Direction de la recherche faunique
INVENTAIRE AERIEN DU CASTOR DANS LE SECTEUR DU RAVAGE DU LAC TRENTE-ET-UN-MILLES
par Laurier Breton
Ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche Québec, Canada
Novembre 1979
INVENTAIRE AERIEN DU CASTOR DANS LE SECTEUR DU RAVAGE DU LAC TRENTE-ET-UN-MILLES
par
Laurier Breton
RESUME - Dans le but d'estimer l'importance du castor dans la diète d'été du loup et du coyote dans la région du ravage du lac Trente-et-un- Milles, un inventaire aérien eut lieuà la mi-novembre 1979. Environ 600 km2 furent survolés en une journée et demie, couvrant approximati- vement plus de la moitié du territoire visé. Une densité moyenne de 4,3 colonies/25 km2 fut alors observée. La deuxième partie de l'inven- taire sera complétée à l'automne 1980 et la couverture aérienne sera alors ajustée en fonction des patrons de déplacements estivaux des bandes de prédateurs fréquentant ledit ravage. Un rapport complet suivra cette deuxième étape.
Dans le cadre d'un projet à long terme, au ravage du lac
Trente-et-un-Milles, visant à augmenter la population de cerf de Virginie (Odocoileus virginianus) en appliquant des techniques d'aménagement
basées sur une meilleure compréhension de son écologie (Potvin et al., 1979), une large part du projet fut réservée à la prédation. Conscient que le castor (Castor canadensis) peut, en saison où le cerf devient une proie difficile pour le loup (Canis lupus) et pour le coyote (Canis latrans), servir de nourriture d'appoint et ce dans des proportions relativement importantes, nous avons voulu mesurer, par le biais d'un inventaire aérien, la population de castors dans le secteur pouvant servir de territoire d'été aux bandes de prédateurs fréquentant le ravage en période hivernale.
SECTEUR D'ETUDE
Le secteur visé était à prime abord le ravage lui-même, tel que délimité au cours d'un inventaire aérien du mois de février 1979, Potvin, F. (1979). A cette étendue nous avons voulu greffer une
zone approximative de 15 km, pouvant couvrir hypothétiquement les terri- toires d'été des différentes bandes de prédateurs. Nous pouvions immé- diatement borner ces territoires à des frontières naturelles telles que la rivière Gatineau à l'ouest et la rivière du Lièvre à l'est. Toutefois, des contraintes de disponibilité de l'aéronef nous ont forcé à restreindre notre plan de base. Il fut dès lors décidé de couvrir dans un premier temps, c'est-à-dire pour la présente année, le ravage lui-même, de même que les territoires d'été connus des loups et des coyotes déjà marqués (Lemieux, comm. pers.).
Pour faciliter cette approche, nous avons couvert le secteur ouest du plan de base comprenant les parties de feuillets 31 J/4 E et 31 J/5 E, borné à l'ouest par la rivière Gatineau (figure 1), pour une superficie totalisant 600 km2.
MATERIEL ET METHODE
La méthode d'inventaire utilisée fut celle décrite par
Traversy, N. et R. McNicoll (1976) et consiste en un recouvrement total de tout le territoire, en survolant à l'aide d'un hélicoptère les lacs et les cours d'eau présents. Toutes les informations, c'est-à-dire, le parcours de vol de même que les colonies de castors furent notées sur une carte topographique à l'échelle 1:50 000. Il est probable que nous ayions omis certaines colonies du fait que les photographies aériennes ayant servi de base à l'élaboration de cette carte furent prises en 1949. Nous avons repéré, à maintes occasions, en volant à haute altitude, des sites inondés et occupés par des castors à des endroits où aucun cours d'eau n'apparaissait sur cette carte. Toutefois, cette situation sera diffé- rente l'année prochaine, puisque le ministère de l'Energie, des Mines et des Ressources doit publier au printemps 1980, une nouvelle série de cartes de la zone à partir de photographies aériennes de 1978.
Nous avons conservé la classification des colonies actives telles qu'utilisées par Traversy, N. (1974) et se décrivant comme suit:
colonie de classe 1: cabane active avec amas de nourriture colonie de classe 2: amas de nourriture seul
colonie de classe 3: présence
L'inventaire s'est déroulé les 11 et 12 novembre. Cette période, précédent de quelques jours à peine la prise des glaces des petits plans d'eau, s'est avérée idéale; puisqu'à ce moment, les amas de nourriture sont à peu près complétés pour toutes les colonies et sont, par le fait même, très faciles à repérer. Il aura fallu sept heures et 40 minutes de vol pour compléter ce travail en faisant abstraction de l'aller et le retour Québec-Maniwaki. L'aéronef utilisé était un hélicop- tère du type "Bell Jet Ranger B 206" du ministère des Transports.
