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LES CONSEQUENCES SOCIALES DE L AJUSTEMENT EN AFRIQUE SELON LA POLITIQUE DE CHANGE

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(1)

Les conséquences sociales de l’ajustement en Afrique selon la politique de change

u

cours des années quatre-vingt, la majorité des pays afri- cains ont mis en œuvre des politiques dites d’ajustement

A

structurel. I1 s’agit de vastes programmes économiques ayant pour but d’assurer un rééquilibre durable de la balance des paie- ments compatible avec la reprise de la croissance. La condition requise pour y parvenir est d’améliorer la compétitivité des écono- mies vis-à-vis de l’extérieur. Ceci implique généralement à la fois une modification de la structure interne des prix et une réforme des finances publiques.

En raison de leur nature et de leur ampleur, les PAS (Program- mes d’ajustement structurel) ont des conséquences sociales impor- tantes. Ils contribuent en effet à déterminer l’évolution du produit national et la répartition des revenus. Ces conséquences font l’objet d’un vaste débat, suscité par la gravité de certaines situations obser- vées, mais obscurci par la mauvaise connaissance de l’ensemble de l’évolution sociale. Une analyse déductive des mécanismes par les- quels les politiques économiques agissent sur l’économie et ce fai- sant affectent, selon les structures socio-économiques, la situation des différents groupes sociaux, doit permettre d’éclairer le débat (cf. J.P. Azam, G . Chambas, P. et S . Guillaumont, 1989).

Pour une telle analyse, il est important d’identifier précisément la nature des politiques mises en œuvre. En Afrique, la raison prin- cipale de leur diversité est l’hétérogénéité des régimes de change.

C’est pourquoi il a paru utile de montrer que les conséquences socia- les des politiques d’ajustement structurel étaient fortement influen- cées par les choix opérés pour la fmation du taux de change et la réglementation des opérations de change.

L’analyse est conduite en quatre sections. La première résume les buts et les implications de l’ajustement structurel, fondé sur 101

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A J U S T E M E N T E T EEFETS SOCLAUX

la variation du taux de change réel et l’amélioration de la produc- tivité. Dans la deuxième section, la diversité des régimes et des politiques de change en Afrique est ramenée à trois grands types.

La troisième section analyse les implications sociales de la baisse du taux de change réel selon la politique de change, c’est-à-dire essentiellement selon que le pays a recours ou non à la dévalua- tion. La dernière section est consacrée aux conséquences sociales de la politique de change à travers ses effets sur la productivité.

Les objectifs de l’ajustement structurel et ses imdications sociales

L’ajustement structurel a pour but de réduire le déficit cou- rant sans sacrifier la croissance économique. Certes, face à un pro- fond déséquilibre de la balance des paiements courants, il est géné- ralement nécessaire de procéder d’abord à une réduction de la demande globale, politique dite de stabilisation, ce qui entraîne une moindre activité et donc inévitablement un coût social élevé. La stabilisation est d’autant plus nécessaire que l’inflation est dans le pays plus forte qu’a l’émanger. Mais pour que la stabilisation débou- che sur une reprise de la croissance sans accroissement du déficit extérieur, autrement dit pour passer à l’ajustement structurel, il faut que la structure de la production se modifie en faveur des biens susceptibles d’être exportés ou de se substituer à des biens impor- tés, autrement dit des biens qui font l’objet du commerce interna- tional ou biens internationaux (la majeure partie des biens agrico- les et industriels et une part notable des services : tourisme, ingé- nierie...). La politique d’ajustement structurel se caractérise préci- sément par la recherche d’une meilleure rentabilité de la produc- tion de ces biens. Cette meilleure rentabilité peut elle-même être obtenue de deux façons.

La baisse du taux de change réel

Elle peut l’être d’abord par l’accroissement du prix des biens internationaux par rapport à celui des biens et des facteurs de pro- duction domestiques, ceux qui ne font pas l’objet du commerce international (biens alimentaires consommés de façon seulement locale, certains produits de l’artisanat et part substantielle des ser- vices : commerce, transports intérieurs, eau, électricité, ainsi que le travail salarié...). Le prix des biens internationaux est déterminé sur les marchés extérieurs et s’exprime en monnaie locale en fonc- tion du taux de change et éventuellement d’un certain taux de pro- tection commerciale. Le prix des biens domestiques dépend quant

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P. et S. GUILLAUMONT

à lui de l’offre et de la demande intérieures de ces biens. C’est donc l’évolution du prix des biens domestiques qui va déterminer celle des prix intérieurs par rapport à celle des prix à l’étranger pour un taux de change et un taux de protection commerciale don- nés; c’est pourquoi l’on considère, en supposant la protection inchangée, que le prix relatif des biens domestiques et des biens internationaux évolue dans le même sens que le rapport des indi- ces de prix dans le pays et à l’étranger multiplié par l’indice du taux de change effectif nominal (mesuré ici de façon à exprimer le prix de la monnaie nationale en devises). On appelle ce rapport taux de change effectif réel et une des premières modalités de l’ajus- tement structurel est la baisse du taux de change réel ainsi défini.

Les progrès de productivité

La seconde façon dont l’ajustement structurel peut être obtenu est l’accroissement de la productivité. Lorsqu’elle concerne les acti- vités de production des biens internationaux, elle en accroît direc- tement la rentabilité; si elle se réalise dans le secteur des biens domestiques, elle accroît la rentabilité de la production des biens internationaux dans la mesure elle réduit le prix des biens dom&- tiques (Guillaumont P. et S., 1991).

La première modalité d’ajustement structurel qui repose sur une modification des prix est plus facilement ou plus rapidement mise en œuvre que la seconde qui suppose un accroissement de produc- tivité, c’est-à-dire un changement dans la gestion et les techniques de la production. C’est pourquoi elle est souvent considérée comme la principale forme d’ajustement structurel.

Si l’ajustement structurel a par définition un aspect socialement favorable, puisqu’il vise la reprise de la croissance compromise par le déficit extérieur, ses deux modalités ont des implications socia- les différentes. En effet, â productivité donnée, la baisse du taux de change réel implique une modification dans la répartition des revenus. Ceux dont les revenus sont liés à l’évolution du prix des biens internationaux voient leur situation s’améliorer (exploitants paysans et chefs d’entreprises) au détriment de ceux dont les reve- nus dépendent du prix des biens domestiques (commerçants locaux, transporteurs...), ainsi que de ceux dont les revenus sont fEes (sala- riés), quel que soit leur secteur d’activité. Autrement dit, il s’agit souvent d‘accroître le revenu rural par rapport au revenu urbain, ce qui va dans le sens d’une plus grande égalité, mais aussi d‘accroî- tre les profits par rapport aux salaires.

