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A propos du second âge du fer en Suisse: un chapitre de la vie helvète quelques centaines d'années avant J.-C.

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A propos du second âge du fer en Suisse: un chapitre de la vie helvète quelques centaines d'années avant J.-C.

PITTARD, Eugène

PITTARD, Eugène. A propos du second âge du fer en Suisse: un chapitre de la vie helvète quelques centaines d'années avant J.-C. Archives suisses d'anthropologie générale , 1918, vol. 2, no. 4, p. 255-264

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:106590

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Extrait des Archives suisses d'Anthi-opologie génerale.

Tome II. N° 4, 1918.

A propos du second âge du fer en Suisse.

Un chapit1·e de la vie helvète quelques centaines d'années avant J.-C.

Depuis quelques années, les études nationales concernant les périodes préhistoriques et protohistoriques prennent en Suisse un essor réjouis- sant. Les méthode_s désuètes dites classiques ne peuvent plus se can- tonner dans les domaines de l'histoire écrite, car elles y mourraient sûrement de consomption. Les historiens se rendent de plus en plus compte - nous parlons, bien sûr, de ceux qui ont des visions étendues - qu'il n'y a aucune raison plausible de faire commencer l'étude de l'his- toire aux Grecs plutôt qu'aux Assyriens, à Rome plutôt qu'à l'Egypte.

L'histoire humaine est une. Les Grecs et les Egyptiens de l'histoire - telle qu'elle nous est encore enseignée hélas dans tous les manuels ! - ne sont pas tombés du ciel et leur civilisatiou n'est pas le résultat d'une génération spontanée. Les uns et les autres, ils ont eu des prédécesseurs.

On nous les montre - ces Grecs ou ces Egyptiens - simplement à une étape de leur histoire, mais on omet de rechercher les événements qui les ont conduits à cette étape: la longue série des siècles durant lesquels la vie humaine s'est élaborée, réalisant à chaque génération et au prix de quelles difficultés! de petits progrès, subissant parfois des régressions partielles, repartant en avant, créant des manifestations nouvelles, c'est- à-dire des progrès nouveaux .. Et c'est en accomplissant ainsi les mille petits actes de l'existence quotidienne, - particulière et collective - dont la somme a créé la civilisation dite primitive que les hommes du Qua.,.

ternaire et du N éolithigue ont permis l'existence des civilisations su bsé- quentes qui s'enchaînent tout naturellement à la première sans qu'il manque à cette chaîne un seul anneau.

Nos connaissances relativement à ces civilisations primitives ont été d'abord limitées aux faits de la vie matérielle ; nous avons appris quels avaient été les premiers outillages utilisés par les hommes pour la chasse et la pêche et }JUUL les menus travaux que réclament la nourriture, l'hahillP.'mP.nt, etc. Les faits de la vie spirituelle nous étaient moins connus. Des recherches systématiquement entreprises, des fouilles mé- thodiquement ordonnées, n'ayant plus comme autrefois, pour objectif unique la trouvaille de quelques belles pièces, nous firent découvrir les sépultures paléolithiques. Et, tout de suite, ce vieux passé de l'homme moral s'ér.!fii rn, Flll moins dans quelques directions, car l'étude des sé-

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pultures est certainement une de celles qui nous renseignent le mieux sur ce que nous pouv n retrouver des foit"S de la vie pirituelle de no ancêtres: l'ethnographie comparative apportant pour )'interprétation de certaine ob ervari 11s qui parai ·senr obscures le contingent déjà 'i

imposant de se ·coi1 tat-ations dans le cemp et dan l'espace.

C'est pourquoi le philosophe, aussi bien que l'historien, trouvent leur compte dans l'étude de sépultures préhistoriques et protobfatoriques.

C'est pourquoi, pour c qui t0uche à n'importe quelle période des temps qui précédèrent 1'11istoire écrite ou qui furent aux débuts de celle-ci l'étude des sépultures demeure un de chapitres les plus important de toutes nos recherches.

