquée
à l’une des deux variables(ou
auxdeux),
alors lespoints
doivent sedisperser
autour d’unedroite ;
si ce n’est pas le casl’hypothèse
peut être révisée.Enfin, quand
unedépendance
a été détectée entre deuxvariables, l’analyse
décritepeut
êtrepoussée plus
loin aussicomplètement
avec la même sim-plicité
pour étudier lapossibilité
que l’une de ces variables soit en fait simultané-ment
dépendante
de deux autres : pour cela lesopérations déjà
effectuées consti- tuent uneétape qui permet
d’estimer une relationprovisoire,
le pas suivant consiste à étudier avec les mêmestechniques
ladépendance
des valeurs résiduelles issues de cette estimation vis-à-vis de nouvelles variables(les
valeurs résiduelles sont les dif- férences entre les valeurs observées d’une variable convenue «dépendante
» et lesvaleurs estimées par une fonction de la variable
« explicative » ;
on peut sereporter
à DRAPER &S MITH , 1966,
CHIV;
McN EIL , 1977,
CHIII ;
ou MOSTELLER &T UKEY
, 1977,
p.271,
pourplus
de détails sur l’ensemble de cesquestions).
Lorsque
la forme définitive d’une relation est connue il reste àprocéder
àl’estimation des
paramètres qui
doivent yfigurer.
Comme l’estimation des formes linéaires estaccomplie
par les méthodes lesplus simples
à mettre en oeuvre etqui
donnent les résultats les
plus satisfaisants,
il estpréférable d’y
avoir recourschaque
fois que cela est
possible. Quand
ces circonstances favorables ne seprésentent
pasdirectement,
la transformation d’une ou deplusieurs
variablesévoquée
au para-graphe précédent
permet très souvent des’y
ramener, mais danschaque
casparti-
culier peuvent se
présenter
d’autrespossibilités qui
permettent de le faire : il se trouve quechaque
fois au cours de l’étudequi
a donné lieu auxdéveloppements qui
suivent leproblème d’ajustement qui
seposait
a pu être ramené à celui d’unajustement
linéaire. Pour ces estimations linéaires la méthode des moindres carrés estpréférable
aux autres dans les conditions où onpeut l’appliquer.
En d’autrescirconstances elle doit
cependant
être évitée(ou modifiée)
enparticulier lorsqu’il n’y
a pas
homogénéité
de ladispersion
des valeurs observées auvoisinage
des valeurs à estimer. Dans ce cas des méthodes basées sur unprincipe
différent(dans lesquelles
la médiane
joue
un rôleimportant)
ou dérivées(emploi
depondérations) peuvent
être substituées à la méthode des moindres carrés(voir
MeN E i L , 1977,
p.49 ;
MOSTEL-LER &
Tur< E Y, 1977,
p.356,
pourplus
dedétails).
Par deux fois le cas s’estpré- senté,
et pour cela le traditionnel coefficient de corrélationn’accompagne
pas les relationsdéterminées,
mais lesgraphiques correspondants peuvent suggérer
avecquelle précision
elles sont vérifiées(plus précisément,
l’estimation desparamètres qui apparaissent
dans les relations(2)
et(5)
a nécessitél’emploi
depondérations
calculées de
façon
itérative dans le cadre de la méthode des moindrescarrés ;
lesrésultats obtenus ont été
contrôlés,
comme dans tous les autres cas, par un examen final des résidusconjointement
avecles,
valeursestimées).
3. - Relations conduisant à une
expression
de laproduction
totaleDans cette section sont
présentées
deux relations fondamentales que les don- nées étudiées ontpermis
d’établir : lapremière
liant le volume surpied
d’unepla-
cette à la surface terrière et à la hauteur est bien connue, la seconde liant l’accrois-
sement relatif de la surface terrière sur
pied
àl’âge
ne semble pas avoir étédéjà signalée. L’application
de ces relations est ensuiteenvisagée.
