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Le dernier frère. Chapitre 1 : Le Dernier Frère. Par Tititof. Publié sur Fanfictions.fr. Voir les autres chapitres.

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Chapitre 1 : Le Dernier Frère

Par Tititof

Publié sur Fanfictions.fr.

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Le dernier frère

L’imprégnation, un truc de dingue que si on m’en avait parlé au lycée, j’aurai bien rigolé. Etre aux pieds d’une fille, quasi son esclave…lui donner tout ce qu’elle veut, être tout ce qu’elle veut et qui elle veut. Vouloir tout donner : sa vie, son corps, son âme…ne voir qu’elle, ne sentir qu’elle et ne vouloir qu’elle. Telle une attraction irrésistible, un truc qu’on ne veut même pas combattre, un sentiment qu’on aime ressentir, le rechercher et parfois même en souffrir. Car l’imprégnation, c’est beau, c’est magique, ça donne des ailes…mais ça fait aussi très mal quand la distance s’installe, quand il y a le manque, l’absence et qu’on ne voit plus ses yeux.

Rachel est la plus belle femme que je n’ai jamais vue sur terre. Je me suis imprégné d’elle à la seconde même où elle est entrée dans la cuisine de Billy Black. Je n’ai pas compris ce qu’il m’est arrivé. Elle est entrée et tout s’est brouillé autour de moi sauf elle. Comme si la lumière du soleil venait soudain de reporter toute sa force sur elle. Elle était belle à couper le souffle, je me souviens même que j’ai senti son parfum envahir ma tête en quelques secondes. Je me suis senti possédé et lié, tout mon corps s’est mis en éveil et je sens encore mes pulsions animales m’envahir, tout mon esprit ne chantait plus que son nom et mon cœur battait très fort.

J’ai eu soudain la sensation de me perdre et de lui appartenir. Elle a alors tourné ses yeux noirs sur moi et là, c’est comme si je venais d’être frappé en pleine poitrine. Impossible de respirer, impossible de parler…mes frères m’ont dit après que j’avais l’air d’un idiot à rester ainsi bouche-bée, subjugué par cette femme…mais voilà, je venais de me lier à elle pour l’éternité. Je me souviens juste avoir croisé les yeux noirs de son frère par la suite et qu’il n’était pas heureux. Mais avec l’imprégnation, on ne choisit pas. Ça pose problème à certains de la meute, certains ont même essayé de lutter mais tu ne peux pas…c’est de la magie et il n’y a aucun sortilège contre. Et même s’il existait, je ne voudrais surtout pas qu’on me le retire. J’aime ce que je ressens, j’aime ce bonheur total, ce sentiment d’appartenance, j’aime l’amour que j’éprouve et que je ressens chez elle pour moi, j’aime cette fusion physique et mentale. Rachel est celle que j’attendais, celle pour qui j’étais destiné, celle pour qui je mourrais.

Je lui serre la main imperceptiblement pendant que nous marchons côte à côte le long de la plage de la Push. Il fait nuit mais la lune éclaire tout l’océan. Elle tourne la tête vers moi et me sourit avec douceur. Malgré l’obscurité, je peux voir ses yeux briller. Nous sommes heureux ensemble. Je m’arrête et lorsqu’elle sent que je la retiens, elle stoppe sa marche et vient

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aussitôt se coller contre moi. Je lâche sa main pour passer les miennes sur sa tête, le long de ses cheveux noirs puis son visage. Je lui prends alors et le colle contre moi pour prendre ses lèvres que j’embrasse doucement. Je sais qu’elle aime quand je fais ça, quand je me retiens, que je tremble de toute part et que je l’étreins sans brutalité. Mais ça ne dure jamais

longtemps. Mon envie d’elle me fait souvent perdre les pédales et je finis toujours par

l’embrasser avec passion…mais ça aussi je sais qu’elle aime car son souffle se fait plus court.

Je finis mon baiser en la serrant contre moi tout en enfouissant mon visage dans ses cheveux.

Le bruit des vagues me berce et son parfum m’enivre.

- Rentrons…, me murmure-t-elle à l’oreille.

- Oui…

Je me détache d’elle et reprend sa main en souriant. A cet instant, je sais qu’elle pourrait me demander n’importe quoi. Nous avançons un peu plus vite qu’avant, pressés l’un comme l’autre de nous retrouver chez nous, dans notre intimité. Son image d’elle, allongée nue sur notre lit m’obsède et j’ai même soudain envie de courir. Rachel ressent mon impatience et éclate de rire.

- Prends-moi sur ton dos Paul ! ça ira plus vite ! - C’est une idée, lui répondis-je.

Mais je préfère éviter qu’on nous surprenne alors je continue à marcher tout en prenant soin de ne pas fatiguer Rachel.

Soudain, je sens un violent choc dans mon bras et sens le poids de Rachel s’écraser contre moi.

- Chérie ?

Son visage est crispé et je panique de la voir aussi pâle. Elle s’écroule dans mes bras en gémissant et je me mets accroupis tout en la maintenant dans mes bras.

- Chérie ? Rachel ? Qu’est-ce que tu as ?

Les yeux fixés sur la lune, la bouche entrouverte, elle semble suffoquer. Je commence à devenir fou et lui caresse les cheveux et le visage tout en continuant de dire :

- Rachel, bon sang !

Elle se met alors à hurler et je sursaute. Un cri si déchirant qu’il semble transpercer le ciel jusqu’à Forks. Ma panique s’intensifie, je la palpe de partout, cherchant l’origine de sa

douleur. Elle pousse un nouveau cri, plus empli de douleur et les larmes me montent aux yeux pendant que je continue à chercher en passant mes mains fébrilement sur son ventre, ses jambes et ses bras.

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- Rachel !!!!

Elle suffoque encore plus et je hurle : - A l’aide !!!!! Jacob !!! Sam !!!!

J’hésite à muter, je pourrais ainsi avoir de l’aide rapidement, peut-être même leur envoyer un message par la pensée mais j’ai peur de la laisser. Je suis en panique totale, ses cris me transpercent.

- Rachel !!! Rachel !!!

Mais son regard est ailleurs, elle hurle encore et encore, se tord dans tous les sens. J’ai envie de crier avec elle quand soudain elle est prise de tremblements et de convulsions si fortes qu’elle m’échappe des bras. Je ne sais plus quoi faire, je la regarde se tordre sur le sable, impuissant quand soudain je remarque du sang sur mon bras et en même temps, une forte puanteur envahit ma tête. Je connais cette odeur ! Je la connais car je suis né pour la détruire ! L’odeur du vampire…je tourne la tête dans tous les sens, l’instinct d’attaque en alerte

maximale, en oubliant presque Rachel jusqu’à ce qu’elle pousse un nouveau cri mais qui se finit dans un râle. La puanteur se rapproche, je me colle contre Rachel pour la protéger quand soudain, avec une rapidité qui me surprend, elle se dégage de moi. Mon cœur s’accélère quand une évidence commence à pénétrer mon esprit. Je regarde mon bras, lève les yeux sur sa chemise immaculée de sang…la puanteur est insoutenable et pourtant, je suis incapable de muter car mon esprit est pétrifié. Mon cœur cogne mes tempes avec force, j’ai du mal à respirer, la folie me gagne quand avec horreur, Rachel tourne son visage vers moi.

Nous sommes face à face et je ne la reconnais plus. Ses cheveux lui couvrent le visage et elle me fixe, menaçante. A travers ses cheveux, je vois ses yeux rouges sangs qui me transpercent le cœur et la haine qui anime son visage m’empêche de réagir. Elle pousse alors un cri sauvage dans ma direction mais celui-ci est un cri d’intimidation, comme pour me prévenir qu’elle va me faire du mal. Je comprends alors que la puanteur vient d’elle…Je sens alors une autre, une plus forte et un mouvement rapide passe près de moi. Une forme noire se matérialise auprès de Rachel et cette fois, mes instincts se réveillent. Je mute aussitôt et grogne face à elles. La vampire aux cheveux bruns sourit alors que Rachel semble pétrifiée. Et dans un mouvement brusque, je les vois disparaître de ma vue. Alors sans réfléchir, je me lance à leur poursuite, je cours sans relâche pour les rattraper et je finis par les voir courir devant moi, dans la forêt.

J’accélère et je vois la vampire tourner son visage vers moi et toujours sourire pendant que ma Rachel court auprès d’elle, irréelle…je les pourchasse pendant un long moment, usant de toutes mes forces pour les rattraper car il est hors de question qu’elle emporte Rachel loin de moi ! Je suis juste derrière elle, j’ai du mal à reconnaître la femme de ma vie en la voyant se déplacer aussi vite mais je ne peux pas lui crier de stopper sa course puisque je suis sous ma forme animale. Je veux avant tout détruire la femelle qui vient de me la voler ! Je m’étends de tout mon corps quand soudain, je vois Rachel être propulsée contre un arbre et la femelle vampire s’accrocher à une branche et me faire face. Aussitôt j’entends Jared me crier par la pensée : - Paul ! Occupe-toi de l’autre, je prends celle-là !