M. D. Viollier, sous-directeur du musée 1rnt.i na! suisse à Zurich connu de tous le spéciali tes par d lil mbreux travaux a publié der- nièrement un jm1> rtant mém ire' sur les sépultures du second âge du fer ur le plateau suis e. Ce bel et consciencieux ouvrage illu tré d 40 planches représentant les objets découverts dans ces sépultures : fibules, torques, bracelets, colliers, armes, etc., est une contribution du plus haut intérêt à notre histoire nationale. Il faut, du point de vue scien- tifique en général, et du point de vue suisse en particulier, en remercier l'auteur. Et les Archives doivent à leurs lecteurs de dire quelques mots de cette érnde importante.

Le second âge du fer est considéré comme appartenant à la civilisation celtique ou gauloise des archéologues 2Du VIe au IVe siècle avant J .-C.

les Celtes de l'histoire paraissent avoir occupé les territoires qui s'éten- dent du nord de la G.aule au sud des Alpes suisses.

M. Viol lier pen ·e que, pour ce qui concerne notre pays l'influente des Celte commenc ù ·e faire sentir encre 55 et 500 il\'ant notre ère, mais leur établissement définitif e t plus tardif. Il eut lieu d 450 a 400.

Ces tribu du second fige du fer e d.i tinguèrent de celles du premieràge du fer qui ba bj taient alor la Suisse par des caractère de civilisation qui leur étaient propres entre autres par 1 inhumation de leurs morts dans des fosses souterraines.

• .D. IOLIAF.n. Les .•Jp11//11re. du :~c.·011d â,ge tf1t j'l'I' s111· lc.pla/<!au $lli$.W. Mémoir· publié pnr

ln fondntion chnydcr 1•011 \Vnrtcnscc Il Zurich. illustré de •10 planches. Genève, 1916.

Pou.r les omhropolo(!istes, le type dit• critique" a une glgnific<ttion ~'llrticulièrc. C'eM un type brnchycéphulu. Or l'histoire fnit venir les Cclrcs d'une région ncucmcnt dolic]iocéphnlc. Ap1·!1.~

beaucoup de discussions on 1ombn &~némlemcnt d'nccord pour donner au terme" c~ltiquc •,con- sidéré du poinl de vue Hnthropologique, ln \"(lieur d'une convcn1io11. QUOfft nu foit de savoir si l~s

Coite& gui Gos.sont d'origine bnltique ~'c>L u11c question dans laquelle l'anthrnpologie physique a 5011 1110! ÎI. dfrc, Cl c'est CC JllOt-fü SC\11 qui peut résoudre définitivement la quesÜOll.

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FAITS ET DOCUMENTS

A

quelle tribu peut-on r;itrnçher ces env11hisseµrs du IV• siècie avant J .-C.? M. Viollier pense que ce sont les Helvètes qui habitaient alors les deux rives du Rhin, ces Helvètes qui entrèrent dans l'histoire de la Suisse au II• siècle avant notre ère, qui .donnèrent son nom à notre pays, et dont l'influence sur l'histoire universelle faillit être, à l'époque de Cési,u, si considérable.

l)ans ce gros mémoire M. Viollier étudie successivement la tombe de ces anciens Helvètes, le mo bjlier fµnéraire qu'elle contient, le vêtement et la parure, les rites funéraires. L'ouvrage se termine par µn chapitre qui résLime la civilisatioq du qeuxiètne âge du for.

La tombe de l'époque gauloise en Helvétie est la fosse souterraine.

Tandis qu'au premier âge du fer le tumulus est le .type usuel de la sépulture, cette coutume ne se poursuit pas durant le second âge du fer.

Exceptionnellement on rencontre, à titre de survivance, quelques buttes funéraires au début de cette époque. Peut-être alors appartiennent-elles à cies descendan:ts des populations habitant précéden1ment notre terri- toire et qui ont conservé leurs coutumes ancestrales ? On connait deux groupes de ces tumulus persistapts: l'un dans lq commune d'Aarwangen (Berne), l'a,utre sur les terrains de deux communes voisines, Neunforn (Thurgovie) et Ossingen (Zurich). Et ces deux groupes montrent la coexistence des deux périodes (le premier et le second âge du fer).

