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Prière et beauté. Jésus et les enfants

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Prière et beauté

Quand je pense prière, je pense beauté ! Pourquoi ? Faiblesse spirituelle de ma part ? Car après tout, l’essentiel est ce dialogue avec Dieu, aussi balbutiant soit-il ! Et qu’importent le lieu, les circonstances, la manière ? Pourtant je pense à l’action liturgique avec les paroles du psalmiste portées par une voix qui s’accorde à leur rythme. C’est simple et beau, juste. Et pour moi c’est important qu’il en soit ainsi. Et le chant, le silence intermittent, l’assemblée dans sa présence qui témoigne d’une autre présence. C’est beau parce que c’est bon… « Voici, il est bon, il est doux pour des frères d’être ensemble ! » Ps 133. Mais la beauté n’est pas dans la mise en scène, même si cela compte… plutôt dans le regard, l’attention accordés à l’être ensemble en un temps, en un lieu donné, gratuitement, pour prier Dieu. Joie forte, intérieure, et qui peut aller jusqu’à la jubilation communautaire ! Mais comme on a peur d’avouer, d’exprimer cette joie !

Je pense aussi au petit groupe de prière qui parvient à se réunir fidèlement… sans que cela soit toujours facile. Beauté de la rencontre dans sa profanité… hésitation de paroles qui se cherchent, textes lus d’une voix parfois timide, ferveur contenue… autour de Celui qui est au milieu de nous.

Je pense encore à la prière dans le secret du cœur, aux paupières qui se ferment sur une vision intérieure pour entrer en écoute de Dieu et du monde. Pas toujours facile, le recueillement… au milieu des pensées bavardes, des nerfs encore tendus par tous les événements du jour. Et pourtant même une tentative ratée reste une belle offrande. Quand je pense prière, je pense beauté, mais pas comme un plus, une décoration, au contraire comme un creux, celui que le sculpteur forme laborieusement dans le bois, celui de notre faim qui en nous-mêmes et entre nous fait place pour Dieu. Beauté du creux, beauté de l’espace évidé pour attendre et accueillir ! Beauté de la rencontre en un temps comme volé à la vie quotidienne, et qui ne peut jamais être le fruit d’un « Silence ! » autoritaire, mais d’une attention portée à la parole qui invite, où à la clochette qui tintinnabule. Et l’espace a été travaillé en signe de bienvenue pour inviter au repos, au dépôt des soucis, à l’action de grâce. Et la flamme vacillante d’une bougie dans sa fragilité, nous dit combien cet instant est précieux, car c’est toute la vie qui s’en trouve éclairée.

N’est-ce pas à cela que peuvent parfois servir les éléments symboliques, non à capter le regard mais à le renvoyer vers l’invisible visage de Celui qui nous parle et nous écoute ? Ils peuvent être une aide précieuse à la parole, et au silence. Ils peuvent nous aider à nous arrêter, tout simplement, dans cette petite cérémonie intime ou partagée avec d’autres qu’est la prière.

Crédit : Point KT

Jésus et les enfants

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Jésus accueille et bénit les enfants, alors que ses disciples ne semblent pas très bien disposés à l’égard de toute cette marmaille. Jésus fait même plus que cela : il donne les enfants en exemple à ses disciples. Comment comprendre l’attitude de Jésus, un peu surprenante pour un homme de son temps et plus encore pour un rabbi? Voici quelques éléments d’explication et pistes de réflexion. Textes : Matthieu 19/13-15 ou Luc 18/15-17 ou Marc 10/13-16

Éléments d’explication :

– Les textes de Matthieu, Marc et Luc sont remarquablement parallèles, surtout en ce qui concerne les paroles de Jésus :

« Laissez les enfants venir à moi, ne les en empêchez pas, car le Royaume de Dieu est pour ceux qui sont comme eux. » Il est donc probable que si les trois évangiles synoptiques sont si proches, c’est que ces mots de Jésus ont dû marquer les disciples. Le reste présente des variantes : Luc insiste sur l’accueil des enfants ; Marc mentionne l’indignation de Jésus et la bénédiction, Matthieu l’imposition des mains.

– Les enfants à l’époque :

On est très loin de l’enfant-roi : la situation des enfants à l’époque de Jésus peut être rapprochée de la situation des enfants dans les pays du Tiers-Monde.