L‘accroissement de la productivité n’a pas les mêmes effets sociauxJ puisqu’il permet d’accroître les revenus des exploitants .pay- sans et des entreprises dans le secteur des biens internationaux sans nécessairement diminuer la rémunération des salariés et les reve- 103

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A J U S T E M E N T E T EFFETS SOCIAUX

nus des entreprises du secteur domestique. Cependant, l’accroisse- ment de la productivité implique parfois une réduction des effec- tifs dont l’impact social est d‘autant plus sensible que la reprise de la croissance et, par voie de conséquence, de l’emploi n’est pas immédiate.

Au total, l’ajustement structurel par accroissement de produc- tivité est plus lent que celui réalisé grâce à une baisse du taux de change réel, mais il est aussi plus favorable au développement, puisqu’il implique une moindre réduction de la rémunération du travail.

Les choix opérés en matière de politique de change ont des con- séquences sociales, car ils affectent à la fois la façon dont la baisse du taux de change réel est obtenue et l’importance relative de celle-ci et de l’amélioration de la productivité dans l’ajustement structurel.

Trois politiques de change en vue de l’ajustement

Les politiques de change menées en Afrique durant les années quatre-vingt sont très variées (1). Certains pays ont maintenu la parité de leur monnaie, d’autres ont opéré une ou plus souvent plusieurs dévaluations, d’autres enfin ont recouru à un système de détermination du taux de change par le marché (vente aux enchè- res ou marché interbancaire des devises). D’autre part les pays ont mis en œuvre ces politiques en exerçant un contrôle plus ou moins strict des opérations de change en fonction des disponibilités en devises du pays : alors que certains pays ont maintenu la convertid bilité de leur monnaie, la majorité des pays africains a pratiqué un contrôle de change sévère, y compris sur les opérations cou- rantes ; il en est résulté un marché parallèle des devises, couvrant une partie plus ou moins importante des transactions.

Ces dzérentes situations peuvent, pour les besoins de l’analyse, être ramenées à trois grands types de politique de change, qui sont illustrés par des expériences de pays africains qui ont paru parti- culièrement significatives.

Le cas classique de la dévaluation

Le premier cas est celui où le pays mène une politique de flexi- bilité de son taux de change nominal officiel et où ce taux est effec- tivement appliqué à l’essentiel des transactions avec l’étranger : autre-

(1) On trouvera une présentation des dif- Erentes politiques de change de seize pays d‘Afrique subsaharienne qui ont dévalué dans Ministère de la Coopération et du Dévelop-

pement

-

Caisse centrale de coopératon éco- nomique (1988, vol. II et III), et dans Jac- quemot et Assidon (1989).

(5)

ment dit, le ‘marché parallèle y est peu important, soit parce que le taux officiel permet d’équilibrer l’offre et la demande de devi- ses, soit parce que les opérations clandestines sont géographique- ment difficiles ou fortement réprimées. Ce cas est appelé ici clas- sique car il est celui auquel se réfère le plus souvent la théorie de l’ajustement, bien qu’il ne soit pas le cas le plus répandu en Afrique.

Ce cas peut être illustré par la politique de change menée au Kenya, au Malawi, à Madagascar, à 1’Ile Maurice, ou au Zimbabwe.

Considérons plus particulièrement l’exemple de Madagascar. En rai- son de l’insularité du pays, le marché parallèle n’y concernait qu’une partie des opérations commerciales. L’histoire de Madagascar est d‘autant plus intéressante que ce pays, après avoir vu son taux de change s’apprécier de plus de 20 90, a mené depuis 1982 une poli- tique très énergique de dépréciation du taux de change nominal, constituée à la fois de dévaluations discrétionnaires, de crawling peg (indexation du taux de change sur les prix) et en fin de période d’adaptation automatique du taux de change officiel aux conditions du marché.

De 1981 à 1988, le taux de change effectif nominal, pondéré par la structure des importations, a diminué dans la proportion de 81 %. Bien que la première dévaluation soit intervenue en 1982, le taux de change réel a continué à s’apprécier jusqu’à la fin de 1983 en raison de la pénurie de biens (liée elle-même au manque de devises) face à d’amples encaisses monétaires oisives. Le déclin du taux de change réel commença en 1984 et sur l’ensemble de la période fÙt de 57 90. Ainsi le rapport entre la variation du taux de change effectif réel et celle du taux de change nominal (ou (( coef- ficient d’effectivité de la dévaluation )) (2)) a été de 70 Yo, avec une hausse des prix de l’ordre de 150 90 sur l’ensemble de la période, soit un taux d’inflation annuel de 17 90 (cf. tableau 1).

Les autres pays comme le Kenya, le Malawi, Maurice ou le Zimbabwe ont dévalué leur monnaie alors même que le taux de change réel ne s’était pas apprécié par rapport au niveau de 1970.

Leur besoin d’ajustement structurel résultait de la détérioration de leurs termes de l’échange, de l’alourdissement du service de la dette, et de la,volonté de libéraliser leur commerce extérieur. Ils ont déva- lué à plusieurs reprises (au total selon les pays de 40 à 56 90) et ont ainsi réduit le taux de change réel de 25 à 33 90 au prix d’une inflation assez rapide, de l’ordre de 10 à 15 ‘%o par an pendant plu- sieurs années. Dans ces pays, le coefficient d’effectivité de la déva- luation se situe entre 50 et 70 Yo.

(2) Selon m e ‘expression empruntée à S . Edwards.

105

(6)

AJUSTEMENT E T EFFETS SOCIAUX

TABLEAU 1

VARIATION DES TAUX DE CHANGE EFFECTIFS NOMINAUX AU SUD DU SAHARA AYANT MIS EN CEUVRE

UNE POLITIQUE D’AJUSTEMENT STRUCTUREL ET RÉELS ET INFLATION DANS LES PAYS AFRICAINS

3urundi 1983-1988) Zentrafriq.

1980-1987) Zongo

1986-1987) Zôte-d’IV.