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- Non ! - Quoi ?!!!

Mais il ne me laisse pas le temps de continuer et je vois son loup se jeter en hauteur pour choper la vampire. Embry passe près de moi et pourchasse Rachel que je vois fuir à toute vitesse sans réaliser ce que je vois. Je suis à nouveau pétrifié pendant que mes frères attaquent, je vis un vrai cauchemar…je vais me réveiller et tout ceci n’aura jamais existé ! Je les regarde se battre, je vois ma Rachel donner des coups puissants à Embry…je regarde leurs combats pendant un moment quand tout à coup, je réalise que mes frères sont seuls et que la vampire et Rachel ont disparu. Alors Jared tourne la tête brusquement vers moi et me dit par la pensée :

- C’était quoi ce bordel ?! Pourquoi tu ne nous as pas appelés ! Je ne réponds pas, j’ai le cœur en miette et Jared insiste :

- Paul ! Pourquoi tu es resté planté là ?

Alors j’entends Embry lui répondre d’une voix un peu brisée : - C’était Rachel….

- Quoi ? Rétorque Jared, surpris.

- C’était Rachel, répète Embry. N’est-ce pas Paul ? Je l’ai reconnue malgré sa puanteur et ses yeux rouges !

Mes deux frères me regardent, aussi bouleversés l’un que l’autre. Et j’entends ma voix déformée par la douleur résonner dans ma tête :

- Non…ce n’était pas Rachel…ce n’était pas Rachel...

1 – Ma décision

Un écureuil passe devant mes yeux et me fait un peu réagir. Pendant une minute, je me

demande combien de temps je suis resté prostré ainsi, à fixer le néant. Les larmes ont arrêté de couler depuis quelques heures, j’ai l’impression que la peau de mon visage est tirée à

l’extrême et je me sens complètement vide. Le temps s’est arrêté, il est resté sur cette plage avec Rachel…pourtant, j’ai du mal à revoir son image car des yeux rouges sang envahissent mon esprit à sa place. Je ne me suis jamais senti aussi mal…c’est comme si on venait de m’arracher le cœur ou l’âme entière. Je me sens perdu, seul, vulnérable…j’ai l’impression que

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mon cœur ne bat plus. Je suis mort à l’intérieur, aussi mort que Rachel....je ne ressens plus son imprégnation…je crois que c’est ça le plus douloureux, que c’est ça qui me provoque ce vide immense dans la poitrine.

J’ai entendu mes frères la chercher toute la nuit, je les ais entendus hurler et aboyer dans toute la forêt. Je n’ai pas encore croisé Jacob mais je sais que sa douleur doit être aussi forte que la mienne. Perdre sa sœur doit être aussi éprouvant que perdre sa femme…sauf que moi, j’ai perdu mon imprégnation en plus et des milliers de couteaux taillades mon corps à chaque instant pour me le rappeler. En même temps, je n’ai pas envie de me retrouver face à lui. Il lui ressemble de trop. La douleur sera encore plus vive et je refuse de voir le reproche dans ses yeux. Je n’ai pas su la protéger, je n’ai pas senti la sangsue nous approcher alors que nous devions être suivis ou épiés depuis un moment. Je n’ai même pas muté et attaqué lorsque j’en avais l’occasion…tout ça parce que la présence de Rachel m’a paralysée.

En boucle depuis hier soir, je revis le moment de sa mort douloureusement. Puis, je la vois me fixer, me menacer en grognant, puis sa fuite, ma course folle pour la rattraper…je la revois frapper Embry, si forte, si vive…si différente. Rachel… une des leurs, un vampire, une sangsue assoiffée de sang, un corps de pierre, un monstre puant qui provoque en moi l’instinct de destruction…il faut que je la retrouve ! Je ne peux pas rester comme ça et la laisser dans la nature…la laisser continuer à détruire autour d’elle, à tuer pour survivre. Je l’imagine planter ses crocs dans la gorge du premier passant de Forks, j’imagine déjà le nombre de morts qu’elle a du faire…

C’est insupportable….

D’un bond, je me lève, soudain les muscles tendus à l’extrême. Je me sens prêt à parcourir la terre entière pour la retrouver quand soudain j’entends la voix de Sam me lancer :

- J’espérais te trouver encore là…peut-être pas pour longtemps ? - Qu’est-ce que tu veux ? Rétorqué-je, sur la défensive malgré moi.

Sam a beau être mon Alpha, dans un moment comme celui-ci, le respect et l’autorité ne sont pas mes amis.

- Jacob veut te voir…

- Et bien moi non ! Je n’ai pas besoin de « ça » en ce moment.

Sam a capté l’accent sur le « ça » et ajoute :

- ll souffre autant que toi …mais il est bien décidé à se battre.

- Dans ce cas…nous parlons la même langue, murmuré-je la gorge serrée. Mais je ne me sens pas prêt à l’affronter.

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- Si tu n’y vas pas, c’est lui qui te trouvera, me rappelle Sam.

Nous nous dévisageons quelque secondes et je le préviens :

- Sam…tu me connais…je suis en colère, je suis détruit…Jacob doit l’être autant que moi…je ne crois pas que ça soit une bonne idée qu’on se voit maintenant, pas si vite…

Sam n’a pas l’air de comprendre (ou ne veut pas) et me lance avant de me quitter, dans un regard sans appel :

- Il t’attend chez eux.

Je déglutis pendant que la colère m’envahie à nouveau. Chez eux…dans le nid des sangsues ! Jacob avait beau être ami avec eux, j’avais toujours eu beaucoup de mal à me faire à cette idée, même s’ils nous avaient prouvé à plusieurs reprises que nous étions du même côté…se battre ensemble contre une horde de vampires nouveau-nés, résister ensemble contre les Volturi était une chose mais partager mon temps libre avec eux en était une autre et pour moi, ça avait toujours été non ! Je ne supporte pas leur puanteur, je ne supporte pas leurs pouvoirs car j’ai toujours l’impression d’être manipulé et je supporte encore moins l’idée d’être aussi proche du seul truc qui peut me tuer : leur venin ! Mais en même temps, que Jacob soit allé chez eux après ce qui est arrivé à Rachel est ce qu’il y a de plus logique et je me dis alors qu’ils savent peut-être où elle se trouve et le nom de la créature qui lui a fait ça. Alors, sans même répondre à Sam, je fonce droit devant moi, mute et galope jusqu’à l’ancien territoire interdit, là où se trouve la Villa des Cullen.

Plus je m’approche, plus l’odeur est insupportable. Je me demande comment Jacob fait pour passer le plus clair de son temps ici ! J’ai bien une idée mais elle me donne la nausée et c’est dans un état d’esprit plus qu’hostile que je grimpe les marches qui mènent à la porte d’entrée de ce manoir vitré qui détonne complètement avec son environnement. Comme je m’en doutais, mon arrivée a déjà été détectée et la porte s’ouvre devant moi avant même que je donne un coup de patte. Mais, à ma grande surprise, c’est Jacob qui m’accueille sous sa forme humaine. Le visage de mon « frère » est crispé par la souffrance mais son regard ne me renvoie aucun reproche.

Je secoue la tête, dépité de constater qu’il ne prend jamais aucune précaution parmi eux et entre lentement dans l’antre des sangsues, l’échine tendue, tout en entendant le crissement de mes griffes sur leur parquet. Ils sont presque tous là, leur visage est fermé pour la

circonstance et ils me regardent tous avec une compassion qui me fait mal. Pourtant, c’est à cause d’un membre de leur espèce que ma Rachel n’est plus ! Je devrais tous les tuer un par un pour la venger. Mais la colère a fait place à un froid immense en moi, une détermination qui me rend bizarrement plus calme, plus réfléchis, plus décidé dans mon choix et curieusement, ce clan m’a toujours inspiré le respect, malgré tous mes ressentiments…et puis IL est là…celui qui calme nos humeurs, celui qui me pose le plus de problèmes car il m’empêche

d’exploser…Jasper, le vampire qui a le pouvoir de rendre les gens dociles, je sens son aura m’envelopper et me museler à chacun de mes pas. C’est agaçant mais je me sens soudain tellement mieux que je ne regrette pas vraiment sa présence. Une petite pause dans ma

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souffrance.

Emmett, celui avec qui j’ai le plus d’affinités (si on peut appeler ça comme ça) me lance un coup de tête triste mais amical. Je baisse ma tête dans sa direction, en signe de remerciement car j’ai bien capté son message. Malgré qu’ils soient tous satisfaits de leur condition, les

Cullen ont toujours compris que nous ne voyons pas les choses sous cet angle et qu’un être humain qui devient comme eux est une fatalité. Nous sommes nés pour ça, pour sauver les humains des vampires, les empêcher d’être vidés de leur sang ou transformés en monstres sanguinaires. Nous sommes des Protecteurs et curieusement, le clan des Cullen nous

respectent et même, nous admirent. Car ils sont un peu aussi comme ça…ils essaient de vivre sans le sang des humains, ils empêchent les attaques des autres vampires et aujourd’hui, nous pouvons même parler d’alliance entre nos deux espèces pour sauver les habitants de Forks. Mais sur ce coup-là, nous avons tous échoué …moi le premier.

