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Trouver sa voie et s y engager

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Trouver sa voie et s’y engager

Les jeunes, quel mystère ! Notre Revue,

une belle histoire d’amour

PP40063337 – 2,95 $

J U IL LE T- A O Û T 2 0 1 7

126eannée

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3

ÉDITORIAL

Un écran de fumée ?

4

TOUR D’HORIZON

5

AU SANCTUAIRE

Les sanctuaires dans l’Église :

En première ligne de la nouvelle évangélisation

16

LES PLUS BELLES PRIÈRES À MARIE Ave Maris Stella

17

LAISSER LE CŒUR CHANTER En toi j’ai tout

18

REPÈRES Le magistère

20

TREMBLEMENTS DE TÊTE Maudite souffrance

21

LES P’TITS BONHEURS Cajoler l’espérance

22

PRIER AVEC LES PSAUMES Un itinéraire spirituel

23

VIVRE

Que faire devant la souffrance ?

24

ARRÊT SUR IMAGE Savoir s’arrêter

25

JE TE CHERCHE

Trouver sa voie et s’y engager

27

LE CRI DE LA TERRE La Floride au Québec ?

28

COUPS D’ŒIL

29

RÉPONDEZ-MOI Question de divorce

29

ÉCHO DES LECTEURS

30

LIVRES

B U R E A U D E S A B O N N E M E N T S

Heures d’ouverture: Lundi au vendredi – 8 h à 16 h Changement d’adresse et abonnement

( 819 374-2441, poste 173

* abonnement@revue-ndc.qc.ca Site Web :www.revue-ndc.qc.ca

11

CAP SUR LES JEUNES Les jeunes, quel mystère !

12

SOUVENONS-NOUS

La revue Notre-Dame-du-Cap: Une belle histoire d’amour

14

REGARDS BIBLIQUES Porter une barbe biblique

Page de couverture :Sentier dans le Parc linéaire de la rivière Beauport Photo : Pascal Huot

Nourrir chez les lecteurs une foi adulte au sein des enjeux du monde actuel

Sommaire

J U I L L E T - A O Û T 2 0 1 7

REPORTAGE

LA SPIRITUALITÉ DES PROCHES AIDANTS : VERS L’ULTIME COMMUNION

Le Canada compte 8 millions de proches aidants. Beaucoup cherchent à donner un sens spirituel ou existentiel à cette mission qui se vit au quotidien.

6

ENTREVUE

MATHIEU LAVIGNE :

S’INSCRIRE DANS UNE FILIATION Non croyant mais à l’aise dans les milieux chrétiens, ce diplômé en histoire pose un regard nuancé sur

notre passé religieux.

9

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NOTRE-DAME-DU-CAP— JUILLET-AOÛT 2017

LA REVUE NOTRE-DAME-DU-CAP Fondée en 1892

Magazine d'information religieuse et de vie spirituelle, publié 10 fois l’an, en association avec la mission du Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap

DIRECTION Gilles Leblanc

RÉDACTION Stéphane Gaudet redaction@revue-ndc.qc.ca

TRÉSORERIE Denis D’Auteuil

ABONNEMENT Michel Bourbeau

COMITÉ DE RÉDACTION

Réjean Bernier, Claudette Lambert, Valérie Roberge-Dion, Sylvie Thibault, Martin Yelle

COLLABORATEURS

Paul Arsenault, o.m.i., Ghislain Bédard, Mélanie Charron, Sébastien Doane, André Doyon, o.m.i., André Dumont, o.m.i., Sylvie Laroche, Georges Madore, s.m.m., Jérôme Martineau, Jean-Paul Simard, Marjolaine Tremblay-Paradis

MAQUETTE ET INFOGRAPHIE iGraf Communication

IMPRIMERIE

Transcontinental Interweb

Membre de l’Association des médias catholiques et œcuméniques (AMéCO)

DÉPOT LÉGAL

Bibliothèque nationale du Canada Bibliothèque nationale du Québec ISSN 0700-6500

PP4006337

SANCTUAIRE NOTRE-DAME-DU-CAP HORAIRE DES CÉLÉBRATIONS

Lundi au vendredi 11 h et 16 h : Messe (Petit Sanctuaire)

15 h 30 : Chapelet (Petit Sanctuaire) Samedi

11 h : Messe (Petit Sanctuaire) 16 h : Messe (Basilique)

Dimanche

8 h 30 : Messe (Petit Sanctuaire) 10 h et 16 h : Messe (Basilique) 11 h 30 : Messe (Sous-sol basilique)

INFORMATIONS Téléphone : 819 374-2441 www.sanctuaire-ndc.ca Courriel : pelerinages@ndc-cap.com ABONNEMENT AU CANADA

1 an : 20 $ – 2 ans : 38 $ Toutes taxes comprises

ABONNEMENT AUX ÉTATS-UNIS 1 an : 24 $ US

AUTRES PAYS 1 an : 35 $

Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada à :

Revue Notre-Dame-du-Cap 626, rue Notre-Dame Est Trois-Rivières, Québec G8T 4G9

ÉDITORIAL

par Stéphane Gaudet, rédacteur en chef

redaction@revue-ndc.qc.ca

L

e 13 avril dernier, le gouvernement a déposé à la Chambre des Com - munes son projet de loi visant à légaliser et à réglementer la mari- juana récréative au Canada. Selon le gouvernement, l’initiative vise à protéger les mineurs et à retirer le commerce de cette drogue des mains criminelles.

Malgré ces intentions louables, le projet de loi soulève des inquiétudes légitimes dans le milieu médical. La consommation de ce psychotrope n’est pas sans danger, surtout pour les ado-

lescents et jeunes adultes, dont le cerveau est en plein développement. Les adolescents qui consomment du cannabis présentent de deux à trois fois plus de risques de développer un problème de santé mentale. Les évêques cana- diens, dans leur Déclaration sur la crise des

opioïdes et de la toxicomanie au Canada, ont raison de qualifier de « poten- tiellement dangereuse » l’initiative du gouvernement.

Déjà aux prises avec de graves problèmes de consommation de drogues, les communautés autochtones sont aussi inquiètes. Leurs chefs croient que la légalisation du cannabis pourrait aggraver la situation.

On peut être sceptique quant à l’atteinte des deux objectifs avancés par le gouvernement. La légalisation n’éliminera pas le marché noir (il demeure prospère au Colorado malgré la légalisation dans cet État en 2014), surtout si le prix du cannabis légal n’est pas avantageux ou si sa qualité laisse à désirer au goût des consommateurs. Pour ce qui est de la protection des mineurs, le régime actuel de prohibition n’empêche pas que cette drogue leur soit accessible; il serait surprenant qu’elle le devienne moins en la rendant légale, et ce même si le projet de loi interdit le don ou la vente de cannabis à un jeune – ce qui ressemble à un vœu pieux.

Se pourrait-il qu’il y ait en fait d’autres motifs derrière la légalisation ? Que cette mesure serve à créer un écran de fumée, à paraître coolauprès d’une certaine partie de l’électorat pour faire oublier d’autres décisions gou- vernementales que ces mêmes électeurs trouvent moins cool ? Vente d’armes à l’Arabie Saoudite, maintien des paradis fiscaux, poursuite de l’exploitation des sables bitumineux et de la construction de pipelines…

On est en droit de se le demander. L’argument fiscal ne tient pas, car pour couper l’herbe sous le pied au crime organisé, le produit ne pourra pas être hautement taxé.

Même si des campagnes de prévention suivront la légalisation, le risque de banalisation de la marijuana est bien réel, d’autant plus que le fédé- ral ne prévoit aucun transfert de fonds aux provinces, qui auront à éla- borer des programmes d’éducation et de sensibilisation.

N’y avait-il pas de problèmes plus urgents et plus graves à régler, et qui auraient mérité qu’on légifère avec le même empressement ?