Le terme grec utilisé pour désigner ici les enfants indique qu’il s’agit de petits enfants, d’enfants qui sont encore laissés entièrement au soin de leurs mères. Il ne s’agit pas forcément de nourrissons, mais d’enfants trop petits pour que les pères contribuent à leur éducation : ils ont moins de 6-7 ans.

A l’époque, les petits enfants sont souvent considérés comme des personnes de peu d’importance pour au moins deux raisons :

1. On redoutait de s’attacher et de s’intéresser à un enfant tant qu’on n’était pas sûr qu’il avait échappé à la mortalité infantile.

2. La vie des petits enfants est perçue comme trop proche de l’animal : manger, jouer, dormir, mourir… Ils sont considérés comme de petits braillards dont les hommes ne veulent, ni ne savent se charger. Les jeunes enfants sont considérés comme incapables de recevoir une éducation en dehors des rudiments donnés par leurs mères.

C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre la réaction des disciples : pour eux, ces jeunes enfants ne sont ni dignes, ni capables de recevoir un enseignement du « maître », il n’y a donc aucune raison de l’importuner avec ça. Ils jouent leur rôle de disciples : en échange de l’enseignement qu’ils reçoivent, ils ont à cœur de préserver la tranquillité de leur maître.

Ils ont pensé bien faire !

Pourtant, il faut modérer cet arrière-plan culturel : il est vrai qu’à l’époque, les petits enfants sont considérés comme des personnes de peu d’importance, mais en même temps, on voit bien dans l’Ancien Testament qu’avoir des enfants est considéré comme une bénédiction. De plus, passé le cap fatidique des 6-7 ans, on accorde une grande importance à l’éducation religieuse des enfants, surtout des garçons, mais pas seulement : dans la mesure où les femmes ont en charge le respect des règles alimentaires, l’organisation de la piété familiale et l’éducation des garçons jusqu’à 7 ans, les petites filles doivent donc apprendre les rudiments de l’éducation religieuse qu’elles donneront à leurs fils, toutes les règles de pureté alimentaire et d’organisation de la piété familiale.

– Qui amène les enfants ? Pourquoi ?

Le texte ne le précise pas, mais il y a tout lieu de penser qu’il s’agit des femmes, mères, sœurs ou servantes.

D’après Luc et Marc, elles amènent les enfants à Jésus pour qu’il les « touche ». Matthieu choisit le terme plus religieux d’ « imposer les mains en priant pour eux».

Le terme de « toucher » laisse supposer que les femmes pensent que Jésus a une sorte de pouvoir magique : s’il touche les enfants, ils recevront une force qui les protégera. La démarche des femmes est donc proche de la superstition, mais en même temps, elles ont dû percevoir que Jésus n’est pas un maître comme les autres : dans le contexte de l’époque, elles savaient qu’un maître ne s’intéresserait pas à des petits enfants et les renverrait, elles sont venues quand même !

– Jésus et les enfants :

Jésus les accueille comme il accueille les exclus de toutes sortes de la société de son temps : les malades, les pauvres, les

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mal-vus, ceux qui ne correspondent pas au modèle de pureté des pharisiens… Jésus accorde aux tout-petits et à celles qui s’en occupent l’attention qui leur est refusée partout ailleurs à l’époque.

Jésus répond à la demande puisqu’il touche les enfants, mais il la transforme aussi : par la bénédiction, il les place sous la protection de Dieu.

– Les enfants comme exemple :

Jésus donne les enfants en exemple aux disciples comme en Matthieu 18/1-5 et ses parallèles (Marc 9/33-37 et Luc 9/46-48).

Si Jésus donne les enfants en modèle aux disciples, ce n’est pas parce qu’ils représentent un modèle d’innocence, de pureté ou de perfection morale, mais parce qu’ils n’ont pas de prétention, et se trouvent dans une situation de dépendance.

On peut objecter qu’il y a un point faible dans le fait de prendre les enfants comme modèle, c’est que pour les enfants, il est normal (c’est presque un dû) de tout recevoir de leurs parents alors que Dieu ne nous doit rien et qu’il attend que nous soyons reconnaissants. Disons qu’en objectant ça, on va probablement plus loin que ce que Jésus avait à l’esprit en donnant les enfants comme modèle pour deux raisons :

D’abord, parce que les enfants dont parle Jésus sont probablement de très jeunes enfants (le terme grec le laisse entendre et ils ne sont accompagnés que de leurs mères). A cet âge, les enfants n’ont pas encore le recul nécessaire pour envisager ce qu’ils reçoivent soit comme un don, soit comme un dû, ils répondent simplement à ce qui leur est donné par un amour inconditionnel et fusionnel avec leurs parents. La dépendance leur paraît naturelle et ils ont confusément conscience de ne pas pouvoir vivre sans leurs parents, ils n’envisagent même pas leur vie sans leurs parents.

