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Santé et victimisation chez les jeunes : Victimisation physique : Quels liens avec santé mentale et consommation de substances?

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Academic year: 2022

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Mémoire de maîtrise en médecine N°3434

Santé et victimisation chez les jeunes :

Victimisation physique : Quels liens avec santé mentale et consommation de substances ?

Etudiant Florian Monney

Tutrice

Dre. PD MER Brenda Spencer

Institut universitaire de médecine sociale et préventive (IUMPS), Lausanne

Co-tutrice

Dre. Sonia Lucia

Institut universitaire de médecine sociale et préventive (IUMPS), Lausanne

Co-tuteur

Dr. Michael Amiguet

Institut universitaire de médecine sociale et préventive (IUMPS), Lausanne

Experte

Dre. Anne-Emmanuelle Ambresin

Division interdisciplinaire de santé des adolescents (DISA), CHUV

Lausanne 2015-2017

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Mémoire de maîtrise en médecine N°3434

Santé et victimisation chez les jeunes :

Victimisation physique : Quels liens avec santé mentale et consommation de substances ?

Florian Monney

Abstract :

La violence chez les jeunes est, en Suisse comme dans le monde, un sujet d’actualité motivant de nombreuses recherches et soulevant de nombreuses questions, notamment concernant ses conséquences sur la santé des jeunes victimes.

Utilisant un échantillon de 2'665 jeunes écolier-ère-s du canton de Vaud âgé-e-s de 12 à 17 ans (âge moyen = 14.58 ans), cette étude transversale se penche sur la victimisation physique chez les jeunes et ses liens avec la santé mentale et la consommation de substances psychoactives.

Des analyses bivariées ainsi que de régression logistique ont été conduites sur l’échantillon complet des jeunes répondant-e-s, puis sur des groupes séparés selon le sexe et le niveau socio-économique et ont mis en évidence des associations significatives entre victimisation physique et mauvaise santé mentale, ainsi qu’entre victimisation et consommation de substances dans une moindre mesure, suggérant un potentiel effet délétère de la victimisation sur la santé mentale et la consommation de substances chez les jeunes et un potentiel d'intervention et de prévention dans ce domaine.

Ni le sexe ni le niveau socio-économique n’a montré d’influence majeure sur ces associations. Ainsi, l'absence, en cas de victimisation, de différences significatives au niveau de la santé mentale des filles et des garçons va à l'encontre de la littérature et suggère que les garçons sont, malgré les idées reçues, également sujets à ce genre de problèmes. Une investigation systématique de la santé mentale des jeunes garçons est donc primordiale en clinique, afin d'éviter que ces derniers ne passent entre les mailles du filet du système de soin et pâtissent des conséquences à court et long terme d’une mauvaise santé mentale. De même, l'absence, en cas de victimisation, de différences au niveau de la consommation de substances entre filles et garçons va également à l'encontre de la littérature et suggère que les filles sont, comme les garçons, également en proie aux comportements dit"

externalisés" dont fait partie la consommation de substances psychoactives et sont donc susceptibles d'en pâtir. Aborder la question de la consommation de substances chez les filles, lors de consultations générales, est donc crucial.

Enfin, une politique de prévention de la violence dans les classes pourrait permettre d’attirer l’attention des jeunes sur cette problématique et de limiter la violence, permettant donc de diminuer, en amont, les conséquences de celle-ci sur la santé de cette catégorie de la population.

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Table des matières

Introduction : ... 4

Victimisation et santé mentale : ... 4

Victimisation et consommation de substances psychoactives : ... 4

Buts du mémoire de Master : ... 6

Méthodologie : ... 6

Population ... 6

Pondération3 ... 7

Description de l’instrument3 ... 7

Procédure3 ... 7

Analyses :... 8

Description des variables utilisées : ... 9

Hypothèses : ... 11

Résultats : ... 11

Description de l’échantillon : ... 11

Différences selon le sexe : ... 12

Différences selon le niveau socio-économique : ... 12

Analyses bivariées : ... 13

Différences selon le sexe : ... 14

Différence selon le niveau socio-économique : ... 16

Analyses de régression logistique : ... 17

Différences selon le sexe : ... 20

Différence selon le niveau socio-économique : ... 21

Discussion : ... 22

Limites de l’étude : ... 22

Victimisation et santé mentale : ... 23

Différences selon le sexe : ... 24

Différences selon le niveau socio-économique : ... 24

Victimisation et consommation de substances : ... 25

Différences selon le sexe : ... 26

Différences selon la catégorie socio-économique : ... 27

Conclusion : ... 28

Remerciements : ... 28

(4)

3

Références : ... 29

Annexes : ... 31

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4

Introduction :

La violence chez les jeunes est, en Suisse comme dans le monde, un sujet d’actualité motivant de nombreuses recherches et soulevant de nombreuses questions.

En 2014, en Suisse (dans les villes de Lausanne et Zürich), bien que la violence subie dans cette population, notamment les lésions corporelles et la violence instrumentale (brigandage, racket), ait diminué au cours des dernières années, près de 10% des jeunes de 12 à 17 ans ont été victimes de violence au cours des 12 derniers mois. (1)

Ce chiffre et le nombre de personnes qu’il implique pose la question des conséquences de cette victimisation sur la santé des jeunes.

Victimisation et santé mentale :

La santé mentale est un domaine concernant particulièrement cette population. En effet, selon l’OMS, les problèmes psychiques, en particulier la dépression, comptent parmi les premières causes de morbidité chez les jeunes. Et pas moins de 10% des filles et 5,6% des garçons de 16 à 20 ans semblent souffrir de dépression. (2)

De manière générale, les études transversales concernant les adolescents tendent à montrer que les individus victimes de violence physique sont plus enclins à souffrir de problèmes de santé mentale tels que dépressivité ou troubles anxieux (3,4), ce que semblent confirmer les études longitudinales faites à ce sujet, avec cependant un effet plus fort de la victimisation chez les filles, tant sur la dépression que sur les troubles anxieux. (5,6)

Parmi les facteurs influençant l’association entre victimisation et santé mentale, outre le sexe(5–9), on retrouve l’âge et le niveau socio-économique, les individus plus âgés (5,8) ou ayant un niveau socio- économique bas (7,9) étant donc plus sensibles à l’effet de la victimisation sur leur santé mentale. A noter cependant que certaines études ne retrouvent pas ces associations.(10)

Victimisation et consommation de substances psychoactives :

De même, la consommation de substances psychoactives diverses, en particulier le tabac, l’alcool et le cannabis, est un phénomène répandu chez les jeunes.