*

C’est un plaisir pour moi de vous annoncer qu’une nouvelle collabora- trice, Sylvie Laroche, commence dans ce numéro une chronique d’un an sur la santé mentale et la foi, intitulée « Tremblements de tête ». C’est prometteur ! Bienvenue dans l’équipe !

*

Le risque de banalisation de la marijuana est bien réel

Un écran de fumée ?

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NOTRE-DAME-DU-CAP— JUILLET-AOÛT 2017

TOUR D’HORIZON

par Stéphane Gaudet

LEs PLUs hEUREUx AU TRAvAiL ? LEs PRêTREs !

LA COnvERsiOn

Les mots de notre foi

…en langue d’aujourd’hui

Se convertir (ou se repentir), c’est se tourner vers Dieu, changer de comportement et de vision. Dans la conversion, il y a l’idée d’un retournement, d’un changement de direction.

Normal : quand on se tourne vers Dieu, on ne peut plus vivre comme avant et on voit les choses différemment !

Les prêtres seraient les travailleurs les plus satis- faits de leur occupation professionnelle, selon une étude menée à l’échelle mondiale par l’Université de Chicago.

Ce haut taux de satisfac- tion s’expliquerait par les liens riches tissés par les membres du clergé avec les personnes de leur entourage.

(CathoBel)

LE CAnAdA ET MARiE Les évêques catholiques du Canada sont invités à consa- crer le pays au Cœur immaculé de la bienheureuse Vierge Marie dans le cadre du 150eanniver- saire de la Confédération.

Chaque évêque est invité à consacrer son diocèse à Marie le 1erjuillet 2017 ou à une autre date autour de la même période.

En 1947, pendant le Congrès marial d’Ottawa, pour la toute première fois, le Canada entier avait été consacré à Marie. Puis en l’année mariale 1954, pen- dant une célébration au Sanc- tuaire Notre-Dame-du-Cap, les évêques canadiens avaient consacré le pays au Cœur imma- culé de Marie. (CECC)

PHOTO: DIEGOCERVO- 123RF

Message du Pape

pour les 375 ans de Montréal

À l’occasion de la messe célébrée en la basilique Notre-Dame pour le 375eanniversaire de la fondation de Montréal, Sa Sainteté le Pape Fran- çois s’associe à la joie et à la prière de toutes les personnes présentes. Il salue cordialement les représen- tants de la société civile et tous les habitants de Montréal. Le Saint-Père rend grâce au Seigneur pour la foi et l’espérance qui ont conduit des hommes et des femmes venus de France à fonder Ville-Marie. Ils ont ainsi manifesté que « [la] foi authen- tique – qui n’est jamais confortable et individualiste – implique toujours un profond désir de changer le monde, de transmettre des valeurs, de laisser quelque chose de meilleur

après notre passage sur la terre » (Evangelii gaudium, 183). En fidélité aux intuitions évangéliques des fon- dateurs de Ville-Marie, le Saint-Père encourage tous les habitants de Montréal à construire des ponts entre les hommes dans le respect de leurs différences et à contribuer ainsi à l’édification d’une société plus juste et plus fraternelle. Avec cette espérance, par l’intercession de Notre Dame de Ville-Marie et de saint Joseph du Mont-Royal, il confie la ville de Montréal et tous ses habi- tants au Seigneur.

Texte lu par le Nonce apostolique au Canada, Mgr Luigi Bonazzi, le 17 mai 2017.

PHOTO: MICKAELPOLLARD- WIKIMEDIACOMMONS

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NOTRE-DAME-DU-CAP— JUILLET-AOÛT 2017

AU SANCTUAIRE

par Stéphane Gaudet

Les sanctuaires dans l’Église

En première ligne de la nouvelle évangélisation

L

e 1eravril dernier, le Vatican a publié le motu propriointi- tulé Sanctuarium in Eccle- sia (les sanctuaires dans l’Église).

Dans cette lettre apostolique, le pape François décrète que les sanc- tuaires doivent être vus comme des lieux d’évangélisation et qu’ils relèveront désormais du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation. Les sanc- tuaires étaient jusqu’ici sous la juridiction de la Congrégation pour le clergé.

« Par nature, le sanctuaire est un lieu sacré où la proclamation de la Parole de Dieu, la célébration des sacrements, en particulier la récon- ciliation et l’eucharistie, et le témoi- gnage de la charité expriment le grand engagement de l’Église pour l’évangélisation; et ainsi, il consti- tue un véritable lieu d’évangélisa- tion où, de la première annonce à la célébration des saints mystères, il rend manifeste la puissante action par laquelle la miséricorde de Dieu agit dans la vie des gens », écrit le Pape.

En vertu de ce motu proprio, le Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation peut désormais éri- ger de nouveaux sanctuaires, met- tre en œuvre des mesures pour renforcer le rôle évangélisateur des sanctuaires et promouvoir la piété

populaire, s’assurer que soit offert aux pèlerins un accompagnement spirituel et ecclésial concret qui permette une expérience person- nelle authentique, et valoriser l’aspect culturel et artistique des sanctuaires.

Le Pape reconnaît aussi que les sanctuaires sont perçus comme haltes de calme, de silence et de contemplation dans la vie fréné- tique d’aujourd’hui. Ils peuvent être « de véritables refuges où se redécouvrir soi-même et retrouver la force nécessaire à la conver- sion ».

Pour le père Pierre-Olivier Trem- blay, o.m.i., recteur du Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap, les sanc-

tuaires ont longtemps été vus comme des lieux pour les gens déjà convertis, une institution de

« seconde ligne, la première ligne étant les communautés parois- siales. » Mais sans renier cette réa- lité ni s’en désintéresser, ils jouent aussi de plus en plus un rôle de pre- mière ligne « pour les gens qui, sans passer par les paroisses, arrivent directement ici : des gens qui sont en recherche, peut-être pas prêts à participer aux moments de prière, à la confession, à l’eucharistie, aux dévotions, mais qui viennent ici pour vivre quelque chose. On doit réfléchir à ce qu’on va leur offrir ».

La lettre du Pape vient en quelque sorte confirmer ce qui se fait déjà et ce qu’on voit émerger au Sanc- tuaire Notre-Dame-du-Cap. « Oui, on continue de mettre l’accent sur l’accueil, sur la beauté des lieux, sur l’ouverture à la spiritualité des gens sans conditions et sur la culture, mais c’est aussi un appel à aller plus loin », nous confie le père Tremblay.

*

Pèlerinage Marie-Reine-de-la-Paix

À pied de Montréal à Cap-de-la-Madeleine, du 6 au 15 août 2017 Pour les personnes de tout âge et les familles

Expérience spirituelle vécue dans la fraternité et la nature Animation spirituelle : abbé Jacques Ménard

Pour information et inscription :

Lucette Beaudoin 514 259-1300    lucette.beaudoin.2028@gmail.com Marie Fortin 514 328-9423   melijofortin@hotmail.com

PHOTO: PIERREMONTREUIL

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NOTRE-DAME-DU-CAP— JUILLET-AOÛT 2017

REPORTAGE

E

n ce début d’été, des milliers de pèlerins franchissent les portes de l’Oratoire Saint- Joseph pour se recueillir ou pour demander une guérison. Parmi ces gens, il s’en trouve sans doute un grand nombre qui viennent deman- der la force de poursuivre leur mis- sion auprès d’un proche souffrant.

Ces pèlerins ne le savent peut-être pas, mais le fondateur de l’Ora- toire Saint-Joseph, le frère André, est maintenant désigné comme étant le saint patron des proches aidants. Le célèbre thaumaturge a reçu ce titre lors de l’assemblée plénière des évêques du Canada de 2016.