C’est un peu ce type de relation que Jésus souhaite que nous ayons avec Dieu : savoir que nous lui devons tout et que nous ne sommes rien sans lui, avoir besoin de lui, lui faire toute confiance, l’aimer.

Quelques conseils pour raconter aux enfants :

L’objectif de raconter ce passage aux enfants est qu’ils comprennent que :

– Dieu nous aime tels que nous sommes, qu’il n’est pas besoin d’être grand ou savant pour être aimé de Dieu (c’est pourquoi Jésus accueille et bénit les enfants) ;

– Jésus nous demande d’avoir avec Dieu une relation de confiance et d’amour qui ressemble à celle qui nous unit dans notre petite enfance à nos parents. C’est ça être enfant de Dieu : être aimé tel qu’on est par Dieu, l’aimer en retour et vivre selon ce qu’il attend de nous (aimer notre prochain)

Il faut faire attention à ne pas faire passer les disciples pour les « méchants » de l’histoire : ils ont pensé bien faire ! Et puis, ce sont encore des disciples, des élèves : ils ont encore des choses à apprendre de Jésus et ils ont appris puisqu’ils ont raconté (et mis par écrit) cet épisode de la vie de Jésus.

Le texte et sa réception :

Ce texte est souvent utilisé pour justifier l’accueil des enfants au baptême. Les Eglises qui baptisent les enfants fondent leur pratique sur l’accueil et la bénédiction des enfants par Jésus.

Pistes d’animation :

– Donner quelques explications sur l’enfance et l’enseignement donné aux enfants au temps de Jésus. On trouvera des éléments notamment dans Vie et coutumes du peuple de la Bible, pp. 14-15 et 16-17. On peut notamment aborder : la séparation filles / garçons ; la fixité des rôles et métiers (les filles apprennent à tenir la maison / les garçons apprennent le métier de leur père), l’importance de l’éducation religieuse, l’enseignement réduit au minimum (sauf pour les plus riches).

– On peut discuter avec les enfants des avantages et des inconvénients d’être enfant aujourd’hui et à l’époque de Jésus, des différences et des points communs entre l’enfance aujourd’hui et à l’époque de Jésus…

– Réaliser un poster sur le thème « Jésus aime tous les enfants du monde » en collant des enfants différents découpés dans des revues. On peut ajouter des prénoms d’origine et de langues différentes…

Crédit : Point KT

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Petit miroir de l’Evangile

Lors d’une réunion d’une importance capitale pour l’avenir du monde, et durant laquelle je portai une attention toute particulière à ce qui était dit, je remarquai sur la grande et belle cheminée un vase, avec quelques fleurs. Au premier abord, dans la pièce aux murs blancs, ce bouquet carmin était d’un goût parfait. Mais en le regardant mieux, je vis que la plupart des fleurs avaient déjà bien vécu. Si elles n’étaient pas encore fanées, il s’en fallait de peu

Toujours hyper concentrée sur le contenu de la réunion, je pris conscience de la magnificence du grand miroir ancien, posé sur la cheminée. De ces miroirs aux cadres travaillés, montant presque jusqu’au plafond, placés pour que les dames puissent à tout moment s’y mirer et corriger une boucle de cheveux ou un nœud de dentelle…

Curieusement, le bouquet, côté miroir, était encore magnifique, frais, coloré et agréable au regard.

Alors, je sus pourquoi la réunion du jour était si importante : le sujet traité était « La révélation ».

Non, ce n’était pas le sujet de la séance officielle, ni de la discussion autour de la table. C’était le thème de l’échange entre le bouquet, le miroir et moi.an

Il est des choses, des idées, des gens que nous avons devant les yeux et qui nous paraissent laids, fanés et bons à jeter. Ce n’est toutefois qu’une apparence. Nous avons, nous les chrétiens, un miroir magnifique : l’Évangile. La Bonne Nouvelle de Jésus-Christ ressuscité nous montre la face cachée des choses. Très souvent, nous nous contentons de ce que nous voyons, au premier regard, alors que le Christ nous encourage à en faire le tour pour en observer toutes les facettes, à la lumière de son amour.