L’alcool est la substance psychoactive la plus consommée par les jeunes de 16 à 20 ans en Suisse, avec une proportion de jeunes consommant plus d’une fois par semaine s’élevant à 34,2% pour les garçons et 12,5% chez les filles. (2) Selon l’OMS, la consommation d’alcool est la 3ème cause de DALY’s1 chez les 15-

1Selon l’OMS, la définition de DALY, ou Disability-adjusted life years, est la mesure du nombre d’années de vie en bonne santé perdues suite à une maladie, un handicap ou une mort prématurée. Pour une maladie ou un handicap donnés, elle se calcule en additionnant le nombre d’années de vie perdues suite à une mort prématurée avec le nombre d’année de vie vécue avec cette même maladie/handicap.

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5

19 ans tous sexes confondus et la 2ème cause chez les jeunes hommes de la même tranche d’âge, ce qui en fait une problématique non négligeable et un potentiel domaine de prévention.

L’usage du tabac, quant à lui, débute le plus souvent à l’adolescence (la majorité des consommateurs débutant avant l’âge de 18 ans) et tend à augmenter au fur et à mesure de celle-ci, la proportion de fumeurs réguliers, c'est-à-dire consommant quotidiennement, passant de 19% chez les filles et 18% chez les garçons à l’âge de 15 ans à respectivement 30% et 40% à l’âge de 20 ans.(2) Au final, il en ressort qu’un jeune sur trois se considère comme un fumeur régulier. Le tabagisme chez les jeunes étant un facteur de risque majeur de problèmes respiratoires chez l’adolescent et de maladies respiratoires chroniques plus tard chez l’adulte, et étant également associé avec l’utilisation d’autres drogues telles que l’alcool, la marijuana ou les drogues dures, il constitue donc une cible importante de prévention dans cette population. (11)

L’usage du cannabis débute, pour plus de la moitié des adolescents, avant l’âge de 15 ans et si la plupart des consommateurs en font un usage récréatif, occasionnel, il n’en demeure pas moins qu’environ 10%

des garçons et 5% des filles interrogés rapportent un usage quotidien voir pluri-quotidien, pouvant avoir des effets délétères sur la santé à court et long terme. (2)

Plusieurs études tendent à montrer une corrélation entre exposition à la violence physique, notamment le fait d’en être victime, et consommation de substances. En effet, des études transversales sur le sujet montrent que les jeunes exposés à la violence sont plus enclins à consommer de l’alcool, de la marijuana (12–14), ainsi que du tabac (13). Des études longitudinales2 retrouvent aussi ces tendances pour l’alcool et la marijuana (15) ainsi que pour le tabac (16), suggérant un lien de causalité.

Parmi les différents facteurs influençant cette corrélation, on retrouve, comme pour les problèmes de santé mentale, le sexe et l’âge, les garçons présentant un plus grand risque d’abus d’alcool et de marijuana que les filles et les jeunes les plus âgés présentant également un plus grand risque de consommation de ces deux substances. (14)

La corrélation entre exposition à la violence et consommation d’alcool et de marijuana semble cependant être controversée, ou du moins dépendante du sexe lorsqu’elle est ajustée avec d’autres facteurs de risque pour la consommation de substances. En effet, Pinchevsky et al. (États-Unis, 2013) trouvent, en l’absence d’ajustement, une corrélation significative entre exposition à la violence (victimisation) et consommation d’alcool et de marijuana, indépendamment du sexe. Cependant, lorsque ajustées, ces corrélations ne se retrouvent plus. (17)

À la lumière des différentes études menées sur le sujet, on constate donc que l’existence d’une corrélation entre victimisation et consommation de substances est encore sujette à controverse, en particulier concernant l’implication d’autres facteurs de risque que la victimisation elle-même.

2Une étude longitudinale est une étude suivant un groupe d’individus pendant une certaine période de temps durant en général plusieurs années, avec la prise de plusieurs mesures de différentes caractéristiques des individus au cours du temps. Ce type d’étude permet notamment d’observer l’évolution des caractéristiques mesurées et présente l’avantage d’annuler les biais liés aux différences interpersonnelles, les mesures et comparaisons étant faites chez les mêmes individus, à différents moments dans le temps. Dans le cas présent, ces études portaient sur la mesure de la victimisation et des consommations de substances à un moment donné, puis la mesure de la consommation de substances plus tard dans le temps.

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6 Buts du mémoire de Master :

Les analyses dans le cadre de l’étude transversale chez les jeunes de dernière année HarmoS (environ 15 ans) du canton de Vaud devrait permettre :

 De vérifier, dans cette population, s’il existe, d’une part, un lien entre le fait d’avoir été victime de violence et l’état de santé mentale et, d’autre part, s’il existe un lien entre le fait d’avoir été victime de violence et la consommation de certaines substances psychoactives, notamment le tabac, l’alcool et la marijuana.

 D’examiner l’influence du sexe et du niveau socio-économique sur les liens éventuellement mis en évidence.

Méthodologie :

Le présent travail s’appuie sur les données récoltées lors d’une étude réalisée par l’institut de médecine sociale et préventive (IUMSP) de Lausanne, et menée dans le cadre d'une série d'études populationnelles mandatées par le département cantonal de la formation, de la jeunesse et de la culture (DFJC) du canton de Vaud. Elle fait suite à une série d’études de même calibre menées entre 2003 et 2005 dans le cadre du projet «DFJ-police 2000» et dont le but était d'observer la victimisation, la violence et d'autres comportements déviants. Cette nouvelle étude a permis, entre autres, de pouvoir observer l’évolution de ces différents aspects chez les jeunes d’aujourd’hui par rapport aux jeunes de l’époque.

Population

3

:

Cette enquête a été menée auprès d’élèves de 11ème année HarmoS (dernière année de l’école obligatoire) provenant d’écoles publiques du canton de Vaud. A la rentrée 2014, 7'324 élèves (385 classes) suivaient leur scolarité obligatoire en école publique dans le canton. Parmi ces derniers, 1'096 (53 classes) étaient scolarisés à Lausanne. Toutes les classes lausannoises ont été sélectionnées pour participer à l’enquête. Le reste des classes sélectionnées pour la participation à l’étude a été tiré au sort parmi les classes du reste du canton. Le tirage au sort de ces dernières tient compte, d’une part, de la répartition des classes dans chacune des huit régions scolaires (Alpes vaudoises, Broye/Gros-de-Vaud, CRENOL, Jura/Nord vaudois, La Dôle, Lavaux, Riviera et Venoge-Lac) et d’autre part, de la répartition des classes dans chacune des trois voies scolaires (VSO, VSG, VSB). Sur les 332 classes présentes dans ces huit régions, 92 classes ont été tirées aléatoirement et incluses dans l’étude. Le nombre final d’individus dans la banque de données est de 2'665 (dont 1'024 élèves lausannois).