- Bonjour Paul, me lance le docteur Cullen. Merci d’être venu.

Je tourne la tête vers Jacob, étonné car il semblerait que l’invitation venait des Cullen et non de lui. Je comprends alors que Sam m’a parlé de Jacob pour que j’y aille, plutôt que de me dire la vérité, craignant un refus de ma part. Mais de toute façon, je serai venu les voir tôt ou tard car j’espère qu’ils peuvent m’expliquer ce qu’il s’est passé et surtout, me dire où se trouve

Rachel ! Jacob vient se planter près de moi, face à eux. La plus petite d’entre eux, Alice, s’assoit sur le canapé près de sa « mère » alors que Jasper, n’a pas quitté sa place face à la fenêtre, dos à eux. A son profil, je constate qu’il a l’air ennuyé mais je ne m’y attarde pas car j’entends des pas descendre les escaliers et je sens une odeur que je reconnaitrais entre mille : Bella. Elle et Edward entrent dans le salon et je suis surpris de constater que ses yeux ont maintenant pris la couleur doré de celui qui l’accompagne. La dernière fois que je l’avais vue, elle avait les mêmes yeux injectés de sang que Rachel mais son odeur d’humaine

transformée en vampire était restée particulière …peut-être parce que jusque maintenant, elle était la seule humaine que je connaissais qui avait subi cette transformation ?

Elle s’avance vers moi, elle ne peut plus pleurer mais à ses yeux, je capte toute sa tristesse.

Pourtant, elle a choisi cette mort et ça, c’est quelque chose que je ne pourrais jamais comprendre !

- Paul, nous sommes désolés, me lance alors Edward que j’avais oublié.

Pourtant, je ne devrais pas car après Jasper, c’est lui qui me pose aussi beaucoup de problèmes vu qu’il lit dans mon esprit comme si il y était. A cet instant, je sais même qu’il m’entend mais a la politesse de ne pas rendre mes pensées publiques.

- Nous tenions à te voir pour te faire part de ce que nous savons, intervient alors Carlisle.

- Ils savent où elle est, ajoute Jacob à mon intention.

Mon cœur s’accélère et je hoche la tête pour que Carlisle continue. Ce dernier lance un bref regard à Jacob et hésite. Je tourne la tête vers mon frère qui semble lui répondre muettement.

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Leur échange m’agace mais Bella intervient en me disant :

- Peut-être pourrais-tu prendre forme humaine ? ça serait plus facile ?

Il est hors de question que je baisse ma garde dans un nid de vampires ! Tout ami qu’ils peuvent se prétendre ! Je croise le regard d’Edward qui répond à ma place :

- Plus tard peut-être…Explique-lui Carlisle.

- Très bien…, répond ce dernier. Comme je viens de l’annoncer à Jacob, le vampire qui a attaqué Rachel fait parti d’un clan que nous connaissons bien, celui d’Allemagne qui se font appeler les « Valachie » * car ils sont persuadés que leur créateur était le premier des vampires… et ils ne sont pas nos amis.

Je l’aurais parié ! Mais en fait, à part nous, est-ce que les Cullen avaient des amis parmi les vampires ? Vu leur mode de vie, je commençais à en douter. Je vois du coin de l’œil Edward sourire faiblement et me dit que ce type doit vraiment prendre son pied à se connecter en permanence aux esprits des autres…

- Rachel se trouve à Londres, en Angleterre, continue Carlisle. Nous le savons car ma fille, Alice, la voit avec eux dans cette ville…

En Angleterre ? Cette révélation me bouleverse un peu…je ne m’attendais pas à ce qu’elle soit si loin…

- Mais nous soupçonnons que les Volturi soient derrière tout ça, malgré le fait que Alice ne voit rien les concernant, ajoute-t-il.

Avec les Volturi… je revois les sangsues en robes de chambre qui ont rendu visite aux Cullen quelques mois plus tôt, accélérant alors le processus de transformation de Bella et j’imagine ma Rachel parmi eux. A cet instant, j’aimerais avoir les pouvoirs de la petite Cullen pour

« voir » comment Rachel se comportait maintenant. Ça m’aiderait…

- Les Cullen nous proposent de faire alliance pour aller la chercher, m’annonce Jacob.

Je tourne brusquement la tête vers lui, pendant qu’il continue :

- Ils nous aideront à entrer dans la ville, à les trouver, les détruire et récupérer Rachel.

Nous avons tous un truc à régler avec eux maintenant…

Mon sang ne fait qu’un tour et si je n’étais pas déjà en loup, je crois que ma transformation aurait été immédiate. Je grogne vers Jacob mais me sens aussitôt affaibli, presque plus calme.

Jasper est tout près de moi pendant qu’Edward déclare :

- Je crois que Paul ne voit pas les choses de la même façon que nous.

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- Explique-toi, demande Carlisle alors que Jacob me fixe, ne comprenant pas ma réaction.

- Paul…, hésite-t-il, car je pense qu’il sait depuis le départ ce que je pense et qu’il savait que ma venue ne serait pas une bonne chose. Paul ne veut pas qu’on la récupère. Il veut la retrouver…pour la détruire.

- Quoi ?! Hurle aussitôt Jacob.

Ce dernier mute instantanément, faisant reculer tous les Cullen d’un pas, tous soudain sur la défensive, et me fait face, babines retroussées. Aussitôt, nos esprits se connectent et je l’entends me crier :

- Tu ne toucheras pas à ma sœur !

- Ce n’est plus ta sœur Jacob ! Rachel est…morte !

Le mot est resté coincé dans mon esprit quelques secondes et c’est dur…

- Peut-être mais c’est MA sœur ! Je ne te laisserais pas la détruire !

- Elle n’est plus rien ! C’est de la pierre ! Tu as passé beaucoup trop de temps avec eux ! Tu n’es pas objectif Jacob !

- Tu n’iras pas à Londres ou Volterra ! Je m’y opposerais,déclare-t-il durement.

Il grogne violemment alors que je vois Bella s’approcher de lui.

- Ne vous battez pas ! S’écrie-t-elle. Paul, je t’en prie ! Ecoute ce que nous avons à te proposer !

- Je ne te laisserai pas la détruire !Répète Jacob par la pensée.

- Comment peux-tu supporter ça?Lui lancé-je, ignorant l’intervention de Bella mais dont la présence me rappelle trop Rachel. Comment peux-tu encore y croire ! Il n’y a pas de retour possible ! Elle est morte !

- Son corps oui mais pas son âme…,me répond Jacob tristement.

- Ils t’ont lobotomisé ma parole !

- Paul, intervient Edward qui a suivi notre conversation, je t’assure que je comprends parfaitement ton point de vue mais Jacob a raison…nous pouvons sauver son âme. Tu devrais y réfléchir.

- C’est hors de question !Lui rétorqué-je durement. J’irai là-bas, avec ou sans vous ! Et je la détruirais !

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A ces mots, Jacob gronde fortement et claque sa gueule à quelques centimètres de la mienne mais Jasper a osé se placer entre nous et je vois sa main face à Jacob, lui intimant de reculer.

Celui-ci doit sûrement ressentir la même pression que moi et obéis, soudain plus calme. Je jette un dernier regard à Edward et file vers la sortie, bien décidé à rester sur ma position ! J’aimais Rachel, je l’aimais plus que tout, mais aujourd’hui, elle est mon ennemi et pour moi, elle est déjà morte !

· Voir le roman de Bram Stoker « Dracula »

2 – Premières tentatives

Je n’ai aucune idée de l’endroit où se trouve Volterra mais si je dois faire le tour de la terre pour trouver cette ville de malheur, je le ferais ! Le bureau des renseignements de l’aéroport de Seattle est blindé de monde et ça fait une heure que je patiente lorsque je parviens enfin à poser mon pied sur la ligne qui me sépare de l’hôtesse et de la file. Je trépigne doucement lorsque celle-ci me fait signe d’approcher car c’est enfin mon tour ! Un bref sourire pour tenter de me calmer car je brûle d’impatience et je lui demande :

- J’aimerai savoir le prix d’un aller-retour pour Londres et pour Volterra s’il vous plait ? - Volterra ? Un vol direct ? S’étonne-t-elle.

- Euh…je ne sais pas…Y a pas d’aéroport là-bas ? - Et bien, je dois vérifier…

Je commence à me dire que ce n’est peut-être pas une ville, peut-être même pas un village quand soudain, j’entends siffler dans mon oreille alors que mes narines frémissent aussitôt : - N’y compte même pas…

- Tu empestes Bella ! Rétorqué-je, les dents serrées pendant que je compte mes billets dans mon portefeuille.

- Paul, je suis sérieuse…, répond-elle, ignorant ma remarque, nous ne te laisserons pas y aller seul. C’est hors de question !