Pour les 8 millions de proches aidants du Canada, il s’agit très certainement d’une bonne nou- velle. En effet par cette décision, les

évêques canadiens reconnaissent que les personnes qui consacrent une grande partie de leur temps à soigner gratuitement un proche malade sont souvent engagées dans une recherche spirituelle ou exis- tentielle dont le but est de donner sens à cette mission qui se vit au quotidien.

inTOLÉRABLE nÉAnT

La recherche d’un sens à la vie est rarement prise en considération par les études scientifiques qui se penchent sur le vécu des proches aidants, comme le souligne Claire Orieux, psychologue, dans l’essai qu’elle a rédigé en vue de l’obten- tion du doctorat en psychologie1. Pourtant, cette recherche de sens est un élément crucial dans la

vie de plusieurs proches aidants, surtout ceux qui accompagnent une personne aimée vers la mort.

« Dans cette expérience extrême de confrontation à la mort, rien ne saurait être plus insupportable que le non-sens. Le plus gros non-sens de toute cette expérience pourrait en effet se nicher dans l’inexistence absolue de toute évolution person- nelle, de toute transformation ou de tout questionnement existentiel.

Ce néant serait bien trop intoléra- ble et invivable », écrit la docteure en psychologie.

Jean Désy, médecin, auteur, poète, explorateur et spécialiste des Amé- rindiens, partage tout à fait ce point de vue. « J’en ai vu des morts et des suicidés. Si nous sommes croyants, ce que l’on espère, mais c’est toffe

La spiritualité des proches aidants

vers l’ultime communion

par Yves Casgrain

PHOTOS: YVESCASGRAIN

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NOTRE-DAME-DU-CAP— JUILLET-AOÛT 2017

– c’est la plustoffedes choses –, c’est que la mort ne soit pas insensée », explique-t-il en entrevue.

Pour aider les futurs médecins dans cette recherche de sens, Jean Désy offre un cours de littérature aux étudiants inscrits à la Faculté de médecine de l’Université Laval.

Celui qui préfère le mot « soignant » à l’expression proche aidant, fait lire à ses étudiants La pestede Camus, Putainde Nelly Arcan et La pesan- teur et la grâcede Simone Weil.

Selon Jean Désy, ces chefs-d’œuvre sont susceptibles de plonger les tout jeunes étudiants en médecine au cœur de ce grand mystère qu’est le mal. « À la fin de mon cours, nous lisons La pesanteur et la grâce.

Comme mystique, Simone Weil est fascinée par la grâce. Pour moi, c’est le seul état dans lequel nous devons être si nous voulons être un soignant jusqu’au bout. Lorsque nous assistons une personne qui est en phase terminale, il y a deux pos- sibilités : soit nous acceptons l’état de grâce, soit nous le nions et nous faisons appel à la loi sur l’aide à mourir ! »

Être en état de grâce, cela n’est pas toujours évident devant les souffrances d’un proche. Louise Lévesque en sait quelque chose.

Croyante impliquée dans la paroisse Saint-François-d’Assise à Montréal, elle a perdu récemment son père alors que sa mère souffre d’un can- cer du sein. « Cela bouleverse une vie ! », s’exclame-t-elle en entre- vue.

LA jOiE PROfOndE

Lors d’une eucharistie, alors qu’elle chante le psaume dit de l’exil à Babylone (psaume 137), Louise a l’impression de sortir de son corps.

« J’étais comme en dehors de moi.

Je me voyais chanter. J’ai chanté ce psaume comme jamais aupara- vant. C’était comme si je me sentais

moi-même en exil. Je me sentais en exil de ma propre vie. Tout était chambardé ! »

Néanmoins, bien que déstabilisée, Louise affirme que sa foi n’a pas été ébranlée pour autant. « Je sais que la mort fait partie de la vie. J’ai confiance. Je crois qu’il y a quelque chose après. » Par ailleurs, elle ne croit pas que la souffrance vienne de Dieu. « Il ne me vient pas à l’esprit que Dieu permette la souffrance. Je pense qu’il est aussi impuissant que nous devant elle. Je le vois comme une présence réconfor- tante bien plus que comme quelqu’un qui va nous guérir en cla- quant des doigts. »

Cette confiance de Louise envers la vie dans l’au-delà et en la présence de Dieu dans sa vie de proche aidante rejoint les théories de Claire Orieux. « La pratique d’une spiri- tualité semblerait parfois favoriser un allégement du poids de la mis- sion. De ce fait, se déposer auprès d’un au-delà ou d’un Dieu soute- nant, accueillant et présent dans les

pires épreuves aiderait à se main- tenir debout et à poursuivre cette mission […] », écrit la psychologue.

Pour autant, Louise ne considère pas la foi comme une panacée contre la souffrance et les émo- tions négatives. « Je pense que tous les proches aidants, qu’ils soient croyants ou non, passent par des phases où ils se sentent démunis.

Lorsque tu es croyant, tu as comme une petite force de plus. La foi, ce n’est pas un truc qui va être un pare-feu à tout. Cela ne te rend pas moins humain. Elle ne te trans- forme pas en super-woman. » Néanmoins, par la foi Louise accède à la joie. « Je ne parle pas de cette joie qui nous fait rire tout le temps.

Je parle ici de la joie profonde, cette joie qui apporte une certaine lumière, même dans la peine.

Quand je vois cette lumière s’affai- blir, cela m’inquiète et je consulte alors mon curé. »

Jean Désy, lui-même croyant, ose lui aussi aborder le thème de la joie lors de notre entretien. « Personne ne

« Il ne me vient pas à l’esprit que Dieu permette la souffrance. Je pense qu’il est aussi impuissant que nous devant elle. » — Louise Lévesque

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NOTRE-DAME-DU-CAP— JUILLET-AOÛT 2017

REPORTAGE >>> suite

sait s’il y a de la joie tant que cela après la mort. Les croyants osent croire qu’il y a la résurrection.

Résurrection ou pas, nous avons le devoir de chercher la joie. Pas la joie mièvre du centre d’achats. C’est complètement nul, cette joie-là.

Non, je parle de celle de la femme qui accouche. Ou encore celle des familles. »

LA « sAGE-fEMME »

Profondément contemplatif, Jean Désy va plus loin encore lorsqu’il parle de la joie de la mort. « Il faut oser en parler. Les mystiques en parlent, comme saint Jean de la Croix, mais c’est quand même une nuit obscure. Le Christ en parle également. »

Sans entrer dans ces considéra- tions avec ses patients, Jean Désy croit néanmoins que « les meil- leurs soignants, les plus grands soi- gnants, sont ceux qui rapidement ont un contact avec l’âme de l’au- tre quel que soit son mal ». Bien que le praticien ait l’obligation de main- tenir une certaine distance, le

médecin croit qu’il y a des moments où il doit entrer en relation avec son patient, surtout lorsque ce dernier souffre d’une maladie mortelle.

L’intime conviction de Jean Désy trouve écho dans ce passage de la thèse de doctorat de Claire Orieux, réalisée grâce à des témoignages de proches aidantes : « Être avec l’au- tre en communion, s’unir à lui dans une présence souvent silencieuse et bienveillante, être ensemble et connecter jusqu’à la fin, voilà ce qui nous apparaît comme le cœur et l’essence même de l’accompagne- ment selon l’expérience de ces femmes. »

Cette communion, Louise l’a vécue avec un de ses anciens compa- gnons de travail atteint par un can- cer. « Il m’appelait toujours la révérende. Il n’était pas pratiquant.

Il voyait en moi une sorte de pas- teure. Lorsqu’il est tombé malade, il ne voulait pas voir le prêtre. Il se confiait à moi. Un jour, il me confie qu’il a peur de partir, car il craint de ne pas être bien accueilli puisqu’il

n’a pas toujours été gentil avec sa femme. Je l’ai réconforté en lui disant que tous étaient accueillis avec amour. Que c’était là ma conviction ! Il est mort pas long- temps après. J’ai été la sage-femme qui a aidé son âme à naître au ciel.

J’ai facilité son passage vers l’autre côté », se souvient Louise, les yeux soudainement embués.

Pour atteindre cette relation avec l’autre et toucher cette profondeur, il faut, selon Jean Désy, beaucoup d’humilité. « Un soignant ne peut pas être un vrai soignant s’il n’est pas humble dans son soin. L’humi- lité est fondamentale. Un jour, nous sommes le soignant de quelqu’un.

