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ARTICLE DE REVUE
Traitement de l’incontinence urinaire masculine non neurologique par
hyperactivité vésicale : une revue de la littérature du CTMH de l’AFU
Treatment of non-neurogenic masculine urinary incontinence due to overactive bladder: A review by the LUTS committee of the French Urological Association
S. Lebdai
a,∗, O. Haillot
b, A.R. Azzouzi
a, A. Benchikh
c, A. Campeggi
d, J.-N. Cornu
e, N.B. Delongchamps
f, O. Dumonceau
g, A. Faix
h, M. Fourmarier
i, B. Lukacs
e, R. Mathieu
j, V. Misrai
k, G. Robert
l, A. de La Taille
d, A. Descazeaud
maServiced’urologie,CHUd’Angers,4,rueLarrey,49933Angerscedex9,France
bServiced’urologie,CHUdeTours,37044Tours,France
cServiced’urologie,hôpitalBichat-Claude-Bernard,groupedeshôpitauxuniversitaires Paris-Nord-Val-de-Seine,universitéDenis-Diderot,Paris-VII,75018Paris,France
dServiced’urologie,CHUMondor,75000Paris,France
eServiced’urologie,hôpitalTenon,universitéParis-VI,75020Paris,France
fServiced’urologie,CHUCochin,75014Paris,France
gServiced’urologie,cliniqueTurin,75008Paris,France
hCliniquemutualisteBeausoleil,34070Montpellier,France
iServiced’urologie,centrehospitalierAix-en-Provence,13616Aix-en-Provence,France
jServiced’urologie,hôpitalPontchaillou,CHUdeRennes,35000Rennes,France
kServiced’urologie,cliniquePasteur,31300Toulouse,France
lServiced’urologie,universitéBordeauxSegalen,CHUdeBordeaux,33076Bordeaux,France
mServicedechirurgieurologique,CHUdeLimoges,87042Limoges,France
Rec¸ule3d´ecembre2013;acceptéle6janvier2014 DisponiblesurInternetle10f´evrier2014
∗Auteurcorrespondant.
Adressee-mail:souhil.lebdai@gmail.com(S.Lebdai).
1166-7087/$—seefrontmatter©2014ElsevierMassonSAS.Tousdroitsréservés.
http://dx.doi.org/10.1016/j.purol.2014.01.002
MOTSCLÉS Hyperactivité vésicale;
Incontinenceurinaire masculine;
Urgenturies; Anticholinergiques; OnabotulinumtoxinA; Neurostimultion; Entérocystoplastie
Résumé
Objectif.—Établirunerevuedelalittératuresurlapriseenchargedel’incontinenceurinaire masculinenonneurologiqueparhyperactivitévésicale(HV).
Méthode.—Une revuesystématique dela littératurescientifique aétéréaliséeàpartir de la base de données PubMedavec les mots clés suivants: overactive bladder, male urinary incontinence,urgency,antimuscarinic,onabotulinumtoxinA,neurostimulation,cystoplasty.
Résultats.—Globalementpeud’étudesontétéréaliséesspécifiquementsurlapopulationmas- culinenonneurologiquedansletraitementdel’incontinenceurinaireparHV.Lestraitements anticholinergiquesontuneefficacitéprouvéechezl’homme:ilsdiminuentdesincontinences parhyperactivitévésicalesoustoltérodineversusplacebo(−71%vs−40%, p<0,05).Ilsont pourprincipalinconvénientd’entraînersécheressebuccale(16—29,6%)etconstipation(4%) quipeuventendiminuerl’observance.Laneuromodulationsacréegénéralementutiliséeaprès échecdesanticholinergiques,auneefficacitéde67%dansdespopulationsmixtesàminorité masculine. Elle a une AMM dans cette indication. Bien que toujours hors AMM, les injec- tionsdetoxinebotulique intra-détrusoriennesont uneefficacitéétabliedansletraitement del’incontinenceparHVnonneurologique,maislàencore,aucuneétudespécifiquementmas- culinen’estdisponible.Enfin,l’entérocystoplastied’agrandissementaunemorbiditémajeure pourunrésultataléatoire.