Les tumulus qui appartiennent à ces deux régions de l'Aar et de la Thur sont, sauf un seul cas, clcs tumulus à incinération. Sur le foyer, où le corps avait été brûlé, on réunissait les débris d'ossements dans une urne que l'on plaçait au centre et les objets offerts au mort étaient ré- partis, par petits groupes irréguliers, sur l'aire entière· du tt11nulus; Par- dessus ce foyer on édifiait la butte de terre ou de pierres.

Dans les temps qui succédèrent à la période où la coutume voulait qu'on élevât des tumulus aux défunts, les sépultures furent quelquefois placées dans l'intérieur des tumulus anciens. Cette coutume, où peut- être il entrait la croyance à la sainteté des emplacements· consacrés aux morts, se poursuivit pendant de nombreuses générati'ons. Et M, Viollier indique qu'il n'y a presque pas de tumulus de l'âge du fer qui n'ait reçu, · entre les Ve et VJJic siècles, des sépultures a,lamanes. Ces tombes adven- tices ne sont jamais placées au centre (où gît celui pour qui le tumulus ftn épifié); e!les sont logées au sommet ou sur les flancs de la butte funéraire.

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Le véritable rite funéraire de l'époque gauloise est la tombe à inhu- mation,

La fosse est creusée dans un banc de gravier, toujours dans un sol sec.

Le corps est étendu sur le dos. Le mort une fois descendu dans la fosse, on recouvre celle-ci. Généralement les sépultures sont en pleine terre;

quelquefois on construit au fond de la fosse un mur rectangulaire de pierres sèches au milieu duquel le corps est placé. Ce mur peut servir de support à des dalles: la tombe devient un sarcophage. Plus rarement le mur de pierres est remplacé par des dalles brutes placées verticalement.

On trouve aussi des fosses creusées dans un banc de roche tendre.

Fréquemment le mort était enfermé dans un cercueil de bois, dont la forme la plus simple est une caisse rectangulaire avec parois verticales et couvercle horizontal. Comme on n'a pas retrouvé de clous dans ces tombes, on en conclut que les cercueils étaient, ou bien creusés dans un tronc d'arbre, ou bien construits en planches assemblées à l'aide de che- villes de bois.

Les sépultures du second âge du fer sont réparties presque également dans toutes les régions de notre pays, le long de toutes les vallées. La population, sans être dense, était disséminée d'une façon à peu près uni- forme. Les vallées les plus fertiles renfermaient naturellement le. plus grand nombre d'habitants. A cette époque, les Helvètes ne paraissent pas avoir séjourné dans les zones d'altitudes élevées. Ils occupaient surtout les régions basses. Dans ces tombeaux on trouve généralement de riches mobiliers funéraires : armes, objets de parure, accessoires de vêtements.

Le catalogue des objets de parure renferme une quantité considérable de fibules. Le nombre de ces fibules et la variété des types représentés nous empêche de parler longuement de la forme et de la décoration de ces objets de toilette, et nous renvoyons le lecteur au mémoire de M. Viollier. Il y trouvera, à côté d'une étude comparative des fibules, plusieurs planches exposant l'image de ces objets, dont les types sont très divers.

Les colliers de métal ou torques apparaissent au début de l'âge du bronze. Rare durant le premier âge du fer, cet ornement devient fréquent au second âge du fer. Certains auteurs ont considéré le torques comme un ornement exclusivement masculin. Pour ce qui concerne l'Helvétie, il semble que les torques étaient - peut-être exclusivement - un orne- ment féminin. S'ils furent utilisés par les guerriers, ce ne fut que plus tard.

Au début du second âge du fer, les torques sont d'une extrême simpli- cité. Ce sont de grands anneaux ouverts ou fermés, unis, ou à peine

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FAITS ET DOCUMENTS 259 ornés. Mais vers la fin de cet hori~on protohistorique, ils deviennent d'un beau travail et d'une réelle richesse d'ornementation. M. Viollier en figure quelques-uns que nos bijoutiers modernes auraient peut-être intérêt à imiter (n° 26 et 27 de la Planche III). Ces torques, très joliment ciselés, portent des cabochons d'émail.