3Ces sections sont reprises en l’état du rapport « Enquêtes populationnelles sur la victimisation et la délinquance chez les jeunes dans le canton de Vaud. 2015. » de Lucia et al. (1)

(8)

7

Comme cela pouvait être attendu dans le cadre de la scolarisation obligatoire, la répartition entre les garçons et les filles est quasiment moitié-moitié. Environ 27% des jeunes sont en VSO, 33% en VSG, 40%

en VSB. Les lausannois représentent environ 15% du canton de Vaud.

Pondération3 :

Afin de corriger la surreprésentation des élèves de la ville de Lausanne dans l’échantillon total, ainsi que pour atteindre une distribution correspondant à la structure de la population de base, les données ont été pondérées en tenant compte de la répartition des élèves par voies scolaires et par établissements scolaires.

Description de l’instrument

3

:

Le questionnaire rempli par les élèves consiste, d’une part, à demander aux répondants s’ils ont eux- mêmes déjà commis l’un ou l’autre des actes décrit dans une liste qui leur est présentée (questionnaire auto-reporté) et, d’autre part, à connaître les expériences dont ils disent avoir été victimes.

Le questionnaire utilisé se base principalement sur celui utilisé entre 2003 et 2005 dans différents districts du canton de Vaud auprès de plus de 4'500 élèves de 8ème et 9ème année.

Ledit questionnaire avait été constitué par un groupe de travail4 qui s’était appuyé principalement sur les études suivantes :

 Enquête auprès des élèves du canton de Zurich4 lui-même inspiré de l’étude internationale sur la violence parmi les élèves développée par l’institut de criminologie du land de Basse-Saxe (kriminologische Forschunginstitut Niedersachsen, KFN) de Hanovre4

 Enquête internationale de délinquance juvénile (ISRD-1)4

Procédure3 :

Le questionnaire a été pré-testé dans une classe de 10ème année HarmoS début septembre 2014 afin de vérifier la bonne compréhension des questions et sa faisabilité.

Les passations ont été menées par des enquêtrices et enquêteurs externes au personnel de l’école qui ont suivi, au préalable, une formation pour pouvoir répondre aux questions des élèves. Il a été demandé aux enseignant·e·s de ne pas s’approcher de leurs élèves et, dans le cas où un élève souhaitait poser des questions, il devait s’adresser uniquement à l’enquêtrice/enquêteur. Afin d’assurer le bon déroulement de l’enquête, l’anonymat a été garanti aux parents et aux répondant·e·s. Le questionnaire ne contenait aucun nom ni numéro d’identification individuel.

4 Les études sources de cette partie de la méthode peuvent être trouvées dans le rapport de « Enquêtes populationnelles sur la victimisation et la délinquance chez les jeunes dans le canton de Vaud. 2015. » de Lucia et al.(1)

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8

L’enquête s’est déroulée sous la forme d’un questionnaire via Internet (méthode dite CAWI : Computer Assisted Web Interview). Les élèves ont répondu en salle informatique pendant les cours réguliers. Cette méthode avait été préalablement testée en 2004. L’enquête a eu lieu entre le 8 septembre et le 10 octobre 2014.

L’enquête contenant des questions sensibles, un papillon avec les coordonnées (numéros de téléphone, sites Web, adresses e-mail) d’organisations utiles en cas de difficultés a été distribué aux élèves.

Analyses :

Les analyses effectuées dans ce travail ont été réalisées à l'aide du logiciel statistique IBM SPSS version 22.

Deux types d’analyses ont été effectués pour la comparaison des données. Des analyses bivariées, utilisant le test du Chi-carré, ainsi que le test du V de Cramer, et des analyses de régression logistique.

(Le test du V de Cramer est un test statistique établissant la force de corrélation existant entre deux variables en se basant notamment sur la valeur du Chi-carré. Ses valeurs sont comprises entre 0 et 1, 0 étant l’absence de corrélation entre les variations des variables testées, et 1 étant une corrélation parfaite entre ces variations).

Les analyses bivariées ont permis, dans un premier temps, d’évaluer la présence ou l’absence d’une corrélation significative entre les variables à l’aide de test du Chi-carré et la force de cette corrélation, à l’aide du test du V de Cramer. Lorsque les effectifs statistiques étaient trop faibles pour permettre une interprétation correcte du Chi-carré, le test exact de Fisher a été utilisé pour calculer la valeur « p » de la corrélation.

Dans le but de vérifier l’effet du sexe des individus sur certaines corrélations, des analyses ont été conduites en séparant les garçons et les filles en deux groupes et en reconduisant les mêmes analyses que pour l’échantillon entier. Le même procédé a été utilisé en dichotomisant l’échantillon principal selon le niveau socio-économique des individus.

Des analyses de régression logistique, conduites dans un deuxième temps, ont ensuite permis de compléter les résultats trouvés en bivarié et de vérifier que lesdits résultats ne soient pas dus à d’autres variables non inclues dans le modèle bivarié. L’utilisation de telles analyses a également permis d’obtenir des résultats sous forme d’odds ratio (OR) ou rapport de cotes, permettant d’évaluer le degré de dépendance entre un événement (la consommation de substances ou une moins bonne santé mentale par exemple) et un facteur de risque supposé (par exemple, la victimisation). De plus, bien qu’étant une mesure différente de l’association entre un évènement et un facteur de risque que l’est la mesure du

« risque relatif » (RR)5, l’odds ratio va dans le même sens, ce qui donne un indice quant à l’interprétation de ce dernier. Les analyses de régression logistique ont également été conduites sur des groupes séparés selon le sexe et la catégorie socio-économique.

5 Le risque relatif permet d’exprimer l’association entre un facteur de risque et un évènement sous la forme d’un facteur multiplicatif de la probabilité que l’évènement se produise en présence d’un facteur de risque par rapport à son absence. Plu s précisément, il permet d’exprimer qu’un évènement à « X » fois plus de chance de se produire en présence d’un facteur de risque qu’en son absence.

(10)

9

Des interactions statistiques6 entre les variables de victimisation et les autres variables du modèle, y compris le sexe ou la catégorie socio-économique, ont ensuite été faites et, si significative, prises en compte dans l’interprétation des résultats. Ces interactions, également conduites selon le sexe et le niveau socio-économique, ont, de plus, permis de confirmer certaines différences trouvées lors des analyses séparées selon ces deux derniers critères.