Conclusions.—Les mêmes traitements sont utilisés dans l’incontinence urinaire non neu- rologique par hyperactivité vésicale chez l’homme et chez la femme: anticholinergiques, neuromodulation, toxinebotulinique. Pourtant, aucuntraitementn’a fait la preuve deson efficacitédansunepopulationexclusivementmasculine.
©2014ElsevierMassonSAS.Tousdroitsréservés.
KEYWORDS Overactivebladder;
Maleurinary incontinence;
Urgency;
Antimuscarinic;
OnabotulinumtoxinA;
Neurostimulation;
Cystoplasty
Summary
Purpose.—Toperformanupdateonthetreatmentofmasculineurinaryincontinencedueto idiopathicoveractivebladder.
Method.—AsystematicreviewwasconductedusingPubMed/MEDLINEwiththefollowingkey- words:‘‘overactivebladder’’,‘‘maleurinaryincontinence’’, ‘‘urgency’’,‘‘antimuscarinic’’,
‘‘onabotulinumtoxinA’’,‘‘neurostimulation’’,‘‘cystoplasty’’.
Results.—Antimuscarinictreatmentswerethefirstlineoptionforoveractivebladderinconti- nence(decreasedincontinenceundertolterodineversusplaceborespectively−71%vs.−40%, P<0.05).Their mainsideeffects were drymouth (16—29.6%) andconstipation (4%), which mightdecreasetheobservance.Incaseoffailure,neuromostimulationcouldbeprosedwitha 67%efficacyrate.Intra-detrusorianinjectionsofonabotulinumtoxinAwereanoption,however therewerestill notvalidatedforthisindicationandtheirefficacy decreaseswithtimeand afterrepeatedinjections.The ultimateoptionincaseofrefractorymajorover-activity was cystoplasty,whichinvolvesmajormorbidityforinconstantefficacy.
Conclusions.—Thesametreatmentsareavailablefornon-neurologicurinaryincontinenceby bladderover-activityformenandwomen:antimuscarinicdrugs,neurostimulation,onabotuli- numtoxinA.However,onlyfewdataisavailableformasculinepopulationexclusively.
©2014ElsevierMassonSAS.Allrightsreserved.
Introduction
L’hyperactivitévésicalenonneurologiqueestunepatholo- giefréquentechezl’hommedontl’incidenceaugmenteavec l’âgeetdontlaprévalenceestde10,8%.Cettepathologiea pourprincipalemanifestationl’urgenturieetpeutêtreres- ponsabled’uneincontinenceurinairechez1,9%deshommes [1,2].Sonimpactsurlaqualitédeviedespatientspeutêtre trèsimportant.
Cette revuedelalittératureapour objectifdécrireet d’analyserleniveaudepreuvedesdifférentessolutionsthé- rapeutiquesutilisablesdansletraitementdel’incontinence urinaire par hyperactivité vésicale non neurologique. Ce travailpurementdescriptifneconstituepasunerecomman- dationdebonnespratiques.
Méthode
Les membres du comité des troubles mictionnels de l’homme (CTMH) de l’Association franc¸aise d’urologie (AFU) ont réalisé une revue de la littérature dans la basedonnéesPubmed/MEDLINE(http://www.ncbi.nlm.nih.
gov/pubmed/) de 1991à 2013en utilisant les mots clés suivants: overactive bladder, male urinary incontinence, urgency,antimuscarinic,onabotulinumtoxinA,neurostimu- lation,cystoplastysans restrictions delangage.Le niveau de preuve de chaque étude a été analysé selon le sys- tèmeétabliparl’OxfordCentreforEvidence-BasedMedicine (DurieuxN,PasleauF,Howick J.TheOxford2011levelsof evidence2011).Seuleslespublicationsenlangueanglaise oufranc¸aiseontétéretenues.