Les bracelets sont particulièrement fréquents dans les sépultures gau- loises de l'Helvétie. Comme les torques, ils commencent par être très simples, pour revêtir bieutôt des formes et des décorations parfois très riches, ainsi qu'en témoignent les nombreux types figurés par M .'Viollier:

bracelets ouverts, bracelets fermés, bracelets à fermoirs fixes ou mobiles, bracelets tubulaires.

Quant aux bagues - en bronze, en or, en argent, rarement en élec- trum (alliage d'or et d'argent), quelquefois en fer - elles sont de formes très simples. Au point de vue de leur abondance chronologique, elles suivent le même ordre que les torques et les bracelets. Leur nombre croît au fur et à mesure de la prolongation de l'âge du fer. Quelques bagues possèdent des pierres gravées. Les bagues sont portées indiffé- remment à tous les doigts mê~e au pouce, fréquemment à l'index.

Pendant la première époque gauloise les ceintures de métal paraissent inconnues. Vraisemblablement les vêtements étaient retenus à la taille par une corde ou une lanière nouée. Mais, dans la seconde période, les ceintures métalliques deviennent fréquentes. Ce sont là des objets exclusivement féminins. M. Viollier en figure deux ou trois exemplaires où l'on peut voir que le goût artistique de nos ancêtres s'exerçait dans ces objets de toilette aussi bien que dans les objets d'ornement corporel.

Les épingles à cheveux paraissent avoir été inconnues au second âge du fer. D'ailleurs les épingles ordinaires elles-mêmes sont rares. L'usage généralisé des fibules les rendait à peu près inutiles.

M. Viollier fait suivre cet inventaire de celui d'un certain nombre de

« petits objets)) d'un usage souvent indéterminé: rouelles, disques, etc., dont plusieurs paraissent avoir été des objets d'ornements coinparables à nos breloques modernes.

Les métaux précieux, rares en Suisse à l'état naturel, n'ont été em- ployés qu'exceptionnellement par les Helvètes du second âge du fer. On n'a trouvé, faites en or, que des bagues et, chose intéressante, ces trou- vailles ont eu lieu dans des régions proches des rivières roulant des paillettes aurifères. A cette époque, des orpailleurs indigènes récoltaient- ils déjà les petites quantités d'or que charrient nos cours d'eau ? ..

Quant à l'argent, inconnu en Süisse à l'état de minerai (sauf sous l'état de plomb argentifère, alors inexploité), il est arrivé dans notre pays sous

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la formé de '1ingots. Puis il a été travaillé sur place, par les artisans hà- vètes, qui en i:nit fabriqué des bagues, des bracelets-chaînes, des fibules, des boucles. Il semble que l'impottation de l'argent en Suisse puisse être datée de l'an 300 avant J .-C.

Les Helvètes du second âge du fer Cint titiiisé, pour leurs objets de parure, non seulement les métaux précieux comme l'or et l'argent, mais même des substances rares, comme l'ambre et le corail, ou encore comn1e le lignite et le verre.

Pour ce qui cdncerne !;origine géographique des ambres utilisés en Suisse; hdus renvoyons le lecteur àli derttier hliméro des Archives, dans lequel nous avons déjà exposé cette qnestion à la lumière d'analyses chi- miques précisément suggérées par M. Viollier 1. L'ambre est rare dans les sépliltures gàliloises; il a servi à faire des perles et des atiùeàllx. Le lignite, et son état de fossilisation plus avancé, le jayet, oi1t été employés par les Helvètes, assez rarement d'ailleurs, pour faire des bracelets et des anneaux. Le jayet, qui n'existe pas en Suisse, peut servir à indiquer les voies des échanges pour l'époque doilt nous nous dcctipons, au même titre que l'ambre et le corail.