1980-1987) 3abon

1986-1987) 3ambie 1983-1987) 3hana

1982-1987) hinée 1985-1988) hin. Bissa 1983-1987) (enya 1980-1988) ,iberia 1980-1987) 1984-1987) 1981-1987) 1979-1987) 1985-1987) 1982-1987) 1978-1988) Madagascar Malawi

Mali Maurice

Niveau de TCER lase 1970 =

IO) au débu e la périodt l’ajustement

(1)

142 110 96 125 122 99 1 o11 -

74 91 83 113

(1982) 120

86 101 86 94

Variation du TCEN pendant la période d‘ajustement

(2) Yo

- 52 - 10

-

0,8 - 12 t 0,l - 69 - 99 - 96

-

93 - 56

t 9,2 - 25

-

70 - 40 - 37 - 5,5 - 40

Jariation du TCER pendant la période l’ajustement

(3) Yo

- 44 t 14

-

0,3 - 17

-

2,7 - 27 - 92 nd - 66 - 33

+ 0,5 - 26

-

57

-

14

-

26

-

15 - 26

apport de 1 lariation du K E R à la lariation du TCEN

(4)

485 -

438 1,42 -

0,39 0,93 nd 0,71 0,59 0,05 1,04 0,70 435 0,70 573 0,65

Taux d’dation pendant la période d’ajustement

% global

(5)

t 35 + 77

+ 2

+ 48 - 0,9 t 180

+ 498 -

t 581 t 121 t 28 t . 8 t 151 t 214 t 43 + 23 + 180

Yo annuel moyen

(6)

+ 6,2 t 10,3 t 2,2 t 4,4

-

0.9

-t 29,3 t 43

-

t 61

-t 10,4

-t 3,6 t 2,6 t 17 -t 15,4 t 19,4 t 4,3 t 148

(7)

P. et S. GUILLAUMONT

Mauritanie Niger Nigeria (1984-1987) (1981-1987) (1984-1988) (1985-1988) (1981-1988) (1975-1987) (1979-1987) (1982-1987) (1984-1987) (1981-1987) (1978-1988) (1982-1987) (1985-1987) (1977-1987) (1978-1987) (1982-1987) (1982-1987) Ouganda Sénégal

Sierra Leo.

Somalie Soudan Tanzanie

Togo Zàire Zambie Zimbabwe

131 122 318 284 368 127 110 104 156 247 124

(1983) 172 205 .114 248 104 89

- 40 - 5,5 - 88

- 87

-

99,9

-

10 - 8

- 97 - 95 - 94 - 93 - 88 - 81 - 16 - 99,6 - 89 - 49

-

32

-

29 - 82 - 80 65

-

14 O

-

34

-

56 - 67 - 28 - 63 - 69 - 25

-

77 - 67 - 25

0,80 5,27 0,93 0,92 465

‘J4

O 0,35 459 0,71 0,30 472 0,85 1,56 0,77 0,75 O,Ç2

-t 41

-t 5,5 t 41

-t 38

-k 20 522

-t 148

-t 94

-t 2 395

+ 791

-t 671

-t 1830

-t 297

-t 115

+ 74

-t 4 594

-t 328

-t 106

t 9,O

-t 0,9

-t 14,l

-t 17,l

-t 124

-t 8,6

-t 7,8

+

90,3

-t 107,3

-k 40,5

+

31,O

-t 31,7

-t 31,2

-t 5,7

+ 53,4

.t 33,7

-t 15,6 Les taux de change effectifs nominaux sont une moyenne géométrique des indices des taux de change bilatéraux officiels (moyenne annuelle du prix de la monnaie nationale exprimé en devises) pondérée par la structure officielle des importations (hors pétrole) sur la période 1980-1986. Les seules devises retenues sont des monnaies convertibles.

Les taux de change effectifs réels sont égaux au produit des taux de change effectif nomi- naux et des rapports des indices annuels de prix à la consommation dans le pays considéré (ou à défaut l’indice implicite du PIB) et à l’étranger (moyenne géométrique des indices de prix calculée avec la même pondération que les taux de change effectifs nominaux).

Les périodes d’ajustement ont été définies par le début de la période de dépréciation nomi- nale de la monnaie pour les pays ayant dévalué, et par le début de la politique de restric- tion de la demande pour les pays de la Zone franc et le Liberia (qui n’ont pas dévalué);

la fin de la période est 1987 ou 1988 selon la disponibilité des statistiques. Comme la poli- tique d’ajustement ne commence pas généralement avec le début de l’année calendaire, et comme les taux de change sont desindices annuels, les pourcentages de variation calculés fournissent un ordre de grandeur des évolutions, et non une mesure précise.

Le rapport de la variation du TCER au TCEN (colonne 4) correspond à ce qu’Edwards (1988) appelle le caractère effectif (effectinenen) de la dévaluation.

Sources des données brutes :

FMI, Statistiques financières internationales et Direction of Trade.

107

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A J U S T E M E N T E T EFFETS SOCIAUX

Dévaluation en présence d’un important marché parallèle des devises

Le deuxième type de politique de change correspond à la situa- tion où la possibilité d‘accès aux devises officielles est restreinte et où s’est développé en conséquence un important march6 paral- lèle de devises, tantôt autorisé, tantôt simplement toléré par les auto- rités nationales. La dépréciation du taux de change officiel appa- raît alors comme une politique visant à l’unification des deux mar- chés des changes, comme au Ghana, en Guinée, au Nigeria, en Ouganda, en Somalie, au Soudan, en Tanzanie ou au Zaïre.

La situation où le marché parallèle des devises est subi corres- pond à la situation la plus courante. Un cas représentatif est celui du Nigeria. De part et d’autre de ses immenses frontières vivent des populations appartenant aux mêmes ethnies qui entretiennent de façoh traditionnelle d‘intenses relations commerciales. I1 est alors inévitable que, lorsque la possibilité d’obtenir des devises au cours officiel est limitée, se développe un marché parallèle entre la mon-

-

naie nationale (en l’occurence, la naira) et les monnaies des pays voisins, d’autant plus que celles-ci sont convertibles (francs CFA d‘Afrique de l’ouest et d‘Afrique centrale). L’organisation ou le bon fonctionnement de ce marché se manifeste par le fait que, sur toute l’étendue de ces immenses frontières, le cours de la naira en francs CFA tend à être identique (les écarts entre les cours enregistrés par exemple à Zinder (Niger) et à Porto Novo (Bénin) sont faibles et rapidement résorbés).

C’est dans ce contexte que le Nigeria a menté sa politique d‘ajus- tement qui a comporté deux phases. Dans un premier temps, à partir de 1983, la politique conduite sans le concours des institu- tions internationales a consisté en une contraction drastique des dépenses publiques et un renforcement des restrictions quantitati- ves aux importations, sans modification du taux de change officiel.

Comme l’inflation demeurait rapide malgré le contrôle de la demande, la surévaluation de la naira au cours officiel, déjà forte auparavant, s’est accentuée.

A u

contraire le taux de change sur le marché parallèle s’est fortement dépréciéy faisant plus que compenser la différence d‘inflation par rapport aux pays limitrophes.

