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O

DOMZOMC

Carcinome basocellulaire

Avis transmis au ministre en novembre 2020 Marque de commerce : Odomzo

Dénomination commune : Sonidegib Fabricant : Sun Pharma

Forme : Capsule Teneur : 200 mg Refus d’inscription RECOMMANDATION

L’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) recommande au ministre de ne pas inscrire OdomzoMC sur les listes des médicaments pour le traitement du carcinome basocellulaire (CBC), car la valeur thérapeutique n’est pas démontrée.

Évaluation

L’appréciation de la valeur thérapeutique a été effectuée par les membres du Comité scientifique de l'évaluation des médicaments aux fins d'inscription (CSEMI), en collaboration avec les membres du Comité de l’évolution des pratiques en oncologie (CEPO), composé d’hématologues et oncologues médicaux, de radio-oncologues, de chirurgiens et de pharmaciens spécialisés en oncologie.

DESCRIPTION DU MÉDICAMENT

Le sonidegib est un inhibiteur de la voie de signalisation Hedgehog. Cette dernière est impliquée dans le contrôle de l’embryogenèse, de la différenciation et de la prolifération cellulaire. Elle est active chez l’adulte, notamment dans les cellules de la peau et des follicules pileux. L’activation anormale de la voie Hedgehog survient à la suite de l’apparition de mutations inactivatrices dans le gène encodant le répresseur transcriptionnel Patched 1 (PTCH1) ou de mutations activatrices dans le proto-oncogène encodant la protéine transmembranaire Smoothened (SMO). Le sonidegib agit en inhibant la protéine SMO, ce qui réduit la prolifération cellulaire et mène à une régression de la tumeur.

Le sonidegib est administré par voie orale et il est indiqué « pour le traitement des adultes atteints d’un carcinome basocellulaire localement avancé (CBCla) confirmé par un examen histologique qui ne peut pas être traité par une radiothérapie ou une intervention chirurgicale curative ». Il s’agit de la première évaluation d’OdomzoMC par l’INESSS, réalisée dans le cadre d’un processus d’évaluation aligné avec Santé

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VALEUR THÉRAPEUTIQUE

Contexte de la maladie

Le CBC est le cancer de la peau le plus fréquemment diagnostiqué. Il représente jusqu’à 80 % de tous les cancers de la peau autres que le mélanome. Son incidence est toutefois très hétérogène selon les pays;

celle-ci est estimée entre 40 et 1 500/100 000 personnes-année (Bisceglia 2020, Cives 2020). Au Canada, l’incidence réelle est difficile à estimer puisque la plupart des registres provinciaux et territoriaux du cancer ne recensent pas exhaustivement les données sur ces cancers, qui peuvent être diagnostiqués et traités dans des cadres très divers. En 2015 (données les plus récentes), la Société canadienne du cancer a estimé qu’environ 78 300 nouveaux cas de cancers de la peau autres que le mélanome ont été diagnostiqués au Canada et que 500 personnes en sont décédées.

Le CBC prend naissance dans les kératinocytes de l’épiderme interfolliculaire ou dans les cellules souches des follicules pileux. Il s’agit d’un cancer à progression lente, qui se propage rarement aux ganglions ou aux autres organes (Campione 2020). La régression spontanée de la tumeur est inexistante.

Le CBC touche particulièrement les personnes à la peau claire et affecte plus fréquemment les hommes que les femmes. Les individus atteints d’une naevomatose basocellulaire (syndrome de Gorlin) présentent une forte prédisposition au CBC (Bisceglia, Cives).

La majorité des CBC sont détectés à un stade précoce et traités efficacement par des approches chirurgicales. La radiothérapie est généralement utilisée en présence d’un CBC inopérable, avec des taux de rémission à cinq ans excédant 90 % (Berkin 2014, Drucker 2018, Griffin 2016). Elle peut toutefois être contre-indiquée chez certains patients. Entre 1 et 10 % des CBC progressent vers un stade localement avancé (CBCla) et moins de 0,5 % vers un stade métastatique (CBCm) (Marzuka 2015, Soura 2015).