Quànt au verre, probableh1ent découvert en Egypte àvant la

xlie

dy- nastie\ il apparaît darts l'Europe centrale, sous la forme de perles colo- rées, dès le début de l'âge dLJ bronze. Ce sorit les navigateurs égéens;

puis les Phé1iiciens, qui transporte1it ce produit industriel. Rare dans les sépultures de !;âge du brorize ei: du premier âge du fer, le verre devient d'uh emploi fréquent darts le second âge du fer, surtout dans la partie avancée de celui'-ci. Il était intéressant de rechercher si les bracelets trouvés en Suisse et appartenant à cette période provenaient d'une im- portation ou bien s'ils étaient fabriqués sur place. M. Viollier prerid résolument position en faveur de cette dernière hypothèse. Pour lui, les Helvètes possédaient des ateliers de vei·riers. Ils savaient fondre le verre et le colorer à l'aide d'oxydes métalliques. lls ont fabriqllé avec ce pro- duit non seulemelit des bracelets, mais encore des arineaux et des perles.

L'iùventaire de M. Viollier se termine prir la description des armes offensives et défensives, et par celle des objets de tet'rè et des poteries.

Comme arines offensives; les Helvètes employaient l'épée et la lance.

1 A propos de l'mnbrç' al du r.n111111rrnpdlli'slorique ei de l'origine géographique des aiizbres

suisses. Arch. suisses d'Anth. génér., n• 3, 1917. . .

On trouvera des l·enséigncmcnts t[·ès intércssarits à ce sujet dans un mémoire de M, H.

PARODI, La verrerie en Egypte, Le Caire, 1908. M. Parodi a utilisé avec beaucoup de bonheur es analyses chimiques des vetres de l'Egypte ancienne et ses résultats paraissent concluants.

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L'arc parait avoir été inconnu, puisqu'on ne trouve jamais de flèches dans les sépultures.

Comli1e arme défensive, ils avaient le bouclier de bois à armature mé- tallique. Les guerriers helvètes tie protégeaient pas leur tête par un casque.

Les épées sont toujours ei1 fer; le fourreau est parfois de broùze. Nous n'entrerons pas ici dans la terminologie des types d'épées, renvoyailt pour cela le lecteur au mémoire que nous analysons.

Avec l'épée, le guerrier helvète portait là lance. Celle-ci, d'après les exemplaires trouvés par P. Vouga à la station de la Tène, avait environ zm,So de longueur totale : la hampe est en bois cylindrique terminée à sa base par uù talon métallique qui empêche l'usure du bois et qui per- met au guerrier de ficher la lance d'!lns la terre. L'autre extrémité porte un fei- offensif relativ!:!ment très petit, de formes et de dimensions très variées.

Les haches et les couteaux sont très rares.

L'arme défensive des guerriers helvètes, avons-nous dit, était le bou- clier. Grâce aux fouilles de la Tène, i1ous connaissons exactement ie bouclier des Helvètes. C'était un rectatigle de bois de rm, IO de hauteur et de om,SS de largeur environ, recouvert d'une feuille de cuir.Notre col- lègue et ami P. Vouga a décrit, ici même, cet objet, et nous ne pouvohs mieux faire que renvoyer le lecteur à cette étude 1

Quant à la poterie des Helvètes, elle nous est très mal connue par suite d'une coutume qui semble avoir interdit de déposer des vases dans les sépultures.

Grâce à toutes ces trouvailles, grâce surtout aux soins que les fouil- lelirs modernes ont apporté à leurs recherches, nous pouvons aujour:- d'hlii reconstituer ce ·que les récits des auteurs anciens et l'étude des sculptures nous interdisait de faire dans tous leurs détails: les costumes et les parures des Helvètes, aussi bien ceux des hommes que ceux des femmes et aussi des guerriers. C'est là ùù attachant chapitre d'ethnogra- phie protohistorique - pour nous autres Suisses - et il faut être recon- naissant à M. Viollier de nous en avoir non seulement fourni les élé- ments, mais encore d'en avoir tracé une image que nous sentons fidèle.