Puis un jour, nous devenons le soi- gné de quelqu’un. C’est indubita- ble. »

Cette humilité est indispensable quand vient le temps de discerner si accompagner un proche dans sa maladie chronique ou vers sa mort est une mission pour nous. « On a le droit de se croire incapable d’être un aidant », souligne avec force Jean Désy. Louise partage tout à fait cette opinion. « Ce n’est pas tout le monde qui peut le faire. La seule chose importante pour moi, c’est qu’il ne faut pas abandonner le malade. »

Choisir de devenir un proche aidant peut s’avérer un cheminement spi- rituel fait de nuits obscures et de joies transcendantes. L’accompa- gnement peut alors se transformer en un voyage vers soi et vers l’autre, puis s’ouvrir vers l’ultime commu- nion.

*

1Claire Orieux, L’expérience spirituelle et existentielle d’accompagner un proche en fin de vie dans le milieu des soins palliatifs, Essai présenté comme exigence partielle du docto- rat en psychologie, UQAM, septem- bre 2016.

« Un jour, nous sommes le soignant de quelqu’un. Puis un jour, nous devenons le soigné de quelqu’un. » — Jean Désy

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Mathieu Lavigne

s’inscrire dans une filiation

D

iplômé en histoire, il a écrit dans plusieurs publications chrétiennes, travaille au Centre culturel chrétien de Mont- réal et à Radio VM où il anime, entre autres, une émission sur la vie consacrée. Mais Mathieu Lavigne n’est pas croyant. Entretien avec un agnostique très à l’aise avec le reli- gieux.

Comment se fait-il qu’un agnos- tique s’intéresse aux milieux ecclé- siaux et au christianisme au point d’y travailler ?

Il y a d’abord un élément de hasard.

Tout découle de ma rencontre avec Louise-Édith Tétreault, qui m’a invité à collaborer au Centre cul- turel chrétien de Montréal. C’est à partir de là que j’ai plongé dans ce milieu. Pourquoi y suis-je resté ? Ce milieu vient rejoindre plusieurs éléments de qui je suis, entre autres le fait d’avoir étudié en histoire des idées. C’est devenu pour moi un lieu d’échange d’idées et de réflexion. C’est aussi un désir de comprendre les croyants. Je suis agnostique, mais j’ai toujours été intrigué par la quête d’absolu. Les gens qui croient et qui ont un agir cohérent avec leurs croyances m’in- téressent, à la fois pour m’aider à comprendre le monde qui m’en- toure, mais aussi pour leur désir d’absolu. Il y a aussi la question des valeurs : si j’étais tombé dans des milieux dont les valeurs ne recou- paient pas les miennes, je serais parti. J’ai souvent l’impression, en côtoyant les gens des milieux reli- gieux, qu’on partage l’essentiel, c’est-à-dire les valeurs de solidarité, de fraternité. Aussi, ce qui me fas- cine chez certains croyants, c’est le don de soi. Ils sont pour moi des modèles de vie, de réflexion, d’ou- verture.

Beaucoup de gens qui se disent agnostiques au Québec rejettent notre passé religieux. Que pensez- vous de ce rejet ?

Le passé religieux du Québec est une chose beaucoup trop com- plexe pour être rejetée en bloc. J’en- tends des gens qui rejettent tout et ne voient aucune possibilité d’en tirer des repères ou des enseigne- ments, mais je suis incapable d’un tel rejet global, sans nuances. Les excès dont parlent ces gens, je ne les ai pas vécus. Mais ce n’est pas qu’une question d’âge, c’est aussi un souci d’honnêteté intellectuelle comme historien. Il faut un regard nuancé.

Vous avez déjà exprimé dans vos écrits un besoin de filiation. D’où vient un tel besoin ?

J’entends par filiation le besoin de m’inscrire dans quelque chose de plus grand que moi, qui me précède et qui va me survivre. C’est peut-être là qu’elle est, la transcendance que je cherche. La transcendance, ce n’est pas nécessairement Dieu. Ce peut être espérer que quelque chose que l’on fait va perdurer. Pour cer- tains, c’est le fait d’élever ses enfants, le don de soi. Tout est tel- lement à court terme aujourd’hui que moi, j’ai besoin de sentir qu’on est dans une continuité. La vie d’une personne ne commence jamais le jour de sa naissance, nous

PHOTO: LANLEPHAN

ENTREVUE

par Stéphane Gaudet

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NOTRE-DAME-DU-CAP— JUILLET-AOÛT 2017

sommes tous le fruit de ce qui nous précède. Sinon, on manque de racines. Le manque d’enracine- ment dans un monde comme celui d’aujourd’hui où tout va tellement vite signifie qu’on risque de partir au moindre coup de vent. Il faut s’ancrer, savoir qui tu es, d’où tu viens. Une fois bien ancré, tu peux affronter plus facilement ce que la vie apporte d’incertitudes. Monter sur les épaules de ceux qui nous ont précédés nous permet de voir plus loin. Ce n’est pas regarder vers le passé, c’est s’en servir comme trem- plin.

Qu’avez-vous découvert sur la vie consacrée en animant l’émis- sion Vie religieuse aujourd’hui et demain?

Énormément de résilience. On entend souvent dans les médias;

« Les communautés religieuses vont disparaître. » Ce qui me renverse, c’est que les communautés reli- gieuses m’ont souvent dit : « C’est pas grave. Ça va continuer autre- ment. » Il y a une telle confiance…

J’imagine qu’il y a des moments d’angoisse parfois, mais jamais je n’ai senti de panique. Elles ont une réflexion d’une grande lucidité et une ouverture à ce que sera l’avenir.

Les communautés se disent : « On continue, c’est dans le mouvement qu’on va se renouveler. » Ce n’est pas en attendant passivement qu’il va se passer quelque chose, la vie est mouvement.

Avez-vous une vie spirituelle et si oui, à quoi ressemble-t-elle ? Bernard Émond et l’idée de catho- licisme culturel me parlent beau- coup. J’ai une vie de l’esprit qui est une vie des idées, mais aussi la recherche de transcendance dans la filiation. Ma vie spirituelle est sur- tout éthique. Je me questionne sur chaque geste que je pose dans le quotidien, toujours en posture de

doute. Je suis guidé par l’idée de présence aux autres, de faire aux autres le bien qu’on aimerait qu’on nous fasse. C’est un humanisme, et je ressens le besoin d’être cohérent;

j’aimerais être toujours cohérent avec mes principes et mes valeurs.

Je suis déçu de moi quand je trouve une contradiction. Je crois en l’hu- main et je veux tellement que le séjour de tout le monde sur terre se passe le mieux possible ! Moi, je suis bien quand les autres autour de moi sont bien. Je réagis beaucoup moins à une injustice que je vis qu’à une injustice vécue par quelqu’un d’autre.

Vous êtes le papa de Thomas. Que souhaitez-vous lui transmettre comme voie spirituelle ?

J’explique à Thomas ce qu’est une crèche. Ça fait partie du réel. Je ne veux pas qu’il arrive à l’adolescence et soit incapable de lire les symboles autour de lui. Oui, c’est l’héritage chrétien catholique, tradition majo- ritaire chez nous, mais si on tombe sur des éléments d’une autre tradi- tion religieuse, je lui explique aussi.

Ce que je veux lui léguer, c’est sur- tout une ouverture, ainsi que les bases intellectuelles pour com- prendre les autres et ensuite dialo-

guer avec eux plutôt que juger. Je veux que rien ne lui soit étranger.

Aussi, l’humilité. C’est à contre- courant, mais je trouve qu’il y a une beauté dans l’effacement du soi, une noblesse de se mettre à l’écart pour laisser la place à l’autre afin qu’il puisse briller !