Dans une seconde étape à partir de 1986, le Nigeria a mis en œuvre avec le concours des institutions internationales une nou- velle politique caractérisée par une certaine libéralisation du com- merce extérieur et des prixy un recours aux capitaux extérieurs et une flexibilité du taux de change officiel : depuis septembre 1986, un système de vente aux enchères des devises a été établi, qui a d‘abord coexisté avec le maintien d’un taux de change administré, puis dont le taux à partir de 1987 s’est appliqué à l’ensemble des transactions officielles. Le marché parallèle de la naira n’a pas dis-

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P. et S. GUILLAUMONT

paru pour autant, puisqu’il existe toujours un certain contrôle des changes, mais l’écart entre le taux officiel furé par enchères et le taux du marché parallèle est considérablement réduit par rapport à ce qu’il était dans la phase antérieure (environ 20 Yo).

Ainsi la baisse du taux de change officiel, qui a été, de 1985 à 1988, de 87 Yo, avait été très largement anticipée sur le marché parallèle, de telle sorte que pour une partie notable de l’économie la baisse effective du taux de change a été plus progressive qu’il n’apparaît à travers l’évolution du taux de change officiel, et l’effet inflationniste moins important qu’on aurait pu s’attendre (17 90 par an de 1985 à ‘1988, cf. tableau 1). Le coefficient d’effectivité de la dépréciation nominale du taux de change (que l’on pourrait appe- ler ici effectivité apparente) a été de 92 Yo. Les résultats sont iden- tiques au Ghana, mais moins favorables dans les autres pays de la catégorie : le coefficient d’effectivité se situe entre 70 et 80 Ya en Somalie, Tanzanie et Zaïre; il n’est que de 65 Ya en Ouganda et 30 Ya au Soudan où l’inflation est particulièrement rapide.

Ajustement sans dévaluation

D’autres États africains ont mis en œuvre au cours des années quatre-vingt des politiques d’ajustement sans recourir à la dévalua- tion. I1 s’agit essentiellement de pays de la zone franc (la Côte- d’Ivoire, le Mali, le Niger, le Sénégal, le Togo et la République Centrafricaine et depuis 1986 le Congo et le Gabon (3).

Les quatorze pays africains qui appartiennent à la Zone franc ont un régime monétaire tout à fait particulier : regroupés, à l’excep- tion des Comores, en deux unions monétaires, ils n’ont pas de mon- naie nationale et la dévaluation impliquerait une décision commune de l’ensemble des pays de chaque union. Ces pays ont d’autre part passé avec la France des accords monétaires qui leur permettent de maintenir la convertibilité de leur monnaie quel que soit l’état de leurs réserves. En effet, les Banques centrales des deux unions ont un compte auprès du Trésor français, dit (( compte d’opéra- tions )), elles déposent la majeure partie de leurs réserves exté- rieures et qui peut devenir débiteur sans limite furée a priori. Cette possibilité de débit a été effectivement utilisée par la BCEAO à partir de 1980 et par la BEAC depuis 1987.

La contrepartie de la garantie de convertibilité donnée aux francs CFA est fournie par l’engagement des pays membres de se confor- mer à certaines règles de politique monétaire, en particulier la limi-

(3) D’autres pays au demeurant ont con- duit leur politique économique sans dévaluer et sans faire durablement appel à des insti-

tutions fmancières internationales pour l’aide à l’ajustement (Ethiopie, Rwanda et certains autre pays de la Zone franc).

1 o9

(10)

A J U S T E M E N T E T EFFETS SOCUUX

tation des avances que les Banques centrales peuvent accorder aux Trésors publics.

Le corollaire de la liberté des changes des pays de la Zone franc qui est totale vis-à-vis des autres pays de la zone franc et très large vis-à-vis du reste du monde est l’absence de marché parallèle des francs CFA vis-à-vis des autres monnaies convertibles.

Si les pays de la Zone franc n’ont pas dévalué, leurs taux de change effectifs nominaux ont eu cependant tendance à baisser de 1980 à 1985 (de l’ordre de 5 à 16

Yo,

cf. tableau 1) sous l’influence de l’évolution du cours du change du franc français par rapport aux autres monnaies, puis sont restés à peu près stables. Cepen- dant la dépréciation de ces taux serait moindre si le calcul prenait en compte l’évolution du cours, des monnaies des pays limitrophes (naira, cedi, franc zaïrois...), notamment leur cours au marché paral- lèle, et pas seulement le t a m de change du franc CFA avec les principales monnaies convertibles.

Durant la période d’ajustement, la politique monétaire et bud- gétaire restrictive (sauf en Centrafrique) a ramené l’inflation au- dessous de son niveau mondial, les prix ayant même baissé certai- nes années. C’est ainsi qu’en Côte-d’Ivoire, au Niger, au Sénégal et au Togo le taux de change effectif réel a baissé plus que le taux de change effectif nominal, et le coefficient d’effectivité de la dépré- ciation a été supérieur à l’unité.

La classification en trois catégories des politiques de change des pays africains en ajustement montre que la comparaison des con- séquences sociales de ces politiques, selon qu’elles comportent ou non une dévaluation, n’est véritablement pertinente que p o ~ la pre- mière et la troisième catégories. Dans la deuxième catégorie, la déva- luation était en effet inéluctable, et déjà largement réalisée sur le marché parallèle. Dans la première catégorie (avec dévaluation), la baisse du taux de change réel, mais aussi l’inflation, ont été plus prononcées que dans la troisième sans dévaluation. L’ajustement avec dévaluation est un ajustement par l’inflation, l’ajustement sans dévaluation est un ajustement par la désinflation.

Les implications sociales du déclin du taux de change réel avec et sans dévaluation

Trois effets de la baisse du taux de change réel doivent être ici considérés : un effet lié à la baisse transitoire du revenu, un effet de modification des prix relatifs, un effet résultant de l’inflation.

(11)

P. et S. GUILLAUMONT

L’effet de baisse transitoire du revenu

La question est de savoir si une baisse du taux de change réel obtenue sans dévaluation n’est pas plus coûteuse en termes de pro- duction, donc plus coûteuse socialement, que la même baisse obte- nue avec dévaluation.

Dans le premier cas une contraction de la demande est néces- saire pour obtenir le ralentissement de l’inflation, à un point tel qu’elle passe en dessous du niveau mondial; dans le second cas, la limitation de la demande vise seulement à empêcher les effets inflationnistes de la dévaluation et pourrait donc être moins res- trictive qu’en l’absence de dévaluation. Deux arguments doivent être introduits qui amènent à tempérer cette conclusion.

