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Uni 3 Atelier d écriture. Florilège Recueil de textes. Septembre 2021

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Uni 3 – Atelier d’écriture

Florilège 2020-2021

Recueil de textes

Septembre 2021

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Table des matières

Introduction 3

Utopie 4

Bon jour 6

La rivière 7

Illusion des grands espaces 9

Il regarde par la fenêtre 11

Une journée pas comme les autres 12

Le petit jongleur 14

Sous le chapiteau du cirque 15

L’avenir de nos démocraties 16

Le monde en 2025 18

La beauté 20

La beauté 21

La beauté 22

Des mots d’hier et d’aujourd’hui 23

Les mots de notre enfance 24

Quand le vent souffle 26

Le vent souffle où il veut 27

Quand le vent souffle 28

Ballade romantique 29

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Introduction

L’année universitaire 2020-2021 avait bien commencé.

Les participants à l’Atelier ont eu le plaisir de se retrouver en « présentiel » pour quelques séances.

Puis le Covid-19 s’est répandu à nouveau, entraînant la suppression des rencontres. L’Atelier a donc continué ses activités par courrier électronique.

Pendant des mois, l’équipe a tenu bon et a fidèlement partagé ses créations. En mai, une première séance zoom a été organisée, suivie de deux autres.

Ces séances ont rendu plus concrets et vivants les échanges entre participants.

L’année s’est terminée par une rencontre dans un jardin, sous le soleil.

Dans ce cahier sont publiés des textes écrits par les membres du groupe durant l’année 2020-2021 et choisis par eux.

Certains ont choisi des textes écrits précédemment. Effet Covid ? Ils n’ont pas vu le temps passer…

Bonne lecture !

Danièle Kaufmann

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Utopie

Jannick Schwyter 4 février 2020

Consigne :

2019 nous laisse un monde disloqué et en pleine transformation.

2020 ne semble pas s’améliorer.

Imaginez, fantasmez sur ce que pourraient être les années à venir.

Je vous laisse à votre imagination avec ce mot de Jules Renard :

« Qu’est-ce notre imagination, comparée à celle d’un enfant qui veut faire un chemin de fer avec des asperges. »

Ce 4 février 2050 alors que je me prépare à me rendre à mon cours, ma micro-voiture urbaine refuse de partir elle n’enregistre pas l’adresse du lieu prévu pourtant déjà programmée, elle qui d’habitude démarre aussitôt selon l’itinéraire que je lui indique.

En effet il suffit que je frôle du doigt un site sur la carte digitale de la ville pour qu’elle se mette en marche, et que pour moi un moment de repos me soit offert, qui me permet alors de revoir tranquillement mes devoirs. Sur ma montre avec un stylet je les transfère sur le parebrise qui se transforme aussitôt en écran et à ma guise je peux les corriger directement au son de ma voix, ou tout simplement les relire. Ce moyen de locomotion est bien agréable car sans aucune manipulation de ma part ce petit engin entièrement autonome, se faufile dans la circulation sans bruit, sans à-coups, me dépose, se retire, et reviendra me chercher à ma demande, connectés que nous sommes par ondes électromagnétiques.

Suite à cette panne, je vais devoir utiliser le drone de la famille, 4 places, ultra performant et en quelques minutes il s’élèvera vers ma destination sans besoin de carburant, il fonctionne à l’énergie solaire. Je ne raffole pas de ce genre de moyen de locomotion car j’ai un vertige fou et je dois prendre un médicament en prévision de ce désagrément, je crains aussi les collisions bien que cela soit vraiment tout à fait exceptionnel car tous possèdent un radar très fiable aussi ce danger n’est pratiquement pas envisageable malgré la multitude de ces engins en action, mes enfants rient de ma peur, c’est un plaisir pour eux de voler ainsi. De plus tous les toits des immeubles sont aptes à recevoir les drones ce qui résout au mieux les problèmes de parking.

Dans quelques instants je serai rendue à ma destination : un atelier d’écriture au sens propre du terme, c’est-à-dire de calligraphie, car aujourd’hui plus personne ne correspond par écrit, bien que cette discipline, l’écriture, soit toujours enseignée à l’école, mais qui sans pratique est vite oubliée, aussi j’ai décidé de me remettre à ce mode d’expression pour mon plaisir et aussi pour laisser des traces plus concrètes de mon époque.

Après le cours mes collègues et moi prolongerons notre rencontre par un repas, je me réjouis déjà de pointer d’un geste un mets choisi sur un l’écran situé dans l’entrée du bâtiment pour qu’il arrive aussitôt chaud, emballé facile à transporter. S’il fait beau nous irons au bord du lac, dans un parc, au milieu des vignes sur le coteau ou ailleurs, nous avons le choix, perchées que nous sommes sur notre drone, tout est possible.

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La seule chose que je déplore c’est cette agitation dans le ciel crée par ces va-et-vient et surtout je plains les oiseaux qui sont désorientés, mais eux aussi essayent de s’adapter, avec leur instinct de survie ils font du rase-motte entre les arbres. Par contre, la qualité de l’air est bien meilleure qu’auparavant.

On verra la suite il paraît que la recherche ne chôme pas pour trouver d’autres moyens de locomotion encore plus rapides et plus maniables. Ainsi va la vie en cette année 2050, ne dit-on pas d’ailleurs que l’on ne peut arrêter le progrès, mais aussi que les arbres n’atteindront jamais le ciel, alors on peut tout imaginer même un brusque retour en arrière serait aussi envisageable.

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Bon jour

Jeanine Rojal 21 avril 2020

Consigne :

« Je réponds oui et toujours oui chaque fois que le lointain, l’inconnu et le très cher m’appellent ». Choisissez un oui qui vous appelle.

C’est ainsi. Chaque jour qui commence est un bon jour. Quelle que soit la saison, quelle que soit la lumière, chaque jour qui commence est une porte ouverte, un cadeau à déballer, une pochette-surprise. Le reste de la journée peut contredire cet espoir, mais le début du jour est un moment magique.