La femme me dit alors :

- Aller-retour pour Londres, ça vous ferait sept cent vingt-huit dollars.

- Combien ?!!!

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Je manque de m’étrangler quand j’entends Bella susurrer :

- Tu vois…tu n’as même pas les moyens de t’offrir une virée suicidaire…

- Et pour Volterra, huit cent quarante…car il y a un vol interne depuis Rome, continue la femme, ne pouvant entendre la voix de Bella.

- Dégages de là !

Je pousse Bella et quitte l’hôtesse sans même la remercier pour sa recherche puis prends la direction de la sortie quand Bella se place juste devant moi, le regard menaçant :

- Ne m’oblige pas à te faire mal Paul !

Cette fois, je ne peux pas m’empêcher de m’esclaffer tellement sa remarque me parait absurde.

- Franchement Bella, comment peux-tu croire ne serait-ce qu’une minute que tu me fais peur ?

Ses yeux papillonnent face à mon visage que je durcis volontairement pour lui montrer à quel point je suis déterminé mais elle ne se démonte pas pour autant et ajoute :

- Laisse-nous le temps de réfléchir à un plan…laisse-nous le temps Paul.

- Non !

Je la contourne et elle me rattrape par le bras en le serrant assez fort pour que je comprenne son avertissement.

- C’est trop tard ! S’écrie-t-elle d’une voix désespérée. Elle ne changera plus ! Il ne nous reste plus que le temps…l’éternité pour la récupérer.

- Je ne veux pas la récupérer, je te l’ai dit…

Elle hésite, hoche la tête, sachant parfaitement que je ne bluffe pas vu que son petit ami ne quitte pas mes pensées puis répond plus calmement :

- Très bien….mais moi je ne veux pas que tu y ailles, je ne veux pas que tu ailles te faire tuer.

Je comprends alors qu’elle essaie de m’avoir par les sentiments, jouant la carte de l’amitié qui ne marchera pas avec moi. Et pour cause ! Cette fille avait brisé tous les traités et nous avait défiés en devenant un vampire !!! Malgré notre lutte, malgré l’amour de Jacob, malgré tout ce qu’on avait fait pour la protéger…elle n’avait rien voulu savoir et s’était bornée à devenir un monstre. Un profond dégoût envahi ma bouche et aussitôt, je lui claque au visage :

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- Comment as-tu pu ? - Quoi ?

- Comment as-tu pu détruire ta vie pour devenir…ça !

Ma proximité la perturbe car nos deux espèces ne sont pas faites pour être aussi proches et je sens qu’elle perd un peu pied, soudain sur la défensive. Mais comme d’habitude, elle se

ressaisit et déclare froidement tout en me regardant bien droit dans les yeux :

- C’est mon choix, tu n’as pas à me juger. Je suis ce que j’ai toujours voulu, je suis à ma place…Jacob m’accepte telle que je suis…

Ses yeux couleurs miel viennent de virer au brun foncé, je la sens en colère mais ça ne m’empêche pas d’aller jusqu’au bout de ma pensée :

- Mais tu es morte Bella !!! Tu n’es plus rien ! Tu es morte ! Comme Rachel, finis-je dans une voix qui se brise, malgré que j’essaie de tout faire pour garder mon calme.

- Je sais que tu ne le conçois pas comme ça mais Rachel est encore parmi nous…, affirme- t-elle avec douceur. Sur cette terre, elle parle et voit, ressent des choses…

- Et boit du sang ! La coupe-je aussitôt, agacé par ce qu’elle essaie de faire. Elle pue la charogne et est dure et froide comme de la pierre !

Bella recule d’un pas, outrée, alors qu’elle me connaît bien. Un mouvement derrière elle m’attire et je vois son amie Alice ainsi que Jasper attendre. Je comprends alors que Bella a préféré tenter de me raisonner sans que son « copain qui me calme » intervienne et manque de bol pour elle, ça n’a pas marché ! Je lance un regard noir à Jasper en levant un doigt dans sa direction, afin qu’il comprenne que je lui conseille vivement de rester à sa place et de ne pas utiliser son don sur moi dans cet aéroport. Après un hochement de tête où je vois qu’il a compris le message, je refixe mon attention sur Bella qui ne me quitte pas des yeux, le visage fermé.

- C’est comme ça que tu me vois ? Finit-elle par lâcher.

- Quoi ?

Je viens alors de me rappeler les paroles dures que je viens de lui lancer et comprends alors que je l’ai blessée. Mais je n’ai pas pitié d’elle, elle a fait SON choix ! Malgré tout, je me calme et lui dit, moins sèchement :

- Toi…toi, c’est différent…mais tu ne peux pas nous empêcher de te voir comme eux maintenant !

Comme elle n’a pas l’air convaincue, j’explose :

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- Mais enfin Bella ! ça ne vient pas que de moi ! Toi aussi tu nous vois différemment ! Tu as changé ! Les choses ont changé ! Tu supportes l’odeur et la présence de Jacob parce que ta volonté de le garder comme ami est plus forte que tout ! Mais à la base, nous sommes des ennemis naturels, et ça, tu ne pourras jamais le changer ! Même si votre clan est différent ! Justement, il est DIFFERENT !!! Vous êtes une exception Bella !

Je remarque alors un autre mouvement près de la porte automatique et vois Embry et Quil attendre patiemment tout en jetant des brefs coups d’œil à Alice et Jasper. Je comprends alors que pour aujourd’hui c’est cuit…non seulement je n’ai pas les moyens mais personne ne me laissera partir par avion. Je grogne et laisse Bella en plan pour les rejoindre quand elle m’interpelle en lançant :

- Je n’ai rien de différent de Rachel et tu arrives à me parler, chuchote-t-elle, sachant que mon ouïe fine captera ses mots.

Mais je refuse de répondre à ça et continue ma marche jusqu’à mes frères qui m’accueillent sans un mot mais dont le soulagement de me voir encore ici ne m’échappe pas.

Une fois à la Réserve, je file tout droit chez moi, laissant mes frères qui n’ont rien osé me dire durant tout le retour depuis Seattle mais une mauvaise surprise m’attend à ma porte : Jacob.

Les bras croisés et le regard noir, il me fixe durement pendant que je monte les marches du perron et au moment où je veux entrer chez moi, il me barre le chemin.

- Laisse-moi Jacob, lui dis-je sans même le regarder.

- Tu n’as donc aucun cœur ? Me reproche-t-il les dents serrées, son visage à quelques centimètres du mien. C’est Rachel ! MA sœur, TA femme ! Tu ne penses pas sérieusement ce que tu dis !

- Oh si…

De rage, Jacob frappe un grand coup contre ma porte qui se brise en deux. Je soupire et tourne lentement les yeux vers lui pendant qu’il grogne, encore énervé et me lance des regards

courroucés.

- Je ne te laisserais pas faire Paul ! Et si tu t’obstines, tu deviendras mon ennemi ! Je ricane et réponds :

- Encore une fois, tu choisirais le camp des sangsues à celui de tes propres frères Quileute ! Franchement Jacob, parfois j’ai honte de faire parti de ta meute !

- J’ai essayé de sauver Bella ! Je ne vous ai pas trahi ! Riposte-t-il.

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- Et tu as échoué ! Lui rappelle-je. Sans t’occuper que tu avais fait de notre meute deux clans presque ennemis ! Tu n’aurais jamais mérité d’être Alpha ! Tu es bien trop impliqué avec les sangsues ! Rachel est notre ennemie à présent et elle doit périr !

- Ne me pousse pas…, me menace-t-il. Tu sais très bien que si tu fais ça, tu ne me laisseras pas le choix !

- Tu ne devrais même pas avoir de choix !!! Explose-je. Ce sont des vampires ! Des buveurs de sang ! Nous sommes nés pour les détruire ! Pas pour les protéger !

- Justement ! Nous ne sommes pas faits de pierre ! Me coupe-t-il. Nous avons un cœur et nous pouvons être capables de faire la différence ! Comme avec Bella…ou Rachel, finit-il d’une voix brisée. Les Cullen peuvent la sauver, m’explique-t-il après une courte pause, ils peuvent la ramener ici et qu’elle vive avec eux, comme eux… Ainsi, nous continuerions à la voir, à lui parler…

- Je ne pourrais jamais la voir autrement que ce qu’elle est maintenant…, murmuré-je tristement.

- Alors tant pis pour toi, rétorque Jacob, car elle va revenir ici, à Forks ! Et si tu t’y opposes, je prendrais les mesures nécessaires.

- Tu me menaces ? Demandé-je, faussement impressionné.

- Oui ! Je te menace…et tu me connais assez pour savoir que je ne plaisante pas.