Une dévaluation a pour but d’élever le prix des biens interna- tionaux; comme, ce faisant, elle modifie la répartition des reve- nus, elle provoque des réactions sociales visant à l’accroissement des rémunérations nominales de ceux qui voient leur pouvoir d‘achat diminuer. Selon la capacité de ceux-ci à obtenir satisfaction il en résulte une inflation plus ou moins forte et une baisse plus ou moins faible du taux de change réel. A la limite, si tous parviennent à maintenir leur pouvoir d’achat, il n’y a pas de baisse du taux de change réel. L’efficacité de la dévaluation suppose une certaine illu- sion monétaire, c’est-à-dire que les effets inflationnistes de la déva- luation ne soient pas complètement perçus. Autrement dit, une poli- tique restrictive est d‘autant plus nécessaire que ces effets sont mieux perçus. Sans illusion monétaire, la baisse du taux de change réel ne résulte que de la politique restrictive, comme en l’absence de dévaluation (cf. S. Guillaumont Jeanneney, 1988).

Le second argument à prendre en compte est que le plus sou- vent un pays est amené à dévaluer alors qu’il connaît encore une forte inflation. Si celle-ci n’est pas enrayée par une politique moné- taire et budgétaire restrictive, elle se perpétue et contribue à une nouvelle appréciation réelle de la monnaie. Autrement dit, dans un pays qui n’a pas jugulé son inflation, une série de dévaluations est souvent nécessaire. I1 est alors irréaliste de supposer que les agents économiques n’anticipent pas les effets de la dévaluation sur les prix. La politique restrictive est alors d’autant plus nécessaire.

La dépréciation du taux de change nominal dans les pays de la zone franc a pu s’accompagner d’une baisse du taux de change réel supérieure à la baisse nominale (contrairement au cas des autres pays africains) parce que, s’étant accomplie sans décision officielle de dévaluation du franc CFA, indirectement grâce à la déprécia- tion du franc français, elle n’a pas entraîné d’anticipations infla- tionnistes. C’est pourquoi, on peut sans doute considérer que si les pays de la Zone franc avaient choisi de dévaluer les francs CFA au début des années quatre-vingt, ils auraient dû mener pour ajus- 111

(12)

A J U S T E M E N T ET EFFETS SOCMUX

ter leur balance des paiements une’ politique plus restrictive, en raison du risque d‘anticipations inflationnistes et de fuites de capi- taux déclenchées par la dévaluation (S. Guillaumont Jeanneney 1988). De plus il convient de remarquer que l’existence de la con- vertibilité a facilité la lutte contre l’inflation en évitant les pénu- ries de biens qui ont souvent résulté ailleurs du contrôle des changes.

L’expérience malgache’ montre, quant à elle, à quel point il a fallu restreindre la demande pour parvenir, à la suite d‘une série de dévaluations, à faire baisser de manière importante et durable le taux de change réel : il en est résulté, après une décroissance du PIB en 1982 (- 1,2 ’%o), une croissance faible (1 à 2

Yo

par an) de 1982 à 1988 alors que la croissance démographique est de 3,3 90 par an.

De manière plus générale, si l’on compare les taux de crois- sance des pays africains en ajutement selon qu’ils appartiennent ou non à la zone franc, on constate que les taux de croissance des produits intérieurs ne sont pas en moyenne significativement dif- férents (Guillaumont

I‘.

et S., P. Plane, 1991).

Les effets de prix relatifs

Ces effets sont les plus évidents, dans la mesure la. politi- que d’ajustement s’appuie sur une baisse du taux de change réel qui consiste en la modification du prix relatif des biens domesti- ques et internationaux. On considère souvent que cette modifica- tion se traduit par une variation des termes d’échange (( internes )) entre villes et campagnes, c’est-à-dire du rapport entre les revenus urbains et les revenus ruraux au profit des seconds. Comme en moyenne les revenus ruraux sont plus faibles que les revenus urbains et ont eu tendance dans les années soixante-dix à croître moins vite (biais urbain), cet effet irait dans le sens d’une moindre inégalité.

Dans la réalité, cet effet dépend de la façon dont se forment les prix et les revenus en zone rurale et en zone urbaine.

Politique de change et revenus ruraux

L’effet que la politique de change exerce sur les revenus ruraux à travers les prix agricoles dépend naturellement de la structure des exploitations. Quand les exploitations sont de grande dimen- sion, avec de nombreux salariés, la variation des prix agricoles n’influence directement que le revenu de l’entreprise ; le revenu des salariés n’est pas automatiquement modifié et leur pouvoir d‘achat risque de baisser en raison de l’inflation. En Afrique au sud du Sahara cependant, la majeure partie des exploitations sont individuelles, et le revenu des paysans et de leur famille est direc-

(13)

P. et S. GUILLAUMONT

tement lié au prix des biens qu’ils vendent. Dans ce cas la politi- que d‘ajustement peut avoir à travers le niveau des prix agricoles une influence déterminante sur le revenu des paysans. Toutefois il convient de tenir compte du fait que dans divers pays africains il existe de plus en plus des paysans sans terre suffisante qui ne sont pas à même de tirer parti des hausses de prix et deviennent peu à peu les salariés des paysans mieux pourvus en terre.

On peut montrer (4) que le prix réel payé au paysan pour un produit agricole d’exportation ou de’ substitution à l’importation dépend, par définition, de quatre éléments :

- positivement du niveau du prix réel international du pro- duit (prix en devises déflaté par un indice de prix mondial à la consommation) et négativement,

- du taux de change réel, qui en se dépréciant assure un prix réel plus élevé au producteur,

-

du taux de prélèvement public,

- des coûts réels de commercialisation et éventuellement de transformation.

I1 en résulte qu’une dévaluation a pour effet d’accroître le prix réel payé au producteur seulement dans la mesure où la hausse des prix intérieurs ne compense pas celle du prix international exprimé en monnaie nationale, c’est-à-dire à condition qu’elle se traduise bien par une baisse du taux de change réel.

Une seconde condition est nécessaire, à savoir que la hausse des prix d‘exportation soit bien transmise au producteur et non con- fisquée par l’État, une caisse de stabilisation ou les agents de la commercialisation. La réalisation de cette condition-dépend des struc- tures socio-économiqves et de la politique de 1’Etat. Or la tenta- tion est forte pour 1’Etat de profiter de la dévaluation pour accroî- tre son prélèvement lorsqu’il cherche simultanément à réduire son déficit budgétaire.

Ce risque peut être illustré par l’expérience de Madagascar depuis 1982. Le prix réel payé aux producteurs de café, principal produit d‘exportation, dont le prix nominal était administré et qui en 1980 et 1981 était déjà très bas par rapport à son niveau des années soixante-dix, a, malgré les dévaluations, baissé en 1982 et 1983, puis ne s’est que légèrement relevé en 1984 et 1985 ; avec les nouvelles dévaluations il s’est plus sensiblement relevé en 1986 et 1987. En effet le taux de change réel n’a pas baissé à la suite des premières dévaluations, à cause de l’importance des encaisses oisives et de la pénurie de biens, liée elle-même au manque de devi- ses et à l’extrême sévérité du contrôle des changes, qui ont entravé

(4) Cf. par exemple Guillaumont P. et

Bonjean C. (1991).