Tableau1 Niveaudepreuvedesétudesretenuespourlestraitementsanticholinergiques.
Références Population Typed’étude Niveaudepreuve
Chappleetal.EurUrol2008[6] NA Méta-analyse 1
Buseretal.EurUrol2012[7] 38662 Méta-analyse 1
Roehrbornetal.BJUInt2006[9] 163 Essaicomparatifrandomisé 2
Kaplanetal.JAMA2006[10] 877 Essaicomparatifrandomisé 1
Todorovaetal.JClinPharmacol2001[12] 64 Essaicomparatifrandomisé 2
Novaraetal.EurUrol2008[13] NA Méta-analyse 1
Burgioetal.JAmGeriatrSoc2011[14] 143 Essaicomparatifrandomisé 2 Mattiassonetal.BJUInt2010[15] 643 Essaicomparatifrandomisé 1 NA:nonapplicable.
Résultats
Anticholinergiques
Lesanticholinergiquesontlongtempssuscitédelaméfiance dans le traitement de l’hyperactivité vésicale masculine du fait du risque supposé de rétention aiguë d’urines.
Actuellement, les anticholinergiques ont rejoint l’arsenal thérapeutique de première ligne pour la prise en charge del’incontinenceurinairemasculineparhyperactivitévési- cale (Tableau 1). Ainsi, plusieurs sociétés savantes en recommandentl’utilisation commetraitementmédicalde première intention [3,4]. Les molécules disponibles en France sont: l’oxybutinine, le chlorure de trospium, la toltérodine, la solifénacine et la fésotérodine [5]. Leur mécanisme d’action est une inhibition des effets de l’acétylcholineparblocagedesrécepteurscholinergiquesde laparoivésicaledesortequelasensibilitédétrusorienneau remplissagesoitdiminuéesansencompromettrelacontrac- tilité.Ainsi,lesanticholinergiquespermettentd’inhiberles contractionsdétrusorienneslorsdelaphasederemplissage sans compromettrela contractilité du détrusor lorsde la miction.Lesprincipalescontre-indicationsdecesmolécules sontl’allergie, le glaucome àangle fermé etlerisquede rétentionurinaire.
Laplupartdesétudessurlesanticholinergiquesnerap- portaientquedesrésultatsàcourtstermes(12semaines)et étudiaientdes populationsmajoritairement composéesde femmescequirendlesrésultatsdifficilementextrapolables àl’incontinenceurinairemasculineexclusivement.Deplus, l’hétérogénéitéméthodologiquedesétudesrenddifficilela comparaisondesmoléculesentreelles.Dansl’ensemble,le tauxd’efficacitédesanticholinergiquescomparéauplacebo étaitmodéré.Eneffet,selon laméta-analysede Chapple etal.l’efficacitédes anticholinergiquescomparéeau pla- cebo allait de: −1,08 [−1,52; −0,64] (p<0,01) pour la fésotérodine,à−0,4[−0,42;−0,38](p<0,01)pourlatol- térodine [6]. La méta-analyse de Buser et al. rapportait desrésultatssuperposablesavecaumieuxuneréductionde
−0,7[−0,9;−0,51](p<0,001)desépisodesd’incontinence pour la solifénacine 10mg comparée au placebo, et une réduction de −2,5 [−3,11; −1,38] (p<0,001) du nombre defuitesparurgenturiesousoxybutinineIR20comparéeau placebo[7].Certainessériesavaientcependantinclusdes populationsexclusivementmasculines:dansunessairando- miséendoubleinsudephaseIIIayant inclus358hommes,