En guise de réponse, je hoche la tête gravement, me considérant comme averti. Mais nous savions tous les deux que nous étions désormais sur deux routes bien distinctes car lui aussi me connaissait et savait que je ferais tout pour l’en empêcher ! A savoir maintenant lequel de nous deux arriverait le premier…

Le prix du billet est bien trop exorbitant. Je réfléchis donc à une autre solution pour atteindre l’Europe. Il me reste donc deux choix : prendre le bateau ou traverser l’Atlantique à la nage. La deuxième option me séduit moins alors je passe cet après-midi de congé à fureter sur les quais de Port Angeles pour trouver un bateau qui m’aiderait à faire le trajet, même sans qu’il ne le sache. A plusieurs reprises, j’entends des marins discuter de leur voyage mais je n’ose pas encore leur poser de questions. Je détaille chaque bateau, mesurant leur capacité de transport et comment les atteindre sans se faire repérer avant le départ. Je croise beaucoup de monde, dont certains qui me regarde avec intérêt. J’imagine que mon gabarit les intéresse pour le travail en mer. Ça pourrait être une solution mais avant ça, j’aimerai être sûr qu’il n’y en a pas d’autres. Je marche derrière un groupe de quatre marins qui bifurquent sur un bar le long du quai. Je les suis, bien décidé à trouver mon bonheur aujourd’hui.

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Le lieu est très animé, comme tous les cafés des ports remplis d’hommes en pause de sorties de mer. Je remarque quelques Quileute qui travaillent ici et me rapproche d’eux, une bière à la main, feignant de lire le journal qui se trouve sur une table à proximité.

Leurs conversations sont très banales et il faut un certain temps avant que l’un deux parle d’une prochaine sortie pour le Maroc. J’évalue brièvement la distance dans ma tête d’après la carte que j’ai étudiée la veille et me dis que ça serait faisable. Le principal étant d’atteindre la côte de l’Europe, ensuite, je ferais la route à pattes de nuit. Je suis donc plus attentif à son discours et note que la sortie se fera dans deux soirs. Je finis ma bière et sors du café pour les attendre. Au bout d’un bon quart d’heure, un groupe sort et je reconnais le type qui parlait. Je les suis à distance car, comme je m’en doutais, ils se dirigent tout naturellement vers leur bateau. Je mémorise le nom de ce dernier : le Fahrenheit puis continue ma route sans me faire remarquer.

Ces deux jours passent à une vitesse trop lente à mon goût. Je ne me suis pas une seule fois transformé depuis ma visite au port afin que mes frères ne captent pas mes intentions, bien que je sache parfaitement qu’ils me surveillent à distance. J’évite aussi Jacob, et je pense que c’est réciproque. Nous préparons sûrement nos plans chacun chez soi et parfois, je me demande même s’il n’est pas déjà parti avec les Cullen ? Mais bizarrement, je pense que quelqu’un m’aurait prévenu, que ce soit Bella ou un de mes frères…j’aimerai quand même bien savoir ce que le reste de la meute pense de tout ça, en fait, je me rends compte qu’il n’y a pas que Jacob que j’évite…j’évite tout le monde et pas simplement parce que je ne veux pas entendre leur lamentation mais aussi parce que je veux que personne ne me dissuade ! Et surtout, je ne veux recevoir aucun ordre de la part de Sam ! Je ne sais pas trop pourquoi ils me laissent tranquille mais ça me convient !

Les quelques heures qui précèdent mon départ sont interminables…je m’imagine déjà face à elle, je vois déjà ses yeux terrifiés lorsqu’elle va comprendre avec son instinct de monstre que je suis là pour la détruire…je sens déjà mes crocs briser son corps de pierre et la voir éclater en mille morceaux. Un sale goût envahi ma bouche et mon cœur se tord. Rachel…ma Rachel. Est- ce que j’aurai le courage d’aller jusqu’au bout ? Son image d’elle encore vivante, contre moi et si brûlante hante alors mon esprit. Mais cette image ne fait qu’accentuer mon idée de

destruction puisque cette Rachel n’est plus et que je ne la retrouverais jamais, même si tout le monde ici en est persuadé ! Pour moi, Rachel est morte et celle qu’elle est aujourd’hui est un vampire à détruire !

La nuit tombe, je sors de chez moi et respire à pleins poumons l’air doux et pur de la Push.

Aucune visite aujourd’hui, c’est louche…et beaucoup trop facile. De toute façon, dans quelques secondes, je serai dans ma peau de loup et s’ils sont là, la connexion se fera…immédiate. Je me battrai, ça ils peuvent en être sûrs et ils le savent ! Peut-être qu’ils n’osent pas me

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dissuader ? Ou peut-être qu’ils m’attendent au tournant ? Je respire à nouveau profondément puis mute sans fracas.

Le silence…

Aucun de mes frères ne semblent être présents ou alors, pas sous leur forme lupine. Je ne dois pas perdre de temps alors je cours droit devant moi, à travers les pins, bien décidé à atteindre Port Angeles à l’heure ! Le bateau doit lever l’ancre dans moins d’une heure.

Les branches fouettent mon museau et mes flancs, je galope aussi vite que je peux, en espérant que le bateau n’a pas encore quitté le port par contretemps. Quand soudain, la puanteur envahit mes narines et avant même que je ne tourne la tête pour voir d’où elle provient, je vois Bella courir à mes côtés en me fixant durement. Je tourne alors la tête de l’autre côté et y trouve Alice puis Emmett suivi de Carlisle. De rage, j’accélère ma course mais l’un deux, plus rapide me passe devant et me frappe si fort que je me retrouve projeté contre un rocher qui se trouve là. Je me relève aussitôt pour me retrouver face à Edward et aux autres qui viennent se placer derrière lui, tel un gang.

Je grogne violemment face à leurs visages fermés. Je sais qu’à cet instant, Edward fouille ma tête et je lui lance mentalement :

- Dégagez ! ça ne vous regarde pas !

- Tu n’iras nulle part Paul ! Me répond-il menaçant. Ton plan était presque parfait…mais tu avais oublié un détail.

Oui…LUI ! Lui qui n’avait pas du quitter ma tête depuis l’instant où Rachel s’était transformée ! Lui qui connaissait toutes mes intentions, toutes mes pensées, encore plus précisément que mes frères puisqu’il pouvait les entendre lorsque j’étais sous n’importe quelle forme ! Je grogne à nouveau, rageusement, pendant qu’ils m’encerclent, sans aucune crainte.

- Reculez ! Ordonné-je, sachant qu’Edward m’entend.

Mais ils continuent leur lente progression. Je me mets en position d’attaque et eux aussi …sauf Bella qui me regarde tristement.

- Paul, on ne te veut aucun mal…on veut juste que tu nous laisses le temps de mettre un plan parfait au point, me dit-elle avec douceur.

Je grogne encore dans sa direction. Je le connais leur plan ! Sauvez Rachel ! Et je ne cautionne pas cette idée…

C’est alors que j’entends Sam dire à l’attention d’Edward : - Merci de nous avoir prévenus…et de l’avoir arrêté.

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- Pas de problème, répond-il en tournant la tête dans sa direction alors que je regarde tous mes frères arriver un par un.

Ainsi me voici complètement piégé. Jacob bondit jusqu’à moi et Emmett le laisse passer. Puis il me lance mentalement :

- Je t’ai prévenu que je ne te laisserai pas aller jusque là-bas…tu peux voir que je ne suis pas le seul !

- Lâche-moi Jake !

- Ça non ! Et tu remarqueras aussi que nous sommes à nouveau alliés…mais cette fois, contre toi ! Tu n’as aucune chance de quitter le territoire et s’il le faut, nous emploierons la force ! M’explique-t-il avec froideur.

- Encore des menaces ? - Toujours…

Je réfléchis à mes possibilités de fuite, elles sont minces…je vois aussi le regard d’Edward qui ne me quitte pas d’une semelle. Je pousse un profond soupir et fais un pas en arrière. Jasper, qui doit sûrement influencer mon humeur vu que je me sens docile, recule aussi d’un pas pour me laisser passer. Je croise le regard de la petite Alice qui me sourit malgré tout puis celui, plus dur, de sa blondasse de sœur. Je fais alors demi-tour et reprends ma marche inverse,

lentement…mais avant de quitter ce beau petit monde, je lance à Jacob :

- Va la chercher si c’est ce que tu veux tant…mais sache que ce n’est pas parce que je renonce aujourd’hui, que j’y renonce pour la vie…et la mienne est aussi longue que la sienne ! Comme il ne répond pas, je continue :

- Elle ne sera jamais en sécurité à Forks tant que j’y vivrais…

Sur ces mots, j’accélère le pas et cours en direction de la Réserve, écœuré.

3 – Leur plan

Le dégoût, la déception, la colère et cette foutue imprégnation brisée qui ne me lâche pas…je suis dans un sale état et ce n’est pas prêt de passer. Ils sont tous à nouveau réunis et tous contre moi…c’est parfait ! Ça donne un peu de piment à ma détermination qui est déjà à son maximum. Ils veulent me surveiller, m’empêcher de partir ? Soit…je trouverais un moyen…même

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s’il me faut dix ou cent ans ! Je briserai Rachel avec mes crocs et brûlerai son corps ! Quitte à y passer !