Généralement, l’espérance de vie des patients atteints d’un CBCla est peu affectée. Le pronostic de survie en présence d’un CBCm est toutefois un peu moins favorable. Depuis quelques années, les patients atteints d’un CBCla ou d’un CBCm et non admissibles à la chirurgie ni à la radiothérapie peuvent recevoir le vismodegib (ErivedgeMC), un inhibiteur de la voie de signalisation Hedgehog qui s’administre par voie orale.

Besoin de santé

Actuellement, peu d’options thérapeutiques s’offrent aux patients atteints d’un CBCla ou d’un CBCmqui ne peut pas être traité par une radiothérapie ou une intervention chirurgicale curative. En effet, seul le vismodegib s’est avéré efficace pour le traitement de ces cancers. De plus, il est plutôt bien toléré.Le recours à la chimiothérapie cytotoxique (à base de taxane) n’est quant à lui plus une option envisagée, car la réponse est très modeste, voire nulle. Bien que les patients ne meurent généralement pas de ces types de cancer, les CBC apparaissent souvent au niveau du visage et de la tête et entraînent une morbidité importante, une destruction des tissus et une défiguration. La qualité de vie des patients en est fortement diminuée. Ainsi, une option de traitement supplémentaire, au profil de toxicité acceptable, est souhaitable. Par conséquent, il existe un besoin de thérapies efficaces et peu toxiques.

Analyse des données

Parmi les publications analysées, l’étude BOLT (Dummer 2020, Midgen 2015) est retenue pour l’évaluation de la valeur thérapeutique. Une comparaison indirecte ajustée par appariement

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(Odom 2017) et une méta-analyse (Xi 2018) ont également été appréciées. La méta-analyse n’a toutefois pas été retenue par l’INESSS en raison de limites méthodologiques trop importantes.

L’étude BOLT est un essai de phase II de détermination posologique, multicentrique, à répartition aléatoire et à double insu qui a pour but d’évaluer l’activité antitumorale et l’innocuité de deux doses de sonidegib. Elle inclut 230 adultes atteints d’un CBC au stade métastatique (n = 36) ou localement avancé qui ne peut pas être traité par une radiothérapie ou une intervention chirurgicale curative (n = 194), confirmé par un examen histologique. Les sujets présentaient un indice fonctionnel selon l’ECOG de 2 ou moins. La présence d’un syndrome de Gorlin n’était pas un critère d’exclusion. La répartition aléatoire (1:2) a été effectuée par stratification selon le stade de la maladie, le sous-type histologique de la maladie localement avancé et la région géographique. Le sonidegib était administré par voie orale à raison d’une dose quotidienne de 200 ou de 800 mg, jusqu’à la progression de la maladie ou l’apparition d’une toxicité inacceptable. En présence d’effets indésirables significatifs liés au traitement, la dose pouvait être réduite ou son administration interrompue pendant un maximum de trois semaines.

Le paramètre d’évaluation principal est le taux de réponse objective déterminée par un comité indépendant. L’hypothèse nulle est rejetée si le taux de réponse et la borne inférieure de l’intervalle de confiance à 95 % sont respectivement supérieurs ou égaux à 30 et 20 %. Les principaux résultats correspondant à l’indication (CBCla) et à la posologie (200 mg) reconnues au Canada et obtenus après un suivi médian de 13,1 mois dans la population d’efficacité, soit celle ayant une maladie adéquatement évaluée selon les critères Response Evaluation Criteria in Solid Tumors (RECIST) version 1.1 (Eisenhauer 2009) modifiés, sont les suivants.