il étaitrapporté après12semainesde suiviune efficacité significativementsupérieuredelafésotérodine8mgcompa- rée àla fésotérodine 4mg, elles-mêmes significativement supérieures au placebo. Cependant, la forme 8mg était pourvoyeusedeplusd’effetsindésirablesquelaforme4mg etleplacebo(bouchesècherespectivement37,7%,12,5% et5,6%,constipationrespectivement8,8%,2,5%et0,8%) [8]. Dans un autre essai randomisé en double insu ayant inclus163hommes,ilaétémisenévidenceunediminution significative des incontinences par hyperactivité vésicale sous toltérodinepar rapport au placebo (−71% vs −40%, p<0,05). L’efficacité à 12semaines était maintenue chez 63%despatients.Leseffetsindésirableslesplusfréquem- mentrapportésétaientlasécheressebuccale(16%),etla constipation (4%) [9]. Kaplan et al. ont mis en évidence dans un essai randomisé en doubleinsu une amélioration significative de l’incontinence urinaire par hyperactivité vésicaleaprès12semainesdesuivichezdespatientsrece- vant l’association toltérodine et tamsulosine par rapport à ceux recevantle placebo (−0,88vs−0,31,p=0,005). Il enétaitdemêmepourlatoltérodineseuleversusplacebo (−0,85vs−0,13,p<0,05).Cette étudea parailleursrap- portéquel’associationdelatoltérodineetdelatamsulosine étaitplusefficacepourl’améliorationdestroublesurinaires dubasappareilengénéralquechacundestraitementspris séparément [10]. Concernant l’amélioration dela qualité devie,iln’existepasactuellementdepreuvedelasupério- ritéd’unemoléculeanticholinergiqueparrapportauxautres [11].
Les effets secondaires les plus fréquents étaient la sécheresse buccale, la constipation, les troubles visuels, l’asthénieetlestroublescognitifs.Letauxd’effetssecon- daires en général était deux fois plus important pour les anticholinergiquescomparé au placebo. Lesdeux plus fréquentsétant:lasécheressebuccale(29,6%pourlesanti- cholinergiquescontre7,9%pourleplacebo)suividuprurit (15,4%pourlesanticholinergiquescontre5,2%pourlepla- cebo)[6].Destroublescognitifs chezlesujet âgéontété rapportés pourl’oxybutinine etdans une moindremesure pourlasolifénacineetlatoltérodine,maispaspourlechlo- ruretrospium.Cecis’expliqueprobablementparlefaitque le trospiumnepassepaslabarrièrehémato-encéphalique [12]. De ce fait l’EAU recommande d’éviter l’utilisation de l’oxybutinineà libérationimmédiatechez lepatient à risquede troubles cognitifs etdepréférer l’utilisation du chlorure de trospium. Ainsi, plus d’un tiers des patients
arrêterontleurtraitementanticholinergiquedans lestrois premiers moisdu fait d’une efficacitélimitée, des effets secondaires ou ducoût. Ila été mis en évidence que les médicaments à libération prolongée associant une molé- culeàactionprolongéeetunemoléculeàactionimmédiate enpriseuniquequotidienneentraînaientuntauxdeséche- ressebuccaleinférieureauxformesàlibérationimmédiate seules, néanmoins il n’a pas été observé de différence concernantl’observance des traitements[11]. Lesétudes ontrapportéparailleursunplusforttauxdesécheressebuc- calepourl’oxybutinine,aussibiendanssaformeàlibération immédiateque prolongée,parrapport àla toltérodineet letrospium;cependantcettedifférenceneconcernaitpas lessécheressesbuccalessévères[11,13].Laformetransder- miquedel’oxybutininesemblaitinduiremoinsdesécheresse buccalequelesformesperosetlatoltérodineàlibération prolongée,cependant elleavaitun tauxsupérieurde non observancedufaitderéactionscutanées[11].