Description des variables utilisées :

La victimisation étant le sujet central de cette étude, les variables concernant la victimisation ont été posées comme variables explicatives (ou indépendantes) et les variables concernant la santé mentale et la consommation de substances des jeunes, deux éléments potentiellement influencés par la victimisation, ont été posées comme variables expliquées (ou dépendantes) pour les analyses.

Variables explicatives (i.e. les variables indépendantes - VI) :

Pour explorer la victimisation chez les jeunes selon plusieurs angles, cette dernière a été séparée selon trois types différents, à savoir victimisation par lésions corporelles, victimisation instrumentale (comprenant le racket, le brigandage et la menace avec arme) et victimisation par agression sexuelle, chacun étant investigué par un ou plusieurs items du questionnaire auto-reporté.

Pour l’évaluation de la victimisation, cinq items ont été retenus dans le questionnaire auto-reporté.

Un item a été utilisé pour évaluer la victimisation par lésions corporelles. La question se formulait comme suit : « Est-ce que quelqu'un t'a déjà blessé en te tabassant ? ».

Trois items ont été utilisés pour évaluer la victimisation instrumentale. La question concernant le brigandage se formulait comme suit : « Est-ce que quelqu'un ou un groupe de personne t'a déjà pris quelque chose par la force ? », celle concernant le racket se formulait ainsi : « Est-ce que quelqu'un ou un groupe de personnes t'a menacé de devoir lui donner de l'argent afin d'éviter d'être frappé ? », et celle concernant la menace avec arme se présentait ainsi : « Est-ce que tu as déjà été menacé avec une arme ou un objet dangereux ? »

Enfin, la victimisation par agression sexuelle a fait l’objet d’une seule question, se formulant ainsi : « Est- ce que quelqu'un t'a déjà, avec des intentions sexuelles et contre ta volonté, touché ou donné des baisers sur ton corps ou sur tes parties intimes ? ».

Pour chacune de ces cinq questions, le répondant devait dire si cela lui était déjà arrivé et si oui, combien de fois au cours des 12 derniers mois.

A partir de ces réponses et pour chacun des types de victimisation, une variable dichotomique se basant sur la présence (réponse "oui" à au moins un des items correspondant au type de victimisation) ou l'absence (réponse "non" à tous les items correspondant au type de victimisation) de victimisation a été créée. Ce codage a ensuite été utilisée pour mener à bien les analyses bivariées et de régression logistique.

6Une interaction statistique est un procédé statistique permettant de mesurer l’effet de la variation d’un paramètre donné (par exemple, le sexe) sur le lien existant entre deux autres variables (par exemple, le lien entre victimisation et consommation de substances). Dans cet exemple, cela revient à mesurer s’il y a une différence dans le lien entre victimisation et consommation de substances selon qu’on est un garçon ou une fille.

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10 Variables expliquées (i.e. les variables dépendantes - VD) :

La santé mentale, quant à elle, a été prise sous deux angles différents, à savoir la santé psychoaffective et la dépressivité, toutes deux investiguées par plusieurs items du questionnaire. Enfin, la consommation de substances a été approchée par le biais de trois substances psychoactives utilisées chez les jeunes, à savoir l’alcool, le tabac, sous forme de cigarettes, ainsi que la marijuana.

En ce qui concerne l’évaluation de la santé mentale, 14 items au total ont été retenus dans le questionnaire.

La santé psychoaffective a fait l’objet de sept questions, chacune investiguant un trouble spécifique (tristesse, mauvaise humeur, nervosité, difficulté d’endormissement, fatigue, anxiété, et colère). Les questions portaient sur la fréquence de survenue de ces différents états durant les six derniers mois, avec les modalités de réponse suivantes : (0) rarement ou jamais, (1) à peu près une fois par mois, (2) à peu près une fois par semaine, (3) plusieurs fois par semaine, (4) à peu près chaque jour.

L’échelle de santé psychoaffective utilisée pour les analyses se base sur la moyenne des scores des sept questions et se dichotomise selon le percentile 90 de la distribution de cette moyenne, les individus ayant un score supérieur au percentile 90 étant considérés comme ayant une mauvaise santé psychoaffective et les individus ayant un score inférieur comme ayant une santé psychoaffective « normale ».

La dépressivité, quant à elle, a été l’objet de sept questions investiguant la symptomatologie classique de la dépression au moment du questionnaire (se sentir déprimé, n’avoir envie de rien, trouver sa vie triste, penser à la mort...) avec les modalités de réponse suivantes : (0) pas du tout d’accord, (1) plutôt pas d’accord, (2) plutôt d’accord et (3) tout à fait d’accord.

L’échelle de dépressivité utilisée pour les analyses, tirée de l’étude SMASH-02 (2), se base sur la moyenne des scores des sept questions et se dichotomise selon que cette moyenne est supérieure ou inférieure à 2 (valeurs correspondant à des réponses « plutôt d’accord » ou « tout à fait d’accord » à la plupart des questions). Les individus ayant une moyenne supérieure ou égale à deux étant considérés comme dépressifs et les autres non.

Enfin, l’évaluation des consommations de substances se base sur quatre items du questionnaire, deux questions concernant respectivement la consommation de cigarettes et de marijuana ainsi que deux questions concernant l’alcool, se présentant toutes sous la forme suivante : « As-tu déjà consommé une des substances suivantes ? » et si oui, combien de fois au cours des 12 derniers mois ? Les modalités de réponse étant : (0) jamais, (1) une fois, (2) 2-5 fois, (3) une fois/mois, (4) une fois/semaine et (5) tous les jours.

Le codage de consommation de substances utilisée pour les analyses se dichotomise selon la fréquence de consommation, les individus ayant une fréquence de consommation hebdomadaire ou supérieure étant considérés comme consommateurs à risque.

Enfin, une partie des analyses tenant compte du niveau socio-économique des individus, ce dernier a été évalué en se basant sur l'International socioeconomic index of occupational status (ISEI), selon Ganzeboom et al., qui rend compte du statut socio-économique des parents, notamment par leur statut professionnel. (18) Pour les analyses, l’échantillon a été dichotomisé selon la médiane de l’ISEI, les individus ayant un ISEI égal ou supérieur à la médiane constituant un groupe, et les individus ayant un ISEI inférieure à la médiane constituant l’autre groupe. Bien que relativement peu satisfaisante car ne permettant pas d’avoir des groupes fortement différenciés socio-économiquement, cette forme de dichotomisation a été privilégiée car permettant d’avoir des effectifs suffisants pour mener à bien les analyses dans chacun des groupes.