*

L’émission Vie religieuse aujourd’hui et demain reviendra pour une deuxième saison à l’antenne de Radio VM dès septembre 2017. Pour écouter toutes les émissions de la première saison :

www.crc-canada.org/emission- radio-vie-religieuse-aujourdhui-et- demain

ENTREVUE >>> suite

Mathieu Lavigne anime les émissions Faire justice autrementet Vie religieuse aujourd’hui et demainsur les ondes de Radio VM.

Monter sur les épaules de ceux qui nous ont précédés nous permet de voir plus loin.

PHOTO: SPHANEGAUDET

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NOTRE-DAME-DU-CAP— JUILLET-AOÛT 2017

CAP SUR LES JEUNES

Les jeunes, quel mystère!

nous présente dans sa chronique

« Je te cherche ».

D’un autre côté, nous voyons aussi, dans les médias et dans notre entourage, une jeunesse qui semble sens dessus dessous, la tête penchée sur des écrans, attirée par le gain et la notoriété instantanée. Et cela nous attriste parfois ou nous indigne à d’autres moments. En observant la jeunesse, nous arri- vons peut-être à l’interprétation suivante : de nombreux jeunes semblent à cent lieues des préoc- cupations spirituelles et religieuses.

Il est nécessaire de laisser venir à nous toutes ces émotions contra- dictoires face à la jeunesse. Se réjouir et parfois se désoler, mais, toujours, l’aimer. Aimer la jeunesse d’aujourd’hui dans tout ce qu’elle a de mystérieux.

Pouvons-nous, comme commu- nauté de lecteurs et de lectrices, aller à la rencontre du mystère des jeunes générations ? Pouvons-nous, ensemble, apprendre à aimer les jeunes et à les connaître ? Pouvons-

nous devenir, auprès des jeunes que nous côtoyons, d’éventuels témoins de ce qui nous habite en profondeur ? Des témoins qui res- pectent, qui révèlent, qui proposent une spiritualité et une manière de goûter au religieux qui puisse leur ressembler ?

PARTiR à LA dÉCOUvERTE

J’aurai l’audace, au fil des mois, de partir avec vous, humblement, à la découverte du mystère des jeunes.

Ceux qui partagent nos routes, qui nous semblent parfois égarés, qui cherchent pourtant des relations signifiantes, et qui, toujours, cher- chent à être heureux. Tout comme nous.

Alors qu’ils nous semblent inac- cessibles, les jeunes sont pourtant si près. Enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants, neveux, nièces, ils nous entourent. Je vous invite à inscrire sur cette page, dans les marges qui entourent cette chro- nique, les noms des jeunes qui par- tagent de près ou de loin votre univers. Vous pourriez aussi inau- gurer une première page d’un jour- nal de bord pour aimer la jeunesse.

Inscrivez les noms des jeunes en chair et en os que vous connaissez et le lien que vous avez avec eux. Ces jeunes seront portés spirituelle- ment par nous tous et toutes, com- munauté de lecteurs et lectrices, qui voudrait leur faire découvrir comme il est grand et bon de se mettre en route à la découverte du mystère de la vie intérieure et de la foi.

Pensons à ces jeunes jusqu’à notre prochain rendez-vous !

*

L

ecteurs et lectrices de cette revue, dont je suis, il est fort probable que nous sommes ouverts aux questions spirituelles et religieuses. Il est aussi fort probable que nous souhaiterions que les jeunes générations s’y intéressent elles aussi. Nous côtoyons tous et toutes dans notre entourage des enfants, des jeunes, des jeunes familles et des jeunes couples que nous souhaiterions voir intéressés par les mêmes questions spirituelles et religieuses que nous.

ÉMOTiOns COnTRAdiCTOiREs Jeter un regard sur les jeunes dans leur rapport au spirituel et au reli- gieux, selon l’angle de notre regard, suscite souvent des émotions contradictoires. D’une part, nous nous réjouissons de savoir qu’il existe des jeunes engagés en Église, telle l’équipe de Cap-Jeunesse dont nous suivons périodiquement les projets dans cette rubrique. Nous sommes de plus touchés par les options de vie et les valeurs des jeunes inspirants que Martin Yelle

par Mélanie Charron

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NOTRE-DAME-DU-CAP— JUILLET-AOÛT 2017

SOUVENONS-NOUS

par Gilles Leblanc, directeur

I

l y a 125 ans, le 1erjanvier 1892, débute la publication des Annales du Très-Saint-Rosaire.

Son rédacteur fondateur, le père Frédéric Janssoone, y formule le souhait suivant : « Fasse la douce Reine N.-D. du Rosaire que nous puissions publier dignement ses louanges dans ses Annales

dont nous offrons aujourd’hui le premier numéro à la piété des fidèles. » Dans un modeste format de 4 pouces par 7 pouces, l’imprimé se déploie sur 20 pages et l’abonne- ment annuel est dispo- nible à 35 cents.

Le directeur-propriétaire et gérant, le curé Louis- Eugène Duguay, présente pour sa part la ligne édi- toriale de la revue : « Les

Annales, en parlant de Marie, décri- ront sa vie, ses sanctuaires, ses reliques, ses miracles… La rédaction se fera en collaboration... Le Père Frédéric, franciscain, nous offre, surtout pour les trois premières parties des Annales, son large concours. »

LE RELAis AUx OBLATs

En mai 1902, les Missionnaire Oblats de Marie Immaculée devien- nent les gardiens du sanctuaire dédié à Notre-Dame-du-Cap. Ceux- ci poursuivent l’œuvre des deux pionniers avec la publication des Annalescomme un écho du lieu de pèlerinage et un moyen de promouvoir la dévotion mariale.

Le père Louis Gladu, o.m.i., est le nouveau directeur de la Revue. Il lui donne une meilleure allure avec un plus grand format de 32 pages et de nom- breux dessins et photos, au coût de 50 sous par année. En avril 1903, on dénombre 7 600 abon- nés, un chiffre qu’on souhaite augmenter lar- gement au cours de l’Année mariale de 1904, qui culmine avec le cou- ronnement de la statue de Notre- Dame du Cap par le légat papal.

Suit la période des guerres mon- diales de 1914 et de 1939. En 1919, la publication devient les Annales de Notre-Dame du Cap. Les pères

oblats J.B. Lévesque, Alexandre Faure, Arthur Joyal, Elphège Richard, P.E Breton, E.E. Vanier et Laurent Tremblay mettent la main à la pâte et tiennent le fort pendant des années plus difficiles au plan économique.

Puis arrive le père Eugène Nadeau, o.m.i. (1935-1948), qui donne un nouvel élan avec sa plume alerte et vigilante. Avec lui s’amorce un courant axé sur la promotion du lieu de pèlerinage et la piété mariale.

S’enclenche également une vaste vague d’enthousiasme pour la construction de la basilique. En 1945, sous l’appellation Notre- Dame-du-Cap, Reine du Très Saint Rosaireen page de couverture, le périodique continue sa diffusion à une ascension régulière pour attein- dre les 80 000 abonnés.

LE TiRAGE à sOn sOMMET

Directeur de la Revue pendant 28 ans (1948-1976), le père Lionel Montour, o.m.i., et ses adjoints suc- cessifs les pères Herman Morin, o.m.i. (1948-1954), Armand Trem- blay, o.m.i. (1954-1963) et Gabriel-

Au Salon du livre de Trois-Rivières le printemps dernier, une dame septuagénaire se présente au kiosque de la revue Notre-Dame-du-Cap, prend un exemplaire de la publica- tion et le serre tendrement sur son cœur. « Ça me rappelle le moment où ma grand-mère revenait de la poste tenant le numéro courant des Annales du Cap à la main, quel doux souvenir pour moi ! », me confie-t-elle avec des larmes dans les yeux.

La revue Notre-Dame-du-Cap

Une belle histoire d’amour

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M. Destrempe, o.m.i. (1970-1983) accentuent le rythme de croissance à la faveur de la croisade du Rosaire et de la construction de la basilique.