113

(14)

AJUSTEMENT E T EFFETS SOCIAUX

la lutte contre l’inflation. Ensuite et surtout, les dévaluations ont d’abord servi à accroître les prélèvements des caisses de stabilisa- tion d;es produits de rente dont les fonds ont alimenté la trésorerie de YEtat. D’autre part, ce n’est qu’en 1986, lorsque la commer- cialisation du paddy a été libéralisée, que le prix de ce bien a pu suivre celle du prix des devises et contribuer à l’accroissement du revenu des producteurs de riz, dans la mesure où ils ne produi- saient pas pour la seule autoconsommation.

Au contraire, au Kenya où les prix payés aux paysans pour les cultures d‘exportation découlent directement du prix international, la baisse du taux de change a indirectement accru le revenu des exploitants agricoles ; mais il semble que les grands exploitants en aient plus profité que les paysans pauvres car les cultures d’expor- tation (thé, café) sont relativement plus le fait des premiers que des seconds (Heller et alii, 1988). Quant au Zaïre, l’augmentation du prix des produits d‘exportation liée à la dépréciation de la mon- naie semble y avoir été en partie confisquée par les entreprises de commercialisation (cf. Ministère de la Coopération et du Dévelop- pement - Caisse centrale de coopération économique, 1988, vol. 3).

Un cas particulier est celui où les paysans ont la possibilité de vendre leurs récoltes dans les pays limitrophes en dehors des cir- cuits officiels nationaux de commercialisation ; ils sont alors payés dans la monnaie de ces pays, qu’ils échangent au marché parallèle à un cours qui, surtout si cette monnaie est convertible, est bien supérieur au cours officiel. Dans ce cas, la dévaluation du taux de change officiel n’a pas sur leur revenu un effet direct considéra- ble. Elle peut toutefois inciter les paysans, si la dépréciation de la monnaie a bien été transmise aux prix agricoles officiels, à com- mercialiser à nouveau leurs produits dans les circuits nationaux : ils y trouvent en effet avantage dans la mesure où une commercia- lisation clandestine comporte inévitablement des risques et des coûts.

Le retour vers les circuits. officiels s’est effectivement manifesté dans des pays comme la Guinée et le Ghana (cf. pour le Ghana, Heller et alii, 1988).

L’évolution des prix réels au producteur dans les pays de la zone franc, où les prix nominaux sont le plus souvent adminis- trés, constitue un test intéressant de ce qu’a pu être l’impact d‘une politique d’ajustement sans dévaluation. Le plus souvent les prix officiels au producteur pour les cultures d‘exportation ont d’abord été relevés, puis maintenus alors que la tendance des prix interna- tionaux devenait défavorable ; comme simultanément était menée une politique de désinflation, les prix réels aux producteurs en moyenne pour l’ensemble des cultures d‘exportation ont augmenté de 1979 à 1988, tandis que dans les autres pays africains en ajus- tement ils ont eu tendance à baisser durant la même période (Guil- laumont P. et S., Plane P., 1991).

(15)

P. et S. GUILLAUMONT

Politique de change et revenus urbains

Les rémunérations en ville sont particulièrement affectées par la politique d’ajustement dans la mesure où celle-ci implique une baisse du taux de change réel : en effet en zone urbaine les activi- tés de production de biens et services domestiques (services finan- ciers, transport, commerce, travaux publics et construction. ..), sont relativement importantes. De plus, généralement une part des rému- nérations plus large qu’en zone rurale est constituée de revenus fEes (salaires des entreprises et de l’administration, loyers...).

En cas de dévaluation la valeur réelle de ces rémunérations est réduite par la hausse des prix, puisque la dévaluation a justement pour objet d‘assurer cette réduction au moyen de l’illusion moné- taire. On a vu certes que cet effet est atténué lorsqu’il existe un marché parallèle des devises où la dépréciation de la monnaie s’est réalisée avant la dévaluation officielle ; mais ce sont surtout les urbains qui avaient le plus facilement accès aux biens importés au taux officiel et qui sont alors les plus affectés par la dévaluation.

TABLEAU 2

TAUX DE VARIATION DU POUVOIR D’ACHAT DU SMIC DURANT L’AJUSTEMENT

~~

Côte-d‘Ivoire Niger Sénégal Togo

(1980-1987) - 25,6

(1981-1987)

-

5 3

(1979-1987) - 11,6

(1977-1987) - 27,O

Source des données brutes :

BCEAO, Notes d’information et statistiques (1985-88).

En l’absence de dévaluation, la diminution des revenus résulte de la politique restrictive qui conduit à bloquer voire à diminuer le niveau nominal des rémunérations (politique monétaire pour les salaires des entreprises, politique budgétaire pour les salaires des administrations, réglementation des salaires minimums), cependant que le prix des biens internationaux augmente au rythme de l’infla- tion mondiale et parfois même plus rapidement lorsque ces prix, 115

(16)

A J U S T E M E N T E T EFFETS SOCUUX

après avoir été contrôlés, sont libéralisés. Ainsi, une baisse sensi- ble des taux de salaire réel a-t-elle pu être observée dans les pays africains qui ont mené une politique d’ajustement, y compris dans ceux qui n’ont pas eu recours à la dévaluation (cf. quelques exem- ples dans le tableau 2 et, pour une analyse plus détaillée du cas de la Côte-d’Ivoire, Levy et Newman, 1989).

Un autre facteur important de l’évolution du niveau de vie urbain au cours de l’ajustement est naturellement la réduction sou- vent observée de l’emploi. Cette réduction est d‘abord imputable à la politique de stabilisation qui constitue généralement la première phase de l’ajustement : la réduction de la demande touche particu- lièrement les activités urbaines, là encore en raison de leur propor- tion élevée de production de biens domestiques. L’ajustement struc- turel lui-même a priori implique, non pas une réduction de l’emploi global, mais un transfert d’emplois des activités produisant des biens domestiques vers celles qui fournissent des biens internationaux ; il constitue, à ce titre, un facteur de chômage structurel.

Les conséquences sociales en milieu urbain de la politique de change ne peuvent être correctement analysées sans tenir compte du dualisme qui existe à l’intérieur du secteur manufacturier et ter- tiaire urbain, puisque coexistent généralement un secteur moderne et un secteur dit (( informel )), caractérisé par une faible intensité en capital et plus encore par le fait qu’il échappe largement à la réglementation officielle et à la fiscalité. I1 semble bien que le sec- teur moderne ait été généralement plus affecté par les politiques d’ajustement que le secteur informel, mieux à même ,d’adapter ses rémunérations et, comme nous le verrons plus loin, ses effectifs.