Le volume de
chaque
arbrepris
en compte sur uneplacette
de l’I.F.N. est direc-tement évalué à
partir
des mesures de deuxbillons,
lepremier qui
va dupied
del’arbre
jusqu’à 2,60
m avec la mesure du diamètre à1,30
m, le secondqui
va de2,60
mjusqu’à
la hauteur de ladécoupe
bois fort avec la mesure du diamètremédian ;
àchaque placette
est donc finalement attribué un volume total Vprovenant
de ces mesures. Une relation entre le volume total desplacettes,
leur hauteur H et leur surface terrière G est apparue être vérifiée avec une très bonneprécision (voir
la
figure 1)
et estimée comme il suit :(V
en mètres cube parhectare,
G en mètres carré parhectare,
H en mètres. Cerésultat est à
rapprocher
de laclassique
relation V/G = FH où F est le « coefficient de forme »,qui
a eu cours pour d’autresauteurs).
Par
ailleurs,
les mesures individuelles des 5 derniers cernes d’accroissement an-nuel en circonférence à
1,30
m effectuées à latarière,
et del’épaisseur
d’écorceeffectuées à la
jauge
àécorce,
surchaque
arbre d’uneplacette,
ontpermis
de déduireles
caractéristiques
suivantes pourchaque placette :
l’accroissement annuel en sur-face terrière sur écorce et l’accroissement annuel relatif
correspondant.
Cette der-nière
caractéristique
a été calculée sous la forme[LOG(G)
-LOG(G
+AG)]/5
oùLOG
désigne
lelogarithme népérien
et AG l’accroissement en surface terrière surécorce
correspondant
à 5 ans ; cette forme de calcul al’avantage (voir F ISHER , 1970,
p.28)
de ne pas surestimer ou sous-estimer l’accroissement relatif comme celase passe
lorsqu’il
est obtenu en divisant l’accroissement annuel par la valeur initialeou la valeur finale de la surface terrière. Ces deux
grandeurs
furent successivement étudiées avec l’intention de rechercher une relation les liant à d’autrescaractéristiques
des
peuplements,
à savoir : lahauteur, l’âge
et la surface terrière.L’analyse portant
sur l’accroissement de la surface terrière et concernant une éventuelle relation entre cette variable et l’une des trois autres variables dernièrement citées fut
négatif :
lesgraphiques
observés ne montraientqu’une dispersion cahotique
despoints.
Par contred’autres examens mettaient nettement en évidence une relation entre l’accroissement
relatif en surface terrière et tour à tour la hauteur ou
l’âge.
C’est finalement entre l’accroisement relatif de la surface terrière etl’âge (A) qu’une
relation était leplus
clairement et le
plus précisément
définie(voir
lafigure 2).
La relation estimée s’écrit : 1 dGLa variabilité de l’accroissement relatif de la surface terrière non
expliquée
parl’âge
n’a pu être ultérieurement réduite en faisant intervenir en
plus
de cette variable ànouveau la
hauteur,
la surfaceterrière,
et de surcroît certaines mesures de la densité associées au nombre detiges ;
la relation(2)
a donc été considérée commel’expression
définitive de l’accroissement de la surface terrière.
(Il
est à noter que DÉCOURT a pu utiliser avec succès l’accroissement relatif de la surface terrière pour l’étude deplacettes permanentes :
voirDÉcouRT, 1971).
Si l’on fait abstraction des causes de variabilité non
contrôlées,
le volume d’unpeuplement
donné est une fonction V dutemps,
sa surface terrière est une fonc-tion G du temps, et sa hauteur une fonction H du temps déterminée par la pro- ductivité de la
station ;
cesgrandeurs
vérifient :.-. -, - -.,.
où f est la fonction définie par la relation
(1).
Pour un intervalle detemps
suffi-samment court
pendant lequel
des accidents ne viennent pas fairedisparaître
desarbres sur
pied,
laproduction
totale VT a un accroissementégal
à celui du volumesur
pied (une
démonstrationplus
formelle de ce fait est donnée parC URT rs, 1967) ;
par
conséquent, d’après (3)
il vient:ce
qui
peut encore s’écrire :Dans cette
équation
différentiellequi
détermine laproduction totale,
tous leséléments peuvent être
supposés
connusexcepté
la fonction G dutemps qui représente
l’évolution de la surface terrière du
peuplement envisagé
résultant desphénomènes
de croissance et de mortalité. La
question
de la détermination de cette fonction né- cessaire à l’estimation de laproduction
totale estreportée
à la section suivante.4. - Croissance et
développement typiques
despeuplements
depin sylvestre
en
Margeride
La seule relation déterminant G d’une
façon qui puisse
êtreexploitée
pourintégrer l’équation (4)
de la sectionprécédente
s’écrit :(5)
G =15,3072 H O , 5 -26,1899
Cette relation
qui
s’est avérée êtreindépendante
del’âge
a été estimée dans les conditionssuggérées
par lafigure
3 où ilapparaît qu’elle
se trouve vérifiée avec unefaible
précision.