Principaux résultats d’efficacité de l’étude BOLT (Midgen 2015)

Paramètre d’efficacitéa Sonidegib (n = 42)

Pourcentage de patients

ou durée Intervalle de confiance à 95 %

Réponse tumorale objectiveb,c 43 % 28 % à 59 %

Réponse tumorale objectivec,d 67 % 50 % à 80 %

Réponse complèteb,e 5 % nd

Durée médiane de la réponseb Non atteinte Non estimable

Survie médiane sans progressionb Non atteinte Non estimable

nd : Non disponible.

a Analyse principale réalisée après un suivi médian de 13,1 mois sur les patients de la population d’efficacité atteints d’un carcinome basocellulaire localement avancé ayant reçu une dose quotidienne de 200 mg de sonidegib (28 juin 2013).

b Selon le comité indépendant.

c Pourcentage de patients ayant une réponse complète ou partielle déterminée selon les critères d’évaluation Response Evaluation Criteria in Solid Tumors (RECIST) version 1.1 (Eisenhauer 2009) modifiés. Ces critères composites associent aux critères RECISTv1.1 des photographies couleur (ligne directrice de l’Organisation mondiale de la santé, 1979) ainsi qu’une analyse histologique de plusieurs échantillons de biopsie basée sur la surface de la lésion.

d Selon les investigateurs.

e Pourcentage de patients ayant une réponse complète déterminée selon les critères d’évaluation RECIST v1.1 modifiés.

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Les éléments clés relevés lors de l’analyse de la validité interne de l’étude sont les suivants :

 Il s’agit d’une étude de faible niveau de preuve (étude de phase II de détermination posologique).

Les risques de biais méthodologiques sont considérés comme importants.

 Bien qu’elle soit à double insu, la répartition aléatoire, effectuée entre deux doses de sonidegib (200 mg et 800 mg), n’est pas jugée pertinente aux fins de l’évaluation de la valeur thérapeutique, car seule la dose de 200 mg a été approuvée par Santé Canada.

 Les données obtenues chez les sujets atteints d’un CBCla ayant reçu une dose de 200 mg de sonidegib dans la population d’efficacité sont issues d’une analyse de sous-groupe portant sur un faible nombre de personnes (n = 42). L’INESSS considère ces données comme exploratoires, ce qui limite fortement leur interprétation.

 L’absence de comparateur est une limite importante, car elle ne permet pas de bien évaluer l’ampleur de l’effet, ce qui restreint la portée des résultats. Néanmoins, un devis sans traitement comparateur actif est jugé acceptable, car au moment où l’étude débutait, aucun traitement avéré efficace n’était disponible. De surcroît, les CBCla sont rares.

 Un comité indépendant a évalué les réponses au traitement selon des critères jugés adéquats.

Cette évaluation atténue le biais de détection.

 La réponse initiale était confirmée par une seconde imagerie, ce qui est adéquat.

 De l’avis des experts, les seuils retenus pour le test d’hypothèse statistique utilisé pour l’évaluation de l’objectif principal sont acceptables. Toutefois, ce test d’hypothèse n’a pas été prévu pour évaluer spécifiquement le sous-groupe atteint d’un CBCla.

 Le paramètre d’évaluation principal est adéquat pour évaluer l’activité antitumorale d’un médicament chez les patients atteints d’un CBCla, qui ne met généralement pas la vie en danger.

L’objectif du traitement étant la réduction de la morbidité associée aux lésions.

En ce qui concerne la validité externe, les éléments suivants ont été soulevés :

 Les caractéristiques initiales des sujets de la cohorte CBCla 200 mg sont assez bien détaillées (FDA 2015, EMA 2015). Ceux-ci, majoritairement des hommes (58 %), sont d’un âge médian de 67 ans et ont un statut de performance selon l’ECOG de 0 (67 %) ou 1 (24 %). Environ 74 % ont eu une chirurgie antérieurement et 8 % une radiothérapie. La proportion de patients atteints du syndrome de Gorlin n’est pas mentionnée pour la cohorte CBCla, mais elle est de 12 % pour la population globale.