Le choix d’un traitement médicamenteux par rapport à une thérapie comportementale pour la prise en charge d’une incontinenceurinaire parhyperactivité vésicale est unedécisiondontlesconséquencesmédico-économiquesne sontpasnégligeables.Lestraitementsnon-médicamenteux ont àla fois un faiblecoûtet taux faibled’effets secon- daires.Lasupérioritédes traitementsmédicamenteuxpar rapportauxthérapiescomportementalesn’apasclairement étédémontrée[14].Enoutre,lathérapiecomportementale aurait un meilleur taux de satisfaction des patients que le traitement médicamenteux seul. Néanmoins, il semble quelameilleureefficacitéàlongtermesoitobtenueavec l’association d’untraitementmédicamenteux àuned’une thérapiecomportementale[15].
Neuromodulation sacrée
La neuromodulation sacrée a pour principe la stimulation des afférences sensitives qui se projettent au niveau du centre mictionnel situé au niveau du pont dans le tronc cérébral et/ou une stimulation des nerfs sympathiques hypogastriques,cequientraîneraitl’inhibitiondescontrac- tions détrusoriennes réflexes (Tableau 2). Son mécanisme d’action reste néanmoins complexe et n’est pas encore complètement élucidé. Il s’agit d’implanter par voie per cutanéesousrepérageradioscopiqueuneélectrodeauprès delaracineS3auniveauduforamensacrécorrespondant.
Tous les patients ne répondent pas de fac¸on similaire à la stimulation de la racine sacrée S3, par conséquent, la procédure se fait généralement en deux temps: le pre- miertempsétant untestvisantàs’assurerque lepatient estrépondeurau traitement;lesélectrodesétant raccor- déesàungénérateurd’impulsionsextérieurprovisoire.Sile patientestrépondeur,lesélectrodessontalorsconnectées
via des câbles tunnélisés sous la peau à un générateur programmableluiaussiimplantéensous-cutané.Sontconsi- déréscommerépondeursles patientsdont lessymptômes d’incontinencesontréduitsdeplusde50%durantlaphase de test. La technique initialement décrite en 1990par Schmidtetal.aétéamélioréedepuisafindelarendremini- invasivegrâceàl’implantationpercutanéedesélectrodes parSpinellietal.en2003[16,17].
Là encore, les résultats rapportés dans la littérature concernaientprincipalementdespopulationsdefemmesou despopulationsmixtesà majoritéféminine. Decefait,il fautrester prudent quant à leur validité dans la popula- tionexclusivementmasculine. Unerevuede lalittérature publiéeen2006incluant30sérieset4essaisthérapeutiques randomisésde120patientsrapportaitaprèsunsuivide1à 3ansqu’environ80%despatientsétaientaméliorésdeplus de50% deleurincontinence voiredevenaient totalement continentsaprèsneuromodulationcontre3%pourlegroupe témoinrecevantuntraitementmédicamenteux.Lesséries les plus grandes mais méthodologiquement plus faibles rapportaient une efficacité de 67% pour la neuromodula- tion.Lesbénéficesde cetraitement perduraient pendant 3à 5ans. Ils rapportaient par ailleurs un taux de reprise chirurgicalede33%.Lemotifleplusfréquentétantlerepo- sitionnementduboîtierdufaitdedouleursoud’infection.
Leseffetsindésirableslesplusfréquentsétaientladouleur (25%), la migration des électrodes (16%), des retards de cicatrisation(7%),destroublesdigestifs(6%),desinfections (5%), des dysfonctionnements du boîtier (5%). Un retrait définitifdudispositifaété rapportépour 9%des patients [18].
Deux séries rapportaient des résultats à longs termes avecunsuivi moyende5anschezdes patientsayant une incontinenceurinaireparurgenturieréfractaireauxtraite- mentsconservateurs[19,20].Lapremièreétudeavaitinclus unepopulationféminineexclusivement;ellerapportaitun tauxdesuccèsà1moisde87%etde62%à5ans.Laseconde étude, avait inclus 163patients dont 13% d’hommes. Le nombre de fuites quotidiennes était passé de 9,6±6,0à 3,9±4,0à5ans(p<0,001),avecuntauxdesuccèsà5ans de68%[20].