Est-ce une réminiscence de ce qu’éprouvaient mes lointains ancêtres lorsqu’ils se tenaient sur le pas de la grotte, se grattant voluptueusement, et qu’ils constataient que le ciel ne leur était pas tombé sur la tête et que les ténèbres avaient cédé la place à une lumière plus ou moins glorieuse, parfois vaporeuse, parfois même liquide, mais qui avait suffi à reléguer les ombres, les cauchemars, les idées funestes. Et tout était à faire.

C’est ainsi. Chaque jour qui débute est une renaissance. Mieux une reconnaissance : une prise de conscience de ce qui est, une réminiscence de ce qui fut et un sentiment de gratitude pour ce qui sera. Certes, je ne suis pas à l’abri de l’inattendu, de l’improvisation, de l’accident, Et alors, le cerveau fait la démonstration de ses capacités, les sentiments prennent le relais, j’aime, je n’aime plus, j’ai peur, je suis en colère, je ris, je suis résiliente. La porte est ouverte sur la vie. C’est un bon jour.

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La rivière

Jannick Schwyter 19 mai 2020

Consigne :

« Je suis (ou je suivais…) le bord de la rivière »

Penchée sur le parapet du petit pont je regarde la rivière qui s’écoule lentement dans son lit, toute une faune aquatique s’agite à sa surface, des araignées d’eau, et une multitude de petits insectes et de gros moustiques s’en donnent à cœur joie inconscients du danger qui rôde car des grenouilles et autres serpents d’eau les guettent, ils surgissent d’un bond rapide gueule ouverte fonçant sur leur proie pour les gober. Mais eux aussi ne sont pas en sûreté car de chaque côté du pont des rochers ont été placés pour retenir les berges qui s’affaissent et ce sont des repaires parfaits pour des serpents qui y trouvent refuge, des vipères essentiellement j’en ai déjà observé à plusieurs reprises se prélassant au soleil, à la moindre approche elles disparaissent se faufilant dans les herbages, mais attention à ne pas les déranger car leur morsure peut être mortelle. Pour les grenouilles c’est plutôt la couleuvre à collier qui est dangereuse et qui trouve aussi un abri aux abords de la rivière.

Enfants nous avions l’interdiction de nous aventurer au bord de la rivière et surtout de nous y baigner, bravant quelquefois cette interdiction nous ne résistions pas en période d’étiage, à aller ramasser des galets qui tapissaient le fond de son lit, ces petits cailloux nous charmaient par leur diversité, et se promener dans le lit asséché d’une rivière entre ses berges est une aventure exceptionnelle pour de jeunes enfants à la recherche d’un improbable trésor.

L’Aire pour ne pas la nommer est en effet un torrent qui peut en quelques heures de pluie se transformer en un cours d’eau menaçant charriant tout ce qui traînait sur ses berges, les inondant, les érodant sans ménagement et bien sûr déposant non seulement les précieux galets qui nous attiraient mais aussi d’autres objets insolites propulsés par sa fougue.

A force de regarder l’eau je me sens entrainée par le courant et me prends à rêver de la rivière.

L’Aire est une rivière franco-suisse qui trouve ses sources au pied du Salève sur territoire français. En amont il s’agit d’un réseau complexe d’affluents dont les principaux sont le Nant D’Ogny, le Nant de la Folle, le ruisseau de Ternier et l’Arande.

Ces ruisseaux dévalent les pentes boisées du Salève serpentent à travers des zones rurales formant quelques fois de petits ravins d’accès difficiles. Ils convergent à Saint- Julien-en Genevois pour donner naissance à l’Aire qui va s’écouler sur environ 12 km.

et se jeter ainsi constituée et nommée dans l’Arve, elle sera son dernier affluent, au niveau du pont de Saint-Georges et alors le grand voyage commencera quelques mètres plus loin avec la jonction de l’Arve et du Rhône jusqu’à la mer.

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Ce n’est jamais la même eau qui serpente à mes pieds inexorablement la rivière coule et s’écoule et son murmure incessant m’entraine à me poser des interrogations, dans combien de temps rejoindra-elle emportée par le Rhône, Arles, La Camargue et son delta ? Et quelles découvertes cette eau fuyante fera-t-elle sur les rives du fleuve ? Le cri strident d’un oiseau annonçant un danger imminent pour ses congénères me ramène à la réalité sur le petit pont Eiffel enjambant la rivière qui me passionne tant et m’attire inlassablement, j’y reviendrai encore et encore la regarder et rêver le long de ses berges.

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Illusion des grands espaces

Nicole Schneider 6 octobre 2020

Consigne :

Un voyage autour de ma chambre (En ces temps de confinement plus ou moins rigoureux, quel explorateur confiné êtes-vous ? Comment vous évadez-vous… ou pas ?)

« Si tu sors du cercle, tu rencontres les fleurs » ISSA

À fin 2016, j’ai offert toutes ma collection d’ouvrages de botanique à la bibliothèque de Lullier, soit une septantaine de livres et brochures, dont plusieurs étaient de valeur inestimable. Seules me restent des images que j’ai contemplées quotidiennement au cours d’un trop long confinement.

Aujourd’hui, me voici confortablement installée au milieu du salon dans mon appartement de quatre pièces. Je suis encerclée par plus de vingt objets qui représentent des plantes, essentiellement des fleurs.

Mon regard pénètre dans la grande tapisserie, offerte par un ami, copie d’un paysage flamand. Je m’égare entre les arbres, entends le murmure d’un ruisseau et les chants des oiseaux, remarque au loin un pont, un château, un village. Un parterre de fleurs jaunes et rouges égaie le devant de la scène.

Une céramique tunisienne aux couleurs vives, répartissant avec harmonie le vert du feuillage, le bleu des vasques et des fleurs, le jaune de deux oiseaux et le brun du décor, me rappelle avec bonheur mon unique voyage dans ce pays attachant.

Une série de huit assiettes décoratives de styles différents orne les murs en attique. Des fleurs à profusion titillent ma mémoire : l’assiette ajourée reçue de ma grand-mère maternelle, les pièces jumelles achetées dans une boutique de La petite France à Strasbourg, celles choisies au Marché aux Puces de Plainpalais, notamment deux en Vieux-Strasbourg.