Dans ces conditions on peuts’interroger
sur le sensqu’il
y a de faire abstraction de la variabilitéinexpliquée
par la hauteur en utilisant la relation(5)
pour décrire l’évolution de la surface terrière d’unpeuplement.
Or cette variabilité est dueen
grande partie
aux différences de nombre detiges
entre lesplacettes d’âge
et deproductivités comparables (cela apparaîtra
indirectement dans laprochaine section) ;
ces différences
proviennent
elles-mêmes de lapetite
surface desplacettes (variant approximativement
de 1 à 7ares)
et du manqued’homogénéité
despeuplements
d’oùelles sont issues. On
peut
donc raisonnablement supposer que pour unpeuplement
de
plus grande
surface(par exemple
1ha)
ces différences locales secompensent
etque l’évolution de la surface terrière se réalise effectivement comme il est
prévu
par la relation(5). Quoi qu’il
en soit cette relation a été utilisée pourpermettre d’exprimer
l’équation (4)
en fonction du temps par l’intermédiaire de courbes de croissance en hauteur dont la formegénérale
était issue de lapremière partie
de l’étude. Trois hauteurs de référence à 50 ans : 15 m,11,25
m,7,50
m ont été retenues pourrepré-
senter l’intervalle des
productivités
de l’échantillon desplacettes
del’étude,
et les courbes de croissance en hauteurcorrespondantes
caractérisent avec les relations(1), (2), (4), (5),
ladynamique
despeuplements
depin sylvestre
enMargeride,
illustréepar l’ensemble des courbes de la
figure
4(l’équation (4)
a étéintégrée numérique- ment).
A l’issue de cette section il est
important
de faire la remarque suivante :l’équa-
tion(4)
laisseprévoir
des variations de laproduction
associées à deschangements apportés
à l’évolution du matériel surpied (qui
fixe la relation(5)) ;
des variationsplus
sensibles que ne le faitgénéralement apparaître l’expérience (conformément
à laloi de
E ICHORN ).
Cela vient vraisemblablement du fait que l’accroissement relatif de la surface terrière doit être assezlongtemps
sous l’influence des conditions de densité initialesqui
n’ont pu êtreprises
en comptelorsque
la relation(2)
a été établie(il apparaît
en effet à lafigure
2 que la variabilité de l’accroissement relatif de la surface terrière nonexpliquée
parl’âge
estplus importante
pour lesâges
lesplus bas).
Pources raisons il serait hasardeux d’effectuer un calcul de variation de la
production
totale avec la densité basé sur les relations
estimées,
car la relation(2)
ne seraitplus
cohérente avec une loi d’évolution de la surface terrière autre que celle définie par la relation
(5),
et parconséquent
neprésentant plus
la mêmesymétrie
relativementaux observations. On peut
cependant
noter que si l’ordre degrandeur
de ces variationsprévu
par la relation(4)
n’est pasfiable,
celles-ci ont lieu dans le sensgénéralement accepté : plus
de matériel surpied,
donne uneplus
forteproduction
totale(voir Mô
LLER
, 1954,
p.31 ; B R nnrHE, 1957,
p.51). ).