- Il te faudra un briquet pour ça, me coupe dans mes pensées une voix calme mais ferme que je reconnais aussitôt. Et en loup, cela risque d’être compliqué…

- Edward…

Je ne l’ai pas entendu arriver dans ma cuisine, trop rapide…mais à présent, la puanteur envahi la pièce et me donne la nausée.

- Excuse-moi…

- Pas grave, ose-je lui répondre, bêtement honteux qu’il entende toutes mes pensées, surtout les pires.

- Toujours dans tes plans morbides ?

Je ne réponds pas, sa remarque me fait sourire…pour un mort. Lui et son frère Emmett sont les seuls que j’apprécie, si on peut dire ça…leur « père » est beaucoup trop intelligent pour moi, leur mère trop effacée et rigide, la blonde trop coincée et la petite Alice…oui, elle aussi fait partie de ceux qui ne me dérangent pas de trop.

- Jasper aussi a ses qualités, répond Edward en écho à mes réflexions. Mais je comprends que son pouvoir te dérange, surtout vu ton caractère impulsif, ricane-t-il.

- Qu’est-ce que tu veux Cullen ?

- Discuter…et tenter de te raisonner. Tu vois, je suis honnête et je n’ai pas le pouvoir de t’influencer…

- Ouais, qu’est-ce que j’en sais ! Rétorqué-je aussitôt.

Après tout, on ne connaissait pas grand-chose d’eux à part ce qu’ils avaient bien voulu nous montrer.

- Nous sommes vos amis, objecte Edward, très calme. Et nous voulons contenter tout le monde. Nous essayons de trouver une solution.

- Ah oui ? Et votre solution c’est ramener Rachel ici ?

- Elle vivrait avec nos règles, deviendrait comme nous…se nourrirait d’animaux…

- Mais qu’est-ce que tu en sais ?! Explose-je.

- Elle acceptera …, insiste-t-il. Pour toi.

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Je sursaute à ses mots et le regarde sans comprendre.

- Vous êtes imprégnés…vous êtes liés. Elle reviendra pour être à tes côtés, continue-t-il.

- Non mais ça ne va pas ! Hurle-je presque. La Rachel que j’ai vu sur la plage, la Rachel aux yeux de sang et à la force d’un monstre, cette Rachel là n’est plus ma femme ! Il n’y a plus d’imprégnation depuis le moment où cette sangsue lui a mordu le bras ! Nous sommes des ennemis naturels je te rappelle !

- Nous ne savons pas vraiment comment elle est en ce moment…c’est la première fois que ce cas se présente.

- Ce cas ????

- Une femme loup-garou qui devient vampire… Rachel est Quileute…elle aurait pu devenir l’une des vôtres comme Leah, explique Edward calmement sans tenir compte de la folie qui est en train de me gagner.

Je n’avais pas vu les choses sous cet angle…mais ça ne changeait rien !

- Au contraire, insiste-t-il, pas gêné de ne me laisser aucune intimité dans ma tête. Elle a peut-être un pouvoir puisque la magie coule en elle…

- Coule, rigolé-je malgré moi. Elle n’a plus de sang je te rappelle !!!

- Façons de parler, répond-il dans un léger sourire narquois.

Nous nous toisons pendant quelques secondes puis je le vois inspecter rapidement la pièce dans laquelle nous nous trouvons. Son regard s’arrête soudain sur une photo de Rachel et moi prise cet été pendant un barbecue chez son père. Il est en train de tenir le cadre alors que je ne l’ai même pas vu bouger. Agacé, je lui lance :

- Pose ça !

- Vous aviez l’air heureux…l’imprégnation est réellement quelque chose de fascinant.

- Ça t’amuse de remuer le couteau dans la plaie ! Grogné-je en lui arrachant le cadre photo des mains pour le plaquer violemment contre le buffet.

J’entends le bruit du verre qui se brise et soudain, ma gorge se serre.

- Ne crois pas cela Paul, me répond-il avec une douceur qui me donne la nausée.

J’aimerai juste connaître les conséquences de tout cela…Rachel nous intéresse…

Alors je comprends le manège.

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- Autrement dit, vous vous en foutez qu’elle était ma femme ou la sœur de Jacob ! Ce que vous voulez c’est savoir si elle a un pouvoir et obtenir tout ce qu’elle sait sur les Quileute ! C'est-à-dire les loups-garous ! Vos ennemis !!!

- Je n’ai jamais dit cela, rétorque Edward. Rachel est avant tout la sœur de Jacob à nos yeux…elle est ensuite ta femme. Mais elle est devenue l’une des nôtres à présent. Nous

voulons la protéger, nous voulons…sauver son âme, insiste-t-il. Et la rendre à sa famille si cela est encore possible…malgré sa nouvelle condition. Mais comprends que sa mutation nous intrigue…normalement, notre venin doit vous tuer. Vous, vous ne pourrez jamais vous

transformer en vampire car vous avez déjà muté en loup-garou. Mais Rachel aurait peut-être pu ? Ou pas ? Pourquoi Leah a muté et pas elle ? Quel genre de vampire est-elle devenue ? là est notre interrogation.

- Et donc, vous aimeriez l’analyser avant que je la tue ! c’est ça ce que tu attends de moi ? Demandé-je, hargneux.

- Nous comprenons l’attachement de Jacob…mais nous comprenons aussi ta répulsion et ta décision. Nous ne sommes pas de la même espèce, ni même de la même famille…nous ne pouvons pas décider à votre place. Seulement entre Jacob et toi, il y a un problème et nous sommes de son côté parce que lui veut la garder en vie.

- Ce qui vous permettrait de l’analyser…, répété-je, écœuré.

- Pendant un temps oui…et peut-être l’aider à se convertir à nos règles…et t’aider à l’accepter, ajoute-t-il lentement. Ainsi, tout le monde serait satisfait.

- Oublies-moi ok ? Jamais je ne l’accepterais ! Jamais !!!

Edward hoche la tête puis répond : - Je comprends…

Je laisse passer une minute puis continue :

- J’irai là-bas…je trouverai un moyen et tu le sais…

- Oui…

- Ce n’est qu’une question de temps et de patience. Alors laissez-moi y aller maintenant et qu’on en finisse !

- Malheureusement, c’est impossible Paul.

- Pourquoi ?

- Parce que nous avons signé un pacte avec ta meute…hier soir, après ton départ dans la

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forêt.

- Ah oui ? Murmuré-je, à moitié étonné.

- Nous avons promis de t’empêcher de quitter la Réserve…par tous les moyens possibles.

- Je ne te crois pas…

- Tu es condamné Paul, conclue-t-il sans me quitter des yeux. A rester ici ou à mourir.

- Les miens n’accepteraient jamais de me condamner à mort au profit d’une sangsue ! - Ils la considèrent encore comme une des leurs…je t’assure, insiste-t-il. Je lis leurs pensées et Sam a été bien clair sur ce point. Ils ne laisseront pas Rachel là-bas, elle reviendra ici…en vampire et parmi nous. Pour eux, tu n’es plus un obstacle. Tu es maitrisé.

J’éclate de rire à ces mots malgré le côté dramatique de la situation. Moi ? Maitrisé ? Ils ne me connaissaient pas ou quoi ? Si je m’attendais à une telle décision excessive !!! De la part de Jacob, ça ne m’étonnait pas mais de la part de Sam ???

- La décision ne vient pas de Sam, me répond-il. Elle vient de Billy Black. Le père de Rachel. Et nous respecterons toujours sa décision.

Un gros coup de masse…voilà ce que je venais de recevoir. La sangsue m’avait laissé en plan, anéanti. Ainsi, j’étais le mauvais de l’histoire. Alors qu’en cet instant, Rachel tuait pour se

nourrir. J’étais né pour détruire les vampires et ma propre espèce me condamnait pour sauver une sangsue ! Je ne me laisserai pas faire !

Un Pacte … nous en étions là. Mes frères avaient signé un Pacte avec les vampires pour sauver un vampire et condamner un loup-garou. Le scénario improbable qui doit faire bondir de fureur nos ancêtres. Comment en étions-nous arrivés là ? Ça, j’avais ma petite idée : Jacob. Lui et son amitié avec Bella et ses vampires. Il nous les avait imposés et nous avions cédé. Sûr, notre alliance contre tous les « mauvais » vampires avaient sauvé les habitants de Forks mais elle avait aussi sauvé les Cullen ! Pour moi, c’était clair, ils y voyaient toujours leur intérêts, alors que nous, nous n’avions rien à gagner.

Je ne resterai pas à la Réserve, je trouverai Rachel avant les Cullen et les membres de ma meute.

Mais afin de tous les calmer, je devais m’efforcer à faire pleins de choses. La première : arrêter de penser ! Pas facile mais comme Edward était connecté vingt quatre heures sur vingt quatre à ma tête, je devais éviter de penser à mes plans pour qu’ils m’oublient un peu dans le leur.