C’est l’âge d’or pour le tirage qui grimpera jusqu’à 255 000 abonnés en 1955, grâce notamment au tra- vail acharné des zélatrices – on en a dénombré plus de 1 500 à l’époque. À compter de 1968, la publication ne fait plus référence aux Annalesdans sa désignation et se nomme tout simplement Notre- Dame-du-Cap.

Au moment de la Révolution tran- quille au Québec, la pratique reli- gieuse chute de façon dramatique et le culte marial suscite des ques- tionnements. Dans la mouvance du concile Vatican II et devant à la situation de l’Église d’ici, la revue Notre-Dame-du-Capse doit donc de revoir ses objectifs, de cibler de nouveaux abonnés tout en continuant d’atteindre ses anciens lecteurs et de présenter une évan- gélisation pour des temps nou- veaux. Plus que jamais, il faut opter pour l’audace tout en maintenant la fidélité aux valeurs acquises. Assisté du père Destrempe, c’est le chantier auquel se consacre le père Hervé

Aubin, o.m.i. (1976-1985), dont le passage à la direction de la Revue coïncide avec la joie d’accueillir

« sous la pluie » le pape Jean-Paul II au Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap, le 11 septembre 1984.

Un MAGAzinE dE sPiRiTUALiTÉ ChRÉTiEnnE

À l’été 1985, un nouveau rédacteur en chef est choisi. Il s’agit de Jérôme Martineau, premier laïc à occu- per la fonction. Journaliste de formation, il investit fougue et dynamisme pour réaliser un réali- gnement à la Revue. Il propose d’en faire un magazine de spiritualité chrétienne en y insérant des entre- vues avec des penseurs et des témoins d’ici et d’ailleurs; de plus, des chroniques diversifiées et des reportages rédigés par des journa- listes sont publiés dans les pages de la Revue. Le périodique passe pro- gressivement de 6 à 10 parutions et le nombre de pages, de 24 à 32. Met- tant à profit les développements technologiques, le magazine paraît en couleurs d’une couverture à l’autre.

Appuyé par un solide comité de rédaction, la Revue couvre avec

ampleur des événements tels le centenaire du Sanctuaire et la béa- tification du Père Frédéric en 1988 de même que le centenaire de la Revue en 1992 et l’avénement du nouveau millénaire. Pendant cette période de presque 30 ans, Jérôme Martineau coordonne ses initia- tives avec les directeurs Noël Poisson, o.m.i. (1985-1988) et Paul Arsenault, o,m.i., qui remplit la fonction pendant 23 ans (1988- 2011).

Après le départ de Jérôme Marti- neau en 2013, la direction est confiée au père Bernard Ménard, o.m.i. et, première femme à occuper le poste, Jacinthe Lafrance devient rédactrice en chef. Depuis l’au- tomne 2015, Stéphane Gaudet est le rédacteur en chef de la publication et Gilles Leblanc en est le directeur.

Ils y apportent leur détermination et leur vision d’une publication moderne qui aspire à satisfaire la clientèle actuelle et, en même temps, à séduire un plus large public.

EsPOiR d’Un BEL AvEniR

125 ans de publication des Annales du Très-Saint-Rosaire, puis de la revue Notre-Dame-du-Capconsti- tuent tout un exploit. Que se pour- suive cette longue et belle histoire d’amour tissée au fil du temps entre ses artisans (conseils d’admi- nistration, directeurs, comités de rédaction, chroniqueurs, rédac- teurs, employés du bureau, pigistes, photographes, graphistes, propa- gandistes, imprimeurs, distribu- teurs, et j’en passe) et son lectorat (24 000 abonnés en 2017) !

Espérons enfin que la Revue sera toujours soucieuse de « nourrir une foi adulte chez les lecteurs au sein des enjeux du monde actuel », et ce, en association avec la mission du Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap.

*

Réunion des anciens directeurs et rédacteurs de la Revue pour sa 100eannée de publication en 1991. De gauche à droite, les pères oblats Noël Poisson, Hervé Aubin, Lionel Montour, Paul Arsenault (qui était alors le directeur en fonctions), Laurent Tremblay et Gabriel Destrempe. Photo publiée dans le numéro de juillet-août 1991.

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S

uivez-vous la mode en ce qui concerne l’apparence phy- sique ? J’avoue que j’ai été sur- pris il y a quelques années par la mode hipsterqui a remis les barbes au goût du jour. Du jour au lende- main, je suis passé de barbu soli- taire à membre d’une tribu en expansion. Les barbes et la foi vont- elles ensemble ? Je vous propose de voir ce que représente la barbe dans le monde de la Bible.

LA fAUssE BARBE dEs PhARAOns En Égypte antique, les hommes se rasaient la tête et la barbe. Seul le pharaon pouvait porter une fausse barbe, longue et étroite, qui s’attachait derrière les oreilles. Elle symbolisait sa participation au pouvoir des dieux. Même une reine-pharaonne, Hatshepsout, est représentée avec cette barbe pos-

Porter une barbe biblique

tiche. Dans la Bible, lorsque Joseph est présenté au Pharaon, on le rase (Genèse 41,14).

UnE BARBE dE COnsÉCRATiOn

« Ah, qu’il est bon, qu’il est agréa- ble pour des frères d’être ensemble ! C’est comme le parfum de l’huile précieuse versée sur la tête du grand prêtre Aaron, et qui descend jusqu’à sa barbe » (Psaume 133, 1-2).

En Israël, la barbe était la norme pour les hommes. En particulier, les prêtres et les hommes consacrés (nazirs) devaient garder les cheveux longs et la barbe non rasée. Cette pilosité intacte était un symbole de consécration. « Il ne doit pas non plus se couper les cheveux ou la barbe : il est consacré au service du Seigneur et doit donc laisser sa chevelure et sa barbe pousser libre-

ment jusqu’à la fin de la période qu’il a fixée » (Nombres 6,5).

LA dEMi-BARBE dEs sOLdATs dE dAvid

Le 2elivre de Samuel raconte que les Ammonites rasèrent la moitié de la barbe des soldats de David qui s’étaient aventurés dans leur pays.

Le récit précise que comme ses hommes étaient couverts de honte, David leur demanda de rester à Jéricho le temps que leurs barbes repoussent. Sans barbe, ils ne pou- vaient revenir à Jérusalem et servir dans l’armée du roi.

s’ARRAChER LA BARBE

En revenant de l’Exil à Babylone, ce qu’Esdras voit du peuple resté en Israël est si horrible qu’il s’arrache les poils de la tête et de la barbe en guise de protestation (Esdras 9,3).

Ce geste symbolique – et proba-

REGARDS BIBLIQUES

par Sébastien Doane, bibliste

sebastien.doane.1@ulaval.ca

PHOTO: TVERDOHLIBFOTOLIA

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blement douloureux – indique une réaction émotionnelle intense devant un comportement jugé ignoble : le peuple d’Israël s’est mêlé aux autres.

PAR LA BARBE dEs PROPhèTEs Le prophète Ézéchiel (5,1-4) se rase la barbe et la tête comme geste prophétique pour signifier l’humi- liation et la destruction de Jérusa- lem. Elle devait être assez grande puisque Dieu demande de séparer les poils coupés en plusieurs parts.

Symbole de la destruction à venir, une part sera brûlée au milieu de la ville, une autre sera frappée par l’épée tout autour de la ville, un tiers sera dispersé au vent. Cependant, Dieu demande au prophète de gar- der une petite quantité des poils de sa barbe pour représenter le petit reste d’Israël, ceux qui survivront à la destruction.

Isaïe attribue même à Dieu un geste similaire : « En ce jour-là, avec un rasoir loué au-delà du Fleuve chez le roi d’Assyrie, le Seigneur rasera la tête et le poil des pieds;

même la barbe sera enlevée » (Isaïe 7,20). Dieu utilise l’Assyrie pour attaquer et punir son peuple comme on rase les poils du corps.

quente pour représenter le Christ est un berger portant un agneau.

Cette image répond aux normes gréco-romaines de beauté mascu- line.