(12)

11

Hypothèses :

Plusieurs hypothèses de travail ont été posées avant la réalisation de ce travail, en se basant sur la littérature préexistante sur le sujet. Ces hypothèses sont les suivantes :

 Les individus victimisés tendent à montrer une consommation plus importante de substances psychoactives et à avoir une moins bonne santé mentale, tant au niveau de la santé psychoaffective que de la dépressivité.

 La victimisation influence plus fortement la santé mentale chez les filles que chez les garçons. Au contraire, elle influence plus fortement la consommation de substances psychoactives chez les garçons que chez les filles.

 La victimisation influence plus fortement la santé mentale et la consommation de substances psychoactives chez les individus ayant un bas niveau socio-économique que chez ceux ayant un haut niveau socio-économique.

 L’influence de la victimisation sur la santé mentale des individus, bien que réduite, demeure après ajustement7 pour la consommation de substances.

 L’influence de la victimisation sur la consommation de substances psychoactives des individus, bien que réduite, demeure après ajustement pour le niveau de santé mentale.

Résultats :

Description de l’échantillon :

L’échantillon étudié se compose de 2'665 individus âgés de 12 à 17 ans (moyenne = 14.58), avec une proportion de filles/garçons d’environ moitié-moitié. La proportion d’individus appartenant à la catégorie socio-économique la plus élevée est environ équivalente à celle appartenant à la catégorie la plus basse.

Dans cet échantillon, la proportion d’individus reportant une mauvaise santé psychoaffective se monte à 11.4% et celle des individus souffrant de dépressivité à 11.2%. (Tableau 1)

Les individus ayant une consommation à risque d'alcool (correspondant à une consommation hebdomadaire ou supérieure) au cours des 12 derniers mois représentent 6,6% de l'échantillon. Ceux ayant une consommation à risque de marijuana au cours des 12 derniers mois représentent 3,5%, et ceux montrant une consommation à risque de tabac représentent 28,6%.

Concernant la victimisation, les individus victimes de violence par lésions corporelles au cours des 12 derniers mois représentent 2,9% des jeunes ayant répondu au questionnaire. Quant à la victimisation instrumentale, 2,4% des jeunes interrogés disent en avoir été victimes lors des 12 derniers mois.

Finalement, 1,7% des jeunes interrogés disent avoir subi de la violence sexuelle durant cette même période.

7 Un « ajustement statistique » est un procédé statistique permettant de mesurer l’effet d’une variable explicative sur une variable d’intérêt en annulant l’effet d’autres variables potentiellement impliquées dans ledit effet. Il permet donc « d’isoler » l’effet d’une variable explicative sur une autre.

(13)

12 Différences selon le sexe :

En ce qui concerne la victimisation, on ne trouve de différence significative entre les sexes que pour la victimisation sexuelle, les filles étant plus susceptible de subir ce type de violence que les garçons. (1,7%

des filles contre 0,2% des garçons, p<.000). (Tableau 1)

Pour la santé mentale, on retrouve une différence significative entre les sexes pour la santé psychoaffective et la dépressivité, les filles étant de manière générale en moins bonne santé psychoaffective et souffrant plus de dépressivité que les garçons. (p<.000) (Tableau 1)

En revanche, la consommation de substances psychoactives apparait comme étant similaire chez les deux sexes.

Différences selon le niveau socio-économique :

À l’exception de la consommation à risque de marijuana, plus élevée dans la catégorie la plus haute, les individus des deux catégories socio-économiques sont semblables tant dans leur consommation de substances psychoactives qu’au niveau de leur santé mentale. Les taux de victimisation dans ces deux catégories sont également semblables. (Tableau 1)

Tableau 1: Prévalence des différentes variables dans l'échantillon utilisé

Significativité Significativité

Variables Total Garçons Filles p (chi-carré) Niveau

supérieur

Niveau

inférieur p (chi-carré)

Lésions corporelles 2.9% 3.2% 2.7% .474 2.4% 3.0% .377

Instrumentale 2.4% 2.9% 2.0% .120 2.5% 2.2% .593

Sexuelle 1.7% 0.2% 1.7% .000*** 1.7% 1.9% .695

Mauvaise santé

psychoaffective 11.4% 6.0% 16.8% .000*** 11.6% 11.4% .903

Dépressivité 11.2% 6.3% 16.2% .000*** 10.8% 11.9% .428

Conso. alcool 6.6% 7.1% 6.5% .560 6.8% 6.0% .403

Conso. marijuana 3.5% 4.2% 2.9% .068 4.2% 2.6% .030*

Conso. tabac 28.6% 29.4% 28.7% .720 29.6% 30.0% .823

*p<.05, **p<.01, ***p<.000

Prévalence Prévalence

VictimisationSanté mentaleConsommation de substances

Sexe Niveau socio-économique

(14)

13

Analyses bivariées :

Les analyses bivariées (Tableau 2) montrent une corrélation significative entre la victimisation par lésions corporelles et les variables de santé psychoaffective (p< .000), de dépressivité (p< .000), ainsi que de consommation de marijuana (p< .000) et d’alcool (p< .000). Aucune corrélation significative n’est en revanche trouvée pour la consommation de cigarettes (p> .05).

De même, une corrélation significative est trouvée entre ces différentes variables et la victimisation instrumentale, avec des degrés de significativité similaires, y compris, cette fois, pour la consommation de cigarettes (p< .05).

Pour la victimisation par agression sexuelle, des corrélations significatives ont été trouvées pour la santé psychoaffective (p< .000), la dépressivité (p< .000), la consommation d’alcool (p< .01) et la consommation de cigarettes (p=.05). Aucune corrélation significative n’est trouvée pour la consommation de marijuana (p> .05). Les effectifs n’étant pas suffisants pour la consommation d’alcool et de marijuana, le test exact de Fisher a été utilisé pour ces deux variables, en lieu et place du test du Chi-carré.

La force de la plupart de ces associations est cependant faible, selon le test du V de Cramer.

Plus précisément, il ressort des analyses bivariées que les individus ayant été victimes de violence par lésions corporelles au moins une fois durant les 12 derniers mois sont globalement en moins bonne santé psychoaffective, souffrent plus de dépressivité et sont plus nombreux à avoir une consommation à risque d’alcool et de marijuana que leurs compères non victimisés. Les individus ayant été victimes de violence instrumentale au moins une fois durant la même période rencontrent les mêmes problèmes au niveau de leur santé mentale et de leur consommation d’alcool et sont également plus nombreux à avoir une consommation à risque de cigarettes. Enfin, les individus victimes de violence sexuelle sont, comme leur compères victimes de lésions corporelles et instrumentale, plus enclins à avoir une mauvaise santé psychoaffective, à souffrir de dépressivité et à avoir une consommation à risque d’alcool. A noter cependant que l’influence de la victimisation sur la santé mentale et la consommation de substances, bien que significative, est faible et n’explique donc qu’en partie les associations décrites plus haut.