L'histoire de notre patrie, peridant les 300 ans qui prééédèrent la con- quête romaine, se trouve ainsi singulièrement vivifiée, et il serait tout à

' On tronvera dans le n° 3 (1915), p. 196 d.es Archives suisses d'Anthropologie générale un ar- ticle de M. P. Vouga: les dernières fouilles de Ici Tene et dans lequel les lecteurs qui n'ont pas connu ce mémoire trouveront de nombreuses planches représentant l'essentiel de ce qui a été dé..;.

couvert à ]a Tène.

Arch. suisses d'antbrop. gén. - T. II. - N° 4. - 1918.

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fait désirable que les historiens vinssent puiser, dans le mémoire de M. Viollier, quelques documents pour leurs leçons.

Si les civils du second âge du fer revêtent un costume gui certaine- ment dut être beaucoup plus seyant que les nôtres et s'ils portaient volontiers, comme leurs femmes, de nombreux bijoux : bracelets, bagues, anneaux de chevilles, les guerriers étaient d'une grande simpli- cité dans leur parure.

Ils ne portaient que rarement des- torques, des bracelets ou des bagues; le nombre des fibules était limité à ce qui était strictement né- cessaire pour attacher le manteau et fermer la tunique. Et ces fibules sont presque toujours en fer.

Ces guerriers, qui semblent avoir corn battu tête nue, on les enterrait avec leurs armes, l'épée, la lance et)& bouclier. L'épée était presque tou- jours placée à droite, la lance posée à côté de l'épée, et comme elle était

·trop longue pour entrer dans la fosse, on la brisait en deux tronçons.

Il nous reste à dire quelques mots des rites funéraires.

On sait que les Gaulois avaient la certitude absolue de l'immortalité de l'âme. Les auteurs anciens nous ont appris - l'interprétation de ce fait est-elle impeccable? - que les Gaulois étaient si sûrs de cette im- mortalité qu'ils n'hésitèrent pas à prêter des sommes d'argent rembour- sables dans l'autre monde.

Mais comment se représentaient-ils la manière dont le voyage vers l'au delà devait s'accomplir, et quel était le sort réservé à leur dépouille matérielle ?

M. Viollier constate que la réponse est plus difficile ponr ce qui con- cerne le second âge du fer que pour ce qui touche au premier de ces âges : à l'époque des tumulus, les cérémonies funéraires se déroulaient sur l'endroit même où les restes du corps devaient êtré conservés, tandis que, plus tard, la tombe, étroite, n'est plus creusée qu'à la grandeur du corps lui-même, les rites funéraires s'accomplissaient autour de cette fosse et n'ont pas laissé de traces. Pourtant quelques faits importants méritent d'être relevés.

La tombe ne renferme qu'un seul corps, toujours inhumé. Exception- üellement on a rencontré des sépultures doubles; mais alors il s'agit, presque dans tous les cas, de corps d'enfants. Fréquemment on trouve le corps d'une mère enterrée avec son petit enfant. Les morts sont tou- jours couchés sur le dos, les jambes allongées. La position des bras varie.

Tantôt ils sont placés le long du corps; tantôt ils sont croisés, ou encore l'une des mains est posée sur _le bassin. Aucun rôle rituel ne paraît avoir

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FAITS ET DOCUMENTS 263

présidé à la p'osition des bras. Quelquefois une pierre posée sous le crâne sert d'oreiller.

L'orientation des sépültures qui, à diverses périodes de l'histoire hu- maine, a joué un rôle important, semble avoir été assez indifférente à nos ancêtres du second àge du fer. A Münsingen (Berne) par exemple, pour t35 sépultures on trouva huit"Orien.tations.

Le feu paraît avoir joué un rôle important au cours des cérémonies funéraires.

Dans les cimetières gaulois, on trouve fréquemment, entre les tombes, des creux remplis de cendres et de charbons. M. Viollier suppose que les feux ne furent pas allumés dans ces petites fosses, mais quelque part en dehors d'elles, et que les cendres furent apportées et rassemblées dans des sortes de. cuvettes, à la suite d\111 rite spécial, et peut-être aussi à la

suite d'un repas funéraire.

Mais parfois à l'intérieur de la tombe, le mort est complètement enve- loppé dans une couche de cendres. Ce rite singulier -· relativement exceptionnel ___:__ sans avoïr étc absolument spécialisé aux enfoi1ts, paraît cependant leur avoir été principalement appliqué. La quantité de ces cendres est telle qu'elle ne peut pas provenir de? seuls bûchers rituels.

