Prospectus
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 1 (1810-1811), p.I-IV
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I
PROSPECTUS.
ANNALES
DE MATHÉMATIQUES
PURES ET APPLIQUÉES.
C’EST
unesingularité
assezdigne
de remarque que, tandisqu’il
existe une multitude de
journaux
relatifs àla Politique, à la Jurispru-
dence,
àl’Agriculture,
auCommerce ,
auxSciences Physiques et
na-turelles,
aux Lettres et auxArts ;
les Sciences exactes, cultivéesaujourd’hui
si universellement et avec tant desuccès,
necomptent
pasencore un seul recueil
périodique qui
leur soitspécialement
consacré(*),
un recueil
qui permette
aux Géomètres d’établir entre eux un commerce ou, pour mieuxdire,
une sorte de communauté de vues etd’idées ;
unrecueil
qui
leurépargne
les recherches danslesquelles
ils nes’engagent
que
trop
souvent en pureperte ,
faute de savoir quedéjà
elles ont(*) On ne saurait , en effet, considérer comme tels, le Journal de l’école
potytech- nique,
nonplus
que laCorrespondance
que rédige M. Hachette : recueils trèspré-
cieux sans doute , mais
qui,
outrequ’ils
neparaissent qu’à
desépoques
peurapprochées,
sont consacrés presque
uniquement
aux travaux d’un seul établissement.Tom.
I, n.° I, I.er juillet
1810.ij PROSPECTUS.
été
entreprises ;
un recueilqui garantisse à chacun
lapriorité
desrésultats nouveaux
auxquels
ilparvient ;
un recueil enfinqui
assureaux travaux de tous une
publicité
non moinshonorable
pour euxqu’utile
auprogrès
de la science.Frappés
des nombreuxavantages
quepouvait présenter
lapublica-
tion d’un tel ouvrage , les rédacteurs de ces
Annales , long-temps
avant
qu’ils songeassent
à s’en occuper, en avaient conçu leplan
etdésiré l’cxistence. Ils avaient même
fait, auprès
dequelques
person-nes
plus
aportée
et mieux en étatqu’eux
del’exécuter,
des dé-marches
pressantes
pour les solliciter àl’entreprendre ;
et le nonsuccès de ces démarches a seul pu les enhardir à s’en
charger
eux-mêmes. Ils osent croire que tous ceux
qui
airnent et cultivent lessciences exactes
applaudiront
à leur zèle ets’empresseront
de seconderleurs
efforts ;
et que les savans mêmequi pourraient
le mieux sepasser des secours
qu’un
ouvrage de la nature de celui-ci est sus-ceptible d’offrir,
nedédaigneront
pas néanmoins d’accorder leur en-couragement
honorable à uneentreprise
dont le succès nepeut
que contribuer encore à l’avancement de ces mêmes sciencesqui ,
enéchange
de tant de méthodes
précieuses
et de véritésimportantes
dont il lesont
enrichies ,
leur ontprocuré
un si hautdegré
d’illustration.Les Rédacteurs des Annales sentent fort bien tout ce que !a dis-
tance où ils se trouvent du centre des lumières
peut ajouter
de dif-ficultés à leur
entreprise ; mais , plus jaloux
de leurréputation
etde l’estime des savans que
soigneux
de leurs intérêtspécuniaires
ils sont résolus de faire tomber sur eux seuls tous les sacrifices aux-
quels
laposition
peu commode où ils se trouvent doit inévitablement les exposer ; et den’épargner
aucunsoin ,
aucunedépense ,
pour que leur recueil ne soit ni moinssoigné
niplus
coûteuxqu’il pourrait l’être,
s’ilpartait
du sein même de lacapitale.
Ces Annales seront
principalement
consacrées auxMathérnatiques
pures, et sur-tout aux recherches
qui
auront pourobjet
d’en per- fectionner et d’ensimplifier l’enseignement.
Le titre del’ouvrage
annonceassez d’ailleurs que , si l’on
n’y
doit rien rencontrerd’absolument
étranger
auCalcul,
à la Géométrie et à laMécanique rationnelle,
les rédacteurs sont néanmoins dans l’intention de n’en rien exclure de ce
qui
pourra donner lieu à desapplications
de ces diverses bran-ches des sciences exactes.