5. - Tables de
production simplifiées
pour lepin sylvestre
enMargeride
En vue d’une utilisation
plus pratique
des résultats de la sectionprécédente,
ilest
déjà possible,
pour les classes deproductivité représentées
par les hauteurs de réfé-rence
choisies,
de tabuler(par exemple
pardécade)
lescaractéristiques
depeuple-
ments suivantes :
l’âge,
lahauteur,
la surfaceterrière,
levolume,
l’accroissement courant, laproduction totale,
l’accroissement moyen. On peut donc obtenir ainsi des tables deproduction simplifiées représentant
la croissance et ledéveloppement
despeuplements
comme cela se fait habituellement. Il resterait à fairefigurer
dans cettetable le nombre de
tiges,
cequi
est lepremier objet
de cette section.5.1. - Evolution du iiombre de
tiges
L’analyse
des données apermis
d’établir que le nombre detiges
à l’unité de surface était lié simultanément auxcaractéristiques
depeuplement
suivantes : la surfaceterrière,
la hauteur etl’âge.
Cetteanalyse
n’a pu procurer aucun résultat réellementpositif
avantqu’il
n’ait étéappliqué
une transformationlogarithmique
au nombre detiges,
carl’irrégularité
et la formecomplexe
dedépendance
de cette variablerelativement aux autres
caractéristiques
depeuplement
citées nepermettait
pas de mettre leur rôle en évidence. Une relation déterminant lelogarithme
dunombre de
tiges
en fonction de la surfaceterrière,
de lahauteur,
et del’âge, pourrait
donc être donnée. Il est
préférable cependant
d’en donner une autreexpression équi- valente,
à la foisplus
aisémentinterprétable
etplus
conforme àl’application qui
ensera faite. Pour l’écrire il est nécessaire de
distinguer
d’une part la valeur observée de la surface terrière G et d’autre part sa valeur estimée pour une hauteur de peu-plement
donnée H par la relation(5)
et notée GEST. Dans ces conditions le nombre detiges
N est déterminé par la relation :T DnrB! — ¡;()¿[Q1 ..1- 1 ()¿[1¿[1r;/r;pçTW.G..I- n n i < i av<w - n 7<Qa Tnr;IA) i
ou encore, en faisant
apparaître
les valeurs résiduelles GRES = G — GEST :Le second terme de la relation
(6)
est constant pour les valeurs de la surface terrière situées sur latrajectoire
définie par la relation(5) (celles
doncqui apparaîtront
dansles tables de
production proposées) ;
ce terme en effet rend seulementcompte
de lavariation du nombre de
tiges
associée aux écarts à cettetrajectoire.
Par ailleurs enl’absence de ces écarts les deux termes suivants rendent compte de l’évolution du nombre de
tiges
suivantl’âge
et laproductivité.
Il estimportant
de noter que les deux derniers termes de la relation(6)
oùapparaissent
dans l’un la hauteur et dansl’autre
âge (sous
certainesformes)
ne sont pasredondants ;
aucontraire,
ils tendent à traduire le fait que le nombre detiges
depeuplements ayant
même hauteur décroît avec laproductivité
des stations. Afind’apprécier
ledegré
de certitudede ce
fait,
et comme les conditions de l’estimation lepermettaient,
des testsstatistiques,
basés surl’hypothèse
de normalité ont été effectués et ont confirmé que chacun desparamètres
estimés enquestion
s’écartait trèssignificativement
dezéro eu
égard
à la variabilitéinexpliquée.
5.2. - 7’ables de
production
La relation
(6)
permet donc decompléter
les indicationspossibles
des tables deproduction
décrites au début de cette section. Dans ces tablesqui
constituent le tableau 1 les valeurs estimées du nombre detiges
n’ont pas été obtenues parsimple exponentiation
de la relation(6).
Eneffet,
les valeurs dulogarithmc
du nombre detiges
observé sedispersaient
assezrégulièrement
pour êtresupposées
normales commecela a
déjà
étésignalé,
et dans ces conditions une estimation sans biais du nombre detiges
moyencorrespondant
à une hauteur et à unâge
donnés a pu être obtenuegrâce
à unimportant
résultat de FnvtvEY(1941) adapté
par BRADU & MurrDtnx(1970), qui
a été mis enapplication
pour la circonstance(d’après
l’article cité deF
INNEY
,
si Y =LOG(X)
suit une loinormale,
les estimateurs bien connus de la variance et de la moyenne de Y issus de la méthode des moindres carrés sont indé-pendants ;
cettepropriété
est fortement utilisée pour déterminer le biais deEXP(Y) pris
comme estimateur de la moyenne de X).