Selon larevuede laCochrane en2008,l’utilisation de laneuromodulationsacrée étaituneoptionthérapeutique intéressantechezdespatientssélectionnésayantunehyper- activitévésicalesansobstaclesurlesvoiesurinaires[21].Il estrecommandéparl’EAU deproposeruntraitementpar neuromodulation en cas d’échec des traitements conser- vateursdel’incontinenceurinaireparurgenturieavantde proposerunechirurgieinvasive[3].
Il n’existe à l’heure actuelle pas d’étude randomisée comparantde la neuromodulation sacrée avecl’injection detoxinebotuliniqueintra-détrusorienne.Ilseraiteneffet
Tableau2 Niveaudepreuvedesétudesretenuespourlaneurostimulation.
Références Population Typed’étude Niveaudepreuve
Brazzellietal.JUrol2006[18] 120 Méta-analyse 2
Spinellietal.JUrol2003[17] 12 Sériedecas 4
Groenetal.JUrol2011[19] 52 Étuderétrospective 4
vanKerrebroecketal.JUrol2007[20] 163 Étudedecohorte 2
Tableau3 Niveaudepreuvedesétudesretenuespourlesinjectionsdetoxinebotuliqueintra-détrusoriennes.
Références Population Typed’étude Niveaudepreuve
Denysetal.EurUrol2012[28] 19 Essaicomparatifrandomisé 2
Kuo.NeurourolUrodyn2011[26] 72 Essaicomparatifrandomisé 2
Whiteetal.JUrol2008[27] 21 Étudedecohorte 2
Dowsonetal.EurUrol2012[29] 100 Étudedecohorte 2
intéressantde comparer lesrésultats et lescoûts à longs termesdecesdeuxtechniques.
Ilfautmentionnerparailleurslastimulationpercutanée dunerftibialpostérieur.Elleapourprincipedestimulerle centresacrédelamictionvialesracinesS2—S4.Letraite- mentsedéroulegénéralementen12séanceshebdomadaires de30minutes.Aucuneffetsecondairesérieuxn’aétérap- porté.Iln’yaactuellementpassuffisammentd’arguments scientifiquespourseprononcersurl’efficacitédecetraite- mentchezl’homme[3].
Injections de toxine botulique intra-détrusoriennes
L’injectionintravésicale detoxinebotulinique(onabotuli- numtoxinA)pourletraitementdes incontinencesurinaires par hyperactivité vésicale est un traitement qui se pra- tique de plus en plus chez l’homme (Tableau 3). Malgré l’absence d’AMM dans cette indication, leur rôle dans l’arsenal thérapeutique de l’hyperactivité vésicale a été récemmentrenforcéparlapublicationderecommandations franc¸aises pour encadrer leurutilisation: il yest spécifié quelesinjectionsdetoxinebotuliquesontuntraitementde deuxièmeintentionencasd’échecoudecontre-indication d’untraitementanticholinergiquedepremièreligne[3,22].
L’échec d’un traitement anticholinergique se définissant parl’absenced’efficacité dedeuxmolécules pendantune périoded’aumoinstroismoisouparl’interruptiondutrai- tementdufaitd’effetsindésirables[23].
L’injectiondetoxinebotuliqueestcontre-indiquéechez l’hommeencasdemyasthénie,detraitement paramino- sides,d’infectionsurinairesnontraitéesetd’impossibilité oule refus du patient de réaliser des sondages intermit- tents.Ainsi, il est impératif de s’assurer de la faisabilité et de l’acceptabilité des auto-sondages avant de poser l’indicationdecetraitement[23].
Leseffetsàlongstermesdesinjectionsitérativesn’ont toujours pas été évalués. Néanmoins, les effets indési- rableslesplusfréquentssont lesinfections urinairesetla rétention d’urines, suivies de faiblesse musculaire et de l’hyper-réflexieautonome[23—27].