Ainsi,
sous cerapport,
l’ARt deconjecturer, l’Économie politique,
l’Artmilitaire ,
laPhysique générale, l’Opti-
que,
l’Acoustique, l’Astronomie,
laGéographie,
laChronologie,
laChimie.,
laMinéralogie
, laMétéorologie, l’Architecture civile ,
laFortification ,
l’Artnautique
et les Artsmécaniques , enfin,
pour-ront y trouver accès. On aura
soin ,
ausurplus,
deconsulter,
à cetégard ,
le v0153u duplus grand
nombre dessouscripteurs ,
et des’y
conformer
scrupuleusement.
Avec les matériaux
qu’ils
ont amassésdepuis long temps,
les Ré- dacteurs des Annalespourraient
aisément fournirseuls ,
durantplusieurs années ,
à lacomposition
de leurrecueil ;
mais ils comp-tent
beaucoup
moins sur leurs propres ressources que sur les secours que voudrontbien
leur fournir leurs abonnés etcorrespondans.
Ilsse feront même une loi de
n’occuper
lepublic
de leur travaux per-sonnels, qu’autant
que l’intérêt que ces travauxpourront offrir ,
oul’insuffisance des autres
matières ,
pourra leur servir d’excuse.Chaque
numéro des Annales offrira un ouplusieurs Théorèmes à
démontrer,
un ouplusieurs
Problémes à résoudre. LesRédacteurs ,
dans le choix de ces théorèmes et
problèmes,
donneront lapréférence
aux énoncés
qui pourront
leur êtreindiqués
par leurscorrespondans;
et ils
consigneront ,
dans leurrecueil ,
les démonstrations et solutionsqui
leur seront parvenues ; ilsespèrent
ainsi provoquerchez
lesjeunes géomètres
une utile et louable émulation. Personnen’ignore
d’ailleurscombien ces sortes de défis ont
ajouté
deperfectionnement à l’analise,
au commencement du dernier
siècle ;
et il n’estpoint
déraisonnable de penserqu’en
lesrenouvelant y
onpeut , peut-être,
luipréparer
encore de nouveaux
progrès.
Par les mêmes
motifs,
les Rédacteurs desAnnales
auront soin d’in- sérer dans leur recueil les programmes desprix proposés
par les di-verses sociétés savantes de
l’Europe :
toutes les fois du moins que lesiv
PROSPECTUS.
concours ouverts auront pour
objet
desquestions
relatives aux sciencesexactes, ou aux diverses
applications
dont ellespeuvent
être sus-ceptibles.
Enfin,
unobjet auquel
on se propose dedonner,
dans cesAnnales ,
une attention toute
particulière ,
à raison de l’extrême utilité que lepublic peut
enretirer ,
c’est l’annonce et l’analise des ouvrages nou.vealix , tant nationaux
qu’étrangers,
relatifs aux sciences niathéma-tiques
et aux autres sciencesqui
endépendent.
Ici deux extrêmes sontégalement
àéviter,
savoir : une censuremaligne
etdécourageante qui
ferait redouter aux auteurs de confier aux Rédacteurs dès Annales le soin de faire connaître leurs
productions ;
et une condescendance nonmoins
coupable qui ,
en donnant lechange
sur le mérite réel de cesproductions , tromperait
l’attente dupublic,
etmanquerait
ainsi tota-lement le but.
Heureusement ,
la nature même des ouvrages dont onaura à rendre
compte
dans cerecueil, permet
de tenirfacilement,
entrel’un et l’autre extrêmes , un milieu convenable : ces sortes d’ou- vrages valent en
effet, généralement parlant, beaucoup plus
par le fond des idées que par la manière dont elles sontprésentées ;
et sil’indication pure et
simple
des matières dont se compose un ouvrage degoùt
etd’Imagination ,
et de la liaisonqui règne
entreelles,
n’enpeut
donnerqu’une
idéetrès-imparfaite,
unepareille
indicationsuffit,
le
plus
souvent , pour mettre les savans en mesure d’asseoir leuropinion
sur un traité degéométrie
ou d’analise. Les Rédacteurs des Annales s’attacheront doncprincipalement
àprésenter,
des ouvragesqui
leur seront
adressés ,
uncompte parfaitement
exact , et d’une étendueproportionnée
à leurimportance,
en se rendanttrès-sobres, d’ailleurs ,
tant de
louanges
que deblâme ;
et ilsespèrent
concilier ainsi cequ’ils
doivent aux auteurs, au
public
et à eux-mêmes, En un mot , les Rédacteurs feront tous leursefforts
pour que ce recueil soit exacte- ment telqu’ils
eussent pu désirer de le trouver ,si
d’autresqu’eux
en avaient