Les aquarelles, les gouaches et les pastels peints et offerts par des amis s’affichent sur deux parois :

La rose de Pilar, amie espagnole décédée en août 2007

Les fleurs dans le Leysin des années 1960 reçues d’un vieux client, Les clochettes et les marguerites de Marylou,

Le Saintpaulia de Hourie, fidèle d’un atelier d’écriture

La campagne genevoise, aquarelle délicate réalisée par Marylou

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Une planche en bois peinte par mon père avant 1982, représentant des sapins sous la neige ; elle avait décoré la Cabane de La Bûcheronne au-dessus d’Arzier pendant de nombreuses années.

Sur mon bahut repose une lampe montée sur un vase en porcelaine chinoise. Une multitude de petites fleurs bordeaux à cinq pétales s’élèvent vers la lumière ; un texte mystérieux ne m’a toujours pas révélé sa signification.

Pour terminer mon voyage autour de ma chambre, j’ai accroché un papier découpé en noir sur fond blanc révélant un cœur contenant deux papillons, deux oiseaux et des fleurs ; Il fait face à la céramique tunisienne. Il a remplacé un pastel représentant le Doubs aux couleurs automnales, exécuté par Charles l’Éplattenier dans les années 1920, donation faite au Musée des Beaux-Arts de La Chaux-de-Fonds le 4 juillet 2019.

Ainsi, toutes ces fleurs et paysages me permettent de sortir avec bonheur du cercle de mon confinement et de croire encore à l’illusion des grands espaces.

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Il regarde par la fenêtre

Danièle Kaufmann 1er décembre 2020

Consigne :

« Il regarde par la fenêtre, le jour se lève et le ciel se colore d’un rose très doux avec ça et là des nuances d’orange… »

Il s’étire et risque un pied vers la partie droite du lit où il ne rencontre que la fraîcheur du drap. Comme chaque matin, son espoir fou est détrompé : il n’y a personne ! Elle est partie, décédée, envolée en cendres jetées au pied d’un vieux mélèze.

Ce jour qui se lève avec cette promesse de beau temps le révolte. Le ciel, le soleil sont parfaitement indifférents à sa peine, la terre continue de tourner. Il aimerait pouvoir plonger dans un brouillard épais, sans issue, qui lui donne l’impression d’être compris.

Cela vaut-il la peine de se lever ? Pour quoi faire ? Il se pelotonne sous la couette et décide de se rendormir.

Le sommeil ne revient pas mais la lumière de plus en plus présente envoie des souvenirs heureux. « Il regardait par la fenêtre, le jour se levait et le ciel se colorait d’un rose très doux avec ça et là des nuances d’orange… », il se tournait vers le côté gauche du lit et la regardait dormir. Elle respirait doucement, ses cheveux sentaient bon. Il restait sur le dos et se chantait mentalement des airs de Bach, les bras derrière la tête, en attendant qu’elle se réveille. Il était heureux, en accord avec le jour prometteur qui se levait.

Soudain il se trouve ramené bien loin dans le passé. Il se réveille dans le temple de Delphes où il s’est risqué à dormir dans son sac de couchage. Il a vingt ans et visite la Grèce à moto, avec un ami. « Le jour se lève et le ciel se colore d’un rose très doux, avec ça et là des nuances d’orange… » Un sentiment d’exaltation le saisit, qu’il n’oubliera jamais. Le monde lui appartenait, il pouvait tout faire, il suffisait d’avoir de l’imagination…

Ce soleil revenu de Delphes l’illumine de joie et lui donne l’énergie de se lever pour essayer de vivre une nouvelle journée.

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Une journée pas comme les autres

Denise Fulpius 1er décembre 2020

Consigne :

Il regarde par la fenêtre, le jour se lève et le ciel se colore d’un rose très doux avec ça et là des nuances d’orange.

La maison est encore silencieuse ; curieusement une odeur de café lui chatouille les narines. Louise serait-elle déjà debout ? Depuis qu’elle a décidé de faire chambre à part au sous-sol, ils ne se croisent presque plus.

Quant aux filles, elles dorment sûrement encore, il les a surprises vers minuit en train de s’exciter avec un jeu vidéo.

Depuis son lit, Robert observe longuement le ciel dont les teintes harmonieuses laissent la place à un timide soleil. Il aimerait s’assoupir encore un peu ; ce n’est pas le moment : aujourd’hui il a rendez-vous avec son patron pour un entretien ; il ne sait pas de quoi il s’agit, le mail reçu tard dans la soirée n’en précise pas le motif.

Que la vie est compliquée se dit-il en se réchauffant un café de la veille, si amer qu’il le recrache dans l’évier de la cuisine. Sa femme a dû se faire couler un expresso exquis, mousseux, avec la nouvelle machine, si perfectionnée qu’il n’arrive pas à l’utiliser. De retour dans sa chambre, il contemple encore une fois le ciel ; c’est le début d’une journée ensoleillée, elle ne donne pas envie d’aller au bureau.

Rien que d’imaginer le trajet en voiture, les bouchons, les parkings bondés et les gens nerveux, il a envie de se recoucher.

Et s’il n’allait pas à ce rendez-vous en ce jour de printemps ? Et si pour une fois il partait à l’aventure découvrir un coin de forêt, de campagne, un clocher d’église, que sais-je ? Tous ces environs accessibles qu’il connaît si peu !

Louise et les deux filles seraient abasourdies, peu habituées à un coup de tête de sa part ! Car Robert est un homme de devoir, un peu maniaque, un peu rabat-joie.

Alors que les filles rigolent, inventent des histoires – de mecs par exemple –. Et Louise, si gaie autrefois, a perdu sa joie de vivre.

Alors ni une ni deux, il se met en route, sans but précis, nez au vent, curieux de tout ; sous les arbres une rivière paresse. Avec un bout de papier trouvé dans sa poche, il confectionne un petit bateau qu’il pose sur l’eau ; il suit un moment son parcours comme lorsqu’il était petit. Lui reviennent des souvenirs d’enfance avec ses parents, les dimanches passés à pêcher avec son père pendant que sa mère ramassait des petits fruits, les cabanes construites dans les arbres avec ses frères. Assis sur un caillou il repense à ses copains et copines ; il s’est isolé et les a tous perdus de vue.