Il n’a pas été
procédé
à une véritableépreuve
de validité des tablesproposées,
mais certaines
comparaisons
ont pu être faites avecquelques
données provenant deplacettes
permanentes depin sylvestre
étudiées par MARQUESTAUTr (1979)
dans lamême
région.
Pour 9 de cesplacettes
permanentesqui
se trouvent dans des stations de bonneproductivité,
les accroissements courants ont étépubliés ;
ils se situententre les valeurs
indiquées
auxâges correspondants (de
48 à 68ans)
par les tables des classes 1 et 2 du tableau 1 ; il en est de même pour les volumes surpied qui
setrouvent de la même
façon
encadrés par les valeurs du tableau 1. Par contre les nom-bres de
tiges
de cesplacettes
permanentes sont nettementplus
élevés que ceuxprévus
par le tableau 1 dans les conditions
correspondantes.
BARBET(1978)
aussi dans sonétude du
pin sylvestre
enMargeride
a donné des chiffresbeaucoup plus
élevés pour les nombres detiges.
Ce désaccord peut être dû enpartie
au fait que lestiges
demoins de
7,5
cm de diamètre ne sont pas recensées par l’I.F.N., mais il vient aussi trèsprobablement
de ce que l’on a tendance à installer lesplacettes
deproduction
dans des
peuplements
fermés etprésentant
un aspect de futaierégulière.
Au contrairede
cela,
lesplacettes
d’un inventaireproviennent
d’unéchantillonnage
aléatoire et’doivent représenter
toutes les conditions depeuplement.
Parailleurs, d’après
un contrôle
qui
a été effectué a po.rteriori avec les données de cette étude, il semble bien que les circonférences moyennes depeuplement prévues
par le tableau - c’est- à-dire déduites des tables deproduction
par le calcul portant sur le nombre detiges
et la surface terrière
qu’elles indiquent
- soientcompatibles
avec celles observéessur les
placettes
échantillon ayant servi à établir les tables.En
effet,
une relation liant la circonférence moyenne despeuplements
CG àleur hauteur et à leur
âge
a pu être établie directement àpartir
des circonférences moyennesobservées, malgré
une variabilité résiduelle assezimportante.
1-1 -- rB A,..,&dquo;-/’&dquo; 1 ri. rB.-,rv’.,.r J J 1 rB. &dquo;&dquo;&dquo;’’’’°’&dquo;’ T r’B.r&dquo;f A.&dquo;’B 1
La
figure
5 permet de comparer les circonférences moyennes estimées par cette relation pour diverses valeurs de H et de A lues autableau 1,
avec les valeurs de la circonférence moyenne calculées àpartir
de la surface terrière et du nombre detiges correspondants
lus dans le même tableau : la différence entre deux valeurs obtenues pour la circonférence moyenne d’unpeuplement
de hauteur etd’âge
donnés est nullelorsque
lepoint représentatif
ayant l’une pour abscisse et l’autre pour ordonnée se trouve sur lapremière
bissectrice durepère.
Lacomparaison
entre les deux ensembles de valeurs est assez satisfaisante : compte tenu de la différence de nature entre les valeurscomparées qui
introduit nécessairement un biais(les
unesproviennent
d’uneestimation
directe,
les autres d’un calcul sur desestimations),
lafigure
5 ne permet pas de déceler un grave défautsystématique
des tables deproduction proposées
autableau 1, du
point
de vue de l’évolution du nombre detiges
associée à une évolution donnée de la surfaceterrière ;
il estcependant prudent
de considérer comme desextrapolations
lapremière ligne
de la deuxième table :peuplements
de la 2&dquo; classe deproductivité
à 20 ans, et les deuxpremières lignes
de la dernière table :peuple-
ments de la 3&dquo; classe de
productivité
à 20 ans et à 30 ans, car les diamètres moyenscorrespondants
sonttrop proches
du seuil de7,5
cm.En
application
de cette dernièreanalyse,
lafigure
6 montre l’évolution de la circonférence moyenne despeuplements
avec la hauteur pour les trois classes deproductivité représentées
par lestables,
et permet de comparer de cepoint
de vueles
peuplements
depin sylvestre
enMargeride
avec ceux deSologne
étudiés par DF-COURT
(1965).