 La population à l’étude est jugée représentative d’une population atteinte d’un CBCla qui serait traitée au Québec. Selon les experts cliniques toutefois, très peu de patients atteints de cette condition médicale présentent un ECOG supérieur à 1 en pratique.

Les résultats de l’analyse principale montrent que le sonidegib (200 mg) entraîne une réponse tumorale objective chez 43 % des patients atteints d’un CBCla. L’INESSS juge ce résultat cliniquement significatif, mais il lui est difficile d’apprécier l’ampleur de l’effet en raison de l’échantillon restreint et de l’absence de comparateur. Des analyses de sensibilité effectuées sur la population en intention de traiter (ITT, n = 66) indiquent, quant à elles, un taux de réponse (47 %) de même ordre de grandeur que celui obtenu dans la population d’efficacité, ce qui est rassurant. Par contre, le taux de réponse rapporté par les investigateurs dans la population d’efficacité (67 %) diffère considérablement de celui obtenu par le comité indépendant; le taux de concordance entre ceux-ci n’est que de 50 %. Ces éléments soulèvent des doutes quant à la façon dont la subjectivité des critères d’évaluation de la réponse a pu influencer les résultats. Notons que 5 % des patients obtiennent une réponse complète. Ce résultat est jugé très

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modeste. Enfin, les résultats d’analyses de sous-groupes indiquent que les taux de réponse semblent relativement se maintenir indépendamment des caractéristiques initiales des patients, à l’exception de ceux atteints du syndrome de Gorlin qui semblent moins répondre (33 %). Ces sous-analyses sont toutefois exploratoires et ne permettent pas de tirer de conclusions. En ce qui concerne la durée de la réponse, la survie sans progression et la survie globale, les données sont immatures et un suivi à plus long terme est nécessaire.

Quant à l’innocuité, les effets indésirables de tous grades les plus fréquemment rapportés avec la dose de 200 mg sont les spasmes musculaires (49 %), l’alopécie (43 %), la dysgueusie (38 %), les nausées (33 %), la fatigue (29 %) et la perte de poids (27 %). Des effets indésirables de grade 3 ou 4 sont survenus chez 31 % des patients; l’élévation de la créatinine sanguine (7 %) et des lipases (5 %), les spasmes musculaires (3 %), l’asthénie (3 %) et l’hypertension (3 %) sont les principaux. Une modification de la dose ou une interruption temporaire du traitement est survenue chez 32 % des patients, tandis que 14 % ont cessé le traitement en raison des effets indésirables. L’INESSS considère que le sonidegib est assez bien toléré. Les effets indésirables qu’il provoque sont spécifiques à la classe thérapeutique et attendus, et peuvent être pris en charge adéquatement notamment par l’arrêt temporaire du traitement ou la réduction de la dose.

Des analyses de qualité de vie, réalisées sur la population en ITT, ont été appréciées. Les questionnaires utilisés, soit le Quality of Life Questionnaire-Core 30 items (QLQ-C30) et le Quality of Life Questionnaire- Head & Neck 35 items (QLQ-H&N35) de l’Organisation européenne pour la recherche et le traitement du cancer (OERTC), sont des outils validés. Notons qu’environ 93 et 94 % des sujets évaluables ont respectivement rempli les questionnaires QLQ-C30 et QLQ-H&N35 au début de l’étude, tandis que 44 et 45 % les ont remplis à la semaine 33. Il ressort notamment de l’analyse du questionnaire QLQ-C30, une stabilisation ou une amélioration cliniquement significative (≥ 10 points par rapport aux valeurs de base) des scores des sous-échelles du fonctionnement physique, du fonctionnement social, de la douleur et de la fatigue chez une majorité de patients atteints d’un CBCla (200 mg). Il en est de même pour le questionnaire QLQ-H&N35 en ce qui concerne les sous-échelles du trouble avec les contacts sociaux, de la douleur au niveau de la tête et du cou et de la perte de poids. Par contre, une analyse descriptive des scores moyens ne montre pas d’amélioration cliniquement significative de la qualité de vie globale ou de chacune des sous-échelles du QLQ-C30 et du QLQ-H&N35 dans le temps. De plus, une tendance vers une aggravation des problèmes sensoriels et de la perte de poids dans le temps est observée. Bien que de nombreuses limites, notamment l’absence de comparateur, aient été relevées dans ces analyses et que les résultats soient très incertains, l’INESSS est d’avis que le sonidegib ne semble pas avoir d’effet préjudiciable sur la qualité de vie des patients.