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Deuxième chose : être un mec calmé et résigné. Cela voulait dire, retourner bosser, me nourrir, faire semblant de vivre comme avant…mais sans Rachel. Il fallait aussi que je fasse mon deuil et que je ne mute plus du tout car dissimuler ses pensées à une personne ce n’était déjà pas

facile mais à dix, plus compliqué ! Surtout que Jacob était très malin et me connaissait plus qu’Edward donc …

Je me levais alors ce matin en m’efforçant de jouer la comédie. Ma maison silencieuse

m’aidait beaucoup à me mettre dans la peau de mon personnage et c’est le visage fermé que je monte dans mon 4x4 pour aller au travail en ce lundi matin. Lorsque j’arrive sur le chantier, je me rends compte que personne ne sait ici ce qu’il m’est arrivé et que ça va être compliqué de leur expliquer. Et comme je me doute que les Quileute ne feront aucune publicité à ce sujet, je décide de ne rien dire non plus. On verra après comment gérer la situation. Il faudrait quand même que je sache ce qu’ils ont décidé de dire à ce sujet ? Rachel m’a quitté et est repartie à Seattle ? Malade ? Décédée ? Ça non, je ne pense pas qu’ils choisiront cette option s’ils comptent la faire revenir à Forks…donc pour l’instant, je ne dis rien. Je vais donc vivre en permanence à jouer un rôle différent dans tous les endroits où je me trouve.

Cependant, au bout de deux jours, une surprise m’attend lorsque je quitte le boulot. Accolé contre ma voiture et les bras croisés, Emmett, le fils Cullen, patiente pendant que je reviens avec mon équipe d’élagage. Au moment où je m’approche, il tourne la tête vers moi et je me dis que ses yeux jaunes me renvoient toujours autant de sympathie qu’avant. Il est ici en ami et je le salue tout en balançant mon sac dans le coffre de mon 4x4. Il se décolle de la carrosserie tout en fixant mes collègues qui passent près de nous et admirent son gabarit. C’est clair qu’ils pourraient nous aider dans notre boulot…et je souris en me disant que si mes collègues savaient à quel point il est fort et doué pour grimper aux arbres, ils seraient dépités.

- Salut Paul…

- Salut…tu es venu aussi me faire la morale ? Le pique-je bêtement.

- Bien sûr que non ! Ricane-t-il.

Je souris à mon tour car je sais bien qu’il n’est pas là pour ça.

- Je suis juste venu voir comment ça allait…

- Je vais bien…

- Edward trouve bizarre que tu sois si calme.

J’éclate de rire et lui jette un regard qui en dit long. Cela dit, je ne réponds rien. Même si j’ai plus confiance en lui qu’en n’importe quel autre Cullen…

- Paul, dis-moi la vérité : tu as un plan ?

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Son petit sourire me fait à nouveau rire mais je ne réponds toujours rien et m’efforce de penser à mon boulot d’aujourd’hui afin de brouiller mes pensées.

Je regarde les arbres, les collègues qui discutent toujours sur la présence d’Emmett puis je tourne la tête vers lui en disant :

- ça ne te dirait pas de bosser un peu ? Qu’est-ce que tu fous de tes journées à part chasser ?

- Rien, répond-il dans un demi-sourire.

- Alors ?

- Alors je ne pense pas que ça soit une bonne idée, ajoute-t-il en fixant mes collègues.

Je suis son regard et ricane en disant :

- Ne me dit pas que tu ne te contrôlerais pas ! Tu as passé ce stade non ? Tu allais à l’école de Forks ! Tu es habitué à t’entourer d’humains…

- Ouais et je devrais même être à l’Université en ce moment ! Faire ma dixième rentrée en école supérieure depuis que je suis vampire.

- Ah oui ? M’étonné-je. Et qu’est-ce qui a changé ?

- Tu le sais très bien…, murmure-t-il sans me quitter des yeux. Nous sommes en guerre…

J’éclate de rire en essayant de paraître détendu puis réponds : - Et là, tu es en mission ? Surveillance ou reconnaissance ? - Les deux, rétorque-t-il sans sourire cette fois.

J’arrête de rire également et nous nous fixons pendant quelques secondes avant qu’il répète : - C’est quoi ton plan Paul ?

- Je n’ai pas de plan…

- Tu en as forcément un …en tous cas, moi, à ta place, j’en aurai un, dit-il en souriant à nouveau d’un air entendu.

- Edward sait que tu es là ?

- Evidemment ! On ne peut rien lui cacher…ni à lui, ni à ma sœur !

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Oui…la petite Alice, pensé-je au fond de moi. J’ai intérêt à faire gaffe…

- Bon alors ? Me coupe Emmett dans ma pensée furtive.

- Alors rien…

Je le pousse gentiment pour m’installer au volant de mon 4X4 et Emmett me laisse faire, son habituel sourire sur les lèvres. Il met ses deux bras croisés sur mon bord de fenêtre et baisse la tête pour me voir dans l’habitacle tout en disant :

- Paul…je suis de ton côté !

- Ça je ne crois pas non, ricane-je.

Mais je me reprends aussitôt en voyant sa mine déconfite :

- Je veux dire…je sais …mais tu ne peux pas m’aider. Tu fais partie d’une…famille et tu dois y rester, crois-moi !

- Ne fais pas le con…Même si on semble fermé à ton idée, on ne veut quand même pas que tu te fasses tuer.

- Permets-moi d’être septique, rétorqué-je en passant ma vitesse.

Mais je sens une forte résistance et mon regard se porte aussitôt sur la main d’Emmett qui tient fermement l’encadrement de ma portière. Sans avoir l’air de forcer, il me sourit et je retire ma vitesse en demandant :

- Quoi ?

- Fais gaffe à toi…promets-moi au moins ça !

Je le dévisage quelques instants, cherchant s’il y a un message caché dans sa supplication, s’il est sincère ou s’il y a autre chose. Il se contente de hocher la tête gravement et je

réponds :

- Je ferai ce que j’ai à faire…

- Alors ce jour-là, tu me trouveras à tes côtés, que tu le veuilles ou non ! Je hoche la tête à mon tour et il lâche ma voiture en ajoutant :

- Seulement, si jamais…juste, méfies-toi de César.

Sans répondre, je passe à nouveau ma vitesse et démarre en trombe.

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Tout en roulant à travers les bois, je me maudis d’avoir eu cette conversation avec Emmett car mon esprit a un peu vagabondé pendant son interrogatoire et j’ai peur qu’Edward soit resté scotché à ma tête durant tout ce moment. J’essai de réfléchir rapidement pour vérifier si je n’avais pas trop pensé puis je me concentre sur la boue de la route, les branches, le bruit de mon moteur…

Une fois chez moi, le vide et le silence m’accueillent, froids et pesants. J’essaie de ne pas y penser mais ma gorge se serre. Bordel ! Une larme coule sans que je ne parvienne à la retenir.

Je respire un grand coup puis fonce sous la douche et me met immédiatement sous l’eau

glacée en suffocant pendant quelques secondes …puis ça passe…l’eau chaude me recouvre et m’apaise. Je ne pense qu’à cette eau qui coule sur moi et rien d’autre. Mon cœur est plus

calme et je sens que je reprends pied.

Les jours se suivent et se ressemblent. J’ai l’impression que la meute m’évite ou me surveille ou les deux mais c’est clair qu’on ne me parle pas beaucoup. Seul Seth et parfois Embry viennent me voir après le boulot ou en soirée, boire une bière. Mais ils parlent de tout sauf d’elle… un soir où j’en ai marre, je lance à Jared qui s’est joint à Embry :

- Bon…qu’est-ce qu’il se raconte dans la meute ? Le plan c’est « on surveille Paul à tour de rôle » ?

- Tu le saurais si tu mutais, riposte aussitôt Jared.

J’éclate de rire et réponds :

- Evidemment ! Prenez-moi pour un imbécile ! Alors c’est ça votre plan ? Ne rien dire pour attirer ma curiosité et que je mute pour que Jacob ait accès à mes pensées ?

Comme ils me fixent sans répondre, gênés, je continue :

- Eh bien vous direz à Jacob que j’ai peut-être beaucoup de défauts mais j’ai une qualité : la volonté ! Et qu’il n’obtiendra rien de moi !

Le message est passé…peut-être ? Peut-être pas…en attendant, je n’ai plus de visite sauf celle de Seth. Ce gamin est la pureté et l’innocence même et je ne mets absolument pas en doute ses motivations. Il vient me voir, point. L’attitude des autres me dépasse, surtout celle de Sam ! J’ai l’impression d’être dans une bulle, une bulle assez grande pour y contenir ma maison, ma forêt, mon lieu de travail mais que ça s’arrête là. Je sais que derrière ces limites se cachent

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mes frères qui me surveillent et derrière eux…les vampires…qui sont près à me poursuivre si jamais je passe le premier barrage.

Et puis un jour, je les trouve tous dans ma cour, devant ma porte, à moitié nus sous la pluie, signe qu’ils venaient de muter ou comptaient le faire…tous à me fixer sévèrement alors que je descends les trois marches de mon perron, mon sac de boulot sur le dos.