Le secteur informel a pu ainsi accroître sa compétitivité et déve- lopper sa production. Un des aspects les plus visibles des consé- quences des politiques d‘ajustement en milieu urbain est en effet une informalisation accrue des activités.

Ce phénomène a peut-être été accentué lorsque la baisse du taux de change réel a été obtenue sans dévaluation, comme dans les pays de la zone franc (pour le cas du Niger voir Guillaumont P. et S., 1991). En effet, quand la dévaluation est utilisée comme instru- ment de baisse du taux de change réel, c’est en raison même de la rigidité des salaires nominau, qui est supposée caractériser le secteur moderne ; la dévaluation est alors nécessaire à la baisse des salaires réels. La baisse des salaires nominaux (ou celle des rému- nérations unitaires) peut au contraire être obtenue dans le secteur informel sous la pression de la concurrence étrangère ou sous l’effet d’une baisse de la demande intérieure, selon la nature des biens produits (internationaux ou domestiques).

Le partage de l’économie urbaine en deux secteurs, moderne et informel, n’exclut pas d’étroites liaisons entre les deux et en par- ticulier le fait que de nombreuses personnes travaillent à la fois

(17)

dans l’un et l’autre. De même qu’il y avait dans la théorie de Fei et Ranis des (( dualistic landlords )), il y a dans les villes africaines des (( dualistic workers 1) : ce sont des salariés de l’industrie ou plus souvent de la fonction publique qui, face à la baisse de leur salaire réel, ou à l’irrégularité de leur paye, ont ajouté à leur travail sala- rié ou lui ont partiellement substitué par absentéisme un travail dans le secteur informel (taxi, horticulture, commerce ...) : il sem- ble que la pratique du double travail se soit beaucoup développée èn réponse à la baisse de rémunération résultant de la dévaluation ou de la politique budgétaire.

Les effets de l’inflation

Les politiques d’ajustement ont conduit en Afrique à des rythmes d’inflation très différents d’un pays à l’autre, allant d’une quasi stabilité de prix à des taux de l’ordre de 100 70 par an (cf.

tableau 1).

La première conséquence sociale de l’inflation est d’accroître la pression fiscale des impôts progressifs sur le revenu, et de la diminuer au contraire pour les impôts forfaitaires, dans la mesure où les tranches et les forfaits ne sont pas indexés. On pourrait sup- poser qu’en conséquence l’inflation affecte particulièrement les gros revenus soumis à l’impôt progressif et favorise les revenus faibles souvent imposés au forfait. Cette hypothèse ne correspond .pas néces- sairement à la réalité, car souvent les salariés des pays en dévelop- pement sont soumis à l’impôt progressif, même à des niveaux rela- tivement faibles de revenu, alors que de grands commerçants sont soumis au forfait. Dans ce cas l’inflation qui accompagne la politi- que d’ajustement avec dévaluation risque d’accoître les distorsions entre les salariés du secteur moderne, dont la charge fiscale aug- mente, et les agents du secteur informel, dont la contribution fis- cale au contraire se réduit.

Une conséquence sans doute plus générale de l’inflation est son effet de redistribution des patrimoines : la hausse des prix ampute la valeur des encaisses monétaires et quasi-monétaires, alors que les actifs réels conservent leur valeur. Le prélèvement sur les déten- teurs d‘encaisses-se fait au profit de ceux qui bénéficient de la créa- tion monétaire (Etat et emprunteurs privés) ; c’est pourquoi le phé- nomène est qualifié de taxe d’inflation. Ce mode d‘imposition semble peser proportionnellement plus sur les catégories pauvres dans la mesure où elles ont une plus forte proportion de leur patrimoine, parfois l’essentiel, sous forme de monnaie. I1 est possible aussi qu’il frappe plus les paysans que les travailleurs urbains en raison du caractère généralement saisonnier des perceptions de revenus agri- coles et de la nécessité qui en résulte de constituer des encaisses.

Le phénomène peut toutefois être tempéré lorsque la possibilité 117

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A J U S T E M E N T E T EFFETS SOCLAUX

s’offre aux agriculteurs de constituer des réserves en biens (greniers, troupeaux...). Une autre raison pour laquelle les urbains sont sans doute moins touchés que les ruraux par l’inflation est qu’ils ont plus que ceux-ci la possibilité de placer leur argent de façon ren- table et que souvent aussi ils sont plus endettés en monnaie. En particulier, seules sans doute certaines personnes des milieux urbains sont à même de tirer profit des dévaluations grâce à des placements en devises.

. .

Les conséquences sociales de la politique du taux de change à travers ses effets sur la productivité

La baisse du taux de change réel n’est pas la seule façon de rétablir la compétitivité de l’économie et de permettre l’ajustement structurel. L’amélioration de la productivité, qui est l’autre façon d’y parvenir, n’est pas elle-même indépendante de la politique de change. Celle-ci en effet influence la productivité de quatre façons qui, pour être difficilement mesurables, n’en sont sans doute pas moins importantes.

Taux de change r6el et productivité du travail

La baisse du taux de change réel est apparue dans ce qui pré- cède comme un objectif. Mais elle peut elle-même, si elle est con- duite trop loin, avoir un effet négatif sur la productivité. Ceci peut se produire si la diminution des salaires réels est telle qu’elle affecte les motivations des salariés (découragement, absentéisme) ou même dans des pays à faible revenu leur capacité au travail, en raison d’une mauvaise situation nutritionnelle et sanitaire. C’est pourquoi une baisse trop brutale du salaire réel peut se trouver moins favo- rable à l’ajustement structurel qu’une baisse moindre, à moins que la baisse ne soit compensée par une meilleure protection sociale.

La parité f u e comme incitation à accroître la productivité L’effet de la politique du change sur la productivité dépend aussi de la façon dont s’opère la baisse du taux de change réel.

Comme on l’a vu, le rythme de l’inflation qui l’accompagne varie fortement, en particulier selon qu’il y a ou non dévaluation et recours ou non au flottement du taux de change. Or l’inflation est un facteur défavorable à la productivité, pour différentes raisons sur lesquelles il n’est pas possible ici de s’étendre : notons simple- ment que les entreprises peuvent facilement défendre leurs profits en ajustant leurs prix et sont ainsi moins incitées à accroître l’effi-

(19)

P. et S. GUILLAUMONT

cacité de leur gestion. Inversement, la contrainte de prix stables est un facteur de réduction des coûts.

Ainsi, dans les pays de la Zone franc, en l’absence des facilités de hausse des prix qu’aurait données la dévaluation dans les filiè- res agro-industrielles d’exportation, des progrès de productivité importants ont été réalisés qui ont contribué à l’ajustement (ex.

coton).