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Robert continue à évoquer le temps de l’enfance. Tout à coup il se rappelle qu’il a ce rendez-vous important à 17 heures. Il faut qu’il s’y rende ! Retour en hâte à la maison : pantalon-veste- chemise-cravate-mocassins, notre homme de devoir a revêtu son costume. Dommage ! Arrivé au bureau, il croise la ravissante secrétaire au regard mutin, elle porte un ensemble vert d’eau froufroutant du plus bel effet. – Que fais-tu là, Robert ? Tu n’as donc pas reçu le mail du patron ? Il a dû partir brusquement pour affaires, il sera là dans trois jours. Comme tu es élégant ! Et si on allait boire un verre ?

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Le petit jongleur

Denise Fulpius 15 décembre 2020

Momo, assis dans la roulotte, regarde par la fenêtre la foule qui se presse pour entrer sous la tente du cirque : parents avec leurs enfants dévorant de la barba à papa rose qui leur colle autour de la bouche, adolescents, la casquette vissée à l’envers sur le crâne, personnes âgées marchant avec précaution pour ne pas tomber sur le sol inégal.

Momo est inquiet ; ce soir, pour la première fois, il va faire un numéro de jonglage, oh juste avec trois boules, une rouge et deux blanches, pas si facile quand on a neuf ans et que le public guette la chute ! Heureusement il n’est pas seul, son père sera à ses côtés pour faire le clown et distraire l’assemblée. Celui-ci est déjà maquillé, visage blanc, sourcils noirs de jais, bouche et gros nez rond tout rouges.

Son fiston n’a pas voulu tout ce tralala, juste le nez rouge – tiendra-t-il pendant tout le numéro ? – et la tignasse lissée avec de la gomina.

Après une marche triomphale jouée par l’orchestre, le spectacle commence avec une dizaine de chevaux plus beaux les uns que les autres, la crinière peignée, le poil luisant de leur dos constellé de petits points dorés illuminés par un éclairage aux tons changeants. Ils tournent et virevoltent en un ballet subtil, accompagnés discrètement par le dresseur et son long fouet. Puis on entend des applaudissements nourris.

- Allons Momo, arrête de te ronger les ongles, c’est à nous, lui dit son père. Et n’oublie pas : tiens-toi droit et concentre-toi !

Ils attendent que tous les chevaux soient sortis de la tente puis pénètrent dans le rond de sciure ; nouveaux applaudissements.

Le père commence son numéro, utilisant divers accessoires qu’il fait disparaître et réapparaître, l’air ahuri, se prenant les pieds dans le tapis rouge avec ses souliers trop grands, tirant d’un minuscule violon des sons abominables, bref, un vrai clown.

Brusquement il s’interrompt, s’incline devant son fils en enlevant son chapeau qui balaie le sol dans un nuage de poussière. Il annonce fièrement : - Et voici Momo le jongleur !

Le numéro commence bien, les boules s’élèvent et retombent dans ses mains, le garçon réussit même à escamoter la rouge et la remplacer par une blanche ! Le public frémit, il scande : encore, encore ! Cela déconcentre le gamin qui n’arrive plus à maîtriser ses gestes ; une boule tombe, puis deux, puis la troisième redevenue rouge – comment est- ce possible ? – Momo, très énervé, fait un pied de faux nez qui se met de travers et lance la boule rouge dans les spectateurs. C’est à qui l’attrapera le premier. Avec les rires et les applaudissements, c’est le triomphe !

De retour dans la roulotte, Momo s’effondre en pleurs. Son père lui dit alors :

- Ecoute Momo, tu ne seras peut-être pas un jongleur, mais crois-moi tu seras un clown magnifique.

Alors sur le visage de son fils, transparaît un sourire sous les larmes.

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Sous le chapiteau du cirque

Therese Juncker décembre 2020

Consigne :

Sous le chapiteau du cirque

Lorsque j’attends mon tour derrière le rideau rouge, c’est encore et toujours la même sensation qui m’envahit. J’ai les mains moites, les entrailles me tenaillent, mon cœur martèle ma poitrine, mes jambes flageolent. Par le petit trou du rideau, j’observe Loretta, voltigeant sur son cheval blanc, légère comme une plume, gracieuse comme une princesse. Elle semble si sûre d’elle, alors que moi je suis maladroit, je marche de travers, j’ai des oreilles trop grandes. J’ai l’air d’un nigaud. On se moquait toujours de moi à l’école. J’étais le dernier de la classe mais premier au concours de grimaces et de bêtises. C’est pour cela que je suis devenu clown.

Dans la troupe, je ne compte guère. Le magicien, plein de mystères, m’a rangé dans la catégorie des pantins. Pour le dompteur, fier de son pouvoir sur les animaux féroces, je ne vaut pas plus qu’une mouche. D’ailleurs il ne me regarde jamais. Les acrobates, agiles, toujours concentrés sur leurs performances, ne se préoccupent pas de moi. Il y a tout de même Marco, le jongleur, qui me sourit et me comprend. Il me réconforte lorsque je suis triste ou découragé.

Les applaudissements fusent, Loretta fait son dernier tour de piste, le rideau se lève.

C’est mon tour. J’avance en claudiquant à cause de mes énormes chaussures noires. Les enfants éclatent de rire en me voyant avec mon gros nez rouge et un petit chapeau vert planté sur ma perruque rousse. En un instant je deviens le centre du monde, le point de mire de tous les regards. Une lumière brille dans mes yeux, ma bouche se garnit d’un sourire jusqu’aux oreilles. Mes mains s’agitent, mes pieds s’entrecroisent et…

« patatras », je m’étale. Alors commencent les pitreries qui amusent le public. Je me relève, retombe encore, cette fois le derrière dans un pot de peinture. Je m’agrippe à la corde qui se balance au-dessus de ma tête. Elle craque et me revoilà au sol. Marco apparaît, il vient m’aider. Mais non, idiot, je n’ai rien compris : au lieu de me tendre la main, il me flanque une tarte à la crème sur la figure. On s’esclaffe de tous côtés. Les bouffonneries s’enchainent, je me sens léger, j’enchante le public. Au premier rang, les enfants piaillent en me regardant avec des yeux émerveillés.

Mon numéro est terminé. Je salue avec mon petit chapeau vert. La foule se lève, applaudit à tout rompre. Des « hourra », des « bravo » jaillissent de l’obscurité des gradins, comme un feu d’artifice dans un ciel d’encre. Je n’en crois pas mes oreilles. Mon cœur éclate de bonheur, je tremble d’émotions. Je me retire à reculons tandis qu’une larme de joie dégouline sur ma joue.