Vous allez me dire : « Le bouquet aurait pu être tourné autrement ! » Et l’apparente fraîcheur des fleurs en façade aurait été contrariée par le reflet des vieux pétales dans le miroir… Eh oui. « Le diable peut citer les Écritures pour ses desseins » nous dit William Shakespeare, et quand on fait le tour des choses humaines, de multiples facettes apparaissent ! Et pas toujours très reluisantes. Mais le miroir révélateur reste quand même l’amour de Dieu et c’est l’image que nous renvoie l’amour de Dieu qui compte pour nous. Même si ce reflet a parfois des apparences défraîchies, l’amour de Dieu ne s’arrête pas aux apparences.

Une année scolaire catéchétique arrive bientôt à son terme. Ce sera le moment des bilans et des perspectives. Ce sera le moment de rappeler aux parents que nous, moniteurs, catéchètes, nous serons là après l’été avec des projets pour les enfants et les jeunes, avec des projets pour toute l’église.

Ayons toujours en main un petit miroir d’Évangile et faisons le tour de toute chose, non pas figés dans notre première impression, mais guidés par la lumière révélatrice de l’amour de Dieu.

Crédit : Patrick Baudet

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Le temps

« Il y a un temps pour tout sur la terre », nous avons souhaité, avec vous, réfléchir sur le temps en vous faisant bénéficier tout d’abord de quelques éléments du dossier

« TEMPS », Feuille Rose N °773 de janvier 2008 – ERF de l’Oratoire du Louvre PARIS, avec autorisation. Trois plumes différentes approchent cette énigme sous l’angle biblique, théologique, philosophique, mais aussi spirituel.

Le temps d’un détour

Nous avons demandé au pasteur Werner Burki d’aborder la question du temps avec une approche plus littéraire.

Le temps m’a manqué pour en bien parler car le temps s’enfuit comme l’onde qui s’écoule et ne revient plus…

La clepsydre est cet appareil servant à mesurer le temps chez les grecs. L’étymologie la décrit comme » mangeuse d’eau » . En effet, le niveau d’eau versé dans l’appareil donne l’indication chronologique du temps qu’il faut pour la faire

« passer » ! Le temps chronos, c’est le temps programmé, linéaire, répétitif qui fait le jour, la nuit et les saisons. Il s’agit du temps prévisible fixant nos rendez-vous de la semaine comme ceux du dimanche et notamment les horaires des cultes et des fêtes… chronos est le temps auquel on pense et que l’on investi d’avance avec notre calendrier.

Charles Baudelaire (Les Fleurs du Mal – l’Horloge) dit : « Souviens-toi que le temps est un joueur avide qui gagne sans tricher à tout coup. C’est la loi, le jour décroît, la nuit augmente : la clepsydre se vide ».

Quant à Paul Géraldy, il affirme que l’histoire d’un amour, c’est le drame de la lutte contre le temps. Le temps pendant lequel nous pensons est toujours très court, le temps pendant lequel nous désirons est toujours interminable.

Le temps serait-il donc cette image mobile de l’immobile éternité comme le suggère Jean-Jacques Rousseau ?

Certains moments sont déclarés parfois comme des moments d’éternité, des moments qui bousculent, bouleversent, remettent en question, convertissent à d’autres itinéraires. Les grecs appellent cela kaïros.

Le temps kaïros bouleverse le temps chronos qui est l’imprévu

Par exemple, la première nuit de Noël retentit comme un kaïros car elle réveille les bergers et fascine les mages.

Aujourd’hui, nous célébrons la fête selon sa programmation chronologique, mais, qu’à cette occasion surgisse un événement imprévu, fort, une joie ou une détresse et alors kaïros intervient dans chronos ! C’est l’inédit, l’irréversible.

Tout semblait bien organisé et, brusquement, tout bascule. L’élément décisif qui nous manquait, ce désir indéfini qui paraissait interminable, est résolu par kaïros qui résout l’insoluble. Alors, nous vivons le temps vécu vraiment, le temps agit dans des occasions qui ne peuvent être répétées. Moment unique.

À l’origine, kaïros est le terme qui sert à désigner, lors de la chasse, la distance précise à laquelle il fallait se trouver pour tirer sur une bête (cible). Kaïros est le temps qui atteint son but.

Le péché est souvent décrit comme le fait de » manquer la cible « , c’est comme si nous avions manqué, contre toute attente, une vision pour nous inspirer, une phrase lue au moment opportun, une personne rencontrée… Temps imprévu, kaïros éclaire alors notre pasé et conditionne notre futur. Cet imprévu surgissant invite à improviser soi-même, son discours, sa vie, la communication avec soi-même et avec autrui.