Le fait que pour lespeuplements
deSologne
le nombre detiges
àl’hectare
correspondant
à une hauteur donnée estplus important apparaît
indirectementsur cette
figure. Malgré
la définitionparticulière qui
futadoptée
pour la hauteur depeuplement
H : la hauteur moyenne des arbres dominants etcodominants,
cette compa- raison estpossible ;
il s’est en effet avéré que cette hauteur - elle devait procurerune
caractéristique
moins sensible dans certains cas à laprésence
d’arbres de troppetites
dimensions relatives et neparticipant plus
à ladynamique
dupeuplement
-pour la
grande majorité
desplacettes
coïncidait avec la hauteur moyenne. Cettepré-
cision offre l’occasion de
signaler qu’en pratique,
pour l’utilisation du tableau 1, iln’y
a pas d’inconvénient à confondre la hauteur
indiquée
avec la hauteur moyenne.6. - Conclusion
Il est très
remarquable
que les données initialement destinées à un inventaire forestier sur unegrande
échelle aient pu êtreexploitées
dans le cadre d’une étude deproduction
pour permettre deparvenir
à des indications sur lescaractéristiques
essentielles de la croissance et du
développement
d’une essence dans unerégion.
Il estencore difficile de
pouvoir
vraimentjuger
ces résultatsqui
semblentmalgré
toutacceptables ; cependant
des chiffres sur laproduction
totale ont été obtenus et des traitsparticuliers
auxpeuplements
depin sylvestre
enMargeride
ont pu être mis en évidence.D’après
les dernièresphases
del’étude,
le type despeuplements représenté
par le tableau 1 faisant la
synthèse
des données utiliséesparaît
être celui depeuple-
ments
parfois
un peu clairsemés que l’on rencontre enMargeride (comme
les bois deferme) plutôt
que le reflet de futaiesrégulières
très denses. Il est trèsprobable qu’en partant
de la même source de données il soitpossible
pour d’autres essences forestières d’obtenir desrenseignements
de base sur leurproduction
enprocédant
defaçon
similaire.Reçu
pourpublication
en décembre 1980.Remerciements
1) La collaboration de M. J. BERTRAND, chef de l’Echelon de Nancy de l’Inventaire Forestier National, a rendu accessibles les données
qui
ontpermis
d’effectuer les travauxprésentés
sous le titre«Application
des données de l’I.F.N. à l’étude du pinsylvestre
enMargeride
».2) Au cours de ces travaux, large usage a été fait de la
programmathèque
de la Station de Biométrie du C.N.R.F. installée sur l’IRIS 80 (sous lesystème d’exploitation
SIRIS 8,C 10)
de l’Ins2itut Universitaire de CalculAutomatique
de Lorraine.3) D’autre part, une aide du
personnel technique
de cette station et enparticulier
cellede M&dquo;e E. VACaEZ a
permis
de réaliser uneapplication
basée sur l’ouvrage de D. Me NEILdéjà
cité, permettantgrâce
ausystème
de tempspartagé
de l’ordinateur utilisé deprocéder rapidement
(sur le mode conversationnel) à de très nombreusesanalyses graphiques
suivantles
principes exposés
dans lapremière
section de cet article.Summary
Study of growth
andyield of
Scotpine
inMargeride using
datafrom
I.F.N.B - The gross volume
growth
In the second part of a study dedicated to the estimation of the gross volume
yield
of Scot
pine
inMargeride
(an agricultural region of France), the relationships between the characteristics of studied stands wereinvestigated
to obtain anexpression
of the volume of the stands and of their current volume increment that could meet the initial needs. This led to arelation connecting the current volume increment to age, height, and basal area. Using height curves
previously
obtained in the first part of the study, and a relationexpressing
stand basal area as a function of
height,
theexpression
of current volume increment could have beenintegrated
with respect to age forgiven
site classes to have thecorresponding
gross volume
yield.
Adding to the knowledge of thedynamics
of the stands,typical
numberof stems per hectare
corresponding
togiven
age, height and basal area could have been obtained.Références
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