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L’avenir de nos démocraties

René Magnenat 12 janvier 2021

Consigne :

« L’avenir de nos démocraties dans un monde en pleine mutation ! »

J’ai failli m’abstenir de réfléchir et cogiter avec sérieux pour rédiger un texte qui reflète mon point de vue sur le thème proposé, tenté que j’étais par le second sujet qu’Hubert a glissé là par malice, pour éviter un travail intellectuel ardu en cette période de grande fatigue sociétale : le sujet alibi pour ne pas se livrer, celui qui n’engage pas à grand- chose, celui destiné aux abstentionnistes. J’ai failli seulement. Toutefois, mon sens aigu du devoir civique m’a interdit de faire comme si je n’étais pas intéressé, par pure paresse ou négligence. Quelle histoire !

Du Ve siècle avant notre ère à ce jour de 2021, la démocratie est passée par toutes sortes de règles et de formules. D’une élection à laquelle seuls 3 % de la population athénienne pouvait prendre part à un simple tirage au sort entre les citoyens éligibles, les systèmes les plus divers ont fleuri selon les régions et les époques.

On voit aujourd’hui des démocraties aux caractéristiques les plus diverses, avec des aspects et des conséquences plus ou moins « démocratiques ». Un constat qui n’a rien d’étonnant : les femmes furent pendant longtemps en dehors de tous systèmes démocratiques. Je note juste en passant que Haïti a été le pays de la première et unique révolution d’esclaves à avoir établi une république. Je ne veux pas ressasser tout ce que j’ai lu sur Wikipédia pour étaler des connaissances à faire pâlir un individu d’avant Internet ! Bref, avançons, ne nous perdons pas dans les blablas d’une multitude de politiciens bavards qui disent sans faire !

Démocratie, du grec ancien, « demos » le peuple et « Kratos » le pouvoir, donc le pouvoir du peuple, un système dans lequel, l’élection, mécaniquement, consiste à choisir les meilleurs d’entre nous pour des fonctions qui exigent des connaissances, et elle est en même temps une procédure d’auto-expropriation du pouvoir par les citoyens, qui le confient aux élus. Heureusement, une démocratie comme celle qui prévaut chez nous a su préserver le pouvoir des citoyens grâce aux droits de référendum et d’initiative populaire. Y en a point comme nous !

Voilà où j’en étais de mon texte lorsque j’ai reçu et lus les travaux de Thérèse, Hubert et Janine.

Ils sont excellents, je félicite leurs auteurs mais ne veux ni les commenter ni me joindre à leurs réflexions et les reprendre à mon compte. Alors je vais laisser aller mes idées et je verrai bien où elles nous mèneront. Il me semble que la ploutocratie soit la première catégorie qui s’impose pour accéder au pouvoir démocratiquement : à voir les milliards de dollars nécessaires pour se faire élire, le peuple n’est pas près d’y trouver sa place.

La gérontocratie, constituée de tous ces « gens à risques » s’ajoute comme grand favori, à voir l’âge presque canonique du sauveur démocrate étasunien, justement,

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fraîchement élu. Je préfère la prévalence due à l’expérience de toute une vie à la

« démoncratie » qui, Dieu merci, se meurt ces jours-ci.

Ces temps-ci, justement, le pire système politique après tous les autres, c’est la

« pandémicratie », elle est contagieuse et s’impose malgré toutes les forces qui tentent de s’y opposer. Mais on entend dire que ce n’est que lorsqu’elle sera vraiment majoritaire que l’on pourra s’en débarrasser ! Quelle histoire !

Pour conclure, je voudrais encore inclure un petit texte. Ce sont les paroles d’une chanson écrite par Madame Paula Gilardi, animatrice sociale. mise en musique par mon ami Pierre Aeschlimann, l’homme qui chante avec les oiseaux. Une chanson que la chorale « Cœurs en chœur » a interprété lors d’une soirée sociale en janvier 2018 au 99, rue de Lyon devant un public de jeunes du quartier en quête d’un but dans la vie.

Refrain : « La démocratie, ce n’est pas fait pour que tout le monde soit d’accord, mais pour que l’on puisse vivre ensemble sans être d’accord. »

Imparfaite, exigeante, si fragile pourtant.

Indispensable, très vivante, utopique, mouvante pourtant

Indispensable, changeante et fluctuante oui, changeante et fluctuante, Lente, oh… lente !

Refrain, etc. »

Prenez soin de vous et… n’oubliez pas, à chaque occasion, d’aller voter !

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Le monde en 2025

Hubert Ernst 2 mars 2021

Consigne :

Le monde en 2025

La terre est cruellement laminée par le soleil.

Les pelouses sont brûlées, dépourvues de tout charme.

Les vaches n’ont que quelques maigres points d’eau pour étancher leur soif.

Les rues sont désertes.

Hommes, femmes et enfants demeurent cloîtrés dans leur maison comme au temps du grand confinement de 2020-2021.

Le soleil brille avec une ardeur toute particulière comme si les éruptions à sa surface se multipliaient.

En le regardant longtemps, un aveuglement total vous assaille : la nuit s’installe dans le regard et le soleil semble s’éteindre, fatigué par ces tempêtes solaires qui érodent sa vivacité.

Plus rien ne change dans la nature : les arbres ne se laissent pas impressionner par les spasmes de l’astre du jour. Depuis quelques semaines ils ont perdu leur chevelure végétale.

Rien n’a changé dans le ciel bleu, rarement ombragé par des nuages ternes qui dissipent la joie de vivre. Tout semble dominé par une passivité langoureuse dépourvue de romantisme.

Le ciel d’acier d’une journée où le soleil tape dur ne convient pas aux créatures fragilisées par l’âge et toujours en quête d’une brise rafraîchissante qui n’existe que dans leurs souvenirs vermoulus ou recouverts d’une poussière de plus en plus opaque.

Le temps chaud, brûlant n’a rien d’étonnant : il est le fruit de générations irresponsables, dépourvues d’un brin de sagesse, trop nanties pour ressentir le bonheur de l’air pur, d’une fontaine dont l’eau claire jaillit comme une chanson au fond des cœurs délabrés par un matérialisme qui envahit leur corps comme une gangrène à l’issue fatale.