Pour parler du temps, il importe de considérer ses deux composantes » kairos et chronos « . La poésie et la littérature, comme toute écriture, instruisent à ce bonheur d’agir, de devenir acteur du temps par l’accueil de l’imprévu.

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La clepsydre est le plus ancien instrument pour mesurer les heures. La plus ancienne clepsydre que l’on connaisse a été découverte à Karnak en 1904. Datée du règne d’Aménophis III, vers -1400, elle se trouve aujourd’hui exposée au musée égyptien du Caire. Elle est constituée d’un simple bol conique pourvu d’un orifice à la base, servant à l’écoulement de l’eau.

La mesure du temps se faisait sur des graduations lisibles à l’intérieur du bol. On estime que les premières clepsydres ont été créées en Égypte vers -1600.Ce type de clepsydre à remplissage unique offrait une précision de l’ordre de 5 à 10 minutes.

Werner BURKI

Le juste instant et l’éternité

– Le temps opportun

Pour souligner l’importance de cette notion de temps opportun, les théologiens ont souvent la coquetterie d’employer le mot grec kaïros.Le temps est sans cesse nouveau, et les moments ne sont pas égaux. Une chose bonne à un moment donné peut être impossible à réaliser une autre fois, elle peut aussi être mauvaise à un autre moment. Tout est une question de circonstance, d’adéquation entre l’instant et l’action. C’est ce que développe l’Écclésiaste avec sagesse : Il y a un temps pour tout, un temps pour toute chose sous les cieux… (Eccl. 3). Dans notre vie également, le temps ne tourne pas en rond comme les saisons dans la nature. Chaque année, chaque journée est particulière. Et quand nous prenons une décision, grande ou minuscule, nous changeons le cours de l’histoire. Il nous appartient de suivre le Christ, c’est-à-dire de comprendre le temps présent et de savoir ce qu’il est opportun de faire à cet instant, en ce kaïros particulier, pour que notre action soit bonne et pour que notre parole soit une parole décisive. Cela demande de l’attention pour ceux qui nous entourent et pour notre monde. Cela demande aussi une conscience éclairée pour voir les réalités de plus haut, comprendre leur histoire et espérer un futur. L’aide de Dieu est absolument irremplaçable pour donner ainsi une dimension prophétique à notre liberté.

– Nous ne sommes plus dans un temps ordinaire mais dans la fin des temps

Le Kaïros par excellence, le juste moment entre tous, c’est celui où Dieu a donné son Fils comme sauveur du monde. À cet instant précis, Dieu ouvre une ère nouvelle, celle de la grâce et de la fidélité. Depuis ce moment-là nous ne sommes plus dans un temps ordinaire mais dans la fin des temps. C’est pourquoi les auteurs du Nouveau Testament parlent souvent au présent de la venue du Royaume de Dieu. Il est à la fois déjà là et encore en train d’advenir et nous l’habitons déjà. Tout ce qui est dit dans la Bible sur « la fin des temps » est donc à comprendre comme concernant l’instant présent, tout instant présent de notre existence. C’est maintenant le temps de vivre le jugement de Dieu qui nous purifie et son don de vie qui nous ressuscite.

Vous connaissez sans doute l’histoire de ce barbier astucieux qui avait mis à demeure dans sa vitrine cette annonce publicitaire : demain on rase gratis, toujours demain, et donc jamais.

– La vie éternelle est pour tout de suite

Les promesses contenues dans l’Évangile ne sont pas de cet ordre. La vie éternelle n’est pas seulement une question de vie future, dans l’au-delà, après la mort de notre corps. La vie éternelle est pour tout de suite, c’est notre temps ordinaire qui

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reçoit une dimension d’éternité par la bénédiction de Dieu. Par exemple dans ce passage où jésus dit « celui qui écoute ma parole et qui croit à celui qui m’a envoyé, celui-là a la vie éternelle (au présent, c’est-à-dire dès maintenant), il ne va pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie (déjà passé de la mort à la vie, déjà ressuscité). » De même, Paul dit l’amour ne meurt jamais, et Jean dit que celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui (éternellement, donc). Jean 5,24 ; 1 Corinthiens 13, 1 ; Jean 4,16.