Personnel
L'équipe qui a effectué le travail d'inventaire était formée comme suit:
Fabien Lemieux: pilote et observateur Rolland Lemieux: observateur
Laurier Breton: navigateur et observateur
76'00' W 75'45' W
Lac ou Foin Lac
Edia Lac
01770f017 éservoir
aux Sab/es
Lac 46°
Long — 10' 46° N
10' — N
Lac /du Castor Blanc
Lac Pemichongon oc
Victoria 1/4A
76' 00' W 75' 45' W
Lac Giles
Lac du Loup Lac
Robill rd
Lac V Ouinn
Loc
M roy Marais
•
Lac Travers
Lac
Lac Hogo 46* 25'
N
Lac
Pocknock
46*
— 25' N
Lac Noreou
Lac des Ours Lac
des Oblats
Lac d Bois Fran
Lac du Camp Peit
Mc L•c
Beaulieu Cèdres
Lac FMe La
oddick
Limite du ravage
"MI Limite du eeeteur d'étude
Figure 1. Délimitation du secteur d'étude et du ravage du lac Trente-et-un-Milles.
RESULTATS
Nous avons dénombré en tout 104 colonies actives sur ce terri- toire (tableau 1, figure 2). Pour une superficie évaluée à 600 km2, nous obtenons ainsi une densité de 4,3 colonies par 25 km2. Bien qu'il
n'existe pas de barème pour l'évaluation de la densité de colonies de castors pour le sud-ouest du Québec, nous pouvons considérer que le nombre obtenu correspond à une densité moyenne (Traversy. comm. pers.) pour un tel territoire. Cependant, le calcul de la densité peut devenir une interprétation trop radicale d'un territoire donné et ne pas refléter les densités réelles par élimination des secteurs comportant de très fortes limitations pour le castor, telles que: les grands plans d'eau, les zones agricoles, les zones urbaines, etc. Ce qui ramènerait ce territoire comparable au territoire potentiellement utilisable par les prédateurs concernés. Toutefois, de telles limitations existent pour toutes les espèces en cause et nous nous devons de les inclure dans la superficie totale.
Tableau 1. Nombre de colonies actives observées par catégorie.
Cabanes Amas de Présence Nombre total
actives nourriture de colonies actives
101 1 2 104
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
Cet inventaire n'est en fait qu'un des volets de l'étude sur la prédation au lac Trente-et-un-Milles et est directement lié au chapitre consacré à la diète du loup et du coyote. Les résultats de cette année ne couvrant environ que la moitié du territoire visé, il nous apparaît donc non approprié de discuter dès maintenant de l'apport possible du castor dans l'alimentation de ces prédateurs. Toutefois, les résultats obtenus cette année sont très encourageants et nous portent à approfondir les relations inter-spécifiques régissant ces mêmes espèces.
Pour ce faire, l'inventaire de base devra être complété l'an prochain en essayant, autant que possible, de ne pas devancer la date du ler novembre, et ce pour les raisons déjà citées. De même, le
personnel affecté devrait, comme ce fut le cas cette année, posséder une bonne expérience dans ce type d'inventaire et ceci est aussi valable pour le pilote, qui est en fait plus qu'un simple "chauffeur".
Suite à l'évolution du programme de capture et de suivi par télémétrie des loups et coyotes, nous pourrons dès la fin de l'été prochain, être en mesure de fixer la limite des territoires d'été de ceux fréquentant le ravage et par le fait même, ajuster l'étendue de l'inventaire aérien du castor à ces mêmes territoires et ainsi être en mesure de prévoir exactement le temps requis pour compléter ce travail.
Nous pourrons dès lors comparer nos résultats à des inventaires similaires
Limite du ravage Limite du secteur d'étude
Figure 2. Répartition par catégorie des colonies actives de castors.
et élaborer davantage sur les zones de concentration en rapport avec: les types de peuplements forestiers et non-forestiers, l'accessibilité pour les trappeurs, l'influence du trappage dans une zone non contingentée, etc.
Il deviendra alors possible d'évaluer le nombre de castors sur tout le territoire ainsi que le nombre de colonies et de castors par
territoire de chaque bande de prédateurs, si nous parvenons à une estimation assez précise du nombre d'animaux par colonie. Pour ce faire, plusieurs points, tant sur l'écologie de ce dernier que sur celle des prédateurs éventuels, restent à approfondir, si nous voulons être capables de mesurer l'apport réel de ce rongeur dans la diète d'été du loup et du coyote.
Une approche systématique devra être élaborée dans les plus brefs délais
LITTERATURE CITEE •
POTVIN, F. 1979. Inventaire aérien du ravage du lac Trente-et-un-Milles, hiver 1979. Québ., Minist. Loisir, Chasse Pêche, Dir. Rech. Faunique.
5 PP-
, C. PICHETTE et M. MORASSE. 1979. Projet d'étude du ravage du ---lac Trente-et-un-Milles. Québ., Minist. Loisir, Chasse Pêche, Dir.
Rech. Faunique. 4 pp.
TRAVERSY, N. 1974. Inventaire aérien du castor à la Baie James. Octobre 1973. Québ., Minist. Tour. Chasse Pêche. 58 pp.
, et R. McNICOLL. 1976. Inventaire aérien du castor dans le district du Nord-Ouest. Novembre 1976. Québ., Minist. Tour. Chasse Pêche.
44 pp.