L’évaluation de l’efficacité de ce traitement est à prendreavecprudencecarla littératuren’offreau mieux quedessériesmixteshommes-femmesavecdanslemeilleur descasuneparitérelativeàl’inclusion[26]ouaucontraire une proportion masculine fréquemment inférieure à 25% [24,27—29].
L’injectionintravésicaledetoxinebotuliqueàunedose de 100—300unités a prouvé une efficacité supérieure au placebopour le traitement de l’incontinence urinairepar hyperactivitévésicale,permettant uneaméliorationdela qualité de vie des patients pendant 12mois [24,25]. Il
n’existeactuellementaucunargumentscientifiquepermet- tantdeprivilégierunprotocoleparrapportàunautre.Ainsi, iln’yavaitpasdedifférencesignificativepourl’efficacité entrelesdosesde100et200unitésouencoreentre100et 150unités, néanmoins la dose de 100unités entraînait le moins de risque de résidu post-mictionnel [28]. Bien que ladosede300unitéssemblaitplusefficaceetplusdurable dans letemps,elleétaitdavantagepourvoyeusesd’effets secondaires[24].Decefait,ladoseinitialede100unitésa étérecommandéeparlegroupedetravailfranc¸aisdufait de sonmeilleur rapport bénéfice-risque limitantle risque derétentiond’urineetd’infectionurinaire[3,23].Iln’ypas de différencesignificativepour l’efficacité selon quel’on injecteensous urothélialouenintra-détrusorien[24].La questiond’inclureletrigoneparmilessitesd’injectionn’est pasencoretranchéedanslamesureoùilnesemblaitpasy avoirdedifférencesignificativedansl’efficacitédutraite- mentnidanslasurvenued’éventuellescomplications[26].
Leprotocoleleplusfréquemmentrapportédanslalittéra- tureétaitunedilutiondans20mLavec20injectionsde1mL ouencoreunedilutiondans30mLpour30injectionsde1mL [25].
Il faut prévenir les patients de l’effet limité dans le temps de ce traitement et de la nécessité d’injections itératives dont on connaît mal les effets à longs termes.
Il n’existe actuellement aucune donnée dans la littéra- tureprouvantuneperted’efficacitédelatoxinebotulique suite à des injections itératives. Il est en outre essentiel d’informer lespatients durisque de devoireffectuer des auto-sondages intermittentsetde s’assurer qu’ilsensont capables[3].
Lesinjections de toxines botuliques chezle sujet âgé de plus de 75ans bien qu’efficaces et durables sem- blaient néanmoins avoir des résultats moins intéressants, avec en plus un risque de résidu post-mictionnel accru [27].
Ilestànoterqu’avecletempslespatientsavaientten- danceànepasvouloirrenouvelerletraitementdufaitde latechniquejugéeinvasiveouàcausedelapeurdedevoir effectuerdessondagesintermittents[29].
Entérocystoplastie d’agrandissement
Lalittératureestlimitéeconcernantl’évaluationdelacys- toplastied’agrandissementoudeladérivationurinairedans lapriseenchargedel’incontinenceurinaireparhyperacti- vitévésicale masculine(Tableau4).Étant destraitements trèsinvasifsavecdelourdescomorbiditésàcourtetlongs termes,ilsnepeuventêtreenvisagésqu’endernierrecours aprèséchecdestraitementsconservateursàsavoirlesanti- cholinergiques,laneuromodulationsacréeetlesinjections intra-détrusoriennesdetoxinebotulique[3].Deplus,ilest
Tableau4 Niveaudepreuvedesétudesretenuesl’entérocystoplastie.
Références Population Typed’étude Niveaudepreuve
Edlundetal.ScandJUrolNephrol2001[30] 30 Étuderétrospective 4
Awadetal.BrJUrol1998[31] 51 Étuderétrospective 4
Codyetal.CochraneDatabaseSystRev2012[32] 355 Méta-analyse 1
fréquent que lespatients doivent effectuerdes sondages intermittents.Ilest doncimpératifdes’assurer làencore deleurfaisabilitéetdeleuracceptabilitéparlepatient.