Les résultats de l’analyse finale (Dummer) réalisée après un suivi médian de 50,2 mois corroborent ceux obtenus lors de l’analyse principale. En effet, 56 % des patients de la population en ITT avaient eu une réponse au moment de cette analyse, ce qui est du même ordre de grandeur que ce qui avait été observé antérieurement dans cette population (47 %). L’INESSS se questionne toutefois sur l’utilisation de la population en ITT pour l’analyse finale; il estime que les deux analyses (principale et finale) auraient dû porter sur la même population, soit celle d’efficacité. À cet égard, le taux de réponse dans la population d’efficacité à 50,2 mois est similaire à celui obtenu auparavant dans cette population. Ces résultats semblent indiquer que peu de réponses surviennent tardivement. En ce qui concerne la durée de la réponse, la médiane est maintenant atteinte. Cependant, celle-ci varie selon les analyses réalisées

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par le comité indépendant (CI) et les investigateurs (Inv) dans les populations en ITT (26,1 mois [CI], XX mois [Inv]) et d’efficacité (XX mois [CI], XX mois [Inv]). Bien que les différences substantielles entre ces analyses ne puissent être expliquées, l’INESSS considère que la réponse tumorale semble durable.

Par ailleurs, les médianes de survie sans progression sont respectivement de 22,1 mois et de XX mois selon l’évaluation du comité indépendant dans les populations en ITT et d’efficacité. Ces résultats sont jugés cliniquement importants. Cependant, ils sont très incertains et ne permettent pas de quantifier l’ampleur de l’effet du sonidegib en raison des limites méthodologiques relevées. Quant à la survie globale, les données sont toujours immatures; la plupart des patients sont en vie au moment de l’analyse (XX %), ce qui est attendu, car ce cancer ne met généralement pas la vie en danger. Pour ce qui est de l’innocuité, aucun nouveau signal n’est apparu.

Comparaison entre le sonidegib et le vismodegib

Dans le contexte québécois actuel, les patients qui ne peuvent pas être traités par une radiothérapie ou une chirurgie curative reçoivent principalement le vismodegib. Puisqu’aucune donnée comparative entre ces deux médicaments provenant d’une étude contrôlée à répartition aléatoire n’est disponible, une comparaison indirecte ajustée par appariement (MAIC) (Odom) a été appréciée.

Les études utilisées pour documenter l’efficacité du sonidegib et du vismodegib sont respectivement les études de phase II BOLT (Midgen, Dummer) et ERIVANCE (Sekulic 2012, Sekulic 2015). L’appariement a été effectué selon les antécédents de chirurgie et de radiothérapie, administrées pour le traitement du CBC. Les résultats de cette analyse, selon la population en ITT, laissent supposer une efficacité similaire des deux produits quant aux taux de réponse. Ils suggèrent également une survie médiane sans progression plus longue avec le sonidegib (22,1 mois [Intervalle de confiance à 95 % (IC95 %) : 14,8 à non estimable]) qu’avec le vismodegib (9,5 mois [IC95 % : 7,4 à 14,8]). Par contre, aucun constat ne peut être émis entre les deux médicaments quant à la durée de la réponse, car la médiane n’est pas atteinte au moment de l’analyse à 12 mois chez les patients ayant reçu du vismodegib, alors qu’elle est de 15,7 mois (IC95 % : 12,9 à 23,1) chez ceux ayant reçu du sonidegib. Bien que la qualité méthodologique de cette comparaison indirecte soit jugée globalement acceptable, plusieurs limites restreignant la portée des résultats ont été relevées, tel le fait qu’elle repose sur une comparaison non ancrée réalisée à partir d’études non comparatives de faible niveau de preuve. De plus, les populations incluses proviennent de sous-groupes de patients. Bien que ces sous-groupes aient été prévus a priori, les analyses étaient exploratoires. Notons également l’absence de tests statistiques pour comparer les deux traitements après ajustement, l’absence de facteurs pronostiques importants pour l’appariement, la définition différente de la réponse dans les deux études et le faible nombre de patients. Ces éléments pourraient influencer les résultats; ceux-ci sont donc empreints d’une très grande incertitude. En conséquence, l’INESSS ne peut, à partir de cette MAIC, tirer de conclusions quant à l’efficacité comparative du sonidegib et du vismodegib.