Le ciel est toujours aussi brûlant, la torpeur enivre les gens comme un narcotique qui déverse une douce rêverie dans leur imaginaire de mécréant.

Le ciel n’est plus cet au-delà transcendant qui nous plonge dans une félicité éternelle.

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Il est comme le griot des déserts fouettés par le vent incandescent des grands espaces : il chante la vie dure des agriculteurs livrés au caprices de la nature, avec une touche de romantisme pour arracher un sourire aux jeunes confinés dans les réseaux sociaux et cloisonnés comme des moutons dans un univers récréatif, sans arbres et sans fleurs.

Et pourtant la vie change lentement au rythme saccadé des pas d’un enfant et nous offre chaque jour une renaissance pleine de découvertes et d’espoirs, parfois tronqués par des coups durs pour nous enfoncer dans l’amertume. Quand le vent se lève, ce goût âcre est balayé en un instant, l’homme sursaute, se dresse et empoigne son avenir. Tous les rêves deviennent possibles.

La pollution ne sera plus qu’un fléau voué à l’oubli et censuré définitivement par la jeunesse montante. La fracture sociale disparaît dans les déchirures du sol pour rejoindre les dieux mythiques au centre de la terre. Un soulagement redonne un souffle nouveau aux âmes vagabondes, dépourvues de tout, toujours à l’affût d’un petit rien.

La vie s’embellit par un mouvement de solidarité semblable à une vague qui déferle sur la société pour gommer les espaces de tristesse et imprimer un rayon de lumière dans les cœurs noircis par la désespérance.

En 2025, nous pourrons dire que le monde aurait pu changer moins vite si...

Les intempéries continuent leur travail de sape et il est difficile de les contrecarrer.

Sans le soleil brûlant, les vagues dévastatrices et les tempêtes iconoclastes nous aurions été plus heureux.

Mais la beauté d’une vague, le sourire du soleil, et le déferlement d’une bourrasque nous plongent dans la rêverie. Ces agents potentiellement destructeurs génèrent aussi notre bonheur.

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La beauté

Therese Juncker 16 mars 2021

Consigne : La beauté

Le concours de Miss France vient de s’achever. L’élue, une Martiniquaise de 19 ans, au joli minois, jambes félines et mensurations idéales se pavane devant le public qui se pâme et applaudit à tout rompre. Demain on se jettera sur les magazines « People » pour admirer la nouvelle idole sous toutes ses coutures. Ce genre de beauté se vend, s’achète, se trafique. Il n’y a qu’à voir sur l’étal des magasins le nombre de crèmes, onguents et autres produits promettant de retrouver une nouvelle jeunesse, les salons de beauté que l’on trouve partout même dans des villages reculés sans parler de la chirurgie esthétique où pour, pour des sommes que l’on n’ose révéler, on vous retend la peau du visage jusqu’à ne plus pouvoir sourire.

Cette beauté-là, Monsieur, ne m’intéresse pas. Pour moi, beauté rime avec naturel et harmonie. Quoi de plus beau que le regard attendri d’une maman sur son enfant, le chant des oiseaux, la frimousse d’un bambin qui rit, un coucher de soleil, une nuit constellée d’étoiles, un paysage de neige, une symphonie de Mozart, un tableau de Vermeer. La nature et le monde qui nous entourent nous offrent des milliers de sources d’émerveillement. Il nous suffit de regarder, d’écouter, d’admirer.

Et puis il y a encore une beauté plus discrète, parfois invisible, insensible aux canons de l’esthétique et de la mode. Cette beauté-là est celle du don de soi et de l’amour. Elle se dévoile pudiquement dans une caresse sur la joue d’un malade, un sourire sur le visage ridé d’un vieillard, le don d’un organe, une main tendue vers les sans-abris, les rejetés, les oubliés.

Monsieur, ne courez pas vers la beauté superficielle, clinquante, qui vous jette de la poudre aux yeux. Lorsque vous cesserez d’en être aveuglé, vous ne découvrirez que toc et vernis qui s’effriteront très vite pour ne laisser apparaître qu’un corps ou un objet fade, triste et sans charme. Recherchez la beauté du cœur, celle qui réchauffe et réjouit.

Celle qui vous apportera un vrai bonheur.

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La beauté

Danièle Kaufmann 16 mars 2021

Consigne : La beauté

« Je me demande à moi-même tout doucement pourquoi j’ai moi aussi la faiblesse d’attribuer aux choses de la beauté. » Pessoa

Qu’est-ce que la beauté ? Où et comment la rencontrer ?

Tout d’abord je vois un feu, dont les flammes symbolisent les passions qui brûlent le cœur des hommes. Un rideau de tiges de métal souples et ondulantes sépare le monde du spectateur de celui de la tragédie. Des tentures rouges drapées, des costumes rouge sombre ou rougis par les flammes créent un décor dramatique, suggérant la présence menaçante du sang. Des visages en gros plan expriment des sentiments, des troubles profonds. La seule femme, Monime, que se disputent trois hommes, joue des plis de sa robe et de sa cape rougeoyante pour exprimer ses luttes intérieures. Ses gestes majestueux me rappellent la statue d’Athena luttant contre un géant, vue au Musée du Parthénon.

J’ai eu la joie de voir à la télévision, en « film de théâtre », Mithridate, de Racine. C’était un cadeau offert par le Théâtre de Strasbourg aux confinés du covid.

Ce spectacle m’a transportée, non seulement par son traitement de l’image, mais surtout par l’usage de la langue. La langue de Racine, c’est des alexandrins fluides et élégants. Ils étaient à la fois rythmés et naturels, dits par des acteurs remarquables. Je me suis laissé bercer par cette langue magnifique. Monime avait un accent, probablement germanique, qui soulignait sa qualité d’étrangère, sa solitude, et adoucissait le discours. La pièce ne se termine pas en tragédie, par le bain de sang auquel le spectateur s’attend, mais par un pardon de Mithridate, qui meurt apaisé, laissant Xipharès, son fils, et Monime à leur amour réciproque.