(15)

14 Différences selon le sexe :

Les analyses bivariées conduites sur les groupes séparés selon le sexe (tableau 3) montrent des résultats majoritairement similaires :

Pour la victimisation par lésions corporelles, les résultats sont similaires pour le groupe des filles, tandis que dans le groupe des garçons, la santé psychoaffective perd sa significativité (p> .05) et que la consommation de cigarettes devient significative (p< .05).

Tant les filles que les garçons victimes de lésions corporelles sont donc plus susceptibles de présenter des symptômes de dépressivité, et sont plus enclins à avoir une consommation fréquente d’alcool et de marijuana comparativement aux individus de même sexe non victimes.

Variables

dépendantes n

% réponse positive

n

% réponse

positive

p V de

Cramer/phi

Mauvaise santé

psychoaff. 2'551 11.6 74 25.7 ***.000 0.07

Dépressivité 2'544 10.8 74 25.7 ***.000 0.08

Conso. alcool 2'488 6.7 74 20.3 ***.000 0.09

Conso. marijuana 2'534 3.7 72 16.7 ***.000 0.11

Conso. tabac 2'524 29.3 74 36.5 .183 0.03

Mauvaise santé

psychoaff. 2'514 11.6 69 27.5 ***.000 0.08

Dépressivité 2'508 11.0 68 30.9 ***.000 0.10

Conso. alcool 2'456 6.4 67 31.3 ***.000 0.16

Conso. marijuana 2'494 3.5 69 15.9 ***.000 0.10

Conso. tabac 2'490 29.4 70 35.7 *.250 0.23

Mauvaise santé

psychoaff. 2'568 11.3 52 46.2 ***.000 0.15

Dépressivité 2'561 10.8 52 42.3 ***.000 0.14

Conso. alcool 2'510 6.8 50 18.0 **.007a 0.06

Conso. marijuana 2'551 3.8 51 7.8 .134a 0.03

Conso. tabac 2'546 29.2 50 42.0 *.050 0.04

Victimisation par lésions corporellesVictimisation instrumentaleVictimisation sexuelle

Tableau 2: Analyses bivariées

*p<.05, **p<.01, ***p<.000

aTest exact de Fisher two-sided

Non victimes Victimes

(16)

15

Deux différences sont par contre à relever chez les garçons. Ces derniers, en cas de victimisation par lésions corporelles, tendent à avoir une consommation de cigarettes plus fréquente que leurs compères non victimes, ce qui ne se retrouve pas chez les filles, dont la consommation de cigarettes reste la même avec ou sans victimisation. De plus, Il n’y a pas de différence significative entre le niveau de santé psychoaffective des garçons victimes et des non victimes, alors qu’une différence se retrouve chez les filles.

Pour la victimisation instrumentale, les résultats sont également similaires à ceux trouvés dans l’échantillon principal. À l’exception que, tant chez les filles que chez les garçons, la consommation de cigarettes perd sa significativité (p>.05) et que, chez les filles, la consommation de marijuana perd également sa significativité (p>.05).

Là aussi, chez les filles comme chez les garçons, les victimes de violence instrumentale sont plus susceptibles d’être en mauvaise santé psychoaffective, de présenter des symptômes de dépressivité, et d’avoir une consommation fréquente d’alcool et de marijuana comparativement aux individus de même sexe non victimes. Une différence apparait cependant pour la consommation de marijuana, les garçons, comme dans le groupe complet des jeunes répondants, étant plus susceptibles d’avoir une consommation à risque de marijuana lorsqu’ils sont victimes de violence instrumentale, ce qui n’est pas le cas chez les filles, chez qui la consommation de marijuana est similaire tant chez les victimisées que chez les non victimisées. A noter que l’association entre victimisation instrumentale et consommation à risque de cigarettes perd sa significativité, tant chez les garçons que chez les filles, ce qui diffère de ce qui est trouvé dans le groupe complet des jeunes répondants.

Finalement, concernant la victimisation sexuelle, les résultats, pour les filles, sont similaires à ceux de l’échantillon principal, à l’exception de la consommation de tabac, qui devient non significative. Là également, la force de la plupart de ces associations est faible.

Les filles victimes de violence sexuelle sont donc plus susceptibles d’être en mauvaise santé psychoaffective, de présenter des symptômes de dépressivité, et d’avoir une consommation fréquente d’alcool comparativement aux filles non victimes. La consommation à risque de cigarettes, contrairement à ce qui est trouvé dans l’échantillon principal, n’est pas plus fréquente chez les victimisées que chez les non-victimisées.

L’effectif du groupe des garçons victimes de violence sexuelle étant trop faible, aucun test n’a pu être mené sur ce groupe pour ce type de victimisation.

(17)

16 Différence selon le niveau socio-économique :

Pour les analyses conduites selon la catégorie socio-économique (tableau 4), on ne retrouve que peu de différences entre les deux groupes : la principale différence concerne la consommation à risque de marijuana, qui est plus fréquente en cas de victimisation par lésions corporelles et instrumentale dans la catégorie socio-économique la plus haute, mais demeure la même dans la catégorie la plus basse. Des différences apparaissent également au niveau de la santé psychoaffective et de la dépressivité chez les individus victimes de violence instrumentale : les jeunes appartenant à la catégorie socio-économique la plus haute sont plus enclins à montrer des signes de dépressivité ou de mauvaise santé psychoaffective en

Variables dépendantes n

% réponse positive

n

% réponse positive

p V de

Cramer/phi n

% réponse positive

n

% réponse positive

p V de

Cramer/Phi

Mauvaise santé

psychoaff. 1'249 5.8 39 12.8 .082a 0.05 1'302 17.1 35 40.0 ***.000 0.10

Dépressivité 1'246 5.7 39 15.4 *.025a 0.07 1'298 15.7 35 37.1 **.001 0.09

Conso. alcool 1'214 7.1 40 17.5 *.024a 0.07 1'274 6.4 34 23.5 **.001a 0.11

Conso.