Enfin, la comparaison du profil d’innocuité du sonidegib par rapport à celui du vismodegib n’a pas fait l’objet de cette analyse.

Perspective du patient

Au cours de l’évaluation du sonidegib, l’INESSS n’a reçu aucune lettre de patient ou de groupe de patients.

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Perspective du clinicien

Aucune lettre de clinicien n’a été reçue au cours de l’évaluation. Les éléments mentionnés proviennent de l’opinion des cliniciens que l’INESSS a consultés.

Les cliniciens font remarquer que la plupart des CBC se traitent très bien et qu’il est rare que ce type de cancer progresse vers un stade avancé. Toutefois, étant donné qu’ils apparaissent souvent sur des parties visibles du corps, notamment dans la région de la tête et du visage, ils peuvent entraîner une diminution importante de la qualité de vie, qui plus est lorsqu’ils s’étendent substantiellement en surface ou qu’ils atteignent les structures anatomiques sous-jacentes. À ce stade, une morbidité importante, des douleurs neuropathiques ainsi qu’une défiguration peuvent survenir. Les cliniciens soulignent que les CBC peuvent alors être difficiles ou impossibles à exciser sans intervention chirurgicale mutilante ou perte de fonction de la région du corps opérée. Hormis le vismodegib, aucune autre option thérapeutique avérée efficace n’est disponible pour les patients atteints d’un CBCla qui ne peut pas être traité par une radiothérapie ou une intervention chirurgicale curative. Aussi de nouvelles thérapies efficaces et sécuritaires sont-elles nécessaires.

Les cliniciens sont d’avis que les résultats de l’étude BOLT laissent présager que le sonidegib entraîne une réponse tumorale objective chez un pourcentage cliniquement significatif de patients atteints d’un CBCla. Ils précisent toutefois qu’il leur est difficile d’apprécier l’ampleur de l’effet en raison de l’échantillon très restreint, de l’absence de comparateur et de la faiblesse générale de la preuve. Ils notent que le taux de réponse complète est très faible, mais que la réduction de la morbidité associée aux lésions ainsi que la réduction de la taille de la tumeur sont les principaux objectifs du traitement. Par ailleurs, ils estiment que la réponse semble durable et la survie sans progression cliniquement significative, quoiqu’ils admettent que ces résultats sont très incertains. L’absence de données de survie globale ne les préoccupe toutefois pas particulièrement, car le CBCla ne met généralement pas la vie en danger. Ils soulignent que la toxicité de ce traitement est acceptable; la plupart des effets indésirables rapportés sont incommodants, mais tolérables. De plus, ils sont spécifiques à la classe et attendus, et peuvent être pris en charge adéquatement. Enfin, ce médicament ne semble pas avoir d’effet préjudiciable sur la qualité de vie des patients. Ils considèrent que ce traitement constitue une option thérapeutique supplémentaire. Toutefois, étant donné qu’il ne semble pas se distinguer du vismodegib quant à l’efficacité ou à la toxicité, il ne comble pas de besoin de santé.