Contrairement à l’art gréco-romain, on retrouve dans l’art chrétien de l’Orient des représentations d’un Jésus barbu, aux cheveux longs.

Ces représentations donneront le Christ Pantocratorcher à la tradi- tion orthodoxe.

Christ le bon berger, catacombe de Priscilla, à Rome, 2e-3esiècle

Le prophète Jérémie (48,37) pro- phétise le même sort pour les Moa- bites, ennemis d’Israël. Cheveux tondus, barbes rasées, mains entail- lées, ils doivent porter la tenue de deuil. Se faire couper la barbe fait partie des traitements que les vain- queurs font subir aux prisonniers.

Le livre de Michée (3,7) indique que les faux prophètes devront se couvrir la moustache parce que Dieu ne leur répond pas. Ce geste d’humiliation contraste avec la force et le courage du prophète Michée (3,8). Malheureusement, ce livre n’inclut pas de description ou de photos de la moustache de Michée.

LA BARBE dE jÉsUs

Lorsque je pense à l’apparence de Jésus, je ne peux m’empêcher de voir spontanément les images des films où il est représenté. Quelle que soit la production, Jésus porte tou- jours la barbe. Mais est-ce que Jésus avait vraiment une barbe ?

Étonnamment, au cours des pre- miers siècles, les premières repré- sentations chrétiennes dépeignent Jésus comme un jeune homme imberbe aux cheveux courts et bou- clés. L’image de loin la plus fré-

L’image de Jésus change avec le temps, certains médias américains choisissent même de le représenter en hipster(photo). Une mode qui a peut-être des racines bibliques.

MA BARBE

J’aime beaucoup porter la barbe. Je me rappelle la fierté de pouvoir enfin avoir à 14 ans une jeune barbe.

Ce n’est donc pas à cause de la mode hiptser que je la porte. À 38 ans, on peut dire que ma barbe est aussi fournie que mon crâne est dégarni ! En Matthieu (10,30) et Luc (12,7), Jésus affirme que Dieu a compté tous les poils de ma tête. J’espère que ça inclut la barbe!

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LES PLUS BELLES PRIÈRES À MARIE

par Georges Madore, montfortain

Ave Maris stella (Salut, étoile de la mer)

L

a Vierge Marie occupe une place importante dans la dévotion populaire catho- lique, mais particulièrement en Acadie. L’histoire explique en bonne partie cet attachement à la Vierge.

En effet, le roi Louis XIII, qui avait contribué à la fondation de l’Acadie, avait aussi consacré son royaume à la Vierge. En 1881, la fête de l’As- somption fut choisie comme fête nationale de l’Acadie et en 1884, l’Ave Maris Stellafut choisi comme hymne national acadien.

LE TExTE ET sOn hisTOiRE

Le texte formé de sept strophes date du 9esiècle. Plusieurs mélodies lui ont été apposées, et nombre de grands compositeurs l’ont repris (Monteverdi, Bach, Liszt Dvorak, Langlais...).

Voici une traduction assez littérale du texte :

Salut, étoile de la mer Mère nourricière de Dieu Et toujours vierge,

Bienheureuse porte du ciel En recevant cet Ave De la bouche de Gabriel Et en changeant le nom d’Ève Établis-nous dans la paix Enlève leurs liens aux coupables Donne la lumière aux aveugles Chasse nos maux

Nourris-nous de tous les biens Montre-toi notre mère

Qu’il accueille par toi nos prières Celui qui, né pour nous,

Voulut être ton fils Vierge sans égale, Douce entre tous,

Quand nous serons libérés de nos fautes

Rends-nous doux et chastes

Accorde-nous une vie innocente Rends sûr notre chemin

Pour que, voyant Jésus, Nous nous réjouissions

éternellement Louange à Dieu le Père, Gloire au Christ Roi Et à l’Esprit Saint,

À la Trinité entière un seul hommage

Amen LE MEssAGE

L’hymne commence en attribuant à la Vierge le rôle d’une étoile. Pour- quoi étoile ? C’est une réminiscence des Évangiles de l’enfance. Des mages guidés par une étoile se ren- dirent à Bethléem. « En entrant dans la maison, écrit Matthieu, les mages virent l’Enfant avec Marie sa mère et, se prosternant, lui rendi- rent hommage » (Matthieu 2, 11).

L’étoile évoque aussi l’expérience des marins qui se laissent guider par l’étoile polaire. Le rôle de Marie est donc de nous guider vers son Fils, même à travers la mer mou- vante des événements de nos vies.

Comme c’est elle qui a accueilli Dieu dans notre chair, c’est elle aussi qui nous permet d’entrer

« chez Dieu » : elle est donc la « porte du ciel ».

L’hymne est très christologique.

On demande que l’Enfant né de Marie accueille notre prière par l’intercession de sa mère. Et on conclut en demandant à la Vierge de nous guider pour qu’on puisse connaître le seul vrai bonheur, celui de voir Jésus.

*

Drapeau acadien

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par André Dumont, o.m.i.

En toi j’ai tout

(Psaume 139 revisité avec Thérèse de Lisieux, Cantique de Céline)

LAISSER LE CŒUR CHANTER

PHOTO: MIHTIANDER- 123RF

par André Dumont, o.m.i.

Je prends les ailes de l’aurore, tu es là Dans l’arc-en-ciel, la fleur cachée,

Ces yeux d’enfant : te voici !

« Toi dont la main soutient les mondes, En toi j’ai tout ! »

Où donc aller loin de ton Souffle ? Savoir prodigieux, mystère

qui me dépasse

« Souvent ton amour se dévoile Et j’aperçois comme à travers un voile

Ta main ! »

Où m’enfuir loin de ton visage ? Te sont familiers mes secrets Tout de moi, tu le vois, et pourtant...

« Tu me suis d’un regard d’amour Toujours. »

Si je me pose au-delà des mers, je te vois

Si j’escalade les cieux, tu m’y devances Alors de quoi aurais-je peur ?

« Je t’aime et ne veux rien de plus

Jésus ! »

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L

e charisme de l’enseignement, Jésus l’a donné à son Église par la voix des Apôtres et de leurs successeurs. La mission d’en- seigner toutes les nations, de géné- ration en génération, est exercée, dans l’Église, par ce que l’on appelle le magistère. Ce terme désigne depuis le 19esiècle la fonction et l’autorité d’enseigner dans l’Église.

Quand on parle du magistère de l’Église, on entend habituellement le pape et les évêques. La morale chrétienne, dans l’Église catho- lique, revêtira inévitablement les couleurs de sa tradition, de sa com- préhension de la Parole de Dieu.

Ce magistère n’est pas au-dessus de la Parole de Dieu; il la sert, n’enseignant que ce qui a été transmis, puisque en vertu de l’ordre divin et de l’assistance du Saint-Esprit, il écoute pieuse- ment la parole, la garde religieu- sement, l’explique fidèlement et puise dans cet unique dépôt de la foi tout ce qu’il nous propose à croire comme étant divinement révélé.

Vatican II, La révélation divine LE POUvOiR dEs CLÉs

Parmi ses Apôtres, Jésus a donné à Pierre une vocation particulière :

« Tu es Simon, désormais, tu t’ap- pelleras Céphas, ce qui veut dire Pierre. » À nom nouveau, vocation nouvelle. Pierre et ses successeurs devront être comme des rochers, des appuis, des repères. Depuis toujours, on reconnaît à Pierre une place spéciale, privilégiée parmi les autres Apôtres. C’est ce que l’on a appelé la primauté de Pierre, en vue de la mission que Jésus lui a confiée : « Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église; les puissances de la mort n’auront pas de force contre elle. » Il exercera dans la communauté chrétienne un service

Certes, l’Église est, par la volonté de Jésus, dépositaire de la vérité divine, mais elle n’en est pas pour autant propriétaire. Elle n’en dispose pas à sa guise comme d’une chose qu’on manipule à son gré. Elle est possédée par la vérité de l’Évangile plus qu’elle ne la possède.