Elles viennent d'ailleurs. Ont-clics été apportées de la demeure même du mort, c'est-à-dire de son foyer familial ?

On sait l'importance du foyer dans le temps et dans l'espace. Le foyer, c'est l'image de la famille et de la maison. Il prend, à cet égard, une signification symbolique. Et rien n'empêche de supposer qu'au second âge du fer, ainsi que le suppose M. Viollier, on enveloppait le mort dans les cendres de sa maison. Un lien magique se maintenait ainsi entre les vivants et les morts et rattachait ceux-ci au foyer familial. Jusqu'à pré- sent cette coutume n'a été relevée que dans les environs du village d'An- delfingen (Zurich).

Le défunt qui partait pour le dernier voyage devait emporter avec lui des provisions pour la route. A côté des armes dLl défunt, les survivants, certainement devaient placer de la nourriture. Nous ne connaissons pas la nature de ces provisions, car elles ont péri, sauf dans les cas où des quartiers de viande contenant des os ont été déposés, car nous retrou- vons ces os. C'est là un rite également fort généralisé dans le temps et dans l'espace. Mais il ne paraît pas que les Helvètes aient placé à côté des nourritures solides des nourritures liquides : on ne trouve, nous l'avons déjà remarqué, que très exceptionnellement des vases dans les sépultures. Mais peut-ètre !es liquides étaient-ils offerts sous forme de libations répandues sur la terre ?

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FAITS ET DOCUMENTS

Ce rite des offrandes de provisions. pour le voyage q'a. été. sig11alé, jusqu'à présent, pour ce qui co1~cerne le second âge du fer, que dans les sépultures de Münsingen (Bern~).

Ce qernier cin1~tiè~·e a mis les fquil!eurs qui l'étudiaient devant un rite assez étrange: .un 11i.ort adulte,. ayant sa dentition complète, avl.!it autour de lui, des pieds à la tête, un semis de dents de lait. Il y a là, sans doute, un acte symbolique sur .la,sigriifif:ation duquel M. Viollier ne se prononce pas.

Enfin pour teripiner cette analyse qes rites funéraires sign&lons ericore la,décquverte, en différents liey'1C ,de )10tre territoir,e, d'oboles mortuaires, pièces de monnaie, en arge1~t, 1oJJ, ep or, placées soit dans la main, soit dans la bonçhe du disparu ..

Tel est, dans un résumé beaucoup plus raccourci que je ne l'au- rais désir.é, le. contenu du mémoire c!e M. Viollier. Notre savant col- lègue fait suivre l~s constatations, révélées par les fouilles, - dont les principales ont été relevées ci-dessus--,-- d'un exposé général de la civili- sation du deuxième âge du fer ainsi que d'un rappel, à grands traits, de l'histoire prii~·itive d.e l'Helvétie. Quarante belles planches montrent à qu-el point l~, goût des choses artistiques était développé à ce moment dans la Suisse. Enfin ce volume contient encore, en annexe, un inven- taire raisonné des sépultures gauloises trouvées en Suisse avec biblio- grâphie et muséographie.

·En publiant cet important ouvrage, notre collègl)e de Zurich a apporté une contfibution de tou): premier ordre à l'histoire de notre patrie. Au surplus,

à

chaque page où il expose .les résultats principaux des décou.,.

vertes faites à différentes époques et en tous les lieux de la Suisse, l'at- tention est éveillée vers une foule d'interprétations concernapt la vie matérielle et spirituelle de nos ancêtres. Seul, un homme au courant de toutes les richesses renfermées dans les musées de notre pays pou- vait tenter un pareil travail. Non seulement M. Viollier l'a tenté, mais il l'a mené à bonües fins et son livre vient prendre une ·place en vue parmi les documents qui permettront d'écrire un jour, en pleine con- naissanèe, la synthèse de notre vie national.e dans le passé qui a précédé l'histoire écrite.

E. P.

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