marijuana 1'242 4.3 38 13.2 *.027a 0.07 1'292 3.0 34 20.6 ***.000a 0.15

Conso. tabac 1'232 27.4 40 42.5 *.037 0.06 1'292 31.1 34 29.4 .832 0.01

Mauvaise santé

psychoaff. 1'228 5.8 38 21.1 ***.000 0.11 1'286 17.2 31 35.5 **.008 0.07

Dépressivité 1'225 6.0 37 18.9 **.001 0.09 1'283 15.7 31 45.2 ***.000 0.12

Conso. alcool 1'196 6.5 37 29.7 ***.000 0.15 1'260 6.2 30 33.3 ***.000 0.16

Conso.

marijuana 1'219 3.8 38 21.1 ***.000 0.15 1'275 3.3 31 9.7 .054 0.05

Conso. tabac 1'213 28.0 39 28.2 .981 0.00 1'277 30.6 31 45.2 .084 0.05

Mauvaise santé

psychoaff. 1'288 6.0 4 25.0 .221a 0.04 1'280 16.6 48 47.9 ***.000 0.15

Dépressivité 1'285 5.9 4 50.0 *.020a 0.10 1'276 15.4 48 41.7 ***.000 0.13

Conso. alcool 1'254 7.3 4 25.0 .265a 0.04 1'256 6.3 46 17.4 **.009a 0.08

Conso.

marijuana 1'279 4.5 4 0.0 1a 0.01 1'272 3.1 47 8.5 .063a 0.06

Conso. tabac 1'273 27.8 4 25.0 1a 0.00 1'273 30.6 46 43.5 .064 0.05

Victimes Filles

Victimisation sexuelle

*p<.05, **p<.01, ***p<.000

aTest exact de Fisher two-sided

Tableau 3: Analyses bivariées, selon le sexe

Victimisation parsions corporellesVictimisation instrumentale

Garçons

Non victimes Non victimes Victimes

(18)

17

cas de victimisation. Cette tendance ne se retrouve cependant pas chez les jeunes appartenant à la catégorie la plus basse.

Analyses de régression logistique :

Les analyses de régression logistique (tableaux 5-9) ont été conduites en ajustant l’association entre les variables de victimisation et les variables de santé mentale ou de consommation de substances par les autres variables du modèle, ainsi que par le sexe et la catégorie socio-économique. Par exemple, l’association entre un type de victimisation (par exemple, par lésions corporelles) et la consommation d’une substance particulière (par exemple, le tabac) a été ajustée pour la consommation des deux autres substances, le niveau de santé psychoaffective, de dépressivité, ainsi que le sexe et le niveau socio- économique des individus, permettant ainsi d’isoler l’association entre les deux variables d’intérêt (la

Variables dépendantes n

% réponse positive

n

% réponse positive

p V de

Cramer/Phi n

% réponse positive

n

% réponse positive

p V de

Cramer/Phi

Mauvaise santé

psychoaff. 1'134 12.1 30 26.7 *.025a 0.07 1'157 11.5 34 26.5 *.014a 0.08

Dépressivité 1'134 11.1 30 30.0 **.005a 0.09 1'153 10.8 34 23.5 *.046a 0.07

Conso. alcool 1'112 6.8 30 20.0 *.017a 0.08 1'126 5.9 34 20.6 **.004a 0.10

Conso.

marijuana 1'128 4.2 29 24.1 ***.000a 0.15 1'150 2.9 34 8.8 .810a 0.06

Conso. tabac 1'124 30.8 30 35.3 .143 0.04 1'144 30.2 34 43.3 .521 0.02

Mauvaise santé

psychoaff. 1'115 12.0 34 26.5 *.029a 0.07 1'146 11.8 27 22.2 .125a 0.05

Dépressivité 1'115 11.2 33 33.3 **.001a 0.11 1'143 11.1 27 22.2 .113a 0.05

Conso. alcool 1'092 6.5 34 29.4 ***.000a 0.15 1'120 5.5 24 33.3 ***.000a 0.17

Conso.

marijuana 1'106 4.0 34 23.5 ***.000a 0.16 1'139 2.8 27 3.7 .543a 0.01

Conso. tabac 1'104 31.1 34 29.4 .103 0.01 1'135 29.9 27 44.4 .837 0.05

Mauvaise santé

psychoaff. 1'148 11.8 23 43.5 ***.000a 0.13 1'160 11.0 25 48.0 ***.000a 0.17

Dépressivité 1'148 11.1 23 39.1 **.001a 0.12 1'156 10.8 25 40.0 ***.000a 0.14

Conso. alcool 1'127 7.0 23 17.4 .078a 0.06 1'131 6.0 23 13.0 .164a 0.04

Conso.

marijuana 1'141 4.6 23 8.7 .089a 0.03 1'154 2.9 24 4.2 .508a 0.01

Conso. tabac 1'138 30.9 23 30.4 .959 0.00 1'149 29.8 23 52.2 *.020 0.07

Tableau 4: Analyses bivariées, selon le niveau socio-économique

Victimisation parsions corporellesVictimisation instrumentale

Haut niveau socio-économique

Victimes

Bas niveau socio-économique

Victimisation sexuelle

*p<.05, **p<.01, ***p<.000

aTest exact de Fisher two-sided

Non victimes Victimes Non victimes

(19)

18

victimisation par lésions corporelles et la consommation de tabac dans cet exemple) des autres variables pouvant potentiellement l’influencer (la consommation d’autres substances, le niveau de santé psychoaffective, le sexe,…).

Concernant la santé mentale des individus victimes de violence, les analyses de régression logistique montrent que les individus victimes de lésions corporelles ainsi que ceux victimes de violence sexuelle sont significativement en moins bonne santé psychoaffective que leurs compères non victimisés. De plus, les filles sont significativement en moins bonne santé psychoaffective que les garçons, indépendamment de la victimisation subie. (Tableau 5)

Tableau 5 : Analyses de régression logistique - Santé psychoaffective Variables indépendantes Type de victimisation

Variable

dépendante Lésions

corporelles Instrumentale Sexuelle Fillesa Bas niveau socio-éco.b Mauvaise santé

psychoaffective 3.32*** 1.19 2.79** 3.11*** 1.01

Toutes les valeurs présentes sont exprimées en terme d'odds ratio (OR); *p<.05, **p<.01, ***p<.000

aOR comparativement aux garçons

bOR comparativement au haut niveau socio-économique

Les analyses concernant la santé psychoaffective ont été ajustées avec : Conso. Alcool, conso. Marijuana, conso. Tabac, sexe, niveau socio-économique

A noter que, dû à certaines redondances dans les questions du questionnaire auto-reporté pour ces deux variables, les variables de santé psychoaffective et de dépressivité n’ont pas été ajustées l’une pour l’autre dans le modèle de régression logistique.