En matière morale, le pape n’a donc ni le pouvoir ni le droit d’inventer ou d’imposer arbi- trairement quoi que ce soit.

André-M. Léonard, La morale en questions

REPÈRES

par Paul Arsenault, o.m.i.

Le magistère

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particulier symbolisé par le pouvoir des clés : « Je te donnerai les clés du Royaume des Cieux; tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. » Un vÉRiTABLE sERviCE

Le pouvoir des clés, dans l’Église catholique, est compris comme une autorité particulière confiée à Pierre et à ses successeurs. Les évêques eux aussi, établis par le Saint-Esprit, succèdent aux Apôtres comme pasteurs des âmes. Le cha- risme d’enseignement confié au magistère est un véritable service.

Ce que saint Augustin, au 4esiècle, disait de lui-même à ses fidèles exprime bien ce que devrait être l’esprit du magistère dans le peuple de Dieu : « Je suis évêque pour vous mais chrétien avec vous. »

UnE TÂChE dÉLiCATE

Une tâche délicate à exercer que le charisme d’enseignement du magistère de l’Église. L’exercice de ce ministère nous rappelle que dans les années 30, les propos d’un cer- tain Jésus de Nazareth ont frappé ses contemporains comme un glaive à deux tranchants dans la chair vive des traditions séculaires, des credos d’alors, de la morale en vigueur jusque-là : « Vous avez appris qu’il a été dit… Moi, je vous dis… » Voilà une parole qui ne pas- sait pas facilement.

Un EsPRiT OUvERT

Si certaines déclarations du magis- tère n’attirent pas notre adhésion, il est bon de garder un esprit ouvert au dialogue, libre de tout entête- ment, capable de changer d’idée ou de reconnaître nos erreurs, dans la réflexion et la prière, capable de nous ouvrir à l’Esprit Saint qui a été donné à toute l’Église, pasteurs et fidèles. Quand l’apôtre Paul s’est opposé publiquement à l’apôtre

Le magistère fait confiance à la croissance des croyants et il s’efface à la porte

des consciences.

chutes, les errances ou les luttes au cours du pèlerinage terrestre. Le magistère fait confiance à la crois- sance des croyants et il s’efface à la porte des consciences. Il fait appel à cette loi de la montée, inscrite au cœur de toute personne humaine, en respectant les haltes, les fatigues, les passages tortueux, les nuits de brouillards; il se réjouit des enthousiasmes, des générosités, des recommencements, des petits pas vers l’avant, car, selon un pro- verbe chinois, même le plus long des voyages commence toujours par un simple pas.

*

Pierre lors du conflit d’Antioche, il avait des raisons sérieuses, graves même, de le faire. À la suite de cette intervention courageuse, l’Église ne s’est pas effondrée. Elle s’est ouverte…

Notre Église n’a rien à craindre si elle est fidèle à ce que le Fils lui a révélé, si elle accepte, si chacun de nous accepte d’abandonner ces vieux habits, ces langages conve- nus, ces discours insignifiants et codés qui éloignent les brebis du troupeau, qui leur ferment les portes ou les forcent à parcourir des labyrinthes étranges et tortu- rés avant d’être acceptés.

Olivier Le Gendre, Le risque de Dieu Un BOn EsPRiT CRiTiQUE

Le charisme d’enseignement du magistère fait appel à la conscience responsable. Un adulte dans la foi ne fait pas reposer son agir moral sur la maxime « Tout le monde le fait, fais-le donc ! » Il se tient consciencieusement au courant de l’enseignement de l’Église. Sa pre- mière attitude en est une d’accueil, de considération, d’ouverture.

Toutes les paroles du magistère n’entraînent pas la même adhé- sion. L’homélie d’un pape n’a pas la même force qu’un dogme. Cepen- dant, être accueillant et ouvert n’équivaut pas à une dépendance aveugle et infantile à toute inter- vention du magistère. Garder un bon esprit critique à son égard, loin d’être un manque de foi ou de respect envers l’autorité, est une attitude saine et nécessaire dans l’Église.

dEs PETiTs PAs

À la suite du Christ, le magistère interpelle, respecte les pas de tous les disciples; il encourage et récon- forte les plus faibles à continuer à marcher malgré les obstacles, les

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TREMBLEMENTS DE TÊTE

par Sylvie Laroche

ME vOiCi !

Cette série de dix chroniques qui regarde la santé mentale avec des lunettes chrétiennes ne sera pas un ouvrage technique. Ma profession de comptable professionnelle agréée est loin du domaine psy- chiatrique. Je souhaite partager des réflexions nées d’expériences personnelles, familiales et d’au- tres proches.

POURQUOi LA sAnTÉ MEnTALE ? Parce que notre inconfort vient rajouter une couche importante de souffrance. Certaines maladies plus que d’autres sont porteuses de malaises. Je dirais en exemple que le cancer et le diabète ont une cote

« malaisante » plutôt faible. La schizophrénie, les troubles de per- sonnalité, le trouble bipolaire, le trouble d’anxiété généralisé, les psychoses, etc. ont une facilité à créer de « beaux malaises ». Et à bri- ser des liens.

ÇA COnCERnE QUi CETTE ChROniQUE ?

Tout le monde. La santé mentale, c’est dans tous les milieux, toutes

les classes sociales. Soit vous ou une personne de votre entourage est concerné, parfois même à notre insu. Mon histoire pourrait être la vôtre. Près d’une personne sur cinq souffrira d’une maladie mentale au cours de sa vie, selon l’Institut uni- versitaire en santé mentale de Montréal. Arrêtons d’associer uni- quement la santé mentale à des gens au look étrange, ou qui crient dans la rue.

QUEL EsT L’iMPACT dE nE PAs AGiR ?

Oui, de la maudite souffrance humaine. Et des dégâts sociétaux d’envergure. Pensons seulement au suicide, à l’absentéisme au travail, aux conflits familiaux, à l’impact sur les aidants naturels, à la violence conjugale, aux dépendances, etc. On ne dépense pas en santé mentale, on investit dans la société.

POURQUOi MARiER sAnTÉ MEnTALE ET fOi ?

Les chrétiens sont des ressources méconnues et insoupçonnées. Avec leurs atouts naturels pour tendre l’oreille et la main. Pour regarder

U N TREMbLEMENT DE TERRE SURVIENT . Dans les secondes qui suivent, des images font le tour du monde. Pas étonnant. L’humanité est touchée en plein cœur. D’énormes sommes d’argent sont alors consacrées à la réponse humanitaire. Et qu’en est-il pour les tremblements de tête ? Car, croyez-moi, la tête peut trembler aussi violemment que la terre. En voici quelques similitudes :

plus loin que la maladie. Pour aimer jusqu’au bout. Pour construire une alliance. Car peu importe les souf- frances, la tentation de se mettre en retrait est forte. Mais quand deux ou trois sont réunis, une alliance naît, en présence de la Présence. Ce qui m’a sauvée et continue de me sau- ver sont ces alliés. Ne vous sous- estimez pas, chacun peut être un allié qui transforme une vie.

MOn sOUhAiT PAs TRès BiEn GARdÉ

Les tremblements de tête n’ont pas la popularité médiatique des trem- blements de terre. Par ces chro- niques, je souhaite donc que la santé mentale puisse s’approcher de vous, sans crainte. Qu’on se parle franchement. Que les mots circulent. Que les maux de notre entourage aient un visage. Je sou- haite qu’on apprivoise ces maux et ces visages.

Voici l’aventure que je vous pro- pose. Ce qui est un peu fou, voilà ce que Dieu choisit (voir 1 Corinthiens 1,27). Vous êtes conviés à cette aventure un peu folle !

*

Un tremblement détruit, pour la tête comme pour la terre. La variante

est la vitesse de destruction.

En quelques secondes pour un tremblement de terre.

La tête cependant peut trembler des années, des décennies, et parfois

toute une vie sans recevoir l’aide des secouristes.

Maudite souffrance

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