Cette idée d’éternité dans notre temps n’est pas une idée théologique abstraite pour se rassurer à bon compte face à la brièveté de notre temps sur terre. Le temps est une notion très relative pour nous. Il y a des gens qui n’ont jamais le temps de rien faire et des gens occupés qui trouvent toujours du temps. Il y a des minutes qui durent des siècles et des dizaines d’années qui s’envolent en un souffle. Il y a aussi le temps qui passe et il y a l’éternité qui est une dimension bien réelle de notre temps.

Il y a donc une urgence, l’urgence de vivre le temps avec cette dimension-là, celle de l’éternité. Le jour du repos proposé par le Décalogue est un exercice qui nous est donné pour faire place à cette éternité. On peut avoir l’impression de perdre son temps en cessant, un jour par semaine, de produire sans pour autant chercher à « se distraire ». Mais c’est tout l’inverse. Cela nous permet de sanctifier le temps, nous dit la Bible, c’est-à-dire de prendre la mesure de la qualité du temps qui nous est donné quand il est transformé par la bénédiction de Dieu, éternisé par Dieu.

Cela peut vraiment changer notre regard sur le temps, et donc sur notre vie. Je connais des personnes qui ont frôlé la mort et qui ont maintenant un autre rapport avec la vie, avec le temps et avec les autres. Il n’est heureusement pas indispensable d’avoir été gravement malade pour vivre le temps en sachant y recevoir l’éternité dès maintenant, l’éternité de la bonté toute simple, de l’espérance et de la foi.

Marc PERNOT

Le Temps en philosophie

France Farago aborde ici l’énigme du temps en philosophe, mais la théologie n’est pas bien loin.

Dans ses Confessions, perplexe, saint Augustin pose la question de l’être du temps » Qu’est-ce donc que le temps ? Quand personne ne me le demande, je le sais ; dès qu’il s’agit de l’expliquer, je ne le sais plus . « (XI, 14,17) Augustin entreprend donc de sonder ce qu’est le temps dans sa nature quelle est l’essence du temps ? Quel est l’être de son être ?

– Être ou non-être du temps ? Unité ou pluralité ?

Il semble tout d’abord que cette question de l’être du temps ne constitue pas un si grand mystère. Le temps, nous savons tous ce que ce mot désigne, nous en avons une connaissance quasi immédiate nous savons en tout cas qu’il « passe’ qu’il est donc lié au changement. Mais, quand nous voulons comprendre l’être du temps, c’est-à-dire le saisir, notre main se referme sur un vide. Ainsi, s’apercevoir que notre savoir du temps ne sait rien, c’est savoir que le temps est insaisissable, qu’il est non-être puisque le passé n’est plus, que l’avenir n’est pas encore et que le présent ne serait plus temps s’il demeurait présent il serait alors l’éternité. L’être du temps est donc, paradoxalement, de tendre au non être.

Augustin explore le paradoxe fondamental de l’être et du non-être du temps, de son unité dans une apparente pluralité : le présent, le passé, le futur. Il montre que le passé et le futur ne sont que la représentation présente de choses qui ne sont plus ou qui n’existent pas encore. Il y a donc » présence du passé, présence du présent et présence de l’avenir » (XI, 20).

– L’éternel demeure identique

Le temps est lié au changement. Il n’y a temps que quand quelque chose se passe, c’est-à-dire forcément quand quelque chose passe. L’être du temps, c’est ce mouvement de passage. Ce qui ne change pas, l’éternel, demeure identique, c’est-à- dire un ; avec la succession, le temps introduit la métamorphose, donc le multiple, le nombre. Le calendrier est là pour témoigner de la succession des jours, des semaines, des mois, des années… Mais la conscience intime du temps conduit Augustin à l’associer à l’âme, Augustin soulignant que seul l’esprit est capable de mesurer, et que c’est donc dans l’esprit que le temps est mesuré.

– L’homme peut faire l’expérience de l’éternité

Par sa conversion, Augustin s’est détourné de la pluralité du temps pour revenir à son vrai moi fait pour l’éternité. Mais l’éternité ne peut pas être réduite à la représentation que l’homme assujetti au temps peut s’en faire car il n’y a pour Dieu ni passé ni futur, mais simultanéité absolue puisqu’il est l’Etre même.