- Quoi ? Demandé-je, moqueur.

- Il faut qu’on parle Paul, me répond durement Sam.

Je soupire puis hoche la tête. Je dépose mon sac dans ma voiture et la referme. Je me tourne vers eux et viens à leur rencontre.

- Pas ici, précise-t-il, à la clairière.

- Alors je vous rejoins…

- Non, tu viens avec nous ! Ordonne-t-il de sa voix blanche sans appel.

Je sais déjà que la prochaine étape sera un ordre Alpha et que je ne pourrais pas le contrer. Je pousse un énorme soupir, essaie de me concentrer, réfléchissant à mes capacités …est-ce que je serai capable de leur barrer le chemin de mes pensées ? Jacob y arrive, pourquoi pas moi ? Une petite voix au fond de moi me dit que je dois faire confiance à ma volonté, qu’elle a

toujours été très forte et que ça m’a même valu plusieurs corrections pour désobéissance dans le passé car je n’en fais toujours qu’à ma tête. Je sais que je peux y arriver…je le dois ! Je dois gagner leur confiance ou endormir leur méfiance afin qu’ils lâchent la bride…j’ai toute ma vie pour le faire, je sais que c’est possible.

J’expire donc un grand coup et me transforme dans un déchirement de vêtements. Aussitôt, je me sens bien car être un loup-garou est ma vraie nature, sous cette forme, on fait le plein d’énergie, on se sent fort et tous nos sens sont aiguisés. Mes frères, un peu surpris que je me sois transformé sans discuter plus, mutent quelques secondes après moi. La connexion est alors immédiate. Je vois leurs diverses réunions au coin du feu depuis la mort de Rachel, des bribes de discussions :

« On ne peut pas la laisser avec eux… »

« Il faut l’en empêcher »

« C’est la sœur de Jacob mais c’est aussi sa femme… »

« C’est ma fille ! »

(27)

« Vous avez pensé à Paul ! Comme il doit souffrir… »

« Les Cullen vont nous aider… »

« Il est déterminé… »

« Je le tuerai s’il le faut ! Je refuse qu’on la détruise ! »

« Nous la trouverons et la ramènerons à Forks, c’est une promesse Jacob Black… » Je secoue la tête et avance devant moi pendant que les autres me suivent dans la forêt.

Curieusement, je me sens vide et presque serein.

Lorsque nous arrivons à la clairière, Jacob nous attend et quelque part, je ne suis pas surpris.

Tous se mettent assis en cercle et j’en fais autant. Je ne pense à rien sauf à ma dernière tentative contrée par les Cullen et alors Sam m’explique par la pensée :

- Nous voulons nous excuser pour cela…mais tu ne nous as pas laissé le choix ! Nous sommes une famille, nous sommes une meute ! Nous devons agir ensemble, c’est ce qui fait notre force ! Notre unité…c’est l’âme des loups-garous. Nous devenons alors qu’un et lorsque nous agissons, notre puissance est égale à la force d’un géant. Nous devrions toujours être ainsi et ne pas agir seul comme tu comptais le faire. Je sais que tu n’apprécies pas les Cullen mais ils sont de notre côté.

Comme je ne réponds pas, il continue :

- Nous avons voulu cette réunion, ensemble, entre frères, pour te faire part de notre plan concernant Rachel…et nous aimerions connaître le tiens.

Ses yeux de loup se plissent et Sam me fixe, suspicieux, pendant que Jacob ricane en disant : - Tu n’y arriveras pas longtemps Paul ! Nous parviendrons à lire tes pensées ! Si ce n’est pas nous, ça sera Edward…

Il s’approche près de moi, lentement et ajoute, menaçant : - Et tu n’arriveras pas à la tuer.

- Jacob, intervient Sam. Nous avons organisé cette réunion pour calmer les esprits et retrouver notre unité. Paul, que comptes-tu faire ? Me demande-t-il à nouveau.

Je garde toujours le silence et même me couche sur le lit de feuilles à mes pattes. Mon attitude agace Jacob qui claque sa gueule près de la mienne puis part d’un pas gracieux vers son Alpha. C’est alors qu’au lieu de me sentir acculé contre un mur, j’ai l’impression que tout

flotte autour de moi et le visage de Rachel m’apparaît, souriant…ses yeux brillants me regardent avec amour et elle me chuchote :

(28)

« Je suis bien avec toi…Fais-moi confiance… »

C’est un souvenir…enfin je crois…mais en tous cas, mon esprit est avec Elle, avec Ma Rachel.

Je sais aussi qu’à cet instant, seuls mes souvenirs flashent l’esprit de mes frères et quand je lève les yeux vers eux, tous me fixent avec une méfiance mélangée à une sorte de supplication dans leurs regards…les images que je leur envoie doivent leur être douloureuses et ils veulent que je parle, ils veulent savoir où j’en suis…très bien. Les mots me viennent alors avec facilité pendant que je vois toujours Rachel me sourire, brouillant presque ma vue mais pourtant, me donnant l’impression d’être dans une immense clarté :

- Je suis en train de faire mon deuil…, déclaré-je, pour moi, Rachel est morte.

- Elle ne l’est pas !M’interrompt hargneusement Jacob.

- Laisse-le finir, ordonne Sam de sa voix d’Alpha, ce qui musèle Jacob pour quelques minutes.

- Ne comptez donc pas sur moi pour partir à sa recherche…pour moi, elle n’existe plus. En la ramenant ici, vous me ferez du mal et vous vous en ferez aussi…car celle qui existait n’est plus. C’est tout ce que j’ai à vous dire,terminé-je après une courte pause.

- Tu ne comptes donc pas la retrouver toi-même ?S’étonne Sam.

Je marque un temps d’arrêt, Rachel me sourit toujours et mesurant ma réponse, je lui dis : - Je suis peut-être impulsif, je suis peut-être borné et je suis peut-être indiscipliné mais je ne suis pas insensible…

- Explique-toi,demande Quil, surpris.

- Si je pars…seul…pour la détruire, déclaré-je la gorge serrée, je sais que vous me suivrez puisque vous me surveillez étroitement en collaboration avec les Cullen. Or, je sais parfaitement que je n’ai aucune chance seul contre les vampires, et je ne veux pas vous entrainer dans ma chute…je ne veux pas briser la vie d’Emily ou de Kim…

Sam hoche la tête, visiblement satisfait de ma déclaration…Ma Rachel éclate de rire et court dans la forêt. Son rire résonne et m’invite à la suivre. Alors, Jared s’exclame :

- Donc tu n’as vraiment pas de plan ?!

- Non…

- Mensonges !Riposte Jacob.

- Si j’avais un plan Jacob, tu le verrais non ?

(29)

- Tu bloques volontairement tes pensées !Rétorque-t-il. Je ne sais pas comment tu fais, tes souvenirs sont insupportables pour moi…mais je trouverai le moyen de savoir ce que tu mijotes…de toute façon, tu seras muré ici et je retrouverais Rachel avant toi ! Et lorsqu’elle sera là, tu me trouveras toujours sur sa route.

Ma Rachel s’arrête de courir et me tend les bras.Je m’y plonge pendant que j’entends la voix de Sam me dire :

- Nous laissons les Cullen chercher Rachel avec Jacob. Et lorsqu’ils l’auront trouvée, elle devrait revenir à Forks. Que comptes-tu faire une fois que Rachel sera ici ?

Je réfléchis, je vois Rachel éclater à nouveau de rire et chahuter avec moi dans l’herbe.

Intérieurement, je souris à mon tour et réponds, sans vraiment y penser : - Je la regarderai danser…

- Quoi ?! Réagissent aussitôt Jacob, Embry et Jared.

Alors, j’ajoute en reprenant mes esprits:

- Je ne ferai rien…Elle appartiendra aux Cullen. Mais je refuse de la voir à la Réserve…c’est ma seule condition.

Sam réfléchit puis répond :

- Si Jacob est d’accord avec cette condition, il en sera ainsi…Jacob ? Ce dernier me fixe les yeux plissés, toujours suspicieux puis finit par déclarer :

- Soit…Rachel restera avec les Cullen et ne quittera jamais leur territoire. Nous signerons un nouveau traité avec une limite qu’elle n’aura pas le droit de franchir.

Tout est flou autour d’elle, seul son regard noir filtre à travers ses longs cils de velours et elle finit par hocher la tête avec douceur, comme si elle m’encourageait. Je me redresse et m’avance au milieu de leur cercle sans quitter Jacob des yeux puis demande :

- Et si c’est le cas ? Si elle traverse la frontière et fait des victimes ?

- Elle n’en fera pas ! J’y veillerai !Riposte aussitôt Jacob avec véhémence. Les Cullen lui apprendront à vivre comme eux…j’ai confiance.

- Et si ce n’est pas le cas ?Insiste-je.

Jacob hésite puis déclare solennellement : - Alors je la tuerai moi-même.

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