Ces analyses montrent également un niveau de dépressivité significativement plus important chez les individus victimes de lésions corporelles, de violence instrumentale, de même que chez les filles (comparativement aux garçons). (Tableau 6)

Tableau 6 : Analyses de régression logistique - Dépressivité Variables indépendantes Type de victimisation

Variable

dépendante Lésions

corporelles Instrumentale Sexuelle Fillesa Bas niveau socio-éco.b

Dépressivité 2.82** 2.82** 1.96 2.94*** 1.03

Toutes les valeurs présentes sont exprimées en terme d'odds ratio (OR) ; *p<.05, **p<.01, ***p<.000

aOR comparativement aux garçons

bOR comparativement au haut niveau socio-économique Les analyses concernant la dépressivité ont été ajustées avec :

Conso. Alcool, conso. Marijuana, conso. Tabac, sexe, niveau socio-économique

Concernant la consommation de substances psychoactives, les analyses de régression logistique montrent les résultats suivants :

(20)

19

La consommation à risque d’alcool, en premier lieu, n’est augmentée de manière significative que chez les victimes de violence instrumentale. Les autres formes de victimisation, bien qu’également associées à des niveaux de consommation plus élevés, ne le sont pas de manière significative. (Tableau 7) Aucune différence significative n'a pu être mise en évidence entre les sexes et entre les différents niveaux socio- économiques.

Tableau 7 : Analyses de régression logistique - Conso. à risque d'alcool Variables indépendantes Type de victimisation

Variable

dépendante Lésions

corporelles Instrumentale Sexuelle Fillesa Bas niveau socio-éco.b Conso. alcool à

risque 1.97 2.48* 0.99 0.97 0.96

Toutes les valeurs présentes sont exprimées en terme d'odds ratio (OR) ; *p<.05, **p<.01, ***p<.000

aOR comparativement aux garçons

bOR comparativement au haut niveau socio-économique

Les analyses concernant la consommation à risque d'alcool ont été ajustées avec :

Santé psychoaffective, dépressivité, conso. Marijuana, conso. Tabac, sexe, niveau socio-économique

La consommation à risque de marijuana, deuxièmement, n'est pas significativement différente chez les individus victimisés par rapport aux non victimisés, quel que soit le type de victimisation subi. Malgré cela, les victimes de lésions corporelles et de violence instrumentale semblent quand même avoir une consommation plus fréquente, quoique de manière non significative. (Tableau 8) On note également une consommation significativement plus fréquente chez les individus appartenant à la catégorie socio- économique la plus haute. Il n'y a pas de différence significative au niveau de la consommation de marijuana entre les filles et les garçons.

Tableau 8 : Analyses de régression logistique - Conso. à risque de marijuana Variables indépendantes

Type de victimisation Variable

dépendante Lésions

corporelles Instrumentale Sexuelle Fillesa Bas niveau socio-éco.b Conso.

marijuana à risque

2.17 2.12 1.03 0.62 0.55*

Toutes les valeurs présentes sont exprimées en terme d'odds ratio (OR) ; *p<.05, **p<.01, ***p<.000

aOR comparativement aux garçons

bOR comparativement au haut niveau socio-économique

Les analyses concernant la consommation à risque de marijuana ont été ajustées avec : Santé psychoaffective, dépressivité, conso. alcool, conso. tabac, sexe, niveau socio-économique

Il existe, pour la marijuana, une interaction significative entre les victimisations par lésions corporelles et instrumentale d’un côté, et la consommation d’alcool de l’autre. En d'autres termes, les individus victimes de lésions corporelles sont moins enclins à consommer de la marijuana s’ils consomment déjà de l’alcool que s’ils n’en consomment pas. Le même résultat se retrouve chez les victimes de violence instrumentale.

(21)

20

La consommation à risque de tabac, finalement, est significativement plus fréquente chez les victimes de lésions corporelles et de violence sexuelle. Aucune différence significative n’est trouvée chez les victimes de violence instrumentale et quel que soit le sexe ou le niveau socio-économique des individus. (Tableau 9)

Tableau 9 : Analyses de régression logistique - Conso. à risque de tabac Variables indépendantes Type de victimisation

Variable

dépendante Lésions

corporelles Instrumentale Sexuelle Fillesa Bas niveau socio-éco.b Conso. tabac à

risque 1.71* 0.95 2.16* 0.89 1.00

Toutes les valeurs présentes sont exprimées en terme d'odds ratio (OR) ; *p<.05, **p<.01, ***p<.000

aOR comparativement aux garçons

bOR comparativement au haut niveau socio-économique

Les analyses concernant la consommation à risque de tabac ont été ajustées avec :

Santé psychoaffective, dépressivité, conso. alcool, conso. marijuana, sexe, niveau socio-économique

A noter que pour la cigarette, il existe une interaction significative entre la victimisation par lésions corporelles d’un côté, et l’alcool et la dépressivité de l’autre. En d'autres termes, la consommation de tabac chez les victimes de lésions corporelles est moins fréquente en présence d'une consommation à risque d'alcool ou d’un état de dépressivité qu'en l'absence de ces deux facteurs.

Différences selon le sexe :

Les analyses de régression logistique ont également été conduites en séparant l’échantillon principal en deux groupes, selon le sexe des individus. (Tableau 10) Il ressort de ces analyses un certain nombre de différences quant à l’effet de la victimisation sur la consommation de substances chez les deux sexes.

Chez les garçons, le fait d’avoir été victime de lésions corporelles augmente significativement le risque d’avoir une consommation à risque d’alcool (OR = 2.75) ou de cigarettes (OR = 2.26), ce qui n’est pas le cas chez les filles. Au contraire, ces dernières, lorsque victimes du même type de violence, montrent un risque significativement augmenté de consommer régulièrement de la marijuana (OR= 10.62), ce qui ne se retrouve pas chez les garçons.

Concernant la victimisation instrumentale, on remarque une différence notamment au niveau de la consommation à risque de marijuana, significativement augmentée chez les garçons (OR= 6.14) mais pas chez les filles pour ce type de victimisation. La consommation à risque d'alcool est, elle, significativement plus fréquente chez les deux sexes lorsque les individus sont victimisés (OR = 2.89 chez les garçons, OR=

3.43 chez les filles) , tandis que la consommation de cigarettes demeure la même qu'ils aient été victimes de violence instrumentale ou non. De plus, une interaction significative entre la victimisation instrumentale et le sexe a été trouvée, faisant ressortir que ce type de victimisation est un facteur de risque moindre de consommation de marijuana chez les filles, par rapport aux garçons. Cette interaction correspond aux résultats trouvés lors des analyses de régression logistique, qui ne montrent pas de

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