Les couleurs, les rythmes, les mouvements lents, les effets de lumière, la noblesse des personnages, tout a contribué à me faire rencontrer la beauté. Or la beauté n’existe pas en soi. Ce que j’ai rencontré, c’est un sentiment d’exaltation, par lequel je me suis sentie plus grande, plus belle, plus intelligente. Toute la nuit qui a suivi, j’ai dormi, bercée par le rythme des alexandrins. J’étais au paradis ! grâce au génie de Racine et à la beauté de la langue.

Qu’est-ce que la beauté ? Qu’en dire, après ce parcours théâtral ?

Je conclus avec une autre citation de Pessoa :

« La beauté est le nom de quelque chose qui n’existe pas et que je donne aux choses en fonction du plaisir qu’elles me donnent. »

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La beauté

Jeanine Christin 16 mars 2021

Consigne : La beauté

La société a trop souvent influencé le concept de la beauté. Mais qu’est-ce qui définit la beauté ? Notre cadre familial nous inculque sa propre notion de beauté et si notre point de vue diverge nous sommes déclarés n’ayant aucun goût.

Le film : « Le goût des autres » m’a ouvert l’esprit et j’ai réalisé que la notion de beauté est très subjective.

Les guides de musées s’évertuent à nous faire admirer la beauté d’une œuvre que nous ne trouvons pas toujours si belle et pourtant nous restons devant en admiration, essayant de suivre les codes de la beauté dictés par les historiens de l’art, les artistes ou autres.

Sans charme, la beauté d’un corps, d’un visage respire l’ennui. Je citerais Serge Gainsbourg, l’homme aux oreilles en feuilles de choux : « La laideur reste toujours. La beauté passe »

Cependant la beauté féminine séduit depuis toujours à tel point que les religions ont toujours dicté de s’en écarter afin de ne pas tomber en tentation ! Même Molière suggère de cacher ce sein… ! Et je citerai cette phrase tirée d’internet : - La jolie femme se pare pour être agréable à regarder tandis que la belle femme est naturellement admirable. Quant à la beauté masculine elle a été représentée généralement nue par des statues que nous ne cessons de contempler.

Heureusement la beauté se manifeste sous d’autres cieux. Elle nous touche lorsqu’elle a le pouvoir de nous faire ressentir des émotions, des sentiments agréables.

La nature nous réconcilie. Il suffit de la regarder, de contempler les paysages qui changent selon les heures, les lumières ou les saisons. La beauté d’une fleur qui s’épanouit au soleil après la pluie, la beauté d’un arbre dont les branches dégarnies se dessinent dans un ciel bleu, l’écoute du vent qui par son souffle balance ses branches.

La beauté de la mer calme et l’écoute du frétillement des vagues. La beauté d’une mer en furie et le claquement des vagues contre les rochers ou s’étalement de la mer sur la grève. La musique aussi nous comble par l’harmonie des sons qui réjouit notre ouïe et fait frissonner notre cœur. La beauté peut être partout.

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Des mots d’hier et d’aujourd’hui

René Magnenat 18 mai 2021

Consigne :

« Les moindres des mots ouvrent l’horizon aux fous qui courent derrière leur enfance. » Alexandre Voisard

Des mots pas démodés ? Des mots du passé mais pas dépassés ? Des mots dits ou des mots tus ? Des mots écrits ou des mots lus ? Des mots amis ou des mots haïs ? Des mots polis ou des mots salis ? Des mots d’émotions, des mots de joie, des mots de larmes.

En voilà des mots, des mots qui changent de sens ou qui n’en ont plus ! Le mot vaccin sensé stopper les maux, rime avec tocsin

Pourtant j’espère que ce n’est pas pour demain,

Le Toblerone de mon enfance, de chocolat s’est transformé en sentier Où nous cuisons sur un bâton, après la marche, des cervelas bien mérités.

La Fontaine où je puisais jadis eau fraîche et belles fables A depuis pris un goût méconnaissable, c’est incroyable.

La Madeleine, amour de mes dix ans, qui me mit parfois en pleurs S’en est allée récemment, retrouver Proust et ses jeunes filles en fleurs.

Mes copains autrefois si coquins sont devenus des amis proches Qui sans anicroche, comme moi, à la vie s’accrochent.

Athlète, j’adorais plus que tout faire la course Prophète, je me vois bientôt en fin de course.

Pour conclure, sur un bon mot,

Surtout, lecteurs, ne me prenez pas au mot !

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Les mots de notre enfance

Gerda Ferrari 18 mai 2021

Consigne :

« Les moindres des mots ouvrent l’horizon aux fous qui courent derrière leur enfance » Alexandre Voisard.

Choisir une dizaine de mots de votre enfance et démontrer la véracité de la citation.

Vous voulez vraiment que je choisisse des mots de mon enfance ? Ce n’est pas difficile, bien entendu, mais vous allez souffrir mes amis, avec mes mots venus du Nord. Allons- y quand même.

Hagelslag et beschuit : Les deux mots vont ensemble.

Hagelslag, même mes petites filles savent de quoi il s’agit et salivent déjà en en parlant.

Ah oui Oma, il y a les granulés au chocolat et les autres en sucre, en bleu, blanc et rose.

Au Pays Bas, les « beschuiten » sont presque un must quand on parle de « hagelslag ».

Une délicatesse pour grands et petits.

Par contre « een beschuit met muisjes » c’est encore une autre affaire. Ceux-là on les déguste à l’occasion d’une naissance quand le voisinage vient admirer le bébé. J’ai osé proposer une telle délicatesse à la naissance de Hubert, mon fils, (tiens c’est son anniversaire aujourd’hui, on est le 17 mai, non ?). Je vais lui envoyer ce texte, cela lui évoquera des souvenirs.

Gezellig : Gezellig = le summum de bien-être ensemble. Bien entendu on peut trouver des mots dans une autre langue, mais dans notre esprit il n’y en a pas un qui est équivaut à notre « gezellig ». Je rencontre une amie néerlandaise ici : Hoi ! Een gezellig kopje koffie ? Ja heerlijk zeg ! Tout est dit. Je suis convaincue que chaque pays connait ses mots « spécialement à nous », ces mots qui nous font sentir heureux et dans une intimité certaine !