Toutefois l’homme peut faire l’expérience de l’éternité dans le temps. Telle est l’expérience qu’Augustin raconte dans le livre VII (10) des Confessions lorsqu’il eut, en 386, le sentiment d’être rappelé à lui-même » j’entrai avec votre aide, ô Seigneur, dans le secret de mon cœur, et je vis, comme avec l’œil de mon âme, la lumière immuable ; et cette lumière

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n’était pas la lumière que voit le corps elle n’était pas seulement plus grande, elle était d’une autre sorte, comme ce dont je tiens mon être. Celui qui connaît la vérité connaît cette lumière ; et celui qui la connaît, connaît l’éternité. Et c’est la charité qui la fait connaître.

– L’existence temporelle vécue dans l’alliance avec l’éternel la vie éternelle

Exister, pour l’homme, c’est avoir à devenir l’existence est temporalité. L’être, qu’il ne faut pas confondre avec la vie purement biologique, ne vient à l’homme que peu à peu. D’abord indéterminé, l’homme se détermine en faisant effort pour être, pour s’édifier, pour s’accomplit

Seules les choses et les animaux sont déterminés ils n’ont donc pas à devenir ce qu’il sont. L’homme, lui, reçoit sa vie comme une tâche à accomplit Le temps apparaît ainsi comme la modalité même de l’existence. Loin de ne voir en lui que l’instrument de notre usure et de notre mort qu’il annonce, on doit voir en lui ce par quoi l’être peut nous advenir.

Il s’agit pour chacun de remonter vers son origine, de coïncider avec elle, d’accueillir l’éternité dans le temps.

– Il faut apprendre à vivre chaque instant

Spontanément, les hommes ne prennent pas le temps au sérieux, ils ne voient pas la valeur absolue que, paradoxalement, lui confère son évanescence. Kierkegaard aboutit à la même attitude qu’Augustin : il nous enseigne qu’il faut apprendre à vivre chaque instant qui ne reviendra plus comme l’avènement même de l’éternité. C’est ainsi qu’il pense l’existence à la lumière de l’éternité que l’homme porte en lui car l’existence est » cet enfant qui est engendré par le fini et l’infini, l’éternel et le temporel « . La passion de l’infini est » une anticipation de l’éternel qui se trouve dans l’existence » et, lorsque l’homme s’est rapporté une fois en vérité à l’Eternel, il est reconduit jour après jour à revivre cette étreinte le temps se vit alors sur le mode de l’ » instant » qui est l’expérience de l’éternité dans le temps, laquelle confère ce qu’il appelle la » béatitude éternelle « , qui n’a rien à voir avec l’au-delà ni avec ce que les hommes ont coutume d’appeler le bonheur. La vie, guérie de son tourment, est alors reçue une seconde fois. Fondée sur le rapport à la transcendance qui la régénère, la vie dans l’immanence ne peut plus s’étioler, se scléroser. L’éternité est une modalité d l’expérience temporelle, elle n’est pas perpétuité mais plénitude de la présence, elle est l’être vécu dans le devenir par l’homme qui l’a cherché passionnément.

France FARAGO

Dossier « TEMPS » Feuille Rose N °773 de janvier 2008 – ERF de l’Oratoire du Louvre PARIS, avec autorisation.

Sur le thème du temps vous trouverez sur le site « PointKT » : Excusez-moi, je n’ai pas le temps

De l’usage du temps (suite)

Une fresque d’Abraham… à nos

jours

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Une animation catéchétique sur deux ans avec des enfants de 11 à 13 ans, à raison d’un samedi par mois. Première année, l’Ancien Testament : d’Abraham à l’Exil. Deuxième année, l’histoire du christianisme : de Jésus à nos jours.

Les séances se déroulaient en deux temps séparés par un moment de pause goûter.

Lors de la première partie de la rencontre, nous abordions les récits bibliques ou/et historiques, les commentaires, les développements. Pour certains sujets et suivant les opportunités, nous laissions la place à des intervenants extérieurs, surtout lors de la deuxième année.

Le moment, après le goûter, était réservé à la confection de la fresque de 2 m 50 de long sur 66 cm de large ; nous avons utilisé deux panneaux de 33 cm chacun, pour faciliter la réalisation.

La fresque était divisée, dans sa largeur, en quatre parties peintes de différentes couleurs pâles et marquées de repères chronologiques.

Ces quatre parties correspondaient à quatre domaines que nous avons essayé de définir pour chaque séance : – les personnages importants,

– les faits historiques, – les faits religieux,

– les pays voisins (de l’événement cité) ou environnement géographique.

Pour télécharger le tableau détaillé d’animation catéchétique pour les deux années, cliquer ici.