La technique de la cystoplastie d’agrandissement consisteenunedétubulisationd’unsegmentd’intestingrêle quivaêtresuturésurunevessiepréalablementouverteau dôme, de fac¸on à augmenter sa superficie. L’intérêt est d’interrompre les contractions involontaires du détrusor, d’augmenter la compliance ainsique la capacité vésicale [30—32].Leplus souventc’estunsegmentd’iléon quiest utilisé, mais n’importe quelle portion peut faire l’affaire dumomentquele mésentèresoitsuffisamment longpour permettrede faire descendrele greffon jusqu’àla vessie sanstension.Iln’yapasd’étuderandomiséecomparantla cystoplastied’agrandissementauxautrestraitementspour laprise encharge del’incontinenceurinaire parhyperac- tivité vésicale. Laplupart des séries publiées concernent les vessies neurologiques ce qui sort de la thématique de cette revue. Il semblait néanmoins que les résultats pourleshyperactivitésvésicalesidiopathiquesetdoncnon neurologiquesétaientmoinsbonsqueceuxdesvessiesneu- rologiques(58%versus90%)[3].
Lescomplicationsrapportéesàcourttermesdescysto- plasties d’agrandissement étaient: l’occlusion intestinale (2%),l’infectiondesiteopératoire(1,5%),maladiethrom- boembolique (1%), le saignement (0,75%), la fistule digestive(0,4%).Lescomplicationsàlongstermessont:la nécessitédesauto-sondages(38%),lesinfectionsurinaires (asymptomatiques:70%,symptomatiques20%),lithiaseuri- naire (13%), retentissement sur la fonction rénale (2%), perforation vésicale(0,75%) [33].Noussommesainsiface à un traitement invasif dont la balance bénéfice-risque penchenettementversunbénéficeincertainauprixd’une morbiditénonnégligeable.
Conclusion
Lapriseenchargedel’incontinenceurinairemasculinepar hyperactivité vésicale d’origine non neurologique dispose de nombreuses options allant du traitement médicamen- teuxàlachirurgie.Lestraitementsanticholinergiquessontà proposerenpremièreintention.Ilsontpourprincipalincon- vénientsd’entraînersécheressebuccaleetconstipationqui peuvent en diminuer l’observance. Vient ensuite la neu- romodulation sacréeS3.Encasd’échec,il estpossible de recourirhorsAMMàdesinjectionsdetoxinebotuliqueintra- détrusoriennes.Leurefficacitéétantprovisoireilestdonc nécessairederéaliserdesréinjectionsitératives.Endernier recours,encasd’hyperactivitévésicaleréfractaireetinva- lidante,ilest possibledeproposeruneentérocystoplastie d’agrandissementdontlamorbiditéàcourtetlongtermes doitêtrepriseencomptedanssonindication.Lastratégie
thérapeutiquedoitainsis’adapteraupatientetprivilégier laqualitédevieenréalisantle meilleurcompromis entre bénéficeseteffetssecondaires.
Déclaration d’intérêts
AurélienDescazeaud:consultantpourBoucharaRecordati, PierreFabreMedicament,Lilly,investigateurpourAllergan, EDAPTMS,Takeda.
Gregoire Robert:consultant pour PierreFabre Medica- ment,investigateurpourAllergan,Astellas,EdapTMS.
OlivierHaillot:consultantpourGSK.
MarcFourmarier:consultantpourGSKetEDAP-TMS.
AbdelRahmeneAzzouzi:consultantpourZambon.
Antoine Faix: consultant pour AMS, Coloplast, Lilly, Takeda,Pfizer,Zambon,Cook,Bayer,Menarini.
Alexandre de la Taille: consultant pour Astellas, PFM, Sanofi,GSK,MSD,BoucharaRecordati,Storz,AMS,Olympus, Boerhinger.
Références
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