Sprookje : C’est le mot pour conte de fée. Ma mère en raffolait. Les nains, les dames blanches, les sorcières en particulier nous sont restés très proches. Nous reconnaissons

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instantanément un site qui abrite des nains, par exemple. Vous avez beau rigoler, nous, on n’en démordra pas !

Boerderij : C’est une ferme. Un de mes « Ooms » gérait encore une ferme à l’ancienne, avec trois chevaux à l’entrée droite de la grange, tandis qu’une vingtaine de vaches étaient attachées à gauche. Au fond de la grange, une table et un gros fourneau tenait lieu de salle à manger ou accueil. Quand je pense aux paysans, je pense au « boerderij » de cet Oom où j’ai passé des dimanches campagnards comme on n’en vit plus beaucoup.

Mon frère Henk, devenu vétérinaire, y a fait ses premières expériences de traite.

Heide : Quand je pense « heide », je pense aux grands champs de bruyère où le berger gardait ses moutons, et alors monte dans ma tête une chanson romantique dont je n’ai pas oublié les paroles.

Op de heide Sur le champ de bruyère

Zaten wij heel alleen. Nous y étions tous seuls

Met zijn beiden Juste nous deux

En de zon om ons heen Et le soleil pour nous accompagner

Heel in de verte Tout au loin

Zongen merels een lied Des merles chantaient une chanson

Vol verlangen Pleine de mélancolie

Maar wij hoorden het niet. Mais nous n’entendions rien.

La suite est encore bien plus romantique, mais je vous en fais grâce.

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Quand le vent souffle

Jeanine Christin 1er juin 2021

Consigne :

Quand le vent souffle. Rêverie poétique

La chanson : Et j’entends siffler le train... me trotte dans la tête depuis la lecture de la consigne pour ce jour. J’ai immédiatement transposé train par vent et mes rêveries poétiques par chimériques.

– « J’entends siffler le vent toute ma vie... »

J’entends le vent qui emporte au bout du monde mon ballon rouge et blanc pour apporter la paix. J’entends le vent qui fait planer mon cerf-volant au-dessus de Kaboul pour la protéger des assaillants. J’entends le vent des indignés qui manifestent dans les rues et fait flotter les pancartes

J’entends le vent qui soulève les sables du désert et nous gratifie de lumières féériques J’entends le vent souffler dans les voiles de Christophe Colomb pour le conduire à la découverte des Amériques

J’entends le vent en colère qui ne se gêne pas de détruire tout sur son passage dont les habitations des plus démunis

J’entends le vent agitant les mers jetant sans remords les migrants dans l’abîme.

J’entends le vent siffler au pays des cèdres qui déclenche des explosions

J’entends le vent qui emporte à une vitesse vertigineuse les idées autour de la terre en quêtes incessantes de connaissances.

J’entends le vent de la perfide Albion propager les rumeurs de la Couronne à travers internet.

J’entends le vol-au-vent dont la Reine ne fait qu’une bouchée. Et maintenant, couchée sous le bouleau je ne veux entendre que le frémissement des premières feuilles de ce printemps agitées par une légère brise.

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Le vent souffle où il veut

Nicolle Schneider 1er juin 2021

Consigne :

Quand le vent souffle, petite rêverie poétique

Ne t’étonne pas si je t’ai dit:

«Il faut naître d’en haut».

Le vent souffle où il veut, Et tu entends sa voix, Mais tu ne sais d’où il vient ni où il va.

Ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit.

(Jean 3/7-8)

(Emboîtement à la manière de Paul Éluard)

Dans mon pays La Suisse, il y a le canton du Jura Dans le canton du Jura, il y a le Doubs

Sur le Doubs, il y a la ville de Saint-Ursanne

Dans la ville de Saint-Ursanne, il y a une collégiale Dans cette collégiale, il y a la fête de la Pentecôte Dans cette fête de la Pentecôte, il y a deux jeunes filles Sur ces deux jeunes filles, il y a des robes d’ange Sur ces robes d’ange, il y a la lumière des cierges Dans la lumière des cierges, il y a une bénédiction Dans cette bénédiction, il y a le vent.

Le vent souffle sur la bénédiction

La bénédiction souffle sur la lumière des cierges La lumière des cierges souffle sur les robes d’ange Les robes d’ange soufflent sur les deux jeunes filles Les deux jeunes filles soufflent sur la fête de la Pentecôte La fête de la Pentecôte souffle sur la collégiale

La collégiale souffle sur la ville de Saint-Ursanne La ville de Saint-Ursanne souffle sur le Doubs Le Doubs souffle sur le canton du Jura

Le canton du Jura souffle sur mon pays La Suisse.

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Quand le vent souffle

Jeanine Rojal 1er juin 2021

Consigne :

Quand le vent souffle, petite rêverie poétique

Le foulard dénoué Fait des ronds dans l’air.

Il tourne sur lui-même, Ondule dans un sens, dans l’autre,

Il tombe sur le sol En un tas frémissant

Les cheveux libérés Auréolent la tête Algues dans le courant aérien Les mèches dévoilent la nuque

Et recouvrent le front Ne laissant qu’un sourire

Eclairer le visage

La jupe montgolfière s’élève et redescend Exposant les jambes longues et pâles Le tissu par moment se plaque sur les hanches

Enserre les genoux et révèle une cuisse

Et lui, émerveillé, redécouvre la beauté.

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Ballade romantique

Stephanie Weber 1er juin 2021

Consigne :

Quand le vent souffle, petite rêverie poétique

Chênes et champs de blé (Alexandre Calame)

Ballade romantique

(Inspirée par le tableau ci-dessus) Sous la coupole d’un magnifique chêne je somnole toute sereine

me berçant dans un petit somme que la brise me murmure

Je respire l’été rêvant

le Champ de couleur attrayant parsemé de quelques fleurs que la brise fait danser

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30 chantent la grâce

d’un magnifique paysage que la brise fait ravir

Je vis dans la plénitude sans inquiétude

entrevois ciel et beaux nuages que la brise fait bouger

Je songe au bonheur à l’amour et sa douceur

peut-on trouver autre merveille ? la brise est en éveil

Soudain voilé des cieux vient un souffle pernicieux perturber le superbe chasser la brise

Qui d’autre que l’artiste délicatement esquisse lumière, nature et vie en paisible harmonie ?

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