Ce « programme » sur deux ans apportait une certaine sécurité aux catéchètes, aux enfants ainsi qu’aux parents : « On savait où l’on allait… Il y avait un but ! »

On partait ensemble pour une grande aventure couvrant plusieurs siècles…

À cet âge (11-13 ans), les enfants sont réceptifs aux récits bibliques de l’Ancien Testament, à la vie des grands personnages et aux côtés historiques que nous découvrions à chaque séance.

La première année, les faits historiques « collaient » avec leur programme d’histoire de sixième et la seconde, plus ou moins, avec celui de cinquième !

Les intervenants extérieurs, plus nombreux en seconde année, apportaient un air neuf et donnaient un témoignage de leur foi.

Ce passage d’une catéchèse didactique à une catéchèse plus thématique correspondait également à l’évolution des catéchumènes passant de l’enfance à l’adolescence.

Pour vous inspirer, cliquer ici diaporama de la fresque biblique réalisée à la Maison diocésaine de Raisme – F 59

La fresque, œuvre collective, était un « bon moteur » pour ce long parcours. Le fait de la ressortir au début de chaque rencontre permettait un bref retour en arrière et peut-être une meilleure mémorisation.

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La fresque, une fois terminée, donnait une vision rapide mais finalement assez complète de l’histoire biblique et des faits religieux qui en découlent ainsi qu’un aperçu de l’histoire du christianisme de Jésus à nos jours.

L’exposition de la fresque dans le temple a permis aux paroissiens de visualiser la réalisation des catéchumènes et de se refaire, pour eux-mêmes, une petite remise en mémoire de tous ces faits !

Les catéchumènes qui ont participé à ce programme en ont gardé un bon souvenir et quelques années après en ont retenu les faits importants, en partie grâce à la fresque !

Christine LANGUE, Mia VERCHÈRE et Sophie ZENTZ-AMEDRO

Pourquoi une fête des récoltes ?

Dans bien des églises locales rurales, et en particulier dans l’Artois, un « culte des récoltes » est organisé chaque année à l’automne. Mais pourquoi une telle fête ? Dieu est-il présent dans le blé, dans le raisin ou dans les légumes de notre potager

? Le christianisme n’est-il pas une religion qui cherche justement à s’émanciper de la nature et de tout ce qui pourrait ressembler à de l’idôlatrie ?

La fête des récoltes tire son origine dans le contexte cananéen, et ce avant l’arrivée du Judaïsme. Comme les autres fêtes, elle a été reprise et modifiée pour qu’elle ne soit plus une fête païenne mais une fête en l’honneur de Yahvé.

Il existait alors trois fêtes de récoltes : a) la fête des Mazzot, le pain non levé, célébré lors de la récolte de l’orge ; b) la fête des moissons du blé, Chavuot, célébrée sept semaines après Mazzot, aussi appelée fête des semaines ; et c) la fête des tabernacles, Sukkot, fête des récoltes des fruits et du vin. Celle-ci est devenue progressivement « la » fête des récoltes par excellence.

Israël va donner une nouvelle signification à ces trois fêtes. Mazzot, va commémorer la sortie d’Égypte, Chavuot, la révélation de la loi sur le mont Sinaï et Sukkot, le séjour au désert du peuple hébreu.

Le christianisme reprend à son tour cette tradition en l’adaptant puisque Mazzot devient la fête de Pâques et (la résurrection du Christ), Chavuot devient la fête de la pentecôte. Avec le temps, le christianisme a progressivement pris de la distance avec la création au point de laisser complètement tomber la dernière fête, celle de Sukkot.

Or celle-ci, rappelle justement au peuple hébreu que c’est Dieu qui l’a fait sortir d’Égypte et que donc, à travers la précarité d’une simple tente, chacun peut se rappeler que sa vie ne dépend que de Dieu seul. Alors aujourd’hui, dans notre société moderne et technicienne, remettre à l’honneur la fête des récoltes, ce n’est pas retomber dans le paganisme et l’idolâtrie. C’est au contraire chercher à réconcilier l’homme avec Dieu en lui montrant que sa vie ne dépend que de Dieu.

Il s’agit de retrouver dans les bienfaits que nous obtenons de la nature l’activité créatrice et bien vivante de Dieu.

R e m a r q u e : s i u n t e l c u l t e e s t o r g a n i s é d a n s v o t r e É g l i s e m e r c i d e l e s i g n a l e r s u r l e s i t e : http://www.tempspourlacreation.com/

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