Les cliniciens soulèvent également la possibilité d’une administration séquentielle du sonidegib et du vismodegib, étant donné l’absence de traitement ultérieur. Pour certains cliniciens, cette éventualité serait une avenue intéressante, car, selon eux, les données pharmacocinétiques semblent indiquer un plus grand volume de distribution et une plus grande concentration au niveau de la peau avec le sonidegib, ce qui pourrait se traduire par une plus grande efficacité, que l’étude BOLT ne parviendrait toutefois pas à démontrer. D’autres cliniciens font remarquer que ces hypothèses ne sont pas démontrées scientifiquement. Ces derniers insistent sur le fait qu’étant donné qu’il s’agit de molécules de la même classe et qu’il n’y a pas de données venant appuyer une administration séquentielle, le sonidegib et le vismodegib ne devraient pas être administrés l’un à la suite de l’autre.

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Délibération sur la valeur thérapeutique

Les membres du CSEMI-CEPO sont unanimement d’avis que la valeur thérapeutique du sonidegib n’est pas démontrée pour le traitement du carcinome basocellulaire localement avancé.

La recommandation des membres figure au début de cet avis et elle constitue la position de l’INESSS.

Motifs de la position unanime

 L’évaluation de la valeur thérapeutique du sonidegib repose sur une analyse de sous- groupes non comparative et exploratoire issue d’une étude de faible niveau de preuve.

Cette analyse présente des limites méthodologiques importantes et les risques de biais sont élevés. La portée des résultats est donc limitée et ceux-ci doivent être considérés comme exploratoires et générateurs d’hypothèses.

 Bien que le taux de réponse et la durée de celle-ci soient jugés cliniquement significatifs, les résultats sont incertains et l’ampleur de l’effet ne peut être quantifiée, notamment en raison du devis utilisé, du petit nombre de sujets et de l’absence de groupe comparateur.

 En raison de nombreuses limites méthodologiques, la comparaison indirecte ajustée par appariement évaluée ne permet pas de tirer de conclusions quant à l’efficacité comparative du sonidegib et du vismodegib, un médicament de la même classe thérapeutique actuellement administré au Québec.

 La toxicité du sonidegib est acceptable et les effets indésirables qu’il provoque peuvent être pris en charge. Ceux-ci ne sont toutefois pas différentiels de ceux observés avec d’autres inhibiteurs de la voie de signalisation Hedgehog; il est difficile de lui accorder un avantage à cet égard.

 La reconnaissance de la valeur thérapeutique du vismodegib reposait sur des données de qualité comparable, mais au moment de son évaluation, il permettait de combler un besoin de santé.

 Il existe un besoin de santé de nouvelles thérapies efficaces et peu toxiques pour les patients atteints d’un carcinome basocellulaire localement avancé, mais le sonidegib ne comble pas ce besoin.

 Étant donné la faiblesse de la preuve et le fait qu’il ne comble pas le besoin de santé existant, la valeur thérapeutique du sonidegib ne peut être reconnue.

PRINCIPALES RÉFÉRENCES UTILISÉES

- Berking C, Hauschild A, Kölbl O, et coll. Basal cell carcinoma-treatments for the commonest skin cancer. Dtsch Arztebl Int 2014;111(22):389-95.

- Bisceglia M, Panniello G, Galliani CA, et coll. Metastatic basal cell carcinoma of the skin: a comprehensive literature review, including advances in molecular therapeutics. Adv Anat Pathol 2020;27(5):331-53.

- Campione E, Di Prete M, Lozzi F, et coll. High-risk recurrence basal cell carcinoma: focus on Hedgehog pathway inhibitors and review of the literature. Chemotherapy 2020;65(1-2):2-10.

- Cives M, Mannavola F, Lospalluti L, et coll. Non-melanoma skin cancers: biological and clinical features. Int J Mol Sci 2020;21(15):5394.

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Note : D’autres références, publiées ou non publiées, ont été consultées.

Références

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