Lorsque la politique d’ajustement structurel repose principale- ment sur la baisse du taux de change réel, elle se traduit sur le plan social par une diminution de la rémunération du travail et un changement de la structure des emplois. L’amélioration de la productivité quant à elle n’implique pas une baisse des rémunéra- tions, mais elle suppose généralement une augmentation de l’inten- sité du travail et peut aussi requérir une diminution des effectifs.

Elle a donc un coût social, au moins temporaire, certes moins important que celui qui résulte de la baisse du taux de change réel, mais directement ressenti à l’échelon des entreprises où se réalise l’accroissement de productivité : aussi est-ce un facteur de résistance à celui-ci.

De plus, dans un ajustement qui repose plus sur l’accroisse- ment de la productivité que sur la baisse du taux de change réel, le secteur informel, grâce à la plus forte flexibilité de ses effectifs, a un rôle spontanément plus important. Toutefois, à terme, quelle que soit la politique de change, c’est seulement si la compétitivité du secteur moderne est améliorée qu’une reprise de l’investissement, en particulier de l’investissement privé, pourra se produire, condi- tion d’une reprise durable de la croissance.

Politique de taux de change et investissement privé

La relation entre la politique de change et l’investissement privé est complexe. Certes la baisse du taux de change réel est favorable à l’investissement. Mais la variabilité des taux de change nominaux et réels qui est plus forte en régime de flottement qu’en change administré, est sans doute un facteur défavorable à l’investissement et à la productivité, car elle rend incertains les prévisions. et cal- culs économiques (5). D’autre part, le contrôle. des changes est un facteur d’inefficacité à la fois par la lourdeur des démarches admi- nistratives et par les risques de rupture d’approvisionnement qui lui sont associés.

(5) On a pu montrer ailleurs que les pays de la Zone franc ont bénéficié au cours des vingt-cinq dernières années de la plus faible instabilité des taux de change (nominaux et

réels) de tous les pays en voie de dévelop- pement (cf. Guillaumont Jeanneney S. et Paraire J.L., 1990).

119

(20)

A J U S T E M E N T E T EFFETS SOCUUX

Politique du taux de change et dépenses publiques 2 saractère social

La productivité des travailleurs est très sensible à leur niveau d’éducation et leur état sanitaire. Aussi les dépenses publiques socia- les ont non seulement un impact social direct, mais exerce aussi un effet très important à travers la productivité des travailleurs.

Malheureusement les répercussions de la politique de change sur le niveau des dépenses publiques à caractère social ne peuvent être déterminée a priori, compte tenu de la multiplicité des canaux d‘influence, puisqu’aussi bien le taux de change influence la crois- sance du revenu par tête, la pression fiscale, la structure des dépen- ses publiques.

Après la stabilisation et la correction des distorsions de prix, l’accroissement de la productivité apparaît comme la troisième étape de l’ajustement structurel. Dans les pays qui ont dévalué, l’ajuste- ment structurel a été poursuivi principalement à travers la baisse du t a m de change réel, autrement dit la remise en ordre des prix relatifs. Les pays qui n’ont pas dévalué ont certes réalisé une moin- dre baisse de leur taux de change réel, mais ils ont sans doute été plus incités à accroître la productivité.

* * *

Lorsqu’un pays souffre de graves distorsions de prix et que le déséquilibre de sa balance commerciale est très important, il n’est pas possible d’éviter la dévaluation. Pour obtenir une très forte baisse du taux de change réel, la dévaluation est en effet néces- saire. L’expérience des pays de la Zone franc montre néanmoins que le taux de change réel peut baisser sensiblement sans dévaluation.

La baisse du taux de change réel est souvent considérée comme

le principal moyen de l’ajustement structurel. Ses conséquences sociales sont importantes, mais different selon qu’il est fait ou non usage de la dévaluation. Le contrôle de la demande globale est sans doute moins strict et la baisse transitoire du revenu moins forte en cas de dévaluation en raison de l’illusion monétaire. Mais cet avantage, comme le degré d’illusion monétaire, sont souvent sures- timés. L’effet de prix relatif, qui accompagne le déclin du taux de change réel, est généralement favorable d’un point de Vue social dans la mesure où il contribue à réduire le B biais urbain n. Or on a pu constater que dans les pays de la Zone franc, où la baisse du taux de change réel a été plus faible que dans les autres pays africains en ajustement, l’évolution des prix réels payés aux pro- ducteurs agricoles a été paradoxalement plus favorable. La principale

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P. et S. GUILLAUMONT

différence des deux modes de déclin du taux de change réel (avec et sans dévaluation) résulte des effets socialement indésirables de l’inflation.

L’autre moyen de l’ajustement structurel est l’accroissement de la productivité. A court terme, celui-ci implique une plus grande intensité de travail et une réduction des effectif,,, mais à long terme il est socialement plus favorable que la baisse du taux de change réel (6). Celle-ci est elle-même un facteur d’accroissement de pro- ductivité dans la mesure où elle conditionne le retour à une cer- taine convertibilité de la monnaie, le bon fonctionnement des mar- chés et la reprise de l’investissement dans le secteur des biens internationaux.

Mais au-delà d’un certain point, cette baisse peut s’avérer défa- vorable à la productivité parce qu’elle entraîne dans toute une frac- tion de la population, en particulier chez les salariés qui voient leur pouvoir d’achat baisser, une perte de motivation, voire une moindre capacité physique de travail. D’autre part la stabilité des taux de change nominaux et réels crée un environnement favora- ble aux décisions d’investissement dont elle accroît ainsi le mon- tant et la productivité.

En raison de leurs conséquences sociales, les programmes d‘ajus- tement structurel s’accompagnent de plus en plus souvent de vas- tes enquêtes sur le niveau de vie des différentes catégories sociales afin que puissent être mises en œuvre des mesures en faveur des groupes particulièrement vulnérables. Ces mesures correctrices, pour nécessaires qu’elles soient, ne sauraient dispenser de prendre en compte les évolutions sociales (( en amont )), c’est-à-dire dans la défi- nition même des politiques macro-économiques, en particulier des politiques de change. De ces évolutions sociales dépendent la crois- sance économique elle-même et donc le succès de la politique d’ajus- tement structurel.

Patrick Guillaumont Sylviane Guillaumont Jeanneney

(6) D’ailleurs, la croissance du produit par tête dont la reprise est l’objectif même de l’ajustement structurel, implique en lon- gue période une hausse du taux de change réel au sens théorique du terme, rapport du

prix des biens domestiques aux biens inter- nationaux, puisque généralement la hausse de productivité se réalise principalement dans le secteur des biens internationaux.

121

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AJUSTEMENT E T EFFETS SOCIAUX

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Références

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